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Vendredi 15 septembre 2023, SMART SPACE reçoit Maxime Puteaux (Spécialiste des lanceurs, Euroconsult) et Nicolas Capet (PDG, anywaves)

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00:00 Bonjour à tous et bienvenue dans Smart Space. Au programme de l'actu aujourd'hui, on va parler
00:08 des start-up françaises et européennes avec The Exploration Company qui décroche un contrat
00:13 historique avec l'entreprise américaine Axiom Space qui développe une station spatiale privée.
00:19 On parlera aussi de la start-up Hyperspace qui a signé un partenariat avec la Direction Générale
00:25 de l'Armement et puis à l'international, le Japon a réussi l'envoi de deux missions cruciales pour
00:32 son développement spatial. En deuxième partie des missions, ce sera votre Tolkki qui en va parler
00:37 des satellites. Oh comment précisément les satellites en orbite haute survivent assez
00:43 élégamment à l'attaque du New Space. Pour en parler, nous aurons au plateau Nicolas Capet des
00:48 New Ways et Maxime Putot de Reconsult. Voilà pour le programme, on démarre tout de suite avec
00:53 l'actualité spatiale sur Bsmart.
00:56 Allez on démarre l'actu avec la jeune entreprise The Exploration Company qui vient de signer un accord historique avec l'entreprise américaine Axiom Space qui développe une station spatiale privée.
01:13 Cet accord permettra à la capsule Nix développée par l'entreprise franco-allemande de livrer du cargo à la future station spatiale privée.
01:22 C'est la toute première fois qu'une entreprise qui opère et fabrique un véhicule spatial signe un contrat de pré-réservation qu'une entreprise européenne signe en tel contrat.
01:34 Alors la capsule réutilisable et modulable qui s'appelle Nix devrait acheminer du fret jusqu'à la station en 2027 au plus tôt.
01:44 Autre actualité à l'international, le Japon a lancé avec succès deux missions cruciales la semaine dernière.
01:53 La première comprend le télescope XRISM dont l'objectif est de mieux comprendre l'évolution et la structure de notre univers.
02:02 Il étudiera notamment les trous noirs supermassifs et les amas de galaxies à l'aide de ces deux instruments à rayons X.
02:10 La deuxième mission qui a été lancée simultanément porte le nom de SLIM et doit faire du Japon la cinquième nation à poser un véhicule sur la Lune.
02:23 La capsule a entamé un voyage qui va durer 4 mois vers notre satellite et à son bord il y a SoraQ, un mini rover qui peut changer de forme pour s'adapter au terrain.
02:36 En fait il a été conçu en collaboration avec le fabricant de jouets nippons Takara Tomy qui dit s'être directement inspiré de sa gamme Transformers.
02:48 Dernière actualité, Hyperspace et la Direction Générale de l'Armement s'associent pour développer un lanceur spatial à propulsion innovante.
02:57 En réalité c'est déjà l'activité de cette startup qui met au point un micro lanceur capable de mettre en orbite des satellites de 250 kg à un coût inférieur.
03:08 En tout cas c'est l'objectif à celui des micro lanceurs traditionnels car elles changent son choix technologique de propulsion.
03:16 Dans le cadre de ce partenariat stratégique, la DGA mettra à disposition ces installations d'essais missiles situées en Gironde.
03:26 Voilà pour l'actualité, on enchaîne tout de suite avec le talk sur Bismarck.
03:30 Alors que les yeux du monde entier sont tournés vers ces grappes de mini satellites qui s'étirent en constellation dans l'espace,
03:42 dans l'ombre, les satellites en orbite plus haute se réinventent.
03:46 Pour en parler nous avons en plateau avec nous Maxime Putot de Reconsult.
03:50 Bonjour Maxime.
03:51 Bonjour Cyria.
03:51 Alors vous êtes extirpé de la World Satellite Business Week qui a lieu cette semaine, qui est organisée par Euroconsult pour venir en plateau avec nous.
03:59 Merci d'avoir pris le temps d'assister à cette émission.
04:02 Et puis à côté de vous, en face de vous, Nicolas Capé, CIO d'Anyways.
04:07 Bienvenue sur le plateau.
04:08 Anyways, fabricant de satellites, on a déjà eu l'occasion de vous recevoir et de parler de vous.
04:13 Mais c'est important de le rappeler.
04:14 Vous êtes aussi le vice-président du syndicat YES, le syndicat des jeunes entreprises européennes pour l'espace.
04:21 Alors Nicolas, justement, on va commencer avec vous parce que le sujet aujourd'hui c'est les satellites.
04:26 Vous adressez ce marché avec votre technologie.
04:30 Vous avez décidé d'ouvrir votre marché, pas seulement aux mini satellites et aux constellations, mais aussi d'aller chercher un petit peu plus haut. Pourquoi ?
04:40 Alors, complètement pourquoi ?
04:41 Parce qu'en fait on est vraiment en train de vivre cette époque de renouvellement de toute l'infrastructure spatiale dans sa globalité.
04:49 Nous, évidemment, on est là avec nos antennes pour équiper ces satellites, les interconnecter.
04:56 Jusqu'à présent, on s'est vraiment développé sur le marché des constellations où il y a en effet de plus en plus de petits satellites qui sont en train de partir.
05:04 Mais tout ça, en fait, stimule tout l'écosystème et toute l'infrastructure dans sa globalité.
05:09 Pourquoi ? Parce qu'en fait, déjà, ces petites constellations ont besoin aussi de s'interconnecter entre elles et avec le sol.
05:17 Donc on va même commencer à s'appuyer sur différentes couches, des orbites moyennes, des orbites hautes.
05:22 Il y a également des applications où on va chercher à mettre de la connectivité dans la stratosphère.
05:28 Donc, en fait, on est en train de mailler notre espace avec une infrastructure de connectivité qui s'élargit de plus en plus.
05:35 Qui se joue aussi à la verticale, finalement.
05:37 Complètement. C'est-à-dire que là où, finalement, historiquement, on restait tout sur sol, maintenant, on commence à mettre des couches dans les altitudes.
05:44 Et donc, nous, quand on prend un petit peu de recul et qu'on regarde avec perspective tout ça,
05:49 on voit que le besoin demain du spatial, ce n'est pas seulement les constellations d'orbite basse,
05:55 mais ça va être toutes ces fameuses couches où on va mettre de l'infrastructure, des transporteurs, des satellites et différents objets.
06:03 Et donc, c'est pour ça que nous, on est vraiment dans notre stratégie, en train d'élargir nos développements de produits.
06:08 Jusqu'à 500 kilos, je crois.
06:09 Alors, jusqu'à 500 kilos, et même, on est en train de regarder pour des petits satellites en géostationnaire.
06:14 On a également développé et qualifié une antenne pour des lanceurs réutilisables.
06:18 Donc, finalement, tout objet spatial qui pourrait aller en orbite et puis demain sur la Lune, après-demain sur Mars,
06:25 comme par exemple, on est en train de le faire avec le rover MMX pour équiper tous ces objets spatiaux.
06:32 Est-ce qu'on peut requalifier quand même ensemble le marché qu'adresse tous les satellites qui sont en orbite haute ou en orbite moyenne ?
06:39 Parce que, évidemment, ça fait quand même un moment qu'on a les yeux rivés sur ce nouvel développement d'écosystèmes en orbite basse.
06:46 Il ne faut pas oublier quand même qu'il y a des marchés et des applications importantes.
06:49 C'est le marché de l'orbite géostationnaire, des satellites de télécommunication, ça fait le pain et le beurre de l'industrie.
06:54 Essentiellement, pour la télédiffusion, c'est-à-dire les chaînes qu'on reçoit par paraboles, par satellite,
07:00 plus que la connectivité, ce qui est en train de changer.
07:02 Et c'est vraiment ce qui était le cœur de marché de l'industrie, les satellites placés à 36 000 km d'altitude,
07:07 parce qu'à cette distance-là, ils tournent à la même vitesse que la Terre, donc du point de vue de l'antenne,
07:11 il suffit d'une antenne très simple pour recevoir des chaînes de télé.
07:13 Et ça a vraiment été la locomotive de l'industrie, assurant la majeure partie de ses revenus,
07:18 assurant la majeure partie des demandes en lancement et du carnet de commande des constructeurs de satellites.
07:23 Et aujourd'hui, en fait, les applications évoluent et on trouve de nouvelles utilités.
07:27 Vous disiez peut-être que la connectivité va aller un peu plus haut et va aller chercher cette technologie-là.
07:33 En fait, le satellite, l'industrie a un peu raté le virage de la connectivité dans les années 2000,
07:37 tellement le business de la télédiffusion était profitable.
07:41 Et sont arrivés les réseaux terrestres, le déploiement de la fibre,
07:43 et le satellite était très pratique pour assurer une connectivité à une direction,
07:47 c'est-à-dire on envoie le programme télé vers le satellite qui le retransmet à des millions de foyers.
07:52 Mais dès qu'on parle de connectivité, on implique d'abord une liaison de montante et descendante.
07:56 Vous cliquez sur un lien, vous envoyez l'information au satellite qui la renvoie.
07:59 Et on était sur des temps de latence assez longs, des prix et des abonnements relativement élevés,
08:04 200 euros, 300 euros.
08:06 Alors moi, pour une qualité de service, vraiment pas au niveau de la fibre ou de la DSL à des prix qu'on connaît en France.
08:13 Et du coup, aux alentours, au mi-temps des années 2015,
08:16 vous avez OneWeb, Starlink qui arrivent et qui nous disent "finalement, nous, on va proposer autre chose,
08:21 de la connectivité avec beaucoup plus de débit, avec une latence plus faible,
08:25 parce que nos satellites, on va les mettre beaucoup plus proches de la Terre,
08:27 et du coup, on va en avoir besoin de beaucoup plus de satellites, puisque le champ de vision de ces satellites,
08:31 il est plus faible, puisqu'on est à 500 000 km de la Terre, là où les satellites géostationnaires sont à 36 000.
08:37 - Et donc, est-ce qu'en l'état, on peut adresser ces satellites qui sont davantage en hauteur,
08:42 en orbite moyenne ou géostationnaire,
08:44 ou est-ce qu'il faut opérer une transformation technologique pour aller adresser ces marchés ?
08:49 - Alors, il y a évidemment des briques technologiques à développer.
08:54 Donc, il y a déjà un certain nombre de choses qui sont faites pour les orbites basses,
08:58 pour, évidemment, le géostationnaire,
09:00 mais finalement, tout l'enjeu demain, ce sera pour un utilisateur,
09:05 d'ailleurs, qu'il soit au sol, qu'il soit dans les airs ou même en orbite basse,
09:09 de pouvoir avoir un accès à une connexion indépendamment du satellite
09:13 et, quelque part, de l'opérateur sur lequel il aura pris son abonnement.
09:18 Tout comme on le voit, nous, avec nos téléphones, on prend un abonnement chez tel ou tel opérateur,
09:23 par contre, l'infrastructure de connectivité en tant que telle
09:26 est complètement transparente pour l'utilisateur.
09:29 Donc, oui, il y a un vrai défi technologique,
09:32 il y a des briques technologiques à développer pour pouvoir permettre vraiment cet essor dans la connexion
09:39 pour tous les besoins.
09:41 Et donc, ça, ça fait partie des choses très intéressantes qu'on regarde de près.
09:45 - Quel est le positionnement des opérateurs, de ces satellites ?
09:49 Est-ce que déjà, on peut les qualifier de vieillissants, ces satellites ?
09:52 À l'époque, c'était sur mesure, qu'est-ce que ça donne aujourd'hui ?
09:56 - Leur besoin évolue et du coup, l'industrie qui répond à ces besoins est également en train de les suivre.
10:01 Il faut quand même se dire qu'on sort d'une période d'incertitude où, au même moment où on a eu un changement à l'usage,
10:06 l'arrivée de Netflix, très peu compatible avec les satellites de génération précédente pour la connectivité,
10:12 a un peu bouleversé le business de ces gens-là qui vendaient des abonnements de télédiffusion.
10:17 Donc, changement de leur modèle, leur base de clients qui s'érode et qui part plutôt sur des usages autour de la connectivité, de télévision à la demande.
10:24 Et en même temps, en phase 2, des projets de constellation qui rappellent des anciens concepts mais qui ne s'étaient jamais matérialisés
10:30 et qui, tout d'un coup, ont des financements, commandent des satellites et des lancements et commencent à être déployés.
10:34 Donc, il y a eu une phase un peu de tétanie du marché qui, du coup, a entraîné une baisse des commandes assez importante due à ces deux facteurs-là.
10:42 Et aujourd'hui, on voit bien que l'industrie essaie de prendre le train en route et le prend relativement bien.
10:46 Les acteurs historiques... - Comment ils font alors ?
10:48 - Alors, soit ils se diversifient, ils passent de la télédiffusion au marché de la télédiffusion à celui de la connectivité,
10:55 en développant une nouvelle offre de services, en commandant de nouveaux satellites de génération plus performants.
11:01 - Faut renouveler les flottes. - Faut renouveler, de toute façon.
11:03 - C'est indispensable, on est obligé de renouveler les flottes quoi qu'il arrive.
11:05 - Les satellites géostationnaires, ils ont une durée de vie de 15 ans à peu près.
11:09 Et souvent, le design des satellites-là, il est figé. Ils ont été conçus il y a 15 ans avant le lancement,
11:15 et ils ont été faits pour des marchés tels qu'ils existaient il y a 15 ans.
11:18 Donc le vrai enjeu, c'est de suivre les évolutions du marché, d'où l'intérêt pour les charges utiles qu'on appelle les "flexats", les satellites reconfigurables.
11:24 Hier, les satellites étaient plus ou moins conçus pour fonctionner dans des bandes de fréquences données, sur des régions données.
11:30 On distribue les signaux sur une région donnée.
11:33 Demain, et c'est imminent avec les prochains lancements, on aura des satellites qu'on pourra reconfigurer,
11:38 qui pourront suivre les trajets des avions ou des navires dans la journée,
11:41 puisque en général, dans les avions, les gens dorment la nuit, donc on éteindra le signal ou on le projettera ailleurs,
11:45 de manière à vraiment donner de la flexibilité et suivre les évolutions du marché.
11:49 C'est très compliqué de savoir comment son marché évoluera dans 15 ans.
11:52 Et cette flexibilité-là, elle est en train d'arriver.
11:54 - Donc là, on est dans un tournant. - On est dans un tournant.
11:57 Et l'autre approche des opérateurs historiques, que vous caractérisez de vieillissant,
12:01 c'est des fois de racheter des acteurs émergents, parce que c'est un mariage de raisons.
12:05 L'un a des idées, mais a besoin de moyens. L'autre a des moyens, mais a un peu raté sa transition.
12:12 Et on voit du coup des mariages type OneWebTelSat, où l'opérateur historique va fusionner avec un opérateur émergent.
12:22 Technologiquement, est-ce qu'il y a toujours un intérêt à aller chercher l'orbite haute ?
12:26 Et est-ce que vous, vous y voyez des applications ? Est-ce que d'abord, on est venu vous chercher ou pas ?
12:32 Quel est le potentiel de ce marché-là, en fait ?
12:37 Alors, la question est très bonne, parce que finalement, en sortie de cette phase de tétanie,
12:44 tout le géostationnaire est en train de se réinventer, quelque part.
12:49 Déjà, on voit que sur certains cas d'usage, les satellites géostationnaires, au-delà de la flexibilité,
12:55 ont clairement un avantage compétitif par rapport à des constellations.
13:00 Les constellations, finalement, viennent remplir un rôle que ne pouvait pas faire le géostationnaire.
13:06 Et après, l'un commence à venir stimuler l'autre.
13:09 Donc, c'est là où c'est extrêmement intéressant.
13:12 C'est pour ça qu'on voit l'émergence, maintenant, de tout petits satellites en géostationnaire.
13:16 Donc, ça peut être justement...
13:18 Ça paraît fou, déjà, de se dire ça, parce que pourquoi envoyer des tout petits satellites en géostationnaire ?
13:23 Est-ce que technologiquement, il y a quand même une histoire de distance qui faisait qu'on avait une technologie plus lourde ?
13:29 Est-ce que c'est juste la réduction des coûts, la miniaturisation qui rend ça possible ?
13:33 Alors, ça rend ça possible, mais la vraie question, c'est l'efficacité et le coût du service.
13:37 À la fin, pour un opérateur, il s'agit de vendre un service le moins cher possible à ses clients.
13:42 Et le satellite géostationnaire était pratique,
13:44 puisque on avait un investissement relativement important, des fois de l'ordre du demi-milliard d'euros.
13:48 Mais en même temps, une efficacité, c'est-à-dire le coût du système versus son prix de vente,
13:53 tellement bon que pendant longtemps, il a été cette solution-là.
13:57 Ça continue de l'être, les satellites sont toujours plus puissants,
13:59 et des fois, on remplace deux satellites vieillissants par un seul.
14:02 Et cette dimension de coût d'euros par mégabit, par seconde, c'est l'alpha et l'oméga.
14:08 Et la solution, ça peut être des très gros satellites extrêmement puissants,
14:11 ou alors, comme on l'évoquait tout à l'heure avec Nicolas, des satellites beaucoup plus petits,
14:15 qui viennent de manière ponctuelle rajouter un ou deux, trois gigabits par seconde sur une position orbitale donnée,
14:22 là où la constellation, c'est très pratique.
14:25 Le satellite au prix unitaire, il est très peu cher,
14:28 les Web ont parlé d'un demi-million d'euros, par contre, il en faut 600.
14:32 Les Starlink, c'est 300 000 euros, il en faut 4000.
14:35 Et donc, le problème des constellations dans tout ça, par rapport aux géostationnaires,
14:38 c'est qu'à peine vous avez commencé de finir de déployer la constellation,
14:41 que la durée de vie de ces satellites est tellement courte qu'il faut déjà les remplacer.
14:44 C'est un peu comme celui qui repeint la tour Eiffel.
14:46 Il a à peine fini de la repeindre, il doit déjà reprendre ce qu'il a commencé.
14:49 Et la notion d'efficacité, elle va vraiment conduire,
14:52 et elle continue de justifier aujourd'hui les satellites géostationnaires.
14:54 Cette agilité-là, vous la retrouvez aussi dans la technologie que vous développez,
14:58 et vous arrivez à répondre à ce besoin ?
15:00 Alors, c'est vraiment notre défi, quelque part,
15:03 puisque nous, on doit penser un produit qui va être générique,
15:07 parce qu'au-delà du marché des géostationnaires,
15:09 il y a vraiment cette tendance de fond qui est de standardiser un maximum les équipements,
15:13 parce qu'on voit qu'il faut maintenant aller plus vite,
15:16 on a moins le temps de faire du sur-mesure avec les temps de développement
15:19 qu'on pouvait avoir par le passé.
15:21 Et donc, de fait, ça impose de définir des briques de base,
15:25 des technologies qu'on va pouvoir intégrer et utiliser à la demande.
15:31 Donc tout le challenge, c'est justement de réussir à se projeter suffisamment
15:35 pour pouvoir développer une technologie qui va répondre à un maximum de besoins,
15:39 que ce soit du géostationnaire, orbite moyenne, orbite basse,
15:44 mais sans non plus aller dans, je dirais, le développement d'une Ferrari,
15:48 ou à l'image d'un Rafale, par exemple, qui serait beaucoup trop cher, trop complexe,
15:53 et finalement qui permettra pas d'accéder au marché et répondre à la globalité du besoin.
15:58 Il y aura toujours besoin de pièces d'orfèvrerie,
16:02 pour certains besoins très spécifiques, parce que c'est extrêmement rentable.
16:06 Mais voilà, après, là où c'est intéressant justement avec ces petits satellites géostationnaires,
16:10 aussi pour un certain nombre d'opérateurs,
16:12 c'est que ça peut leur permettre de tester un accès au marché
16:14 avant d'investir dans des énormes satellites,
16:17 et finalement commencer à ouvrir et développer le marché.
16:20 Donc voilà, tout ce renouveau...
16:21 - Et mettre un petit orfeil dans l'eau !
16:23 - Exactement !
16:24 - Mais là dans le vide spatial, et aller voir si ça fonctionne.
16:27 Mais technologiquement, il y aura un gap à passer quand même, où ça change rien.
16:31 C'est-à-dire qu'on peut aller tester une technologie,
16:32 puis ensuite la développer sur un autre gabarit, le satellite ?
16:35 - Tout à fait, tout à fait.
16:36 C'est comme si, par exemple, on faisait un test de connexion 5G dans une ville en premier,
16:43 et puis si on voit que ça marche et que ça répond aux besoins,
16:45 on décide de déployer dans toutes les villes d'un pays.
16:48 Donc ça permet vraiment aussi cette flexibilité et ce renouveau...
16:53 - Et en test à moindre coût, parce qu'il y a un point qui est intéressant,
16:56 c'est qu'il y a eu une perte de marché de ces satellites qui sont positionnés
17:00 et qui n'ont plus accès à, par exemple, la connectivité, qui fait un vrai bon.
17:04 Et donc peut-être une perte de financement aussi pour se renouveler.
17:07 Il faut des solutions à bas coût,
17:08 parce que peut-être c'est plus difficile pour ces acteurs-là,
17:10 même s'ils ont l'air insolides, de se financer pour se renouveler.
17:14 - Il y a quand même, même parmi les plus gros, des géants aux pieds d'argile.
17:17 Intelsat sort d'un chapitre 11, donc le chapitre des faillites,
17:22 et restructure sa dette.
17:23 Donc ce genre de solution, c'est typiquement...
17:25 D'ailleurs, ils ont commandé trois petits satellites
17:27 à une société européenne qui s'appelle Swiss Tutswell, justement,
17:31 parce que c'est moins cher, ça permet de tester le produit.
17:34 En tant que premier client, ils bénéficient probablement de conditions favorables.
17:38 Mais c'est une solution parmi tant d'autres.
17:40 Intelsat est aussi le premier client des services d'extension de vie.
17:43 Plutôt que de remplacer un satellite, lorsque le satellite fonctionne,
17:46 qu'il a encore des clients, mais qu'il n'a plus de carburant,
17:49 on peut s'accrocher à lui et étendre sa durée de vie.
17:53 Et c'est pour ça qu'Intelsat a été le premier client de ce service-là.
17:56 - Et quel est votre regard là-dessus ?
17:57 Est-ce que cette option-là d'extension de vie,
18:00 d'aller apporter de nouvelles briques technologiques directement dans l'espace,
18:04 c'est une vraie solution de transformation pour ce secteur ?
18:08 - Ça amène de la flexibilité.
18:11 Là où justement, au plus on a un panel de solutions variées,
18:15 au plus on est capable de tester très tôt des nouvelles solutions,
18:20 de les valider pour ensuite passer sur des infrastructures beaucoup plus importantes.
18:23 Ça permet d'accélérer aussi les temps de développement,
18:27 les temps d'accès, les temps de tests.
18:28 Et donc ça va vraiment dynamiser tout le marché et le développement de l'infrastructure.
18:34 - Je dois en penser aussi, pour rejoindre ce que dit Nicolas,
18:36 c'est que la flexibilité, elle est permise grâce à la standardisation.
18:40 Et aujourd'hui finalement, les satellites, ça reste encore des produits
18:44 qui sont produits en faible quantité.
18:47 Et on a beaucoup à prendre dans l'aéronautique.
18:49 Aujourd'hui, un avion, il est structurellement, de l'extérieur,
18:52 relativement similaire à un autre, dans la même gamme.
18:55 Alors le client va choisir ses moteurs, il peut même les remplacer.
18:58 Il va choisir la décoration intérieure,
18:59 mais même l'avion, il va pouvoir passer de propriétaire en propriétaire
19:01 puisqu'il est flexible, il répond à différents besoins parce qu'il est standardisé.
19:06 On n'est pas encore dans cette dynamique-là,
19:08 mais ça pourrait vraiment permettre au marché d'être beaucoup plus fluide
19:12 et de s'adapter à ces évolutions grâce à ces schémas-là.
19:15 - Alors on a les constructeurs qui vont devoir s'adapter.
19:18 On a les startups qui travaillent avec ces nouveaux acteurs.
19:22 Quel est le regard peut-être au niveau des startups et de l'écosystème européen ?
19:27 Alors je me tourne vers vous parce que vous représentez ce syndicat
19:30 des jeunes entreprises européennes dans le spatial.
19:33 Quel est le regard vers ce marché-là ? Est-ce qu'il y a un potentiel ?
19:36 Est-ce que ça mérite d'aller y mettre un effort ?
19:39 Ou est-ce que la priorité, ça reste quand même d'adresser le New Space ?
19:43 - Alors c'est sûr qu'aujourd'hui, le New Space, maintenant, c'est une réalité.
19:47 On voit le nombre de satellites qui est envoyé.
19:50 La plupart des startups européennes d'ailleurs se sont créées,
19:53 ont été fondées pour pouvoir adresser ce marché.
19:58 Et c'est ce qu'on fait de plus en plus.
20:01 C'est ce qu'on fait d'ailleurs même de plus en plus avec les acteurs traditionnels.
20:05 Parce que je pense que maintenant, l'opposition, c'est fini.
20:08 Mais au contraire, on est là pour pouvoir gagner ensemble.
20:11 C'est-à-dire que les briques technologiques,
20:13 les innovations qui ont été proposées par les startups,
20:15 permettent d'alimenter le marché des acteurs traditionnels.
20:19 Que ce soit d'ailleurs en fournisseurs ou même en clients.
20:21 On a plein d'exemples de ce type.
20:24 Et finalement, ce renouveau un petit peu du marché pour les plus hautes orbites,
20:31 ça va être autant d'opportunités pour nous, acteurs,
20:35 ayant développé ces premières briques technologiques pour l'orbite basse,
20:38 d'aller les étendre pour pouvoir développer des solutions adaptées.
20:43 Est-ce qu'on peut imaginer que c'est le début d'un certain marathon ?
20:46 Quand on parle de cette orbite basse,
20:48 on parle beaucoup du fait qu'il n'y aura pas de la place pour tout le monde.
20:51 Est-ce que ça peut être le second souffle du marché satellitaire ?
20:55 Une fois que l'orbite basse aura été congestionnée, exploitée,
20:59 avant sa peut-être prochaine transformation,
21:01 se tourner vers l'orbite moyenne et géostationnaire ?
21:04 L'orbite géo est intéressante, les orbites moyennes aussi.
21:07 Il y a la question du partage de l'orbite,
21:10 mais aussi la question du partage du spectre.
21:12 Et là, les orbites sont un peu en compétition,
21:14 donc l'orbite géo ne va pas disparaître, elle reste extrêmement pertinente.
21:18 Mais il est vrai qu'il va falloir naviguer finement
21:21 pour qu'à la fin, on évite de se parasiter, de se brouiller les uns les autres.
21:24 Est-ce que vous pouvez peut-être expliquer un petit peu
21:26 de quoi il s'agit quand on parle du partage du spectre,
21:29 pour les gens qui nous regardent ?
21:30 Le spectre, c'est un...
21:33 Peut-être que Nicolas est plus à l'aise que moi.
21:35 Oui, c'est vrai que pour le coup, c'est plutôt votre domaine.
21:37 Je vais laisser à César.
21:39 Le spectre, c'est nos fameuses fréquences qu'on est amené à utiliser.
21:44 Donc chacun, finalement, si on simplifie un petit peu,
21:47 chacun a une autorisation de parler sur une certaine fréquence.
21:51 Et si on commence à tous parler sur la même fréquence,
21:54 les messages vont se brouiller,
21:56 comme si on était dans une conversation, à tous parler en même temps.
21:59 Ça serait une cacophonie, on n'y comprendrait plus rien.
22:02 Donc si jamais tous nos objets se mettent à parler
22:06 sur cette même fréquence en même temps,
22:08 on ne va plus réussir à se connecter
22:10 ou à comprendre les messages qui transitent.
22:13 Et ça, c'est vrai que c'est un vrai enjeu.
22:15 On utilise énormément les fréquences,
22:17 d'ailleurs on le voit même sur des sujets terrestres,
22:19 les batailles entre opérateurs,
22:21 parce que c'est le nerf de la guerre,
22:22 c'est ce qui permet de connecter nos utilisateurs.
22:26 C'est un vrai défi, donc il y a des aspects technologiques,
22:29 il y a des aspects réglementaires au niveau international
22:32 pour que tous ces systèmes puissent justement coexister
22:36 sans se perturber les uns les autres.
22:39 Et donc il y a pas mal d'innovations sur ces sujets-là,
22:42 sur les formes d'ondes, sur les antennes.
22:44 Il va y avoir peut-être demain aussi l'optique
22:47 qui va permettre de décongestionner un petit peu le spectre
22:52 pour qu'on puisse utiliser de plus en plus cette infrastructure.
22:56 Est-ce que peut-être ces acteurs-là,
23:01 qui ont un énorme virage à faire et donc qui se meuvent
23:05 peut-être plus lentement,
23:07 auront la légitimité d'aller réclamer cette place, ces spectres ?
23:12 Est-ce qu'ils ont encore leur place dans cette course-là finalement ?
23:15 Le système tel qu'il fonctionne aujourd'hui, il est le suivant,
23:18 tant que vous ne libérez pas votre utilisation du spectre,
23:22 vous la possédez.
23:23 D'accord.
23:24 Donc en fait, ils sont déjà placés ?
23:27 La question, c'est déjà le partage avec ces nouveaux entrants
23:30 qui souhaitent grignoter,
23:31 mais c'est aussi celle de l'industrie du satellite
23:34 qui commence à se faire tailler des croupières
23:35 par l'industrie des réseaux terrestres, la 5G.
23:38 Il y a eu l'année dernière aux Etats-Unis,
23:41 une cession du spectre, du spatial vers le réseau terrestre pour la 5G.
23:45 Et en échange, Intel, SAT, SES ont largement été compensés.
23:48 On parle de compensation de plusieurs milliards de dollars.
23:51 Mais on a fait rentrer le dans la bergerie.
23:54 Demain, on ne peut pas s'interdire de penser que les opérateurs 5G vont dire
23:57 "Mais en fait, moi, je voudrais un peu plus parce que le marché terrestre,
24:01 c'est 98% des marchés des télécoms, là où le spatial n'est que 2%".
24:06 Bien sûr.
24:06 Donc il y a quand même un enjeu de vigilance.
24:08 C'est vrai qu'on oublie souvent, et vous le disiez tout à l'heure,
24:10 en parlant de la production, mais en réalité,
24:12 il n'y a pas tant que ça dans l'espace par rapport à ce qu'on a ici sur Terre.
24:15 Et la bataille va être très difficile à ce niveau-là.
24:20 Est-ce qu'on peut conclure peut-être sur ce sujet-là,
24:23 sur cette cohabitation-là entre toutes les orbites aujourd'hui satellitaires ?
24:28 À quoi va ressembler demain ?
24:30 Enfin, à quoi vous risqueriez à projeter demain tous les deux ?
24:34 Alors moi, je regarde les chiffres.
24:36 Et à reconstituer dans nos prévisions de marché,
24:38 on pense que les satellites en orbite basse,
24:40 c'est 80% du nombre de satellites lancés.
24:43 Mais quand on regarde la valeur de ces satellites-là,
24:44 donc on parle d'à peu près de 20 000 satellites dans d'ici 10 ans,
24:47 mais quand on regarde la valeur de ces marchés-là,
24:49 c'est une dizaine de pourcents.
24:51 Alors que 130, 140 satellites géostationnaires
24:54 à lancés en 10 ans dans cette même période-là,
24:56 c'est 30% de la valeur du marché.
24:58 Donc ces satellites en géo sont là pour rester,
25:02 mais on va voir des très petits
25:04 et probablement des satellites encore plus gros
25:06 si demain des lanceurs tels que Starship au New Glenn
25:08 permettent de lancer des satellites de 7, 8 tonnes.
25:12 Oui, parce que les lanceurs aujourd'hui rebattent les cartes aussi.
25:15 On s'est dit on va chercher avec les lanceurs,
25:18 avec toute cette vague de micro-lanceurs qui ont réduit les coûts,
25:20 mais en réalité on va avoir des capacités aussi d'envoyer beaucoup plus.
25:23 Je pense qu'un impact sera beaucoup plus grand de l'autre côté.
25:25 Oui, finalement avec l'arrivée de Starship,
25:27 ça devrait bousculer ça
25:28 et puis peut-être remettre chacun à sa place
25:31 au niveau commercial, satellitaire.
25:33 Un dernier mot Nicolas Capé avant qu'on conclue.
25:35 Oui, alors moi je vais plus parler un petit peu de vision technologique
25:39 parce que finalement ce qu'on voit c'est que le géostationnaire
25:43 et vraiment le marché historique,
25:45 on avait un peu d'orbite moyenne aussi,
25:48 on a vraiment cette explosion du nombre de petits satellites
25:51 et puis ce besoin finalement d'aller interconnecter toutes ces couches
25:55 en fonction des altitudes
25:57 et puis peut-être même demain en fonction des missions
26:00 qu'on sera amené vers la Lune également
26:02 où il y aura besoin d'infrastructures, de connectivité, d'invalidation.
26:05 Il y a déjà un projet, le projet Moonlight de l'ESA par exemple.
26:07 Complètement, c'est dans les projections
26:09 donc ça va prendre évidemment un petit peu de temps
26:12 mais c'est finalement cette vision du spatial
26:15 qui est plus isolée dans son coin
26:17 mais qui a vraiment une approche
26:19 et d'ailleurs les acteurs privés stimulent énormément ça
26:22 comme on peut le voir sur des télécoms terrestres
26:25 avec ces notions de roaming,
26:28 avec ces notions d'infrastructures
26:29 qui restent transparentes pour les utilisateurs
26:31 mais finalement qui fournissent un service
26:33 qui va être extrêmement utile parce que
26:35 aujourd'hui déjà et demain encore plus,
26:38 le spatial c'est générer un maximum de données
26:40 pour observer notre planète, pour la connecter.
26:43 Ça on en a vraiment besoin pour beaucoup d'enjeux
26:46 que ce soit climatique, surveillance et j'en passe.
26:50 Et donc voilà, on a vraiment cette transition
26:54 qui est en train de s'opérer et c'est particulièrement excitant.
26:57 Excitant et tout le monde essaie d'attraper le coche.
27:00 Merci beaucoup Nicolas Capeseyo d'Anyways
27:02 d'avoir pris le temps de venir échanger avec nous.
27:04 Merci Maxime Putot de Reconsult.
27:07 On vous laisse repartir, j'imagine,
27:09 à la Voire de Satellite Business Week.
27:11 Merci à tous de nous avoir suivis
27:14 pour cette édition de Smart Space à la production
27:16 Lily Zalkin, comme toutes les semaines.
27:18 Et puis on se retrouve dès la semaine prochaine.
27:20 En attendant, vous pouvez découvrir ou redécouvrir
27:24 notre émission sur bsmart.fr
27:26 mais aussi sur toutes les plateformes de podcast.
27:29 À la semaine prochaine.
27:31 [Musique]

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