• il y a 9 mois
Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.

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00:00 *Générique*
00:08 Et bienvenue dans les informer, l'émission de décryptage de l'actualité sur France Info Radio et sur le canal 27 de la TNT avec Renaud Delis.
00:16 Bonjour Renaud Delis. - Bonjour Salia.
00:17 Et nos informés du jour, Marion Mourgue, chef adjoint du service politique du Parisien aujourd'hui en France. Bienvenue Marion.
00:22 Bonjour.
00:23 Il y a aussi Fanny Guinochet, journaliste à France Info. Le décryptage éco, c'est vous tous les matins.
00:27 Bonjour.
00:28 Et Emmanuel Kessler, éditorialiste politique.
00:30 Renaud Delis, on ne perd pas de temps. On commence tout de suite par la crise ouverte par François Bayrou.
00:34 Eh oui, François Bayrou qui a donc claqué une porte fermée, en l'occurrence celle du gouvernement.
00:39 Mais donc avant même d'éventuellement y entrer, puisque la rumeur brûlait depuis qu'il a été blanchi lundi par la justice,
00:45 François Bayrou a fait savoir hier soir qu'il n'entrerait pas donc au gouvernement.
00:48 Alors s'agit-il d'un coup de sang au personnel ou d'une vraie crise politique ?
00:52 Voici comment est-ce que le président du Modem a essayé de justifier sa décision il y a quelques minutes sur ce plateau.
00:59 Il y a une dérive. Le moment est venu de remettre les choses à l'endroit.
01:05 Qu'est-ce qu'on a promis au pays en 2017 ?
01:11 On a promis, souvenez-vous, qu'on allait, disait-on, entre guillemets, "gouverner autrement".
01:16 Et hier soir, un de nos députés dans la réunion de groupe a dit,
01:20 "écoutez, moi je me suis engagé parce que je pensais qu'on pouvait gouverner autrement,
01:24 et j'ai l'impression de plus en plus qu'on gouverne comme avant".
01:27 Une dérive, le moment est grave, dit-il.
01:30 C'est justement une des raisons pour lesquelles il semble que l'exécutif ait songé à faire entrer François Bayrou au gouvernement.
01:35 On lui aurait proposé peut-être le ministère des Armées,
01:38 on susurrait aussi son nom pour le ministère de l'Éducation nationale.
01:40 Bref, ce moment est grave, mais François Bayrou choisit donc de ne pas participer au redressement du pays.
01:47 Mais attention, pour autant, le modem, il l'a dit et répété, reste dans la majorité.
01:51 François Bayrou ne regrette pas d'avoir soutenu Emmanuel Macron à aucun moment, dit-il.
01:56 Donc est-ce que finalement, ce n'était pas davantage un caprice personnel
01:59 plutôt qu'une vraie crise politique profonde dans la majorité ?
02:02 – Marion Maureg.
02:03 – Oui, on entend plutôt le coup de sang ou l'égo de François Bayrou.
02:08 Ce n'est pas la première fois qu'il fait ce reproche à Emmanuel Macron
02:11 et aux gouvernements successifs de ne pas être en lien avec les Français
02:15 et de ne pas être connecté au pays.
02:17 Mais il est toujours resté dans la majorité.
02:19 Là, ce qu'il semble, c'est que le procès de lundi et sa relaxe a créé un après.
02:25 À la fois pour le gouvernement qui n'avait pas anticipé cette décision
02:27 et qui ne l'avait pas pris dans son calendrier en tardant à créer le gouvernement,
02:31 et de François Bayrou qui s'est senti des ailes et qui a donc voulu un retour sur investissement.
02:37 Depuis, il a fait monter les enchères, il a été très gourmand pour avoir un poste de numéro 2
02:42 et être ministre d'État et d'autres membres du MoDem au sein du gouvernement.
02:47 Et comme dans toute négociation, eh bien, ça peut capoter.
02:50 Et ça, il ne l'a pas supporté.
02:51 Il n'a pas supporté qu'on ne lui donne pas ce qu'il souhaitait
02:53 et ce qu'il considérait être de son niveau.
02:56 Et il l'a transformé ensuite, il l'a habillé en sorte de crise politique sur le fond.
03:01 Mais ça part quand même d'un coup d'égo.
03:03 – Emmanuel ?
03:04 – Je suis vraiment d'accord avec ce que dit Marion Maureg.
03:06 Il y a une espèce quand même d'écart entre le propos de François Bayrou
03:09 qui dit "il faut absolument faire de la politique autrement",
03:12 les temps ont changé, etc.
03:13 Et la manière dont il a répondu à votre interview
03:16 qui relève vraiment de la politique politicienne à l'ancienne,
03:20 effectivement l'affirmation des égaux, des questions de rapports de force
03:24 qui font partie du théâtre politique.
03:25 Mais à ce moment-là, on n'explique pas, dans une déclaration comme il l'a fait hier soir,
03:30 qu'il a un désaccord profond sur un sujet dont il a dit que c'était l'éducation nationale.
03:34 Mais vous l'avez, avec Jérôme Chapuis, relancé à maintes reprises.
03:37 Mais quel est ce désaccord ?
03:39 Je suis désolé, nous on observe la vie politique ici de Paris
03:41 et il dit qu'il faut faire attention à ceux qui sont dans les territoires
03:45 et qui sont un peu déconnectés des arcanes administrativo-politiques.
03:50 Mais les gens qui vous ont écouté n'ont pas compris quel était le désaccord profond,
03:56 et pourtant vous le lui avez demandé plusieurs fois,
03:58 que François Bayrou veut exprimer avec la ligne gouvernementale,
04:02 en particulier sur ce terrain d'éducation.
04:04 Donc on voit bien que derrière des déclarations qui relèvent du fond politique,
04:11 en réalité, effectivement, ce n'est qu'une question de posture
04:15 liée à la place qui a été faite à François Bayrou lui-même ou à ses amis du Modem.
04:19 François Bayrou qui réfute tout caprice, il l'a dit il y a quelques minutes à ce micro sur France Info.
04:24 On continue de parler de cette crise politique ouverte,
04:28 juste après le Fil info à 9h10 de Sophie Echienne.
04:30 Le chef de la diplomatie américaine Anthony Blinken appelle Israël à prendre en compte
04:35 d'abord et avant tout les civils en cas d'opération à Rafah.
04:39 Benjamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, a ordonné à son armée
04:43 de préparer l'offensive dans cette ville du sud de Gaza,
04:45 là où sont massés plus d'un million de Palestiniens déplacés
04:48 depuis le début de la guerre contre le Hamas.
04:50 L'évolution professionnelle des femmes est ralentie pendant plusieurs années
04:54 par le congé maternité, c'est ce qu'estiment les trois quarts des femmes cadres
04:58 qui ont eu des enfants, résultat de l'enquête de l'APEC,
05:00 Association pour l'emploi des cadres, ce matin.
05:02 Près de la moitié des femmes interrogées considèrent que le retour à l'activité
05:06 a été difficile, voire très difficile.
05:09 Le parquet avait requis une punition.
05:11 Un jeune homme de 19 ans a été condamné à deux ans de prison ferme
05:14 pour avoir incendié le tribunal d'Anières près de Paris.
05:17 C'était lors d'une nuit d'émeute en juin dernier, peu après la mort de Nahel.
05:21 Gabriel Attal se rend dans le Pas-de-Calais aujourd'hui auprès d'habitants
05:24 et commerçants touchés par les récentes inondations.
05:26 Le département est à nouveau en vigilance orange cru ce matin.
05:31 [Musique]
05:33 France Info
05:35 Les informés, Renaud Dely, Saliha Brakia
05:40 [Musique]
05:42 On est de retour sur Plateau des informés avec Marion Mourc,
05:44 chef adjoint du service politique du Parisien aujourd'hui en France,
05:47 avec Fanny Guinocher, aussi journaliste économie à France Info,
05:50 Emmanuel Kessler, éditorialiste politique et Renaud Dely.
05:53 Il le garantit François Bayrou, ce n'est pas un caca nerveux ce qu'il a fait hier soir.
05:58 Il a été choqué du terme pendant l'interview, mais voilà, ce n'était pas un caprice.
06:03 Voilà, il y a une vraie crise.
06:04 Il y a pas eu de caprice, quand vous dites caca nerveux, vous n'avez aucun caprice.
06:06 Alors ça c'est effectivement l'explication de François Bayrou.
06:09 Je pense qu'il faut distinguer deux choses.
06:10 Il y a de toute évidence, et tout le monde l'a vu, l'a compris,
06:13 une forme de réaction d'orgueil qui est liée au fait qu'il n'a pas obtenu ce qu'il souhaitait,
06:17 ce qu'ont dit Marion Mourc et Emmanuel Kessler à l'instant,
06:20 au fait qu'il y a un rapport difficile avec Gabriel Attal,
06:23 il n'était pas le supporter de l'anomination de Gabriel Attal,
06:26 lequel lui rend bien, le Premier ministre n'était pas extrêmement enthousiaste
06:31 à l'idée d'accueillir éventuellement François Bayrou dans son gouvernement.
06:34 Donc il y a cette dimension-là.
06:36 Le problème, c'est que cette réaction d'abord, ça pose un problème pour le modem,
06:41 et on l'a vu d'ailleurs, y compris le dîner qui a eu lieu hier soir avec les parlementaires,
06:45 c'est que c'est quand même une décision qu'il a prise et annoncée tout seul,
06:48 il a mis devant le fait accompli son parti, ce qui renvoie à un mode de fonctionnement,
06:52 mais on le savait, ce n'est pas une découverte assez peu démocratique du modem,
06:55 ce n'est pas le seul dans ce cas-là, d'ailleurs,
06:57 qu'il s'agisse du Rassemblement national des Insoumis ou de Renaissance,
07:01 tous ces partis ne sont pas des modèles de fonctionnement collectif et démocratique.
07:04 C'est spectaculaire avec Bayrou et le modem,
07:07 et on peut imaginer qu'il s'est un peu fait sonner les cloches hier soir
07:10 par un certain nombre de parlementaires du modem
07:13 qui ne sont pas très satisfaits d'avoir été mis devant le fait accompli.
07:15 Après, sur le fond, et c'est ça qui est plus gênant pour Emmanuel Macron et Gabriel Attal,
07:19 le constat qu'il dresse, on ne comprend pas que François Bayrou ne décide pas justement
07:23 de contribuer à essayer de corriger cette réalité.
07:26 Et c'est là qu'il y a un déficit d'explication de sa part.
07:28 Mais le constat qu'il dresse sur un gouvernement trop parisien,
07:31 les trois quarts des 15 ministres qui ont déjà été nommés début janvier sont franciliens
07:35 et aucun n'est issu du sud de la Loire,
07:37 une coupure entre les électeurs et leurs représentants
07:41 qui n'a fait que se renforcer ces dernières années,
07:44 tout ce constat sur une décrédibilisation de la politique
07:48 que Emmanuel Macron s'était engagé à essayer de ressusciter en quelque sorte,
07:53 ce fameux "nouveau monde" dont il prétendait accoucher,
07:56 tout ça est assez juste, c'est-à-dire que ce constat sur l'état du pays aujourd'hui,
08:00 il est juste, il tire la sonnette d'alarme,
08:02 et c'est en ce sens qu'il appuie là où ça fait mal au macronisme en quelque sorte.
08:06 Maintenant…
08:08 – Mais ça on se imagine qu'il aurait pu le dire.
08:10 – Il aurait dû se refuser de ne pas contribuer à le communiquer,
08:12 si il était entré au gouvernement, c'était un élu de peau qui…
08:14 – On ne peut pas être un pied dedans et un pied dehors,
08:16 soit effectivement le modem est dans la majorité,
08:18 il a dit que c'était le cas et on ne comprend pas pourquoi
08:20 est-ce que François Bayrou ne rentre pas au gouvernement,
08:22 on va voir s'il y a d'autres ministres au modem,
08:24 après il devrait donc y en avoir d'après ce que j'ai compris,
08:26 soit il passe dans l'opposition, ce qui serait logique
08:28 si jamais il avait considéré, ce qui n'a pas été le cas,
08:30 que cette majorité était en état de faillite.
08:32 – Marion Morgue.
08:33 – Mais c'est là où le coup d'orgueil peut se transformer en crise politique,
08:35 c'est qu'on est en situation de majorité relative à l'Assemblée Nationale,
08:38 or François Bayrou le laisse entendre lors de l'interview,
08:41 le vote n'est pas acquis sur les prochains textes,
08:43 il dit qu'il faut qu'il les étudie,
08:45 et puis même le soutien aux ministres n'est pas totalement acquis non plus,
08:49 donc il laisse peser cette menace, c'est une lourde menace,
08:51 puisque 51 députés modem en majorité relative, ça pèse,
08:55 sous-entendu si je n'ai pas ce que je veux sur le fond,
08:58 et bien le soutien du modem n'est pas garanti,
09:01 et puis il laisse aussi planer le projet de 2027,
09:04 c'est-à-dire que l'idée que la suite du quinquennat
09:07 s'écrierait avec d'autres que lui,
09:09 qu'il ne soit plus dans l'histoire, ça ne lui convient pas non plus,
09:13 donc on est en 2024, il a mis des petits cailloux jusqu'à 2027,
09:17 et qu'ils peuvent changer aussi la fin du quinquennat.
09:20 Il y a un remaniement qui est attendu dans les prochaines heures.
09:22 Effectivement ce qui est frappant c'est que ça fait quand même un mois
09:25 qu'on n'a pas de gouvernement au grand complet,
09:27 et non seulement on n'a pas de gouvernement au grand complet,
09:29 mais on croyait avoir une équipe stable de 14 ministres,
09:31 ce qui a été nommé, mais finalement ce qu'on a appris hier
09:33 c'est qu'il y en avait qui étaient déjà sur des sièges éjectables,
09:35 alors il y a le cas à Melliwood et à Castera,
09:37 et peut-être, on ne sait pas trop d'où c'est venu,
09:39 le cas du ministre de la Défense,
09:41 qui était même cité pour occuper Matignon,
09:44 et qui apprend donc peut-être par la radio
09:46 qu'il va peut-être sortir d'un ministère régalien.
09:49 Même si ça, ça semblait plus François Bayrou
09:51 qui fait vivre cette histoire.
09:52 Oui voilà, alors est-ce que Gabriel Attal lui a dit quelque chose ?
09:54 Alors il a dit clairement qu'on lui avait proposé le ministère des Armées.
09:56 Oui, bon, donc là-dessus, et donc il y a quand même,
10:00 si vous voulez, le second quinquennat d'Emmanuel Macron
10:04 n'en finit pas de se relancer, de commencer,
10:06 puisque rappelez-vous quand même qu'au mois de janvier,
10:08 il nomme un nouveau Premier ministre,
10:10 il a ce rendez-vous avec la nation,
10:12 avec une conférence de presse dont plus personne
10:14 vraiment ne se souvient, et au fond,
10:16 les deux éléments de séquence de ce début d'année,
10:19 c'est la crise liée à la nomination d'Amelio Deha,
10:22 Castera, et sa bourde, 24 heures après sa nomination,
10:26 et maintenant cette affaire Bayrou.
10:27 Donc pendant ce temps-là, d'ailleurs,
10:29 le Parlement semble s'ennuyer,
10:31 il n'a pas de texte important, etc.
10:33 Donc là, il y a une vraie difficulté,
10:34 et qui est liée à ce que vous dites,
10:36 qui est que le Président de la République,
10:38 étant dans un second quinquennat,
10:40 avec une majorité relative,
10:42 chaque jour, il perd un peu plus de pouvoir,
10:44 et c'est bien ce qui ressort dans l'attitude
10:47 du patron du Modem, François Bayrou,
10:50 qui est qu'au fond, peut-être mis-t-il sur sa propre carte,
10:53 éventuellement celle de 2027,
10:55 plutôt que de marquer sa fidélité à un Emmanuel Macron
10:59 qui, chaque jour, voit finalement ses prérogatives s'amenuiser davantage.
11:02 Mais on imagine que tout ce que nous a dit François Bayrou,
11:04 pendant une demi-heure à 8h30,
11:06 il a dit à Emmanuel Macron,
11:08 à Gabriel Attal aussi,
11:09 comment ils peuvent rattraper les choses, ces deux ?
11:11 Rattraper les choses, je pense que ce qui les préoccupe davantage,
11:14 effectivement, c'est l'attitude du groupe parlementaire Modem au Parlement,
11:19 à l'Assemblée nationale.
11:20 Moi, c'était une façon, justement,
11:22 pour François Bayrou, il y a quelques minutes,
11:24 de continuer à faire monter les enchères.
11:26 Attention, vous avez besoin de notre soutien,
11:27 on regardera au cas par cas, selon les textes, etc.
11:29 La difficulté étant quand même pour le Modem,
11:32 qu'en sens inverse, si jamais il passe dans l'opposition,
11:35 il n'y a plus de majorité, même relative,
11:37 on va vers une dissolution de l'Assemblée nationale,
11:39 et dans un contexte où l'extrême droite semble au port du pouvoir,
11:41 c'est une responsabilité assez lourde à prendre,
11:43 ce serait une responsabilité assez lourde à prendre pour le Modem et François Bayrou.
11:46 Donc, je pense que le principal souci aujourd'hui du couple exécutif,
11:50 ce n'est plus tellement François Bayrou,
11:52 évidemment, Emmanuel Macron, ce n'est même pas l'hypothétique candidature de Bayrou en 2027,
11:57 c'est de s'assurer de pouvoir continuer à gouverner avec la majorité relative,
12:01 donc avec le soutien du Modem à l'Assemblée.
12:03 Quand même ce qui se passe là aujourd'hui avec un allié du président de la République
12:07 qui s'exprime dans l'AFP, qui s'exprime ce matin sur France Info en direct pendant une demi-heure
12:11 pour critiquer le président de la République,
12:13 sa manière de penser, il dit en sous-texte qu'il est totalement déconnecté,
12:17 ça pose problème quand même ça, au niveau de l'opinion publique.
12:20 Quelle image ça donne, Marion ?
12:22 Ça affaiblit le gouvernement et ça affaiblit surtout le Premier ministre.
12:25 C'est-à-dire qu'on sent bien dans l'interview, et puis on sait comment fonctionne François Bayrou,
12:30 il peut avoir des liens avec Emmanuel Macron, mais justement il a des liens au niveau de chef de l'État.
12:35 Donc le Premier ministre, il ne l'a jamais soutenu,
12:37 et là c'est une mauvaise manière faite aussi au Premier ministre,
12:40 parce que dans cette période où on attend toujours le gouvernement comme l'a rappelé Emmanuel Kessler,
12:45 là c'est une petite table qui est faite à Gabriel Attal,
12:49 dont François Bayrou considère qu'il est un peu jeune, qu'il manque d'expérience,
12:53 et là c'est une manière aussi de lui rappeler un peu la vie politique.
12:55 Emmanuel Kessler ?
12:56 Au Gabriel Attal, la situation est assez difficile,
12:58 parce qu'il avait, j'allais dire, formidablement bien géré son arrivée au ministère de l'Éducation nationale,
13:04 fait entendre sa voix, fait entendre une posture même qui commençait à rassurer les enseignants,
13:09 à réaffirmer de l'autorité dans l'école, à avoir des projets.
13:13 Cinq mois après, on lui confie Matignon, très bien, mais ce capital aujourd'hui paraît gâché.
13:19 Surtout qu'il disait un truc, pardon, sur l'éducation nationale, il disait la philosophie là du gouvernement,
13:25 c'est que les profs travaillent pas assez.
13:27 Or il l'a jamais dit aussi ouvertement, Gabriel Attal, même quand il était ministre de l'Éducation nationale.
13:32 Non, parce qu'il avait une certaine habileté, mais en même temps on a bien vu qu'il allait sur le terrain des savoirs,
13:40 sur le terrain de l'autorité, sur le terrain de l'uniforme, l'interdiction de la baille,
13:43 des éléments qui étaient pour l'heure symboliques, mais qui montraient cette priorité.
13:47 Aujourd'hui, sur ce terrain là, qui est effectivement, et là-dessus, le constat de François Bayrou est absolument exact,
13:54 sauf qu'il ne propose pas de remède, que lui-même d'ailleurs aurait pu contribuer à apporter,
13:59 sur ce terrain là, j'allais dire, l'acquis de ces mois précédents a été évidemment dilapidé par les erreurs de Madame Odéa Castel.
14:10 Juste là-dessus, je pense qu'il y a effectivement un vrai désaccord, c'est-à-dire qu'il faut se souvenir que François Bayrou a été ministre de l'Éducation nationale,
14:14 il n'a pas l'histoire, c'était il y a 31 ans, mais qu'à l'époque, il a co-géré le ministère avec les syndicats, pour être bref.
14:20 Et visiblement, ce n'est pas la philosophie qui préside à Matignon, ce n'est pas le sentiment de Gabriel Attal,
14:29 et à Mélibudé, à Castelaran, on voit qu'il va avoir du mal à co-gérer durablement ce ministère avec les syndicats.
14:34 D'ailleurs, Gabriel Attal n'avait pas forcément envie de François Bayrou à l'éducation,
14:37 et c'est aussi ça qui explique le coup de sang de François Bayrou,
14:40 c'est qu'il a bien compris que ce n'était pas le premier choix, en tout cas.
14:44 Je vous interromps quelques instants parce qu'il est 9h21, et à 9h21, c'est le Fil info de Sophie Echelle.
14:49 La CNIL, le gendarme du numérique, a ouvert une enquête après un vol massif de données dans le secteur des complémentaires santé.
14:57 Ça concerne plus de 33 millions de personnes, soit un Français sur deux.
15:01 Des dates de naissance, état civil, numéro de sécurité sociale, mais pas d'information bancaire ni médicale, selon la CNIL.
15:07 Le parquet de Paris a ouvert une enquête après la plainte pour viol de Judith Gaudrech,
15:11 déposée mardi contre le réalisateur Benoît Jacot, avec qui elle a eu une relation quand elle était adolescente.
15:16 Et on apprend ce matin que Judith Gaudrech accuse le réalisateur Jacques Doyon de l'avoir abusé deux fois lorsqu'elle était mineure.
15:22 En Islande, une nouvelle éruption volcanique a démarré ce matin sur la péninsule Reikiannes.
15:27 C'est la deuxième fois cette année dans la même zone.
15:29 En janvier, lors de la dernière éruption, des coulées de lave s'étaient approchées de la ville de Grindavik.
15:33 Près de 4000 habitants avaient dû évacuer par précaution.
15:36 À moins de six mois des Jeux Olympiques de Paris, une nouvelle phase de vente de billets, dans moins d'une heure, sans tirage au sort.
15:43 Premier arrivé, premier servi. Près de la moitié de ces billets seront vendus à moins de 100 euros.
15:48 Les informés continuent avec Marion Mourgue, chef adjointe du service politique du Parisien,
16:03 aujourd'hui en France, avec Fanny Guinochet, aussi journaliste économie chez France Info,
16:07 Emmanuel Kessler, éditorialiste politique, et Renaud Delis, pendant que certains négocient des postes au gouvernement,
16:13 d'autres, des ministres, essaient d'avancer à l'adaptation des entreprises au réchauffement climatique.
16:18 - Effectivement, Bruno Le Maire, qui à l'heure où on se parlait, toujours ministre de l'Economie et des Finances,
16:22 et son homologue, qui lui aussi est toujours en place, Christophe Béchut, en charge de la transition écologique,
16:26 reçoivent aujourd'hui à Bercy les acteurs des filières économiques pour oeuvrer à l'adaptation des entreprises au réchauffement climatique.
16:32 Et pour demander à ces filières de préparer des plans d'adaptation, dans le cas contraire,
16:38 au vu de l'accélération du réchauffement climatique et de ses conséquences, y compris pour le fonctionnement des entreprises et de l'économie en général,
16:44 le gouvernement redoute qu'à terme, d'ici 30 ans, à long terme, la perte éventuelle du PIB puisse aller de 2 à 5 points de PIB.
16:55 - Fanny Guinochet ?
16:56 - Alors, un point de PIB, c'est 25 milliards d'euros.
16:58 - C'est beaucoup.
16:59 - Donc c'est beaucoup. Voilà.
17:00 Donc effectivement, c'est si on ne faisait rien, l'économie française prendrait un grand coup.
17:06 Et la volonté du gouvernement, c'est de sensibiliser les entreprises sur des choses assez concrètes.
17:13 Vous êtes une PME, une petite entreprise, vous avez envie de construire un entrepôt,
17:18 pensez que cet entrepôt, il est peut-être dans une zone qui va être jugée comme inondable peut-être dans 10 ans.
17:24 Donc prenez les mesures.
17:26 Et c'est vrai que certaines entreprises l'ont déjà fait, mais ce n'est pas forcément la priorité,
17:32 alors que ce changement climatique arrive, on le constate tous les jours.
17:38 Rien que l'été 2022, il y a eu 33 jours de canicule.
17:42 Ça veut dire des fissures sur les bâtiments, donc des rénovations qu'il faut faire.
17:46 Ça veut dire aussi des adaptations qu'il faudra faire.
17:49 Et les syndicats sont conviés à cette réunion du côté de l'organisation du travail,
17:53 quand il fait trop chaud, quand les températures sont trop élevées,
17:56 ou même si vous avez des aléas climatiques, des inondations, etc.
17:59 Vous ne pouvez pas travailler.
18:01 C'est d'ailleurs une demande de la CGT de, par exemple, inscrire dans le Code du travail,
18:06 une limite à 33 degrés à laquelle les salariés pourraient ne pas travailler.
18:12 Pour l'instant, il n'y a pas de limite.
18:14 Donc ce sont toutes ces réflexions-là qui sont menées.
18:19 Mais on en est au stade des réflexions ou alors on va essayer...
18:22 Alors le gouvernement va demander aujourd'hui à deux filières stratégiques et très exposées.
18:28 L'énergie, donc dans l'énergie vous avez l'union nucléaire, vous avez EDF, etc.
18:32 Et puis les transports, vous avez la SNCF,
18:34 qui sont quand même deux secteurs très importants pour notre économie et très affectés,
18:39 puisque la SNCF, quand les caténaires ne tiennent pas forcément quand il fait trop chaud.
18:43 Je crois que c'est ce qui percute.
18:44 Donc de présenter des plans d'adaptation.
18:47 Là, d'ici la fin de l'année, des choses très concrètes avec des alternatives.
18:51 Par exemple, vous êtes EDF, vous avez un certain nombre de centrales nucléaires
18:55 qui sont au bord de l'eau parce que vous utilisez l'eau des fleuves.
18:58 Bon, ben si demain, ces fleuves ne sont plus praticables, ne sont plus utilisables,
19:01 comment vous faites ?
19:02 On parle de l'énergie nucléaire de la France.
19:06 On sait que c'est un pilier de souveraineté économique.
19:09 Et en face, est-ce que les chefs d'entreprise sont réceptifs ?
19:12 C'est la question qu'on peut se poser aussi.
19:13 Est-ce qu'elles jouent le jeu de la transition écologique ? Marion.
19:16 Ça commence à bouger, mais sous le poids de l'opinion publique.
19:19 On sent bien qu'il a fallu aussi une prise de conscience de l'opinion publique
19:23 et puis une inquiétude pour que, ensuite, le milieu politique et le milieu économique
19:27 se mettent en marche aussi parce que, de fait, c'est des coûts financiers importants.
19:33 C'est des investissements et donc ça ne se fait que quand l'opinion publique est demandeuse aussi.
19:38 Emmanuel.
19:39 Oui, il y a un point de difficulté, c'est que les chiffres de l'INSEE sur la croissance
19:43 montrent que l'investissement des entreprises, globalement, est quasi à l'arrêt aujourd'hui
19:46 dans les moteurs de croissance.
19:48 La transformation est bien repartie, mais pas l'investissement.
19:50 Donc, évidemment, la question des moyens financiers, des soutiens publics à cette transition
19:55 va être posée, notamment de la part des petites et moyennes entreprises.
19:59 Je crois que les entreprises sont assez conscientes des impératifs de la transition écologique,
20:03 les grandes comme les PME.
20:05 Mais ensuite, on s'aperçoit aussi qu'à l'inverse de cette réunion d'aujourd'hui,
20:10 le gouvernement vient plutôt de donner un signal de frein, par exemple, sur le secteur de l'agriculture.
20:16 Il a dit face au mécontentement des agriculteurs, on reste bien sûr favorable à une transition,
20:20 mais peut-être qu'il faut aménager et prendre du temps.
20:22 Notamment sur les pesticides.
20:23 Voilà.
20:24 Donc, il y a un risque que le discours d'aujourd'hui ne soit pas forcément compris,
20:29 parce qu'il va complètement dans l'autre sens, à juste titre.
20:32 Mais il faudra que l'État montre quelles incitations il va donner aux entreprises
20:37 pour accélérer ses investissements.
20:38 Justement, c'est vrai que pour les entreprises, ça coûte cher au début, ça c'est clair, cette transition.
20:41 Mais je pense qu'on peut peut-être les convaincre, c'est-à-dire un peu le pari,
20:44 si jamais elles constatent que ça rapporte,
20:46 c'est-à-dire que ça devient rentable d'investir en transition écologique.
20:49 On peut plus miser peut-être sur la conversion à transition écologique du monde en entreprise
20:53 dès lors qu'elles y verraient un profit, ce qui est assez logique,
20:56 dans une économie de marché de type capitaliste,
20:59 plutôt que de miser sur la seule conversion par la vertu.
21:03 Il y a quand même une histoire de timing.
21:05 C'est ce que disait Emmanuel Kessler.
21:07 Sur les discours qui sont tenus par l'État, on ne peut pas dire aux agriculteurs
21:11 "Vous, vous avez le droit de reculer, mais sur d'autres secteurs, il faut accentuer".
21:14 Effectivement, c'est toute la difficulté.
21:16 Mais après, il y a des choses très concrètes.
21:17 Les entreprises, elles voient aussi, par exemple, que le secteur des assurances
21:19 ne les suit plus comme avant.
21:20 Vous n'êtes pas... Vous êtes une entreprise, je reprends mon exemple d'un entrepôt
21:23 qui est situé dans une zone inaudible.
21:25 Votre entrepôt, vous perdez tout votre stock.
21:27 Les assureurs, aujourd'hui, sont en train de se retirer en disant
21:29 "Bah non, là, on savait que c'était une zone à risque,
21:31 donc on n'assure pas ou on ne rembourse pas de la même façon".
21:34 Donc ça va se faire de façon assez pragmatique, me semble-t-il.
21:37 Après, la question des moyens, elle est essentielle.
21:39 Ça va être la difficulté pour le gouvernement.
21:42 Il n'y a pas d'argent dans les caisses.
21:44 Donc, aujourd'hui, lors de cette réunion, le ministre de l'Économie
21:49 va surtout inciter les entreprises et essayer de les accompagner
21:52 pour utiliser les fonds qu'il y a, alors que ce soit un peu de France 2030,
21:57 que ce soit de l'argent de la BPI, si on veut faire un investissement
22:01 pour que la Banque publique d'investissement accompagne.
22:03 Ça va plutôt être ça.
22:05 Mais c'est vrai que la transition écologique coûte énormément d'argent,
22:09 mais un certain nombre d'entreprises sont quand même en train de réaliser
22:11 qu'elles vont y perdre beaucoup.
22:13 Merci beaucoup. Merci à tous les quatre.
22:14 Fanny Guinocher, journaliste d'économie chez France Info.
22:16 On vous retrouve tous les matins pour le Décryptage Éco.
22:19 Marion Mourgue, chef adjoint du service politique du Parisien,
22:22 aujourd'hui en France. On en profite pour montrer la hund' aujourd'hui.
22:26 Qui veut éviter un piège au français, celui des faux conseillers bancaires ?
22:29 Comment éviter cette escroquerie qui fait toujours plus de victimes ?
22:33 C'est à lire ce matin dans Le Parisien, aujourd'hui en France.
22:36 Emmanuel Kessler, éditorialiste politique, merci d'être passé ce matin chez nous.
22:40 Renaud, merci beaucoup.
22:41 Merci à vous.
22:42 Les informer sont de retour ce soir à 20h avec Bérangère Bonte et Jean-François Ackilly.
22:46 !

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