Murielle Kosman, porte-parole de l'asso Une Ecole Un avenir à Montpellier

  • il y a 6 mois
En pleine crise agricole les enseignants se rappellent eux aussi au bon souvenir du gouvernement et à la nouvelle et très contestée ministre de l'éducation. Journée de grève dans l'éducation ce jeudi. Salaires, postes, conditions de travail, réformes. Les sujets qui fâchent sont toujours les mêmes.
L'association montpelliéraine Une Ecole Un Avenir, association de parents d'élèves, participera à cette journée d'action.
Pourquoi et que réclame-t-elle ?
On en parle ce matin avec l'une de ses porte-paroles, Murielle Kosman.
Transcript
00:00 - Cet acteur là, il va falloir être prudent et patient surtout.
00:02 On vous pose une question ce matin, la grève des enseignants ce jeudi,
00:05 donc du coup faut-il aussi des mesures d'urgence dans l'éducation ?
00:07 Ça donne quoi au niveau des résultats ? Tiens Guillaume.
00:09 - Le mot "aussi" est important si on vous pose la question à ce terme là,
00:13 c'est parce que cette nouvelle journée nationale d'action dans l'éducation
00:16 intervient en pleine crise agricole,
00:18 pour laquelle le gouvernement essaie de débloquer un certain nombre de millions.
00:21 Faut-il aussi en débloquer pour les enseignants et pour l'éducation ?
00:25 C'est le sens de notre question, vous êtes plus de 200 à avoir voté,
00:28 vous êtes 76% à répondre oui, il faut des mesures d'urgence pour l'éducation.
00:34 - 04 67 58 6000, vous nous appelez pour prendre la parole.
00:37 Tout à l'heure nous sommes avec Muriel Kosman, ce matin porte-parole
00:40 de l'association Une École, un avenir à Montpellier. Guillaume.
00:43 - Bonjour Muriel Kosman. - Bonjour.
00:44 - Merci d'être venue nous rejoindre.
00:46 On rappelle en deux mots, l'association Une École, un avenir à Montpellier-Rennes
00:51 a été créée il y a 3-4 ans, c'est ça maintenant ?
00:53 - C'est ça, tout à fait. C'était il y a 3 ans.
00:56 - Association de parents d'élèves, je le précise.
00:59 - Exactement, on est une association de défense de l'école publique
01:02 mais très locale et complètement Montpellier-Rennes.
01:05 - Plutôt proche de la FCPE, mais vous votre créneau c'est plutôt le primaire.
01:10 - C'est ça, on défend l'école publique au niveau de la maternelle
01:14 et de l'élémentaire, donc de l'école primaire.
01:16 - Et vous vous associez totalement, vous l'avez fait à travers un communiqué officiel,
01:21 soutien inconditionnel à l'école publique et à l'ensemble des personnels, dites-vous.
01:25 Donc vous vous associez totalement à la journée nationale d'action
01:28 des syndicats d'enseignants aujourd'hui.
01:30 - Exactement, puis ce n'est pas la première fois.
01:32 En général on est là à chaque mouvement de grève,
01:34 qu'il concerne strictement les enseignants,
01:36 mais qu'il concerne aussi les autres personnels scolaires,
01:39 qu'ils dépendent de l'éducation nationale ou qu'ils dépendent de la municipalité.
01:44 Parce qu'il y a beaucoup de gens qui travaillent à l'école,
01:46 il n'y a pas uniquement les enseignantes et les enseignants.
01:48 - Il n'y a pas que l'administration éducation nationale,
01:50 il y a aussi les moyens développés par les collectivités locales.
01:56 Quand on écrit soutien inconditionnel à l'école publique et à l'ensemble des personnels,
02:00 c'est-à-dire que vous souscrivez à fond sur l'ensemble des revendications
02:03 qui peuvent une fois encore aujourd'hui être exprimées par les enseignants ?
02:07 - Tout à fait, et ceux qui connaissent le mieux,
02:09 ceux dont ils ont besoin, c'est bien eux, c'est bien elles.
02:12 Ils savent qu'il y a besoin de moyens matériels et de moyens humains,
02:16 qui sont supprimés en fait d'année en année.
02:19 Donc il y a des suppressions de postes à l'échelle nationale qui sont quand même très importantes.
02:23 C'est peut-être un petit peu moins vrai au niveau local,
02:26 mais tout dépend de ce qu'on entend comme moyens humains.
02:30 Sur les moyens humains, au niveau local, nous on va dire que le gros souci,
02:34 c'est les AESH, c'est-à-dire les personnels qui accompagnent les élèves en situation de handicap.
02:39 Ça c'est une revendication à laquelle on souscrit à 100%,
02:42 qui est une revendication qui va être portée dans la manifestation cet après-midi,
02:47 qui part à 14h de la place de la comédie, je le rappelle.
02:50 Et en ça, on rejoint complètement ce mouvement.
02:54 - Des journées nationales d'action dans l'éducation, il y en a très régulièrement.
02:58 Alors ça faisait quelques semaines, voire quelques mois qu'il n'y en avait pas eu,
03:01 mais on n'a pas l'impression que les choses bougent beaucoup.
03:04 - Non, ça fait depuis, je dirais, quatre ans, quatre ministres.
03:09 Quatre ministres en très très peu de temps.
03:11 - Quatre ministres en quoi ? En deux ans là ?
03:13 - Oui, exactement.
03:14 - Depuis Jean-Michel Blanquer, après il y a eu Pape Ndiaye.
03:16 - Gabriel Attal.
03:17 - Il y a eu un certain Gabriel Attal.
03:19 Et aujourd'hui, il y a une nouvelle ministre en plus qui est extrêmement décriée.
03:22 - Extrêmement décriée et qui a le, on va dire, le bénéfice de mettre le doigt
03:28 sur les tabous de l'éducation nationale avec ses propos complètement hors-sol,
03:32 dans les attaques qu'elle fait sur le corps enseignant,
03:35 mais aussi qui sont des attaques par rapport à nous, usagers de ces élus.
03:38 - Le corps enseignant du public en plus.
03:40 - Du public, c'est ça.
03:41 - Ça, ça a été la goutte d'eau, ça a été l'élément déclencheur de cette nouvelle journée d'action.
03:44 - Elle était déjà prévue, les revendications étaient déjà posées,
03:48 mais en fait, je pense qu'elle a activé une colère qui était déjà présente chez les personnels,
03:54 mais aussi chez les parents qui se sentent vraiment, enfin, humiliés par cette ministre.
03:58 Vraiment, parce qu'en fait...
03:59 - Humiliés.
04:00 - Oui, humiliés, humiliés, parce que c'est quelqu'un en qui on ne peut pas avoir confiance,
04:04 les propos qu'elle tient par rapport à l'éducation publique et par rapport à ses choix personnels.
04:09 Moi, je ne remets pas en question, mais par contre, on peut se dire,
04:11 quelles sont les valeurs, quels sont les principes que elle porte à titre personnel et en tant que ministre.
04:18 Moi, je n'ai jamais vu cette dame écrire quoi que ce soit sur son ambition en termes de pédagogie.
04:23 Voilà, ce n'est pas un sujet qu'elle porte depuis longtemps, ce n'est pas sa passion.
04:26 Alors qu'elle s'occupe de sport, pourquoi pas ?
04:28 Ça peut être, elle a des billes pour ça, mais en termes d'éducation,
04:31 d'éducation nationale et publique, il y a quelque chose qui ne va pas.
04:35 - Alors, à l'association Une École, Un Avenir, vous dites qu'il n'y a pas de projet pour l'éducation nationale,
04:40 il n'y a pas de vision, les ministres se succèdent, s'enchaînent,
04:44 chacun va faire un petit peu sa petite réforme dans son coin,
04:46 mais au bout du compte, les problèmes persistent.
04:48 - Il y a une vision qui va être, que moi je trouve, et que les associations jugent autoritaire,
04:54 c'est-à-dire des mesures qui vont être complètement, on va dire, d'ordre de la communication,
05:02 qui servent à un projet peut-être plutôt politique que réellement concret.
05:06 Donc il va y avoir le SNU, il va y avoir des propos tenus sur la BAYA,
05:11 il va y avoir des choses sur l'uniforme, mais ce n'est pas ce que réclament ni les parents,
05:16 ni les enfants, et certainement pas l'éducation nationale dans ses personnels.
05:22 Nous, ce dont on a besoin, c'est véritablement, si on veut faire une école inclusive,
05:26 qui est quand même un projet porté, ce n'est pas la manière dont ça va se jouer.
05:30 Nous avons besoin de personnels qui sont formés, et pas seulement avec deux heures de webinaire.
05:35 - Sauf que sur l'inclusion, il y a une partie du corps enseignant aussi,
05:39 qui exprime pour le moins des réserves par rapport à l'inclusion.
05:43 Le principe de l'inclusion c'est bien, mais ils disent "attention,
05:46 il ne faut pas faire trop d'inclusion non plus, parce que ça peut parfois dans certains cas être voile-échec".
05:52 - Alors, c'est la différence qu'il y a entre les désirs et la réalité.
05:57 Les désirs de faire une école inclusive, je pense que tout le monde y souscrit,
06:00 même les syndicats qui ont porté ces derniers temps, il y a le 25 janvier dernier,
06:05 des syndicats qui ont dit non à l'inclusion forcée, ça ne veut pas dire qu'on ne veut pas d'inclusion,
06:10 ça veut dire qu'il faut faire l'inclusion dans des proportions, ou en tout cas, dans un rythme qui est valable.
06:15 La difficulté, c'est qu'on fait de l'inclusion sans mettre en face des personnels capables de gérer l'inclusion.
06:22 Quand vous avez des classes qui sont déjà surchargées, comment vous faites,
06:25 quand justement vous avez eu deux heures de webinaire sur l'autisme ?
06:29 - Les enseignants sont formés comme ça, à l'inclusion, c'est deux heures de webinaire de formation,
06:34 webinaire, c'est pour ceux qui ne savent pas, c'est sur internet, c'est même pas en présentiel,
06:39 et c'est terminé, allez-y, débrouillez-vous.
06:42 - Pour les parents, c'est une grande violence, parce qu'on attend des pouvoirs publics
06:49 qu'ils s'occupent de nos enfants convenablement, avec des marges de manœuvre.
06:53 Chaque année, là, depuis quatre ans, l'éducation nationale rend 285 millions rendus sur le budget de l'État.
07:01 Qu'est-ce qu'on fait ? Pourquoi est-ce qu'on réduit les budgets alors qu'on prévoit une inclusion beaucoup plus large ?
07:07 Il faut des moyens bien plus importants, il ne faut pas confondre les métiers.
07:11 Un enseignant, aujourd'hui, une des revendications, c'est qu'il n'y a plus de sens à notre métier,
07:15 c'est ce qu'on entend des enseignants, mais pour les éducateurs spécialisés
07:19 qui travaillent dans les institutions spécialisées, c'est la même chose.
07:22 Il y a une perte de sens, et quand on est parent, on attend que nos enfants soient pris en compte convenablement,
07:30 c'est-à-dire sur tous les paramètres qui font leur vie.
07:33 Si un enfant a une situation de handicap, il doit avoir plus que 30 minutes par semaine d'accompagnement spécialisé.
07:40 Où sont passés les enseignants du RASED, c'est-à-dire le réseau d'aide spécialisée ? Il n'y en a plus.
07:45 Où sont les infirmières scolaires ? Il n'y en a plus.
07:47 Où sont les psychologues scolaires ? Il n'y en a plus.
07:49 Où sont les médecins scolaires ? Il n'y en a plus.
07:51 Alors nous, ce qu'on veut, c'est les 285 millions rendus, mais aussi les personnels qui vont avec.
07:56 - Marie-Hélène Kosman est porte-parole de l'association Une École à l'Avenir à Montpellier, et vous réagissez au 04-67-58.
08:03 Simile, on vous pose aussi la question, est-ce qu'il faut des mesures d'urgence dans l'éducation ?
08:07 Karim est avec nous de Marseillard, bonjour Karim.
08:10 - Bonjour, Vivian, bonjour Guillaume, bonjour Madame, bonjour tout le monde.
08:13 - Bonjour Karim, on vous entend.
08:15 Le problème de l'éducation nationale, c'est un problème ancien, depuis des années, des siècles.
08:21 Nos dirigeants qui se lèvent le matin et qui viennent pour diriger, ils viennent juste pour que leur poste continue, leur confort continue.
08:31 Pourquoi donner aux uns et pas aux autres ?
08:33 Il faudra que les gens de l'éducation nationale, elles achètent des tracteurs pour aller bloquer Paris, pour qu'ils aient quelque chose.
08:38 Ce n'est pas normal.
08:40 Le problème de l'éducation nationale, c'est un problème majeur.
08:42 C'est la priorité des Français, ce n'est pas la bouffe, on s'en fout de la bouffe.
08:46 - C'est important aussi quand même Karim.
08:48 - Je comprends.
08:50 - Pour faire vivre les agriculteurs, on ne peut pas dire on s'en fout de la bouffe Karim.
08:54 - Non, je parle de la bouffe, je ne parle pas des paysans, des agriculteurs.
08:57 Dès qu'ils ont leurs problèmes aussi, je suis d'accord.
08:59 - C'est mal compris.
09:01 - Les personnels d'éducation nationale, ils ne savent pas faire.
09:03 Maintenant, c'est aux parents de mettre leurs pantalons le matin, se lever et aller aussi bloquer Paris, peut-être pour trouver une solution.
09:10 L'éducation nationale part complètement en couille depuis des années.
09:13 Nos dirigeants ont détruit le service public Guillaume.
09:16 Maintenant, on a moins et moins de profs, moins et moins de matériaux humains.
09:22 Moi, je le vois tous les jours, je ramène le petit le matin à l'école, des fois, et je viens aller le chercher le soir.
09:29 Là, vous savez ce qu'il se passe ?
09:31 Il y a manque de profs, on prend n'importe qui pour aller s'occuper de nos petits.
09:36 Moi, j'ai vu des profs, Guillaume, qui ne savent même pas parler français.
09:39 Excusez-moi, comment on voulait éduquer nos enfants ?
09:41 Comment on voulait voir une France meilleure dans l'avenir ?
09:44 En mettant n'importe qui pour gérer nos enfants.
09:47 - Merci beaucoup, Karim.
09:48 Je voyais notre invité, Muriel Kossman, qui approuvait ce que vous disiez, Karim.
09:53 Vous êtes d'accord avec ce qu'il vient de dire ?
09:55 Est-ce que les parents doivent sauter dans leurs pantalons et aller bloquer Paris ?
09:59 - En tout cas, ce qui est sûr, c'est que les parents sont attendus pour soutenir ce mouvement.
10:03 Parce qu'en fait, ils ne sont pas entendus.
10:05 Ça fait des années qu'effectivement, ils manifestent.
10:07 Ils ne sont pas entendus.
10:08 Quand il y a des difficultés au quotidien, ils ne sont pas entendus par leur hiérarchie.
10:12 C'est vers les parents qu'ils se tournent, quand il manque un message.
10:16 - Maintenant, les enseignants vous demandent de l'aide et du soutien.
10:18 - Mais oui ! Les enseignants, les chefs d'établissement...
10:20 - On pensait qu'il y avait des syndicats forts en France, mais finalement, ils sont plus que ça.
10:22 - Mais les syndicats font leur travail, simplement.
10:24 Ils ne sont pas entendus.
10:26 Ça fait des années qu'il y a aussi des manifestations, de toute art, sur les retraites.
10:30 Mais les mouvements sociaux ne sont plus écoutés en France.
10:33 Il n'y a pas que les mouvements sociaux.
10:34 Les enseignants, les chefs d'établissement se retournent vers les parents
10:38 quand il y a un manque d'AESH, quand il y a un manque d'ATSEM,
10:41 c'est-à-dire les personnels qui travaillent aux côtés des enseignants dans les maternelles.
10:44 Quand il manque du personnel pour faire le ménage,
10:46 dès qu'il y a un souci, c'est vers les parents qu'on se tourne.
10:49 Mais il n'a pas tort sur le fait de dire qu'il va peut-être falloir aller bloquer
10:52 pour que les choses changent, parce qu'on ne sait plus très bien comment se faire entendre.
10:55 - Et à la question qu'on pose ce matin, il y a aussi quelques réactions sur Facebook.
10:58 Je ne résiste pas au plaisir de vous lire celle de Sandrine.
11:00 Parce que la question, je vous la rappelle, c'est la suivante.
11:02 Est-ce qu'il faut aussi des mesures d'urgence pour l'éducation ?
11:04 Et Sandrine répond, "Les mesures ont été prises, il y a le port de l'uniforme."
11:09 C'est très ironique comme réponse.
11:11 Ça fait référence à ce que vous disiez, Muriel Kosman,
11:14 c'est-à-dire qu'on s'occupe de la baïa, on s'occupe de l'uniforme,
11:16 mais on ne s'occupe pas des vrais problèmes pendant ce temps-là.
11:19 C'est ça que ça veut dire, le message de Sandrine.
11:21 - Il y a une crise de recrutement majeure.
11:23 C'est ce que disait Karima à l'instant,
11:25 c'est qu'on peut mettre devant les enfants des gens qui ne sont pas formés du tout.
11:29 Il y a une crise aussi, il n'y a plus d'IUFM, il y a quelque chose de compliqué.
11:33 On embauche des contractuels, on fait du job dating pour recruter des enseignants.
11:38 C'est quand même extrêmement problématique.
11:40 - Merci beaucoup Muriel Kosman, porte-parole de l'association Une École, Un Avenir à Montpellier,
11:45 qui va donc participer aux côtés des syndicats enseignants à la manifestation cet après-midi à 14h devant l'Opéra Comédie.
11:50 Merci à vous. - Merci à vous.
11:51 - Bonne journée.
11:52 Vous retrouvez cette interview sur notre site internet francebleu.fr.
11:56 Dans un instant les infos de 8h et puis on fait un point sur la circulation aussi,
11:59 parce qu'il y a quand même pas mal d'endroits où ça peut être compliqué.

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