• il y a 10 mois
Jacques Pessis reçoit Grégoire : Après 8 années de silence, il fête ses 15 ans de carrière et de succès avec un album intitulé « Vivre ». Ce qu’il fait intensément.

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-02-05##

Category

🎵
Musique
Transcription
00:00 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:05 Sud Radio, les clés d'une vie, celles de mon invité.
00:08 A vos débuts, vos dons vous ont permis de trouver de généreux donateurs.
00:12 Grâce à eux, vous exercez le métier de vos rêves.
00:15 A votre tour de donner, ou plutôt de partager votre amour de la vie à travers ce nouvel album.
00:20 Bonjour Grégoire.
00:21 Bonjour Jacques, bonjour à tous.
00:22 Bonjour, parce qu'en plus on s'était vu au début des clés d'une vie.
00:25 On démarrait Sud Radio.
00:27 Aujourd'hui, non seulement on a plus de 900 000 abonnés sur notre chaîne YouTube,
00:30 mais on est ouvert à Lyon ces jours-ci.
00:32 Donc vive Sud Radio et vive votre nouvel album, "Vivre" justement,
00:36 qu'on va évoquer à travers des dates clés bien entendu,
00:39 puisque c'est le principe des clés d'une vie.
00:40 Alors on va revenir un peu sur le passé, avant de parler du présent et de l'avenir.
00:44 Première date que j'ai trouvée, c'est le 12 mars 2008.
00:48 Écoutez ce générique.
00:49 Le journal télévisé de France 2, car votre première télé il faut vous foutre fort,
00:56 vous passez une minute quarante au journal télévisé. Vous vous en souvenez ?
00:59 Oh là là, c'est loin, mais c'est vrai, oui, effectivement, pour parler du site.
01:03 Exactement, puisque c'est la première fois qu'on parlait du site My Major Company.
01:07 Et comme vous étiez le premier à avoir utilisé ce site,
01:10 vous avez une longue interview dans le journal de 20h.
01:12 Oui, oui, tout à fait, effectivement, on a parlé du site avant de parler de moi
01:15 et avant de parler de ma chanson d'ailleurs.
01:17 Et on vous interviewe, et il y a beaucoup de producteurs qui sont interviewés en disant
01:20 "ce site a de l'avenir".
01:22 Il y a quand même des maisons de disques qui disent "on n'est pas sûrs".
01:24 Et puis il y a quand même des gens qui disent "finalement, ça permet de prendre des risques,
01:28 ce que les maisons de disques ne font plus".
01:30 C'est vrai, et oui, effectivement, les maisons de disques pensaient que les plateformes de streaming,
01:34 ça ne marcherait pas non plus.
01:36 Donc voilà, là c'est des gens de la musique qui se sont lancés sur Internet.
01:41 Ce n'était pas des gens d'Internet qui allaient, donc c'est ce qui m'avait rassuré moi.
01:44 C'est pour ça que j'ai signé avec des gens de la musique qui se lançaient sur Internet.
01:47 Et puis vous avez été le premier à prendre le risque de tenter l'aventure.
01:50 A l'époque, ce n'était pas évident.
01:52 Non, ce n'était pas évident, mais il y avait quand même Michael Goleman,
01:56 il y avait des gens de confiance.
01:58 Je savais que des gens qui avaient les pieds sur terre, qui savaient ce qu'ils faisaient,
02:01 qui connaissaient le métier.
02:02 Donc non, ils avaient un discours qui tenait la route et qui me rassurait.
02:07 Oui, parce que dans les maisons de disques à l'époque,
02:09 on s'intéressait surtout déjà au profit plutôt qu'à l'artiste.
02:12 Moi, j'ai le souvenir d'une réunion dans une maison de disques
02:15 où le grand patron dit "on va sortir une compilation de Muluji,
02:19 quelqu'un peut me parler de Muluji ?" Silence total.
02:22 Et finalement, il y a une petite main au fond de la salle qui se lève et qui dit
02:26 "je crois que c'est de Georges Moustaki".
02:28 Ah, pas mal !
02:30 C'était quand même une folie.
02:32 Avec le recul, vous ne dites pas que c'était une folie de tenter ça ?
02:35 Non, non, non, parce qu'en fait, contrairement à des émissions
02:38 où on rentre dans un château comme la Star Trek
02:41 et on en ressort au bout d'un mois, et que si on finit 11, 12ème,
02:45 ce n'est pas forcément ce qu'il y a de mieux.
02:47 Là, je me suis dit "si ça marche, c'est super,
02:50 et si ça ne marche pas, personne n'en entendra parler,
02:53 donc dans ces cas-là, je pourrais faire autre chose quand même".
02:55 Voilà, et on a beaucoup entendu parler de cette chanson.
02:58 Ça fait 15 ans que cette chanson, on continue à l'entendre.
03:15 Oui, tout à fait.
03:17 Ça vous surprend ?
03:19 Dans l'absolu, ça me surprend.
03:21 Après, à chaque fois que je l'entends, je me dis "quand même, pas mal".
03:24 Elle a quelque chose d'entêtant.
03:26 C'est assez inexplicable, sinon j'en aurais fait des tonnes comme ça.
03:30 Mais non, elle a quelque chose d'exceptionnel.
03:34 Et puis l'histoire, une chanson c'est aussi une histoire,
03:37 ce n'est pas qu'une mélodie et une musique finalement.
03:39 Il y a toute l'histoire de My Major Company qui va avec,
03:42 qui va accaparer cette chanson et mon histoire.
03:45 Et comment elle est née cette chanson ? Comment elle est venue à votre esprit ?
03:48 Cette chanson est venue sur une trottinette.
03:50 Je cherchais à écrire une chanson où je commençais par un refrain.
03:54 Et j'ai eu ce refrain, mais je n'ai jamais eu le couplet.
03:58 Donc j'ai fait une boucle, un peu comme une sorte d'hommage au ritournel de notre enfance,
04:04 j'allais dire Frère Jacques ou plein de choses comme ça.
04:07 C'est vraiment que des boucles, des sortes de canons.
04:10 Et ensuite, ma mère étant prof de maths, mon père a été docteur en maths,
04:14 je pense que l'équation, le toi plus moi, il y avait ce côté-là.
04:18 Et j'avais envie d'écrire une chanson joyeuse parce que j'avais connu pas mal de douleurs.
04:22 Et à ce moment-là, je me suis dit, tiens, si j'écris quelque chose de joyeux,
04:27 les gens qui me connaissent, ils vont vouloir quand même sourire.
04:30 Ils vont se dire, tiens, allez, il veut faire la fête, on va faire la fête avec lui.
04:34 Et ceux qui ont fait la fête avec vous, ce sont 60 de vos producteurs sur 347
04:38 qui ont tourné dans le clip. - Exactement.
04:40 - C'était quelque chose. - Oui, c'était super.
04:43 C'était l'idée. Après, quand on se lance dans My Major Company,
04:46 il y avait vraiment cette idée de demander au public de participer à l'album financièrement,
04:50 mais aussi de leur proposer des choses.
04:52 Donc on leur a soumis la pochette, on les a invités effectivement à tourner dans le clip
04:56 pour qu'ils puissent participer, voir un peu de l'intérieur.
04:59 C'était un peu aussi l'idée du site.
05:01 C'était pas que de demander de l'argent, c'était de vivre une aventure humaine.
05:05 - Et les 347 personnes, ça vous a surpris au départ qu'il y ait autant de monde ?
05:09 - Alors, ça m'a rassuré. Et puis c'est allé tellement vite.
05:12 Il faut avouer que ça a mis un mois et demi.
05:14 - Entre le 20 décembre et le 15 février, je crois.
05:16 - Exactement. À peu près un mois et demi.
05:18 Et donc tous les jours, on voyait.
05:20 C'est comme quand vous actualisez sur Internet. C'est incroyable.
05:24 Et donc, à un moment, j'allais dire, on voyait tellement la dynamique
05:28 que presque mi-janvier, on s'est dit, OK, ça va y aller.
05:31 Maintenant, il faut déjà se préparer pour la suite.
05:33 - Parce qu'en plus, quand on voit les producteurs, il y a toutes les générations.
05:36 - Oui, il y a toutes les générations.
05:38 Il y a ceux qui étaient fans d'Internet et des sites Internet comme ça.
05:42 Et puis, il y a d'autres gens qui en avaient entendu parler
05:44 et qui étaient plus du côté Goldman,
05:46 puisque il y a le fils de Jean-Jacques Goldman dedans.
05:49 Il y avait quelques médias qui en parlaient.
05:51 Alors, c'est vrai, aussi bien des gens qui étaient des investisseurs purs et durs
05:55 et puis d'autres, des amateurs de musique, qui se sont dit,
05:57 il y a d'ailleurs une très belle histoire de quelqu'un qui aimait la chanson,
06:01 qui a entendu "Toi + Moi" et qui avait économisé 3000 euros
06:04 pour les 30 ans de mariage et qui voulait emmener sa femme en voyage.
06:09 Et il a dit à sa femme, tu sais quoi, ça fait longtemps que j'économise,
06:12 mais je pense qu'on va au moins gagner notre argent.
06:15 On va se rembourser.
06:16 Ça dit qu'on le fasse et il l'a fait.
06:18 Il a gagné 20 fois sa mise.
06:20 - C'est extraordinaire. - Et ils ont fait le tour du monde.
06:22 - C'est formidable. - C'est génial.
06:23 - C'est vrai que tous les producteurs ont gagné 20 fois leur mise.
06:27 - 20 fois leur mise, oui.
06:29 - Il y en a qui ont misé, alors il y en a qui avaient les moyens,
06:31 mais ceux qui ont misé 3000 euros,
06:33 ils l'avaient toutes économisé depuis 10 ans pour un anniversaire de mariage.
06:37 - Je crois qu'il y a eu 1 200 000 exemplaires de l'album.
06:39 - Oui, à peu près même plus maintenant.
06:41 - Et en plus, il y a eu un second clip avec la tournée.
06:45 - Exactement. Il y a eu le clip "Nuages" où on a filmé la tournée,
06:49 on a fait des images de tout ce qui est, j'allais dire, le backstage,
06:54 en fait les coulisses, pardon, en français, qui sont les coulisses,
06:58 donc montrer un peu l'intérieur, c'était aussi une façon de faire participer les gens.
07:02 - Et puis vous les avez revus ces producteurs, vous avez des nouvelles de temps en temps ?
07:05 - Alors il y en a certains qui sont encore là, que j'ai de manière récurrente,
07:10 et puis après il y en a d'autres, non, effectivement, j'ai pas forcément de nouvelles,
07:13 mais voilà, ce sont des gens qui me suivent souvent, oui.
07:16 - Alors la musique pour vous, ça a commencé à l'âge de 8 ans au piano, avec cette mélodie.
07:22 "And you can tell everybody, this is your song"
07:28 "Your song, Elton John", ça vous a marqué cette chanson ?
07:32 - Ah bah Elton John en général m'a marqué, c'est vrai, et puis le piano,
07:35 alors c'est un mélange, il y a les Beatles aussi, et c'est vrai que "Your song",
07:39 les Tidbits, ce sont des chansons qui m'ont donné envie de faire du piano,
07:43 envie de faire de la musique.
07:45 - Et puis "Your song", c'est une chanson qui est sur le deuxième album d'Elton John,
07:48 qui a été écrite par Bernie Taupin, sur la table du petit déjeuner de la maman d'Elton John.
07:53 Il avait quelques minutes, il a écrit ça, sans imaginer que ça deviendrait culte.
07:56 - Voilà, devant des oeufs brouillés.
07:58 - Alors finalement, la chanson au départ, vous aimiez ça,
08:01 mais vous avez eu une vie très tranquille, je crois que vous avez été aller au lycée Saint-Vincent à Saint-Lice,
08:07 qui est un lycée très religieux, avec les Pères Maristes.
08:13 - Alors ça c'était avant, il y avait encore deux Pères Maristes,
08:16 nous à l'époque, on était tous des externes,
08:19 je sais que la génération d'avant avait connu l'internat et le pensionnat,
08:22 mais donc oui, il y avait les Pères Maristes, mais ils étaient deux,
08:25 ils célébraient des offices, mais pas quotidien.
08:28 Après, ça reste un lycée privé, catholique, mais c'était pas un pensionnat.
08:36 - Et puis les résultats du bac, c'était 99,4% de réussite,
08:40 et je crois que non seulement vous avez réussi Grégoire, mais vous avez eu la mention bien.
08:44 - Alors non, assez bien, il faut être honnête,
08:46 mais j'ai quand même eu la mention assez bien, effectivement.
08:49 Et oui, là-bas, effectivement, c'est aussi l'avantage, ce cursus,
08:55 c'est d'avoir de bonnes notes et puis essayer de se donner le plus de bagage pour la suite.
09:03 - Vous étiez un élève sérieux ?
09:05 - Sérieux, oui, en fait il y avait toujours quand même un peu mieux faire.
09:09 C'est-à-dire que je me contentais d'avoir ce qu'il fallait avoir,
09:13 c'est d'ailleurs pour ça que j'ai peut-être pas eu la mention bien,
09:16 c'est-à-dire que j'aurais dû être un peu plus...
09:18 Alors, à ma décharge, j'ai passé mon bac en 98,
09:22 et donc les révisions, c'était un peu avec la Coupe du Monde.
09:25 Donc voilà, j'étais quand même content d'avoir assez bien.
09:28 - Alors curieusement, après, vous avez fait quelque chose qu'on n'imagine pas aujourd'hui,
09:32 c'est une licence en langue étrangère, en anglais et en allemand.
09:35 - Exactement. - Pourquoi ?
09:36 - Bah en fait, moi je voulais un... mes parents m'ont demandé un bac +2,
09:40 donc j'ai fait des études parce que je trouvais qu'ils avaient raison quand même,
09:44 le métier de musicien, c'était pas un métier évident,
09:46 donc autant avoir un diplôme.
09:48 Et puis j'ai fait de l'allemand depuis la 6ème,
09:50 donc j'ai continué, je me suis dit, tiens, quel est le diplôme qui va être le plus large,
09:55 pour soit faire un peu de journalisme, soit travailler dans une maison de disques,
09:59 enfin, travailler dans la communication, j'adore l'anglais aussi,
10:02 donc que ce soit l'international.
10:04 Si je fais pas de musique, qu'est-ce qui serait le mieux pour moi ?
10:07 Et c'est vrai que c'est ce qui permettait d'être le plus large,
10:10 on apprenait le marketing et tout ça.
10:11 - Oui, mais ça vous empêchait pas d'écrire, je crois, depuis vos jeunes années, des poèmes.
10:15 - Tout le temps.
10:16 Ouais, depuis la 5ème, 6ème, quand j'avais 11, 12 ans, j'ai commencé à écrire des petits poèmes.
10:20 Et puis à force, entre le fait de reproduire les chansons des autres et écrire des poèmes,
10:25 à un moment, vers 15, 16 ans, j'ai commencé à mélanger les deux pour faire mes propres chansons.
10:29 - Et qu'est-ce qui sont devenus ces poèmes ?
10:31 - Oh, il y en a qui ont disparu complètement.
10:34 C'est peut-être des jeunes filles de mon collège qui les ont encore,
10:38 en tout cas des lettres, ça je pense quand même.
10:41 Mais sinon, non, après j'ai des chansons qui datent de cette époque.
10:46 Il y avait notamment sur le premier album "Rue des étoiles" que j'avais dû écrire vers 17 ans.
10:51 - Donc c'était vraiment un besoin d'écrire et de chanter.
10:53 - Permanent, c'était vraiment quelque chose qui m'obsédait.
10:56 Je rentrais à la maison, je faisais mes devoirs pour que ma mère me laisse tranquille.
11:03 Elle ne m'embêtait pas, mais si je ne faisais pas mes devoirs, elle me courait après.
11:07 Donc je faisais mes devoirs pour être sûr de pouvoir faire ce que je voulais.
11:14 Et après, j'écrivais toute la soirée.
11:16 - Et votre devoir aujourd'hui, c'est d'évoquer cet album dont on va continuer à parler à travers une autre date,
11:20 le 6 avril 2011.
11:22 A tout de suite sur Sud Radio avec Grégoire.
11:24 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
11:28 - Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Grégoire.
11:31 Grégoire, le retour avec un nouvel album, "Vivre".
11:34 Il y a eu d'autres choses avant cet album, "Vivre",
11:38 donc on les évoque dans "Les clés d'une vie", selon la tradition.
11:41 Et le 6 avril 2011, c'est la sortie d'un film qui va vous dire quelque chose.
11:58 - Et moi je comprends que c'est la bande originale du film "Titeuf" de Zep.
12:03 Comment vous êtes arrivé dans cette aventure ?
12:05 - C'est marrant parce qu'il y avait Johnny qui chantait,
12:08 moi j'ai été en première partie de Johnny au Stade de France.
12:11 Il y avait Goldman qui a chanté aussi, il y a plein d'artistes.
12:14 Et en fait, il y avait aussi Robert Goldman qui était dans l'artistique de cet album.
12:21 Et il cherchait quelqu'un de la jeune génération,
12:25 il y avait beaucoup de "anciennes" générations.
12:28 Et moi je venais d'arriver, ils ont soumis mon nom,
12:32 et Zep a trouvé ça assez intelligent.
12:34 - Vous connaissiez les bandes dessinées de Zep, "Titeuf" ?
12:36 - Oui, bien sûr, tout le monde connaît.
12:38 En tout cas, moi c'était ma génération, c'était juste après moi,
12:42 mais ça passait soit à la télé en dessin animé,
12:44 soit oui, c'est un petit garçon plutôt très drôle.
12:48 - Et puis en plus, Philippe Chapuis, donc Zep,
12:50 il a choisi ce nom en hommage à Led Zeppelin.
12:53 - Ah je ne savais pas !
12:55 - Il l'adorait, il était fan de Bob Dylan aussi,
12:57 il a signé une BD exprès "L'Enfer des concerts"
13:00 - Oui, tout à fait, ça je l'ai vu.
13:01 - Et il a formé deux groupes de musique et enregistré deux disques.
13:04 - Ah ça je ne savais pas, mais en tout cas je sais qu'effectivement il avait dessiné le rock.
13:08 - Exactement.
13:09 Alors, cette chanson, je commence à comprendre, c'est Jean-Jacques Goldman,
13:13 dont vous aviez entendu parler très jeune, je crois, par une copine.
13:16 - Oui, effectivement, alors très jeune, moi j'avais 17 ans,
13:19 et moi j'écoutais beaucoup, beaucoup de pop anglo-saxon.
13:22 J'écoutais peu de français, je connaissais bien sûr Goldman, je connaissais ses grands tubes,
13:25 mais un jour elle me dit "tiens, écoute cette chanson-là",
13:27 et elle m'a fait écouter une chanson moins connue qui s'appelle "Confidentiel".
13:30 - Oui.
13:31 - Et j'ai trouvé cette chanson absolument magnifique,
13:34 et je trouvais que c'était un peu le genre de chanson que j'espérais,
13:37 ou en tout cas vers laquelle j'aspirais.
13:40 Et donc j'ai commencé à écouter tout ce qu'on appelle les phases B de Jean-Jacques Goldman,
13:44 et je me suis dit "il y a quelque chose dans ce qu'il raconte déjà".
13:48 Je trouve qu'humainement, il a quelque chose, j'ai envie de rencontrer cet homme-là.
13:53 L'homme, et l'artiste aussi, parce que je trouvais qu'en français,
13:56 c'était vraiment des bonnes mélodies et des textes simples, sans être faciles.
14:02 Et voilà, entre ceux qui inventent des grandes phrases,
14:07 qui se prennent pour je sais pas qui,
14:10 entre Ferré et Brel, qui sont inatteignables,
14:13 j'allais dire qu'ils sont à la limite de la poésie,
14:17 lui il était dans le langage un peu parlé, mais quand même très construit,
14:21 des idées très intéressantes sur la forme, sur le fond,
14:24 et ça me touchait énormément, et donc oui, oui, c'est devenu une sorte de déclic,
14:29 et à ce moment-là, j'ai fait une fixette sur le fait de rencontrer cet homme, Jean-Jacques Goldman.
14:33 Et vous vous êtes dit "un jour je le rencontrerai, immédiatement".
14:36 Je me suis dit "je veux, c'est lui que je dois rencontrer,
14:40 parce que c'est là que je dois tracer ma carrière".
14:44 - Un jour, j'ai parlé avec Jean-Jacques Goldman, qui m'a dit
14:47 "vous n'imaginez pas la complexité d'écrire un texte ou une musique,
14:51 ce sont des semaines et des semaines".
14:53 Et c'est vrai qu'au point de vue professionnel, si ses chansons restent aujourd'hui et sont cultes,
14:57 c'est parce que c'est un travail immense, c'est pas écrit sur un point de table.
15:00 - Ah non, lui c'est un travail d'orfèvre, le connaissant en plus,
15:03 dans le bon sens du terme, c'est un besogneux.
15:06 C'est vraiment quelqu'un qui va réfléchir, il disait toujours qu'il avait besoin d'avoir écrit
15:09 3 à 4 pages d'un grand livre pour faire une chanson sur un sujet.
15:14 Il a besoin de réfléchir, il a besoin de retourner,
15:17 il a besoin que ce soit parfait à la lettre, à la virgule près.
15:20 - Ça vous a appris quelque chose de voir travailler Goldman, Grégoire ?
15:23 - Oui, mais surtout en plus de le voir vivre d'une certaine manière,
15:26 parce que c'est vraiment quelqu'un qui dû humainement,
15:28 et ça se ressent dans ce qu'il raconte, qui est assez incroyable,
15:31 et il n'y a jamais de décision prise à la va-vite.
15:34 Il fait toujours un pas de côté, il prend toujours un recul sur une situation,
15:39 et il a toujours, pour moi en tout cas, la vision juste.
15:43 Il remet toujours en cause, il se fait toujours un peu l'avocat du diable,
15:47 il sous-pèse, il n'a pas de préjugés, et ça c'est assez fascinant.
15:52 - Et puis il a une discrétion dans la vie quotidienne qui est incroyable.
15:55 Je me souviens d'avoir rencontré Aplante-Cuc, où il vivait à l'époque,
15:59 au sud de la gendarmerie, dans un 3 pièces,
16:02 et il y avait le golf et le tennis où il déjeunait,
16:05 et s'il allait déjeuner au golf, le patron du tennis le savait,
16:07 il lui interdissait de courir pendant 3 semaines.
16:09 - Il n'y a pas plus discret que Jean-Jacques Goldman.
16:12 - Ah non, il n'y a pas plus discret, mais il est naturellement comme ça.
16:16 Il est simple, surtout, c'est quelqu'un qui considère que
16:20 être chanteur c'est un métier, comme certains sont boulangers, etc.
16:23 Et donc quand on ferme le magasin, on rentre chez soi, en fait,
16:28 et on ne va pas faire des baguettes chez soi, entre guillemets,
16:31 quand on est boulanger.
16:33 Lui, il rentre chez lui, il n'est pas là pour...
16:35 Quand il va au restaurant, il n'est pas là pour dire "je suis chanteur".
16:38 Quand vous arrivez quelque part, vous ne déclinez pas votre profession.
16:41 Donc oui, après il est célèbre, etc.
16:44 Mais non, il a su jouer avec ça et les gens l'ont bien compris.
16:47 - Et vous avez un autre point commun que vous avez transmis en chanson.
16:52 Oh, mes compagnons, mes amis de jeunesse
16:56 Quelles que soient vos histoires, n'oubliez jamais
17:02 Qu'un beau jour, nous avions fait ensemble une promesse
17:08 S'il n'en reste qu'un, nous serons ceux derniers
17:14 - Alors ça s'appelle "La promesse" et un duo avec Jérôme Goldman,
17:18 pour quelqu'un qui rêve de le rencontrer, c'est un rêve Grégoire ?
17:21 - C'était un rêve, surtout que ça faisait 10 ans qu'il avait pris sa retraite.
17:24 Même son fils Michael m'a dit "non mais il ne le fera jamais, il n'a pas envie d'être dérangé".
17:28 Et au final, on l'a fait, il m'a dit oui.
17:31 Donc je n'ai pas demandé pourquoi il m'avait dit oui.
17:33 Mais oui, on a fait cette chanson sur mon deuxième album.
17:36 - Et une chanson qui évoque un point commun, qui est le côté "scoot"
17:39 car vous avez tous les deux été scoot et fait votre promesse.
17:42 - Oui, tout à fait. Alors, ce n'était pas forcément écrit pour les scoot.
17:45 Moi, j'avais commencé à écrire cette chanson après un reportage sur la résistance.
17:50 Il y avait cette idée de compagnon et après, effectivement, le mot "promesse".
17:54 Donc ce soit, j'allais dire, effectivement les résistants,
17:57 mais même les groupes, un peu comme les scoot, où vraiment on s'entraide.
18:01 Moi, j'ai fait du rugby aussi, donc c'est des valeurs.
18:04 Je sais qu'il adore ce sport, donc c'est plein de valeurs comme ça qu'il le touche beaucoup.
18:08 Et donc c'est pour ça que cette chanson, je pense qu'il a accepté de la chanter avec moi.
18:11 - Le scoot, c'était vos années d'adolescence, vous partiez en camp ?
18:14 - Oui, oui. Alors, je n'en ai pas fait longtemps, mais c'est vrai que c'est quelque chose,
18:18 comme dirait Gullman, ça m'a appris à cuire un oeuf au plat, ça m'a appris des choses,
18:23 à me débrouiller, à me repérer un peu dans une forêt, à m'intéresser déjà,
18:27 à m'éveiller à la nature. Je pense que c'est très important.
18:30 - Et il y a un jour important, c'est qu'il y a eu le jour à Jambville, devant 18 000 scoots,
18:34 vous avez chanté, toi plus moi.
18:36 - Oui, exactement. Après, j'ai été contacté par les scoots qui, d'ailleurs, chantaient beaucoup "La Promesse"
18:40 et qui m'avaient contacté pour le grand rassemblement, et donc j'y suis allé avec plaisir,
18:44 parce que c'est vrai que c'est un moment dont je me souviens encore.
18:47 - Et le mot "Jamborée", je ne sais pas si vous savez d'où ça vient, Grégoire,
18:51 en fait, ça vient de la langue indienne, ça signifie "réunion pacifique de toutes les tribus",
18:55 et c'est Badouin Powell, le fondateur des scoots, qui voulait rassembler les scoots de toute l'Angleterre,
19:00 pour le premier de Jamborée, l'été 1920, a choisi ce terme.
19:05 - Ah, je ne savais pas, mais en tout cas, oui.
19:07 - Alors, le premier disque est sorti, il y avait l'angoisse du second, et finalement,
19:11 400 000 exemplaires, 4 disques de platine. - Oui, exactement.
19:15 - Vous aviez peur, le second album ? - De toujours, surtout après un succès comme "Toi + Moi",
19:20 c'est toujours compliqué, mais après, là, j'étais rassuré, parce que Jean Jagelman partage un duo avec moi,
19:25 et puis je l'ai fait dans la même dynamique que le premier, donc j'étais pas très inquiet, mais on ne savait jamais.
19:32 - Oui, parce qu'on ne sait jamais, une carrière, un disque, ça peut marcher, et le second, c'est le "qui tout double".
19:37 - C'est "qui tout double", après, je ne suis pas sûr, parce que maintenant, je dis ça pour la jeune génération,
19:43 il y en a des artistes très connus, donc le premier n'a jamais marché, le second a marché,
19:48 qui ont fait marcher le premier et le troisième, il faut toujours continuer.
19:51 Je pense que ce qui est important, c'est le travail. Il n'y a pas de secret.
19:56 Si vous regardez aujourd'hui, les gens qui restent, ce sont des gens qui n'ont pas arrêté de travailler,
20:00 qui n'ont pas arrêté... alors, c'est... pensez à la famille quand même, c'est pas ça,
20:04 mais c'est-à-dire que c'est la productivité, c'est le fait d'écrire des chansons, de ne jamais s'arrêter,
20:09 de ne pas faire ça, comme ça, à la vie, et moi, c'est ce qui me plaît, en fait, et c'est pour ça que je n'arrête pas.
20:14 - Il y a un autre point commun que vous avez avec Goldman, c'est cette vie tranquille que vous menez, discrète,
20:19 et ça, pour vous, "Dragoir", c'est très important.
20:21 - Oui, c'était vraiment aussi pour ça que je voulais le rencontrer, parce que j'étais fasciné,
20:26 et on pourrait aussi citer Francis Cabrel, mais ce côté un peu "je fais mes chansons, et le reste, ça m'appartient",
20:32 alors, bon, moi, ma femme est productrice, donc on la connaît un peu, mais il y a quand même le côté rentrer chez soi,
20:38 déconnecter, et pouvoir aussi, alors, soit déconnecter, ou soit se retrouver, se ressourcer,
20:43 pour pouvoir mieux composer, mieux créer, et donc, moi, j'ai envie de cette tranquillité,
20:48 j'ai pas envie d'avoir, effectivement, des gens qui sont au pied de ma porte,
20:52 comme, je pense à Claude François, ou des gens comme ça,
20:55 c'est un... je pense que c'est quand même quelque chose qu'on crée, cette espèce de distance,
21:00 cette espèce de mythe autour de soi, et moi, en tant qu'artiste, j'aime la proximité avec les gens,
21:06 et d'ailleurs, c'est pour ça que le site "MyMentorCompany" m'est éplu,
21:09 c'est d'être en rapport direct avec le public.
21:11 - Oui, et en même temps, vous répondez à vos fans quand ils vous écrivent, c'est rare, ça ?
21:15 - Oui, ben, j'essaie, j'ai une sorte d'empathie, j'ai toujours tendance à essayer de me mettre à la place des autres,
21:21 et donc, je me dis... quand moi j'écrivais, j'aurais bien aimé avoir une réponse.
21:26 Alors, il y a certains endroits, plus sur Instagram que sur... pour les citer, que sur Facebook,
21:31 parce que c'est plus fou, Facebook, mais en tout cas, je réponds le plus possible, oui.
21:35 - Voilà, et en tout cas, vous répondez parfaitement à mes questions aujourd'hui,
21:38 et j'en ai d'autres à vous poser à partir d'une autre date, le 17 janvier 2008.
21:43 A tout de suite sur Sud Radio, avec Grégoire.
21:46 - Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
21:49 - Sud Radio, les clés d'une vie. Mon invité Grégoire, le retour avec cet album "Vivre",
21:54 qu'on va évoquer dans quelques instants.
21:56 Alors, on a parlé de vos débuts dans la chanson, de "My Major Company", de la rencontre avec Jean-Joan Godman,
22:01 mais il y a une chose qu'on sait peu, c'est que vous n'avez pas comme seule passion, la chanson.
22:05 Et la preuve, c'est le 17 janvier 2008, la sortie d'un livre qui vous a beaucoup marqué, qui s'appelle "Joueur né".
22:12 - Oui, tout à fait, effectivement. Qui est un livre sur la vie de Stuart Ungar,
22:20 qui est le plus grand joueur de poker de tous les temps, et de Gene Ramey.
22:24 Et c'est vrai que le jeu en général, mais le poker, c'est quelque chose qui me passionne.
22:28 - Oui, et c'est vrai qu'un jour, un copain vous offre ce livre, et ça a été un déclic.
22:32 - C'était un déclic parce qu'en fait, c'est un jeu soi-disant de hasard,
22:36 mais lui, il démontre qu'il a pu maîtriser ce jeu presque à la perfection.
22:41 Alors c'est une vie, je vais dire, elle est digne du film "Les Affranchis".
22:45 Il y a la mafia, il y a plein de choses comme ça, c'est les années 70 à Las Vegas,
22:49 c'est plein de choses dans le genre. Mais ce jeu qu'on n'arrive pas à maîtriser,
22:53 qui est passionnant, lui l'a maîtrisé. Et donc oui, oui, je suis assez fan de ça.
22:59 - Oui, il y a deux films d'ailleurs qui correspondent à ce livre, c'est "Les Affranchis" et "Casino".
23:03 Et curieusement, dans "Les Affranchis", Tommy, qui est joué par Joe Pesci,
23:06 se charge d'éliminer Billy Bess, joué par Frank Vincent.
23:09 Et dans "Casino", c'est au tour de Frank Vincent de participer au meurtre de Joe Pesci.
23:13 - Oui, tout à fait. - C'est assez curieux.
23:15 - Oui, oui, oui. Mais ça, c'est les histoires américaines, mais c'est vrai que c'est passionnant.
23:19 - Et c'est vrai que Nolan Dalla, qui a écrit ce livre, c'est un monsieur qui a travaillé
23:23 au ministère des Affaires étrangères aux Etats-Unis et qui aujourd'hui coordonne
23:27 les médias et les joueurs dans les championnats du monde de poker.
23:29 - Oui, effectivement. Et puis il est encore là-bas. Moi, je l'ai rencontré en novembre dernier,
23:34 parce que c'est vraiment un livre qui me passionne et je voulais parler avec son auteur.
23:38 Et puis surtout, lui, il l'a connu, il l'a interviewé. C'est de là qu'est tiré le livre.
23:42 - D'ailleurs, vous songez à faire une série télévisée à partir de l'avis de ce joueur.
23:46 - Exactement. On est en train de mettre en place un scénario avec un scénariste de talent
23:51 qui s'appelle Claude Scasso et il est en train d'écrire tout ça.
23:54 Et c'est vrai que ça commence à prendre forme. Après, on va voir où ça termine.
23:59 Mais on est en train de faire ce qu'il faut, c'est-à-dire le début, de faire des synopsis,
24:03 de séparer en épisodes et puis après, on va aller rencontrer des producteurs et d'autres.
24:09 - Le poker, on l'oublie souvent, c'est d'origine française. Je ne sais pas si vous le savez.
24:13 Sa racine vient de la France et de l'Allemagne et les mots "époque" et "pochaine"
24:20 ont fait la variante d'un jeu français qui s'appelait "pok" et c'est devenu le poker.
24:24 Et ensuite, ça a traversé les États-Unis et ça a changé la vie des Américains.
24:28 - Les Américains jouent en permanence et puis maintenant, il y a plusieurs pokers.
24:33 Au début, c'était les fameuses 5 cartes de cow-boy fermées, comme ça, personne ne voit le jeu.
24:37 Là, maintenant, on a 2 cartes, ça s'appelle le poker "hold them no limit"
24:41 et c'est vrai que c'est un jeu qui est devenu très populaire, très facile à apprendre,
24:45 mais très dur à maîtriser.
24:46 - Et avant de jouer au poker, je crois qu'en fin grégoire, vous avez beaucoup joué au bridge
24:50 car votre mère était championne de bridge.
24:52 - Ma mère était championne de bridge, mais moi, je n'ai pas joué au bridge.
24:54 En revanche, j'en jouais beaucoup aux cartes, aux tarots, au whist, à l'ascenseur, toutes ces choses-là.
24:59 Et puis même, je vais dire, les jeux de société, on a effectivement beaucoup, beaucoup, beaucoup joué à tout.
25:05 - Le poker a été un déclic ?
25:07 - Oui, le poker, les cartes, c'est vraiment quelque chose...
25:10 C'est passionnant le poker parce que non seulement il y a le jeu, il y a apprendre,
25:13 mais il y a aussi apprendre à gérer ses émotions.
25:15 Donc, c'est quelque chose qui vous apprend beaucoup par rapport à la vie.
25:19 - Et vous avez commencé par le poker en ligne ?
25:21 - Oui, ça a explosé en 2003, le poker en ligne.
25:24 Et c'est vrai que le poker en ligne, c'est une sorte de facilité, on est chez soi.
25:28 Et alors, pour apprendre, c'est quand même pas mal parce qu'on joue beaucoup plus de "main" qu'en live, qu'en vrai.
25:35 Donc là, on apprend beaucoup plus vite.
25:38 - Et puis ensuite, ça a été les championnats.
25:40 Alors, je crois que ça a commencé, vous avez gagné un tournoi en France.
25:42 Vous avez fait trois jours dans un tournoi à Las Vegas, au championnat du monde, au Rio Casino.
25:47 C'est vraiment devenu quelque chose d'important pour vous.
25:49 - Oui, oui, j'y vais souvent, j'y vais même tous les ans.
25:51 Je suis devenu très ami.
25:52 Alors, il y a beaucoup de gens dans le monde du poker dont je suis proche, parce que ça me passionne.
25:57 C'est vrai que j'ai été champion de France en ligne sur un site, je ne vais pas le citer.
26:02 Et puis, oui, j'ai fait quelques performances, mais c'est une passion et c'est vraiment un univers qui me plaît beaucoup.
26:09 - C'est un univers très particulier quand même.
26:11 - Alors, beaucoup moins aujourd'hui, parce qu'aujourd'hui, il y a beaucoup, beaucoup...
26:14 A l'époque, c'était on boit du whisky, on a des chapeaux de coboy, etc.
26:17 Non, non, aujourd'hui, les joueurs de poker, c'est quand même une compétition.
26:21 Il faut rester dix heures à table, concentré.
26:23 C'est des gens qui se nourrissent sainement.
26:25 C'est des gens qui font du sport.
26:26 C'est des gens qui réfléchissent au mental, à plein de choses comme ça.
26:29 Donc, on apprend beaucoup de choses d'eux.
26:31 - On a vu beaucoup d'émissions de télévision avec des parties de poker.
26:33 Alors, ils ont des lunettes noires.
26:35 Ils ont quelque chose pour se cacher, pour ne pas montrer leurs sentiments.
26:38 - Pas tous.
26:39 D'ailleurs, souvent, je trouve qu'en tout cas, ceux que je préfère, ils n'ont souvent rien pour se cacher.
26:45 Mais, ils sont beaucoup plus à l'aise.
26:48 Ils maîtrisent plus le jeu.
26:49 Mais, c'est vrai que c'est...
26:50 Oui, oui, maintenant, il y a toute une technique.
26:53 Parce que le poker, c'est un jeu où on ne voit qu'une fois sur dix les cartes de l'autre.
26:58 Généralement, le coup s'arrête avant.
27:00 Donc, il y en a un qui arrive à faire croire à l'autre qu'il a un meilleur jeu.
27:03 - Alors, il y a aussi une chanson que vous avez tournée à Las Vegas.
27:06 Et elle porte justement ce titre.
27:08 - Je te dirais que je t'aime.
27:12 Je te dirais que je t'aime.
27:17 Et je me mettrais à genoux.
27:22 Et il n'y aura que nous.
27:25 - Là aussi, Vegas, vous êtes devenu amoureux de Las Vegas.
27:28 - Je suis devenu complètement amoureux de Las Vegas.
27:30 Alors là, je parle à ma femme, d'ailleurs, avec qui on va souvent.
27:34 C'est une ville qui est... Elle est très paradoxale, cette ville.
27:39 Parce qu'il y a effectivement cette espèce de parc d'attractions pour adultes.
27:44 Elle est au milieu du désert.
27:46 C'est-à-dire qu'à deux heures de Las Vegas, il y a presque les plus beaux paysages américains.
27:50 Il y a des canyons partout. Il y a Monument Valley, qui est un peu plus loin, d'ailleurs.
27:53 Mais elle est entourée de... Et puis, on rentre là-dedans, une sorte de follux.
27:58 Mais il y a de tout. Il y a tous les spectacles.
28:01 Là, maintenant, c'est en train d'exploser, parce qu'ils ont construit ce qu'on appelle la Sphère,
28:05 qui est une salle absolument incroyable, où j'ai vu U2 en novembre dernier.
28:08 C'était dingue. Il y a le stade de foot.
28:10 Il y a plein de choses comme ça, de football américain, attention.
28:13 Pas le foot français. Enfin, le foot européen.
28:17 Mais il y a quelque chose dans cette ville où on peut tout faire, toute la nuit, 24h/24.
28:22 Tout est ouvert, tout est possible. C'est vraiment l'Amérique au cœur de l'Amérique.
28:25 - Et puis, vous avez effectivement rencontré des grands champions.
28:27 Alors, leur nom n'est pas connu en France. Phil Havet ou Mark Newhouse, on ne les connaît pas.
28:32 Mais ce sont des stars à Las Vegas.
28:34 - Phil Ivey, c'est l'un des plus grands joueurs de poker de tous les temps.
28:38 Effectivement, j'ai eu la chance de jouer à sa table pendant toute une journée.
28:42 Et c'est vrai que c'est assez impressionnant.
28:44 - Et il y a un joueur de poker dont le nom est très connu,
28:47 parce que pendant la Deuxième Guerre mondiale, dans les Marines, il a joué au poker.
28:51 Il a gagné beaucoup d'argent.
28:52 Et c'est comme ça qu'il a lancé sa première campagne électorale.
28:55 C'était Richard Nixon.
28:56 - Ah ben, je ne m'étonne pas.
28:58 Tous les Américains ont un lien avec le poker.
29:00 - Ah oui, mais lui, ça lui a permis de devenir président des États-Unis.
29:03 Alors, il y a aussi quelqu'un qui a chanté le poker, un Français.
29:09 Et vous le connaissez parfaitement.
29:11 - C'est merveilleux, on va jouer au poker.
29:14 On reprend ses cartes, on regarde ses cartes, on sécrète les cartes, puis on les écarte.
29:17 Changez de trois, car j'ai déjà eu une paire.
29:20 - Vous connaissez cette chanson de Charles Aznavour et Pierre Roche ?
29:23 - Non, je ne la connais pas.
29:26 - C'est une des premières chansons qu'il a écrites avec Pierre Roche au Canada, son complice d'alors.
29:31 Ça a eu du succès à Montréal, il chantait dans les cabarets.
29:34 Il l'avait écrite là-bas.
29:36 Et Pierre Roche a épousé une Québécoise, Aglaé.
29:39 Et Aznavour est revenu en France.
29:41 Il a eu quelques années de misère, il a habité chez Piaf.
29:43 Et après, on connaît la suite.
29:45 - Oui, tout à fait.
29:46 - Mais il ne jouait pas au poker, mais il le chantait.
29:48 Il y a aussi quelque chose qui est important pour vous dans votre carrière.
29:51 Ce sont les Restos du Chœur.
29:53 Car vous avez quand même passé neuf ans au Restos du Chœur, ce n'est pas rien.
29:56 - Ah non, non, non, c'est une grande aventure.
29:58 - C'est venu comme ça, on vous l'a proposé dès le début ?
30:01 - Oui, en fait, mon album est sorti en septembre 2008.
30:04 L'année d'après, on me l'a proposé.
30:06 En janvier, ils avaient déjà chanté "Toi + Moi", j'étais pas là.
30:09 Et moi, j'ai intégré la troupe l'année d'après.
30:13 Et on a chanté "Ta main", d'ailleurs, avec toute la troupe.
30:16 Et oui, je me souviens, du soir de novembre, on m'a appelé pour me demander d'intégrer la troupe.
30:21 - Et c'est quelque chose d'important, c'est une sorte de collectif tout à fait différent de ce qu'on peut imaginer, et unique.
30:26 - Oui, il y a vraiment l'idée de la cause, avant tout.
30:29 C'est-à-dire vraiment de rapporter le plus d'argent possible au Restos du Chœur.
30:34 Donc les Enfoirés servent à ça.
30:36 C'est le seul but, c'est ça.
30:38 Et d'ailleurs, j'ai proposé à Jean-Jacques Goldman d'écrire une chanson originale
30:42 pour arrêter de faire des reprises, en disant "on va gagner plus d'argent pour les Restos".
30:47 Et c'est le cas, et d'ailleurs, depuis maintenant, il n'y a que des chansons originales.
30:51 Parce que parfois, c'est moins diffusé en radio, mais ça génère plus de revenus à l'association des Restos du Chœur.
30:58 - Ce qui est l'essentiel.
30:59 Et aujourd'hui, je sais qu'ils en ont de plus en plus besoin, et que les temps sont difficiles pour eux, comme pour beaucoup d'autres.
31:05 Et cette chanson, je crois que ça s'appelle "Juste une petite chanson".
31:07 * Extrait de "Juste une petite chanson" de M.C.Solar *
31:26 - Et Goldman a accepté tout de suite parce que c'était culte, sa chanson.
31:29 - Oui, non mais c'était à l'occasion d'un hommage à la chanson des Restos.
31:35 J'ai écrit ça avec M.C.Solar, et c'est vrai que ça fait partie des nouvelles chansons des Restos du Chœur.
31:41 - On sait que Coluche est un jour allé, après avoir décidé de faire les Restos du Chœur dans la loge de Goldman,
31:46 il chantait, il lui dit "Est-ce que tu peux me faire une chanson ?"
31:48 Et c'est comme ça que la chanson est née, grâce à Coluche et Goldman, en quelques soirs, ça a été immédiat.
31:54 - Oui, carrément, en plus c'est vraiment une bonne idée de Coluche, il s'est dit "C'est qui le meilleur aujourd'hui ? C'est Goldman, je vais lui demander une chanson à Goldman."
32:01 Et Goldman s'est dit "Ben pourquoi pas, c'est une bonne idée."
32:03 - Et c'est vrai que les Restos du Chœur, on ne pouvait pas imaginer que ça existerait un jour.
32:07 - Non, mais on a surtout du mal à imaginer que ça existe encore, c'est ça le problème.
32:11 - C'est ça le problème.
32:12 - Oui, oui, mais j'aime beaucoup la vision de Goldman, c'est-à-dire qu'il faut le faire.
32:19 C'est pas parce qu'on le fait qu'on dédouane d'autres de le faire, de prendre en charge le problème, mais il y a ce problème-là, donc nous on fait ça.
32:28 - Et puis il y a eu le confinement, et pendant le confinement vous avez travaillé, vous avez écrit deux chansons qu'on a découvertes sur internet.
32:34 Je crois qu'il y a eu "Ça ira mieux", parce que c'était difficile comme période.
32:39 - Oui, la chanson "C'était dans quelques temps, ça ira mieux" effectivement, c'était une chanson, à l'époque on ne savait plus trop quoi faire, on était un peu perdus.
32:48 Donc l'avantage des réseaux sociaux c'était de garder le lien, ça a permis à beaucoup, beaucoup de gens de ne pas se sentir trop seuls.
32:55 Et ensuite, moi effectivement, j'ai écrit cette chanson en me disant "il faut garder quand même l'espoir, vu la situation ça ne peut que aller mieux".
33:03 - Et donc vous avez écrit cette chanson, et puis une autre, et ça c'est assez rare, parce qu'on parlait beaucoup des infirmières et des infirmiers, vous avez écrit une chanson pour les enseignants, ces profs.
33:12 * Extrait de "C'est pas la vie" de Yannick *
33:27 - Alors ça c'est important finalement qu'on ne connaît pas beaucoup.
33:30 - Oui, mais c'est vrai que les profs la connaissent souvent.
33:33 - Oui c'est très important parce qu'en fait, je suis devenu prof à la maison. Donc je faisais les cours, on recevait les cours, je faisais les cours avec mes enfants, et je me suis rendu compte à quel point c'était technique.
33:44 Parce que même avec mes propres enfants, il y a un moment où comprendre le dosage, vous savez vous avez envie qu'ils terminent, mais sauf qu'au bout d'une heure, et encore une heure je suis gentil,
33:53 mais la concentration chez un enfant, en plus jeune, c'est compliqué.
33:58 Et donc en tant qu'adulte on se dit "mais non, mais vas-y, t'as bientôt fini, on pousse", et en fait il faut qu'ils prennent des pauses, il faut prendre du temps, il faut être pédagogue,
34:04 apprendre à expliquer quelque chose qui nous paraît à nous évident parfois, ou des choses qu'on ne maîtrise plus du tout parce qu'on a oublié.
34:11 Et en fait, j'ai eu une révélation sur à quel point déjà c'était un métier que j'adorais, pour lequel j'avais beaucoup d'admiration, mais là je me suis dit "c'est quelque chose que je ne serais pas capable de faire".
34:24 Ah oui, je vais rendre hommage au prof, parce qu'avoir 30 élèves, moi c'était mon enfant, ça m'a permis peut-être d'avoir la patience,
34:32 mais il a fallu ce moment-là pour que je comprenne à quel point leur métier est compliqué, et combien il est important, parce qu'en plus là, ils étaient aux primaires,
34:43 donc il y avait le côté vraiment les bases, je me suis dit "si ils se loupent à ce moment-là, après tout le reste c'est compliqué".
34:49 Donc vraiment les bases, je trouve que ce métier-là, instituteur, prof, à tous les stades, je trouve ça assez exceptionnel.
34:58 Oui, c'est important pour l'avenir et pour la vie, et la vie on va en parler à une autre date, le 26 janvier 2024.
35:04 A tout de suite sur Sud Radio, avec Grégoire.
35:07 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
35:11 Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Grégoire, on a parlé de vos débuts, de poker, de vos albums, des Restos du Coeur,
35:17 et puis enfin le retour, le 26 janvier 2024, un nouvel album qui s'appelle "Vivre", un mot d'espoir,
35:23 et c'est dans ce message d'espoir, il y a cette chanson justement, qui porte le titre de "Vivre".
35:28 Oui mes amis, nous allons vivre, et vivre fort, intensément, à ne regarder que devant,
35:39 vivre à plus de 100 000%, n'oubliant qu'on va mourir.
35:44 Oui mes amis, nous allons vivre, sans condition, vivre...
35:49 Un vrai message d'espoir dont on a besoin.
35:51 C'est gentil, oui effectivement, c'est quelque chose qui me tient à cœur depuis très longtemps.
35:56 Je pense que les gens, pas mal de personnes ont compris que c'était important avec le confinement justement,
36:01 qu'il fallait être heureux, qu'il fallait essayer d'éviter de s'enfermer, soit dans un boulot, soit dans une situation géographique,
36:08 soit même parfois dans un couple, dans lequel on n'est pas épanoui et qu'il fallait prendre des grandes décisions.
36:13 Et je pense qu'aussi c'est important effectivement de vivre, alors c'est tout le message de mon album,
36:18 c'est-à-dire de ne pas subir sa vie, et à côté de ça aussi de profiter du moment présent,
36:23 de savoir profiter des choses et de prendre le temps.
36:26 Donc c'est un message qui me tenait à cœur depuis longtemps et que j'avais envie de partager aujourd'hui.
36:31 Oui, il vous tenait à cœur depuis longtemps parce que vous ressentiez ce message, c'était aussi votre art de bien vivre,
36:35 vous avez connu le temps difficile, les petits boulots, le RMI, et puis ensuite ça a marché.
36:39 Oui, il n'y a pas que ça aussi. J'ai malheureusement eu des décès de proches,
36:44 et ça, ça m'a fait comprendre que la vie était courte et qu'à un moment on passait beaucoup de temps à s'arrêter à des futilités.
36:52 Donc ce message-là, ça fait longtemps que ça m'urillait. Maintenant que j'ai des enfants,
36:56 comme j'ai fait pendant 8 ans, j'étais absent des scènes, j'ai fait pas mal de projets, mais j'étais dans l'ombre,
37:01 maintenant que je reviens, j'ai envie de vraiment transmettre quelque chose,
37:05 un message que j'assume vis-à-vis d'eux, et de leur dire "la vie, elle est belle si on le décide".
37:11 Il ne faut pas avoir d'excuses, ce n'est pas parce qu'on vit des moments difficiles qu'il faut se complaire dedans,
37:20 il faut toujours avancer, et si on cherche, on trouve.
37:23 Charles Trenet disait "la vie est un rêve traversé par des cauchemars, on digère les cauchemars et le rêve recommence".
37:30 Oui, si on les digère, mais il faut les digérer, il faut vouloir les digérer.
37:33 Il y a des gens qui restent enfermés dans leur cauchemar, parce que parfois c'est compliqué pour eux,
37:39 et il y en a d'autres, et ceux-là, je les plains moins, c'est ceux qui s'en servent d'excuses.
37:44 C'est autre chose.
37:45 Oui, ça, ça m'agace.
37:46 Alors, 8 ans d'absence, pourquoi ? Parce que vous n'entendez plus depuis longtemps Grégoire ?
37:50 Non, mais en fait, 8 ans sans tourner. Après, j'ai mis en musique les poèmes de Sainte-Ève de Lisieux,
37:56 j'avais mis en musique les poèmes de La Fontaine de Maurice Carême pour les écoles primaires avec l'éducation nationale,
38:02 j'ai mis en musique une comédie musicale, Bernadette de Lourdes, donc j'ai fait plein de choses.
38:06 Quand j'ai eu mes enfants, naturellement, je me suis tourné vers des projets qui me permettaient de créer quand même,
38:12 mais de rester à la maison. Parce que je ne voulais pas que ma femme me dise "tu sais, ton fils a 5 ans",
38:18 et de ne pas m'en être rendu compte. À cet âge-là, d'ailleurs, tout le temps ça passe vite,
38:22 mais déjà quand ils sont tout petits, ça va très très vite l'évolution.
38:24 Je voulais être là quand ils commencent à marcher, je voulais les emmener à l'école aussi.
38:28 Ça, j'allais dire, c'est un peu mon côté "golmanien", c'est-à-dire que c'est lui qui m'a influé ça.
38:36 Je voulais avoir une vie comme ça et je ne voulais pas que ma carrière prenne le pas.
38:40 Donc j'ai fait plein de projets où j'étais dans l'ombre, il y a peut-être des gens qui les connaissent sans savoir que j'en fais partie.
38:45 Maintenant, ils ont 11 et 9 ans, ils sont plus indépendants, ça les amuse aussi de me voir sur scène,
38:51 donc je me suis dit "ok, on repart" et maintenant on a fait un vrai truc, quitte à repartir, on y va à fond.
38:56 - Et ces albums, ça a été un long travail d'écriture et de composition ?
39:00 - Oui, ça a été un long temps de réflexion, parce qu'il y a des chansons qui...
39:03 Alors parfois les chansons, elles arrivent comme ça d'un coup, mais ça fait un an, deux ans parfois qu'on les réfléchit.
39:08 Donc c'est vrai que cette chanson "Vivre", que ce soit même... J'ai écrit une chanson qui s'appelle "Je te pardonne",
39:12 donc l'idée du pardon, l'idée qu'il fallait pardonner, même à ceux qui nous ont fait du mal,
39:17 même à la mort, de nous avoir pris des gens, le fait de...
39:21 Cette réflexion sur le pardon, de pouvoir l'assumer, d'expliquer que je pense que le pardon aujourd'hui, c'est le plus important
39:27 et c'est ce qui nous permettra à chacun d'avancer.
39:30 Voilà, c'est des choses de réflexion et après il faut trouver les bons mots pour pas que ça devienne trop lourd,
39:35 que ce soit quand même léger, un peu chanson et pop, c'est un juste dosage.
39:40 - Alors cet album, vous l'avez travaillé chez vous, en télétravail dirais-je,
39:43 mais vous avez quand même voyagé, la preuve, le clip de cette chanson.
39:47 * Extrait de "Vient le monde et t'amour" de Jean-Luc Coulon *
40:14 - Il y a un style, on le reconnaît musicalement, c'est très curieux.
40:18 - J'espère quand même, il y a une petite patte, c'est une empreinte.
40:23 Alors je pourrais pas l'expliquer, mais en tout cas c'est vrai que j'aime bien,
40:26 j'essaie d'avoir cette continuité, en tout cas j'essaie d'évoluer aussi,
40:31 donc il y a des petits changements, mais il y a quand même une identité.
40:35 - Alors cette chanson, le clip a été tourné dans l'Ouest américain.
40:38 - Exactement, au Monument Valley, le Grand Canyon, je suis fan de Vegas,
40:42 je suis fan vraiment de ces paysages, de cette sensation de liberté qu'ils offrent,
40:47 la nature et ce fait qu'on se sent tout petit.
40:50 En même temps j'adore le voyage, je pense que c'est très important,
40:53 la rencontre avec les gens, ça me fait vraiment voyager, ça m'inspire beaucoup.
41:00 Donc j'ai pris ces paysages parce que je pense que ça parle à tout le monde,
41:04 il y a ceux qui y sont allés, il y a ceux qui n'y sont pas allés,
41:07 mais qui rêvent d'y aller aussi, donc je voulais faire un pilier d'images.
41:10 Il y avait un hommage à John Ford, à tous ces westerns qui ont bercé mon enfance,
41:16 il y a plein de raisons.
41:19 - Il y a aussi un musicien qui vous a influencé, qui s'appelle Ed Sheeran, je crois,
41:24 et qui a travaillé pour Robin Williams et Taylor Swift,
41:27 et qui a une particularité point commun avec vous, à 14 ans,
41:30 il a fait son premier album en autoproduction.
41:33 - Ah bon ? - Oui.
41:34 - Ah ça je ne savais pas.
41:36 - Mais après oui, c'est vrai que c'est un touche-à-tout qui se débrouille tellement bien,
41:40 et qui fait tout tout seul, et qui a une carrière assez exceptionnelle.
41:44 J'aime beaucoup, et puis il est anglais, en même temps il a mêlé tous les sons américains,
41:50 il est brillant.
41:51 - Et il y a une autre influence, c'est The Lumineurs,
41:53 c'est un groupe américain qui je crois a fait la première partie de U2.
41:57 - Oui, en tout cas c'est un groupe folk américain,
42:00 qui a gardé cette espèce d'identité.
42:03 Quand on parle de folk, on parle de folklore,
42:05 donc cette identité un peu américaine, un peu roots, c'est-à-dire les racines,
42:10 et moi c'est une musique qui me parle beaucoup.
42:13 - Alors, dans cet album, il y a une autre chanson dont le titre est étonnant,
42:16 parce que c'est quelque chose que tout le monde connaît,
42:18 et malheureusement pas beaucoup de gens le respectent,
42:21 "Tout ce que l'on dit, mais qu'on ne fait pas".
42:23 * Extrait de "Tout ce que l'on dit, mais qu'on ne fait pas" de The Lumineurs *
42:45 - Là aussi, c'est un art de bien vivre, ça correspond à ce que vous recherchiez.
42:48 - Oui, exactement, c'est contre la procrastination,
42:51 parfois il apparaît aussi quelque chose dont j'ai été coupable, j'admets,
42:56 mais le fait d'écrire des chansons, souvent je me donne un conseil à moi-même.
42:59 Et donc il y a cette idée de se dire "oui, oui, il faut arrêter de parler tout le temps,
43:04 de dire je vais faire ci, je vais faire ça, et de ne pas le faire".
43:06 Donc moi, en sortant cette chanson, je me suis dit "maintenant, tout ce que je dis, je le fais".
43:11 Et d'ailleurs, ça faisait longtemps que je disais que je voulais aller tourner un clip dans l'anglais ou l'est américain,
43:16 et bien je l'ai fait.
43:17 - Voilà, parce qu'effectivement on est entouré de gens qui lancent des informations
43:19 pour faire parler d'eux, et qui ne font jamais rien derrière.
43:22 - Oui, exactement, ça brasse du vent, etc.
43:24 Moi je pense que les actes sont plus importants que les paroles.
43:26 Et voilà, "Attention" résume tout ça, et en plus ça parle de la résilience,
43:33 ça parle de tout ce thème de la vie, du fait d'avancer,
43:35 et vraiment je pense que faire les choses qu'on a envie de faire, ou qu'on dit,
43:40 c'est important parce que ça nous équilibre.
43:43 - Alors il y a quelqu'un qui aussi vous a influencé,
43:46 et vous réfléchissez à lui quand vous promenez dans le parc où il s'est promené,
43:50 c'est Jean-Jacques Rousseau.
43:51 Ça fait partie de votre réflexion ?
43:52 - Alors ça dépend, oui, oui, je ne vais pas non plus...
43:55 J'allais dire, c'est quand même de grands noms.
43:57 Mais en tout cas, il habite...
43:59 Enfin, il habite...
44:00 Son parc, il a habité pas loin de chez moi,
44:03 c'est moi qui habite près de chez lui.
44:05 Et il y a son parc, effectivement, mais c'est vrai que ça fait partie,
44:08 le fait des promenades, le fait de la réflexion comme ça,
44:11 et le rapprochement de la nature, c'est quelque chose qui me touche beaucoup.
44:13 - Oui, et puis lui aussi, il critique le règne des apparences dans la société,
44:17 et les beaux-parleurs, ça fait partie des apparences.
44:19 - Oui, exactement, c'est vrai.
44:20 Après, je veux dire, je ne cautionne pas trop son rapport à ses enfants.
44:27 - C'est autre chose, oui, ça je suis d'accord avec vous.
44:29 - Et donc, moi j'aime bien aimer les gens en entier,
44:31 donc voilà, il y a certaines pensées, oui, mais c'est vrai que c'est...
44:35 Non, je pense que les enfants, c'est trop important.
44:39 - C'est essentiel, je dirais même.
44:40 Alors, il y a une autre chanson dont le sous-titre est "Trop beau, trop con",
44:46 et ça s'appelle "Une trace d'amour".
44:47 * Extrait de "Une trace d'amour" de Yann Tiersen *
44:49 * Extrait de "Une trace d'amour" de Yann Tiersen *
45:18 - C'est vrai que ça aussi, ça correspond à...
45:20 Cet album, c'est l'art de bien vivre, finalement.
45:22 - Oui, oui, oui, là c'est une chanson, c'est un hommage au trop bon, trop con,
45:26 à ceux qu'on n'entend pas mais qui agissent,
45:28 alors ça revient à ce qu'on disait juste avant,
45:30 c'est à dire que les actes sont plus importants que les paroles,
45:32 à ceux qui sont gentils, qui sont bienveillants,
45:35 et qui souvent, voilà, se font marcher dessus par ceux qui parlent fort
45:39 et qui font finalement pas grand-chose.
45:42 Et j'allais dire ça, être trop bon, trop con, trop généreux,
45:47 c'est pour moi une qualité, je pense qu'à terme, on s'en rendra compte,
45:51 et surtout dans tous les domaines, je pense que c'est important.
45:54 - Oui, puis ce sont les beaux parleurs, finalement, ceux qui parlent fort,
45:58 au bout d'un certain temps ils disparaissent,
45:59 et c'est ceux qui sont discrets, trop bons, trop cons, qui s'en sortent.
46:02 - Oui, voilà, ce sont ceux qui laissent une trace,
46:04 notamment une trace d'amour, c'est ceux qui font des choses, qui avancent,
46:07 je pense notamment aussi à tous les bénévoles,
46:09 qui sont pas là forcément à revendiquer quoi que ce soit,
46:11 donc c'est vrai que ce sont ces gens-là qui, pour moi, font avancer les choses.
46:15 - Et c'est important aussi, cette chanson,
46:17 elle fera partie de votre nouvelle tournée, parce que vous repartez en tournée.
46:20 - Exactement, à partir du 21 mars, on commence à Bordeaux,
46:23 et puis tourner dans toute la France, et j'ai hâte,
46:26 parce que je raconte mon histoire, je parle entre chaque chanson,
46:30 c'est un spectacle un peu particulier, mais qui est construit un peu comme un conte,
46:34 et d'ailleurs les gens sont assez surpris,
46:36 parce que chaque chanson illustre le propos que je viens de tenir,
46:40 donc ils s'écoutent les paroles tout le temps,
46:43 et l'idée c'est qu'à la fin on se dise que la vie est belle si on le décide.
46:47 - Avec des anciennes chansons et des nouvelles.
46:49 - Évidemment, il y aura toutes les chansons, ça c'est très important,
46:52 il ne faut pas renier quoi que ce soit,
46:55 donc moi je mets un patchwork de tous mes albums.
46:58 - Et puis moi je suis fasciné, parce que quand les anciens vous connaissent,
47:02 puisque vous faites ça depuis 15 ans, mais les jeunes vous connaissent aussi.
47:05 - Oui, d'ailleurs mes enfants ont commencé à chanter mes chansons à l'école,
47:10 alors évidemment ils avaient toi plus moi qu'ils connaissaient,
47:13 mais parfois il y avait 2-3 chansons, comme moi je ne m'écoute pas en boucle chez moi,
47:17 il y avait des chansons comme "Soleil" ou comme d'autres, comme "Danse", etc.
47:21 Ils étaient là et on leur disait "mais tu sais que c'est ton papa ?"
47:24 "Ah bon ? Ah non, celle-là je ne savais pas."
47:27 Donc c'est vrai que maintenant c'est assez marrant,
47:30 et la jeune génération, même les scouts qui apprennent la promesse,
47:33 c'est vrai qu'il y a toute une génération parfois qui n'arrive pas à visualiser
47:38 qui je suis, mais qui connaissent mes chansons.
47:41 - Voilà, et une nouvelle chanson à apprendre, elle est dans cet album, c'est "À vous".
47:44 - À nos passions d'adolescence, que l'on croyait éternelles,
47:50 à nos coups de foudre et de mollence, nos baisers au goût de miel,
47:55 au cours de lycée, l'insouciance, carpe diem en oxygène,
48:01 à ceux qui ont tant à faire...
48:03 - Ça c'est vraiment une déclaration d'amour à la famille, aux amis et à ceux qui vous aiment.
48:06 - Oui, et même à ceux qui ne nous aiment pas, à nos meilleurs ennemis, à nos pires ennemis,
48:12 parce qu'en fait c'est une déclaration d'amour à tout le monde,
48:16 à tous les gens qui ont fait ma vie,
48:19 et je pense que ceux qui m'ont créé des frustrations,
48:22 qui m'ont énervé à un moment, m'ont permis aussi d'avancer.
48:26 Alors c'est d'abord la famille, les amis et tous ceux qui sont proches,
48:31 mais c'est aussi toutes ces personnes qui ont jonché mon chemin,
48:35 et qui font que j'en suis là aujourd'hui, et que j'ai envie de transmettre ce message.
48:39 - Vous avez dit un jour que vous ne pourriez pas faire d'autre métier que la chanson, Grégoire.
48:43 - Oui, alors, je ne sais pas, mais en tout cas de la création.
48:46 Parce que c'est vraiment quelque chose qui me passionne,
48:49 de créer quelque chose, d'arriver à exprimer des sentiments,
48:52 à exprimer des choses, pour moi me faire avancer,
48:55 et peut-être parfois faire avancer certaines personnes.
48:58 - La façon de vivre à travers l'album "Vivre est un devoir", si j'ose dire.
49:01 - J'espère. - Pas seulement pour les enfants.
49:03 Il y a cette tournée qui démarre le 21 mars à Bordeaux,
49:05 et toutes les dates sont sur votre site internet.
49:08 Merci Grégoire, merci pour ce retour, et puis continue ainsi,
49:11 parce que je pense que ce ne fait que commencer.
49:13 - Merci Adoram, merci beaucoup.
49:15 - Merci, l'Éclair du Nuit s'est terminé pour aujourd'hui.
49:17 On se retrouve bientôt. Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.

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