Le chef cuisinier Yves Camdeborde était l'invité de BFMTV pour évoquer la mobilisation des agriculteurs qui se poursuivait ce mercredi, avec quelque 10.000 agriculteurs réunis sur "plus de 100 points de blocage", d'après le ministère de l'Intérieur
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00:00 Comment vous voyez-vous ce qui se passe et notamment ce qui a eu lieu ce soir tout de même, c'est l'une des images de la soirée, à Rungis ?
00:06 Est-ce que vous cautionnez cette intrusion de certains agriculteurs dans ce marché de Rungis, dans l'un des centres de stockage ?
00:14 – Ce n'est pas le mot "cautionner", je ne le juge pas surtout, voilà, je ne le juge pas parce que quand j'entends le premier,
00:20 j'osais complètement désabuser, savoir quand même que c'est des agriculteurs qui ont une passion,
00:25 qui ont un vrai métier, qui sont très importants pour nous les cuisiniers et pour la France entière,
00:30 et quand on travaille d'une passion et qu'on n'arrive pas à se payer correctement, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas.
00:35 Et c'est une histoire, j'ai l'impression, qui se répète, on entend toujours les mêmes choses depuis des années et des années,
00:40 la grande distribution, comme le second monsieur disait, je pense, est quand même fautive par rapport à tout ça,
00:46 et aujourd'hui quand on y va, quand on va regarder un peu les étals et qu'on voit la différence de prix
00:50 entre un produit qui nous arrive d'autres pays et un produit français, c'est inadmissible que le produit français ne soit pas plus revalorisé.
00:58 – Qu'est-ce que vous pouvez faire justement, vous, à votre échelle ?
01:02 Et qu'est-ce que vous faites déjà pour les aider au maximum ces agriculteurs ?
01:07 – C'est déjà consommer français à 100%, j'ai vraiment déjà un conseil à donner à tous mes concitoyens, à tous les amis…
01:15 – Vous y arrivez ça, monsieur Candeborde, franchement, 100% ?
01:18 – Bien sûr, dans nos métiers, il n'y a aucun problème, non, alors on n'a pas le café, oui, on n'a pas le poivre,
01:22 il y a des produits qui vont là, on n'a pas le chocolat, il y a certains produits qu'on n'arrive pas à trouver en France
01:26 et qu'on va chercher sur d'autres continents, mais tout ce qu'on peut trouver en France, on le prend en France,
01:31 on a un savoir-faire, et puis il faut savoir aussi qu'on vit dans un pays, on vit entre nous,
01:35 donc c'est les agriculteurs qui entretenent ce pays, qui le rendent aussi beau,
01:40 donc c'est à nous de faire l'effort nécessaire pour travailler exclusivement que des produits français.
01:46 – Ce qui est faux aussi, c'est le soutien unanime des Français, tous les sondages le disent,
01:52 unanime et transpartisan des Français à ce mouvement, que ce soit sur le fond et la forme,
01:58 pourquoi selon vous ? Parce que ça fait appel à la ruralité ou parce que ça touche à ce qu'il y a dans nos assiettes ?
02:04 – Ça touche à ce qu'il y a dans nos assiettes, on a tous dans nos familles souvent quelqu'un qui vient de l'agriculture
02:10 et la beauté de la France, je le redis, si la France c'est belle, c'est parce qu'elle est entretenue
02:14 et elle est entretenue par les cultivateurs, par les vignerons, par les bergers, par les agriculteurs.
02:19 Je pense que les Français sont quand même fiers d'avoir le pays dans l'état où il est,
02:24 au moins visuellement pour une vue, esthétisme.
02:27 Donc on a, les agriculteurs c'est vrai, ont un côté très glamour par rapport aux Français.
02:33 – Vous avez l'impression, je ne vais pas vous demander de faire de la politique,
02:37 mais en un mot, est-ce que vous avez l'impression que le gouvernement actuel a pris la mesure du problème ?
02:42 Que cette fois c'est différent ? Parce que tout le monde le dit, ça fait des années que ça dure.
02:47 – L'impression, oui on a toujours l'impression, mais malheureusement souvent les paroles ne sont pas tenues
02:53 et les actes ne sont pas mis en place, ou alors le gouvernement fait ce qu'il peut
02:57 et les gens concernés, l'industrie agroalimentaire, la grande distribution ne jouent pas le jeu,
03:05 ne font pas le nécessaire pour privilégier le coût d'achat des matières premières.
03:09 Quand on entend dire que certains agriculteurs ont plus de coûts de production que de coûts de vente,
03:14 c'est qu'il y a quelque chose qui ne va pas, c'est quelque chose qui ne va pas.
03:17 Il y a vraiment un vrai problème, mais malheureusement le gouvernement se réveille entre guillemets
03:24 quand les gens grondent.