• avant-hier
Samedi 19 octobre 2024, SMART INDUSTRIES reçoit Caroline Granier (Cheffe de projet, La Fabrique de l’industrie) , François Marciano (Directeur général, Duralex) et François Bonneau (Président, Région Centre-Val de Loire)

Category

🗞
News
Transcription
00:00Ce programme vous est présenté par la Fabrique de l'Industrie, laboratoire d'idées.
00:16Bonjour à toutes et à tous, je suis ravie de vous retrouver aujourd'hui à Orléans,
00:20en région Centre-Val-de-Loire, pour cette nouvelle étape de Smart Industries,
00:25une émission organisée par BeSmart for Change.
00:28Nous sommes ici au cœur de l'industrie, au cœur d'une entreprise emblématique de la région.
00:33Nous sommes au siège de Duralex, ces producteurs de verres de table que tout le monde a déjà tenu dans sa main.
00:39Le Centre-Val-de-Loire, situé à une petite heure de Paris, dispose de nombreux atouts
00:45pour redonner une dynamique industrielle à son territoire.
00:48Et c'est avec mes trois invités que nous allons comprendre comment les acteurs de la région
00:52se mobilisent pour assurer ce rebond industriel.
00:55C'est parti, c'est Smart Industries !
00:59Et je suis en compagnie de Caroline Granier, qui est chef de projet à la Fabrique de l'Industrie
01:04et aussi coordonnatrice des activités de l'Observatoire de Territoire d'Industrie.
01:09Bonjour, merci d'être avec nous.
01:11François Bonneau, vous êtes président de la région Centre-Val-de-Loire.
01:15Merci beaucoup.
01:16Et François Marciano qui nous reçoit ici, vous êtes directeur général de Duralex.
01:21Bonjour.
01:22Alors Caroline Granier, on va commencer avec vous.
01:25On a 28 minutes pour parler de l'industrie, de l'implication des acteurs locaux de la région
01:33pour assurer ce rebond industriel.
01:35Mais tout d'abord, à l'échelle nationale, est-ce que vous pouvez nous dire
01:38où en est la France, quelques éléments sur où en est la France dans sa course à la réindustrialisation ?
01:44Oui, bonjour.
01:45Si l'on appréhende la réindustrialisation à partir de l'emploi industriel,
01:50on observe une certaine stabilisation de l'emploi industriel, on va dire depuis 2012.
01:56Auparavant, on a connu quand même 30 décennies de baisse progressive de l'emploi industriel.
02:03En termes de part, dans le PIB français, l'industrie a aussi une part qui est stable, autour de 10%.
02:12Et après la crise sanitaire, on a observé également des soldes positifs,
02:18des soldes entre la création et la destruction d'emplois positifs
02:24et puis des ouvertures de sites plus grandes que celles des fermetures de sites.
02:29Mais attention, vous parlez de course à la réindustrialisation,
02:32on n'est pas dans une course de vitesse, on est plutôt dans un marathon.
02:36Donc il ne faut pas s'essouffler dès les 5 premiers kilomètres
02:41et il faut garder une vitesse constante.
02:45Vous êtes aussi coordonnatrice des activités de l'Observatoire des Territoires d'Industrie,
02:50donc vous avez une vision assez large des dynamiques industrielles de chaque territoire.
02:56Est-ce que vous pouvez nous dire si toutes les régions sont en marche vers cette réindustrialisation ?
03:02Avec l'Observatoire des Territoires d'Industrie, il y a un partenariat entre la Fabrique de l'Industrie,
03:08la Banque des Territoires, l'Institut pour la Recherche de la Caisse des Dépôts,
03:12l'Agence Nationale de la Cohésion des Territoires, Intercommunalités de France et Régions de France.
03:17On fait depuis 5 ans un tour de France des territoires industriels,
03:22donc on a l'occasion de voir un peu l'état de santé de l'industrie.
03:26Il faut savoir déjà que l'industrie par nature est présente sur l'ensemble du territoire français.
03:32Vous regardez les 183 territoires labellisés Territoires d'Industrie,
03:36vous voyez qu'il y a un maillage du territoire.
03:39Dans les villes les plus rurales, l'emploi industriel peut représenter 30%.
03:43Attention à ne pas exclure non plus les milieux urbains.
03:46Dans certains milieux urbains, la part de l'emploi industriel peut être très faible.
03:50Mais typiquement, Grand-Orly-Seine-Bièvre, au sud de la région parisienne,
03:54il y a 17 000 emplois industriels.
03:56Donc on est vraiment sur un secteur d'activité qui concerne la France entière.
04:00Mais bien sûr, on observe une hétérogénéité des trajectoires
04:04et avec une géographie qui semble un peu se renouveler
04:07parce que historiquement, l'industrie florissante de la France
04:12se situait principalement dans le nord et dans l'est de la France.
04:15Et on observe, sur les chiffres notamment de l'évolution de l'emploi industriel,
04:19un déplacement de l'emploi industriel vers notamment l'ouest de la France
04:25et donc en partie aussi au centre Val-de-Loire.
04:29Donc encore une fois, on a de l'industrie un peu partout
04:33avec des territoires qui ont de meilleures performances que d'autres.
04:37Donc par exemple, les territoires qui sont aujourd'hui les plus dynamiques.
04:43Oui, c'est ça. Ce serait l'ouest de la France qui serait le plus dynamique ?
04:47Oui, en termes d'emplois industriels, les territoires en Bretagne,
04:51Pays-de-la-Loire, typiquement vitrées.
04:54Les herbiers sont très dynamiques, Ancenis-Château-Briand.
04:57Après, on retrouve aussi des territoires dynamiques,
05:00dans l'est de la France, dans des régions historiquement industrielles,
05:03comme anciennement Rhône-Alpes.
05:07Je vais laisser François Bonneau faire un plus grand focus
05:10sur la région centre Val-de-Loire.
05:12Est-ce que vous pouvez d'abord nous donner
05:14le contexte historique industriel de la région ?
05:18Bien sûr et avec plaisir, parce que centre Val-de-Loire,
05:21c'est une grande région industrielle.
05:23C'est une région dans laquelle la part du PIB produite par l'industrie
05:28est de plus du tiers supérieur à la moyenne nationale.
05:31C'est une région dans laquelle les emplois industriels
05:34sont eux aussi plus du tiers supérieur à la moyenne nationale.
05:37C'est une région d'industrie, c'est une région industrielle.
05:40Historiquement, vous avez raison et nous sommes ici à Duralex.
05:43On aura l'occasion de l'illustrer et de le dire.
05:46Mais ce qui compte, c'est aujourd'hui et demain.
05:48Et c'est une région industrielle pour aujourd'hui et demain.
05:51Je vous en donnerai rapidement quelques exemples.
05:53Centre Val-de-Loire, avec Pôle Pharma,
05:56c'est plus de 53% de la fabrication des médicaments à l'échelle nationale.
06:01Plus de la moitié des médicaments fabriqués dans notre région,
06:04avec Sanofi, avec Novo Nordisk, avec Servier.
06:07Vraiment une région très marquée là-dessus.
06:10Mais c'est aussi, il y a un lien, c'est aussi la région de la cosmétique.
06:14Une part importante de la cosmétique est produite ici.
06:16Ici, c'est Dior, ici, c'est Guerlain, ici, c'est Shiseido.
06:20C'est avec toutes les entreprises sous-traitantes qui sont mobilisées là-dessus.
06:25Cette région, c'est aussi, mais c'est peu connu,
06:28une région qui donne à l'industrie de la fabrication mécanique une place importante.
06:32Centre Val-de-Loire, c'est la quatrième région française
06:35pour la sous-traitance dans le domaine de l'aéronautique.
06:38Mais c'est aussi une région qui est engagée sur tout ce qui est l'automobile,
06:43même si aujourd'hui, l'automobile est confrontée à une conversion importante,
06:46celle du moteur.
06:48C'est une région dans ce secteur qui est très,
06:51très mobilisée sur les secteurs de l'armement,
06:55l'armement avec en particulier le Cher et Bourges.
06:58C'est l'épicentre de l'industrie française avec Thalès, avec MBDA, etc.
07:02Donc, une région d'industrie.
07:04Et je disais une région d'industrie pour demain parce qu'il faut y ajouter.
07:08Vous y avez fait allusion. Il faut y ajouter l'agroalimentaire,
07:11l'agroalimentaire qui, historiquement, dans notre région,
07:14était moins développé qu'en pays de la Loire, moins développé qu'en Bretagne,
07:17est aujourd'hui en train de se développer très fortement.
07:20Il faudrait citer bien évidemment Monin.
07:23Il faudrait citer la laiterie de Saint-Denis de l'Hôtel.
07:26Mais ce qui compte aujourd'hui, c'est la manière dont ces entreprises
07:28sont en train de viser demain. Viser demain, c'est quoi?
07:31Ce sont, par exemple, les extracteurs de protéines végétales.
07:34Hier, en Beauce, qui est une terre nourricière, c'est réalière.
07:37On avait essentiellement colza, blé, etc.
07:42On avait très peu de plantes à valeur protéinique.
07:45Aujourd'hui, on a des industries qui font de l'extraction de protéines végétales.
07:49C'est intact, c'est la laiterie de Saint-Denis de l'Hôtel
07:52et qui développe très, très, très fortement,
07:54qui pousse à la production de plantes protéiniques.
07:56Donc, on est en train de conquérir des places importantes en matière
08:01d'agroalimentaire, de transition agroalimentaire.
08:05Il faudrait citer également Apivor,
08:09qui est une production très, très appréciée aujourd'hui
08:12de tout ce qui est le substitut à la viande dans l'apport des protéines végétales.
08:16On va revenir après sur cette industrie de demain.
08:20Donc, ça, c'est ces industries agroalimentaires, cosmétiques, pharmaceutiques.
08:23Ça, c'est les nouvelles industries à la région par rapport à l'histoire industrielle.
08:27C'est une première question.
08:29Et comment s'est fait ce shift, si c'est le cas?
08:32L'histoire industrielle dans cette région, c'était par exemple l'histoire du caoutchouc.
08:37Nous avions une implantation de caoutchouc extrêmement importante.
08:40C'était l'histoire de la faïence.
08:42On n'a pas loin d'ici, sur les bords de la Loire à Gien,
08:46la faïencerie de Gien qui a employé plus de 1000 salariés.
08:49C'était des industries. C'était la porcelaine dans le sud de notre région.
08:52On a encore quelques entreprises de ce secteur là.
08:57Mais la mutation s'est faite. La mutation s'est faite avec beaucoup d'innovations.
09:01C'est ça. Avec un réseau. On a la chance d'être une région à taille humaine,
09:04une région à taille humaine dans laquelle les acteurs, les acteurs de la recherche,
09:08de l'innovation, du financement, de l'industrie se connaissent, se reconnaissent,
09:12se serrent la main, se rencontrent. Et donc, à partir de ça,
09:15nous avons véritablement inscrit tout cela dans un nouvel élan.
09:19Ce qui est important de dire, c'est la place de ces approches par grand domaine.
09:26Vous voyez, je suis très sensible à ça. Je crois qu'aujourd'hui, une entreprise toute seule,
09:29ce n'est pas relié à son environnement.
09:32Le maillage territorial, mais avec des grappes d'entreprises correspondant.
09:35On a parlé de la fabrication mécanique, on a parlé de la cosmétique, etc.
09:39Ces familles sont très importantes parce que ce sont elles qui permettent d'avoir
09:43des instituts de formation spécialisée, d'envoyer vers la recherche,
09:47vers nos grands laboratoires de recherche, un certain nombre de commandes.
09:50C'est très, très, très important que nous ayons une polarisation autour de grands secteurs.
09:56Parce qu'il y a les grandes entreprises, mais il y a, il ne faut pas les oublier,
09:59la sous-traitance et la sous-traitance qui est très importante.
10:02Elle est très pour tous emplois.
10:04Et justement, monsieur Marciano, vous êtes directeur général de Duralex.
10:08Comment est-ce que vous vous inscrivez dans ce maillage territorial?
10:11Est-ce que vous le ressentez très fortement?
10:14Alors, on va être très, très clair dans ce maillage et surtout pour le public.
10:21Sans le soutien de la région, Duralex n'existerait plus aujourd'hui.
10:29Le démarrage a été d'aller voir le président, avec le président de la métropole,
10:36et de leur dire voilà ce qui se passe.
10:38Voilà le projet.
10:40Et de convaincre des hommes qu'un projet industriel est sauvable
10:46et peut être pérennisé dans le temps, c'est le soutien de la région,
10:52c'est le soutien de la métropole.
10:54On va revenir après sur toute l'histoire du sauvetage par les salariés de l'entreprise.
11:00Duralex est une entreprise qui a presque 80 ans.
11:05C'est quand même une entreprise intégrée dans son territoire,
11:09même s'il y a cette histoire récente qui change énormément de choses.
11:13C'est quand même une entreprise qui s'inscrit dans le maillage territorial.
11:17Déjà, on a plus de 300 fournisseurs qui sont juste dans la région.
11:22On fait travailler 300 fournisseurs.
11:24On a 380 fournisseurs dont 300 font partie de la région.
11:29On fait travailler un peu de monde autour de nous.
11:33Vous avez en plus les 250 salariés de Duralex.
11:37Et effectivement, on essaie de participer, depuis qu'on a repris en scope,
11:42aux animations et aux actions qui sont faites ici autour de la région.
11:47On reviendra dans une deuxième émission sur cet aspect beaucoup plus récent de l'entreprise.
11:52Mais jusqu'à présent, quelles étaient les forces du territoire
11:56qui vous ont permis toujours du Duralex de se développer ?
12:00Alors, c'est une question piège.
12:04Je crois que ce sont les femmes et les hommes qui vivent sur le territoire.
12:09Vous savez, quand on a cette histoire de l'industrie,
12:12qui est vraiment un élément de notre territoire,
12:16on a une culture de l'industrie dans les familles.
12:19On a un plaisir de l'industrie dans notre famille.
12:22Quand Duralex est en situation de fragilité, il y a véritablement une mobilisation.
12:29Et donc, je crois qu'aujourd'hui, le principal élément pour tous les secteurs dont on a cité,
12:34dont on a parlé, c'est la compétence humaine, c'est la qualification.
12:37C'est le désir de porter à tous les niveaux, au niveau de l'opérateur, du technicien, de l'ingénieur,
12:42à tous les niveaux, de porter les compétences qui sont nécessaires pour l'industrie d'aujourd'hui et de demain.
12:47La compétence, elle est vraiment déterminante pour le devenir de nos industries.
12:51En termes de compétence, vous avez justement tout ce qu'il vous faut.
12:55Est-ce qu'il y a tout un mariage territorial qui permet de développer ça ?
12:57Alors, c'est la suite qu'on est en train de donner avec la région et la métropole,
13:03c'est-à-dire former nos équipes pour aller monter en compétence et adapter l'outil au marché.
13:09L'outil qui aujourd'hui est un vieil outil, qui date, vous l'avez dit, l'année prochaine, ça aura 80 ans.
13:16C'est un outil qui a été conçu pour le flux poussé.
13:20On est maintenant en flux tiré.
13:22Il va falloir vraiment adapter cet outil au nouveau marché.
13:27Justement, Caroline Grenier, on parle de compétence, etc.
13:31Qu'est-ce qui fait que, de votre regard peut-être plus théorique et vos visions des différents territoires,
13:38qu'est-ce qui permet aux régions d'assurer ce rebond ?
13:42C'est la compétence en premier ou est-ce qu'il y a d'autres ingrédients ?
13:45Il y a plein d'ingrédients, mais vous les avez à peu près tous cités.
13:49Ce qu'on remarque, c'est que chaque territoire a sa recette pour pousser la dynamique industrielle.
13:55Bien sûr, il y a la compétence humaine.
13:58Il y a aussi la disponibilité du foncier, l'adéquation du foncier aux besoins des industriels.
14:03Vous avez cité la mise en réseau extrêmement importante,
14:05que ce soit un réseau interentreprise ou alors ça peut très bien être des coopérations
14:11entre une intercommunalité, une région, un industriel.
14:15Vous avez tous les facteurs, bien sûr, qui touchent à l'innovation.
14:18La question des infrastructures électriques, eau, qui viennent aussi jouer un rôle.
14:24Toutes les questions énergétiques, d'autant plus importantes aujourd'hui avec la hausse des prix.
14:32Il s'agit pour chaque territoire de trouver la bonne recette en fonction des ressources dont elle dispose sur son territoire.
14:40C'est facile de dire ça.
14:42Vous avez dit que l'important, c'est la compétence humaine.
14:45Il y a un ingrédient qui est vraiment clé.
14:47Vous pouvez avoir ces différentes ressources disponibles,
14:50mais il faut qu'à un moment donné, les acteurs le veuillent et les activent.
14:54Plus que l'humain, il faut qu'il y ait cette volonté de se mobiliser et de se fédérer autour d'un projet industriel.
15:02Vous avez insisté sur le réseau.
15:04Je me permets d'y revenir.
15:06Je crois que si on est attractif dans cette région,
15:08puisque souvent les régions industrielles sont moins bien situées au niveau de l'emploi.
15:12Centre-Val-de-Loire, on est régulièrement à 0,5, 0,6 points en dessous de la moyenne du chômage national,
15:18bien que région industrielle.
15:20Il y a un élément déterminant, c'est le réseau.
15:24Fédérer les acteurs.
15:26Il y a 7 ans maintenant, j'ai créé une agence de développement
15:31qui regroupe la totalité des intervenants sur le domaine de l'économie,
15:35que ce soit les intervenants des chambres consulaires,
15:38que ce soit les intervenants des intercommunalités, métropoles, agglomérations,
15:43que ce soit les intervenants de la région.
15:45Ils sont dans DevUp.
15:47C'est notre agence de développement.
15:48Si bien qu'il n'y a qu'une personne à frapper à la porte de l'entreprise
15:52et elle prend, elle fait son affaire des enjeux de développement financier,
15:57des enjeux de développement technologique, des enjeux de compétence,
16:01des enjeux du marché à l'international en allant chercher tout autour la compétence qui va servir.
16:07Il n'y a qu'un interlocuteur.
16:08Ils bossent ensemble et pour une entreprise, c'est fondamental
16:11parce qu'ils ont besoin d'une structure réactive et notre agence de développement économique,
16:16parce qu'elle appartient à tout le monde.
16:17Ici, notre agence est hyper réactive.
16:19Ils ont besoin de capacité de mobilisation transversale.
16:25On n'a jamais que de l'international, que de la performance énergétique,
16:29que des besoins financiers, que des besoins de compétence.
16:32On a souvent besoin d'associer ces éléments là et cette agence de développement économique
16:36dans laquelle tout le monde se reconnaît, y compris l'État,
16:39qui siège à l'agence de développement économique.
16:41C'est un outil unique, extrêmement rapide, très apprécié des entreprises
16:44qui veulent soit se développer, soit arriver.
16:47Ce serait un des leviers forts de réindustrialisation de la région.
16:50Est-ce qu'il y a d'autres leviers ?
16:52Oui, il y a d'autres leviers.
16:55Il faut faire de cette industrie une priorité.
17:00Moi, je crois à la réindustrialisation.
17:02Je pense que c'était totalement délirant quand il y a 30 ans, 20 ans,
17:06sur les grandes émissions du soir à la télé,
17:08on parlait d'une organisation de l'industrie qui allait se faire production en Asie
17:12et puis nous, on ferait le tourisme et puis les marchés financiers.
17:14Une hérésie totale.
17:16D'abord, on est en train de s'apercevoir avec les médicaments que ça ne fonctionne pas,
17:19qu'il n'y a plus d'antibiotiques dans nos pharmacies,
17:22qu'il n'y avait pas de masques quand on a eu la crise Covid.
17:24Donc, ça n'est pas, ça n'est pas possible.
17:26En plus, c'est se mettre, c'est perdre de la souveraineté à un niveau terrible.
17:29Donc, il y a la conviction que l'industrie est un élément d'avenir.
17:34Le deuxième élément, c'est qu'il faut présenter nos formations
17:38comme des formations qui sont des formations très, très, très, très performantes,
17:42des formations du futur.
17:44Aujourd'hui, on a une numérisation à un rythme extraordinaire
17:48de la conduite des chaînes automatisées,
17:50de la conduite des machines de production,
17:53de tout ce qui est de l'ordre du stockage et de la logistique.
17:56Donc, ce numérique qui est complètement articulé
17:59avec l'acte de production et de distribution,
18:02il intéresse les jeunes générations.
18:04Il faut mettre ça en avant.
18:05Ce n'est pas leur vente du rêve,
18:06c'est leur vente de la réalité d'aujourd'hui et de demain.
18:08Donc, il faut vraiment avoir cette présentation
18:10et rendre attractive nos formations.
18:12Et M. Marseilleux, c'est des enjeux que vous faites face.
18:15Comment vous intégrez tout ça dans votre cas concret Duralex ?
18:20Alors, toujours avec l'aide de la région et de la métropole,
18:25on est en train de regarder pour remettre du photovoltaïque,
18:30de récupérer la gestion de l'eau de l'entreprise
18:34et de rendre plus vertueuse cette entreprise.
18:36Donc, il y a l'aspect vertueux.
18:40Vous avez l'aspect économique,
18:43donc la souplesse de l'outil à amener
18:46et à rendre beaucoup plus flexible pour nos clients.
18:51Et vous avez le troisième volet, c'est la formation des équipes
18:56où là, on a un réel problème, nous, industriel,
18:59où on n'a plus en face de nous des jeunes
19:03qui sont formés pour rentrer chez nous.
19:06Et alors que quand ils rentrent chez nous, ils adorent.
19:09Vous avez une industrie comme Duralex
19:11où vous avez de la technologie de 1980, de 90, de 2000, de 2020.
19:17Donc, ils découvrent toutes ces technologies
19:20et donc ils sont passionnés quand ils viennent chez nous.
19:22Le problème, c'est d'aller les capter
19:24et l'école ne nous les fournit plus.
19:26Comment vous faites pour développer la formation ?
19:29Est-ce que vous, vous allez voir des acteurs
19:31pour pouvoir développer cet aspect-là ?
19:33Et inversement, est-ce qu'il y a des acteurs terrains qui...
19:35C'est pareil.
19:37Via le concours de la région,
19:40on a mis en place une structure en interne
19:44avec un professeur en interne
19:47et on fait notre alternance en interne.
19:49Donc, la classe est faite une semaine,
19:52une semaine, ils sont sur le terrain.
19:54Et c'est suivi et ça a été mis en place par la région.
19:57Peut-être deux exemples complémentaires
20:00à ceux de François Martiano là-dessus.
20:02Quand il y a eu le stage de seconde
20:04avec les présidents régionaux de chambres de commerce,
20:08d'artisanat et d'agriculture.
20:10J'ai signé des milliers et des milliers
20:13et des milliers de courriers
20:15que j'ai envoyés à tous les responsables d'entreprise
20:17en leur disant au mois de juin,
20:19vous avez la possibilité d'accueillir des élèves de seconde
20:22qui ne connaissent rien au monde
20:24parce qu'ils sont tout jeunes
20:25et qui ont envie de découvrir ce monde.
20:26Faites-leur une place, émerveillez-les.
20:29Faites en sorte que notamment les secteurs
20:31qui sont les secteurs comme l'industrie
20:33puissent devenir des secteurs qui les font rêver.
20:37Et nous avons bien, bien, bien avancé.
20:39Le deuxième élément, c'est qu'il y a certes
20:41les jeunes qu'il faut faire monter,
20:43mais on a aussi encore un certain nombre de gens
20:45qui sont privés d'emploi aujourd'hui
20:46et à qui il faut redonner de l'énergie.
20:49Et on a mis en place avec les entreprises
20:51un dispositif de formation des demandeurs d'emploi
20:53qui s'appelle Défi,
20:54Développement de formation inclusive.
20:57On va, avec France Travail, avec l'émission locale,
21:00informer les gens qui sont privés d'emploi
21:02des possibilités d'emploi sur leur secteur,
21:04là où ils vivent.
21:05On leur fait découvrir avec les entreprises
21:07les emplois, la réalité des emplois.
21:09Ceux qui sont intéressés,
21:10il y a une sélection qui est opérée
21:12en lien avec les entreprises.
21:13Et on dit aux entreprises, on va les former.
21:16Venez les former avec nous
21:17parce que vous allez être lieu de stage,
21:19vous allez faire passer un certain nombre de choses.
21:21Les entreprises participent à la formation
21:23et s'engagent derrière à les embaucher.
21:26Vous savez quelle productivité ça donne,
21:28cette affaire-là ?
21:29On a plus de 9 personnes
21:31qui rentrent dans nos formations Défi sur 10
21:34qui entrent véritablement dans l'entreprise,
21:36qui sont salariés de l'entreprise derrière.
21:38Donc c'est des entreprises,
21:39des formations qui sont très localisées
21:42en lien avec le milieu économique.
21:44Caroline Grenier, vous remarquez toujours
21:46une fédération forte au sein des régions
21:49qui veulent se réindustrialiser.
21:50C'est cette fédération des acteurs
21:52qui est peut-être quelque chose
21:54qui est porteur pour toutes les régions ?
21:56La fédération d'acteurs, c'est l'élément clé
21:59pour que l'industrie se redynamise
22:03ou continue sur sa lancée.
22:05Et justement, on ne l'observe pas
22:06sur tous les territoires.
22:07Typiquement, il y a des territoires
22:09qui, depuis 30 ans,
22:10ont de très bonnes performances
22:11et n'ont pas réellement connu
22:13de désindustrialisation.
22:14Au sens où on l'entend très souvent
22:16avec la fermeture des mines,
22:19l'existence de friches sur le territoire, etc.
22:24Donc des territoires qui ont une histoire industrielle
22:27et qui ont une identité industrielle
22:29peuvent justement ne pas rebondir
22:31parce que, quelquefois,
22:33s'appuyer sur l'histoire
22:35peut apporter un socle de compétences
22:37qu'il s'agit de redéployer vers les bons secteurs.
22:39Mais quelquefois, on perd ces compétences
22:42et d'une génération à une autre,
22:45finalement, il n'y a pas de transmission
22:47de savoir-faire,
22:48il n'y a pas de transmission
22:49de cette culture industrielle
22:50parce que, derrière,
22:51il n'y a pas vraiment eu d'action
22:53ou de dispositifs
22:54qui ont été en faveur
22:56de cette transmission-là.
22:57Typiquement, nous, on a déjà entendu
22:59le discours des parents
23:00qui travaillent dans l'industrie
23:01mais qui ne veulent pas
23:02que leurs enfants travaillent dans l'industrie.
23:04Il y a aussi cette situation-là,
23:06malgré tout, et c'est pour ça
23:07que tous les dispositifs
23:08qui sont mis en place
23:09à destination des jeunes,
23:10vous en avez cité déjà beaucoup
23:12dans votre territoire,
23:13mais il y en a plein d'autres.
23:14Nous, dans notre Tour de France,
23:15on s'aperçoit qu'il y a
23:16des escape games,
23:17des bus qui sont aménagés
23:19avec une ligne de production
23:20et qui se déplacent
23:21de collèges et lycées
23:22en collèges et lycées
23:23pour, justement,
23:24faire découvrir l'industrie.
23:25Encore une fois,
23:26l'action humaine
23:27et l'intention humaine
23:29sont extrêmement importantes.
23:31Oui, parce que c'est réindustrialisé,
23:33mais réindustrialisé bien,
23:35avec les bons axes.
23:37Et j'imagine également,
23:38on n'a pas trop parlé encore
23:39de décarbonation,
23:40de tous ces aspects verts,
23:42parce que c'est réindustrialisé
23:43dans une direction aussi
23:45qui fait sens
23:46avec notre nouveau monde.
23:48Est-ce qu'il y a des initiatives,
23:51des innovations qui sont faites
23:53à ce niveau-là dans la région ?
23:55La réponse à votre question,
23:57elle est capitale à bien des titres.
24:00Elle est capitale
24:01parce que des entreprises
24:03fortement consommatrices d'énergie,
24:05si elles ne font pas une transition
24:08par rapport à l'énergie
24:09dont elles ont besoin,
24:10il est évident
24:11qu'elles vont financièrement
24:13et ne tiendront pas
24:14la distance.
24:15Elles seront englouties
24:16par la charge des énergies nécessaires.
24:18Donc, il faut apporter
24:20un certain nombre d'éléments
24:22de production,
24:23de récupération de chaleur,
24:25de récupération d'énergie, etc.
24:27C'est quelque chose
24:28d'absolument fondamental.
24:29Deuxièmement,
24:30la jeune génération,
24:31nous en parlions,
24:32la jeune génération qui arrive
24:33est hypersensible
24:34au sujet de l'environnement.
24:35Et si l'entreprise industrielle
24:37est vécue comme étant
24:39le lieu de la pollution,
24:40de la négligence
24:42à l'égard de notre environnement,
24:44les jeunes n'y viendront pas.
24:46Si, au contraire,
24:47parce qu'on va,
24:48comme Monin,
24:49c'est du sirop Monin,
24:50tout le monde connaît,
24:51comme Monin le fait actuellement,
24:52diviser par 5 ou 7
24:54la consommation d'eau
24:55que l'on fait
24:56pour la production
24:57dans l'agroalimentaire.
24:58Si on a ces circuits de chaleur,
25:00si on a de l'économie circulaire,
25:02de l'économie circulaire,
25:04de la réutilisation de matière.
25:05Ici, on a une entreprise
25:06qui travaille,
25:07il y a beaucoup de sous-traitants
25:09qui font aujourd'hui
25:11la maroquinerie de luxe
25:13partout sur le sud,
25:15sur le Loir-et-Cher, etc.
25:17On a beaucoup ça dans notre région.
25:19Vous avez des chutes.
25:20Est-ce que ces chutes,
25:21on les prend ?
25:22C'est des chutes de cuir.
25:23Est-ce qu'on les prend
25:24et on les met dans la poubelle
25:25et on les vend dans l'incinérateur ?
25:26Non.
25:27Et actuellement,
25:28on travaille sur un projet
25:29avec la récupération
25:30de toutes ces chutes
25:31au niveau de la région
25:32et plus globalement en France
25:33pour en faire un nouveau matériau
25:34qui va être réintégré.
25:35C'est une économie circulaire
25:36absolument fondamentale.
25:38Et puis, je crois qu'il faut inscrire
25:40nos entreprises.
25:42Vous savez, l'entreprise,
25:44un grand espace vert à côté
25:46et puis un autre.
25:48Ce n'est plus tout à fait ça
25:49qu'il faut faire.
25:50Il faut préserver
25:52les surfaces constructibles.
25:53Il faut,
25:54à chaque fois que c'est possible,
25:55non pas quand il y a des presses
25:56de 200 tonnes,
25:57mais à chaque fois que c'est possible,
25:58privilégier les constructions
25:59qui permettront de gagner
26:02en verticalité
26:03pour ne pas trop consommer
26:04le foncier.
26:05À chaque fois
26:06qu'on met des éléments
26:07de biodiversité
26:08au cœur des entreprises
26:09et c'est possible
26:10dans pas mal de cas,
26:11à ce moment-là,
26:12on préserve l'environnement,
26:14on devient attractif
26:15pour les jeunes générations
26:16et on recrée la fierté
26:17de l'industrie.
26:18Monsieur Marciano,
26:19justement, vous avez parlé
26:20des panneaux photovoltaïques,
26:24mais vous nous disiez
26:25avant l'émission
26:26que vous avez réussi aussi
26:27à contenir ce coût énergétique
26:31que vous aviez.
26:33Est-ce que vous pouvez nous expliquer
26:34ce que vous avez fait ?
26:36Il y a plusieurs sujets.
26:38Mon directeur industriel
26:40a travaillé l'existant,
26:42a regardé le process
26:44et s'est dit
26:45si je baisse là,
26:47que j'augmente là,
26:48je fais divers réglages,
26:50je vais gagner.
26:52Il a gagné 20% d'énergie
26:53consommée en moins
26:55sur le process
26:56alors qu'on n'a rien changé.
26:58Il est en train de regarder
27:00les nouvelles technologies.
27:01Est-ce que le biogaz,
27:03on en parlait ?
27:04Est-ce qu'on va rentrer du biogaz ?
27:06On a déjà fait des tests
27:08qui sont déjà très positifs.
27:10On est en train de regarder,
27:12pour l'instant,
27:14c'est vraiment les balbutiements,
27:16mais l'hydrogène,
27:18regarder l'induction,
27:20changer les molles
27:21pour ne plus consommer du gaz
27:23comme on en consomme aujourd'hui.
27:25On a vraiment une transformation
27:27énergétique à faire.
27:29Et sur les toitures ?
27:32Oui, ce que vous disiez.
27:34Sur les toitures,
27:36c'est quelque chose de fondamental.
27:38On a la chance dans cette région
27:39d'avoir un chef d'entreprise,
27:40il est dans le Loiret,
27:41il n'est pas loin d'ici,
27:42qui dirige Créawatt.
27:44Créawatt vient d'avoir un prix
27:45au niveau national.
27:46C'est une entreprise
27:47que nous soutenons
27:48très directement.
27:49Créawatt, c'est quoi ?
27:50Ce sont des panneaux photovoltaïques
27:52qu'on peut mettre sur des terrasses
27:54qui ne pourraient pas accueillir
27:56les panneaux plus lourds.
27:57Il a développé un concept
27:58tout à fait intéressant,
27:59tout à fait performant.
28:00Un panneau plus léger.
28:01Il a maintenant un réseau de poseurs
28:03partout en France.
28:04On voit des grands locaux industriels
28:09qui vont constituer
28:12une ressource supplémentaire
28:14avec la production d'énergie solaire.
28:16C'est fondamental.
28:17En plus, c'est intéressant
28:18parce que ça ne consomme pas
28:19notre espace foncier.
28:21Merci beaucoup à chacun d'entre vous
28:23pour vos interventions,
28:24vos analyses du monde industriel
28:26et vos retours terrain
28:27sur l'évolution du secteur industriel
28:29au sein de la région
28:30Centre-Val de Loire.
28:31Je rappelle juste que ces échanges
28:32ont eu lieu entre Caroline Granic
28:34et chef de projet
28:35à la Fabrique de l'Industrie
28:36et coordinatrice des activités
28:37de l'Observatoire
28:38des Territoires d'Industrie.
28:39François Bonneau,
28:40président de la région
28:41Centre-Val de Loire
28:42et François Marcellaineau,
28:43directeur général de Duralex.
28:45Merci à vous,
28:46toutes et tous,
28:47de nous avoir suivis.
28:48On vous retrouve bientôt
28:49dans une autre émission
28:50de Smart Industries.

Recommandations