Jacques Pessis reçoit Francky Vincent : il fête ses 50 ans d’une carrière marquée en particulier par des chansons coquines. Il raconte son parcours avec humour.
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-04-25##
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00:00 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03 Les clés d'une vie, celles de mon invité, la chanson vous doit des moments chauds et
00:07 pas seulement parce que vous avez grandi sous le soleil de la Guadeloupe.
00:11 50 ans de travail peuvent se résumer par une expression qu'on ne peut appliquer qu'à
00:15 vous, vous n'avez jamais débandé.
00:17 Bonjour Francky Vincent.
00:18 Oui c'est vrai que bonjour, bonjour.
00:21 C'est vrai que je suis, je n'ai jamais débandé parce que je suis, je suis une légende qui
00:25 bande.
00:26 Exactement, voilà, le ton est donné.
00:27 La rime, la rime avant tout.
00:29 On va fêter votre jubilé, jubilatoire si j'ose dire, en évoquant votre parcours et
00:34 également votre actualité, c'est le principe des clés d'une vie.
00:37 Alors j'ai trouvé des dates à chaque fois correspondant à votre carrière.
00:40 La première ne correspond pas exactement à votre carrière mais elle est importante
00:44 dans votre vie, c'est le 22 décembre 1964, c'est l'inauguration de la station de l'ORTF
00:50 en Guadeloupe par celui dont on va entendre la voix.
00:52 Mais la télévision doit aussi vous faire voir le Sud-Ouest en mouvement, le Sud-Ouest
00:57 en mouvement, c'est-à-dire la télévision.
00:59 Alors, vous avez un grand ministre, Alain Perfit qui est le ministre de l'information
01:04 du général de Gaulle, qui a décidé de faire une chaîne de télévision en Guadeloupe.
01:08 C'est un monsieur qui avait le sommaire du journal télévisé tous les jours sur son
01:11 bureau pour éviter qu'il y ait de fausses informations, vous voyez.
01:14 Mais respect à ce monsieur.
01:15 Je ne sais pas si vous l'avez connu, dans les années 60, Alain Perfit, c'était un
01:19 grand ministre.
01:20 Alors, le gouvernement a décidé d'installer une chaîne de télévision en Guadeloupe et
01:23 l'un des premiers téléspectateurs, c'est vous, Francky Vincent.
01:26 Je vais me faire connaître aussi.
01:27 Mais c'est surtout parce que vous regardiez la télévision à cette époque.
01:30 Oui, oui, oui.
01:31 C'est vrai que...
01:32 C'est quelle année ? 1964.
01:33 Ah ben, je suis né en 1956, j'avais 8 ans.
01:36 Oui, mais vous regardiez la télévision.
01:37 Je regardais la télé parce que je regardais tous les...
01:39 À l'époque, je regardais et je voyais surtout les chanteurs, les Johnny.
01:45 On avait beaucoup de variétés françaises à la télé.
01:48 Donc, je suis au courant de tous les artistes de l'époque.
01:51 Oui, mais en même temps, la télé s'installe en Guadeloupe.
01:53 Et d'ailleurs, la première speakerine, c'était Maggie Nithila.
01:56 Je ne sais pas si vous vous en souvenez.
01:57 Je ne m'en souviens pas d'elle.
01:58 Et les journalistes s'appelaient Henri Métraud et Christian de Biazy.
02:01 Henri Métraud, oui, je m'en souviens parfaitement.
02:03 Et donc, vous êtes l'un des premiers dans votre famille, dans le quartier, à avoir
02:07 la télévision.
02:08 Ah ça, oui, oui.
02:10 Et ça a suscité beaucoup de jalousie.
02:12 C'est-à-dire ?
02:13 La première antenne qu'on a adressée sous cette petite maison créole très modeste,
02:19 c'était sur la maison de mes parents.
02:22 Et bien sûr, nos voisins n'avaient pas le téléviseur.
02:27 Oui, c'était un gros téléviseur en noir et blanc.
02:29 Voilà, et ils ne l'avaient pas et ils nous regardaient de travers.
02:33 Mais comment avez-vous pu avoir la télévision à cette époque-là ? Ce poste de télévision.
02:38 Les premiers téléviseurs qui sont arrivés en Guadeloupe, mon père travaillant au port
02:44 de Pointe-à-Pitre, il n'a pas eu le téléviseur au cul du camion.
02:52 Non, au cul du bateau non plus.
02:55 Mais il avait les moyens déjà de s'acheter un téléviseur.
02:58 À l'époque, je ne dirais pas qu'il y avait une certaine pauvreté aux Antilles, mais
03:04 l'Antille est moyen, il ne pouvait pas acheter un téléviseur très rapidement.
03:09 Mais résultat, les voisins étaient jaloux parce qu'ils ne regardaient pas la télévision ?
03:13 Non, parce qu'ils ne l'avaient pas.
03:16 Vous savez, nous étions à une époque où il n'y avait pas d'électricité, pas d'eau.
03:23 Et quand l'électricité est arrivée en 1964 ou en 1963, un truc comme ça, les gens aspiraient
03:32 à avoir tout ce qui est électrique, très vite, un fer à repasser électrique, pas
03:36 le fer à repasser qu'on met sur le feu comme ça.
03:40 Et puis le téléviseur, le téléviseur c'est comme si c'était la fusée, l'allumissement
03:46 de la fusée en 1969.
03:49 Mais la jalousie était telle qu'on vous jetait des cailloux parfois ?
03:52 Mais oui, on nous jetait des cailloux.
03:56 Les gens n'étaient pas contents.
03:58 Pour eux, on n'avait pas les moyens comme eux d'acheter un téléviseur.
04:07 Mon père avait une Peugeot 404.
04:10 Je ne sais pas si ça vous rappelle le bon vieux temps.
04:13 La Peugeot 404, c'était la voiture, la Rolls Royce du quartier.
04:17 Oui, parce que votre père a commencé comme mécanicien.
04:20 Il a été contre-maître et ensuite il a dirigé.
04:22 Il est devenu directeur du centre d'envêtage butagaz.
04:25 On empilçait les bouteilles de gaz.
04:28 Et votre mère, elle était à la maison, elle faisait de la broderie.
04:31 De la broderie, de la couture.
04:32 Parce qu'à l'époque, les femmes ne travaillaient pas.
04:35 Ah non, nous étions dans une société matriarcale et c'est la femme qui était responsable
04:42 de tout à la maison.
04:43 Et le père, l'homme allait travailler toute la journée, rentrait le soir.
04:49 Il rentrait le soir un peu tard, quelquefois.
04:51 Parfois, surtout mon père qui passait boire quelques verres avec les copains.
04:55 Et puis qui rentrait vers 20h, qui dînait avec nous et au lit.
04:59 Et quelquefois, il y avait des disputes et puis ça s'arrangeait toujours entre vos parents.
05:03 Ils ont passé 50 ans ensemble.
05:06 Je sens que vous avez épluché ma vie passée.
05:10 Oui, je crois.
05:11 Mon enfance et même peut-être mon adolescence.
05:14 Exactement.
05:15 Mais c'est vrai qu'ils sont restés 50 ans ensemble malgré les disputes.
05:19 C'est magnifique.
05:20 Mes parents, oui, 50 ans ensemble.
05:21 Et je fête mes 50 ans de carrière.
05:22 On va en reparler tout à l'heure.
05:23 Bien sûr.
05:24 Et votre grand-mère aussi était très pauvre, je crois, Francky Vincent.
05:27 Oui, ma mère, oui.
05:28 Et ma grand-mère, oui.
05:29 Ma grand-mère vivait dans une petite casse créole, faite de briques et de brocs.
05:34 Et puis, elle allait des fois chercher de quoi subsister à la déchetterie de la compagnie
05:43 aérienne Air France.
05:44 Et pourquoi justement cette déchetterie ?
05:46 Mais la déchetterie, c'était confortable.
05:49 Attendez, il y avait des produits frais.
05:52 Il y avait des choses.
05:53 Du lait Nestlé, je crois.
05:55 Pardon ? Le lait Nestlé, oui.
05:57 Le lait Nestlé, ce qui m'a valu beaucoup de dans carrière.
06:01 Ah bon ? Pourquoi ?
06:02 Parce que c'est très sucré, le lait Nestlé.
06:04 Et puis, je n'y allais pas de même honte.
06:06 Et surtout, c'était dans un tube.
06:08 Comme les tubes d'antifrice.
06:10 Avant, vous fassiez des tubes d'argent, sans faute.
06:12 Bravo, bien joué.
06:14 Et il y avait aussi des ouragans.
06:16 Je crois qu'il y a eu une tornade.
06:18 Il y en a eu deux.
06:19 Mais notamment la tornade Hugo a été particulièrement difficile pour vous.
06:22 Ben, Hugo, j'étais déjà plus âgé.
06:24 Il y a eu Clio avant.
06:26 Je devais avoir 10 ans.
06:28 Après, il y a eu Inès.
06:29 J'avais 14 ans.
06:30 Et après, il est arrivé Hugo.
06:32 J'avais déjà mes deux enfants.
06:34 Donc, j'avais déjà 30 ans.
06:38 Mais les premières tornades, je crois que votre toit n'a pas résisté.
06:43 C'était une maison créole.
06:45 Et forcément, le toit n'avait pas résisté.
06:48 Le toit est parti en vrille.
06:50 Et puis, on s'est retrouvé sous la maison.
06:52 Parce que la maison était posée sur des cailloux, en fin de compte.
06:56 Et on pouvait aller sous la maison, comme ça.
06:59 En rampant comme un commando.
07:01 C'est fou.
07:02 Il se trouve que, je ne sais pas si vous le savez,
07:04 on donne des noms aux tempêtes, en général, Hugo, Clio,
07:07 parce que ça permet de donner des informations compréhensibles au public.
07:10 Sinon, on ne comprend rien.
07:12 Ah, je ne le savais pas.
07:13 C'est la raison.
07:14 Pourquoi on a toujours un prénom féminin ?
07:16 9 fois sur 10, prénom féminin.
07:19 Hugo, ce n'est pas féminin.
07:21 On n'est pas loin de la parité.
07:23 On aurait pu l'appeler Huguette aussi.
07:25 Le bac, ça a été raté à deux mois près, je crois.
07:28 Je ne dirais pas que je l'ai raté.
07:30 C'est un peu comme un avançante qui tire un pénalty,
07:35 et le gardien l'arrête.
07:37 Ce n'est pas lui qui a raté le pénalty,
07:39 c'est juste le gardien qui a arrêté son tir.
07:43 Pour revenir à la question posée.
07:46 Le bac, deux mois avant le bac.
07:48 Le bac, oui.
07:49 Un mois et demi avant le bac,
07:51 je craignais de ne pas l'avoir.
07:54 Et de me faire engueuler par ma mère, surtout.
07:56 J'ai reçu un concours de la sécurité sociale.
08:00 J'étais 12e sur 400 personnes.
08:02 J'ai travaillé à la Sécu.
08:05 Je crois que c'était le service Immatriculation.
08:07 J'étais agent aux écritures.
08:10 C'était passionnant, non ?
08:12 Entre quatre murs, à écrire toute la journée.
08:15 Non.
08:16 Vous étiez victime du harcèlement
08:19 parce que vous étiez le plus jeune, Francky Vachin.
08:21 J'étais le plus jeune,
08:22 et les vrais adultes qui étaient là,
08:24 je dis "vrais adultes",
08:26 les adultes, parce que pour eux, j'étais un gamin,
08:28 alors que j'avais 17 ou 18 ans, si je ne m'abuse.
08:32 Et c'est vrai que là, j'étais regardé de travers
08:34 parce qu'on se disait "c'est quoi ce petit jeune-là ?"
08:37 Et puis pour eux, j'avais une tête à claques, déjà.
08:40 Oui, mais ce qu'on n'imagine pas,
08:41 c'est qu'à l'époque, vous étiez timide, Francky Vachin.
08:43 J'étais timide et j'avais une tête à claques.
08:45 Alors, il faut essayer de trouver un juste milieu,
08:47 s'il vous plaît, merci.
08:48 Donc, ça a tenu six mois, je crois, non ?
08:51 Pardon ?
08:52 Ça a tenu six mois, la Sécu ?
08:53 Ça a tenu six mois, parce que j'étais embauché en tant qu'auxiliaire.
08:56 Auxiliaire, c'est, en fin de compte,
08:58 c'est six mois et après, selon le bon vouloir,
09:01 selon le piston aussi, vous pouvez rester dans la baraque,
09:04 sinon on vous jette.
09:06 Oui, on vous a jeté et vous avez couru.
09:08 Et d'ailleurs, je crois que vous étiez addict au sport
09:10 et que vous couriez 8 km par jour.
09:11 À 8 km par jour, j'alignais mes foulées sur les traverses,
09:16 je ne sais pas comment on appelle ça en matière de voies ferrées,
09:19 tu sais, les morceaux de bois comme ça,
09:21 et puis j'alignais mes foulées et je faisais 8 km comme ça.
09:24 Ça vous détendait, ça vous mettait en forme ?
09:26 Oui, certes, mais aujourd'hui, ça m'a détruit un genou.
09:30 Alors, vous ne pensiez pas du tout à la chanson à cette époque-là ?
09:34 Ah non, j'étais pas…
09:36 Oui, à 17 ans, j'étais danseur au sein d'un groupe folklorique,
09:40 mais je n'étais pas encore chanteur.
09:42 Comment c'est arrivé ?
09:43 C'était le Guananti.
09:44 Et comment c'est arrivé, ce groupe folklorique ?
09:47 C'est arrivé parce que j'adorais danser déjà,
09:51 j'adore danser encore aujourd'hui,
09:53 et c'est vrai que j'étais percussionniste aussi.
09:55 Donc j'étais au sein d'un groupe de musique folklorique,
09:59 on appelle ça le cas traditionnel, le gros cas,
10:02 et à partir de là, je dansais des trucs traditionnels comme ça,
10:06 à des manifestations, aux balles populaires,
10:10 ainsi que les fêtes, les kermesses, et tout ça.
10:14 Et après, j'ai découvert, en étant avec des musiciens
10:18 qui venaient dans les cages d'escalier de mes parents,
10:23 parce que nous habitions en HLM et tout,
10:25 et là j'ai découvert que je pouvais taper avec deux baguettes
10:27 sur des boîtes à lettres et tout,
10:29 et à partir de là, je me suis dit, bon, je chantais en même temps.
10:34 Et il y a une danse qui vous touche, c'est celle-ci.
10:36 La salsa, "con sabor".
10:41 La salsa.
10:42 "Con sabor" et "sentimiento", si, señor.
10:43 Vous le devez à votre père, je crois.
10:45 Ah, mon père, dingue de salsa,
10:47 il nous saoulait avec la salsa tous les jours à la maison.
10:50 Mais ça vous a été utile, finalement.
10:52 Ah oui, mais moi, ça m'a donné...
10:54 Comme j'avais déjà le rythme dans la peau,
10:56 je disais rien à mon père, mais bon, à certains moments,
10:58 voilà, ça me saoulait, quoi.
10:59 Oui, et à l'époque, on ne la connaissait pas en France,
11:01 et aujourd'hui, je ne sais pas si vous le savez,
11:02 mais tous les étés, d'en plus sur plusieurs plages de France,
11:05 il y a des cours de salsa une fois par semaine.
11:07 Par exemple, à Foura, en face de Fort Boyard,
11:09 juste en face du Fort Boyard,
11:10 il y a un cours de salsa hebdomadaire.
11:11 On peut prendre tous les cours de salsa si on veut,
11:14 mais si on ne l'a pas, c'est compliqué.
11:16 Enfin, en tout cas, vous l'avez,
11:18 et c'était le point de départ d'une carrière
11:19 qu'on va évoquer à travers une autre date,
11:21 le 1er juillet 1975.
11:24 A tout de suite sur Sud Radio avec Francky Vincent.
11:26 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
11:29 Sud Radio, les clés d'une vie,
11:30 celle de mon invité Francky Vincent.
11:32 Nous parlerons tout à l'heure de vos 50 ans de carrière,
11:34 ce jubilé jubilatoire, avec des tas d'événements,
11:38 et on revient à votre carrière, à vos débuts.
11:40 Et le 1er juillet 1975 est sortie votre première chanson.
11:45 Ambition...
11:53 Je crois que vous êtes parti pour m'arracher au moins une larme.
11:56 Faites attention.
11:57 Ambition, tabou numéro 2,
11:59 alors que vous n'avez pas d'ambition et pas de tabou déjà,
12:01 c'est parallaxal.
12:02 Non, j'étais déjà ambitieux, mais en surface.
12:05 C'était la bonne... disons que j'avais 18 ans là,
12:09 et c'était la bonne annonce...
12:10 Non, c'est 1975, là. C'est 19 ans.
12:13 Et c'était la bonne annonce de l'ambition
12:17 que j'avais au plus profond de moi-même.
12:20 Alors, il faut savoir que la musique,
12:22 ça a commencé par différents groupes qui ont été éphémères.
12:25 Il y a eu les mercenaires, les gladiateurs...
12:28 Non, il n'y a pas les gladiateurs.
12:30 On est en train de jouer avec les mots, là.
12:32 Les mercenaires et puis les...
12:34 Le groupe s'appelait "Les mercenaires".
12:36 Mais il y avait un autre groupe qui s'appelait "Les mercenaires"
12:38 à Saint-Claude, une commune de la Guadeloupe.
12:40 Donc on s'est dit "Bon, on va changer de nom".
12:42 Et on a pris le nom de "Tabou numéro 2".
12:44 Parce que nous étions tous fans du tabou combo d'Haïti.
12:48 D'accord. Mais c'est vrai que les noms changeaient régulièrement à l'époque.
12:51 Oui, parce qu'on n'aimait pas...
12:54 On essayait d'être original,
12:57 mais tout en ayant un faible pour ceux qu'on appréciait vraiment,
13:02 et surtout nos idoles de l'époque, le tabou combo.
13:05 Nous on s'est appelé "Le tabou numéro 2"
13:07 parce que ça nous faisait plaisir.
13:09 Il y a eu un classement, je ne sais pas si vous savez,
13:11 des noms d'orchestre les plus ridicules.
13:13 Le classement c'est "Premier, Gros-Nibar.
13:15 Deuxième, Les trois fromages.
13:17 Et troisième, I am un chien".
13:19 C'est quoi ça ?
13:20 Ce sont les trois groupes qui existent
13:22 et qui sont classés parmi les plus ridicules du monde.
13:24 En tout cas, je connaissais et existe encore ce groupe aujourd'hui,
13:27 un groupe en Guadeloupe.
13:28 Il n'y avait que des Noirs.
13:29 Ils s'appelaient "Les Vikings".
13:30 C'est magnifique !
13:32 Alors, vous commencez par des balles populaires,
13:35 par des mariages, tout simplement ?
13:37 Oui, j'ai écumé, si je peux employer ce mot,
13:42 j'ai écumé tous les balles populaires de la Guadeloupe et de la Martinique à l'époque,
13:45 ainsi que la Guyane.
13:47 Et ça a permis d'apprendre son métier ?
13:49 Ben oui, ça m'a mis déjà le pied à l'étrier dans un premier temps
13:52 et dans un deuxième temps, ça m'a permis de me rôder, fin de compte.
13:56 Parce que finalement, l'idée de faire de la chanson
13:58 s'est venue petit à petit, Francky Vincent.
14:01 Oui, c'est venu naturellement, en fin de compte,
14:05 en toute simplicité et surtout en toute spontanéité.
14:11 Et puis, j'ai découvert que j'avais des prédispositions
14:14 pour faire des percussions, pour jouer de la guitare,
14:17 plaquer quelques accords.
14:19 Après, je me suis redécouvert en arrivant à trouver de mélodies
14:25 et aligner quelques mots.
14:28 Et de là, je suis devenu auteur, compositeur, interprète et tout ça.
14:31 Et à l'époque, le rythme à la bonne, je crois que c'est la begin.
14:34 C'était la begin, mais après, il y a eu tout ce qui est cadence, cadence haïtienne.
14:38 Après, il y a eu le compas haïtien, il y a eu la cadence lipso,
14:42 qui nous venait de la Dominique anglo-saxonne.
14:45 Et j'en passe, oui.
14:48 La begin a toujours été là et est encore là aujourd'hui,
14:51 parce que la begin s'est faite supplantée par tout ce qui est musique très commerciale.
14:56 Oui, mais en même temps, la begin, même en France,
14:58 si vous le savez, dans les années 1920,
15:00 elle était très célèbre à Paris, dans les grandes soirées.
15:02 Au Balnegres.
15:03 Au Balnegres, grâce à ce morceau.
15:05 Begin the Begin, par Artie Shaw, je ne sais pas si vous le connaissez.
15:15 Je ne le connais pas du tout.
15:16 Et bien voilà, c'est là-bas, c'est Cole Porter qui l'a écrit en 1920.
15:19 Il venait à Paris dans les soirées et il a dit que c'était une begin,
15:22 alors que c'était un rythme de jazz.
15:23 Et ça a permis de lancer la begin en France.
15:26 Mais la begin, vous savez, la begin, le rythme est quand même très afro.
15:30 Mais c'est vrai que les accords, ce sont des accords de jazz.
15:35 Oui, exactement.
15:36 Attention, un peu comme la bossa nova au Brésil.
15:39 Vous voyez, on a des accords de jazz.
15:41 Et il se trouve que l'un des premiers chanteurs en France
15:43 à avoir interprété des begin, c'est Jean Sablon,
15:46 qui a été le premier à utiliser un micro contre l'avis de tout le monde sur scène.
15:51 Et d'ailleurs, on l'appelait, les chansonniers l'appelaient le petit caleçon court,
15:54 à cause du micro.
15:56 J'ai bien fait de venir à cette émission, j'apprends des choses.
15:59 Alors, il se trouve que dès le début, ça a été le succès avec Tabou n°2, Francky Vincent.
16:06 Tout de suite, ça a marché ?
16:07 Ça a marché parce que nous avons fait deux albums, 75 et 76, deux albums.
16:13 Et c'est vrai que les chansons fonctionnaient.
16:18 Parce que c'était un groupe de guitare, il y avait deux guitaristes, un bassiste,
16:23 un percussionniste et moi chantant.
16:27 Et comment vous avez senti ce succès ? Vous le mesuriez, vous le pensiez ?
16:31 Je ne ferai pas toute prétention que je l'ai vu arriver.
16:36 Non, je ne l'ai pas vu arriver du tout.
16:39 Ma grande surprise fut que j'animais un balle en martinique, tout en étant Guadeloupéen.
16:45 Notre premier balle en martinique, on appréhendait sévèrement.
16:48 Et puis, sur une rythmique, je me suis mis à dire des choses en dessous de la ceinture.
16:53 Et puis, ça avait déclenché l'hilarité dans la salle.
16:56 Et puis, je me suis dit, pourquoi n'emprunterais-je pas ce créneau de chanteur coquin ?
17:01 Voilà, c'était une bonne idée.
17:02 C'était une révélation.
17:04 Alors, le premier disque a bien marché et le second aussi a été un succès.
17:08 Le bonjour, vous y êtes, il l'attend.
17:11 Même si parfois, moi, je tendance à petit képolet.
17:15 Ça fait des pages à l'écriture.
17:18 Et dis-moi, il faut ça, si vous ne faites pas de conneries.
17:21 Ça donne envie de danser, tous les soirs.
17:24 Ça donne envie de danser, mais surtout que là, j'entends cette chanson-là,
17:27 et j'avais 19 ans et je me disais, il chantait déjà juste le pépère, quand même.
17:32 Ça s'appelait Tipolet. Pourquoi Tipolet ?
17:34 Tipolet, c'est le prénom du Nana.
17:36 Et c'est une chanson plutôt haïtienne.
17:39 Une chanson d'Haïti.
17:42 Mais les deux albums ont été des succès.
17:43 Normalement, vous étiez parti pour Tabou numéro 2.
17:46 Et puis, il y a eu le service militaire.
17:48 Le service militaire en Guyane.
17:50 Disons que c'est ça qui a...
17:53 Ça n'a pas abrégé ma carrière nullement, au contraire.
17:55 Et je suis arrivé en Guyane, j'ai fait un an en service militaire.
17:59 J'étais au peloton des élèves gradés.
18:00 Je suis devenu caporal, caporal-chef, puis sergent.
18:02 Et après, le colonel m'a dit, est-ce que ça me plairait de faire une vraie carrière ?
18:09 Je lui ai dit non, je préfère chanter.
18:10 Il savait que vous chantiez ? Il connaissait Tabou numéro 2 ?
18:13 Oui, il savait que je chantais.
18:15 Mais pour lui, je chantais et c'était en chantier.
18:17 Mais c'est vrai qu'en Guyane, en plus, c'est un pays très lointain.
18:21 Je ne sais pas si vous le savez, mais l'une des gloires de la Guyane,
18:24 c'est un aviateur mécanicien qui s'appelait Maurice Duménil,
18:27 qui a développé l'aéropostale en Guyane.
18:30 D'accord.
18:32 Moi qui pensais que j'étais cultivé, je m'en prends plein la tronche.
18:37 Pourquoi je parle d'aéropostale, c'est parce qu'après,
18:39 vous avez travaillé au retour du service militaire
18:41 dans un magasin de pièces détachées pour l'aviation.
18:44 J'étais responsable d'un magasin de pièces détachées en aviation légère
18:48 à l'aéroport de Pointe-à-Pitre.
18:50 Et comment c'est arrivé ça ?
18:51 C'est mon père qui m'a pistonné, puisqu'il connaissait le patron.
18:55 Et le patron m'a embauché.
18:57 Et puis je me suis retrouvé entre 4 murs à travailler avec un climatiseur
19:01 juste à côté de l'oreille droite.
19:03 Et je passais des nuits blanches, je rentrais à 6 heures,
19:06 et j'allais travailler à 7h30.
19:08 Trois fois on m'a surpris en train de faire la sieste au boulot.
19:11 Et à la troisième fois, prêt à vie, et on m'a reviré.
19:16 Et vous avez repris Tabou numéro 2 pendant quelques temps ?
19:18 J'ai repris la musique parce que je me suis dit
19:20 je ne pourrais plus travailler entre 4 murs comme ça.
19:22 J'ai besoin de faire de la musique pour m'évader,
19:25 pour voyager, pour me sentir plus libre en fin de compte.
19:29 Oui, mais en même temps, entre le service militaire et le retour,
19:33 qu'est-ce qu'ont fait les musiciens de Tabou numéro 2 ?
19:35 Ils ont continué sans vous ?
19:36 Ils ont continué sans moi, mais en fin de compte,
19:38 le groupe avait perdu son âme.
19:40 Et l'âme c'était qui ? C'était Francky.
19:42 Voilà. Francky d'ailleurs, parce que je crois que c'est le surnom que vous donnez votre mère.
19:46 Le surnom c'est pas vraiment ça.
19:48 Mon vrai nom, mon nom de famille c'est Vincent.
19:50 Et mon prénom c'est Franck.
19:52 Donc c'est facile, Franck Francky, John Johnny, Jim Jimmy, Fred Freddie.
19:56 Exactement. Mais après ce troisième disque, vous vous êtes dit
19:59 bon, ce serait peut-être bien maintenant de faire autre chose tout seul, non ?
20:02 Il fallait que...
20:06 Subitement, dès que j'ai constaté que j'avais des prédispositions
20:11 pour écrire un texte et faire des mélodies,
20:16 je me suis dit, bon, écoutez les gars.
20:19 Surtout j'avais des musiciens qui n'étaient pas à leur répétition,
20:22 alors que moi j'étais militaire, j'avais une certaine rigueur.
20:25 Vous l'avez toujours ?
20:27 La rigueur que je cultive, écoutez, moi j'avais commencé par être individualiste dans ce métier.
20:31 Et je vais faire mon bonhomme de chemin et en solo.
20:35 Ce qui est étonnant, c'est que vous n'avez pris ni cours de musique, ni cours particuliers.
20:39 Je suis un autodidacte, c'est ça qu'on dit ?
20:41 C'est ça, oui.
20:42 Voilà, un autodidacte, aujourd'hui accompli.
20:45 Et comment vous avez appris la musique alors ? Tout seul sur le terrain ?
20:48 Je n'ai pas appris la musique, moi la musique est venue à moi,
20:51 je me suis imprégné d'elle, et elle est fidèle à moi,
20:55 et puis on voit en avant Lulu, quoi.
20:57 Vous aimez les expressions comme en avant Lulu et quelques autres, non ?
21:00 Oui, j'adore.
21:02 Alors on va continuer à en parler à travers une autre date,
21:05 importante dans votre vie également pour d'autres raisons,
21:08 le 17 octobre 2022.
21:10 A tout de suite sur Sud Radio avec Francky Vincent.
21:13 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
21:16 Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité est Francky Vincent,
21:19 que j'épluche selon votre expression.
21:22 Je suis une banane.
21:24 Vous avez la banane en tout cas par votre sourire.
21:27 En plus j'ai la banane, et ma banane ne connaît jamais la panne.
21:30 L'arrime avant tout.
21:32 Exactement, donc on parlera tout à l'heure de vos 50 ans de carrière,
21:35 c'est passé si vite, et on revient à une date importante de votre vie,
21:38 le 17 octobre 2022, vous recevez un courrier
21:42 vous apprenant que vous êtes chevalier des arts et des lettres.
21:45 Chevalier des arts et des lettres, et grâce à qui ?
21:48 Grâce à Babette de Rosière, qui a fait le nécessaire
21:51 pour que j'aie cette distinction.
21:54 Babette de Rosière qui a commencé je crois comme speak-rin en Guadeloupe à la télévision.
21:58 Voilà.
21:59 Et vous connaissiez bien.
22:00 Oui, c'est quelqu'un que j'aime beaucoup.
22:02 Alors, chevalier des arts et des lettres, c'est un ordre qui a été créé je crois en 1957
22:07 par la culture, et que le général de Gaulle a maintenu grâce à André Malraux qui assistait.
22:13 On vous a remis une médaille à ce moment-là ?
22:16 Oui, on devrait me remettre la médaille, mais vous saviez,
22:19 la ministre qui est d'origine libanaise, j'oublie le nom.
22:23 Oui, on a tous oublié son nom de toute façon.
22:26 Et maintenant c'est Rachida Dati, on va se rapprocher de Rachida Dati
22:31 pour qu'elle me remette cette médaille.
22:33 Parce qu'on ne vous l'a jamais remis.
22:34 Je l'ai à la maison, vous savez, on l'a payée 80 euros.
22:37 Il faut l'acheter.
22:38 Ah oui, je sais.
22:39 Vous achetez la médaille et après vous la menez, il faut qu'on vous la remette.
22:43 En général, c'est la personne qui va vous remettre la médaille qui la paye.
22:47 C'est la tradition.
22:48 Mais vous ne savez pas encore qui va vous la remettre de toute façon.
22:51 Alors ça vous a fait plaisir cette médaille ?
22:54 Oh, c'était une agréable surprise, mais je sais, ma bête a fait le travail en amont
22:59 pour que, elle a fait le nécessaire pour que je l'ai.
23:01 Et c'est vrai de s'entendre, de savoir qu'on a eu une telle distinction.
23:10 Ça s'appelle chevalier de l'ordre des arts et des lettres.
23:14 Et il y a trois grades, il y a officier et commandeur.
23:18 Alors bon, sachant que mes chansons sont légères, je chante des chansons coquines,
23:22 je me dis à quel moment on a pensé très fort à moi
23:25 pour justement me proposer cette médaille.
23:32 Vous vous honorez par la culture.
23:33 Je me suis honoré par cette médaille.
23:34 D'ailleurs, il y a eu des protestations, je crois qu'il y a des gens qui sont déchaînés contre vous à ce moment-là.
23:38 Oui, mais c'est pour tout le monde ça.
23:40 Je pense qu'il y a toujours des pour et des contre.
23:43 Mais bon voilà, par-dessus cela, moi je prends ça avec une certaine philosophie.
23:48 Oui, en fait, je crois qu'il y a un journal qui a titré "Chevalier de la quenelle",
23:51 ce qui n'était pas très gentil.
23:53 Et surtout, vous avez répondu en disant qu'en 48 années de succès,
23:57 vous aviez quand même vendu 3 millions de disques,
23:59 et ça valait une petite médaille.
24:00 Oui, mais il y a aussi le fait que j'ai à peu près 50 ans de carrière.
24:05 Donc il y a un profond respect, je pense, par rapport au fait que le carriériste
24:10 puisse avoir fait ce bon chemin, ce beau chemin.
24:14 Et puis j'ai quand même des chansons, j'ai pas que des chansons légères à mon répertoire.
24:19 Non, mais en fait, vous n'auriez jamais imaginé ce parcours
24:22 quand vous avez enregistré cette chanson.
24:24 "Missie et Boloko", c'était une des premières chansons sur la pochette du disque
24:38 "Une voiture presque brûlée" écrite par Doc Porno.
24:43 Une voiture issue de la casse, ça, non ?
24:46 Exactement.
24:47 Et je l'ai habillée n'importe comment aussi,
24:49 j'étais en costume avec des chaussures pourries et tout.
24:51 Exactement.
24:52 Comment c'est né cette chanson ?
24:54 Je ne sais pas.
24:56 Vous savez, il y a des chansons, on peut dire,
24:58 il y a des chansons qui ne sont que le fruit de mon imagination,
25:02 ça ne va pas plus loin.
25:03 Il y a des chansons, ce sont des histoires vécues aussi.
25:06 Et celle-là, "Missie et Boloko" ?
25:08 "Missie et Boloko", c'est un mec qui se la joue, qui se la pète,
25:12 mais en fin de compte, il est gauche.
25:14 Et puis il ne sait pas s'habiller, il ne sait pas draguer, il ne sait rien faire.
25:19 Et dans votre discographie, c'est celui qui apparaît juste après
25:23 les premiers disques de l'orchestre.
25:25 C'est le premier "45 tours" qui apparaît,
25:28 parce que je crois que c'est le premier qui a marché en France.
25:30 Ce n'était pas "45 tours", c'était un "33 tours", ça.
25:32 Mais moi j'ai vu sur Internet la pochette du "45 tours".
25:34 Oui.
25:35 Mais il y avait le "33 tours" aussi, et c'est le premier qui a marché.
25:38 Vous êtes devenu le "Zooker X" et "Francky Mal-Élive".
25:42 Alors, il y a "Zooker X",
25:45 on m'a affublé de plusieurs "sobriquets", comme on dit, c'est ça ?
25:49 Oui, c'est ça, oui.
25:50 Voilà.
25:51 "Francky porno", "Francky cochon".
25:55 Oui, tant qu'à faire !
25:57 Le chanteur "X", et "Francky Mal-Élivela".
26:01 "Mal-Élivela" en créole,
26:03 c'est en français, c'est comme "mal élevé", pareil.
26:06 Voilà.
26:07 Et ça ne vous a pas traumatisé pour autant ?
26:10 Vous savez, j'ai une folle autodérision.
26:13 J'ai la dérision, j'ai l'autodérision,
26:16 et à partir de là, tout est possible.
26:18 Alors, je crois qu'en plus, ce disque a été interdit en Guadeloupe,
26:21 ce qui vous a fait une publicité fabuleuse.
26:23 Oui, ça a contribué.
26:24 Les gens ne comprennent pas que,
26:26 bon, c'était pas une censure pure et dure,
26:30 c'était plutôt une censure faite maison,
26:33 par la radio ou la télé de l'État à l'époque.
26:37 C'était France 3.
26:39 Oui, c'était France 3 en Guadeloupe et tout ça.
26:44 Donc, après il y a eu RFO,
26:46 et maintenant c'est Guadeloupe 1ère,
26:48 Martinique 1ère, Guyane 1ère.
26:50 Bon, c'est vrai que certains animateurs m'ont pris en grippe,
26:54 ou certains directeurs de la programmation,
26:56 mais en grippe, ça n'allait pas plus loin.
26:59 C'est-à-dire qu'en fin de compte, ça a contribué à faire de sorte,
27:05 ça a fait de sorte de faire de moi quelqu'un de particulier,
27:11 et ça a créé le personnage en fin de compte.
27:15 Oui, exactement.
27:16 Alors, il faut savoir qu'en France, à l'époque, on ne censurait pas,
27:19 on déconseillait dans les années 50, une écoute à la radio.
27:22 Voilà, voilà.
27:23 Et le premier qui a été déconseillé, c'est Georges Brassens avec "Le gorille".
27:27 On trouvait que c'était une chanson qui faisait scandale.
27:30 Alors qu'à côté, il a chanté "Quand je pense à Fernande, je bande,
27:33 quand je pense à Lulu, je ne bande plus".
27:35 Oui, mais les temps ont changé.
27:36 Mais résultat, vous avez immédiatement été adopté, je crois, Francky Vincent,
27:40 par la communauté antillaise qui vivait à Paris ou dans les Caraïbes.
27:45 Oui, j'ai été vite adopté.
27:47 Disons qu'en Guadeloupe, j'avais beaucoup de difficultés,
27:50 j'étais rejeté par certaines personnes,
27:55 certains guadeloupéens qui étaient, comment dirais-je...
28:02 Coincés. Un peu coincés.
28:07 Oui, qui étaient puritains, pudiques, pudibonds.
28:17 Tous ces qualificatifs, c'est synonyme.
28:20 Et c'est vrai, j'avais des problèmes aussi parce que les politiques
28:23 pensaient que j'étais politiquement incorrect,
28:26 alors qu'eux-mêmes ne sont pas toujours corrects.
28:29 Vous avez remarqué ?
28:30 Oui. Et ça m'a amené à prendre conscience
28:36 qu'il fallait que je sois un amuseur public.
28:43 Le personnage, il fallait que je le cultive
28:46 et que je sois...
28:49 Qu'il y ait une reconnaissance parce que je suis quand même quelqu'un
28:52 qui vend du bonheur, je vends la joie de vivre,
28:55 je vends du rêve, je vends du plaisir.
28:58 Il se trouve que vous avez un peu décoincé les guadeloupéens
29:01 et que ce style que vous avez employé,
29:03 quelqu'un l'avait employé avant vous.
29:05 Je me fais farcir la motelette,
29:08 je me fais couvrir le rigonde.
29:11 Jolette Renard, "Les Nuits de Mademoiselle",
29:13 qui était une chanson libertine, je ne sais pas si vous connaissez.
29:15 Oui, mais ça ressemble un peu à la chanteuse Linda May.
29:18 Linda May, je t'ai dit tout à l'heure.
29:20 Jolette Renard est une légende.
29:22 Elle a chanté dans les années 50-60.
29:24 Jolette Renard, oui, je l'ai vue à la télé, cette dame.
29:26 Et c'était Guy Breton, en historique,
29:28 qui avait trouvé des chansons coquines.
29:30 Et ces chansons qui étaient interdites, libertines,
29:32 sont devenues des classiques.
29:34 Ah ben oui, je crois que ce sera pareil pour moi.
29:37 Alors il se trouve que ce qui est étonnant dans votre style,
29:39 c'est qu'il y a eu le premier disque avec le côté coquin
29:42 et sur le second, on vous voit en papagato
29:44 avec un bébé dans les bras.
29:46 Oui, mais vous savez, je chante mes chansons légères,
29:51 mes chansons coquines, certes,
29:53 mais je n'ai pas un zizi à la place du cœur.
29:55 Non, il ne vaut mieux pas, non.
29:57 À certains moments, j'ai une chanson à ma mère.
30:01 J'ai quatre garçons, chacun de mes garçons a sa chanson, par exemple.
30:05 Là, je viens de créer une chanson
30:07 que j'ai dédiée à ma femme, à ma chère compagne.
30:12 Elle s'appelle Aziza.
30:14 Donc j'ai ce réflexe-là de faire des chansons sérieuses.
30:19 Je ne fais pas que des chansons.
30:21 Oui, mais les chansons coquines, quand même,
30:23 qui ont connu votre succès,
30:25 il y a aussi celle-là qui a connu.
30:27 Ah, c'est bien rythmé, ça.
30:37 Vous dansez devant le micro.
30:38 Ça a été la chanson du carnaval 1985.
30:41 C'est fou, hein ?
30:42 Oui.
30:43 Le lolo, ce n'est pas le lait de l'enfant.
30:45 Là, ce n'est pas les lolos de la femme,
30:47 mais ceux-ci sont là, c'est-à-dire les seins.
30:49 Le lolo aux Antilles, c'est le zizi.
30:52 Voilà, exactement.
30:53 Il se trouve qu'en France, on n'a pas tout de suite compris, je crois.
30:56 Oui, mais bon, ça m'arrange des fois.
30:59 Vous avez dit que le lolo comme le loto, c'est rigolo et ça rapporte gros.
31:04 Le lolo, c'est comme le loto, ça rapporte gros et c'est rigolo.
31:07 Ça rapporte gros ici.
31:08 Oui, exactement.
31:09 Ça n'a choqué personne à ce moment-là ?
31:12 Non, parce que vous savez, mes chansons ne sont pas gratuitement vulgaires quand même.
31:17 On sent qu'il y a de l'humour et ces voix que j'enrobe un peu.
31:23 Bon, il n'y a pas de gros mots vraiment entre dedans, comme on dit.
31:28 Exactement, mais le grand succès, ça demeure celui-ci.
31:40 "Fruit de la passion", ça a été un énorme succès, d'abord en Guadeloupe et ensuite en France.
31:46 C'est sorti en 1991 en Guadeloupe.
31:52 J'étais producteur de cet album, la chanson "Fruit de la passion",
31:59 mais cet album-là, il y avait "Le tourment d'amour", "Alice, ça glisse", "Ma canne à sucre" et tout ça.
32:03 Donc, cette chanson-là a marché très fort en Guadeloupe,
32:07 mais c'était une chanson ultramarine en fin de compte,
32:10 parce qu'au niveau des Outre-mer, on en a vendu 65 000.
32:13 Ce qui est énorme.
32:14 65 000. Là, je me suis adressé à 3 ou 4 maisons de disques en France
32:18 pour justement développer cette chanson en France.
32:23 Personne n'en voulait.
32:24 Et pourtant, vous avez fait l'Olympia qui a été complet.
32:26 Archi-complet. J'ai fait 3 Olympias archi-complet.
32:29 Il y a même des gens, la moitié de la salle, les gens sont venus 3 fois.
32:33 C'est fou.
32:34 3 fois.
32:35 Et ça n'a rien déclenché chez les maisons de disques.
32:37 Non, non, non.
32:38 Ça, à ma grande surprise.
32:40 Voilà, donc après, j'ai rencontré quelqu'un qui m'a vraiment pistonné
32:45 et j'ai pu signer dans une maison de disques.
32:48 Et grâce à un directeur, un directeur artistique d'une maison de disques,
32:52 un anti-IR et né en France,
32:54 j'ai pu brancher cette chanson "Fou de la passion"
32:57 qui a eu le succès à se compter.
32:58 Et sur cet album, il y avait également "Alice, ça glisse".
33:01 "Alice, ça glisse"
33:02 Au pays des merveilles
33:04 Bravo Francky
33:06 Je sens tes groseilles
33:07 Alice, ça glisse
33:09 Au pays des merveilles
33:11 Bravo Francky
33:12 C'est du savon de Marseille
33:14 Ça a marché jusqu'en Amérique du Sud et en Colombie.
33:18 J'étais premier.
33:19 Pas "Alice, ça glisse", d'abord "Fou de la passion".
33:21 "Fou de la passion", quand même, c'est "fruta de la passion".
33:24 En espagnol, cette chanson a été première au 8 Parades en Colombie
33:29 durant 6 mois.
33:30 Incroyable.
33:31 Témoignage de Yuri Buenaventura,
33:34 un chanteur de la Colombie, celui qui a repris "Ne me quittez pas"
33:38 C'est lui qui m'a dit...
33:40 J'ai fait une émission de télé,
33:42 nous faisions "Mur mitraillé" au niveau loge,
33:44 il s'est précipité vers ma loge et tout,
33:46 et il m'a dit "Francky, tu es premier".
33:48 Il parle très bien le français, il m'a dit "Tu es premier chez moi".
33:51 Incroyable.
33:52 Premier au Brésil durant deux mois,
33:53 et premier en Argentine durant un mois.
33:55 Pas premier en France.
33:56 Jamais premier en France.
33:57 C'est curieux.
33:58 Mais dans le cœur des Français,
33:59 "Number one, Francky Vincent".
34:01 D'ailleurs, "Vas-y Francky",
34:02 c'est une expression qui est restée avec d'autres prénoms.
34:04 Elle est née comment, cette expression "Vas-y Francky" ?
34:07 J'étais en pleine action,
34:10 avec une demoiselle,
34:12 et puis elle me faisait "Vas-y Francky,
34:14 vas-y, c'est bon, vas-y, vas-y Francky".
34:18 Et j'avais la guitare à proximité,
34:20 je l'ai laissée en plan,
34:21 j'ai pris la guitare, j'ai plasqué quatre accords,
34:23 j'ai fait ce fabuleux refrain "Vas-y Francky, c'est bon".
34:27 Après, on a terminé le travail,
34:30 et puis elle est partie,
34:32 et j'ai repris la guitare pour faire les couplets.
34:34 C'est pas une belle anecdote ça ?
34:35 C'est magnifique.
34:36 Voilà comment naissent les chansons.
34:38 On se retrouve dans quelques instants
34:39 avec une autre date, le 1er janvier 2024.
34:42 A tout de suite sur Sud Radio, avec Francky Vincent.
34:44 Sud Radio, les clés d'une vie,
34:49 mon invité Francky Vincent,
34:51 on a fait un tour de votre carrière assez étonnant,
34:54 avec vos succès coquins,
34:56 vos chansons plus sérieuses,
34:57 votre parcours,
34:58 et puis si je parle du 1er janvier 2024,
35:01 c'est que l'année 2024, c'est l'année Francky Vincent,
35:04 avec ce jubilé, ces 50 ans de carrière
35:06 que vous allez fêter tout au long de l'année.
35:08 Alors j'ai débuté en 1974,
35:10 2024 ça fait 50 ans que je chante.
35:13 J'ai 68 ans et j'ai débuté à 18 ans, vraiment.
35:17 Donc aujourd'hui,
35:19 c'est pas quelque chose qu'on va fêter.
35:23 Fêter, c'est un mot que je trouve même ordinaire.
35:27 On va célébrer les 50 ans de carrière.
35:30 C'est-à-dire ?
35:31 Je vais faire une tournée mondiale.
35:35 Voilà, une tournée mondiale.
35:37 On va faire l'Océan Indien,
35:39 avec Madagascar, La Réunion,
35:42 les Comores,
35:43 et pas les Comores, Mayotte,
35:44 les Seychelles,
35:46 Rodrigues, ainsi que l'Île Maurice.
35:49 Ensuite on va faire l'Atlantique,
35:51 avec l'Altitude Loupe-Montigny,
35:53 la Dominique,
35:54 Sainte-Lucie,
35:55 Saint-Martin, Saint-Barthélemy.
35:57 Et voilà.
35:59 Après, Amérique du Sud,
36:01 avec la Colombie, le Brésil et l'Argentine.
36:03 Ensuite, l'Amérique du Nord,
36:06 mais plutôt Miami,
36:07 parce qu'il y a une forte communauté haïtienne,
36:09 ainsi que beaucoup d'hispanophones
36:11 qui connaissent mes chansons.
36:13 Et ensuite, le Québec aussi.
36:15 Et après, l'Europe avec la France,
36:17 tous les pays francophones,
36:19 le Luxembourg, la Suisse et la Belgique.
36:22 - Oui, je crois qu'à Paris,
36:23 c'est l'Accord Arena qui est prévu.
36:25 - Ici ?
36:27 - Oui.
36:28 - Non, on ne va pas faire l'Accord Arena tout de suite.
36:30 On va faire déjà des prestations en province.
36:32 On va essayer de faire quelques Zénith en France.
36:35 Et puis j'aurais des prestations en Afrique aussi.
36:38 Alors je pense qu'on est en train de faire de sorte
36:42 que ma tournée commence d'abord par 14 pays africains,
36:47 dont 12 pays francophones et 2 pays lusophones.
36:51 - Alors, il se trouve qu'on écoutera bien sûr vos chansons
36:53 qui sont des classiques,
36:54 mais aussi des nouvelles chansons, dont celle-ci.
36:56 ♪ Les femmes se suivent, mais ne se ressemblent pas ♪
37:01 ♪ J'ai beaucoup donné pour être abandonné ♪
37:05 ♪ Les femmes se suivent, mais ne se ressemblent pas ♪
37:09 ♪ T'inquiète, tu verras ♪
37:10 - C'est une chanson avec ton fils, là ?
37:12 - Oui, exactement, avec, je crois,
37:14 votre fils s'appelle Mickey.
37:16 - Il s'appelle, alors son nom c'est Matisse Vincent,
37:18 mais son nom d'artiste s'y change pas entre temps,
37:22 parce que lui, il s'appelle Mackey, M-A-C-K-E-Y, je crois.
37:26 - Et ça c'est une nouvelle chanson.
37:27 Pourquoi chanter avec votre fils ?
37:29 - On va l'écouter deux secondes, là.
37:31 - Allez, on l'écoute.
37:32 ♪ L'envie dans le regard, mais moi ça me fait peur ♪
37:36 ♪ Je suis juste un homme qui se défile quand y a occasion ♪
37:40 ♪ Vive dans le mensonge et ferme la porte ♪
37:42 - Ah, il a le rythme familial, hein ?
37:44 - Ah oui, mais c'est mon garçon, j'ai quatre garçons,
37:46 et c'est le petit dernier.
37:47 - Il a eu envie de chanter, y a guère.
37:49 - Le petit dernier qui est arrivé de nulle part,
37:50 c'est de l'humour, hein, par rapport à la musique,
37:53 il est arrivé de nulle part.
37:54 Et puis je... et qu'est-ce qui se passe ?
37:56 Euh... j'apprends qu'il est à fond.
38:00 Il est à fond en musique, comme son père.
38:02 Donc à partir de là, je lui ai proposé de faire un featuring.
38:05 - Oui.
38:06 - Donc j'ai fait ça avec lui.
38:07 - Et les trois autres ne font pas de chansons ?
38:09 - Non, ils sont pas... ils veulent pas faire de la musique,
38:11 parce qu'ils ont de très mauvais souvenirs du père qui n'était pas là,
38:13 et qui s'adonnait à la musique partout,
38:15 et il n'était pas là pour les accompagner durant leur enfance.
38:18 Ça, c'était une parenthèse qu'on va vite refermer.
38:20 - Oui, exactement.
38:21 Alors, 50 ans de carrière, vous ne l'auriez jamais imaginé au départ,
38:24 Francky Vincent ?
38:25 - 50 ans de carrière, non.
38:27 Je pensais... j'ai l'âme carriériste.
38:30 - Oui.
38:31 - Donc, quelque part, oui.
38:32 Oui et non.
38:34 Je me suis dit qu'à un certain moment...
38:36 Mais quand j'ai commencé à constater que, effectivement,
38:39 mes enfants, je les voyais pas grandir,
38:42 et que ça me froissait pas plus que ça,
38:45 donc je me suis dit, vraiment, t'es un passionné,
38:48 et t'es... c'est égoïste,
38:50 mais en même temps, je suis altruiste aussi,
38:52 puisque je donne du plaisir à des milliers de gens,
38:55 voire des millions.
38:56 - Oui, et des millions, je crois que vous avez vendu 3 millions d'albums ?
38:58 - 3 millions d'albums, 3 millions, 5, pour être précis.
39:02 - Et il y a eu, je crois, 170 chansons.
39:04 - Près de 200 à l'Assasim, oui.
39:06 J'étais à 170 il y a 5 ans.
39:08 Je suis à 200 maintenant.
39:10 - Et à chaque fois, vous avez toujours envie de continuer,
39:12 de développer tout ça.
39:13 50 ans, c'est rien, finalement.
39:15 - Mais je suis encore dans l'énergie, vous le ressentez.
39:18 Je suis encore dans l'énergie.
39:19 J'ai 68 ans.
39:20 Je pense que je vais faire carrière jusqu'à 78 ans.
39:23 Déjà, j'ai 10 ans devant moi encore.
39:25 Si Dieu me préserve cette belle santé,
39:28 qui, au demeurant, ne me fait pas défaut en ce moment.
39:30 - Alors, il y a eu des moments forts,
39:32 et d'autres plus difficiles, quand même.
39:34 - Oui, mais on peut pas faire une telle carrière sans...
39:37 C'est un dent de scie.
39:38 Une vraie carrière, c'est un dent de scie.
39:41 - Oui.
39:42 - Et ça reste comme ça.
39:43 Si vous faites une carrière comme ça,
39:45 vous allez certainement faire ça direct après.
39:48 - Exactement.
39:49 Mais vous savez, quand vous aviez des moments difficiles,
39:51 vous n'aviez pas peur ?
39:53 - Non, je me remets toujours en question.
39:57 Et puis, j'ai peur de rien, moi, en fin de compte.
40:00 - Non, la preuve...
40:01 - Ah oui.
40:02 - Vous n'avez même pas eu peur de faire la ferme célébrité en Afrique.
40:05 - Ah non, non.
40:06 - Comment s'est née cette histoire-là ?
40:08 - Les gens qui travaillaient avec moi m'ont proposé
40:11 de me retrouver en autarcie, ce qui n'est pas mon truc,
40:14 parce que je vous ai dit que je voulais pas me retrouver
40:16 entre quatre murs à travailler comme ça.
40:18 J'avais besoin d'évasion.
40:20 Donc, je me suis dit, la ferme célébrité en Afrique du Sud,
40:23 eh bien, moi, évasion, t'en veux, t'en voulais, t'en veux,
40:26 t'en voudras toujours, eh bien, vas-y, vas-y, Francky, c'est bon.
40:29 C'est vraiment le cas de le dire.
40:31 Et puis, en fin de compte, je me suis retrouvé...
40:33 Alors, j'avais l'impression d'être con,
40:35 mais je me suis retrouvé avec des gens plus cons que moi en autarcie.
40:38 - C'est vrai, oui.
40:39 - Alors, là, j'ai découvert des gens qui étaient plus cons que moi,
40:41 et là, c'était une sacrée surprise pour moi, ça.
40:43 - Une bonne surprise.
40:45 - C'était une bonne surprise dans le sens que je me suis dit,
40:48 je suis pas tout seul à être con sous cette planète, quand même.
40:51 J'avais quelques échantillons avec moi durant quelques semaines.
40:54 Moi, j'appelle le chat un chat, comme j'appelle une chatte une chatte.
40:57 - Oui, oui, exactement.
40:58 Non, mais en plus, vous aviez, vous, l'habitude
41:00 de vivre dans une case en plein air ?
41:02 - Oui, mais là, vous savez, la ferme, célébrité,
41:06 ça m'a marqué à tout jamais,
41:09 parce que la bêtise humaine, c'est quelque chose.
41:13 Et j'ai eu affaire à des gens célèbres,
41:17 et il y en avait qui se prenaient pas pour de la merde,
41:20 et il y en a très peu qui étaient simples, comme moi, par exemple.
41:27 Et puis, il y en avait un qui s'appelle Michael Vendetta,
41:32 qui a bien fait chier d'oeufs que j'avais pris en grippe,
41:35 c'est-à-dire David Charvet et Greg le millionnaire.
41:38 - Oui.
41:39 - Ah, j'étais heureux, heureux comme tout.
41:41 - Ça fait du bien.
41:42 - Il me manquait que des pop-corns, durant le séjour là-bas.
41:45 - Et Régine ?
41:47 - Non, non, c'était pas celle-là.
41:49 - C'était pas celle-là ?
41:50 - C'était pas celle-là.
41:51 Il y en a eu trois, il y en a eu deux en France.
41:53 Evangélie a participé à une aussi.
41:56 Il y a eu même Feux Moussiouf et tout ça.
41:59 Et après, la fameux célébrité, c'est d'autres personnes.
42:03 - Alors, Evangélie, justement, elle est liée à vous par un duo.
42:06 - Que je t'aime, que je t'aime, que je t'aime.
42:10 Que je t'aime, que je t'aime, que je t'aime.
42:15 - Alors, la chanson de Johnny en zouk, ça a été un événement.
42:18 - Oui, c'est surtout de la provocation.
42:20 Par rapport aux vrais fans de Johnny qui m'ont massacré.
42:24 - Ah bon ?
42:25 - Je l'ai pas apprécié du tout.
42:26 Vous savez, Johnny...
42:30 Quand on écoute les chansons de Johnny, prenez par exemple,
42:33 comment il s'appelle ?
42:34 Michel Berger.
42:35 Michel Berger a fait des chansons pour Johnny,
42:38 paroles et musiques carrément.
42:40 Et c'est ces chansons que Berger aurait pu chanter lui-même.
42:45 Les gens m'ont reproché de vouloir chanter,
42:48 alors que j'ai pas la voix de Johnny, ces chansons.
42:51 Donc, pour chanter du Johnny, les gens sont persuadés
42:54 qu'il faut chanter du Johnny,
42:55 il faut avoir la voix de Johnny et sa puissance.
42:57 Pas forcément.
42:59 Un interprète interprète toutes les chansons de la planète.
43:03 - Bien sûr.
43:04 - On aime ou on n'aime pas, comme pour Johnny.
43:07 - D'ailleurs, il y a des dizaines de sosies de Johnny en France.
43:10 Il y en a un qui tient un restaurant.
43:12 - Il y a son sosie vocale, que tout le monde va applaudir.
43:15 Et en plus, les fans de Johnny, tous l'apprécient.
43:19 - Et il y en a un au Maroc, il a vieilli en tant que Johnny.
43:22 Il s'est fait la tête de Johnny, il a un restaurant à Marrakech, je crois.
43:25 Il s'est fait la tête de Johnny au fil des années.
43:27 Je crois qu'il est encore vivant. C'est extraordinaire.
43:29 - Bravo, quel talent.
43:30 - Mais c'est vrai que vous avez à chaque fois trouvé quelque chose
43:33 qui vous touche vous-même.
43:34 Car si vous avez choisi cette chanson,
43:36 c'est parce que vous aviez envie de la chanter.
43:38 - Oui, parce que j'aimais, j'aime et j'aimerais toujours Johnny.
43:41 Parce que c'est...
43:43 C'est pas un artiste comme les autres.
43:46 Il est authentique, intègre dans ce qu'il fait.
43:50 Forcément, c'était pas mon idole.
43:54 Mais c'est quelqu'un, j'avais que de l'admiration pour lui.
43:58 Mais sans être fan de chez fan.
44:00 - Et puis c'est du zouk, et le zouk vous doit beaucoup aussi, je crois, Francky Vincent.
44:04 Vous avez été un des pionniers du zouk en France.
44:06 - Attendez, le pionnier du zouk, c'est Kassav.
44:08 C'est Kassav qui a créé le zouk, le groupe.
44:10 - Oui, et le mot viendrait à des lieux de danse populaires,
44:14 selon Henri Guédon, en années 60.
44:16 - Oui, dans les années 60, tous les balles populaires en France,
44:19 c'était des zouks.
44:21 Et les gens finissent par organiser chez eux des zouks.
44:24 C'est-à-dire, vous entrez, vous buvez, vous mangez, et puis voilà quoi.
44:29 Et zouker, là on a eu le verbe zouker à partir du mot zouk.
44:36 Et zouker, ça veut dire danser, en fin de compte.
44:38 - Et vous, vous avez été aussi quelqu'un qui a lancé le zouk, avec Kassav.
44:42 - C'est Kassav qui a lancé le zouk, et nous, les autres artistes,
44:46 surtout ceux qui faisaient une carrière solo, on a suivi,
44:49 on a pris le train en marche, et on a participé à cette mouvance,
44:53 cette nouvelle mouvance des Caraïbes, le zouk.
44:56 - Et vous avez pris le train en marche, et parmi les chansons
44:59 qui ont fait de vous une locomotive, il y a celle-ci.
45:01 - Tu veux mon zizi ? - Oui, oui, oui, oui !
45:03 - Laisse-le me donner, oui, oui, oui, oui !
45:05 - Tu veux mon zizi ? - Il ne faut que sourire !
45:07 Dès qu'on l'entend, c'est un avant Lulu, comme je dis !
45:12 - 29 semaines dans le classement des veilleurs ventes.
45:15 - Oui, comme voulez-vous.
45:17 Vous savez, les gens ne se prennent pas au sérieux.
45:20 Vous savez, il y a beaucoup d'hypocrites et tout,
45:22 les gens aiment ça, ils aiment...
45:25 On est dans un pays, on est au pays de Rabelais,
45:27 au pays où on peut parler de ces choses-là et en rire.
45:33 - Oui, mais en même temps, aujourd'hui, on en rit moins
45:35 que quelques années, il y a des réseaux sociaux
45:37 qui peuvent nous faire beaucoup de mal.
45:39 - Oui, mais bon, il y a beaucoup de coincés du cul,
45:41 qui se lajouent coincés du cul, mais en fin de compte,
45:43 ils adorent ça. - Oui, mais en même temps,
45:45 est-ce que vous imaginez que vous auriez pu sortir
45:47 ces chansons aujourd'hui avec les réseaux sociaux
45:49 qui peuvent attaquer à tout moment pour la moindre phrase ?
45:52 - C'est une chanson... Le succès de cette chanson,
45:55 les réseaux sociaux, parce que c'est sorti en 2009
45:59 ou 2008, si je ne m'abuse, et là, nous en sommes
46:03 à presque 25 millions de vues sur YouTube.
46:06 - C'est la meilleure réponse qu'on puisse faire
46:08 à tous ceux qui critiquent. - Voilà.
46:10 - Et puis, il y a aussi une chose étonnante,
46:12 c'est que, alors que vous venez de Guadeloupe,
46:14 vous vivez aujourd'hui dans l'Aisne,
46:16 qui est un département au climat très différent.
46:18 - Le 02, oui, oui, différent, parce que ma femme
46:21 et moi avions prévu durant le Covid d'aller vivre
46:24 en Espagne, du côté de Girone, à 40 km de Perpignan,
46:28 en Espagne, et durant le Covid, tous les deux,
46:33 tranquilles, j'allais dormir... Alors, nous avions
46:36 un fonctionnement très particulier, parce que
46:39 quand j'allais dormir, elle se réveillait,
46:41 et quand je me réveillais, elle allait se coucher.
46:43 - C'est pratique pour rester par là.
46:45 - On a fait ça pendant deux mois comme ça,
46:47 et elle cherchait sur Internet une affaire,
46:50 une affaire en matière, parce que comme elle travaillait
46:52 dans une agence immobilière, donc elle avait le réflexe
46:54 de chercher, et elle a trouvé un domaine,
46:57 notamment un château, dans l'Aisne, pas cher,
47:01 et puis on a décidé de ne plus aller vivre en Espagne,
47:04 alors qu'on aurait eu peut-être une meilleure
47:07 hygiène de vie par rapport à la météo,
47:09 mais en fin de compte, on a été, on est maintenant
47:12 à 150 kilomètres de Paris, une heure et demie en voiture,
47:17 donc voilà, tranquille.
47:18 - Tranquille et tranquille avec ces 50 ans
47:20 que vous célébrez, et une autre nouvelle chanson,
47:22 Faut l'emballer.
47:23 - C'est ça !
47:26 Ça groove, ça groove !
47:28 - Ça groove grave !
47:30 - Le rythme est toujours là.
47:38 - Pour l'emballer, c'est vraiment dans la tradition.
47:41 - Permettez-moi ce gros mot, mais le rythme est toujours là,
47:45 il n'y a pas à chier.
47:46 - Oui, exactement.
47:47 Il y a quand même plein de nouvelles chansons
47:49 comme ça en réserve pour l'instant.
47:51 - Oui, j'ai beaucoup de chansons rythmées,
47:52 parce que je ne dis pas que le rythme dans la peau,
47:55 c'est-à-dire que j'ai besoin de ça, je chante
47:59 la joie de vivre, et il y a de l'humour,
48:01 donc il faut que les chansons soient rythmées.
48:04 - Alors en tout cas, la joie de vivre, l'humour
48:06 et le bonheur, on en a besoin en ce moment.
48:08 C'est pourquoi je recommande à celles et ceux
48:10 qui nous écoutent de vous suivre le plus possible
48:12 au cours de cette tournée mondiale, peut-être à chaque date,
48:15 parce que c'est important de fêter, de célébrer
48:18 cette 50 ans de carrière, mais c'est qu'un début,
48:20 vous allez continuer.
48:21 - Oui, le plus bel, parce qu'en fin de compte,
48:24 fêter mes 50 ans va se transformer en une décennie
48:27 où je vais fêter mon cinquantenaire dans ce métier,
48:29 c'est-à-dire 50 ans, 51 ans, 52 ans.
48:32 Comme c'est ma dernière année de doigt dans ce métier,
48:34 chaque année, je vais célébrer chaque année,
48:37 comme ça, jusqu'à 60.
48:39 Et là, j'aurai 60 ans de carrière,
48:41 et dans la joie et la bonne humeur.
48:44 Mais si Dieu me préserve cette santé,
48:47 cette santé irréprochable.
48:50 - Mais vous êtes irréprochable vous-même.
48:52 Merci d'être vous, Francky Vincent,
48:54 et puis tous mes voeux pour cet anniversaire.
48:56 - Merci.
48:57 - L'École des Unes Vies s'est terminée pour aujourd'hui.
48:58 On se retrouve bientôt.
48:59 Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.