• il y a 8 mois
Jeudi 1 février 2024, SMART BOURSE reçoit Alexandre Hezez (Stratégiste, Banque Richelieu) , Bastien Drut (Responsable de la stratégie et de la recherche économique, CPR AM) et Véronique Riches-Flores (Présidente, RF Research)

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00:00 *Musique*
00:10 Trois invités avec nous comme chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:13 Véronique Richelieu est avec nous, économiste indépendante et présidente de RF Research.
00:17 Bonsoir Véronique.
00:18 Bonsoir.
00:19 Merci d'être là.
00:20 Alexandre Ezez nous accompagne également, stratégiste chez Richelieu Finance aujourd'hui.
00:26 Banque Richelieu.
00:27 Banque Richelieu.
00:28 Tout faux, ça reste Richelieu.
00:30 Bonsoir Alexandre.
00:31 Bonsoir.
00:32 Ravi de vous retrouver, je vais mettre à jour mes tablettes.
00:34 Et Bastien Dru à nos côtés, responsable de la stratégie de la recherche économique de CPR Asset Management.
00:40 J'ai bon là-dessus, Bastien, c'est toujours ça.
00:42 Et je note au passage, j'annonce au passage la sortie de votre nouvel ouvrage.
00:48 Vous êtes très productif pour l'industrie de la littérature française.
00:55 Alors, sur des sujets économiques, bien sûr, le titre c'est "L'inflation c'est quoi ? Point d'interrogation. Pourquoi les prix montent ?"
01:05 Livre qui s'adresse à tout le monde, avec également une illustratrice qui est venue cette fois apporter justement ces illustrations à votre sujet de l'inflation.
01:17 Oui, l'idée c'était de faire un livre assez général sur l'inflation, faire un peu de pédagogie sur l'inflation.
01:21 Parce que depuis deux ans, on en parle tous les jours et à certains endroits à teur et à travers.
01:26 Donc c'était l'occasion de rappeler ce que c'est l'inflation, quelles sont les causes théoriques de l'inflation,
01:32 puis le lien avec les grandes questions de société comme le changement climatique, la démographie, les inégalités par exemple.
01:39 Et l'objectif c'était de faire quelque chose de très pédagogique.
01:41 C'est pour ça qu'on a travaillé avec une illustratrice, Camille Aubry, qui a fait vraiment des illustrations super sympas.
01:46 Il y en a une cinquantaine dans le livre pour essayer de rendre les choses plus concrètes.
01:51 Du coup c'est bien ou c'est mal l'inflation ?
01:53 Ah, ça dépend !
01:54 Ça dépend ?
01:55 Ça dépend.
01:56 Non mais parce que depuis deux ans on en parle comme étant le mal absolu, Bastien.
01:59 C'est bien quand les prix sont stables, quand il y en a une stabilité des prix.
02:03 C'est ça que recherchent les banques centrales.
02:04 Initialement on cherchait la stabilité des prix.
02:06 Il n'y a pas forcément dans les premiers temps des banques centrales une cible d'inflation précise.
02:12 On voulait vraiment des prix stables parce que ça permet aux agents économiques de mieux se projeter dans l'avenir,
02:19 pour mieux consommer et pour investir aussi pour les entreprises.
02:22 Le niveau ça compte, mais la dynamique, la stabilité c'est aussi un facteur important,
02:27 notamment pour les banques centrales, aux éditions de BOC supérieures, je le précise.
02:31 "L'inflation c'est quoi ? Pourquoi les prix montent ?" écrit par Bastien Dru et illustré par Camille Aubry.
02:36 On va parler de l'inflation évidemment dans le sillage de la réunion de la Fed hier soir.
02:40 Mais Jérôme Powell nous a quand même d'abord parlé aussi de la croissance véronique.
02:44 Je reprenais, je note parfois des petites phrases, des punchlines de Jérôme Powell pour dater un petit peu les choses dans le temps.
02:50 Septembre 2022, donc on est quelques mois à peine après le démarrage des hausses de taux de la Réserve fédérale américaine.
02:58 Septembre 2022, Jérôme Powell nous dit "il n'y a pas de chemin sans douleur pour ramener l'inflation à l'objectif".
03:06 Vous comprenez, nous devrons faire monter le taux de chômage, si nécessaire emmener l'économie en récession.
03:12 Et le message qu'il lançait à l'époque aux investisseurs et à tout le monde, "espérez le meilleur mais préparez-vous au pire".
03:20 Quinze mois plus tard, hier 31 janvier 2024, soyons honnêtes, nous dit Jérôme Powell, l'économie américaine est en bonne place.
03:29 C'est une bonne économie, nous prévoyons certains ralentissements de la croissance mais nous ne voyons pas une croissance plus solide comme étant un problème.
03:38 Et du coup nous doutons, l'inflation a-t-elle vraiment disparu ? On pourrait-elle revenir par la fenêtre ?
03:46 Non, les résultats de l'économie américaine sont spectaculaires, au vu effectivement du choc à la fois de la hausse des prix,
03:53 qui en lui-même aurait pu mettre l'économie au tapis, et de la hausse des taux d'intérêt effectivement qui s'en est suivie.
04:01 Alors tout ceci ne reste pas sans explication, on a quand même beaucoup de facteurs à aligner qui ont été des éléments de soutien
04:10 ou qui ont contrecarré ces deux effets négatifs de manière assez magistrale.
04:15 Le premier, post-choc Covid sur la demande de services, avec une épargne abondante qui a pu servir effectivement la dépense.
04:25 Quand vous avez beaucoup d'épargne, que les taux d'intérêt réels sont négatifs comme quasiment jamais,
04:31 ils ne l'ont été finalement, pourquoi garder cette épargne ?
04:35 Donc il y a sans doute un effet également d'anticipation de certaines dépenses,
04:39 où alors, ce n'est pas très approprié parce qu'en général ce sont des dépenses lourdes, bien durables, etc.
04:45 Or ce n'est pas de ça que s'est nourrie la croissance, c'est plutôt des services.
04:49 Donc les Américains en ont profité.
04:52 Deuxièmement, il y a ce que je viens de mentionner, le fait que les taux d'intérêt réels se sont littéralement effondrés.
04:58 Et ce qu'on redoutait le plus au début de cette crise, notamment par le fait des hausses des taux,
05:02 c'était une chute du marché immobilier, qui avait été quand même hyper spéculatif,
05:07 avec cette bulle à partir de 2020.
05:10 Et c'est là que se concentraient quand même les interrogations.
05:14 Et en réalité ce qui s'est passé, c'est que la baisse des taux réels a complètement temporisé le choc.
05:19 Ce qui fait que baisse des taux réels et un marché saturé avec des hausses de loyers de 7-8% jusqu'à récemment,
05:26 l'investisseur américain, l'américain moyen, qui a les moyens justement d'investir,
05:32 a continué à le faire avec la promesse de rendement grâce précisément aux pénuries et aux hausses de loyers.
05:38 Dans le résidentiel, les prix des 20 plus grandes villes américaines sont au plus haut historique.
05:42 Oui. Alors après, quand on regarde dans le détail, il y a des normes d'historique.
05:45 On voit bien ce qu'y porte le marché.
05:47 Et puis il y a l'immobilier commercial, le bureau, etc. Il y a plusieurs marchés.
05:50 Et après, on les vente au-dessus de 500 000 $, donc c'est pas tout à fait le prix médian américain.
05:55 Mais toujours est-il que ça tient.
05:57 Et puis la grosse chambre, difficile à chiffrer parce que c'est toujours, ça passe les méandres de l'économie,
06:04 mais les dépenses et le soutien apporté par l'administration Biden, qui est considérable.
06:09 L'Ira, le chip, voilà. Et puis Biden est encore sur le terrain.
06:18 Alors tous les six mois, on ressort le risque de shutdown.
06:21 Mais finalement, comme on est dans un environnement géostratégique quand même un peu chaud...
06:26 - On a pas envie de se tirer une balle d'empier. - Exactement.
06:28 Donc c'est quand même pas difficile de décaler encore un peu ou d'éliminer d'ailleurs carrément les limites à l'endettement,
06:33 comme ils ont fait récemment.
06:35 Donc finalement, voilà.
06:36 Et en fait, quand on reprend tout ça point par point, avec des entreprises qui de fait ont eu beaucoup de problèmes
06:41 en termes de pricing power pour répercuter leur hausse de coût, ça tient admirablement bien.
06:47 Quand on regarde un petit peu sous le dessous, c'est moins bien.
06:50 Des distorsions énormes.
06:52 On a mentionné le marché immobilier, le marché de l'emploi, où finalement on crée essentiellement de l'emploi dans la santé et le secteur public.
06:58 Bon, c'est pas tout à fait le reflet d'une économie en pleine santé.
07:02 Mais effectivement, des résultats néanmoins spectaculaires.
07:05 Est-ce que tous ces points vont continuer à œuvrer ?
07:08 En tout cas, aujourd'hui, ça fait dire à John Powell.
07:11 Oui, oui, mais...
07:13 Tu sais, on voit bien, moi je vois bien la connexion.
07:16 Eh bien, pour l'instant, ça tient. L'inflation décélère.
07:23 On devrait pouvoir assouplir, si tout se passe bien, nos conditions monétaires.
07:27 Est-ce que néanmoins, avec un taux de chômage inférieur à 4%, on peut vraiment ne pas se préoccuper et se dire
07:35 "Allez, on va baisser les tensions monétaires au risque de revoir l'emploi repartir et le taux de chômage rebaisser et de se retrouver dans 6 ans."
07:45 C'est le risque principal pour vous à ce stade, Véronique ?
07:48 Celui-ci, et le risque que les marchands...
07:51 Une baisse de taux de 25 points de base, vous dites, ça relance là...
07:54 Non, mais ça n'a pas de sens, 25 points de base. Pourquoi ils font 25 points de base ?
07:57 Donc, c'est pour faire 25 points de base, ils font rien.
08:00 Donc, ces 25 points de base qui vont nous annoncer à minima 75, 100.
08:05 Bon, sinon, ça sert à rien. Et on ne le fait pas, on ne va pas se prendre la tête.
08:10 C'est ce qu'il dit. La première baisse de taux, c'est une décision lourde de conséquences qui engage sur le plan.
08:14 Sur la suite. La première baisse de taux, c'est la plus importante.
08:17 Et du coup, si on l'a fait, la probabilité, c'est que potentiellement, ça reparte.
08:22 Et la vérité, c'est qu'avec un taux de chômage aussi bas encore qu'aujourd'hui,
08:26 mais c'est un petit peu monté, 3, 7, je crois, les derniers chiffres.
08:29 Vous avez quoi ? 2, 3 trimestres de robustesse de l'emploi avant de vous reposer la question des saturations sur le marché de l'emploi et des risques salariaux.
08:37 Donc voilà, moi, je comprends. En fait, j'aurais considéré que c'était une erreur s'il avait joué la carte de mois de mars.
08:44 Donc, je crois qu'on n'est pas tout à fait sur la même longueur d'onde.
08:46 Certains peuvent penser que ne pas baisser en mars, au regard des comptes...
08:50 Oui, je suis d'accord. Mais certains sont amenés à imaginer aujourd'hui que ne pas baisser en mars,
08:58 ou en tout cas, fermer complètement la porte en mars, ce qu'il n'a pas fait, aurait été une erreur également dans l'autre sens.
09:04 Peut-être, tout à fait, mais il ne l'a pas fait. Il a joué assez habilement. Il a quand même bien rétrécié l'ouverture.
09:10 Mais il s'est laissé une petite porte. Et de fait, une des raisons que je n'ai pas mentionnées, et j'arrête de parler,
09:16 c'est la très bonne santé des marchés financiers.
09:18 Rien ne vous dit aujourd'hui que l'économie souffre de conditions monétaires ou financières trop strictes.
09:26 It's a good economy. On veut préserver ça.
09:29 Et une semaine, les soubresauts sur de nombreuses actions doivent quand même commencer à s'interroger.
09:37 Et c'est peut-être là-dessus, d'ailleurs, que la décision de Mars, in fine, se fera,
09:41 par le retour d'un risque financier qui pourrait effectivement revenir potentiellement assez rapidement.
09:46 Sortez un peu des radars, mais effectivement, on a vu revenir hier un -40% sur une action d'une banque régionale
09:51 qui avait elle-même sauvé une banque régionale new-yorkaise au moment de SVB.
09:56 Comment vous avez trouvé la communication de Jérôme Poel hier soir, Alexandre ?
10:01 Et, encore une fois, j'ai l'impression, et moi le premier, on a le sentiment que quand les banques centrales baissent les taux,
10:07 c'est parce que quelque chose ne va pas bien qu'il faut venir, alors, ou en soutien des marchés, c'est le put,
10:13 ou en soutien d'une économie qui serait défaillante, d'un marché du travail qui serait au bord du précipice, etc.
10:18 Pas du tout ce que décrit Jérôme Poel.
10:20 Mais il essaie de construire quand même l'idée qu'on peut recalibrer la politique monétaire partant des niveaux actuels
10:29 sans se mettre en position d'accommodation, de soutien ou de stimulus.
10:33 Non, je pense qu'effectivement, il doit s'adapter. On n'est plus du tout comme les dernières années où à chaque fois c'était un put banque centrale
10:40 et on baissait quand ça allait mal. On était en risque de déflation, donc là, on n'est plus du tout dans la même dimension.
10:49 Je pense que ça a été finalement assez malin de sa part. Il faut comprendre que quand même, depuis le mois de décembre,
10:54 ils sont tous allés au créneau pour essayer de ralentir les anticipations de marché.
10:58 Tout son problème, en fait, c'est d'éviter des anticipations de marché trop fortes pour après avoir des déceptions qui créent un crack, un choc, etc.
11:06 Donc ils sont quand même... Tous les banquiers centraux ont parlé pour dire "mais attention", certains disaient "il ne faut même pas baisser les taux".
11:14 Donc, ils y sont allés, pourtant le marché n'y croyait pas, donc il a fallu quand même marquer le coup.
11:18 Après, moi, mon analyse, c'est que c'est plutôt bon. Pourquoi ?
11:22 Tout doit être fait, de toute manière, pour éviter d'avoir à les remonter.
11:26 Pour moi, c'est le vrai mantra. Ils ont tellement peur des années 70, avec du stop and go, et on baisse les taux,
11:34 et des vagues d'inflation qui sont encore plus hautes, donc il faut encore monter plus les taux, et là, ça sera catastrophique.
11:39 En fait, ils ont un peu peur. Et l'histoire de dire "il faut une grande confiance dans l'inflation pour être sûr de baisser les taux
11:46 et qu'il soit à moins de 2% de manière structurelle", ils n'y arriveront jamais. On n'est jamais sûr.
11:55 Il n'est pas capable de nous donner une donnée précise. On a besoin de plus de confiance.
11:59 On a besoin de plus de confiance. Mais bon, effectivement, il y a le marché de l'emploi. Il y a quand même des valeurs qui se dégradent.
12:04 Sous l'économie, il y a quand même pas mal de choses qui se dégradent. On voit avec le quatrième trimestre qui a été très bon, etc.
12:10 Mais l'emploi, on peut le voir de manière un peu plus modérée. Il y a quand même des chiffres. L'industrie, tout ça ne va pas si bien que ça.
12:20 En tout cas, il n'y a pas de surchauffe. C'est déjà ça. Parce qu'il y avait quand même une grosse surchauffe.
12:23 Vous l'avez dit tout à l'heure, cette demande qui était massive, ça, c'est plutôt fini.
12:29 - Oui, et puis l'offre a énormément rattrapé également, et sans doute plus que ce qu'on imaginait.
12:33 On a encore eu des chiffres de productivité, des premières estimations, mais quand même sur 3-4 trimestres maintenant,
12:38 on a des gains de productivité significatifs dans l'économie américaine.
12:42 - Exactement. Alors, avec deux propos, je pense, à modérer par rapport à l'état du marché financier aux États-Unis,
12:49 l'intelligence artificielle a quand même complètement faussé les marchés américains.
12:56 Si vous enlevez toutes ces valeurs-là, le marché américain n'est pas véritablement...
13:00 - Il ne fait pas mieux que l'Europe. - Voilà, exactement.
13:03 Donc il faut enlever ça, parce qu'il y a finalement les valeurs de fonds de portefeuille, or, effectivement,
13:08 cette magnifique, toutes les valeurs liées à l'intelligence artificielle, ça ne fait pas si bien que ça, l'année dernière.
13:14 Donc on n'est pas dans une bulle spéculative. - Il y a un thème qui bouillonne, mais ce n'est pas le reflet général que donnent les marchés financiers.
13:22 - Et puis, deuxième chose, il y a un point assez important dans la conférence d'hier, c'est qu'il a commencé à dire,
13:28 finalement, la haussée salaire et l'inflation n'est pas liée forcément à une remontée du taux d'emploi,
13:33 c'est-à-dire qu'il ne veut pas être de taux de chômage, pardon.
13:35 Il veut dire quand même, parce que c'est quand même, déjà, ce n'est pas bien compréhensible,
13:39 à l'aube d'élection, de dire que la Banque centrale doit faire monter les taux du chômage.
13:42 La baissure a un peu le même sujet, je pense, dans ses discours, c'est de dire, nous, on est là pour faire baisser l'inflation,
13:49 donc on veut monter le taux de chômage.
13:50 On sait que les problèmes politiques, à peu près, en Europe et aux États-Unis, il y a des élections, c'est quand même compliqué.
13:56 Ça fait un an que l'inflation baisse sans que le taux de chômage remonte.
13:58 Enfin, si ce thème était écrit politiquement, ça serait compliqué, notamment pour Biden.
14:05 Donc, il est en train de décaler, en tout cas, les deux problématiques en disant,
14:10 le taux de chômage peut être à moins de 4%, grosso modo, et finalement, on peut avoir une modération salariale qui est en train de se faire.
14:17 Et pourquoi pas ? Et encore une fois, ce qui est important, c'est de tout faire,
14:22 et je pense que pour les marchés financiers et pour l'économie, on est sur le meilleur chemin possible,
14:26 c'est-à-dire que de dire, attention, on ne suit pas les marchés financiers,
14:29 on ne va pas baisser parce que vous voulez que ça baisse, et puis finalement,
14:31 attendre dans six mois que l'inflation remonte et être obligé, c'est dire, on veut stabiliser,
14:35 comme c'est écrit dans votre livre, de toute façon, c'est la stabilité qui compte,
14:39 et donc, pour que les primes de risque, effectivement, restent faibles,
14:43 c'est donc la crédibilité de la Banque centrale américaine, et pour l'instant, ils ont eu un peu de chance au départ, quand même,
14:48 parce qu'ils étaient très en retard, tout s'est bien goupillé, on est quand même bien aligné dans des planètes,
14:52 et finalement, ils en profitent pour être crédibles et pour dire, attention, on ne va pas non plus crier victoire,
14:58 mais avec une stabilité qui va se faire, la baisse, je pense que la première baisse est quand même importante,
15:04 ça marque le date, et puis après, ça sera très graduel, et on attendra, et surtout, une stabilité, et éviter que les taux remontent.
15:13 Qu'est-ce que vous comprenez derrière ce besoin de plus grande confiance ?
15:18 Qu'est-ce que ça veut dire pour vous concrètement, Bastien ?
15:22 C'est quoi le true signal qu'ils veulent voir, le vrai signal qu'ils veulent voir,
15:26 sachant qu'il évoque lui-même six mois de bonnes, voire de très bonnes surprises sur le front de l'inflation,
15:32 qu'on a un corps PCE au Q3 et au Q4 qui est parfaitement à 2%,
15:36 sur des moyennes, trois mois annualisés, on est en dessous de deux sur cette mesure phare pour la réserve fédérale américaine,
15:42 qu'est-ce qui leur manque, et pourquoi est-ce que Mars est sorti de la table hier soir par Jérôme Paul ?
15:52 Alors, c'est difficile d'ajouter quelque chose d'intelligent, mais je vais essayer.
15:58 Je vous recommande un très bon livre sur l'inflation, si vous voulez.
16:01 En fait, il y avait deux choses qui m'ont marqué moi dans la conférence de presse d'hier,
16:07 c'est évidemment le Mars, quand il dit que ce n'est pas leur scénario central, la baisse de taux de Mars,
16:14 mais aussi, il dit qu'ils ont déjà confiance dans la convergence de l'inflation vers 2%.
16:21 On veut greater confidence !
16:23 Alors que dans le communiqué, il dit que pour les baisses de taux, il faut plus de confiance.
16:27 Alors, c'est quand même bizarre parce qu'il dit "on a déjà confiance".
16:29 Alors, mon interprétation, je pense qu'on ne sera pas forcément d'accord,
16:34 c'est qu'en fait, ils ont déjà envie de le faire, mais ils ne veulent pas se faire piéger.
16:39 Ils se sont déjà fait piéger par les statistiques.
16:42 On l'a vu avec les révisions des chiffres d'inflation l'année dernière,
16:48 les chiffres de saisonnalité de l'inflation qui a été revu au début de l'année dernière.
16:52 Donc là, ils pensaient qu'il y avait une belle désinflation.
16:55 En fait, non, la désinflation n'existait pas, c'était un mirage statistique.
16:59 Et ils ne veulent pas se faire piéger comme l'année dernière,
17:02 parce que l'année dernière, ils avaient dû continuer à remonter les taux de directeur,
17:05 alors que finalement, ce n'était pas forcément leur intention première de continuer d'aller jusqu'à ce niveau-là.
17:11 Et là, il y a de nouvelles révisions qui viennent sur la Paris Statistique américain.
17:15 Il y a plusieurs choses à venir.
17:18 Et donc, avant le FOMC2, dès demain, avec le job report,
17:22 ils vont incorporer les révisions annuelles de l'emploi.
17:26 Donc pour l'instant, on n'a qu'eu une estimation préliminaire qui était de revoir à la baisse le niveau d'emploi de 300 000.
17:33 Mais quels sont les chiffres qui vont sortir demain ?
17:35 Je pense qu'en gros, personne ne le sait.
17:38 Et puis la semaine prochaine, donc vendredi de la semaine d'après,
17:41 on aura les révisions du CPI, les révisions de saisonnalité du CPI.
17:46 La Fed suit l'inflation PCE, PCI,
17:51 mais le PCI prend des inputs du CPI dans son calcul.
17:56 Donc, ils ne veulent pas se faire piéger.
17:59 Ça aurait été un peu bête de leur part d'affirmer qu'ils veulent baisser les taux en mars,
18:07 parce que là, la probabilité serait passée à 100%.
18:09 Et avec potentiellement des révisions de saisonnalité ou des révisions annuelles
18:14 qui les auraient pris complètement à contre-pied.
18:16 Donc, ils sont vraiment dans une sorte de gestion du risque
18:19 où le plus intelligent, c'était de dire que ce n'était pas le scénario central,
18:23 la baisse de taux en mars.
18:25 Le pricing de marché...
18:27 Ils précisent, ça reste à voir.
18:29 De ce que j'ai compris des participants du FOMC ce soir,
18:34 personne n'a en tête une baisse de taux en mars ?
18:36 Ça reste à voir.
18:37 Donc, évidemment, il y a une banque régionale qui a un peu dévissé hier.
18:41 Mais si on regarde le pricing qu'il y avait il y a deux jours,
18:44 ça donnait une probabilité de baisse de taux en mars qui était de 45%.
18:48 Là, au post-FOMC, on est à 35%, à peu près.
18:52 Ça n'a pas vraiment beaucoup changé les choses.
18:55 Et surtout, je retiendrais plutôt le complémentaire,
18:57 c'est-à-dire qu'il n'a pas fermé la porte à une baisse de taux en mars.
19:00 En fait, je pense qu'ils ont en tête le narratif que la désinflation s'est bien déroulée,
19:06 que ça va continuer, que le marché du travail a beaucoup ralenti.
19:09 Il ne veut juste pas s'y arrêter.
19:11 Et au-delà des révisions, on va avoir deux rapports sur l'inflation,
19:14 deux rapports sur l'emploi avant le prochain FOMC, c'est ça, Bastien ?
19:17 Ces chiffres-là pourraient permettre déjà de formaliser une décision potentiellement le 20 mars prochain ?
19:23 - Oui, bien sûr. Après, on verra ce que donnent les révisions de saisonnalité.
19:27 Mais si la saisonnalité ne change pas grand-chose à la trajectoire de Corpissi,
19:32 on est déjà à 2,9, avec, il a bien répété hier, sur six mois, c'est inférieur à 2% en annualisé.
19:39 Là, si on continue sur cette tendance, on va aller taper sans doute les 2,5 sur les prochains chiffres,
19:45 pas prochains, mais dans deux rapports, on aura du 2,5,
19:49 et ils avaient signalé que c'était finalement le niveau qu'ils voulaient atteindre.
19:53 - Un des moments très dovige de la réunion, Véronique, c'est quand ils donnent une clé aussi sur le marché du travail.
20:00 C'est bien un put macro. Un affaiblissement, surprise, du marché du travail,
20:05 nous pousserait sans aucun doute à agir plus vite.
20:08 Il y a un truc un peu asymétrique maintenant pour préserver la croissance et le marché du travail.
20:15 - Oui, et d'ailleurs, juste pour rebondir sur ce qui a été dit à l'instant,
20:20 moi, qu'est-ce que j'ai pris comme "we just need more confidence" ?
20:25 - Oui, more confidence, more.
20:27 - Comme s'ils s'excusaient. On veut juste avoir la confirmation, mais on est content.
20:32 Mais on voudrait bien quand même que tout ça se consolide.
20:35 En fait, je pense que le vrai problème, c'est ce qu'il a fait en décembre.
20:38 Ils ont été complètement dépassés par la réaction des marchés à la communication du mois de décembre de Jérôme Powell.
20:46 - Pourquoi dépasser ? Il y a un journaliste expert du sujet qui lui a fait remarquer que,
20:50 alors les règles de Taylor, on peut les tordre dans tous les sens,
20:53 mais que même en utilisant ces modèles fondamentaux pour les banques centrales,
20:57 ces règles-là peuvent nous dire "ça y est, vous pouvez le faire maintenant".
21:00 - Mais non, moi, ma règle de Taylor, elle dit non.
21:03 - Un économiste, une règle de Taylor, oui.
21:06 - Exactement, j'avais entendu. On m'avait dit qu'il y avait 60 modèles de règles de Taylor à la BCE.
21:12 On n'a pas fini.
21:14 - Dans tous ces modèles-là, il pourrait très bien en trouver un qui leur permettrait de baisser l'été aujourd'hui.
21:19 - A contrario, on peut lui dire non.
21:21 - Pour vous, ils sont encore dans le rétro-pédagoge.
21:23 - Tu vois des signes de ralentissement ? Regarde l'immobilier, tu vois des signes de ralentissement ?
21:30 - Les loyers, il y a une journaliste qui l'a bien interrogé là-dessus.
21:33 On sait bien que c'est un problème de société et on sent bien tous qu'il y en a encore sous le coude
21:40 et que le marché immobilier, pour beaucoup, attend la baisse des taux pour rebondir potentiellement.
21:46 Donc il ne veut pas se laisser prendre.
21:48 Et après, si on ne veut pas passer de règles de Taylor, il y a quand même croissance nominale et taux d'intérêt.
21:54 L'objectif, 2% de croissance, 1,5 à 2.
21:57 Allez, inflation à 2,5.
22:00 Ben voilà, on a des taux qui sont à combien là aujourd'hui ? 4,20 ?
22:04 - Oui, sur 10 ans, il est à -4, -4 depuis hier.
22:08 - On est plutôt inférieur à là où on devrait être.
22:10 Donc pourquoi est-ce que je vais me précipiter à provoquer quelque chose ?
22:16 Alors, pour l'instant, ça tient.
22:18 - Parce qu'il ne faut pas jouer avec sa chance.
22:20 - Moi, personnellement, je rajoute à oui, mais l'emploi, quand on enlève la santé et le secteur public,
22:26 sur une fois dernière, moi, on est à 41 000.
22:28 Et j'attends qu'ils me le disent.
22:30 Et il ne me le dit pas.
22:32 - Non, mais il nous dit qu'un affaiblissement surprise marqué du marché du travail,
22:37 ce serait le déclencheur, sans doute, pour une hausse de taux beaucoup plus rapide.
22:41 - Il veut nous dire qu'une détérioration plus visible que celle que nous camouflent les données
22:47 complètement distordues par les emplois publics et la santé, qui est un phénomène de société,
22:52 me permettrait d'agir plus librement.
22:54 Mais là, je ne peux pas, parce que, voilà.
22:56 J'ai plutôt l'impression que c'est ça.
22:58 - Alexandre, pour essayer de formuler les choses un peu simplement,
23:01 j'ai l'impression que le marché dit quand même à Powell,
23:03 bon, il faut baisser les taux,
23:05 plus vous attendrez, plus vous devrez en faire.
23:08 - Un peu, c'est vrai.
23:11 Moi, je pense que, de toute manière, il doit prendre date.
23:14 Alors, effectivement, peut-être au mois de mars, il a quand même laissé la porte ouverte.
23:18 La seule chose, c'est que le marché dit aussi,
23:20 et c'est un problème pour la Fed,
23:22 mais c'est un problème pour toutes les autres banques centrales.
23:25 Parce que, mais pour tous les pays, l'Europe, la BCE,
23:30 enfin, je veux dire, elle voudrait agir,
23:33 elle doit attendre la Fed, parce que sinon l'euro,
23:35 enfin, il y a des problèmes sur l'euro.
23:37 Si elle est de Viches, si elle baisse ses taux,
23:39 l'euro peut partir, donc ça recrée,
23:41 on sait que par rapport aux matières premières, l'inflation importée.
23:43 Donc, si on avait un euro à parité,
23:45 parce que finalement, si la Fed dit, on ne baisse pas,
23:47 on ne baisse pas, toute chose égale par ailleurs,
23:49 et que la BCE baisse,
23:51 ben là, ça va être catastrophique.
23:53 Je ne sais pas, si la BCE baisse et que c'est croissance positive,
23:55 est-ce que ça ne peut pas être positif pour l'euro,
23:57 in fine, quand même ?
23:59 La Banque du Japon attend aussi, pour avoir plus d'impact,
24:01 de changer, de changer...
24:03 Ça fait 20 ans, hein.
24:05 Non, mais elle attend de changer un peu de politique monétaire,
24:07 mais elle attend aussi que la Fed soit moins accommodante,
24:10 pour qu'il y ait plus d'impact.
24:12 Plus accommodante ? Oui, oui, mais c'est ça, pas moins accommodante, plus accommodante.
24:15 Donc, là, pour l'instant, ce n'est pas coché.
24:17 La Chine attend quand même des taux plus faibles,
24:20 parce que, pourtant, le Wuhan, etc.
24:22 Ça bloque le monde entier.
24:24 Donc, il y a bien un moment où les autres banques centrales
24:27 commencent à dire, ben voilà,
24:29 Jérôme, si tu pouvais, comment ça va ?
24:31 Non, et puis, vous le disiez tout à l'heure,
24:33 mais, Elisabeth Warren,
24:35 c'est parti, dans la sphère politique.
24:37 On a des politiques de premier plan,
24:39 sénatrice démocrate, Warren, bien sûr,
24:41 poids lourd du parti démocrate,
24:43 qui urge, qui demande, instantanément,
24:46 soutenu par d'autres, à Jérôme Powell
24:48 de baisser les taux maintenant.
24:50 Non, mais, je veux dire, comme vous le dites très bien,
24:52 la pression politique commence à s'exercer,
24:54 et on peut imaginer qu'elle va être très, très forte, très vite.
24:56 Alors, quand même, en 2018, alors que
24:58 Powell avait été nommé par Trump,
25:00 et que Trump était quand même, on le connaît,
25:02 et il avait vélipendé Jérôme Powell
25:04 d'arrêter de monter ses taux d'intérêt,
25:06 Powell ne s'était pas démonté,
25:08 et il les avait montés, quand même, de manière régulière et très forte.
25:10 Donc, ce n'est pas ça qui va
25:12 le faire changer
25:14 les planches, le faire changer d'avis.
25:16 Mais c'est vrai qu'il y a un moment, tout le monde a envie
25:18 qu'il prenne Dax et qu'il dise "Ok, tu y vas".
25:20 Pour le reste du monde,
25:22 et je pense que c'est important, et il en a conscience aussi,
25:24 parce que la stabilité financière,
25:26 elle n'est pas qu'américaine, elle est aussi mondiale.
25:28 Les Chinois, même s'il y a une guerre économique,
25:30 ils sont quand même dans une situation catastrophique.
25:32 Donc, il y a un moment,
25:34 de toute manière,
25:36 ce qui arrange les autres, peuvent aussi
25:38 un peu les arranger. - Je me souviens que c'était des arguments
25:40 qu'on trouvait assez facilement dans la période
25:42 de stagnation séculaire, quand il fallait remettre
25:44 du QI, etc. On regardait
25:46 le monde, ça apparaissait dans les
25:48 communiqués de la FED, voilà, il y a des facteurs
25:50 globaux qu'on regarde, à l'extérieur même,
25:52 et notre seule zone
25:54 dollar... Non ! Aujourd'hui, c'est
25:56 moins le cas. - Pourquoi pas maintenant dans les minutes ?
25:58 - Bastien, juste un mot sur la BCE.
26:00 Est-ce qu'il y a quand même, là,
26:02 pour le coup, un degré d'ouverture
26:04 un peu plus important ?
26:06 Dans le sens où
26:08 avant la dernière réunion de la BCE,
26:10 je comprenais que juin était un horizon
26:12 qui commençait à devenir consensuel au sein du
26:14 cœur du Conseil des gouvernants, mais que c'était
26:16 juin au plus tôt.
26:18 Depuis le meeting de la semaine
26:20 dernière, j'ai eu l'impression que c'était
26:22 quand même juin toujours,
26:24 mais au plus tard.
26:26 - Ben oui, vous avez tout de suite résumé
26:28 les choses. - Est-ce que ça progresse, quoi ?
26:31 - C'est exactement ça,
26:33 les choses changent, mais je suis tout à fait d'accord
26:35 avec Alexandre, c'est que
26:37 toute la planète a envie que la FED
26:39 passe devant pour
26:41 pouvoir y aller après. - Pourquoi ?
26:43 La BCE brésilienne, c'est pas un petit pays, Brésil ?
26:45 - Oui, enfin bon...
26:47 - Enfin, quand même, il y en a plein de banques centrales
26:49 qui assument et qui prennent leurs risques et qui y vont !
26:51 - Quand on regarde les pays développés,
26:53 sur 2022-2023, c'est vraiment la FED
26:55 qui a été
26:57 plus vite et plus fort que les autres.
26:59 Le Canada est à peu près pareil,
27:01 avec la même amplitude,
27:03 à peu près la même vitesse,
27:05 mais c'était la FED d'abord.
27:07 Et je pense que dans l'autre sens, ça sera la même chose.
27:09 Ça sera la FED d'abord qui va baisser
27:11 ses taux avant... - Donc il en a conscience
27:13 de ça, Jérôme Poel ? - Oui, oui,
27:15 il a conscience que la responsabilité, elle commence à...
27:17 - Bah oui, c'est pas juste Elisabeth Warren, quoi !
27:19 - Elle commence à grandir
27:21 assez fortement. Mais oui, effectivement,
27:23 sur la BCE,
27:25 il y a souvent une communication
27:27 qui est un peu floue
27:29 pour la BCE, je trouve.
27:31 Et là,
27:33 oui, ils ont centré sur
27:35 sur juin et avec le risque
27:37 que ce soit en avril,
27:39 quoi.
27:41 Alors après, sur la BCE,
27:43 on en parlait un peu
27:45 avant à l'émission, mais
27:47 ce qui se passe sur les salaires,
27:49 je trouve, différencie un peu
27:51 la zone euro
27:53 des États-Unis. Parce que
27:55 cette progression des salaires
27:57 qu'on a en zone euro,
27:59 avec le salaire par tête qui est aux alentours
28:01 de 5% en glisse manuelle,
28:03 ça, on ne l'a pas vu depuis des
28:05 décennies dans la zone euro. Et on n'est
28:07 franchement pas habitué à ça.
28:09 Je pense que la BCE
28:11 n'est pas habituée à ça.
28:13 Et elle pense que ça ne va pas
28:15 disparaître aussi rapidement que ça.
28:17 Ça, ça se voyait bien dans les projections économiques qui avaient été dévoilées
28:19 en décembre.
28:21 C'est pour ça qu'ils prennent plus de temps
28:23 que
28:25 les autres, quoi. Plus de temps que
28:27 la Fed. Après, cette ouverture sur
28:29 avril,
28:31 je trouve un peu bizarre.
28:33 Et notamment quand on regarde le chiffre d'inflation de ce matin.
28:35 Quand on décortique le chiffre d'inflation
28:37 de ce matin, évidemment les biens
28:39 non énergétiques, ça baisse beaucoup
28:41 parce qu'il y a l'échelle d'approvisionnement qui se sont améliorées,
28:43 etc. Mais ce que je trouve
28:45 un peu préoccupant,
28:47 en tout cas à surveiller, c'est l'inflation
28:49 dans les services. Et là, ça fait
28:51 trois mois de suite qu'on a une inflation qui est à 4%
28:53 dans les services et qui ne bouge plus.
28:55 Et là, je pense qu'il y a quand même
28:57 de matière à se poser des questions au niveau
28:59 de la BCE, parce que c'est très lié à ce qui se passe sur le marché.
29:01 - Quoi ? On a encore des problèmes d'offres ? L'offre n'a pas
29:03 rattrapé dans les services ?
29:05 - A vrai dire, je n'arriverais pas
29:07 à répondre à cette question.
29:09 Mais le fait
29:11 qu'on ait cette stagnation
29:13 de l'inflation dans les services
29:15 peut faire se poser des questions à la BCE
29:17 et prendre plus de temps
29:19 quand même que pour la Fed.
29:21 Je pense que voilà.
29:23 - Le problème d'avril, c'est que
29:25 si la Fed
29:27 ne baisse pas le 20 mars,
29:29 ça veut dire que la BCE partira la 1ère
29:31 le 11 avril, puisque la réunion suivante pour la Fed
29:33 c'est le 1er avril. - Entre temps, ils auront signalé qu'il y aura
29:35 une baisse de taux et donc la BCE pourra y aller
29:37 tranquillement. - Il y a beaucoup de gens qui ne pensent pas comme ça,
29:39 mais je suis très...
29:41 Je n'y crois pas du tout que
29:43 la BCE puisse passer avant la Fed.
29:45 Je ne crois absolument pas.
29:47 - Le marché peut y croire pendant
29:49 quelques semaines, et c'est d'ailleurs pour ça
29:51 que le dollar...
29:53 Il y a des forts mouvements sur le dollar, mais effectivement...
29:55 - Après, quand même, à partir d'un certain stade,
29:57 ce n'est pas ce qu'on souhaite.
29:59 Je veux dire,
30:01 s'il y a une divergence
30:03 encore plus forte qui se matérialise sur le plan
30:05 de la conjoncture entre la zone euro
30:07 et les Etats-Unis, s'il y a
30:09 plus de croissance, plus solide pour encore plus
30:11 longtemps aux Etats-Unis et que
30:13 finalement, l'urgence
30:15 est encore moins présente et qu'à l'inverse
30:17 en zone euro, je ne sais pas.
30:19 On est soumis à des facteurs extérieurs
30:21 de manière plus importante qu'aux Etats-Unis.
30:23 Si on a une vraie dégradation
30:25 ou un mouvement un peu endogène,
30:27 récessif qui s'installe, il faudra quand même
30:29 bien faire quelque chose.
30:31 - Oui, il faut rester crédible.
30:33 Quitte à ne pas être crédible,
30:35 autant ne pas être crédible avec la Fed
30:37 plutôt que ne pas être crédible tout seul.
30:39 - C'est d'accord. Quand on se trompe,
30:41 mieux vaut se tromper avec plusieurs.
30:43 Qu'est-ce que ça change pour les marchés ?
30:45 Tout ce qu'on vient de dire là, qui est passionnant,
30:47 évidemment, mais Alexandre,
30:49 de stratégie, de dynamique
30:51 de marché, est-ce qu'il y a un avant après
30:53 les baisses de taux ?
30:55 Parce que, au-delà de la séance d'hier
30:57 où le Nasdaq a perdu 2%,
30:59 les marchés sont
31:01 plutôt verts à moitié pleins,
31:03 largement, aujourd'hui. - Non mais clairement,
31:05 il y a eu un point pivot le 1er novembre.
31:07 On parlait de décembre, mais le 1er novembre, ça a été le point pivot.
31:09 Changement de politique monétaire, on ne sait pas
31:11 quand ça se passera, mais en tout cas, ça se passe et on est
31:13 dans un autre monde pendant les quelques mois.
31:15 Donc c'est plutôt bon pour les actions.
31:17 Le fait qu'on ne soit plus
31:19 dans un processus, clairement,
31:21 s'il y a une certitude pour l'instant, c'est qu'on n'est pas dans un
31:23 processus de durcissement.
31:25 Donc ça, c'est plutôt bon pour les actifs.
31:27 Avoir une inflation à 2, 5 ou 3%
31:29 pour les actions, les entreprises,
31:31 ce n'est pas si mal que ça. Ça permet de répercuter,
31:33 les salaires montent, mais ça permet aussi...
31:35 C'est un peu
31:37 le phénomène boucle d'or, Godiloc,
31:39 pour les marchés à actions. Et ce qui s'est
31:41 passé hier, il y a eu en plus,
31:43 il faut comprendre qu'il y a eu Powell,
31:45 il y a eu en plus des résultats, des cettes magnifiques
31:47 qui ont amplifié, parce qu'avant, quand même,
31:49 le Nasdaq baissait d'un 60, on a rebaissé
31:51 d'un de plus, mais il y a eu un phénomène...
31:53 - Il y a eu la banque, la banque
31:55 new-yorkaise, etc. - Et en plus,
31:57 quitte à insister, on est en train de dire que la seule chose
31:59 que veut Powell, c'est d'éviter une deuxième vague
32:01 d'inflation. Donc c'est plutôt pas mal.
32:03 C'est plutôt pas mal. Et donc,
32:05 je pense que tant qu'elle est crédible, c'est
32:07 plutôt une bonne nouvelle pour les marchés.
32:09 Et nous, on est plutôt à surpondérer
32:11 depuis 3-4 mois sur les marchés.
32:13 - Et comment, enfin, je veux dire,
32:15 comment on s'expose au marché action
32:17 aujourd'hui, vous l'avez dit, il y a
32:19 alors le groupe leader
32:21 "Cette Magnifique", c'est un peu le moment de vérité
32:23 là, avec la perte de résultats, on voit
32:25 que, bon, ça peut déclencher quelques prises
32:27 de profits, ça peut amener quelques
32:29 déceptions ici et là, on aura
32:31 d'autres GAFAM qui publieront ce soir,
32:33 et puis il y a tout le reste du marché.
32:35 Est-ce qu'on a envie, quand même, de jouer un peu l'idée
32:37 d'une diversification
32:39 qui se mettrait à payer à un moment, quand même,
32:41 Alexandre ? - Tout le monde a un peu envie, après,
32:43 depuis quelques mois, et que, à la fois
32:45 le picking, la diversification ne fonctionne pas
32:47 parce qu'elle continue. Alors, on le voit
32:49 de plus en plus, on a vu beaucoup de plus sur les
32:51 trackers, des trackers ex-Magnifiques
32:53 ou des trackers
32:55 aiguilles pondérées, il y a un futur qui est en train
32:57 de sortir, je crois, sur
32:59 le S&P et quoi là. - Aiguilles pondérées ?
33:01 D'accord. - Aiguilles pondérées. - Et ça paye ça ou pas ?
33:03 - Ça commence,
33:05 mais tout le monde a envie, parce qu'effectivement,
33:07 quand vous avez 30% de la
33:09 cote sur 10 valeurs,
33:11 c'est compliqué, et d'ailleurs,
33:13 le marché américain,
33:15 c'est l'essai magnifique, c'est plus l'économie
33:17 américaine en tant que telle, donc c'est même compliqué
33:19 d'analyser. On a eu à peu près
33:21 cet attrait avec le luxe pendant un petit
33:23 moment en Europe.
33:25 Mais donc, de toute manière,
33:27 il faut en continuer à
33:29 en avoir. Les sous-pondérées, nous, on est
33:31 vraiment en train de se poser la question et
33:33 essayer d'aller sur des acteurs... - Même avec la perspective
33:35 de baisse de taux, qui pourrait justifier encore
33:37 du rewriting pour ces valeurs-là ?
33:39 Vous dites que cette mécanique-là, il ne faut pas jouer trop longtemps
33:41 avec ? - Non, il ne faut pas jouer trop longtemps
33:43 avec. Après, on peut avoir des taux réels qui rebaissent
33:45 aussi, sur les valeurs un peu
33:47 plus cycliques... - Ça peut être positif aussi,
33:49 oui. - Et nous, paradoxalement,
33:51 sur l'Europe, on pense que la recovery,
33:53 elle est en train de se mettre en place,
33:55 et qu'on est plutôt à privilégier, paradoxalement,
33:57 l'Europe depuis
33:59 deux mois que les Etats-Unis.
34:01 - Le marché est trop pessimiste sur l'Europe ? - Je pense que
34:03 le marché est trop pessimiste, et surtout, on commence
34:05 à avoir quand même
34:07 des signes d'un retour
34:09 à la croissance. On a vu
34:11 la distribution de crédits,
34:13 qui ne sont pas encore pris pour nous par le marché,
34:15 avec quand même l'Europe... En tout cas,
34:17 plus personne n'en voulait, il y a eu des outflows
34:19 incroyables dessus, de la part des investisseurs
34:21 locaux, d'ailleurs, et on pourrait avoir
34:23 un attrait supplémentaire d'ici la fin
34:25 de l'année. - Bon. Il n'y a rien de très
34:27 réjouissant ni inspirant sur les données
34:29 d'activités en zone euro depuis, bon,
34:31 peut-être un an, maintenant ?
34:33 - Bien plus qu'un an, Christian.
34:35 Qu'est-ce à quoi on peut se raccrocher
34:37 pour 2024 ? Pour se
34:39 dire qu'il y a peut-être quand même
34:41 aussi des moteurs positifs
34:43 qui peuvent au moins
34:45 conjoncturellement jouer ? - Sur les actions, en général ?
34:47 - Non, sur l'économie, là. Je parlais de la zone
34:49 euro-économie, mais on parle du... Oui,
34:51 du marché et de la macro. - J'allais dire...
34:53 - Mais sur les actions, dites-nous !
34:55 - Oui, oui. - Et est-ce que ça justifie
34:57 d'être constructif et plus
34:59 positif sur les actions européennes ? - Sur les actions, ben,
35:01 depuis le 1er novembre, parce que c'est vraiment là
35:03 qu'il y a eu un grand tournant
35:05 sur les actions, les actions ont pris
35:07 20%. Et ça correspond
35:09 au fait que les marchés ont
35:11 anticipé bien plus de baisse de taux
35:13 de la Fed. On arrive quand même à un moment
35:15 où le marché
35:17 price quand même un certain nombre de
35:19 baisse de taux. Donc, pour avoir
35:21 des marchés actions
35:23 qui progressent parce qu'on va anticiper un peu plus
35:25 de baisse de taux, il faudrait quand même
35:27 qu'il se passe un petit quelque chose.
35:29 Oui, on est positif globalement sur les actions
35:31 mais modérément
35:33 optimiste sur les actions.
35:35 Et ce qui est intéressant sur
35:37 les Magnifiques, sur les 7 Magnifiques,
35:39 c'est qu'elles ont vraiment évolué
35:41 en tandem durant
35:43 les 2 dernières années
35:45 ou une année et demie.
35:47 Et là, depuis un mois, ça y est,
35:49 il y a un grand écart.
35:51 C'est assez spectaculaire.
35:53 Avec Nvidia qui
35:55 hier, c'était +25%.
35:57 Tesla, c'est -25%.
35:59 Apple, c'est -5%.
36:01 Donc là, on voit que ça y est, il commence à y avoir de la discrétion.
36:03 - Du phénomène de concentration. Microsoft +
36:05 Nvidia depuis le 1er janvier
36:07 et depuis le début de l'année, c'est
36:09 75% de la performance du S&P.
36:11 C'est 2 valeurs maintenant qui ont fait, sur un mois
36:13 en tout cas, 75% de la perte du S&P.
36:15 - Et on voit que même au sein même
36:17 de ces 7 là, il commence à y avoir
36:19 un peu de la discrimination en termes de
36:21 l'investissement sur tout ce qui concerne
36:23 l'intelligence artificielle. Et là,
36:25 on voit bien que Nvidia,
36:27 Microsoft en sortent mieux
36:29 parce qu'il y a plus d'exposition,
36:31 d'investissement, d'efforts qui sont faits.
36:33 - Le CapEx, bien sûr. - Là-dessus.
36:35 Alors que c'est moins le cas, sans doute, pour
36:37 les autres valeurs dans les 7 magnifiques.
36:39 Et là, ça c'est l'un des thèmes qui
36:41 continuent à être très importants. En tout cas,
36:43 chez CPR, on croit beaucoup au thème d'intelligence artificielle.
36:45 On le met beaucoup en avant. - Comment il se diffuse ?
36:47 Au-delà de Nvidia, justement.
36:49 Comment on peut le jouer pour
36:51 garder du Nvidia
36:53 mais pas être exposé qu'à Nvidia ?
36:55 - Je ne t'arriverai pas à vous donner des noms spécifiques.
36:57 - Non, non, pas de noms spécifiques.
36:59 - Je sais que dans les... - Macroéconomiquement même
37:01 ou sectoriellement, comment ça se diffuse
37:03 partant de la superpuissance
37:05 Nvidia et de la position
37:07 pour l'instant ultra-dominante ?
37:09 - Ça se diffuse, ça va mettre beaucoup de temps
37:11 à se diffuser. Mais on voit déjà
37:13 que dans l'industrie, il y a
37:15 certains sous-secteurs dans lesquels
37:17 on commence à l'utiliser de façon
37:19 importante et ça amène à des
37:21 gains de productivité qui sont significatifs.
37:23 Ça c'est quelque chose qui va continuer
37:25 et en gros, on va
37:27 essayer de voir qui sont les gagnants et les perdants
37:29 de cette diffusion de l'intelligence artificielle.
37:31 - Alexandre ? - Non mais il n'y a qu'à voir
37:33 sans citer de valeur, enfin on se conseille
37:35 de valeur, mais les résultats de Publicis,
37:37 l'intelligence artificielle était au
37:39 coeur de la...
37:41 - De la communication de l'internet ? On est d'accord.
37:43 - IDM, pareil. Enfin, ça concerne...
37:45 Il y aura des gagnants et des perdants mais
37:47 dans toutes les industries, l'intelligence artificielle
37:49 va créer des gains de productivité,
37:51 des relais de croissance énormes.
37:53 - On le voit déjà sans le voir ou pas, Véronique ?
37:55 - Non.
37:57 - Non, bah...
37:59 Non, on le voit pas.
38:01 On le voit pas encore au niveau macroéconomique,
38:03 on a bien le sentiment.
38:05 - Mais c'est solo 2.0, ça veut dire que ça existe
38:07 et qu'on le voit pas ou...
38:09 - Ça veut dire
38:11 que ça change un certain nombre
38:13 de choses mais que c'est, pour l'instant,
38:15 c'est pas au point de
38:17 porter sur la dynamique macroéconomique
38:19 et donc, effectivement,
38:21 au niveau microéconomique,
38:23 on constate, les entreprises
38:25 peuvent montrer ce qu'apportent
38:27 ces nouvelles technologies
38:29 et c'est de la rentabilité,
38:31 de la productivité mais
38:33 au niveau macroéconomique, pour l'instant,
38:35 on le voit pas et c'est...
38:37 C'est la grande question.
38:39 Nous, on est en train d'essayer, justement, d'approfondir
38:41 les analyses, la compréhension
38:43 de différents secteurs. Je suis en train de faire une formation
38:45 approfondie sur l'IA
38:47 parce qu'il y a pas mieux que de bien
38:49 connaître les produits et puis d'ailleurs,
38:51 ça pourrait peut-être nous servir. Bon, ça bute assez rapidement
38:53 quand même, hein, bon, mais...
38:55 Ce qui est très bien du reste, hein, si...
38:57 Donc, pour la préservation des métiers
38:59 d'économiste. Mais, voilà,
39:01 pour bien comprendre la profondeur
39:03 et l'enjeu
39:05 plus général
39:07 et je pense que
39:09 j'ai un peu le sentiment que 2024
39:11 va être l'année...
39:13 Enfin, après ce qu'on a payé,
39:15 enfin, ce que les marchés ont payé, hein, comme espoir,
39:17 où on va commencer à avoir
39:19 des retours.
39:21 Des retours...
39:23 Et puis, on commence à y réentendre,
39:25 je sais plus dans quel domaine, ah ben, oui, bah là,
39:27 on va pas pouvoir vraiment développer grand-chose
39:29 dans notre domaine à partir de l'IA.
39:31 Ou dans
39:33 d'autres secteurs, voilà, je pense
39:35 notamment à la médecine où c'est quand même un truc
39:37 absolument... Je pense s'il y a un secteur
39:39 qui est particulièrement exposé... - Santé.
39:41 - ...où ça peut bouleverser complètement.
39:43 Et c'est la santé, notamment parce que
39:45 c'est un outil. C'est un outil.
39:47 C'est juste un outil supplémentaire qui permet
39:49 d'améliorer la performance dans des proportions
39:51 juste et imaginables.
39:53 Donc, ça peut aller très vite.
39:55 Et c'est beaucoup plus facile dans les domaines, me semble-t-il,
39:57 où l'IA devient un outil
39:59 qui améliore la performance que quand c'est un outil
40:01 qui vient changer
40:03 le mode de production
40:05 et remettre à plat les structures
40:07 ou les... Et c'est ça,
40:09 je pense qu'il va falloir bien
40:11 suivre. Et j'ai l'impression qu'on va avoir
40:13 assez rapidement, en 2024, quelques pistes
40:15 déjà. Mais pour l'instant, on ne le voit pas.
40:17 Même les bons chiffres de productivité aux Etats-Unis,
40:19 je pense qu'ils sont bien davantage liés
40:21 aux dépenses publiques de Biden
40:23 qu'à quelconque effet IA, pour l'instant.
40:25 - Merci à vous trois. Merci d'avoir été
40:27 les invités de Planète Marché ce soir. Véronique Richelores,
40:29 présidente de RF Research. Alexandre Ezel,
40:31 stratégiste chez Banque Richelieu,
40:33 j'ai bien retenu.
40:35 Bastien André, responsable de la stratégie et de la recherche économique
40:37 de CPA, Asset Management.
40:39 Avec ce livre, je le rappelle,
40:41 "L'inflation, c'est quoi ? Pourquoi les prix montent ?"
40:43 paru aux éditions de Bocs Supérieures.

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