Punchline (Émission du 01/02/2024)

  • il y a 7 mois
Les invités de Laurence Ferrari débattent de l'actualité dans #Punchline du lundi au jeudi.

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00:00:00 On va rejoindre nos envoyés spéciaux sur l'Assis, à Chili, Mazarin, sur l'autoroute A1, tout près de Dourdan également dans l'Essone où le convoi de la coordination orale est en train de repartir.
00:00:10 Et enfin à Bruxelles où se trouve le président Macron. Il doit prendre la parole d'ici quelques instants. On écoutera ce qu'il a à nous dire.
00:00:18 La FNSE a appelé à la fin du mouvement après les nouvelles annonces du gouvernement qui ne résolvent pas les problèmes de fonds mais qui remettent un tout petit peu d'ordre dans le chaos dans lequel est plongé le monde agricole.
00:00:29 Mais attention, les ferments de la colère sont toujours là. Ils rejailliront sans doute bientôt, peut-être à la fin du mois de février pendant le salon de l'agriculture.
00:00:36 Les balades dans les travées pour les politiques ne seront sans doute pas une promenade de santé. On va voir cela avec nos invités dans un instant.
00:00:44 Mais tout de suite on va écouter le président Emmanuel Macron en direct de Bruxelles dans Pönchheim.
00:00:49 "Au-dessus de ce Conseil européen extraordinaire important qui fait suite à celui de décembre dernier, en décembre nous avions réaffirmé la position qui est la nôtre depuis le début de la guerre, l'unité et le soutien très clair des Européens aux Ukrainiens.
00:01:05 Cela s'était traduit par une décision sur l'ouverture des négociations d'adhésion pour l'Ukraine et la Moldavie, ce qui avait permis d'envoyer un signal politique clair sur notre communauté de destin avec ces pays."
00:01:18 Voilà Emmanuel Macron, on va attendre le moment précis où il va s'exprimer sur l'agriculture puisque c'est vraiment le coeur de l'actualité en France.
00:01:27 On est avec Patrick Legra, porte-parole de la coordination orale. Bonsoir à vous, merci d'être avec nous.
00:01:30 "Bonsoir"
00:01:31 Céline Pina, politologue, journaliste à Colour, bonsoir. Nous sommes avec Reda Bellage, porte-parole d'unité SGP, Île-de-France. Bonsoir à vous.
00:01:39 Se met en place Louis de Ragnel, chef du service politique de l'Europe 1.
00:01:43 "Bonsoir Laurence"
00:01:43 Laurence Bellage, Jean-Sébastien Ferjou, directeur du site Atlantico. Oui, on a pris un petit peu en avance parce qu'on savait que le président Macron allait s'exprimer.
00:01:49 Peut-être un petit mot de vous Patrick Legra et après on ira sur le terrain rejoindre nos envahis spéciaux.
00:01:54 Qu'est-ce qui prévaut ce soir ? C'est un peu de résignation, un peu de tristesse, de colère puisque les barrages sont en train d'être levés, en tout cas de votre côté ?
00:02:04 Alors on va faire un petit retour de 24 heures puisque moi hier j'étais à Amiens où il y avait une mobilisation exceptionnelle également.
00:02:12 On a fait une belle manip sur Amiens. Ça c'était le premier point.
00:02:21 Autour de midi, midi et demi, on a commencé à avoir des problèmes avec des groupes qui se sont fait prendre à 10 heures à l'entrée de Rungis calmement.
00:02:31 Ils sont arrivés en tracteur, les gendarmes sont arrivés, ça s'est très bien passé.
00:02:35 Sauf qu'on a mis sur le premier barrage de Rungis, on a mis les tracteurs de l'autre côté dans un enclos.
00:02:44 Après on les a amenés au commissariat et là ça a commencé à se dégrader.
00:02:49 C'est-à-dire qu'on leur a retiré toutes leurs affaires, on a même retiré certains de leurs vêtements.
00:02:55 Et le soir, donc à 9-10 heures, on a été aussi appelé pour le problème de Rungis.
00:03:03 Rungis, il y avait des gens qui étaient rentrés et en fait on s'est rendu compte que 90 personnes de la coordination rurale se sont fait arrêter.
00:03:11 Alors que je dirais il y avait aussi d'autres personnes qui n'étaient pas loin des portes de Paris.
00:03:20 Donc on a essayé de relâcher certaines personnes, ça a été possible moi très tard.
00:03:27 J'ai moi-même échangé avec le responsable de Rungis, parce qu'on a dit qu'il y avait eu des dégradations alors qu'il n'y avait pas eu plainte.
00:03:34 Malgré qu'il n'y ait pas plainte, les gens n'ont pas pu sortir pour certains.
00:03:39 Donc ce matin le secrétaire général avait déjà annoncé qu'on levait les barrages.
00:03:43 Voilà ce matin, mais parce que nous on ne voulait pas une montée en puissance des problèmes ciblés essentiellement sur la coordination.
00:03:51 Et vous avez raison. Justement, on va rejoindre Maxime Legay qui se trouve avec l'eau qu'on voit, la coordination rurale qui rentre vers Agin.
00:03:58 Maxime, expliquez-nous un petit peu où vous en êtes et quel est l'état d'esprit autour de vous ?
00:04:02 Oui, bonsoir Laurence. Effectivement, je me trouve à l'intérieur du tracteur de Christian qui a bien voulu m'accueillir.
00:04:13 J'ai suivi avec les agriculteurs de la coordination rurale ce discours de Gabriel Attal.
00:04:19 Vous avez été déçu, une nouvelle fois, celle de trop. Et donc vous prenez la route, vous rentrez vers Agin, expliquez-nous.
00:04:26 Oui, alors on repart sur Agin. Disons qu'on est déçu, on aurait voulu continuer, aller plus loin.
00:04:31 On nous a défendu et on repart comme des enfants, comme contrête à la maternelle.
00:04:38 On ne pourrait pas dire contrête, comme manipule. Et ce gouvernement, il est là-bas.
00:04:41 Aujourd'hui, il faut qu'on avance. J'espère que tous les électeurs qui nous écoutent,
00:04:46 qui vont voir tous les problèmes qu'on rencontre, il faut que quand vous allez voter, les gars,
00:04:50 vous avez un but de tête de vote, il faut en servir. C'est là qu'on va avancer.
00:04:54 Aujourd'hui, on est bloqué. Quand je vous dis qu'on est bloqué, c'est à vous, tous,
00:04:59 qu'on arrive à faire quelque chose. On nous a donné un droit de vote, il faut le faire.
00:05:03 Il faut voter. Je vous appelle à tous voter et le vote s'approche.
00:05:06 Voilà, Christian qui, vous l'aurez compris, parle avec ses tripes.
00:05:10 Ils sont désabusés. Ils étaient partis depuis lundi et ils se retrouvent contraints de rentrer.
00:05:16 Vous nous dites que le lien avec le gouvernement s'est brisé. Vous n'avez plus confiance en eux.
00:05:21 On ne peut plus avoir confiance, c'est sûr. Aujourd'hui, ils sont allés trop loin.
00:05:25 Comme hier, ils nous ont manipulés. Depuis deux jours, on nous manipule.
00:05:29 La gendarmerie donne des ordres de nous empêcher de monter sur Paris.
00:05:33 C'est une honte. On est le seul syndicat qui nous a empêché de monter sur Paris.
00:05:37 Alors pourquoi on fait tout ce tri ? Parce qu'ils nous disent pourquoi ils commandent.
00:05:40 Ils ne s'expriment pas. Ils tournent. Ils nous passent la pommade dans tous les sens.
00:05:44 Ils nous disent aujourd'hui qu'on est un métier, qu'on a tous les avantages possibles et imaginables.
00:05:51 Ce n'est pas possible qu'on nous tourne, on nous fait tourner en rond.
00:05:54 Les troupes, aujourd'hui, sont en bout de mer.
00:05:57 Et c'est vrai qu'on va rentrer, parce que nous d'obligé à rentrer.
00:06:00 Autrement, on serait allés plus loin.
00:06:02 Aujourd'hui, de l'hôtel Garonne, on a manifesté chez nous, il y avait 354 personnes devant la préfecture.
00:06:06 Malgré que je ne sois pas là, ça veut dire qu'il y a du monde qui commence à arriver.
00:06:09 Parce que la congélation rurale s'étend de plus en plus.
00:06:12 Dans tous les départements, aujourd'hui, on a passé la Dordogne, on a passé ensuite la Haute-Vienne.
00:06:22 Ils ont des adhérents de plus en plus.
00:06:24 Voilà, Laurence, vous l'aurez compris, ici, on ne décolère pas.
00:06:29 Et puis, on est en route. On a pris la route il y a une heure.
00:06:32 Il y a un premier arrêt qui devrait être fait dans le Loir-et-Cher.
00:06:34 Et puis, ils reprendront vraisemblablement la route direction Agen.
00:06:38 Merci beaucoup, Maxime Legay, sur ce tracteur de la coordination rurale.
00:06:43 Rapidement, Louis de Rignel, c'est un échec pour les agriculteurs ce soir ou pas ?
00:06:47 En fait, ça dépend de dans quel camp vous êtes.
00:06:51 Mais globalement, par rapport aux demandes des agriculteurs,
00:06:54 il y a beaucoup de demandes qui ont été satisfaites par Gabriel Attal.
00:06:58 Les agriculteurs ont été globalement aussi entendus.
00:07:01 Donc, je n'ai pas l'impression qu'il y a un perdant dans l'histoire.
00:07:05 Après, moi, c'est mon impression.
00:07:07 On attendra de voir dans les prochains jours comment réagiront les uns les autres.
00:07:11 Je pense qu'on écoute un peu d'Emmanuel Macron parce qu'il parle de la crise agricole.
00:07:16 On retourne à Bruxelles.
00:07:18 L'éthique agricole commune, qui, je vous le rappelle, il y a quelques années, n'était pas acquise.
00:07:22 Tout le monde la voyait à la baisse. Tout le monde.
00:07:24 Tout le monde pensait que la conséquence à la fois du Brexit et du contexte
00:07:27 ferait baisser les montants de la PAC.
00:07:29 Nous nous sommes battus, nous les avons maintenus.
00:07:30 Ça représente environ 9 milliards d'euros par an.
00:07:37 À côté de cela, nous avons, dès 2017, lancé à marche forcée un travail très approfondi
00:07:43 des états généraux de l'alimentation, de lois successives, j'y reviendrai,
00:07:48 des mécanismes qui étaient attendus depuis des décennies par nos agriculteurs,
00:07:52 comme l'assurance récolte pour faire face justement aux grands aléas climatiques,
00:07:57 des plans de soutien de plusieurs filières,
00:08:01 certains d'ailleurs encore reconfirmés au prix à nouveau,
00:08:03 qu'il s'agisse de la viticulture, de l'élevage ou d'autres.
00:08:07 Nous avons profondément modifié nos équilibres.
00:08:10 Sans cela, il est sûr que la situation serait beaucoup plus grave.
00:08:16 Néanmoins, nous ne devons pas sous-estimer que l'accélération de notre époque vit,
00:08:23 la grande déstabilisation géopolitique.
00:08:26 La guerre, suite à l'agression russe en Ukraine,
00:08:30 et évidemment la pandémie de Covid, ont conduit à des perturbations massives
00:08:35 qui touchent très profondément le modèle agricole européen.
00:08:39 Et c'est à cela que nous sommes confrontés.
00:08:42 Les temps changent, nous vivons une révolution collective.
00:08:45 Il faut faire face au changement climatique, à la guerre en Europe,
00:08:48 aux déstabilisations géopolitiques.
00:08:50 Et donc nous devons aussi profondément changer les règles.
00:08:53 Et aller plus loin que ce que nous avons su faire.
00:08:56 Alors que veulent nos agriculteurs ?
00:08:59 Ils veulent vivre dignement de leur travail.
00:09:02 Ils ont raison, c'est plus que légitime.
00:09:04 C'est tout le sens de cette PAC qui, par les mesures que nous avons prises,
00:09:07 je l'ai dit et confirmé en mon temps, c'est 9 milliards d'euros par an,
00:09:12 qui surtout est payée beaucoup plus vite que là aussi il y a quelques années.
00:09:14 Je me souviens de la dernière PAC, j'étais récemment élu président,
00:09:20 il y avait des années de retard dans les paiements.
00:09:22 On ne retrouve plus cette situation.
00:09:24 C'est aussi le sens de EGalim 1, EGalim 2,
00:09:27 et de ce que le gouvernement a annoncé ces derniers jours,
00:09:30 et en particulier ces dernières heures.
00:09:32 Permettre de défendre le revenu des agriculteurs,
00:09:35 et que précisément la rémunération juste de leur travail
00:09:39 descende dans la cour de ferme.
00:09:41 La baisse des charges, avec ce qu'on a fait sur TODE,
00:09:43 qui va être confirmée pour les années à venir.
00:09:47 Les soutiens de filière, l'élevage, la viticulture, etc.
00:09:51 Les décisions qui ont été prises sur le GNR, l'eau,
00:09:55 et d'autres éléments de charge.
00:09:57 C'est tout ce que nous avons su faire aussi filière par filière,
00:09:59 et nous allons continuer ce travail pour améliorer les choses.
00:10:01 Et s'il faut modifier la loi à nouveau pour améliorer les contrats
00:10:06 tripartites entre les producteurs, les transformateurs et les distributeurs,
00:10:08 nous le ferons.
00:10:10 Ensuite, nous devons intensifier les contrôles.
00:10:13 Beaucoup de contrôles ont été pris, les équipes ont été renforcées.
00:10:15 Nous serons intraitables avec les plus gros industriels,
00:10:18 et en particulier aussi les plus gros distributeurs,
00:10:21 qui ne jouent pas le jeu de la loi.
00:10:24 Et le gouvernement renforcera également le bon contrôle
00:10:27 des engagements en matière de restauration collective.
00:10:30 Maintenant, pour aller plus loin, au-delà des mesures d'amélioration nationale,
00:10:34 il y a très clairement un combat européen à mener sur ce sujet.
00:10:37 C'est ce que j'ai demandé à la présidente de la Commission maintenant,
00:10:40 de travailler dans la revue stratégique qui vient d'être lancée.
00:10:43 C'est de mettre en place un égalime européen.
00:10:46 C'est-à-dire de s'assurer au niveau de l'Europe
00:10:50 qu'il n'y a pas un contournement,
00:10:52 justement, de ce que nous avons fait au niveau français,
00:10:55 qui en a inspiré plusieurs autres,
00:10:57 par ces grandes centrales d'achat européennes.
00:10:59 Or, ce que nous avons vu s'organiser ces dernières années,
00:11:02 c'est certains distributeurs qui se sont organisés au niveau européen
00:11:07 par des centrales d'achat, et qui, avec ces dernières,
00:11:09 cherchent à contourner la loi française.
00:11:12 Au fond, ils font une Europe plus forte, plus concrète,
00:11:15 pour protéger le revenu de nos agriculteurs.
00:11:17 C'est maintenant là que se joue une partie de ce nouveau combat.
00:11:20 Que veulent nos agriculteurs ?
00:11:21 Ils veulent pouvoir produire une alimentation de qualité.
00:11:23 Nous avons, en France, une des meilleures d'Europe,
00:11:26 mais en Europe, l'une des meilleures du monde.
00:11:28 Oeuvrer à notre souveraineté agricole,
00:11:30 que nous défendons toutes ces dernières années,
00:11:32 que nous avons encore renforcée, en particulier dans la filière protéine.
00:11:36 Et ils veulent pouvoir le faire avec aussi une vie plus simple,
00:11:38 c'est-à-dire avoir plus de temps à dédier, un peu à leur famille,
00:11:42 mais aussi faire leur travail de manière plus apaisée.
00:11:44 Pour ça, réduction drastique de la paperasse et de la complexité.
00:11:49 C'est le chantier qui a été lancé avec le gouvernement.
00:11:52 Une dizaine de chantiers qui, maintenant,
00:11:54 sera déclinés dans chaque préfecture pour permettre de simplifier les règles,
00:11:58 limiter la paperasse et les complexités.
00:12:01 C'est la visibilité qu'on donne sur le coût du travail et d'autres points.
00:12:04 C'est l'accélération des délais.
00:12:06 Il faut le reconnaître, nous avons été souvent trop lents.
00:12:08 Les décisions sont bonnes, mais qu'il s'agisse d'accompagner
00:12:12 des agriculteurs qui sont confrontés à une épizo aussi,
00:12:16 ou qui sont confrontés à une tempête ou un ouragan,
00:12:20 les délais de mise en oeuvre sont trop lents.
00:12:22 Et des mesures pour accompagner nos exploitants sur MHE ou Siaran ou autres
00:12:28 sont aujourd'hui en cours d'accélération par le gouvernement.
00:12:32 C'est ce que nous souhaitons faire aussi par une politique résolue
00:12:36 que nous préparons depuis 18 mois d'aide à la transmission
00:12:40 et l'installation pour les jeunes agriculteurs,
00:12:42 ce qui est un point clé pour produire justement davantage.
00:12:45 Là aussi, ce combat doit être mené au niveau européen.
00:12:49 C'est pourquoi nous avons d'abord obtenu hier une dérogation
00:12:55 sur les 4% de jachères.
00:12:57 Vous le savez peut-être, ça faisait partie de ce qu'on appelle
00:12:59 les éco-conditionalités.
00:13:01 Dans la PAC qui avait été décidée, il y avait la nécessité d'avoir
00:13:05 4% des surfaces qui étaient mises en jachères.
00:13:07 Nous avions obtenu l'année dernière une dérogation.
00:13:09 Nous avons réussi à en obtenir à nouveau cette année,
00:13:12 ce qui permet à des cultures de soja, de luzerne, de fèves, etc.,
00:13:18 de pouvoir être faites sur ces surfaces au lieu d'être laissées
00:13:21 en jachères.
00:13:22 C'est important pour nos exploitants et c'était demandé
00:13:26 par ces derniers.
00:13:27 Au-delà de cela, nous souhaitons que les objectifs que nous nous
00:13:31 étions donnés en particulier dans Farm to Fork soient revus à l'aune
00:13:35 d'un objectif de souveraineté.
00:13:38 Au fond, nous devons prendre en compte la situation géopolitique,
00:13:43 la situation de notre continent et remettre au cœur des objectifs
00:13:48 européens notre souveraineté alimentaire.
00:13:52 Pouvoir trouver des flexibilités sur les ratios prairies pour les
00:13:55 adapter à la réalité du terrain et permettre d'avoir toutes les
00:13:59 souplesses et, à chaque fois que des règles trop complexes sont en
00:14:03 cours de décision au niveau européen,
00:14:05 pouvoir les adapter à l'aune d'un objectif de souveraineté
00:14:09 alimentaire qui doit être intégré au cœur de notre stratégie.
00:14:13 C'est ce que j'ai demandé à la présidente de la Commission
00:14:15 européenne dans le cadre de la revue stratégique qu'elle vient
00:14:17 de lancer, qui commence à marche forcée et qui aura à prendre des
00:14:20 premières décisions dans quelques semaines.
00:14:24 En tout cas, nous veillerons de manière très scrupuleuse à ce que
00:14:27 nos agriculteurs puissent continuer de produire et assumer
00:14:31 que la production et davantage de production est une nécessité
00:14:34 dans le monde où nous vivons.
00:14:35 Enfin, nos agriculteurs, à juste titre,
00:14:39 ils veulent que les règles soient les mêmes pour tous.
00:14:42 Et je dirais que c'est une forme de bon sens.
00:14:45 Et nous avons toujours été à leur côté pour cela.
00:14:50 C'est un engagement que j'avais pris dès 2017.
00:14:52 Pas de surtransposition.
00:14:54 Nous avons d'ailleurs eu l'occasion de corriger
00:14:56 des surtranspositions qui existaient.
00:14:58 La surtransposition, c'est quoi ?
00:14:59 C'est quand nous, Français, on a tendance à prendre
00:15:01 des règles qui sont encore plus dures que ce qu'on décide
00:15:03 au niveau européen.
00:15:04 Cela avait été fait par le passé.
00:15:05 Nous n'en avons plus pris par voie législative depuis 2017.
00:15:08 On en a même corrigé, vous vous souvenez peut-être,
00:15:10 du fameux débat sur les néonicotinoïdes.
00:15:13 Nous allons poursuivre ce travail.
00:15:15 Il y a encore des points qui sont à travailler et améliorer.
00:15:18 Nous souhaitons aussi que, quand des décisions sont prises
00:15:23 par l'Agence française, elles soient coordonnées
00:15:24 au niveau européen.
00:15:25 Et c'est là où il peut y avoir des différences qui existent
00:15:28 et que nous allons donc corriger.
00:15:30 Et donc, sur tous les restes de surtransposition ou les décisions
00:15:34 où les agences françaises vont plus vite que la machine européenne,
00:15:37 là-dessus, c'est le chantier qui a été lancé par le gouvernement,
00:15:40 nous adapterons les choses pour que la France, en quelque sorte,
00:15:44 aille toujours au rythme européen et pas plus vite.
00:15:46 À côté de ça, j'ai demandé aussi au gouvernement
00:15:50 qu'on soit plus efficace dans les dérogations.
00:15:52 Parfois, il est prévu, même dans les textes européens,
00:15:55 qu'on puisse, sur tel ou tel produit,
00:15:57 pendant telle ou telle saison, déroger.
00:15:59 Les producteurs de cerises le savent ô combien.
00:16:03 Il faut qu'on puisse le faire vite quand c'est nécessaire
00:16:05 et donc déconcentrer la décision au niveau des préfets.
00:16:08 Mais là aussi, on a besoin d'une Europe plus claire,
00:16:11 au-delà de ce que nous, on va améliorer au niveau français.
00:16:15 Et donc, nous, on va...
00:16:17 J'ai demandé à la présidente plusieurs choses.
00:16:19 D'abord, qu'il y ait des contrôles homogènes au niveau européen.
00:16:23 Et ça fait 5 ans que la France se bat sur ce sujet.
00:16:26 Qu'est-ce que ça veut dire de manière très simple ?
00:16:29 Quand on a une règle européenne qui est transposée de la même
00:16:31 manière partout entre nos agriculteurs,
00:16:33 il faut qu'elle soit contrôlée de la même manière dans tous les pays.
00:16:37 C'est pourquoi nous demandons la mise en place d'une force
00:16:41 européenne de contrôle sanitaire et agricole,
00:16:43 force européenne qui puisse éviter, justement,
00:16:46 la concurrence déloyale qui peut exister au sein même des pays,
00:16:49 parce qu'il y a trop de différences entre la manière dont les textes
00:16:52 sont appliqués.
00:16:54 Ceci n'existe pas.
00:16:54 Aujourd'hui, c'est renvoyé à des différences entre pays,
00:16:57 ce qui n'est pas satisfaisant.
00:16:58 Et puis, l'autre point, c'est que les règles doivent être
00:17:01 les mêmes à l'intérieur et à l'extérieur, si je puis dire.
00:17:03 Quand on impose des règles de production à nos agriculteurs,
00:17:07 ils peuvent les comprendre, si c'est pour le bien-être de la population.
00:17:13 Et on leur a demandé beaucoup d'efforts,
00:17:15 et c'est la profession sans doute qui a fait le plus d'efforts et
00:17:19 porté le plus de transformations ces dernières années,
00:17:22 ces dernières décennies.
00:17:23 Mais ce qui est incompréhensible et ce que moi-même,
00:17:26 je ne sais pas expliquer,
00:17:27 c'est lorsque nous imposons des règles pour ce qu'on produit en
00:17:30 Europe et qu'on laisse importer des produits qui ne respectent pas
00:17:34 ces mêmes règles et qui viennent hors d'Europe.
00:17:36 C'est ce qu'on appelle les clauses miroirs.
00:17:40 La règle qui vaut à l'intérieur pour la production doit valoir à
00:17:46 l'extérieur quand on facilite les importations.
00:17:48 C'est simple, c'est de bon sens, mais on ne le fait pas assez.
00:17:51 C'est pour cette raison même qu'aujourd'hui,
00:17:55 dans l'état des textes de Mirko Suhr,
00:17:57 la France s'oppose et continuera de s'opposer à cet accord de libre
00:18:01 échange avec la région Mirko Suhr.
00:18:03 Je l'ai dit encore très clairement au président Lula,
00:18:06 il y a quelques semaines, je l'ai dit à tous mes homologues,
00:18:08 je l'ai redit là et je me félicite que les discussions sur la base
00:18:11 du texte qui était justement soumis,
00:18:13 eh bien, étaient suspendues comme nous le demandions et qu'elles
00:18:16 n'ont pas été conclues à la va-vite comme certains menaçaient de le faire.
00:18:20 Pourquoi ? Parce qu'on demande simplement que les règles
00:18:24 environnementales et sanitaires qu'on impose à nos agriculteurs
00:18:28 et à plusieurs autres professions, eh bien,
00:18:30 soient les mêmes du côté justement des pays à qui on est en train
00:18:34 d'ouvrir nos portes.
00:18:35 Sinon, ce n'est pas juste.
00:18:36 La France maintiendra cette position parce que c'est une
00:18:39 position de cohérence, de clarté, de solidité.
00:18:43 Ensuite, ce qu'on a demandé aussi à la Commission européenne,
00:18:46 et sur ce sur quoi on va continuer de se battre,
00:18:48 c'est que lorsqu'on prend de telles décisions,
00:18:50 elles soient clairement mises en oeuvre.
00:18:53 Je vais prendre un exemple très simple et très clair.
00:18:56 Nous avons interdit, nous, de mettre des antibiotiques
00:19:00 de croissance pour nos poulets.
00:19:02 Pendant des décennies, on faisait ça, mauvaise pratique,
00:19:05 il y avait des risques sanitaires.
00:19:07 Nous l'avons interdit pour tous les producteurs européens.
00:19:09 Nous avons, ça a été une initiative française,
00:19:12 on n'a pas attendu ce qui est en train de se passer là.
00:19:14 Il y a maintenant près de deux ans,
00:19:16 fait prendre un texte européen qui est une vraie close miroir,
00:19:20 en disant que tout ce qu'on importe doit aussi interdire
00:19:24 l'utilisation de ces antibiotiques de croissance.
00:19:27 Simplement, aujourd'hui, on ne le contrôle pas.
00:19:30 Et donc, nous avons demandé que cette force,
00:19:33 justement, sanitaire et agricole européenne,
00:19:36 puisse être mise en place au plus vite,
00:19:37 et surtout que les close miroirs qu'on prend,
00:19:40 eh bien, elles soient contrôlées.
00:19:41 C'est un combat qui est essentiel pour nos agriculteurs,
00:19:44 il est essentiel pour la France, c'est un combat de cohérence,
00:19:48 c'est un combat d'honnêteté vis-à-vis d'eux,
00:19:50 c'est un combat de souveraineté.
00:19:52 Comment appeler à la souveraineté alimentaire européenne ?
00:19:54 On se bat depuis six ans pour elle.
00:19:55 J'ai fait des discours au Salon de l'agriculture dès 2017,
00:19:59 2018 pour cette souveraineté alimentaire européenne.
00:20:02 Si on impose des règles à nos agriculteurs,
00:20:05 et que soit on n'impose pas les mêmes aux produits qu'on fait
00:20:07 rentrer, soit on ne les contrôle pas,
00:20:08 ça n'est pas sérieux.
00:20:10 Et donc, nous allons continuer de nous battre pour que,
00:20:13 quand une règle est imposée à l'intérieur,
00:20:14 elle soit imposée à l'extérieur et pour que les contrôles soient
00:20:17 au rendez-vous.
00:20:18 Ensuite, je disais, nos agriculteurs demandent que
00:20:21 les règles soient les mêmes pour tout le monde,
00:20:23 ce qui, évidemment, conduit à examiner de près la
00:20:25 situation des imports agricoles venant d'Ukraine.
00:20:30 Débat qui a été au coeur de beaucoup de discussions dans
00:20:34 beaucoup de pays européens.
00:20:36 Nous avons ainsi obtenu qu'on mette en place des règles plus
00:20:40 strictes pour éviter les abus très clairs et les
00:20:43 déstabilisations qu'on a vues ces derniers mois.
00:20:45 On a ainsi obtenu que pour les céréales,
00:20:47 il y ait un mécanisme de sauvegarde renforcé en cas de
00:20:51 perturbation du marché, ce qui permettrait des mesures
00:20:53 d'intervention si les céréales venant d'Ukraine qui sont mises
00:20:57 sur le marché européen viennent à déstabiliser de manière trop
00:21:00 importante nos cours, les prix ou créer une concurrence
00:21:03 qui serait déloyale,
00:21:04 avec différents mécanismes qui peuvent être de bloquer,
00:21:08 d'intervenir sur les prix ou autres.
00:21:09 Pour ce qui est des œufs, des poulets, du sucre,
00:21:14 nous avons obtenu des mécanismes de protection en reprenant
00:21:19 l'historique des volumes 2022 et 2023,
00:21:22 et donc dont le premier semestre 2022 avec des chiffres qui étaient
00:21:25 plus historiques, et qui, au-delà de volumes ainsi
00:21:27 définis, nous permettent de rétablir des droits de douane.
00:21:30 Au fond, je vais être simple,
00:21:32 oui pour aider l'Ukraine dans un contexte de guerre,
00:21:35 non pour créer une situation de concurrence déloyale qui profite
00:21:39 à quelques milliardaires ou à quelques grands industriels qui
00:21:42 ne respectent pas nos règles.
00:21:43 Là aussi, c'est du bon sens.
00:21:46 C'est ce qu'on a obtenu en changeant ainsi ces règles.
00:21:49 Vous l'avez compris, ces derniers jours,
00:21:52 ces dernières heures, nous avons obtenu des avancées
00:21:54 substantielles, qu'il s'agisse de la question
00:21:56 des Jachers, de l'Ukraine ou du Mercosur.
00:21:58 Plus largement, nous avons obtenu de pouvoir lancer un
00:22:03 travail de révision en profondeur de la logique et de l'approche européenne.
00:22:09 Je remercie la présidente de la Commission qui a entendu cette
00:22:12 demande, qui a lancé cet exercice de dialogue stratégique.
00:22:16 Il va permettre, dès la fin du mois de février,
00:22:19 de prendre des mesures de simplification au niveau européen,
00:22:21 comme nous sommes en train de le faire au niveau français,
00:22:24 mais il va surtout nous permettre d'intégrer,
00:22:27 beaucoup mieux qu'on ne l'avait fait dans une PAC qui avait été
00:22:30 pensée avant ce nouveau contexte du haut politique,
00:22:33 d'intégrer le changement de logiciel dans lequel nous vivons.
00:22:36 La guerre est là, le monde se transforme et donc nous
00:22:40 devons avoir une politique agricole plus simple,
00:22:44 qui prenne en compte davantage la nécessité de produire plus,
00:22:47 qui évidemment intègre nos objectifs environnementaux,
00:22:51 mais qui le fait en préservant une concurrence loyale,
00:22:55 en préservant le revenu des agriculteurs et en préservant
00:22:58 notre souveraineté alimentaire.
00:23:00 C'est ça, le changement de logique que nous voulons porter au
00:23:04 niveau européen, que nous avons commencé ces
00:23:07 dernières heures à pouvoir lancer et enclencher,
00:23:09 et sur lequel nous ne lâcherons rien.
00:23:12 Nous nous sommes battus pour obtenir ces premiers résultats,
00:23:14 nous continuerons de le faire pour avoir une agriculture européenne
00:23:18 et française plus forte, plus souveraine,
00:23:21 et continuer à avoir l'une des agricultures qui fournit
00:23:25 l'alimentation de qualité aux meilleurs standards mondiaux,
00:23:28 parce que nous devons être fiers de l'alimentation française et
00:23:31 européenne, c'est l'une des meilleures du monde.
00:23:33 Donc on doit continuer à se battre pour elle et,
00:23:36 ce faisant, à bâtir notre nouveau modèle agricole,
00:23:40 par de l'investissement, par des changements,
00:23:42 mais aussi par du bon sens, de la simplicité et de la volonté.
00:23:46 Le combat va donc continuer en ce sens et nous aurons l'occasion,
00:23:51 dans les prochaines semaines et les prochains mois,
00:23:53 de continuer de vrai pour obtenir des résultats concrets
00:23:55 pour nos agriculteurs.
00:23:56 Je vais maintenant répondre à toutes vos questions.
00:23:59 Alors voilà, pour le président Macron,
00:24:04 qui s'est exprimé depuis Bruxelles,
00:24:06 avec beaucoup de phrases.
00:24:10 On l'écoutait avec vous, Patrick Legras.
00:24:12 Ce n'est pas grand-chose qu'on ne savait pas dans ce qui a été
00:24:14 dit à l'instant.
00:24:15 Donc voilà, les avancées obtenues sur les achats de
00:24:18 chères l'Ukraine et le Mercosur, quoi de concret en réalité ?
00:24:22 Moi, j'ai retenu la dernière phrase où il a dit "le combat
00:24:26 va continuer".
00:24:27 Je pense que pour nous, c'est la plus importante.
00:24:32 Sur les dossiers, sur le suivi, sur les contrôles,
00:24:40 j'ai un producteur qui m'a dit quelque chose de très intéressant.
00:24:43 C'était hier, justement, à miens.
00:24:44 Il m'a dit, au lieu d'embaucher des contrôleurs,
00:24:47 c'est beaucoup plus simple pour l'industriel de mettre,
00:24:50 par exemple, sur le produit, puisque c'est le standard
00:24:54 des pastilles, de mettre, par exemple, hors normes françaises.
00:24:57 C'est très, très simple.
00:24:58 Ça va prendre beaucoup moins que des contrôleurs.
00:25:00 Donc, je pense qu'on est toujours pareil.
00:25:01 On part d'un système qui nous convient pas et on essaye
00:25:05 d'aménager pour faire passer la pilule.
00:25:07 Et c'est tout.
00:25:08 Là, on essaye de...
00:25:10 Enfin, pour l'instant, ma présidente et le secrétaire
00:25:12 général voient des groupes parlementaires.
00:25:14 Je pense qu'on est encore...
00:25:16 Il y a des avancées.
00:25:18 On est encore loin du compte.
00:25:19 Mais voilà, on prend le dossier à l'envers, comme d'habitude.
00:25:22 Alors, je ne sais pas si on a nos envoyés spéciaux qui sont
00:25:24 auprès des agriculteurs.
00:25:25 On va les rejoindre peut-être tout à l'heure.
00:25:27 Ils écoutent encore ce que dit le président Macron.
00:25:30 Je ne sais pas s'il parle de l'agriculture ou pas.
00:25:32 On me le dira.
00:25:34 Éric Nolot, en un mot, ce qu'on vient d'entendre...
00:25:36 En un mot, ça nous changera alors.
00:25:38 Parce que là, c'était très exhaustif, très dangereux.
00:25:40 En 50 mots, en 200 mots.
00:25:42 Non, mais écoutez, les agriculteurs français ont fait passer un message.
00:25:45 Ils l'ont fait passer à très haute voix.
00:25:46 Apparemment, ça a été entendu quand même, parce qu'ils sont entrés
00:25:49 dans les détails.
00:25:50 On a eu même un peu à s'en plaindre.
00:25:51 Je trouve ça un peu long comme exposé pour un président de la République.
00:25:54 Il a dit ce qu'il pouvait faire maintenant.
00:25:57 Et tout va se jouer sur ce qu'il ne peut pas faire maintenant,
00:26:00 qui dépend de négociations internationales.
00:26:02 Et tout va se jouer là-dessus.
00:26:03 Et les agriculteurs considérons qu'ils ont gagné la bataille
00:26:06 ou qu'ils l'ont perdue, selon ce que vient d'annoncer
00:26:08 le président de la République, sera suivi d'acte.
00:26:10 Moi, ce qui m'étonne quand même beaucoup dans ce genre d'exposé,
00:26:13 c'est qu'un président de la République,
00:26:14 donc celui qui occupe la plus haute charge de l'État,
00:26:16 vient nous dire "Nous savions que les centrales d'achat contournaient la loi.
00:26:21 Nous savions qu'on imposait aux agriculteurs des normes
00:26:23 qu'on n'impose pas aux pays dont nous importons les produits.
00:26:27 Nous savions tout ça, mais nous n'avons rien fait.
00:26:29 Nous avons entendu qu'il y a une crise aiguë."
00:26:30 Ça m'étonne toujours, moi, ce genre de raisonnement.
00:26:32 Je crois qu'il y a une petite question qui est posée au président Macron
00:26:34 sur l'agriculture.
00:26:35 On va peut-être écouter la réponse, parce que c'est toujours important.
00:26:38 Écoutez, on a beau jeu de dire que l'Europe est la source de tous les mots,
00:26:43 l'Europe, c'est nous, comme je dis toujours.
00:26:47 Et je pense que, simplement, nous devons tous être conscients
00:26:51 que, je le disais, on a un modèle agricole exceptionnel.
00:26:57 Nous, Français, mais nous, Européens.
00:27:00 C'est le fruit de décennies, une politique agricole
00:27:03 qui s'est construite après guerre, qui a permis de nous nourrir.
00:27:06 Et notre politique agricole commune, dans sa pensée,
00:27:09 sa conception première, elle a été au rendez-vous
00:27:12 des objectifs historiques qu'on s'était fixés.
00:27:15 On est, en fait, en train de définir un nouveau pacte
00:27:18 avec le monde agricole.
00:27:19 Et je crois qu'il faut qu'on se le dise peut-être de manière plus claire,
00:27:22 qu'on le fasse de manière plus simple.
00:27:23 C'est ça, ce qu'on est en train de faire à ciel ouvert.
00:27:25 C'est quand nous voulons continuer à nous nourrir et à exporter,
00:27:29 c'est ça, la souveraineté alimentaire.
00:27:31 On ne veut pas dépendre des autres.
00:27:32 On veut continuer à nourrir le peuple français,
00:27:34 le peuple européen et à exporter parce que ça crée la puissance.
00:27:38 On veut le faire en gardant la qualité qui est la nôtre
00:27:40 et même en continuant à l'améliorer à chaque fois qu'on peut.
00:27:43 Et on veut le faire maintenant en intégrant la nécessité
00:27:46 justement climatique.
00:27:47 Ce qui est de la contrainte sur une agriculture qui a été pensée
00:27:50 historiquement, ce n'est pas la faute des agriculteurs,
00:27:52 c'est nous qui l'avons voulu, sur un modèle beaucoup plus
00:27:54 productiviste et qui reposait sur beaucoup de chimie.
00:27:57 Et donc on est en train de faire une sortie de ce modèle de chimie
00:28:00 pour aller vers une agriculture qui est en train de se réorganiser
00:28:03 avec de l'innovation, avec de la robotique,
00:28:05 avec de la génomique, avec des innovations et de
00:28:07 l'investissement pour accompagner.
00:28:09 Et donc on va sortir des pesticides par la recherche,
00:28:11 en faisant justement par exemple dans la viticulture des cépages
00:28:15 plus résilients, en changeant les pratiques de sol, etc.
00:28:18 Ca ne se fait pas du jour au lendemain.
00:28:21 Et donc partout où vous avez des difficultés,
00:28:23 c'est quand les règles vont trop vite,
00:28:25 quand elles sont trop compliquées, quand on crée des conditionnalités
00:28:28 qui paraissaient simples quand on les négociait à 27,
00:28:30 mais qui sont un casse-tête terrible quand il faut les mettre
00:28:33 en place au niveau de son champ.
00:28:35 Donc, un, on doit avoir l'humilité de dire,
00:28:38 on est à un moment historique, on bâtit un nouveau modèle agricole.
00:28:42 Ce modèle agricole, on doit le faire avec nos agriculteurs.
00:28:44 C'est exactement ce qu'on vient de lancer ici, au niveau européen.
00:28:48 Et je crois que l'Europe n'est pas du tout sourde à cela.
00:28:50 Il faut qu'elle ait l'humilité de dire, c'est un choix historique,
00:28:53 on le fait une fois tous les 40-50 ans, et encore.
00:28:56 C'est ce qu'on est en train de faire.
00:28:58 Et donc on doit le faire avec les agriculteurs,
00:28:59 on ne pourra pas le faire contre.
00:29:00 Et après, il faut avoir aussi l'humilité de dire,
00:29:05 regardons le monde qui est en train de changer.
00:29:07 Les déstabilisations agricoles créées par la guerre lancée par la Russie
00:29:12 en Ukraine, on les voit dans tous les pays,
00:29:13 évidemment, ça nous touche.
00:29:15 Et donc on doit intégrer aussi cette déstabilisation,
00:29:18 celle qu'on a pendant le Covid, à la sortie du Covid,
00:29:21 liée à la guerre en Ukraine, remettre tout ça à plat,
00:29:23 et au fond se dire, on regarde nos objectifs,
00:29:26 on investit pour pouvoir faire ce changement,
00:29:29 et on le pense de telle sorte qu'il soit simple,
00:29:33 intelligible et faisable pour nos agriculteurs.
00:29:37 Et là où il y a un très gros travail de changement de logiciel,
00:29:41 au niveau européen et au niveau français,
00:29:43 il faut avoir l'honnêteté de le dire,
00:29:45 c'est dans la simplicité et l'intelligibilité.
00:29:48 Nos règles sont trop compliquées.
00:29:50 Du coup, ça crée de la paperasse, ça crée de l'anxiété.
00:29:53 Et pour des agriculteurs qui travaillent déjà énormément,
00:29:56 qui ne savent pas ce que c'est qu'un jour férié,
00:29:59 qu'un jour de congé, ça devient impossible et ça crée
00:30:01 des situations de découragement et d'immenses détresses.
00:30:05 Donc voilà ce qu'on fait.
00:30:07 Donc non, l'Europe n'est pas sourde.
00:30:09 Oui, le défi est immense.
00:30:11 Oui, nous avons les moyens de le relever.
00:30:12 Et ce qu'on a commencé à obtenir là sont des résultats très concrets
00:30:15 pour nos agriculteurs.
00:30:16 Et ce qu'on a lancé là va nous permettre dans les prochaines
00:30:19 semaines et les prochains mois,
00:30:21 eh bien, un, de simplifier drastiquement les choses
00:30:23 au niveau européen et au niveau français,
00:30:25 et deux, de concevoir une vraie nouvelle politique agricole
00:30:31 du 21e siècle.
00:30:33 En tout cas, je ferai tout pour me battre pour cela,
00:30:35 qui est celle d'une vraie souveraineté alimentaire repensée.
00:30:38 Et donc, voilà ce que nous sommes en train de faire.
00:30:41 Face à cela, je pense que ce qui a été annoncé par le Premier
00:30:44 ministre et les ministres tout à l'heure,
00:30:47 ce que je viens de vous dire là aussi de nos avancées européennes,
00:30:50 correspond, je le sais, à beaucoup des attentes qui étaient là.
00:30:54 Et donc, je pense que le retour au calme,
00:30:58 il y a aussi beaucoup d'agriculteurs qui ont beaucoup
00:31:01 de travaux, je le sais, à faire et qui sont aussi
00:31:04 largement mobilisés, est une nécessité.
00:31:08 Je pense que ce retour au calme, et j'en prends ici l'engagement,
00:31:10 ça ne doit pas être un retour à la situation d'avant.
00:31:13 C'est-à-dire que nous, maintenant,
00:31:14 il faut mettre en place et mettre en oeuvre très vite ce qui a été
00:31:18 décidé et aller au bout des engagements qui ont été pris.
00:31:21 Et donc, très concrètement, j'attends, moi,
00:31:23 du gouvernement qu'il mette en place très rapidement tout ce
00:31:27 qui a été décidé, qu'il travaille à marche forcée,
00:31:31 avec en particulier des concertations qui sont lancées
00:31:34 dès demain par les préfets dans chaque département,
00:31:36 les mesures de simplification, qu'on puisse avoir dès les
00:31:39 prochains jours à nouveau des décisions concrètes,
00:31:41 l'autre plus tard pour le Salon de l'Agriculture,
00:31:43 des décisions très concrètes de simplification qui ont été
00:31:46 annoncées, que les plans viticulture et
00:31:48 élevage soient mis en place là aussi de manière très rapide.
00:31:51 Et j'attends de la Commission européenne que le dialogue
00:31:53 stratégique qui a été lancé puisse nous permettre d'aboutir là
00:31:55 aussi à des simplifications concrètes et tangibles dès la
00:31:58 fin du mois de février.
00:31:59 Et là, on sera en rendez-vous et on continue,
00:32:03 et nous ne nous battrons.
00:32:05 Voilà pour Emmanuel Macron sur une question sur l'Europe.
00:32:11 Est-elle sourde aux demandes des agriculteurs?
00:32:14 Des agriculteurs, le président qui a appelé au calme,
00:32:17 retour au calme, Patrick Legrade, la coordination rurale.
00:32:19 Le retour au calme est une nécessité.
00:32:21 Ça ne veut pas dire c'est un retour à la situation d'avant.
00:32:23 Il faut aller au bout des engagements qui ont été pris
00:32:26 envers nos agriculteurs.
00:32:28 Est-ce que ce retour au calme, vous l'entendez?
00:32:32 Et est-ce que pour vous, vous ne laisserez pas passer le...
00:32:35 Voilà, c'est comme s'il ne s'était rien passé, en fait.
00:32:39 Comme j'ai dit au départ, pour nous, il l'a dit lui-même,
00:32:42 le combat va continuer.
00:32:43 Sur le retour au calme, c'est un choix que nous avons fait.
00:32:47 Sur le dossier où, quand il parle de filières,
00:32:51 ça, ce n'est pas des choses qui nous plaisent énormément parce
00:32:54 que nous, les filières, ce n'est pas le problème des filières.
00:32:56 C'est un discours qu'on entend depuis 50 ans.
00:32:59 Ça ne nous interpelle pas.
00:33:02 Nous, le seul combat qui nous intéresse, c'est la base.
00:33:04 C'est les agriculteurs.
00:33:06 La filière, ça m'ennuie qu'ils utilisent ces mots-là
00:33:10 parce qu'on sait que c'est pour un autre syndicat.
00:33:13 - C'est l'autre syndicat?
00:33:14 - Oui, les filières, ce n'est pas les nôtres.
00:33:17 On n'a jamais parlé de filières.
00:33:18 Vous aurez d'autres invités, vous leur poserez la question.
00:33:21 Et pareil, avoir des aides, ça ne nous intéresse pas.
00:33:23 Nous, c'est clair, c'est des prix, pas des primes.
00:33:25 Donc après, il y a des volontés.
00:33:27 Moi, ce que je retiens aussi, c'est la date de fin février
00:33:30 parce qu'il sait très bien que comme on est parti,
00:33:32 on ne va pas lâcher l'affaire.
00:33:34 Ce n'est pas le style de la maison.
00:33:36 Les gens sont repartis dans le 47.
00:33:38 Et je peux vous dire, d'ailleurs, ce n'est pas un scoop,
00:33:41 je peux vous dire que le salon agricole,
00:33:43 ça va être compliqué pour lui.
00:33:46 Et ça va être une force phénoménale pour nous
00:33:50 parce qu'on aura aussi nos syndicats.
00:33:52 On aura les gens qui n'étaient pas syndiqués,
00:33:54 qu'on va essayer d'expliquer pour qu'on arrête.
00:33:56 Parce que c'est aussi le problème.
00:33:58 Chez nous, il faut qu'on gère nos troupes, c'est facile.
00:34:00 Le nombre de personnes qui nous ont rejoints
00:34:03 ou qui sont en train de nous rejoindre, c'est très compliqué
00:34:05 parce que ce sont des gens qui n'ont pas forcément
00:34:07 cette discipline, ces explications.
00:34:09 Ils sont venus parce qu'ils ont dit "oui, vous avez raison,
00:34:12 on se fait avoir".
00:34:12 Donc tout ça, ça demande du temps, ça demande du calme
00:34:16 et ça demande de l'organisation.
00:34:17 Et un peu de repos aussi.
00:34:18 On a cette image du président Macron qui est à Bruxelles.
00:34:21 En bas à droite, vous avez des agriculteurs qui écoutent
00:34:24 ce qu'il dit sur l'autoroutacisme,
00:34:25 même si en réalité, le président Louis Denguet
00:34:28 n'a rien annoncé de nouveau.
00:34:29 Il est revenu sur les avancées des derniers jours.
00:34:32 Il a fait une sorte de synthèse de ce qui a été dit tout à l'heure
00:34:34 par Gabriel Attal et notamment Bruno Le Maire.
00:34:37 Mais on voit surtout, si on regarde la dimension politique,
00:34:40 Emmanuel Macron cherche systématiquement à justifier
00:34:43 ses décisions passées pour surtout essayer de montrer
00:34:46 à la fois la cohérence de sa politique, alors que si elle était
00:34:49 réellement cohérente sur la question agricole,
00:34:51 je pense qu'on n'aurait pas vécu les dix derniers jours.
00:34:54 Et surtout, dans la perspective des élections européennes,
00:34:57 ce qu'il aimerait qu'on retienne et qu'on se dise de sa politique,
00:35:01 c'est que grâce à lui, eh bien, il y aura peut-être
00:35:04 un nouveau modèle agricole européen et que la défense
00:35:08 de la souveraineté nationale n'est pas incompatible
00:35:09 avec la souveraineté européenne, parce qu'il sait qu'en France,
00:35:13 dès qu'il reviendra à Paris, la campagne reprendra son cours,
00:35:16 la campagne européenne et le Rassemblement national,
00:35:20 la droite, les droites de manière générale, vont lui recrocher
00:35:23 cette sorte de double discours, vont lui demander
00:35:25 des clarifications et vont l'appeler à plus de cohérence.
00:35:28 On va partir tout de suite sur le terrain.
00:35:30 On est sur l'autoroute 1 avec Anne-Isabelle Tolley,
00:35:32 bande d'accueil.
00:35:33 Qu'est-ce qui se passe autour de vous ? Bonsoir, Anne-Isabelle.
00:35:35 Ça y est, les tracteurs repartent.
00:35:36 Bonsoir, Laurence. En effet, une grande partie des tracteurs,
00:35:41 la majorité des tracteurs qui sont arrivés cette nuit,
00:35:44 sont repartis vers Arras et le Nord-Pas-de-Calais.
00:35:47 L'autre partie, en revanche, ils sont à peu près une centaine,
00:35:50 150, on va dire, qui sont arrivés en toute fin d'après-midi,
00:35:53 eh bien, restent. Pourquoi ? Pour ne pas avoir fait le trajet pour rien
00:35:56 et pour quand même maintenir cette mobilisation.
00:35:59 Ce qu'on nous dit ici, figurez-vous qu'ils n'ont pas écouté
00:36:02 le président Emmanuel Macron, parce que pour eux,
00:36:04 ce ne sont que des paroles et des paroles.
00:36:05 Et d'ailleurs, ils ont chanté toute la journée la chanson de Dalida
00:36:08 et d'Alain Delon, "Paroles et paroles",
00:36:10 parce que tant qu'il n'y a pas d'écrit, eh bien, ils n'y croient pas.
00:36:13 Donc, une bonne partie des agriculteurs maintiennent,
00:36:16 finalement, le blocage, notamment ceux qui sont partis à Arras.
00:36:20 Ils vont aller bloquer une centrale d'achat d'hypermarchés
00:36:22 pour bloquer justement cette centrale qui délivre
00:36:25 les différents supermarchés dans le Nord-Pas-de-Calais.
00:36:28 Et puis, il y a une grande partie aussi d'agriculteurs,
00:36:30 notamment la Jeunesse, qui veulent entrer dans Paris
00:36:34 et qui ont décidé d'y entrer coûte que coûte
00:36:36 en prenant des chemins de traverse et ne passant pas par cette route,
00:36:40 parce qu'évidemment, l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle
00:36:42 est à un kilomètre d'ici, donc en fait, le barrage de policiers
00:36:45 est incontournable.
00:36:46 Et donc, ils vont essayer par d'autres moyens d'entrer dans Paris.
00:36:48 Mais tout ça pour vous dire, Laurence, que la mobilisation est toujours intacte.
00:36:52 – Très bien, merci beaucoup, Anisabelle Tollet, Bamba Gay,
00:36:54 mobilisation intacte sur l'A1 avec des agriculteurs qui viennent d'arriver.
00:36:58 On salue aussi Reda Belhach qui est avec nous,
00:37:00 porte-parole UDF Unité SGP.
00:37:02 Le travail des policiers n'est pas simple,
00:37:04 parce qu'il faut faire respecter la loi et en même temps,
00:37:08 il faut faire ça avec tact, parce que ce ne sont pas des délinquants
00:37:10 que vous avez en face de vous, évidemment.
00:37:11 – Pour nous, c'est exceptionnel, c'est très délicat,
00:37:13 parce que je pense qu'honnêtement, des collègues de terrain,
00:37:16 on discute et on a beaucoup de points communs,
00:37:19 même si le travail est différent avec les agriculteurs,
00:37:22 c'est qu'on travaille, on fait un métier qui nous passionne,
00:37:25 un métier difficile, donc on se reconnaît un peu en eux,
00:37:28 on a toujours eu, notre organisation syndicale,
00:37:30 un positionnement où, oui bien sûr,
00:37:33 on essaie d'aller le moins possible au contact
00:37:35 et notre but sur chaque blocage, c'était de,
00:37:38 et c'est toujours, de protéger en priorité les manifestants,
00:37:43 les agriculteurs qui participent à ces blocages.
00:37:46 Donc c'est très délicat et puis,
00:37:48 vous n'avez pas affaire à des délinquants sur le terrain en fait.
00:37:51 Ça change tout et ça nous change beaucoup,
00:37:53 parce que quand on l'avait avec les gilets jaunes,
00:37:56 même si hier soir, on a eu des tentatives un peu
00:37:59 de certains partis politiques, à mon sens,
00:38:02 de récupérer un peu, de s'associer à cette manière d'exprimer sa colère,
00:38:10 on reste quand même, on n'est pas face à des délinquants,
00:38:13 on est face à des gens qui se lèvent très tôt le matin pour travailler,
00:38:17 qui, en quelque sorte, nourrissent la France,
00:38:19 donc on est plus que touchés,
00:38:22 puis on se sent un peu, entre guillemets, solidaires,
00:38:25 donc on essaye de suivre pour le coup les instructions
00:38:28 au maximum de notre ministère de la préfecture de police.
00:38:30 Céline Pina, on a eu ces images effectivement des blindés face au tracteur,
00:38:33 on a eu plusieurs allocutions aujourd'hui du Premier ministre,
00:38:37 de quatre ministres au total, du Président de la République.
00:38:41 On a le sentiment que la partie, elle est perdue pour les,
00:38:43 cette fois-ci, pour les agriculteurs qui vont rentrer chez eux,
00:38:45 parce que voilà, il va falloir rentrer,
00:38:48 parce que les exploitations, malheureusement, il faut les faire tourner.
00:38:51 Mais on a le sentiment qu'il y aura sans doute un deuxième round.
00:38:54 En fait, on a surtout le sentiment que pour l'instant, rien n'est réglé,
00:38:58 c'est-à-dire qu'on est en phase de négociation,
00:39:01 c'est vero-tricado,
00:39:03 et comme ça, personne ne va monter en puissance dans la destruction,
00:39:09 mais la réalité est que derrière, tout est surprenant,
00:39:13 et surtout, comment faire confiance à une parole politique aussi démonétisée ?
00:39:18 On sait très bien que sur le Mercosur,
00:39:21 on a, la France avait dit oui.
00:39:24 On sait très bien que sur la stratégie "Farm to Fork",
00:39:27 la France pesait même lourdement
00:39:30 pour accroître encore un certain nombre de choses.
00:39:32 Donc on sait très bien que Pascal Canfin,
00:39:35 qui a été envoyé au Conseil, au Parlement européen,
00:39:40 pour justement organiser tout ça,
00:39:42 est quelqu'un qui a pris des positions très fortes
00:39:44 sur la logique de décroissance, notamment.
00:39:47 Et donc, on a un Emmanuel Macron,
00:39:50 dont la main droite oublie ce qu'a fait la main gauche,
00:39:53 dont le discours oublie toutes les consignes
00:39:55 qui ont été données par ailleurs aux gens de Renaissance.
00:39:58 Il y a ici un double discours,
00:40:00 qui fait qu'aujourd'hui, sa parole est valable.
00:40:02 Quand il envoie Pascal Canfin négocier "Farm to Fork",
00:40:06 quand aujourd'hui, il nous dit qu'il y aura des contrôles et qu'il a changé.
00:40:10 Donc déjà, et la deuxième chose,
00:40:12 c'est qu'on ne fait pas des promesses délirantes du style
00:40:16 "on va révolutionner l'agriculture"
00:40:18 quand on est simplement en train de sauver sa peau
00:40:21 et d'essayer de continuer à le colmater,
00:40:24 un modèle qui s'effrite sous les yeux.
00:40:26 Donc, comment faire confiance à une parole
00:40:32 qui vous prend à ce point-là pour des imbéciles,
00:40:34 sans même faire semblant de nous donner des billes pour qu'on y croie ?
00:40:38 Je vous passe la parole dans un instant,
00:40:39 mais on va partir sur le terrain, on a un nouveau délire spécial.
00:40:41 Guttal Benadieu et Fabrice Elsner, vous êtes sur la 6.
00:40:44 Bonsoir à tous les deux.
00:40:45 Vous êtes avec un agriculteur syndiqué, c'est ça ?
00:40:48 Oui, tout à fait. Pascal Vériel, secrétaire général adjoint de la FDSEA 77,
00:40:56 agriculteur en polyculture, en grande culture.
00:40:59 Comme vos collègues, vous avez écouté très attentivement
00:41:01 le discours, dans un premier temps, de Gabriel Attal,
00:41:03 puis d'Emmanuel Macron.
00:41:05 En quelques mots, qu'est-ce que vous en avez pensé ?
00:41:07 Alors, le premier discours, celui du Premier ministre,
00:41:10 était plutôt dans un bon élan.
00:41:12 J'ai d'abord approuvé le titre de son discours,
00:41:15 qui était "Production et protection".
00:41:17 Pour moi, c'est exactement les valeurs que la politique agricole commune
00:41:21 doit développer pour ses agriculteurs, c'est-à-dire production.
00:41:24 Nous, on est des producteurs, on veut tirer notre revenu de la production.
00:41:27 Et protection, c'est-à-dire éviter que des importations
00:41:31 ne correspondent pas à nos critères de qualité,
00:41:33 et qu'on soit régulièrement, comme actuellement,
00:41:35 dans une concurrence illoyale.
00:41:37 Il a justement parlé de cette clause miroir.
00:41:39 Les mêmes règles à l'intérieur comme à l'extérieur.
00:41:41 Vous êtes exploitant en grande culture, vous faites des céréales.
00:41:44 Le président Emmanuel Macron a parlé des céréales ukrainiennes,
00:41:48 disant que si jamais ces céréales venaient à perturber
00:41:50 le cours européen de la céréale,
00:41:52 il pourrait réinstaurer des droits de douane.
00:41:56 Qu'est-ce que vous en pensez ? C'est une bonne solution, comme ça ?
00:41:58 Alors, effectivement, je vous ai parlé du discours du Premier ministre.
00:42:00 Sur le discours du Président, je suis un petit peu plus dans l'expectative.
00:42:03 — Pourquoi ? — Alors, c'est-à-dire que...
00:42:06 On ne sent pas, dans ce discours, une volonté plus... aussi ferme.
00:42:10 J'ai l'impression qu'on est encore souvent en même temps.
00:42:14 C'est-à-dire qu'effectivement, tous les points qu'on réclamait sont abordés,
00:42:17 mais ne sont pas approfondis et sont souvent incomplets.
00:42:21 En ce qui concerne les céréales ukrainiennes,
00:42:23 on va partir sur une référence qui est déjà tronquée,
00:42:26 puisque la référence 2022, beaucoup d'importations avaient déjà eu lieu
00:42:30 et les seuils étaient déjà très élevés.
00:42:32 Donc c'est un peu tard pour se préoccuper de ce sujet-là.
00:42:36 Donc le Président se baserait sur des chiffres qui, de base,
00:42:39 sont surélevés par rapport à ce que c'était avant la...
00:42:42 avant la guerre en Ukraine, c'est ça ?
00:42:44 C'est ça, c'est ça. C'est déjà sur des importations qui sont déjà massives
00:42:47 et qui ont déjà... bien stabilisé tous les marchés.
00:42:50 Est-ce que, ce soir, vous allez lever le camp,
00:42:53 comme les autorités de la FNSEA l'ont demandé ?
00:42:56 Est-ce qu'ici, sur l'Assis, à quelques dizaines de kilomètres de la capitale,
00:43:00 vous allez lever le camp avec ces 150 tracteurs derrière vous ?
00:43:02 Alors, on n'a pas encore décidé, vous voyez,
00:43:04 on est encore nombreux à essayer de comprendre,
00:43:06 parce que c'était pas toujours très clair, hein,
00:43:08 comme je vous l'ai dit, le discours du Premier ministre était plutôt clair pour nous,
00:43:11 mais celui des ministres qui l'ont suivi,
00:43:13 le budget de l'agriculture et l'environnement
00:43:15 étaient beaucoup plus confus, sur beaucoup de mesures,
00:43:17 donc on a besoin de temps pour décrypter tout ça.
00:43:20 On a réclamé...
00:43:21 [inaudible]
00:43:23 certaines garanties également.
00:43:25 Donc, tant que ces demandes ne sont pas satisfaites,
00:43:28 c'est pas encore évident qu'on parte ce soir.
00:43:30 Effectivement, vous demandez notamment des précisions sur les dates effectives des décrets.
00:43:35 À quel moment ces décrets seront-ils appliqués ?
00:43:37 Merci beaucoup, Pascal Vériel, d'avoir été avec nous en direct sur CNews.
00:43:39 Ici, l'avis continue avec ces agriculteurs
00:43:42 qui ont suivi les deux discours de Gabriel Attal et Emmanuel Macron
00:43:44 très attentivement sous ce barnum, avec évidemment une télé,
00:43:47 et chacun est en train de débriefer, à l'instant où je vous parle,
00:43:50 de ces annonces du Président et du Premier ministre.
00:43:53 Merci beaucoup, Augustin Donat-Dieu, Fabrice Eltenaer.
00:43:55 C'est intéressant d'entendre que, en fait,
00:43:57 le discours du Premier ministre était plus clair
00:43:59 que celui du Président de la République,
00:44:00 qui était un peu plus confus, en réalité.
00:44:03 Bon, voilà, c'est l'avis des agriculteurs.
00:44:06 En tout cas, Jean-Sébastien Ferjou, du site Atlantico, bonjour.
00:44:09 Gabriel Attal n'est pas énarque.
00:44:11 Et on le voit, Emmanuel Macron, structurellement,
00:44:13 a toujours parlé d'audace, de révolution.
00:44:16 Il nous a vendu une "start-up nation",
00:44:18 alors qu'il est "start-upper", comme moi,
00:44:19 je suis boulanger ou agriculteur, pour le coup.
00:44:22 Et que Gabriel Attal, c'est au moins,
00:44:24 ça ne veut pas dire qu'il a réglé la situation,
00:44:26 il y a des revendications qui vont demeurer,
00:44:28 mais au moins, il parle français.
00:44:30 Il parle un français intelligible,
00:44:31 là où Emmanuel Macron parle de manière générale,
00:44:34 comme le "système", ça ne veut pas nécessairement dire,
00:44:36 d'ailleurs, que ce soit plus critiquable sur le fond.
00:44:39 Simplement, on voit que c'est cette mentalité-là
00:44:41 qui nous a menés dans le mur.
00:44:43 Et c'est aussi cette mentalité-là
00:44:44 qui refuse de regarder en face un certain nombre de problèmes,
00:44:47 parce qu'il n'y a pas que des réponses
00:44:48 de l'ordre de tableur Excel,
00:44:49 il y a aussi une révolution de structure, pour le coup,
00:44:51 mais celle de l'État.
00:44:52 Parce que ce qui se passe là, la folie normative
00:44:55 et les charges qui pèsent,
00:44:56 parce qu'on peut essayer de se renvoyer la balle
00:44:58 qui profite le plus sur le dos de l'autre.
00:45:00 Est-ce que ce sont les groupes de l'agroalimentaire ?
00:45:02 Est-ce que c'est la grande distribution ?
00:45:03 Est-ce que ce sont les grands agriculteurs
00:45:05 au détriment des petits ?
00:45:06 Tous ont le même problème, le poids de l'État.
00:45:09 Parce que le poids de l'État, c'est un coût économique.
00:45:11 Quand vous comparez les charges de la nation France,
00:45:13 finalement, par rapport aux charges, par exemple, en Allemagne,
00:45:16 vous voyez que ce coût-là, il pèse sur tout le monde.
00:45:18 Parce que si vous êtes la grande distribution,
00:45:20 vous êtes obligés, justement, de répercuter ça
00:45:23 dans vos prix aussi.
00:45:24 Mais ça, c'est une question que jamais
00:45:25 le président de la République accepte de regarder en face.
00:45:28 Vous vouliez dire quelque chose, Patrick,
00:45:29 le grade la coordination rurale ?
00:45:31 - Après votre collègue de l'AFNSEA qui disait
00:45:35 être moins convaincu par Macron que par...
00:45:37 - Oui, c'est ça.
00:45:37 Je reviens parce que là, j'apprends des choses.
00:45:40 Je pense qu'aujourd'hui,
00:45:44 le point fort aujourd'hui pour faire quelqu'un,
00:45:46 c'est un peu comme nous.
00:45:47 C'est-à-dire quand on a fait quelque chose
00:45:49 pendant 2, 3, 5 ans,
00:45:51 aujourd'hui, s'il y a un vrai changement,
00:45:53 c'est indispensable qu'il y ait des changements d'hommes.
00:45:56 Je vais prendre un seul exemple qui n'est pas français,
00:45:59 comme ça, ça sera plus facile.
00:46:01 Moi, j'ai des collègues de travail à Bruxelles
00:46:05 qui m'ont dit que le pire ennemi de l'agriculture française,
00:46:09 c'est M. Canfin.
00:46:10 Je ne l'ai pas inventé.
00:46:11 Et il m'a dit, c'est impossible que M. Canfin reste à Bruxelles
00:46:17 pour appliquer ces nouvelles organisations
00:46:20 ou ces nouvelles politiques.
00:46:20 Donc, je pense qu'arrive un moment,
00:46:22 quelqu'un qui a été convaincu de choses
00:46:24 qui ont été faites depuis des années,
00:46:26 aujourd'hui, on va lui dire,
00:46:27 "Bah, écoute, maintenant, c'est fini.
00:46:28 À partir de lundi, tu vas changer, tu fais l'inverse."
00:46:31 Je pense que ça va être compliqué.
00:46:32 C'est vrai.
00:46:33 C'est un vrai sujet.
00:46:34 Éric Nolot ?
00:46:35 Au-delà des différences entre Gabriel Attal et Emmanuel Macron,
00:46:38 en fait, tout se réduit à une seule question
00:46:40 et cette question n'est pas tranchée,
00:46:41 c'est est-ce que le président de la République,
00:46:43 le Premier ministre, le ministre de l'Agriculture,
00:46:45 Madame von der Leyen, ont compris
00:46:46 qu'il n'était plus temps de financer ?
00:46:48 Est-ce qu'ils ont compris ça
00:46:49 et est-ce qu'ils vont prendre les mesures
00:46:51 qui correspondent à la réponse à cette question ?
00:46:53 Est-ce que vous avez noté le nombre de fois
00:46:55 où M. Macron a dit, "J'ai demandé à la présidente."
00:46:58 Oui.
00:46:59 Il l'a dit à peu près dix fois
00:47:00 dans la petite quarte d'heure d'allocution qu'on a pris.
00:47:02 C'est ça qui jette le doute.
00:47:03 "J'ai demandé."
00:47:04 La France demande à la présidente de la Commission
00:47:06 si elle veut bien écouter les doléances.
00:47:09 C'est ça la réalité du jour.
00:47:11 Parce que nous sommes non plus une grande puissance,
00:47:13 nous sommes, voilà, une des nations qui compose cette grande Commission.
00:47:16 Non, il va attendre les réponses de Mme von der Leyen
00:47:18 et ensuite revenir vers les agriculteurs.
00:47:20 Oui, c'est ça qui jette le doute, en fait.
00:47:21 Ah bah oui, oui.
00:47:22 Même, c'est-à-dire que vous pouvez demander à la Commission,
00:47:25 mais moi, il y a une phrase qui m'a vraiment fait rire,
00:47:28 mais elle dit quand même bien le degré de déconnexion de ce président.
00:47:33 C'est à un moment donné, il dit
00:47:34 "il faut trouver des flexibilités sur les ratios prairie."
00:47:38 Vous êtes président de la République, vous faites un discours,
00:47:41 vous avez tous les agriculteurs qui vous écoutent.
00:47:43 C'est vrai, je n'avais pas noté celle-là.
00:47:44 Cette phrase-là, mais normalement, vous lisez le discours
00:47:47 et vous dites à votre conseiller "non mais ça, tu me l'enlèves,
00:47:49 c'est juste pas possible."
00:47:51 Comment voulez-vous négocier politiquement
00:47:54 et donc faire pression et donc rentrer dans un rapport de force
00:47:57 quand déjà, lorsque vous vous exprimez
00:47:59 pour essayer de faire passer un message à votre peuple,
00:48:02 aux agriculteurs en colère,
00:48:04 vous utilisez ce type de phrase.
00:48:06 Ça veut dire déjà que vous n'avez pas compris où vous êtes,
00:48:09 à qui vous parlez et ce qui est attendu.
00:48:12 Et au-delà de ça, il y a une réalité politique,
00:48:14 parce que vous évoquiez cette relation entre Emmanuel Macron
00:48:17 et la présidente de la Commission européenne,
00:48:19 mais la faiblesse de la posture française,
00:48:21 et vous le rappeliez en parlant de Pascal Canfin,
00:48:23 c'est que nous venons maintenant de demander
00:48:25 ce que nous souhaitions nous-mêmes.
00:48:27 Il y a encore quelques mois.
00:48:29 Donc on ne peut pas dire, il ne peut pas jeter,
00:48:31 alors il s'est abstenu de pousser la logique jusque-là,
00:48:33 mais il suggère que finalement la France serait,
00:48:35 entre guillemets, victime de l'Europe.
00:48:38 Mais non, nous avons consciemment soutenu,
00:48:41 poussé le fameux plan de la fourchette...
00:48:44 - À la forchette.
00:48:45 - De la ferme à la fourchette.
00:48:48 Et ça, oui, incontestablement,
00:48:50 il faudra bien que cette responsabilité politique-là,
00:48:53 Emmanuel Macron l'assume parce que c'est son gouvernement,
00:48:56 sa politique et la vision idéologique qui est la sienne
00:48:59 qui a mis en place ce système-là.
00:49:01 - Et puis au prochain problème écologique,
00:49:03 il va se passer quoi ?
00:49:04 Hop, l'agriculture, on la jette par-dessus les moulins
00:49:07 et on revient parce que pourquoi on a fait "Farm to Fork" ?
00:49:10 C'était pour justement pouvoir allier
00:49:13 une baisse de la production réfléchie
00:49:16 et la protection de l'environnement.
00:49:18 Aujourd'hui, on dit la protection de l'environnement,
00:49:20 ce qui n'est pas un mauvais environnement.
00:49:22 Aujourd'hui, la protection de l'environnement,
00:49:23 on s'en moque, mais ça va revenir.
00:49:25 Donc on va faire quoi ?
00:49:26 Brûler ce qu'on met en place tous les deux jours ?
00:49:30 - J'aimerais qu'on s'intéresse à ce qui se passe à Bruxelles
00:49:32 parce qu'il y avait beaucoup de tracteurs
00:49:34 ce matin, au début de journée,
00:49:35 qui étaient rentrés dans la ville, à la différence de Paris.
00:49:39 Ils ont été autorisés à rentrer dans la ville
00:49:42 et il y a eu des affrontements.
00:49:43 Mais là, je crois que ce n'était pas entre les agriculteurs
00:49:45 et les "Farm to Fork", c'était plus entre des "Black blocs"
00:49:48 pour le coup, ceux-là, on les connaît bien, et des agriculteurs.
00:49:50 Je ne sais pas si on a le sujet de Florian Doré qui est prêt,
00:49:52 mais on va écouter et regarder ce qui s'est passé à Bruxelles.
00:49:55 [Cris de la foule]
00:49:57 Fumigène, pétards et canons à eau,
00:49:59 Bruxelles est devenue l'épicentre de la colère du monde agricole.
00:50:03 La situation dégénère au moment où les agriculteurs
00:50:06 tentent d'entrer dans le Parlement,
00:50:08 un face-à-face qui tourne désormais à l'affrontement.
00:50:11 Pour chaque agriculteur présent, le message est le même.
00:50:15 - Les agriculteurs, on est de plus en plus mis sous pression
00:50:17 par rapport à toutes les contraintes,
00:50:19 les normes environnementales, etc.
00:50:20 On nous en rajoute chaque année.
00:50:22 Le poids administratif dans les fermes est beaucoup trop élevé.
00:50:25 Elles sont imposées par des gens qui sont dans des bureaux,
00:50:27 qui ne font même pas un jardin chez eux,
00:50:29 et ils viennent nous dire à nous, qui sommes en bottes,
00:50:31 comment est-ce qu'on doit faire notre métier.
00:50:33 Plus d'un millier d'agriculteurs venus des quatre coins du continent
00:50:36 se sont donnés rendez-vous pour bloquer la capitale européenne.
00:50:40 Des scènes de chaos sous les fenêtres des institutions
00:50:43 alors que se tient en toile de fond le sommet européen.
00:50:47 Une sécurité renforcée pour l'occasion.
00:50:50 Pour ce délégué de jeunes agriculteurs italiens,
00:50:52 c'est un moment clé pour se faire entendre.
00:50:55 - Tout d'abord, nous avons décidé de venir ici
00:50:57 pour nous joindre à d'autres jeunes agriculteurs européens
00:51:00 afin de créer une voie unique, non pas contre,
00:51:03 mais avec la coopération du Parlement européen
00:51:06 et d'autres types de politiciens,
00:51:07 parce que nous voulons sauvegarder notre tradition,
00:51:10 notre qualité de nourriture.
00:51:14 Alors que ce sommet était initialement consacré à l'Ukraine,
00:51:19 le dossier agricole s'est invité à la table des discussions.
00:51:22 Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne,
00:51:25 a promis de réduire la lourdeur administrative des agriculteurs.
00:51:29 - Voilà, autant pour moi, les premiers avec Frontotement,
00:51:33 c'était bien avec des agriculteurs.
00:51:34 Et après, je crois qu'il y a Blalbeck qui sont venus dans la partie.
00:51:37 C'est là que vous étiez à Bruxelles, monsieur Le Grave ?
00:51:39 - Nous étions exactement au même endroit il y a une semaine.
00:51:42 Et c'est pour ça aussi que nous avons suspendu
00:51:46 cette façon de faire au niveau de Paris.
00:51:48 C'est que vous voyez ce qui se passe quand on n'arrive pas
00:51:50 et pourtant, il y a du monde.
00:51:52 Et voilà, on sait, nous, en organisation syndicale,
00:51:56 jusqu'où on peut tenir et jusqu'où on peut faire.
00:51:59 Et là, on sentait bien qu'il y avait un mouvement d'autres personnes,
00:52:01 même si on est toujours, pour l'instant, aussi sollicité
00:52:04 ou aimé par la population.
00:52:06 On sentait que ça n'allait pas.
00:52:07 Voilà, au bout de dix jours, l'énervement, la tension.
00:52:11 Comme je disais tout à l'heure, vous avez dit,
00:52:13 il y a des gens qui sont à un kilomètre des aéroports.
00:52:15 Nous, ce matin, on avait cinq ou six sans agriculteur
00:52:19 à 150 kilomètres autour d'une ferme avec nos tracteurs.
00:52:22 Donc, je pense qu'il y a parfois deux poids, deux mesures.
00:52:24 Donc, c'est tout. C'est pas notre choix.
00:52:26 C'est une réalité et on s'est dit, ça ne pouvait que mal se terminer
00:52:29 si on restait encore une semaine ou deux semaines.
00:52:32 - Et on a ces images en direct de Bruxelles.
00:52:34 Effectivement, on voit encore quelques feux qui continuent de brûler.
00:52:38 Louis de Ragnel, la situation va forcément aller décrescendo,
00:52:44 alors que ce soit à Bruxelles ou dans d'autres pays,
00:52:46 selon les estimations des renseignements ?
00:52:49 - Alors, pour l'instant, ils sont en train d'essayer d'analyser...
00:52:51 - De mouliner ?
00:52:52 - Oui, parce que les annonces sont quand même encore récentes,
00:52:55 celles de Gabriel Attal.
00:52:57 Mais ce qu'ils vont regarder de près,
00:53:00 c'est comment se fait la séparation entre ceux qui rentrent à la maison
00:53:04 et ceux qu'on appelle les jusqu'au-boutistes.
00:53:06 Dans tous les mouvements sociaux, tous les conflits sociaux,
00:53:08 il y a toujours la question des jusqu'au-boutistes,
00:53:10 ce qu'on appelle les jusqu'au-boutistes.
00:53:12 Donc c'est ceux qui, malgré, en dépit des annonces,
00:53:14 des appels des organisations syndicales,
00:53:17 veulent continuer le mouvement,
00:53:18 et souvent veulent le continuer en le durcissant.
00:53:21 C'est toujours...
00:53:22 - C'est ça le danger.
00:53:23 Et M. Belladge, c'est souvent là, d'ailleurs, en fin de manifestation,
00:53:27 je dirais que les choses peuvent se compliquer.
00:53:29 - Oui, c'est les craintes, c'est...
00:53:30 Comme je le vous disais tout à l'heure, c'est la radicalisation,
00:53:32 c'est la récupération, c'est ça qui nous fait le plus peur.
00:53:35 Et puis, comme l'a dit le monsieur,
00:53:37 des fois, ça donne une vision au peuple qui est différente
00:53:41 par rapport à l'expression et la problématique
00:53:44 qu'on veut montrer aux yeux de tous.
00:53:48 Donc oui, on a, nous aussi, en région parisienne,
00:53:51 on a cette crainte-là,
00:53:52 donc on a toujours nos dispositifs et nos collègues,
00:53:55 que ce soit de la direction de l'ordre public, de la circulation,
00:53:58 ou les collègues de l'agglomération parisienne
00:54:02 qui sont sur le qui-vive au cas où...
00:54:04 Voilà, mais bon, honnêtement,
00:54:06 en ayant fait plusieurs maintiens de l'ordre,
00:54:09 de manière générale, ça s'est quand même bien passé.
00:54:11 On était face à des gens qui étaient très intelligents
00:54:13 et qui, comme vous l'avez dit, monsieur,
00:54:16 dans l'intention, c'était pas une intention de nuire.
00:54:18 - M. Legras. - Pour la petite histoire,
00:54:20 hier soir, à 10h30, j'avais des CRS devant moi
00:54:24 et je les ai retrouvés devant l'Assemblée nationale
00:54:27 - Et ils vous ont reconnus ? - Ils m'ont reconnus.
00:54:29 Et vous voyez, sur des démarches,
00:54:31 ou sur... C'est pas une critique,
00:54:33 sur des démarches ou sur des façons de faire,
00:54:36 hier soir, ça s'est très bien passé,
00:54:37 et donc j'ai vu l'interlocuteur,
00:54:39 et là, j'ai tout de suite senti
00:54:40 qu'on avait un interlocuteur à côté
00:54:43 qui cherchait le problème.
00:54:44 C'est-à-dire qu'on nous a dit "si vous restez là",
00:54:46 on avait dit, comme notre président, notre secrétaire général
00:54:49 rencontrait des groupes, on dit "on reste là,
00:54:50 vous dirigez", on était comme ça, pacifistes.
00:54:52 Il a dit "non, vous...", enfin, je vais pas dire ces termes,
00:54:54 mais vous voyez, quand on dit qu'il y a des erreurs
00:54:56 et des problèmes chez les agriculteurs,
00:54:59 il y en a également sur la force de l'ordre.
00:55:01 C'est-à-dire, ce monsieur, il voulait déjà en découdre.
00:55:03 Il a dit "si vous restez là, on va vous mettre des amendes",
00:55:05 tout ça. Donc, vous voyez, parfois, quand on dit qu'il y a des gens...
00:55:08 Et c'est ça, le problème, on ne maintient pas tout le monde,
00:55:10 et parfois, un ou deux problèmes,
00:55:12 et un ou deux interlocuteurs peuvent changer totalement la donne.
00:55:15 Je voulais le dire, parce qu'on a de très bons rapports,
00:55:16 mais parfois, là, j'ai dit "non, non, on a déjà assez de problèmes
00:55:19 cette nuit, moi, j'ai déjà pas beaucoup dormi,
00:55:20 on va pas recommencer là".
00:55:21 - Bon, ils sont tous sortis, vos gars sont tous sortis, là,
00:55:23 des personnes en garde à vue.
00:55:25 - Ils sont tous sortis, ils repartent, et donc,
00:55:27 il n'y a pas eu de casse, c'est le plus important.
00:55:28 - Et il y aura des poursuites, j'imagine, contre eux, ou pas ?
00:55:30 On n'espère pas ?
00:55:31 - Il faut demander à monsieur, il est mieux passé que moi.
00:55:33 - Non, a priori, il se mélange pas.
00:55:35 - Enfin, les 18 interpellations, 15 gardes à vue,
00:55:39 étaient très écourtées.
00:55:41 Alors, je ne peux pas... Je ne suis que délégué syndical,
00:55:43 mais bon, on a l'impression que c'est plus pour la forme
00:55:46 que sur le fond.
00:55:47 - C'est vrai, effectivement, on espère que...
00:55:48 - Là, c'est une enquête préliminaire qui est ouverte,
00:55:50 mais on ne va pas aller à 300 km, 500,
00:55:53 on ne va pas envoyer nos OPJ de l'Aïlée-Rose,
00:55:55 je pense, à 500 km ou 300 km partout en France,
00:55:58 pour fonctionner.
00:55:59 - À Jeunes, c'est presque 700, et vous verrez,
00:56:01 il fait très beau là-bas.
00:56:02 - Ah, là, c'est...
00:56:03 - Les retournées...
00:56:04 - On ne va pas avoir beaucoup de vacances avec les JO cette année,
00:56:06 donc ça va être un peu compliqué.
00:56:07 - Oui, c'est vrai, chacun se contrainte, effectivement.
00:56:10 Merci beaucoup, monsieur Belhage, d'être venu nous parler
00:56:13 du maintien de l'ordre dans ces circonstances,
00:56:14 mais on voit que globalement, ça s'est extrêmement bien passé.
00:56:17 On fait une petite pause, on se retrouve dans un instant
00:56:19 dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
00:56:21 On reparlera de cette révolte paysanne
00:56:23 qui est en train de prendre une autre forme.
00:56:26 On a des réponses qu'a apportées Gabrielle Attal
00:56:28 et aussi d'Emmanuel Macron.
00:56:29 À tout de suite dans Punchline sur CNews et Europe.
00:56:31 Bonsoir à tous et bonsoir à toutes.
00:56:37 Bienvenue dans Punchline, ce soir, sur CNews et sur Europe 1.
00:56:40 Cet été, l'as cousu de fils blancs.
00:56:42 La révolte des paysans, qui a dans un premier temps
00:56:44 débordé les grandes organisations syndicales
00:56:47 avant de retomber dans leur giron bien cadenassé,
00:56:50 est en train de rentrer dans le rang après avoir fait
00:56:52 la une des médias pendant plus d'une semaine.
00:56:53 Certes, il y a eu les annonces, les trois salves d'annonces,
00:56:57 pour être précise, du Premier ministre Gabriel Attal,
00:57:00 qui a peiné à convaincre tant l'impuissance de la France
00:57:03 au niveau européen était manifeste.
00:57:04 Mais il y a eu surtout cette certitude que le mouvement
00:57:07 ne pouvait pas durer très longtemps.
00:57:09 Car les cols blancs savent bien que les paysans doivent rentrer,
00:57:12 faire tourner leurs exploitations et que le siège de Paris
00:57:14 ne pouvait pas durer sans ces temps.
00:57:16 Les cols blancs savent bien qu'ils tirent toutes les ficelles
00:57:19 de la pantomime qui s'est tenue entre Paris et Bruxelles,
00:57:21 où le président Macron vient une nouvelle fois de réaffirmer
00:57:24 qu'il n'accepterait pas le traité de libre-échange,
00:57:27 le Mercosur, qui vivra verra.
00:57:29 Le temps des paysans, c'est celui des saisons,
00:57:31 des récoltes, des bêtes et des labours.
00:57:33 Celui des politiques, ce sont des promesses, des paroles,
00:57:36 des mots, encore des mots, toujours des mots, les mêmes mots.
00:57:38 C'est ce que chantaient les agriculteurs sur les barrages d'aujourd'hui.
00:57:41 Allez, on va voir ce qu'il y a derrière les mots,
00:57:43 ce soir dans Punchline.
00:57:44 (Générique)
00:57:57 Il est pile 18h, bienvenue sur Europe 1 et sur CNews.
00:58:00 D'abord, le rappel des titres de l'actualité.
00:58:02 Depuis Bruxelles, je vous le disais, le chef de l'État appelle
00:58:04 à un retour au calme du mouvement de colère des agriculteurs.
00:58:08 La FNSEA appelle à suspendre les blocages.
00:58:11 Dans le même temps, certaines collectivités dressent un premier bilan
00:58:14 de ces derniers jours, à H1 notamment.
00:58:17 Les dégâts sont estimés à 400 000 euros.
00:58:20 Les mêmes mesures, les mesures censurées de la loi immigration
00:58:23 vont-elles finalement être réintégrées ?
00:58:25 Le groupe centriste au Sénat a déposé une proposition de loi
00:58:28 dans laquelle figurent 16 de ses dispositions,
00:58:31 parmi lesquelles le durcissement des conditions d'accès
00:58:33 au regroupement familial ou encore aux APL.
00:58:37 Le chef du Hamas a tendu en Égypte pour discuter d'un nouvel arrêt
00:58:40 des combats. Le responsable du mouvement doit étudier une proposition
00:58:43 de trêve qui lui a été adressée.
00:58:45 Six semaines d'arrêt des combats et un nouvel échange d'otages israéliens
00:58:48 contre des prisonniers palestiniens.
00:58:51 Enfin, 118e jour de détention pour les otages détenus par l'organisation
00:58:55 terroriste du Hamas dans la bande de Gaza.
00:58:57 Trois de ces otages sont français.
00:58:59 Ils se nomment Ofer, Orion et Oad.
00:59:01 Nous pensons à tous ces otages ce soir et à leur famille.
00:59:04 Nous demandons une fois de plus leur libération immédiate et sans condition.
00:59:08 18h01 sur Europe 1 et sur CNEW. Nous sommes en plateau avec Louis de Ragnel,
00:59:11 chef du service politique d'Europe 1. Louis, bonsoir.
00:59:13 - Bonsoir, Laurence. - Jean-Sébastien Ferjou du site Atlantico.
00:59:15 Bonsoir. Avec Patrick Legra, porte-parole de la coordination orale.
00:59:19 Bonsoir. Merci d'être avec nous ce soir encore pour nous parler de cette
00:59:22 révolte des paysans. Céline Pinard, qui est journaliste et politologue
00:59:26 à Causer. Bonsoir, Céline. - Bonsoir.
00:59:28 - Éric Nolot, qui est journaliste et écrivain.
00:59:30 - Bonsoir à tous. - Bonsoir.
00:59:31 - On va partir, si vous le permettez, tout de suite sur le terrain
00:59:34 pour voir ce que les annonces de Gabriel Attal et le discours
00:59:37 d'Emmanuel Macron à Bruxelles ont provoqué du côté des agriculteurs
00:59:40 sur le terrain. Michel Dos Santos, vous vous trouvez sur l'autoroute A1.
00:59:43 Est-ce que le convoi est maintenu ? Est-ce que les tracteurs partent ?
00:59:46 Expliquez-nous ce qui se passe autour de vous.
00:59:48 - Écoutez, les agriculteurs ici sont pour la plupart satisfaits après
00:59:55 les annonces de Gabriel Attal et la présence aussi, les annonces
00:59:59 d'Emmanuel Macron à Bruxelles. Les départs se font au compte-goutte
01:00:03 ici sur l'autoroute A1. On est à environ une trentaine de kilomètres
01:00:06 de Paris. Un premier convoi est déjà parti. Des agriculteurs de l'Oise
01:00:11 qui nous ont expliqué de devoir rentrer aussi pour devoir gérer
01:00:14 leur exploitation qu'ils avaient dû quitter pendant plusieurs jours.
01:00:18 Un autre convoi qui lui est arrivé dans la journée du Pas-de-Calais
01:00:21 devrait quitter ici ce point de blocage en fin de soirée aux alentours
01:00:25 de 23h à minuit. En ce qui concerne les autres, c'est ceux qui habitent
01:00:29 à proximité de ce point de blocage dans l'Oise ou encore dans le Val-d'Oise.
01:00:33 Ils devraient partir demain matin, ce qui veut dire qu'ils vont
01:00:36 encore dormir ici ce soir avant d'enlever le barnum, les barnums
01:00:40 qui sont ici, de lever le camp. Tout cela se fera demain.
01:00:44 Pourquoi demain ? Parce qu'on attend des preuves par écrit et tous
01:00:47 nous le disent. Ici, on ne partira qu'à une seule condition,
01:00:51 que tout cela soit écrit. On ne fait confiance finalement qu'à moitié
01:00:55 au gouvernement après les annonces qui ont été faites cet après-midi.
01:00:59 Et on nous le précise aussi. Attention, on est venu, on repart,
01:01:04 mais on peut aussi revenir. Ce n'est pas un départ tout à fait définitif,
01:01:08 à moins bien sûr que le gouvernement apporte des preuves par écrit.
01:01:12 - Merci beaucoup, Michael de Santos. Thibault Marcheteau, voilà pour l'autoroute A1.
01:01:15 On verra dans un instant si d'autres barrages restent.
01:01:19 Patrick Legra, de la Coordination rurale, vous avez le sentiment, vous,
01:01:22 que le gouvernement a entendu vos doléances, que vous pouvez lever le camp
01:01:25 tranquillement et retourner dans vos fermes et que tout va très bien,
01:01:28 madame la marquise ? - Mais comme je vous ai dit, nous,
01:01:31 la décision a été prise ce matin parce que... - De lever les barrages.
01:01:35 - Voilà, de lever les barrages parce qu'il fallait gérer les problèmes
01:01:37 avec les forces de l'ordre où on était plus ciblés,
01:01:41 enfin essentiellement ciblés. - Plus ciblés que les autres syndicats,
01:01:44 vous pensez ? - Trouvez-moi un autre syndicat ou un autre groupe
01:01:47 qui a 600 gendarmes autour de chez lui, à 150 kilomètres, à Soulis-sur-Loire.
01:01:53 - Pourquoi ? Vous faites peur à qui, en fait ? - J'en sais rien.
01:01:56 - Un gros syndicat ? Un grand syndicat ? Un syndicat majoritaire ?
01:02:01 - J'en sais rien. Je pense pas aux syndicats par lui-même, peut-être à ce qu'on pourrait dire
01:02:04 sur certaines choses, sur certains dossiers, oui, peut-être.
01:02:08 Mais non, je pense pas qu'on fasse plus peur que ça.
01:02:12 Je veux dire, on n'a jamais tapé qui que ce soit dans les autres syndicats.
01:02:14 Donc après, oui, peut-être qu'on n'a pas le même langage,
01:02:17 on n'a pas les mêmes idées et on n'a pas... - Ça, c'est sans nul doute.
01:02:21 Quand je disais que c'est cousu de fil blanc, que tout ça, en fait,
01:02:23 c'était joué d'avance, vous êtes d'accord avec ça ou pas ?
01:02:27 Que finalement, voilà, on savait que la colère, il fallait la laisser s'exprimer,
01:02:30 puis qu'après, on leur demanderait de ranger les tracteurs.
01:02:32 - Je pense que c'est... Voilà, je pense que...
01:02:34 Voilà, c'était... Alors, c'est pas du tout les mêmes raisons, mais oui, c'est...
01:02:38 Je dirais, c'est... Je vous dis, quand le président parle de filière,
01:02:41 mais on n'a pas de problème de filière en France.
01:02:44 Il va falloir que la personne qui prépare son discours change.
01:02:47 Mais ils l'ont tellement fait, ils l'ont tellement dit depuis des dizaines d'années
01:02:51 que c'est pas encore géré dans le verbe.
01:02:55 - Monsieur Éric Nolot, une bataille perdue, une bataille gagnée pour les agriculteurs ?
01:02:59 - Mais vous avez résumé l'affaire dans votre éditorial, qui vivra, verra.
01:03:02 Parce qu'il y a eu des mesures immédiates,
01:03:04 mais le gros de l'affaire s'est suspendu à la bonne volonté de Bruxelles.
01:03:09 Moi, j'aurais préféré que le président de la République entre un peu moins dans les détails
01:03:13 et prenne un ton un peu plus martial en disant, écoutez, ce que France veut,
01:03:17 l'Europe le veut, d'autant que la France n'est pas la seule à le vouloir.
01:03:20 C'est pas seulement les agriculteurs français qui se révoltent, c'est au niveau européen.
01:03:24 Donc écoutez, il aurait fallu dire, ça va changer,
01:03:26 tandis que là, on a l'impression que si Mme von der Leyen veut bien,
01:03:30 si elle a rien contre, on lui demande gentiment.
01:03:32 Il me semble que c'est pas tout à fait le ton qui convient à la situation.
01:03:35 Là, il faut vraiment une rupture.
01:03:37 Monsieur Macron est un révolutionnaire autoproclamé, c'était son livre programme.
01:03:41 Ben écoutez, il serait temps de passer de la révolution dans les paroles,
01:03:44 dans les écrits, à la révolution dans les actes.
01:03:46 - Et donc Sébastien Ferjou, il pourrait faire la politique d'une hachette vide,
01:03:48 comme l'avait fait le général de Gaulle à l'époque.
01:03:50 Non, c'est inenvisageable aujourd'hui, à votre avis.
01:03:53 - C'est compliqué parce que la France... Non, ça n'est pas inenvisageable.
01:03:56 Moi, je crois qu'effectivement, l'Europe se réforme bien souvent dans les rapports de force.
01:04:00 Et encore une fois, il faut aussi assumer nos responsabilités,
01:04:02 ne pas pointer du doigt l'Europe, parce que ce qui dysfonctionne à l'heure actuelle
01:04:06 dans la vision de l'agriculture européenne, c'est quelque chose que la France a voulu.
01:04:11 Et c'est quelque chose qu'a soutenu le gouvernement actuel lors du mandat précédent.
01:04:15 Donc oui, après, nous avons des partenaires, aussi longtemps que nous sommes dans l'Europe.
01:04:19 Oui, il faut savoir négocier avec les autres.
01:04:22 Ça peut passer par, et ça doit passer par, du rapport de force,
01:04:25 d'autant que les mêmes mouvements existent ailleurs en Europe,
01:04:28 parce que les mêmes causes ont tendance à produire les mêmes effets,
01:04:30 sauf qu'elles sont pires en France, parce que, et c'est là aussi ce qu'il faut savoir regarder en face,
01:04:34 il y a des mots auto-infligés.
01:04:36 La PAG, vous savez, depuis l'année dernière, elle est revenue, on la gère à nouveau,
01:04:40 au niveau national.
01:04:42 - C'est le zèle des petits hommes gris, les fameux petits hommes gris.
01:04:45 - Rappelons aussi... - De Pascal Praud.
01:04:48 - Rappelons aussi qu'en ce qui concerne la PAG,
01:04:50 la France est la principale bénéficiaire au niveau européen.
01:04:53 Donc ne jetons pas le bébé avec l'eau du bain.
01:04:55 Ça n'est pas parce que nous avons soutenu une vision politique.
01:04:57 Au bout du bout, il faudra bien aussi que nous sortions tous collectivement,
01:05:00 tous autant que nous sommes, pas que les politiques, les citoyens français,
01:05:03 de l'hypocrisie, vous l'évoquiez Céline Pina tout à l'heure.
01:05:05 On veut aussi un peu tout et son contraire.
01:05:07 À un moment, on ne peut pas avoir la transition énergétique,
01:05:10 la transition écologique, la sécurité alimentaire, la souveraineté alimentaire.
01:05:14 Nous ne pouvons pas avoir tout ça en même temps.
01:05:15 Ça ne veut pas dire qu'on ne puisse pas trouver des équilibres.
01:05:18 Ça veut dire qu'on fait semblant d'avoir des objectifs complètement contradictoires.
01:05:21 À un moment, on est rattrapé par la réalité.
01:05:23 Là, l'Europe est rattrapée par la réalité.
01:05:25 - Éric Delon, Céline Pina. - En réalité, il y a une coalition
01:05:27 entre les petits hommes gris et les petits hommes verts.
01:05:29 C'est ça, le problème.
01:05:30 - Et le géant vert, c'est pour un autre... - Oui, c'est ça le problème.
01:05:33 - Oui, mais ne nous guette... - C'est le géant vert, c'est le géant vert.
01:05:33 - Oui, mais regardons en face... - C'est le géant vert, c'est le géant vert.
01:05:35 - Oui, mais regardons en face nos responsabilités de citoyens,
01:05:39 parce que ces choix-là, ils ont aussi été validés.
01:05:41 - Oui, c'est vrai. - Oui, mais si.
01:05:42 - Par qui ? Par quels citoyens ils ont été validés, Jean-Sébastien ?
01:05:45 - Par les gens qui votent. - Mais quand ?
01:05:47 - Mais je... Laurence, on ne peut pas... - En 2005 ?
01:05:49 - Vous le disiez, Céline, tout à l'heure. - Non, en 2005, non.
01:05:52 - Le jour où on est préoccupé par l'environnement... - D'accord.
01:05:54 - Oui, mais le principe de précaution, je sais que tout le monde était d'accord
01:05:56 avec le principe de précaution quand il s'agissait de l'inscrire dans la Constitution.
01:05:59 Le principe de précaution, il a aussi produit ce monde-là.
01:06:01 Quand on dit qu'il faut assurer le respect de l'environnement,
01:06:04 en général, tout le monde... Et on se l'amende,
01:06:06 tout le monde veut Nicolas Hulot comme ministre de l'Environnement.
01:06:08 - Ah oui. - Oui, mais enfin si, pardon,
01:06:09 quand vous regardez les sondages aux popularités,
01:06:11 tout le monde voulait Nicolas Hulot comme ministre de l'Environnement.
01:06:13 - Mais c'est là où il a... - Non, mais moi, je ne suis pas d'accord.
01:06:14 - Attendez, attendez. - Bah si, il y a énormément d'hypocrisie
01:06:17 des citoyens aussi. - Si je faisais les écologies,
01:06:18 je ferais 80 % aux élections.
01:06:19 - Mais ce n'est pas le cas. - Ce n'est pas le cas.
01:06:21 - Je voudrais juste partir sur le terrain, je passe la parole à Eric et Céline.
01:06:23 Augustin Donatio, Thibaut Marcheteau, est-ce que vous vous trouvez ?
01:06:26 Et est-ce que les tracteurs s'en vont ?
01:06:29 Ou est-ce qu'au contraire le blocage est bien maintenu pour ce soir, Augustin ?
01:06:32 - Alors, ni l'un ni l'autre, Laurence, à l'heure à laquelle je vous parle,
01:06:37 depuis la 6 à quelques kilomètres de la capitale,
01:06:39 eh bien, c'est encore le questionnement.
01:06:41 Certains veulent partir, d'autres veulent rester.
01:06:43 Alors, des concertations sont en cours avec les hautes instances
01:06:47 de la FDSEA, de la FNSEA, puisque les deux discours
01:06:51 du Premier ministre et d'Emmanuel Macron, le président,
01:06:55 eh bien, ont laissé les agriculteurs sur leur faim.
01:06:58 Autant le discours du Premier ministre était plutôt concret, selon eux,
01:07:01 il semblait être un Premier ministre qui prenait le dossier à bras-le-corps,
01:07:05 tandis que le président employait des termes
01:07:08 qui n'avaient pas vraiment de sens, selon eux, et qui étaient plutôt vides.
01:07:12 Quelques exemples.
01:07:13 Nous étions tout à l'heure avec un agriculteur
01:07:16 qui fait de la grande culture, des céréales.
01:07:18 Et sur, par exemple, le prix des céréales ukrainiennes.
01:07:22 Emmanuel Macron a annoncé que si ces céréales ukrainiennes
01:07:26 venaient à perturber le cours européen de la céréale,
01:07:28 il pourrait remettre en place des droits de douane.
01:07:31 Ce que nous disait cet agriculteur, c'est qu'Emmanuel Macron
01:07:34 se basait sur des prix en 2022, alors même que la guerre
01:07:37 entre la Russie et l'Ukraine avait commencé,
01:07:39 et donc que les prix avaient augmenté.
01:07:43 Pour lui, le compte n'y est pas.
01:07:45 Sur une autre proposition du président de la République,
01:07:48 notamment de sortir des produits chimiques,
01:07:51 en clair, les produits phytosanitaires.
01:07:52 Ce que nous disait cet agriculteur, c'est que derrière la couverture
01:07:56 d'une mesure écologique, en réalité, c'est tout l'inverse
01:07:59 qui pourrait se passer.
01:08:00 Il nous a expliqué que si demain il arrêtait d'employer
01:08:02 des produits phytosanitaires sur son exploitation,
01:08:04 il diviserait sa productivité par deux, ses rendements par deux.
01:08:08 Résultat, la France ne serait plus autosuffisante
01:08:11 et donc serait obligée d'importer de pays qui, eux,
01:08:13 utilisent des produits phytosanitaires et qui,
01:08:15 évidemment, avec les transports maritimes, polluent énormément.
01:08:19 Résultat, ces agriculteurs sont en plein questionnement
01:08:22 à l'heure à laquelle je vous parle.
01:08:24 En tous les cas, ici, ils sont sceptiques,
01:08:25 mais ils sont prêts à rester.
01:08:27 Les denrées alimentaires ne manquent pas,
01:08:29 les soutiens non plus.
01:08:30 Les voitures qui passent juste derrière moi sur l'autoroute
01:08:33 les klaxonnent très régulièrement et les habitants
01:08:35 viennent à leur rencontre.
01:08:37 - Au revoir, Augustin Denadieu, avec Thibault Marcheteau sur La6.
01:08:40 Éric Nelot, vous n'avez absolument rien à dire.
01:08:43 - Je n'ai pas d'accord avec ce que dit M. Ferjou.
01:08:44 J'aime bien par ailleurs, mais là, je suis en désaccord.
01:08:46 Je ne vois pas en quoi les citoyens sont responsables.
01:08:48 On voit bien qu'une grande partie de la crise est due au fait...
01:08:51 - Uniquement responsable.
01:08:52 - Non, mais je veux dire en partie qu'il y a une idéologie écologiste
01:08:56 qui s'est imposée, qui est complètement, d'ailleurs,
01:08:59 déconnectée des résultats électoraux.
01:09:01 Ils font vraiment tout mouiller, ils font 10 %
01:09:04 aux élections européennes, qui est la plus favorable pour eux.
01:09:07 Donc, en fait, il y a quelque chose qui s'est imposé
01:09:09 dans les hautes sphères du pouvoir.
01:09:11 Et maintenant, on revient en arrière parce qu'on voit
01:09:12 que c'est au détriment de l'agriculture.
01:09:15 Et là, maintenant, il y a un grand mouvement de balancier inversé.
01:09:17 En effet, c'est ce qu'on disait tout à l'heure.
01:09:18 Qui sait si dans deux ans, ça ne va pas être
01:09:20 pour des raisons électorales ou d'autres raisons.
01:09:23 On va remettre un coup de balancier vers l'écologie.
01:09:24 - Ce n'est pas qui sait, c'est évident que c'est comme ça.
01:09:25 Mais ce que je veux, pour préciser l'idée,
01:09:27 je pense que l'éloignement européen,
01:09:29 nous devrions tous nous intéresser à ce qui se passe au Parlement européen.
01:09:32 Nous devrions tous nous intéresser à ce que fait la Commission.
01:09:34 - Mais vous avez vu le taux d'abstention aux élections européennes ?
01:09:36 - Et nous ne le faisons pas.
01:09:37 - Oui, mais c'est aussi notre responsabilité.
01:09:38 - Mais il y a des raisons, Jean-Sébastien.
01:09:39 - Je ne vous dis pas qu'il n'y a pas de raisons.
01:09:40 - Jean-Sébastien, pour aller au bout de la phrase,
01:09:42 je pense justement que nous sommes,
01:09:44 pour le dire de manière triviale, le cul entre deux chaises
01:09:47 parce que le pouvoir est effectivement à Bruxelles,
01:09:51 mais parce que nous l'avons souhaité.
01:09:52 Ce n'est pas un problème en soi,
01:09:54 sauf que le contrôle démocratique, il est resté à Paris.
01:09:56 Et qu'à un moment, il faut choisir,
01:09:58 soit on met le contrôle démocratique à Bruxelles,
01:10:01 soit on ramène le pouvoir à Paris.
01:10:02 - OK, les garçons, il y a des scènes aussi impressionnantes à Bruxelles
01:10:05 où il y a de nombreux incendies toujours aux abords du Parlement,
01:10:08 avec les policiers qui sont la police belge, évidemment,
01:10:12 qui tente de maîtriser tout cela.
01:10:14 On rejoindra Célia Barotte dans un instant à Bruxelles.
01:10:17 On fait une petite pause et on se retrouve dans Punchline
01:10:19 sur CNews et sur Europe 1.
01:10:20 À tout de suite.
01:10:21 18h16, on se retrouve en direct dans Punchline
01:10:27 sur CNews et sur Europe 1.
01:10:28 Tout de suite, direction Bruxelles,
01:10:29 où il y a encore une situation très tendue sur place.
01:10:32 Célia Barotte, vous êtes notre envoyée spéciale.
01:10:33 Expliquez-nous ce qui se passe.
01:10:35 Il y a encore des affrontements, des incendies
01:10:37 avec les forts de l'ordre, entre agriculteurs et forts de l'ordre ?
01:10:40 - Eh bien, Laurence, pour tout vous avouer,
01:10:45 on a dû quitter le secteur du Parlement européen,
01:10:49 puisque après une matinée plutôt calme,
01:10:53 avec les agriculteurs, bon enfant,
01:10:54 même s'il y a eu quelques affrontements
01:10:57 entre les agriculteurs et les forces de l'ordre,
01:11:00 l'après-midi a laissé place à la venue de casseurs,
01:11:03 de black blocs, d'individus vêtus tout en noir,
01:11:06 prêts à en découdre avec les forces de l'ordre.
01:11:08 Les agriculteurs ont donc décidé,
01:11:10 pour une grande partie d'entre eux,
01:11:11 soit de rentrer dans leurs exploitations,
01:11:15 soit pour les autres, de se diriger vers le périphérique
01:11:18 de Bruxelles pour bloquer, pour continuer l'action
01:11:21 en bloquant la circulation.
01:11:23 - Donc on a assisté quand même à une évolution
01:11:25 de la situation à Bruxelles,
01:11:27 entre un mouvement qui était statique ce matin,
01:11:30 avec des affrontements qui sont restés sans violence.
01:11:35 On a assisté à des jets de projectiles
01:11:36 de part et d'autre des camps,
01:11:38 et puis une réponse de la part des forces de l'ordre
01:11:41 avec des jets d'eau pour essayer de repousser les manifestants.
01:11:44 Mais rien de grave a déploré, seulement quand les casseurs,
01:11:48 quand les black blocs sont arrivés
01:11:49 et ont profité du mouvement et du rassemblement
01:11:52 pour tout casser.
01:11:53 Les agriculteurs ont décidé de quitter le terrain
01:11:56 pour légitimer leur mouvement,
01:11:58 pour continuer à faire passer leur message.
01:12:01 Nous avons assisté ici à Bruxelles toute la journée
01:12:03 à un mouvement de solidarité aussi entre tous les agriculteurs
01:12:06 venus de nombreux pays européens,
01:12:08 une grande majorité d'Italiens, d'Espagnols,
01:12:11 et aussi de Belges et de Français,
01:12:12 les Français qui ont pu quitter les barrages de la France
01:12:16 pour venir se rendre à Bruxelles.
01:12:18 On a assisté à des agriculteurs qui restaient solidaires,
01:12:23 soudés, mais qui voulaient des réponses concrètes
01:12:26 de la part de l'Union européenne.
01:12:28 Une grande partie d'entre eux repart dans leurs exploitations
01:12:30 ce soir, pour les autres, ils ont pris la direction
01:12:33 du périphérique pour éviter d'être mêlés aux casseurs
01:12:37 qui s'entraînent aux forces de l'ordre
01:12:39 depuis maintenant quelques heures.
01:12:40 - Si beaucoup, Célia Barreau,
01:12:42 Thierry Charles Magé sont en place à Bruxelles,
01:12:43 c'était ça le vrai danger, Patrick Legrave,
01:12:45 vous êtes de la coordination Euras.
01:12:46 C'est qu'en venant sur Paris, comme là ils sont sur Bruxelles,
01:12:49 les Black Blocs se mêlent au mouvement et mettent le bazar.
01:12:52 - Non mais de toute façon, à partir du moment
01:12:53 où on a des bons rapports avec les forces de l'ordre,
01:12:56 on se rend vite compte que la tension monte,
01:12:58 non pas de notre côté, mais eux ils le sentaient.
01:13:00 On a vu des échanges, on a des gens qu'on savait
01:13:04 qui n'avaient rien à faire dans les manifestations
01:13:05 pro-agricoles, qui veulent s'y mettre.
01:13:09 Et puis de notre côté aussi, même en étant correct,
01:13:11 on a vu qu'on a quand même eu nous-mêmes de gros problèmes
01:13:14 pour, je dirais, rester calme,
01:13:21 puisqu'on nous a mis quand même une certaine pression
01:13:25 de CRS, même à 100 ou 150 kilomètres dans la Loire.
01:13:28 - J'aimerais qu'on écoute Karine Duc qui est de votre mouvement.
01:13:30 Elle est partie en garde à vue hier soir,
01:13:32 on l'avait sur Punchline hier soir,
01:13:35 elle nous disait "mais on est calme, on est là,
01:13:36 on est arrangis, on fait absolument rien de mal".
01:13:39 Et finalement, les policiers l'ont embarqué dans le panier à Salah,
01:13:41 ils sont tous partis au commissariat.
01:13:43 Et elle a répondu en disant "voilà, quand même,
01:13:46 elle était à Matignon la midi, le choc de se retrouver
01:13:50 reçu par Gabriel Etat la midi et au panier à Salah
01:13:52 et au commissariat le soir, c'était un peu violent".
01:13:55 On écoute Karine Duc.
01:13:57 - Je ne sais pas ce qui peut me mettre au reprocher,
01:13:59 étant donné que nous avons simplement manifesté pacifiquement.
01:14:02 Nous nous sommes rendus aux mines,
01:14:04 enfin à Rungis plus particulièrement.
01:14:06 On n'a pas fait de dégradation, il ne s'est absolument rien passé,
01:14:09 on est venus pacifiquement, sans tracteur.
01:14:12 Nous, uniquement pour pouvoir essayer d'aller jusqu'au bout
01:14:17 et d'avoir des réponses à nos revendications.
01:14:21 On attendait des réponses du gouvernement,
01:14:23 si c'est celle-ci les réponses, c'est quand même bien dommage.
01:14:25 - Voilà, c'est bien dommage, comme dit Karine Duc.
01:14:28 En tout cas, le mouvement est en train de repartir vers Agen.
01:14:31 C'est ça, le convoi est en train de repartir vers Agen.
01:14:33 - Alors, le convoi repart vers Agen,
01:14:35 nous allons nous focaliser la semaine prochaine sur Bruxelles.
01:14:40 Là, nous finissons, je dirais, de convaincre une grande partie des députés,
01:14:44 puisque tous les groupes députés
01:14:48 vont auditionner la présidente et le secrétaire général,
01:14:52 pour qu'ils soient bien imprégnés et convaincus,
01:14:54 parce que le but, c'est quand même d'être très clair
01:14:56 à ce qui n'est pas forcément le cas lorsqu'on écoute la télévision.
01:14:59 - Bon, et donc le prochain rendez-vous, c'est quoi ?
01:15:02 C'est le salon de l'agriculture, c'est le 24 février prochain ?
01:15:04 - Je pense qu'il y en aura avant.
01:15:05 - Il y aura des petits happenings avant ?
01:15:07 - Oui, il y aura des choses dès lundi,
01:15:08 mais là, on va laisser les gens tranquilles,
01:15:10 on va laisser se reposer les gens du 47
01:15:13 et pour qu'ils soient à l'écoute dès le début de semaine prochaine.
01:15:15 - Des actions, quoi ?
01:15:16 Des actions rapides, souples, comme vous savez faire ?
01:15:20 - Ce que j'ai pu dire parfois aux forces de l'ordre,
01:15:21 on va laisser un peu de piment.
01:15:23 - D'accord.
01:15:24 Le petit point de suspension.
01:15:26 Louis Dragnel, Deuropin.
01:15:27 - Il y a des rendez-vous, Laurence.
01:15:29 Déjà, vous allez attendre de voir si réellement,
01:15:31 l'engagement de Gabriel Attal d'accélérer un certain nombre de paiements,
01:15:34 est-ce que vous allez recevoir cet argent sonnant et trébuchant
01:15:38 sur votre compte en banque ?
01:15:39 - C'est avant le 15 mars.
01:15:40 - Comment ? Non mais il y a d'autres sommes qui doivent être versées
01:15:43 normalement avant.
01:15:44 - 15 jours.
01:15:45 - Et je pense aussi que ce qui sera intéressant,
01:15:47 quand vous irez voir les parlementaires,
01:15:48 et je sais que les autres organisations syndicales vont faire pareil,
01:15:51 c'est de voir si réellement les parlementaires
01:15:54 qui font tous des déclarations d'amour,
01:15:56 un éloge de l'agriculture depuis 10 jours,
01:15:59 si réellement, ils passent de la vision romantique au réel.
01:16:03 Et est-ce qu'ils vous soutiennent réellement
01:16:04 dans les déclinaisons concrètes de ce que vous avez demandé ?
01:16:07 Je pense que ce sera un peu l'heure de vérité pour vous.
01:16:10 - Disons que nous, on n'est pas trop pour les palabres,
01:16:12 c'est-à-dire que les discussions,
01:16:14 grosso modo, puisque je suis au courant,
01:16:16 c'est entre trois quarts d'heure et une heure,
01:16:18 avec quelques points.
01:16:19 C'est les mêmes personnes qui les disent à tous les parlementaires,
01:16:21 parce qu'il faut qu'il y ait de l'incompréhension.
01:16:23 Et c'est les mêmes personnes qui vont aussi le dire à Bruxelles.
01:16:26 C'est-à-dire que nous, c'est clair, c'est net, c'est précis.
01:16:28 Donc s'ils ne comprennent pas,
01:16:29 ils auront juste à regarder ce qui a été dit
01:16:31 chez les autres ou bien dans les autres pays.
01:16:34 C'est-à-dire qu'on passe trop de temps à parler,
01:16:36 ça c'est le problème français.
01:16:37 Comme je dis, il y en a, c'est leur métier.
01:16:39 Nous, comme on dit, on n'a pas le temps.
01:16:41 Et puis on a des dates, fin février, c'est le salon.
01:16:45 Donc le salon, c'est putrêmement loin.
01:16:47 Pour nous, ça nous permet de...
01:16:48 La différence de cette fois-ci, ça va être de nous organiser.
01:16:51 - Vous l'accueillerez comment, Emmanuel Macron, au Salon de la Véhiculture ?
01:16:54 - C'est...
01:16:55 Comme je dis aux gendarmes, on verra d'ici là.
01:16:58 Il peut y avoir...
01:16:59 On espère pouvoir l'applaudir.
01:17:01 - Voilà.
01:17:02 On va écouter Gabriel Attal, si vous voulez bien,
01:17:04 parce qu'il a parlé à la mi-journée.
01:17:05 Il a reconnu notamment des erreurs dans la politique.
01:17:08 C'est assez rare, un homme politique, surtout en France,
01:17:10 qui reconnaît faire des erreurs.
01:17:11 Il assure qu'un gros travail, évidemment, a été fait pour rectifier le tir.
01:17:15 Mais quand même, écoutons ce passage où il parle des erreurs qu'il a faites.
01:17:19 - Avons-nous répondu au malaise ?
01:17:21 A l'évidence, non.
01:17:23 Avons-nous fait des erreurs ?
01:17:25 A l'évidence, oui.
01:17:27 Il faut avoir la lucidité de le reconnaître.
01:17:30 C'est ce que j'ai fait vendredi dernier en Haute-Garonne,
01:17:33 en annonçant l'abandon de la réforme du GNR,
01:17:36 qui ne marchait pas, ne pouvait pas marcher,
01:17:38 notamment parce qu'elle était complexe
01:17:40 et pas assez juste pour les petites exploitations.
01:17:43 C'est ce que j'ai fait aussi s'agissant des normes
01:17:46 qu'on a parfois laissées continuer à s'empiler,
01:17:49 sans penser aux agriculteurs,
01:17:50 sans penser assez aux agriculteurs qui devaient les appliquer.
01:17:54 Là aussi, j'ai dit stop et j'ai lancé un travail sans précédent
01:17:58 de simplification, à la fois au niveau national,
01:18:01 avec 10 premières normes simplifiées et supprimées
01:18:04 dès la semaine dernière, et au niveau local.
01:18:06 - On a fait des erreurs, on le reconnaît, on avance.
01:18:08 Céline Pinard, voilà ce qu'a dit Gabriel Attal à la mi-journée.
01:18:12 - Ce qui est intéressant, c'est que rappelez-vous
01:18:14 ce qui a fait exploser un petit peu au niveau politique Emmanuel Macron,
01:18:18 ça a été aussi une tension qu'il a eue avec des ouvrières
01:18:22 dont il avait expliqué qu'elles étaient illettrées.
01:18:25 Il avait présenté des excuses de façon officielle
01:18:28 et tout le monde avait dit, tiens, on a quelqu'un
01:18:32 qui est susceptible de tenir un discours de vérité.
01:18:34 Donc un politique qui reconnaît une erreur
01:18:37 dans le cadre d'une négociation,
01:18:40 ça veut dire qu'il a pris conscience d'une situation
01:18:42 et donc que ses engagements sont peut-être fermes.
01:18:45 Un politique qui ne reconnaît pas ça et qui semble gaudiller
01:18:50 un coup à droite, un coup à gauche et qui réagit
01:18:52 en fonction de ses intérêts immédiats,
01:18:54 celui-là on dit on peut tout lui arracher,
01:18:57 il va tout nous promettre, il ne tiendra rien
01:18:59 et sur le long terme ça ne fonctionnera pas.
01:19:02 - Il y a probablement un deuxième cran.
01:19:03 - Et là, pourquoi est-ce que ça ne marche pas chez Emmanuel Macron ?
01:19:08 C'est parce qu'en fait il n'a aucune direction,
01:19:11 il n'a aucun sens de l'intérêt général,
01:19:13 il réagit et il n'agit pas
01:19:16 et aujourd'hui il a perdu la confiance des gens.
01:19:18 Et qu'est-ce qu'ils font ?
01:19:20 Ils réinvestissent le jeune Premier ministre
01:19:23 parce que pour l'instant il leur donne des gages,
01:19:26 d'une envie en tout cas de se reconnecter à eux.
01:19:29 - Je ne comprends pas pour E. Nolot,
01:19:31 mais après on écoute Renaud Le Maire.
01:19:32 - Oui parce que les erreurs que reconnaît Gabriel Attal
01:19:34 et celles qu'a reconnues le président de la République,
01:19:36 je trouve que ça fait quand même beaucoup.
01:19:37 C'est-à-dire qu'ils sont en train de nous expliquer
01:19:39 on a tout faux depuis des années et des années sur des points cruciaux.
01:19:42 Alors c'est bien de reconnaître ses erreurs,
01:19:43 mais on se dit est-ce qu'il n'aurait pas été temps
01:19:45 de les détecter un peu plus tôt ?
01:19:48 On s'est trompé sur l'Ukraine,
01:19:49 on s'est trompé sur les centrales d'achat,
01:19:51 sur le nucléaire.
01:19:54 - Pas sur des petites choses,
01:19:57 sur des choses fondamentales,
01:19:58 moi ça me sidère un peu quand même.
01:19:59 Ils sont censés être très compétents,
01:20:02 très éduqués et au bout de 20 ans ils vous disent
01:20:04 tout ce qu'on a fait depuis 20 ans c'était tout faux.
01:20:06 Alors maintenant on va reprendre à zéro.
01:20:07 - On va réinventer le monde agricole.
01:20:09 - Je vous trouve un tout petit peu dur,
01:20:11 je suis d'accord avec vous sur le fond,
01:20:12 mais Gabriel Attal est Premier ministre depuis 15 jours.
01:20:14 Votre critique c'est un petit peu le loup et l'agneau quand même.
01:20:18 - Je parle du système.
01:20:19 - M. Macron est président depuis un certain temps.
01:20:22 - M. Le Graal.
01:20:23 - Pour Emmanuel Macron je suis d'accord avec vous,
01:20:24 on a l'impression qu'il découvre un problème
01:20:26 et en fait il s'excuse simplement sur une mesure.
01:20:29 Emmanuel Macron lui ne s'est excusé sur absolument rien.
01:20:32 Alors que la situation actuelle,
01:20:33 globalement il y a à contribuer, il y a à participer.
01:20:36 Il y a des lois qui ont été votées
01:20:38 et d'ailleurs on est demandé souvent la suppression.
01:20:40 - Jean-Sébastien Rapido, ça part M. Le Graal après.
01:20:42 - Présenter des excuses ou reconnaître qu'on s'est trompé,
01:20:44 ça peut marcher politiquement.
01:20:45 Ça marche politiquement quand derrière on donne des gages,
01:20:47 quand ça n'est pas qu'une posture de communication
01:20:49 et qu'on voit qu'il y a un changement d'action.
01:20:51 Mais là où il y a probablement un ADN politique assez différent
01:20:54 entre Gabriel Attal et Emmanuel Macron,
01:20:55 c'est qu'Emmanuel Macron il reste persuadé
01:20:57 que le système est le bon.
01:21:00 Et c'est ça le sujet, il passe sa vie à expliquer
01:21:02 que les populistes, les extrémistes détruiraient tout
01:21:05 parce que lui incarne le cercle de la raison.
01:21:07 J'entendais Claude Maluray, vous savez ce sénateur
01:21:09 assez macronien quand même dans l'âme,
01:21:12 qui décrivait exactement ça.
01:21:14 Un certain nombre de gens, alors Clément Beaune
01:21:16 ou de gens qui ne sont plus au gouvernement maintenant
01:21:18 répondent ça en permanence.
01:21:19 Nous sommes la raison, les autres sont le danger démocratique,
01:21:22 les autres sont le danger économique.
01:21:24 Le problème justement c'est que quand on reconnaît des erreurs,
01:21:26 on ne peut pas nier aux autres le fait d'avoir parfois fait
01:21:29 de bons diagnostics.
01:21:30 À partir du moment où ça fait plusieurs décennies
01:21:33 qu'on a des gens qui sont des professionnels de la politique
01:21:36 et que le système ne change pas,
01:21:38 on a décidé au sein de la coordination rurale de dire
01:21:41 il y a eu des engagements de prix, il y a eu une écoute,
01:21:43 donner un mois, on n'est plus à 40 ans et un mois
01:21:46 ou à 40 ans et deux mois, on peut attendre un mois.
01:21:48 Je voudrais juste qu'on écoute Bruno Le Maire
01:21:50 parce qu'il a dit quelque chose d'important à mes yeux
01:21:52 sur les successions, sur l'impôt sur les successions.
01:21:54 Parce que le vrai problème pour les agriculteurs
01:21:56 c'est de transmettre les exploitations
01:21:58 aux jeunes générations.
01:21:59 On va écouter ce qu'il a dit,
01:22:00 on va voir si c'est satisfaisant ou pas.
01:22:02 Bruno Le Maire.
01:22:02 Deuxième relèvement de seuil,
01:22:04 c'est l'exonération de droits de succession et donation
01:22:07 en cas de transmission de biens ruraux
01:22:09 donnés à bail à long terme
01:22:11 et de part de groupements fonciers agricoles.
01:22:13 C'est l'article 793 bis du Code général des impôts.
01:22:17 Le seul limite d'exonération actuelle est de 500 000 euros
01:22:21 en cas d'engagement de conservation de 10 ans.
01:22:24 Il sera porté à 600 000 euros
01:22:26 en cas de transmission à un jeune agriculteur.
01:22:29 C'est une bonne nouvelle ça ou pas ?
01:22:31 C'est suffisant ou pas Patrick Leclerc ?
01:22:32 C'est suffisant, non.
01:22:34 C'est un effort de 100 000 euros, on va le prendre.
01:22:37 Aujourd'hui, vous avez bien compris
01:22:38 que les problèmes agricoles, ce n'est pas une mesure.
01:22:41 Donc on ne veut pas se focaliser sur une mesure.
01:22:43 Ce sont des demandes qui ont été faites.
01:22:45 Aujourd'hui, comme on dit, il y a eu une annonce du gouvernement
01:22:50 et donc de M. Attal.
01:22:51 Ce qu'on espère, c'est qu'il va y en avoir régulièrement,
01:22:53 qu'on pourra aller à l'écoute et on affinera ensemble.
01:22:56 M. Attal, comme je l'ai dit, parfois je le disais,
01:22:58 il ne connaît pas bien le monde agricole,
01:22:59 mais ma présidente et son étranger
01:23:02 ont dit qu'il était à l'écoute.
01:23:03 Nous, le but, c'est de lui donner des dossiers,
01:23:05 de lui donner des éléments et qu'il y ait des échanges.
01:23:06 Parce que pour l'instant, et je sais de quoi je parle,
01:23:09 les échanges que l'on avait, il restait lettre morte.
01:23:12 C'est-à-dire qu'on a informé et pendant des mois,
01:23:14 pour ne pas dire des années, il n'y avait pas de retour.
01:23:16 Mais le problème auquel vous allez être confronté,
01:23:18 c'est que malheureusement, une crise en chasse toujours une autre.
01:23:22 La fenêtre de tir pour tout demander à Gabriel Attal
01:23:24 et à Emmanuel Macron, je pense que c'est encore maintenant.
01:23:27 Peut-être que dans trois semaines,
01:23:28 il y aura d'autres crises dont on parlera.
01:23:30 Et malheureusement, vous aurez moins de place,
01:23:32 moins de disponibilité pour faire passer des messages sur l'agriculture.
01:23:36 Mais ça, c'est certain.
01:23:37 Mais comme je dis, le mal de l'agriculture,
01:23:40 il est peut-être basé en France, mais il n'est pas que basé en France.
01:23:44 Donc nous, on a d'autres travaux qui sont faits à Bruxelles.
01:23:46 Et je pense qu'il faut une complémentarité des deux
01:23:48 et un changement de politique des deux côtés.
01:23:51 - Céline Pinard, dernier mot avant le rappel des titres.
01:23:53 - Et puis, je trouve que les agriculteurs ont réussi quelque chose de très fort,
01:23:56 c'est-à-dire que l'absurdité de la politique telle qu'elle était menée
01:24:00 et la manipulation un petit peu qu'il y avait derrière,
01:24:04 a été dénoncée sans haine, sans cri, sans violence.
01:24:08 Et tous les Français ont compris et tous les Français se sont dit
01:24:12 "mais effectivement, ces lois sont absurdes et on marche sur la tête".
01:24:15 Donc pour ça, bravo, parce que faire passer un message comme ça,
01:24:19 je pense qu'Emmanuel Macron aimerait bien avoir ce talent.
01:24:21 - Bon, allez, il est 18h30, on est en direct dans Punchline
01:24:25 sur CNews et sur Europe 1.
01:24:26 Le rappel des titres de l'actualité avec Vincent Farandes.
01:24:28 Vincent.
01:24:29 - Et à la une de l'actualité, le mouvement de colère des agriculteurs
01:24:31 a gagné aujourd'hui le Portugal.
01:24:33 Des centaines d'exploitants ont bloqué ce matin
01:24:35 certains des principaux axes routiers du pays.
01:24:38 Ils réclament en premier lieu une revalorisation de leur activité.
01:24:42 À Bruxelles, justement, la manifestation des agriculteurs
01:24:45 a dégénéré en fin d'après-midi.
01:24:46 Réunis devant le Parlement européen toute la journée,
01:24:49 ils ont décidé de se déplacer dans la capitale belge.
01:24:52 Des éléments radicaux se sont infiltrés dans la manifestation.
01:24:55 Canons à eau et gaz lacrymogènes ont notamment été utilisés
01:24:58 par les forces de l'ordre.
01:25:00 Et puis le corps d'un homme retrouvé dans un lac près de Toulouse.
01:25:03 Âgé de 21 ans, cette personne était portée disparue
01:25:05 depuis le 19 janvier dernier.
01:25:07 Trois personnes ont été mises en examen
01:25:09 pour meurtre en bande organisée.
01:25:10 Cette affaire pourrait être liée à un règlement de compte
01:25:13 sur fonds de trafic de drogue.
01:25:15 Merci Vincent Ferrandez pour le rappel des titres de l'actualité.
01:25:17 Une petite pause, on se retrouve dans un instant
01:25:19 dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
01:25:21 On va revenir sur la colère des agriculteurs
01:25:23 et puis sur son analyse sociologique aussi.
01:25:26 Est-ce qu'il s'agit d'un mal très profond
01:25:27 qui illustre la colère et le désarroi
01:25:30 d'autres classes, de catégories de notre société ?
01:25:32 À tout de suite.
01:25:33 [Musique]
01:25:39 18h37, on se retrouve en direct dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
01:25:43 La fin du mouvement des agriculteurs.
01:25:45 En tout cas, certains barrages commencent à être levés
01:25:47 dans le Finistère, dans le Cher et dans le Loire
01:25:49 selon les informations CNews.
01:25:52 On va retrouver l'un de nos envoyés spéciaux
01:25:54 sur l'autoroute A1 dans le nord de Paris.
01:25:57 Mickaël Dos Santos, Fabrice Elsner,
01:25:58 pareil de votre côté, est-ce qu'il y a du mouvement ou pas ?
01:26:00 [Musique]
01:26:04 Je vous le confirme, Laurence, ça se libère.
01:26:06 Petit à petit, effectivement, il y a de moins en moins de tracteurs
01:26:10 ici sur l'autoroute A1, à proximité de Sanlis.
01:26:14 Je suis avec Jean Lefèvre qui est à Bétravier dans l'Oise.
01:26:18 Merci d'être avec nous en direct sur CNews.
01:26:21 Vous le confirmez, vous allez vous aussi partir
01:26:23 comme vos camarades qui sont juste derrière ?
01:26:25 Oui, en fait, on a décidé de partir pour une raison très simple,
01:26:28 c'est que même si on n'est pas encore satisfait
01:26:30 des avancées du gouvernement,
01:26:31 on a besoin d'écrire les choses, on a besoin de concret.
01:26:35 Il n'y a rien sur le Mercosur, on dit non,
01:26:37 mais il aurait pu mettre un veto.
01:26:39 On aurait pu aussi, enfin, ils nous annoncent des taxes
01:26:42 qui vont être mises sur des produits d'import,
01:26:44 mais on ne sait pas comment il va les mettre.
01:26:46 On nous annonce aussi que les importations d'Ukraine
01:26:49 vont être limitées, mais seulement en fait
01:26:51 à ce qu'il se passait en 2021,
01:26:52 soit encore 30 fois les importations historiques.
01:26:56 Donc on n'est pas content, mais on a besoin d'une pause,
01:26:59 déjà un pour les bons hommes,
01:27:00 on a besoin aussi d'une pause pour que le gouvernement
01:27:02 puisse bien affiner sa réponse.
01:27:05 Est-ce que ça veut dire que vous êtes prêts à revenir ?
01:27:07 Évidemment, on fait bien une pause,
01:27:09 c'est bien ce qu'on a répondu.
01:27:11 On fait une pause, on lève le camp demain matin,
01:27:13 pas ce soir pour des questions d'organisation,
01:27:14 et il fait nuit, pour des sécurités aussi.
01:27:16 Donc on reviendra probablement, comment, je ne sais pas,
01:27:19 mais ce sera sûrement plus violente.
01:27:21 On nous confirme effectivement
01:27:24 que le camp va être levé demain matin.
01:27:26 Bon esprit, toujours, esprit bon enfant,
01:27:28 que ce soit d'ailleurs entre les agriculteurs
01:27:30 et les forces de l'ordre, un camp qui va être levé.
01:27:32 Mais on insiste ici, on veut des preuves et pas récrit.
01:27:35 Si, Michael Dos Santos et Fabrice Elsner.
01:27:37 On a été rejoints un plateau par Christian Saint-Etienne,
01:27:39 qui est économiste. Bonsoir.
01:27:40 Bonsoir.
01:27:41 On voit que ce mouvement est en train de,
01:27:42 en tout cas pour cette première phase de se déliter,
01:27:46 il y a eu une troisième salle d'annonce aujourd'hui
01:27:48 de Gabriel Attal.
01:27:49 C'est la fin du mouvement ou pas, selon vous ?
01:27:51 Ou il serait vraiment beaucoup trop tôt pour le dire ?
01:27:53 Oui, je pense que c'est une phase transitoire
01:27:56 pour l'agriculture, mais je pense que c'est le début
01:27:59 d'un mouvement global.
01:28:01 C'est une remise en cause de la politique européenne
01:28:04 qui est menée depuis une trentaine d'années.
01:28:07 Cette politique, elle était fondée sur deux éléments fondamentaux.
01:28:11 Un, le marché unique, mais un marché unique
01:28:15 qui était censé être protégé contre les importations déloyales.
01:28:21 Si ce n'est que l'Union européenne ne s'est jamais doté
01:28:24 des instruments pour faire ce travail.
01:28:26 Je vous donne quelques exemples.
01:28:27 Quand, d'abord, vous vous souvenez tous,
01:28:30 les Chinois ont éradiqué l'industrie des panneaux photovoltaïques
01:28:33 en Europe.
01:28:34 En plus, ce n'était pas une industrie française.
01:28:36 On aurait pu dire les Français ne sont pas bons.
01:28:38 Non, là, c'était l'industrie allemande et ils ont éradiqué
01:28:40 l'industrie allemande.
01:28:42 L'Allemagne n'a pas bougé.
01:28:43 Alors, il faut savoir pourquoi l'Allemagne n'a pas bougé.
01:28:45 L'Allemagne faisait des énormes excédents sur la Chine
01:28:48 en vendant ses machines outils et ses voitures.
01:28:52 C'est en train de s'effilocher.
01:28:53 Donc, les Allemands sont progressivement en train de modifier
01:28:56 cette politique.
01:28:57 Mais les Allemands ont pesé pendant au moins 20 ans sur les relations
01:29:01 avec la Chine pour interdire à l'Europe de modifier les règles.
01:29:06 Je vous donne un autre exemple avec la Chine.
01:29:09 La Chine a accès à 98% des marchés publics européens.
01:29:12 Les marchés publics, ce n'est pas une paille.
01:29:13 À peu près dans tous les pays, c'est entre 10 et 12 points du PIB.
01:29:17 Donc, les Chinois ont taxé à 98% des marchés publics européens.
01:29:22 Les Européens ont taxé à 2% du marché chinois.
01:29:25 Donc là, on a sur l'agriculture, ça dépasse totalement les agriculteurs.
01:29:31 Pour moi, ce sont uniquement des lanceurs d'alerte sur un problème général.
01:29:35 L'idée qu'on leur interdise certaines productions,
01:29:40 soit pour des raisons d'organisation du système de marché,
01:29:46 soit concernant les phytosanitaires,
01:29:50 et que les produits qu'ils ne peuvent plus produire ici,
01:29:53 comme notamment les cerises, la production française s'est effondrée,
01:29:57 de manière générale, la production de fruits s'est effondrée,
01:29:59 la production de légumes également,
01:30:01 et qu'on importe des produits qui ont été produits et fabriqués
01:30:06 avec les phytosanitaires interdits,
01:30:09 ça ne concerne pas que l'agriculture.
01:30:11 Ça concerne la chimie, ça concerne l'acier,
01:30:13 ça concerne les automobiles, ça concerne un nombre considérable de secteurs.
01:30:17 Donc je pense que le coin que les agriculteurs ont mis dans le système européen,
01:30:26 il n'est pas prêt de disparaître.
01:30:28 Je pense que c'est une remise en cause complète du système,
01:30:31 aidée par la modification de la politique allemande vis-à-vis de la Chine.
01:30:36 Néanmoins, si vous me donnez une minute, je pense qu'il faut aller au-delà.
01:30:41 La politique européenne, notamment du Green Deal,
01:30:44 qui a été décidé en 2019, comme vous le savez,
01:30:46 qui a été déclinée ensuite par des directives et des règlements,
01:30:50 elle vise à accélérer la transition climatique,
01:30:54 essentiellement par des interdictions et des réglementations.
01:30:58 Or, l'Europe n'est pas seule,
01:31:00 elle est en compétition avec deux énormes acteurs,
01:31:03 qui se battent d'ailleurs pour la domination mondiale,
01:31:05 qui sont la Chine et les États-Unis.
01:31:07 Les Américains, avec l'IRA,
01:31:09 c'est-à-dire l'Inflation Reduction Act de Biden voté en 2022,
01:31:15 les Américains ont décidé d'une politique climatique
01:31:19 dont la philosophie est radicalement différente de la nôtre.
01:31:21 Au lieu de travailler par des interdictions et des réglementations,
01:31:25 ils travaillent par des incitations et des investissements.
01:31:28 Pour ce qui est des Chinois, ils ont une politique diabolique,
01:31:32 je pèse mes mots, une politique diabolique,
01:31:34 mais extrêmement intelligente.
01:31:36 Il faut toujours se souvenir que jusqu'au congrès du Parti communiste chinois
01:31:40 d'octobre 2022 sur les sept principaux dirigeants de la Chine,
01:31:45 membres du bureau politique de la Chine,
01:31:47 il y a eu six ingénieurs pendant 30 ans de suite.
01:31:49 La Chine a été dirigée par des ingénieurs qui étaient en plus communistes
01:31:53 et avec une ambition très forte.
01:31:56 Et le Parti communiste chinois,
01:31:58 sur les questions de la transition énergétique,
01:32:01 a décidé de mettre le paquet à la fois dans la production de tout ce qui est nécessaire,
01:32:06 panneaux photovoltaïques, pompes à chaleur, électrolyseurs, ainsi de suite.
01:32:11 Ils inondent le monde d'ailleurs avec des politiques de subvention
01:32:14 et sur leur propre territoire,
01:32:17 même s'ils ont mis en place des éoliennes
01:32:22 et des panneaux photovoltaïques pour leur propre service.
01:32:25 Néanmoins, dans les trois dernières années,
01:32:27 ils ont autorisé 50 centrales au charbon.
01:32:30 Et je termine par ce point-là.
01:32:31 L'Union européenne, aujourd'hui, c'est 8% des émissions de gaz à effet de serre.
01:32:37 - 8% ?
01:32:38 - 8% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
01:32:41 - C'est important de rappeler ça.
01:32:42 Et simplement, en continuant la politique déjà à l'œuvre d'ici 2030,
01:32:47 en 2030, on sera à 5%.
01:32:50 La Chine toute seule, c'est 30%.
01:32:53 Et l'Asie plus le Moyen-Orient, c'est 60%.
01:32:55 Et quand on regarde Chine et Inde,
01:32:58 l'Inde est également en train d'ouvrir des dizaines et des dizaines de centrales électriques au charbon.
01:33:04 Donc, on a une Union européenne qui s'auto-punit en permanence sur les questions climatiques.
01:33:10 Alors moi, je suis pour la croissance verte,
01:33:12 mais je suis pour une croissance verte sur la base de la philosophie américaine,
01:33:15 c'est-à-dire incitation, investissement.
01:33:18 Je pense d'ailleurs qu'à ce titre, c'est pour ça que ça va très au-delà de l'agriculture.
01:33:22 Les décisions prises pour interdire les voitures thermiques en 2035 ne sont pas faisables.
01:33:28 Ça va sauter.
01:33:29 Vous avez vu d'ailleurs que de plus en plus de constructeurs automobiles ont pris des décisions techniques très importantes,
01:33:35 puisqu'ils mettent en place des chaînes de production bi-système,
01:33:39 c'est-à-dire qu'ils peuvent sur les mêmes chaînes produire des véhicules électriques et des véhicules thermiques.
01:33:44 Donc, tout le monde est en train de se préparer.
01:33:46 Donc, toute la vision qui a dominé l'Europe, à la fois un marché ouvert sans contrepartie d'une part
01:33:52 et une transition climatique par réglementation et interdiction,
01:33:56 c'est tout ça que les agriculteurs, je pense qu'ils ne l'ont pas voulu.
01:34:01 Ils se battent pour survivre, c'est tout.
01:34:04 Mais de fait, en se battant pour survivre, ils remettent en cause toute la philosophie de la construction européenne,
01:34:10 ce qui ne veut pas dire, et c'est mon dernier mot, qu'on ne doit pas faire de la croissance verte.
01:34:14 Ce n'est pas le sujet, mais justement, c'est croissance verte avec investissement et incitation et pas avec interdiction et réglementation.
01:34:21 Les États-Unis donnent des bonus, ils donnent des aides aux entreprises qui veulent faire du vert.
01:34:25 Et ça, ça change tout.
01:34:26 8% des émissions de gaz à effet de serre de l'Europe.
01:34:29 - De toute façon, vous prêchez à un convaincu, mais on veut aujourd'hui en Europe, on veut entendre les chiffres qu'on veut, je dirais qu'on veut nous donner.
01:34:39 Je vais prendre un exemple pour nous, exploitation agricole, qui est vrai pour toute l'exploitation, pour toute la France.
01:34:45 On doit, après nos cultures, planter ce qu'on appelle des couverts, c'est à dire on doit dans les dossiers PAC,
01:34:51 non seulement on touche deux fois moins qu'il y a sept ans, je le répète à chaque fois,
01:34:56 et on a une partie de la PAC qui va à des associations et tout ça, et ça, personne ne va gratter là-dessus, mais ça serait intéressant.
01:35:03 Mais en plus de toucher deux fois moins, on doit mettre, je dirais, ce qu'on appelle des plantes qui captent le carbone.
01:35:10 Voilà.
01:35:11 - OK.
01:35:11 - Non, mais pour vite fait, c'est à dire qu'aujourd'hui, en fait, on ne touche, alors on doit semer, c'est un coût.
01:35:16 Et aujourd'hui, on fait des plans verts où on va toucher 30 euros de l'hectare.
01:35:20 Si on touche 200 ou 300, ça change la donne.
01:35:23 Et donc, c'est ça, on se moque toujours de nous.
01:35:24 C'est à dire on nous dit de faire des choses, mais ça nous coûte toujours plus que ça nous rapporte.
01:35:27 - Je propose juste qu'on parte sur le terrain parce qu'on a un de nos envoyés spéciaux,
01:35:30 Augustin Donatieux, Thibault Marcheteau, qui sont avec un apiculteur, si j'ai bien compris.
01:35:34 Expliquez-nous, Augustin.
01:35:35 - Pour l'instant, je n'ai pas la réponse exacte.
01:35:40 C'est en cours d'écriture.
01:35:42 Je ne sais pas si on l'a là actuellement.
01:35:44 Par exemple, on a prémié, des enveloppes sont promises pour l'élevage, 150 millions.
01:35:48 Mais quelle enveloppe ?
01:35:49 Comment on va y accéder ?
01:35:50 Est-ce que cette enveloppe va vraiment être accessible ?
01:35:53 Est-ce qu'au final, elle sera accessible pour les petits éleveurs, les gros éleveurs ?
01:35:57 On ne sait pas.
01:35:58 On ne sait rien du tout.
01:35:59 On ne sait pas comment ça va être mis en place.
01:36:00 Donc, on veut du concret, on veut du concret.
01:36:02 Mais aujourd'hui, une partie va être écrite sur papier et des lignes vont être tracées par la suite.
01:36:08 Et on reste en veille sur toutes ces modalités.
01:36:12 - Voilà pour cette petite incursion sur le terrain.
01:36:17 Vous voulez réagir tous à ce qu'a dit Christian Saint-Etienne ?
01:36:19 - Oui, parce que ce qu'a dit Christian Saint-Etienne est passionnant.
01:36:23 Parce que je pense que réellement, on est en train de vivre le début d'une remise en question
01:36:28 de tous les fondamentaux qui ont été établis après la Seconde Guerre mondiale.
01:36:32 On pensait qu'on n'aurait plus jamais la guerre, il faut se réarmer partout.
01:36:36 D'ailleurs, on avait supprimé le service national.
01:36:38 Toutes les armées d'Europe sont devenues échantillonnaires.
01:36:41 On est en train de changer, de renverser complètement le système.
01:36:45 On nous expliquait, moi je vois, j'ai grandi dans mes livres d'économie,
01:36:47 on nous expliquait que les pays industrialisés étaient des pays en voie de développement
01:36:52 et que l'avenir et que la grandeur d'une nation, la puissance d'une nation,
01:36:56 c'est d'être dans le tertiaire.
01:36:57 On voit bien que maintenant, il faut revenir, il faut produire du tangible.
01:37:01 Et donc, il y a tout ce programme, tout le monde, les politiques dans tous les pays européens.
01:37:05 Donc que le mot réindustrialisation à la bouche, l'agriculture, c'est exactement le même sujet.
01:37:10 On nous expliquait qu'en réalité, ce n'était plus très grave si on ne produisait pas chez nous.
01:37:14 On pouvait tout à fait importer des produits de la même qualité.
01:37:17 Et en fait, je trouve que le fil directeur, ce qui rejoint tous ces éléments-là,
01:37:22 c'est en fait l'élément de la civilisation.
01:37:24 Nous, on veut en fait, une civilisation, elle est fondée,
01:37:27 je pense que la paysannerie est le ciment du contrat social en France.
01:37:32 En fait, c'est quelque chose qu'on avait complètement oublié.
01:37:33 Le rapport à l'industrie, c'est exactement la même chose.
01:37:37 Les grandes villes en France se sont construites autour de réalités économiques,
01:37:40 les champs, l'industrie.
01:37:43 Tout ça participe du grand sentiment de déclassement français.
01:37:48 Et j'aimerais qu'on écoute Christophe Jouguil,
01:37:50 parce qu'il était géographe et science,
01:37:52 il a été invité ce matin de Sonia Mabrouk sur Europe 1 et sur CNE.
01:37:55 Et il dit que ce n'est pas seulement une crise agricole,
01:37:58 c'est une crise de la France qu'il appelle la France périphérique.
01:38:00 Écoutons ce qu'il dit parce que c'est intéressant.
01:38:03 Il y a une crise agricole, de fait.
01:38:05 Une crise agricole qui est notamment liée aux normes européennes que subissent les paysans.
01:38:13 Après, évidemment, il faut voir beaucoup plus loin.
01:38:15 C'est-à-dire que la crise qu'on vit aujourd'hui
01:38:17 vient des territoires de la France périphérique.
01:38:20 Cette France périphérique que j'ai essayé de conceptualiser depuis une vingtaine d'années,
01:38:25 où vit finalement la majorité de ce qu'étaient les travailleurs de ce pays,
01:38:31 des paysans certes,
01:38:32 mais aussi des ouvriers, des employés,
01:38:34 bref, tous ces gens qui sont maintenant un peu en périphérie,
01:38:37 en périphérie du modèle économique
01:38:40 que j'appelle aujourd'hui les dépossédés.
01:38:42 Dépossédés, pourquoi ?
01:38:43 Parce qu'ils sont dépossédés, évidemment, de leur travail,
01:38:48 une dépossession sociale de fait.
01:38:50 C'est finalement cette France périphérique,
01:38:53 le cimetière de ce que j'appelais hier la classe moyenne occidentale.
01:38:57 Et quand on regarde les choses d'un peu près,
01:39:00 on se rend compte que toutes ces crises émanent toujours de ces territoires.
01:39:05 Vous êtes d'accord avec cette analyse passionnante, Christophe Philippe ?
01:39:08 Oui, c'est un élément clé, mais je pense qu'il y a un double déclassement.
01:39:11 Il y a un déclassement européen.
01:39:14 La croissance européenne depuis 15 ans tourne à 1%, 1,25%.
01:39:21 Ça, c'est trois chiffres que tout le monde doit avoir à l'esprit
01:39:25 pour comprendre l'évolution mondiale.
01:39:28 L'Europe croit à 1,25% par an.
01:39:32 Les États-Unis, c'est un point de plus.
01:39:34 Et la Chine, c'est encore un point de plus.
01:39:36 Elle était à 5,6%, mais elle est en train de revenir à 3,5%.
01:39:39 Alors, on se dit un point, mais on s'en fiche.
01:39:42 Sauf qu'un point pendant 20 ans de suite, ça fait une différence colossale.
01:39:46 Et donc ça, c'est le déclassement européen.
01:39:49 L'Europe pesait autant que les États-Unis il y a 20 ans.
01:39:53 Aujourd'hui, on est aux deux tiers et on continue de s'effondrer.
01:39:55 C'est le premier déclassement.
01:39:57 Mais il y a un déclassement français à l'intérieur du déclassement européen
01:40:00 parce que nous avons cru en moyenne moins vite que l'Union européenne
01:40:05 dans les 15 dernières années.
01:40:07 Et le niveau de vie moyen, ça c'est un truc clé, absolument fondamental.
01:40:11 On ne comprend rien sinon.
01:40:13 Le niveau de vie moyen des Français a baissé de 12% en 15 ans
01:40:16 par rapport aux Allemands et néerlandais.
01:40:19 Or, cette baisse en moyenne de 12% du niveau de vie français,
01:40:23 elle est concentrée sur 40% de la population.
01:40:26 Il y a encore 60% qui s'en tirent.
01:40:28 Mais les 40%, ils ont vu une baisse de leur niveau de vie effective réelle de 20-25%,
01:40:33 dont une partie du monde agricole.
01:40:35 Alors le monde agricole aussi, il faut être très objectif.
01:40:38 Ce n'est pas ce que notre camarade dira tout à l'heure,
01:40:40 mais le monde agricole, vous avez aussi 20 à 25% de fermes
01:40:46 qui font les trois quarts de la valeur ajoutée du monde agricole.
01:40:50 Et vous avez 30% de paysans qui survivent.
01:40:52 Mais tout le monde n'est pas en mode survie dans l'agriculture.
01:40:56 Mais les 30% de paysans qui vivent mal, ils ont la double peine.
01:41:02 C'est-à-dire qu'ils sont dans un monde agricole corseté,
01:41:06 comme on l'a vu avec toutes les réglementations.
01:41:08 Mais ils sont dans un pays qui s'affaiblit aussi.
01:41:10 On les a lancés sur le bio en leur disant,
01:41:13 vous allez pouvoir vendre à un meilleur prix.
01:41:15 Sauf qu'il n'y a pas le pouvoir d'achat en France.
01:41:17 Donc, dans un pays qui s'affaiblit en termes économiques,
01:41:21 si on ne met pas en place une politique de relance de la production agricole,
01:41:26 ce n'est pas seulement l'agriculture, c'est tout l'agroalimentaire,
01:41:29 tous les outils industriels.
01:41:32 Notamment pour la viande, par exemple,
01:41:34 il y a eu un affaiblissement terrible de l'abattage,
01:41:38 de toute la transformation.
01:41:40 Donc là aussi, il faudrait avoir une politique censée.
01:41:44 Il y a un autre élément très connexe qui est les forêts.
01:41:49 La France a 30% de forêts.
01:41:52 Contrairement à tous les discours qu'on nous tient,
01:41:54 la forêt gagne tous les ans.
01:41:55 La surface agricole utile baisse tous les ans.
01:41:59 Donc, la forêt gagne en permanence.
01:42:01 Et c'est le deuxième déficit français après le pétrole,
01:42:04 avec quelque chose qui est le symbole d'un pays sous-développé,
01:42:08 puisque grâce à l'ancien régime et à la politique de Colbert,
01:42:11 on produit les chênes les plus beaux du monde.
01:42:13 Et qu'est-ce qui se passe ?
01:42:15 Ces chênes sont achetées par les Chinois.
01:42:17 Ils partent en bateau en Chine.
01:42:19 On parle de plusieurs milliards d'euros.
01:42:21 Ils partent en Chine et ils reviennent sous forme de parquets.
01:42:24 Alors là, elle est où l'écologie ?
01:42:26 Et pour une fois, le gouvernement français avait dit
01:42:28 « je vais mettre une taxe à l'exportation pour que le bois reste en France ».
01:42:32 L'Europe lui a interdit de faire ça.
01:42:34 Donc, on voit que les rares fois où le gouvernement français veut bouger,
01:42:38 il est lui-même corseté par cette idéologie européenne que j'évoquais tout à l'heure.
01:42:43 Et il faut que les Français réapprennent à produire, c'est tout.
01:42:47 Voilà, le discours ambiant depuis 30 ans, c'est « on partage ce qui existe ».
01:42:52 Mais non, pour partager, il faut produire.
01:42:54 Donc, les Français sont en train de réapprendre à la dure qu'il faut produire.
01:42:57 C'est que le début de ce réapprentissage,
01:43:00 mais ça va prendre 10-15 ans ce réapprentissage.
01:43:03 Un dernier mot, M. Patrick Legras.
01:43:04 Ce dont vous parlez du bois,
01:43:08 ça nous touche parce qu'hier, justement, à Amiens,
01:43:12 on avait la filière bois qui nous a suivis, qui nous a rejoints en disant
01:43:16 « on n'est pas défendu, on n'est pas écouté ».
01:43:18 Donc, on a le même problème.
01:43:19 Après, sur cette filière-là, c'est un peu comme le monde agricole.
01:43:23 Si vous grattez un peu, il y a des choses qui ne sont pas très claires non plus.
01:43:28 Donc, on a des chiffres plus.
01:43:30 Vous avez donné 6% des émissions de gaz à effet de serre pour l'Europe,
01:43:33 baisse de 12% du niveau de vie de la population en 20 ans, c'est ça ?
01:43:36 En 15 ans par rapport à l'album.
01:43:40 Ce n'est pas une baisse, c'est-à-dire que nous progressons moins vite que les autres.
01:43:45 Et je crois que l'heure de vérité est vraiment arrivée justement de ce point de vue-là.
01:43:48 Si on regarde sur les 30 dernières années, il n'y a plus de productivité,
01:43:51 largement parce que nous ne sommes plus industrialisés que les services.
01:43:54 Il n'y a plus d'innovation en Europe et pourtant notre niveau de vie a largement progressé.
01:43:58 Alors, nettement moins en ce qui concerne la France que justement nos voisins allemands ou néerlandais,
01:44:02 et encore moins que les Américains.
01:44:04 Mais tout ça, c'est grâce malgré tout aux accords de libre-échange.
01:44:07 Mais le sujet, c'est que précisément, il va nous falloir reproduire.
01:44:11 Et autre point sur les inégalités, parce qu'on entend beaucoup de discours
01:44:13 qui ont à voir avec l'agriculture aussi, souvent chez les écologistes, enfin les écologistes politiques.
01:44:18 Ils veulent de la décroissance, mais quand il y a une croissance faible, qu'est-ce qui se passe ?
01:44:21 Ce sont les secteurs les plus dynamiques de la société qui en bénéficient mécaniquement.
01:44:25 Les autres, du coup, ce sont eux qui sont le plus frappés par le recul.
01:44:29 Donc la solution n'est certainement pas dans l'absence d'industrie,
01:44:32 ni dans l'absence de croissance, sauf à se satisfaire d'une société
01:44:37 dans laquelle il n'y a que les plus riches qui bénéficient des progrès.
01:44:40 Christian Saint-Etienne, il y a de l'espoir quand même ?
01:44:42 On peut réarmer tout ça ?
01:44:44 Alors il y a de l'espoir, mais pas avec l'ampleur des politiques actuelles.
01:44:49 Pour faire simple, alors j'écoutais tout à l'heure, avant de rentrer sur le plateau,
01:44:54 certes Gabriel Attal est là depuis 15 jours, mais le président est aux manettes depuis 12 ans,
01:45:00 puisqu'il était à l'Élysée sous Hollande.
01:45:03 Et bon, je ne vais pas me faire d'amis, mais sous Sarkozy et sous Chirac,
01:45:08 on n'a pas mis le paquet non plus sur la réindustrialisation.
01:45:12 Donc ça fait 20 ans que la France se désindustrialise.
01:45:15 Alors oui, depuis deux ans, à cause de la gifle qu'on s'est prise au moment du Covid,
01:45:22 quand on a vu qu'on ne produisait plus rien et que du coup,
01:45:25 quand le commerce international s'arrête, on est à poil,
01:45:28 avec des gens dans les hôpitaux qui étaient avec des sacs en plastique poubelle.
01:45:33 Donc là, on a commencé à se dire, il y a un problème.
01:45:36 Et à ce moment-là, qu'est-ce qu'on a fait ?
01:45:37 On a commencé à reparler d'industrie, mais au même moment, on a voté la ZAN,
01:45:41 le Zéro Artificialisation Net.
01:45:45 Or, pour réindustrialiser sérieusement, on possède maintenant des travaux très sérieux
01:45:49 qui ont été menés par des commissions du Sénat, par des commissions au sein de France Stratégie.
01:45:54 Si on veut regagner 5 points de PIB pour l'industrie manufacturière,
01:45:57 la France est tombée à 9,5.
01:45:59 Si on veut la ramener à la moyenne de l'Europe, qui est à 15,
01:46:02 pour faire 5 points, il faut 50 000 hectares.
01:46:05 Donc les 50 000, on les a.
01:46:07 Simplement, il faut dire que la ZAN, elle est hors les 50 000 hectares pour réindustrialiser.
01:46:13 Et on a besoin aussi de logements également,
01:46:18 et puis de relancer une agroalimentation solide.
01:46:21 Merci Christian Saint-Etienne, merci Patrick Legra, Eric Nolot,
01:46:24 Jean-Sébastien Ferdjou, Louis Dragnel.
01:46:26 Bonne soirée à vous sur Europe 1 avec Céline Giraud.
01:46:28 Et sur CNN, vous avez Christine Kelly pour Face Info.
01:46:30 Bonne soirée sur nos deux antennes.
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