SMART SPACE - SPACE TALK du vendredi 2 février 2024

  • il y a 6 mois
Vendredi 2 février 2024, SMART SPACE reçoit Denis Bensoussan (directeur affaires spatiales, Beazley - Lloyd's of London) et Maxime Puteaux (Spécialiste des lanceurs, Euroconsult)
Transcript
00:00 [Générique]
00:04 L'industrie spatiale aussi a besoin d'un parachute.
00:07 Alors le secteur de l'assurance est adapté, mais à quoi ressemble cette branche discrète au marché encore naissant ?
00:14 Pour en parler, nous avons au plateau Denis Bensoussin. Bonjour.
00:17 - Bonjour.
00:18 - Bienvenue sur le plateau de Smartspace. Alors vous êtes en charge des activités spatiales chez Beazley.
00:23 On va revenir un petit peu sur votre expertise dans cette émission.
00:26 En face de vous, on a Maxime Putot, habitué du plateau de Smartspace.
00:29 Bonjour.
00:30 - Bonjour.
00:30 - Bienvenue sur cette émission. Vous êtes donc responsable des lanceurs chez Euroconsult.
00:35 Alors on va commencer par rentrer un petit peu dans le vif du sujet pour qu'on comprenne l'assurance spatiale.
00:40 Ça concerne quel moment de la chaîne de valeur précisément dans le secteur spatial ?
00:46 - Ben écoutez, ça vient très tôt.
00:47 - Oui.
00:48 - Ça vient au moment de l'achat, la décision d'achat.
00:50 Ça se fait parce que ça vient en accompagnement du financement.
00:54 - D'accord.
00:54 - Ce sont des sommes importantes.
00:56 Donc on a besoin de faire des financements extérieurs, en dehors du bilan.
01:01 Et donc ça permet, c'est une des conditions du financement, donc c'est le collatéral au financement des banques.
01:07 Donc ça permet d'autoriser l'achat de satellites par des opérateurs commerciaux.
01:13 - Donc on parle principalement du marché des satellites ici ?
01:16 - Oui, tout à fait.
01:17 Ça remonte au début de l'ère commerciale dans le spatial.
01:21 C'est à peu près le milieu des années 60 avec Telstar, avec Early Bird et Intelsat.
01:25 - Qui étaient donc des satellites privés en fait.
01:28 C'est ça qui est intéressant peut-être ?
01:30 - Exactement.
01:31 C'est-à-dire que c'est les premiers satellites commerciaux géostationnaires.
01:34 Donc l'orbite géostationnaire qui avait été rêvée par Arthur C. Clarke en fait,
01:40 pour permettre en fait les communications autour de la Terre.
01:44 Et donc ça a été fait à titre commercial à partir des années 60,
01:48 à la suite des projets de la NASA et autres.
01:51 Et donc depuis le début de cette ère commerciale,
01:54 l'assurance a accompagné l'achat et le développement de ces satellites commerciaux.
02:00 - Vous l'avez dit, en 1962, le premier satellite privé.
02:03 Donc ça démarre là ce secteur.
02:04 Est-ce que déjà on savait répondre ?
02:08 Est-ce que le secteur de l'assurance a dû s'adapter ?
02:10 Ou est-ce qu'on savait répondre aux besoins spécifiques au secteur spatial ?
02:13 - Ça a beau être un transport dans un environnement particulièrement hostile,
02:16 ça reste une opération de transport.
02:18 A la différence près qu'à partir du moment où le satellite est dans sa coiffe et le lanceur décolle,
02:23 on ne peut plus intervenir sur l'objet.
02:25 Et donc on a utilisé l'assurance comme finalement le moyen d'assumer les risques
02:30 que pouvait encourir le matériel.
02:32 Puisque une fois que la satellite est en orbite,
02:34 jusqu'à présent on n'était pas en mesure d'aller le chercher ou d'aller le réparer,
02:38 ou d'aller regarder ce qui se passait.
02:39 L'assurance était vraiment le filet de sécurité.
02:42 Et ce sont en fait des assureurs du transport aérien et du transport maritime
02:46 qui sont venus au spatial dans une logique de diversification.
02:49 - On va revenir sur les acteurs, c'est intéressant de voir les opportunités aussi qui s'ouvrent
02:52 et puis la variation des acteurs qui arrivent sur ce secteur.
02:55 Est-ce qu'on a une idée de la part que ça représente l'assurance spatiale au cœur de l'assurance ?
03:00 - C'est une petite part.
03:01 C'est un secteur qui est très niche, qui est très de pointe.
03:05 On est à peu près aujourd'hui historiquement entre 500 millions de dollars et 1 milliard par an.
03:10 Donc par rapport à l'industrie spatiale, c'est une toute petite fraction,
03:14 mais c'est une fraction très importante parce que ça permet en fait
03:18 tout le reste de l'activité de se développer.
03:21 En anglais, le terme c'est "enabler".
03:24 Donc ça permet en fait l'achat de satellites, l'achat de lanceurs en fait.
03:29 Et donc ça permet en fait tout le développement de l'industrie spatiale.
03:34 - Et donc ce marché-là, est-ce qu'il est plus prometteur qu'un autre ?
03:37 Vous l'avez dit, c'est tout petit, c'est une niche.
03:39 Quand on est un acteur de l'assurance, ce n'est pas forcément une évidence d'aller servir ce secteur-là.
03:45 - L'assurance a quand même trouvé son bonheur dans le marché des satellites géostationnaires
03:51 puisqu'on était sur un marché qui est relativement stable, prévisible,
03:54 avec des objets dont les risques étaient relativement connus et qui étaient fiables.
03:58 Et en fait, le monde est en train de changer.
04:00 Donc peut-être que Denis va pouvoir revenir dessus.
04:03 Mais ce qui a fait un peu le pain et le beurre de l'industrie en général
04:06 d'opérateurs de satellites et les assureurs, ce pain-là a été mangé et est un peu en train de disparaître.
04:10 - Alors pour qu'on comprenne la révolution qui s'opère aussi et qui va toucher les acteurs de l'assurance spatiale,
04:15 on peut comprendre ce qui fait la spécificité du secteur spatial et de l'assurance spatiale.
04:19 Est-ce que les conditions sont les mêmes ? Alors vous l'avez dit, pas forcément.
04:23 Les règles ne sont pas tout à fait pareilles à la question du dommage au bien,
04:27 peut-être que vous pouvez décrypter.
04:30 C'est-à-dire que quand on assure sa voiture, l'idée c'est qu'on a un pourcentage de chance
04:35 d'avoir un accident et de pouvoir remplacer cette voiture-là.
04:39 Quand on envoie un objet dans l'espace, c'est complètement différent.
04:42 On ne peut pas le réparer, on ne peut pas le remplacer comme ça.
04:45 Donc comment ça se passe ?
04:47 - Alors je vais essayer de commencer par le début.
04:49 Alors en fait c'est un secteur de niche qui est très technique,
04:52 qui demande des gens qui ont des grandes qualifications techniques
04:55 pour comprendre le design des satellites et pour comprendre la fiabilité sous-jacente des satellites
05:00 et pour pouvoir essayer d'anticiper quelle sera la fiabilité au bout de 5, 10, 15 ans,
05:06 qui est la durée de vie générale des satellites en orbite géo.
05:09 - Il faut parier sur la vie du satellite. - Exactement.
05:13 - On va beaucoup plus loin que le lancement, c'est important de le préciser.
05:15 - Exactement. Donc je reprends votre analogie de la voiture.
05:18 En fait c'est comme si on a une voiture et qu'on traverse le désert
05:21 où il n'y a pas de station-service et donc on doit tout prendre à bord.
05:24 Donc on doit prendre 3 ou 4 roues de secours, on doit prendre beaucoup de fuel avec soi.
05:29 Et donc c'est pour ça que les satellites aussi ont ce coût très important
05:33 parce qu'ils prennent à bord tout ce qu'ils auront besoin pendant la durée de vie.
05:39 Donc la spécificité de l'assurance c'était de couvrir des sommes assez importantes,
05:46 on parle de 200, 300, 400, aujourd'hui on est à plus de 500 millions des fois par satellite.
05:52 Donc très important sur un phénomène qui est très rapide.
05:57 En fait un lancement aujourd'hui c'est entre 10 et une demi-heure.
06:01 Donc c'est très rapide, on met tout ça en jeu sur une demi-heure.
06:05 Comme on l'a dit, pas de moyens de recours ou de réparation.
06:08 Donc des policies d'assurance qui ne sont pas standards du tout,
06:12 qui sont vraiment adaptées à la mission du satellite.
06:16 - C'est ça, en fait c'est la mission que vous avez mis au-dessus.
06:18 C'est que quand un acteur du spatial assure son satellite, il assure la performance de son satellite.
06:26 - La performance est un des éléments critiques.
06:30 Mais on assure aussi, c'est pour ça qu'on doit prédire la fiabilité.
06:34 Parce qu'il faut savoir quelle sera cette performance pendant toute la durée de vie du satellite.
06:39 Et on sait que la performance peut être très spécifique.
06:43 Ça peut être des missions d'observation, des missions de navigation, des missions de télécommunication.
06:49 Donc la police d'assurance doit vraiment reprendre toutes les caractéristiques de cette performance.
06:54 Donc ça c'est un élément.
06:56 Et aussi les revenus futurs qui peuvent être assurés.
06:58 Donc ça c'est un important.
07:00 Et on en couvre aussi une partie de l'actif.
07:02 Donc ça peut être le coût du remplacement du satellite.
07:05 Et pour la fusée, c'est le coût de remplacement, le rachat d'une opportunité de lancement.
07:11 Donc c'est ça qui fait le caractère unique aussi.
07:14 C'est qu'on a une exposition très large, très rapide.
07:18 C'est volatile parce qu'en général il n'y a pas beaucoup de pertes partielles.
07:21 C'est soit ça marche très bien ou ça marche pas du tout.
07:25 Donc voilà, c'est vu comme quelque chose de volatile, beaucoup de sévérité.
07:29 Et donc il faut adapter ça en termes non seulement d'expertise technique mais de capital aussi.
07:34 Il faut avoir du capital qui est disponible très rapidement.
07:37 Et donc c'est pour ça que c'est réservé à un certain nombre d'acteurs très réduits.
07:42 C'est intéressant ce que vous dites, j'ai lu que le remboursement arrivait très vite,
07:46 le dédommagement arrivait très vite dans le secteur spatial.
07:48 C'est vrai, c'est une des caractéristiques du service qu'on fournit à nos clients.
07:52 J'ai lu 2-3 mois, j'ai trouvé ça assez dingue.
07:54 Et ça peut être beaucoup plus rapide que ça.
07:56 En fait l'idée c'est de vraiment pouvoir fournir l'expression parachute, c'est ça ?
08:01 C'est quand on tombe en chute vide, on a besoin d'un parachute tout de suite, pas dans un mois.
08:05 Et donc l'idée c'est de mettre ce capital à disposition pour trouver une solution de remplacement.
08:10 Une solution de remplacement c'est tout de suite réserver un lancement
08:14 parce qu'on sait aujourd'hui qu'il y a beaucoup de demandes pour les lancements,
08:16 notamment avec SpaceX qui a un calendrier qui est très très très chargé et pas beaucoup d'alternatives.
08:21 Donc il faut tout de suite réserver et il faut payer.
08:24 La deuxième chose c'est que pour avoir la capacité en satellite,
08:28 par exemple quand on a des contrats avec des compagnies de télévision par exemple,
08:33 avec des événements à distribuer, il faut avoir trouvé de la capacité chez d'autres satellites
08:39 pour pouvoir assurer le service à son client.
08:41 Donc pareil, il faut aller vite, il y a beaucoup de demandes,
08:43 pas beaucoup de disponibilité, donc il faut aller très vite.
08:47 Et puis pareil, il faut aussi recommander un nouveau satellite.
08:50 Les délais de construction de satellite sont longs, c'est deux ans, trois ans.
08:54 Et donc le plus tôt on peut faire cette commande, on peut commencer à réserver les sous-systèmes,
08:59 ça permet de réduire le temps.
09:01 Donc effectivement la durée de paiement des signes ça fait partie du service et de la différenciation.
09:07 Ça va être décisif.
09:08 On a eu un exemple assez fort de peut-être l'utilité d'une assurance spatiale l'année dernière
09:14 avec le lancement raté de Vegas et qui emportait des satellites d'Airbus, si je ne dis pas de bêtise.
09:21 La Pléiade Néo.
09:22 Voilà, la Pléiade Néo.
09:23 Et à ce moment-là on a une idée du dommagement que ça représente,
09:26 déjà du coût que ça représente pour Airbus qui va exploser ses satellites.
09:31 Surtout qu'en plus on est dans le cadre des Pléiades Néo,
09:34 on était dans le cadre d'un constructeur opérateur.
09:36 Donc c'était Airbus qui construit les satellites pour son activité d'observation
09:39 avec derrière l'impossibilité de générer du service.
09:42 Donc je n'ai plus en tête le montant de la prime.
09:45 Mais c'était un événement de plus dans une année 2023 qui a été assez terrible pour le monde de l'assurance.
09:50 A côté de Viasat, le premier Viasat 3, un satellite à un milliard de dollars dont l'antenne ne s'est pas déployée.
09:55 Un petit satellite qui voyageait en passager, Astranis pareil, qui n'a pas fonctionné.
09:59 Donc à la fois côté satellite et côté lanceur, on a vécu une année 2023 très difficile.
10:03 La question est de savoir si le secteur de l'assurance va pouvoir se remettre sur pied et à quel horizon.
10:07 Oui parce qu'en fait, vous l'avez dit tout à l'heure, les choses bougent énormément, on prend plus de risques.
10:13 Il y a plus de lancements, ce qui peut-être naturellement augmente les chances d'un échec finalement.
10:19 Et ça, ça va complètement changer les habitudes de ce tout récent secteur de l'assurance spatiale.
10:25 Le secteur de l'assurance c'est quand même un petit peu vieux, mais il est bouleversé
10:29 parce que son cœur de métier c'était quand même les satellites géostationnaires.
10:33 Ce marché-là, on en a déjà parlé, est amené à diminuer.
10:36 Donc il y a moins d'objets ou des objets des fois plus petits.
10:39 Et en plus, on va introduire de nouvelles plateformes, on pourra peut-être y revenir.
10:42 Donc c'est de nouveaux satellites, de nouveaux risques.
10:44 Et en parallèle de ça, on voit la multiplication des constellations où en fait tout le monde ne s'assure pas.
10:48 Et donc, Denis avait évoqué ce chiffre dans une conférence.
10:51 Finalement, le pourcentage du satellite qui est actuellement assuré par rapport au nombre total de satellites lancés est vraiment marginal.
10:57 Mais pourquoi ?
10:59 Pourquoi ? Alors ça fait partie de l'évolution qui est en train de se passer.
11:02 C'est-à-dire qu'on a un satellite géostationnaire qui coûte 200 ou 300 ou 400 millions.
11:06 Effectivement, ça fait sens d'assurer le risque.
11:10 C'est aussi un satellite qui est financé par des banques.
11:12 Et les banques ont besoin de cette assurance. C'est une des conditions de financement.
11:17 Aujourd'hui, on évolue vers une industrie où il y a plus de petits acteurs.
11:21 Et donc la taille des satellites a réduit, le coût des satellites a réduit,
11:25 la durée de lancement.
11:27 Et donc du coup, l'assurance, c'est un outil de remplacement financier.
11:31 C'est le parachute financier.
11:33 Et aujourd'hui, on a des parachutes techniques.
11:35 C'est-à-dire que dans une constellation, typiquement, on perd un satellite.
11:39 Et bien, il y a d'autres satellites qui peuvent effectivement jouer ce rôle de parachute.
11:44 Donc ça, c'est effectivement une évolution.
11:47 L'autre évolution, effectivement, c'est la réduction du nombre de satellites géostationnaires.
11:51 Une autre évolution, et en fait, je pense que c'est un des challenges principaux du marché de l'assurance spatiale,
11:58 c'est en fait la course à l'innovation qui s'est beaucoup accélérée depuis les dernières années
12:03 et qui aujourd'hui prend part pour toute l'industrie.
12:07 C'est-à-dire que pendant très longtemps, c'était seulement les petits acteurs qui étaient les plus innovants.
12:11 Et aujourd'hui, même les grands acteurs, les acteurs traditionnels, Airbus, Boeing, etc.,
12:17 ont été obligés aussi de se mettre dans un rythme d'innovation effréné.
12:22 Ce qui veut dire quoi ? Ce qui veut dire prendre plus de risques et moins tester sa technologie,
12:26 et donc moins s'assurer de la réussite.
12:28 C'est-à-dire changer d'approche technique et de paradigme en termes de fiabilité.
12:34 C'est-à-dire que la fiabilité, pour nous, en tant qu'assureurs, mais aussi pour l'industrie, pour les opérateurs, c'était le point cardinal.
12:41 On a besoin de fiabilité. L'assurance assure des satellites fiables et avec un degré d'innovation qui est mesurable, anticipable, qui est tarifiable.
12:53 Aujourd'hui, on a toute l'industrie qui a bougé vers un modèle différent où l'idée, c'est vraiment de se positionner et lancer des choses,
13:02 des satellites, des lanceurs qui ont un degré de fiabilité anticipé beaucoup plus faible.
13:08 Mais l'intérêt, c'est d'être le premier sur le marché.
13:11 Ça rejoint la culture de l'échec qu'on a déjà évoqué sur ce photo.
13:14 C'est la philosophie d'Elon Musk, c'est-à-dire ce qu'il appelle « hardware rich », c'est-à-dire beaucoup d'équipements qu'on lance et on teste en vol.
13:23 Mais ce n'est pas très compatible avec le principe directeur de l'assurance spatiale qui est quand même des choses qui ont été testées.
13:30 Aujourd'hui, on a cette course à l'innovation qui va un peu à l'encontre de la course à la fiabilité.
13:36 Donc c'est là qu'il y a effectivement un challenge important.
13:39 Est-ce que la conséquence est peut-être que les prix augmentent des assurances ?
13:43 C'est ce qui est en train de se passer. Il y a un ajustement.
13:46 Effectivement, l'année 2023 peut être qualifiée d'année historiquement catastrophique.
13:51 Je pense qu'on est aujourd'hui à des chiffres qui sont au-delà du milliard de pertes, de sinistres à rembourser.
13:59 Donc il y a des réajustements qui sont en cours pour faire en sorte que l'industrie de l'assurance puisse continuer à faire son travail,
14:08 c'est-à-dire d'accompagner le développement et l'innovation dans l'industrie spatiale.
14:12 Donc ce sont des réajustements en termes de prix et en termes de conditions de police.
14:18 On va essayer de faire en sorte de donner un peu plus d'incentives pour retrouver la fiabilité qui pouvait exister par le passé.
14:27 Maxime, ces acteurs, qui a l'air insuffisamment solide pour affronter une année comme l'année 2023 avec un milliard de sinistres ?
14:37 Est-ce que ce sont des acteurs classiques de l'assurance ? Est-ce que ce sont de nouveaux entrants ?
14:41 Ce sont souvent des acteurs établis qui se sont diversifiés dans le spatial en plus de leur activité historique du transport.
14:48 Donc Beazley en fait partie, on a eu AXA et d'autres sociétés généralistes en font partie.
14:57 Elles ne sont pas forcément très visibles mais ont cette activité-là.
15:00 Je tiens aussi à préciser qu'en fait quand on parle d'assureurs, il y a deux niveaux d'assurance, parce que Denis peut y revenir dessus.
15:05 Les risques étant tellement élevés, les assureurs sont amenés à partager les risques entre eux, entre concurrents, sur une même mission, vis-à-vis d'un même client.
15:12 Et en plus, ils sont amenés à se réassurer pour assumer les conséquences.
15:17 Donc les assureurs se réassurent.
15:19 Parce que les sommes sont trop élevées et qu'on ne peut pas avoir la trésorerie nécessaire ?
15:24 Il y a une approche qui est nécessaire, c'est l'approche de portefeuille et de diversification du risque.
15:30 Parce qu'il n'y a pas suffisamment de risques pour arriver dans la loi des grands nombres.
15:36 C'est la question de la mutualisation.
15:38 Dans le secteur spatial, en toute logique, vous le saurez mieux que moi, mais pour garantir aussi d'être capable de rembourser,
15:45 il y a suffisamment de personnes qui apportent de l'argent aux assureurs pour qu'ils puissent en sortir une fois ou deux sur des sommes astronomiques.
15:52 Là, il n'y a pas suffisamment de personnes qui ont recours à une assurance, et donc il n'y a pas suffisamment de cash réuni.
16:00 C'est exactement ça. C'est un des challenges.
16:03 Le fait qu'il y ait moins de satellites géos, ça rend l'échantillon de risque sur une année faible.
16:12 Du coup, on n'a pas cet effet de mutualisation, c'est-à-dire que les bons risques payent pour les plus mauvais.
16:18 On n'arrive pas à avoir ce modèle. Il faut trouver d'autres solutions.
16:23 On a parlé de ces nouveaux acteurs, des startups, notamment, qui arrivent avec des coûts en dessous.
16:29 Il y a des nouveaux acteurs comme ces startups qui vont aussi sur le marché de l'assurance.
16:33 Est-ce que c'est viable, prometteur, au vu de ce qu'on se dit là ?
16:37 La valeur des satellites étant plus faible, le montant de la prime d'assurance le sera aussi.
16:43 Mais ça peut être aussi une manière de distribuer les clients et d'avoir une assiste un peu plus élargie, même si elle est un peu moins importante.
16:52 On voit aussi peut-être d'autres activités se faire assurer.
16:55 On parlait du lancement du satellite et du déploiement du satellite, mais il y a des activités de service en orbite,
16:59 des activités d'alunissage qui commencent à être assurées.
17:02 C'est peut-être aussi des opportunités, des relais de croissance qui peuvent être intéressants pour le monde de l'assurance.
17:07 C'est-à-dire rajouter des acteurs, rajouter des cas pratiques. On voit de plus en plus. On l'a dit, on l'a effleuré tout à l'heure.
17:13 Les satellites géostationnaires, ce n'est pas forcément l'avenir.
17:18 Ça restera le cœur de l'activité, mais demain, les satellites seront capables de se déplacer,
17:23 seront capables d'aller peut-être se réparer. Encore des nouvelles applications et des nouvelles spécificités auxquelles il faudra répondre avec les assurances spatiales.
17:34 L'intérêt, c'est de faire grossir le gâteau pour pouvoir arriver à ce niveau de mutualisation.
17:39 Donc, effectivement, il y a des promesses. Le gâteau est en train de grossir,
17:43 mais il y a une phase de transition qu'il va falloir digérer d'abord.
17:47 Et le gâteau, il va grossir vers toutes les activités qu'on appelle dans l'espace.
17:52 Aujourd'hui, on est dans une industrie qui est vers l'espace.
17:55 Et aujourd'hui, on va aller avec quelque chose qui est dans l'espace,
17:58 c'est-à-dire la fabrication de matériaux ou de molécules en orbite, la réparation, le fait de servicer les satellites, de réparer les satellites,
18:10 le fait de redonner un autre objectif, de changer la mission des satellites en orbite.
18:17 Il y a des satellites aujourd'hui qui vont être modifiables et donc, du coup, leur donner beaucoup plus de valeur.
18:23 Et donc, ça, ça va permettre d'élargir aussi le gâteau. Il y a tous les services aussi d'exploration.
18:29 Par exemple, on parle de la Lune, on parle des corps célestes.
18:32 Il va y avoir une mission fantastique bientôt, Psyche, qui va aller sur un astéroïde de métal.
18:38 Donc ça, c'est encore quelque chose d'assez intéressant.
18:41 Et beaucoup d'autres activités.
18:44 Il y a des gens qui pensent à faire des zones, des data centers sur la Lune ou en orbite, des satellites relais.
18:51 C'est une façon de laisser la place aussi à tous ces nouveaux acteurs et à toutes ces nouvelles opportunités,
18:56 de leur dire "Vous pouvez venir, il y aura un parachute. Et en plus, venez, on a besoin de mutualiser un petit peu les coups".
19:02 Exactement. C'est-à-dire, c'est vraiment agrandir la taille du secteur, mais en même temps l'accompagner.
19:07 C'est-à-dire, notre rôle a changé avec la nouvelle industrie.
19:13 C'est-à-dire, on est passé de partenaire, on est toujours partenaire et on permet le financement.
19:18 Mais aujourd'hui, on est devenu quasiment des conseillers.
19:20 On leur permet d'établir leur stratégie, non seulement de financement, mais de déploiement, de développement.
19:26 Et donc, on veut continuer dans cette approche pour grandir la siète du risque et continuer à faire notre job.
19:35 Merci Denis Bensoussan d'avoir pu t'en venir nous éclairer sur ce sujet.
19:38 Merci à vous Maxime, plutôt, de nous avoir rejoint pour cette conversation.
19:42 Merci à tous de nous avoir suivis. On se retrouve dès la semaine prochaine sur Bsmart à la production Lily Zalkine.
19:49 [Musique]

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