Retrouvez l’équipe du magazine Eléments, autour d’Olivier François, avec ses acolytes : Patrick Lusinchi, directeur artistique, Daoud Boughezala, Christophe A. Maxime et Rodolphe Cart. À l’occasion de la sortie du nouveau numéro, la rédaction d’Eléments dresse le tableau accablant du recul des libertés : censures, interdictions, dissolutions, jusqu’à la fermeture des comptes bancaires des militants patriotes et identitaires. La dictature en marche ! – on en prend le chemin.
Au menu également, le dossier que Guillaume Travers consacre aux "communs", réponse à l’individualisme, et notre visite de Madrid, capitale habsbourgeoise.
Le rendez-vous musclé et impertinent du magazine des idées.
Au menu également, le dossier que Guillaume Travers consacre aux "communs", réponse à l’individualisme, et notre visite de Madrid, capitale habsbourgeoise.
Le rendez-vous musclé et impertinent du magazine des idées.
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00:00 [Musique]
00:20 Chers amis, bonjour, bonne année d'abord.
00:22 Tous mes voeux pour l'année nouvelle, tous mes voeux de bonheur, de lecture,
00:26 tous mes voeux de victoire enfin pour notre courant d'idées.
00:30 Et nous allons tout de suite passer à la présentation du dernier numéro d'Eléments
00:33 qui comme d'habitude est très riche, très fourni puisqu'il y a un entretien avec Denis Arcan, le cinéaste,
00:38 un entretien avec Laurent Auberton, un dossier qui attirera votre attention sur la dictantire en marche.
00:44 Mais nous allons voir tout cela avec nos camarades de l'envieux élément.
00:47 J'ai à ma gauche Daoud Bourezala. Bonjour Daoud.
00:50 Vous êtes un de nos grands reporters maintenant, vous collaborez depuis maintenant presque 3 ans je crois, ou 4 ans à notre revue
00:56 et nous donnant des reportages souvent chocs qu'on ne lit pas ailleurs.
01:01 Donc merci Daoud d'être présent et de collaborer à notre revue.
01:05 Rodolphe Karte, faut-il présenter maintenant Rodolphe à nos amis ?
01:09 Rodolphe, je rappelle que vous venez de publier un livre, deux livres récemment aux éditions de la Nouvelle Librairie,
01:15 un essai sur le syndicaliste révolutionnaire et penseur du mythe, on peut le dire, de la mobilisation Georges Chorel.
01:22 Et puis aussi votre lettre aux identitaires, rappelez-moi le titre ?
01:25 "Feu sur la droite nationale".
01:27 "Feu sur la droite nationale". Merci encore Rodolphe d'être ici.
01:30 J'ai à ma droite notre ami Patrick Luzelki, directeur artistique de la revue "Eléments".
01:37 Merci d'être là et animateur de l'émission "Cette année-là".
01:40 Et enfin Christophe, André Maxime, cher Christophe, bonsoir, bonjour, bonjour, bonsoir.
01:46 Bonne année.
01:47 Et merci, nous parlerons de Madrid avec vous.
01:50 Alors je commence déjà par, je me permets de vous remontrer la une d'éléments, la dictature en mars.
01:55 Alors tout ça peut être affolant, je me tourne vers Daoud Bourévala pour commenter peut-être cette une sur la dictature en mars,
02:02 puisque vous avez consacré un article sur la manière dont les banques aujourd'hui de plus en plus attaquées ou refusées
02:08 de prêter, d'égorger financièrement un certain nombre de mouvements identitaires, nationalistes ou simplement non-conformistes.
02:16 Est-ce que vous pourriez nous en dire plus ?
02:17 Alors on est parti d'un constat très empirique, c'est une épidémie de fermeture de banque
02:22 ou bien une sorte de harcèlement administratif de la part des banques, des assurances ou de fermeture de cagnottes en ligne
02:29 qui vise, il faut le dire, avant tout, enfin pas seulement, mais pour ceux qu'on connaît,
02:34 des personnalités liées à droite radicale, dite radicale, identitaire, nationaliste.
02:39 Alors c'est très éclectique, ça va de l'Action française de François Belkaire que je cite dans l'article que j'ai interrogé,
02:44 des mouvements en voie d'interdiction comme Academia Christiana par l'État ou bien l'Alvaro, etc.
02:52 Il faut noter que vous avez une pétition pour Academia Christiana, parce que c'est un peu l'actualité.
02:54 Oui, alors…
02:55 Vous venez d'avoir une pétition en ligne pour défendre cette association.
02:57 Il faut dire que ce système d'alerte m'a été expliqué notamment par spécialiste de la fraude bancaire,
03:04 ça n'a rien à voir avec l'État.
03:06 C'est un système très pervers qui risque de nous faire regretter la coercition étatique orwellienne ou léviathan d'antan,
03:13 puisqu'en fait, il faut savoir que rien n'est plus lâche qu'une banque, comme m'a dit le témoin que j'ai interrogé, l'experte.
03:20 En fait, c'est un système très complexe, je ne vais pas vous le dévoiler dans l'intégralité,
03:23 il faut bien que les gens achètent éléments, mais pour vous la faire courte, comme on dit,
03:27 il faut savoir que les banques sont insérées dans un système international,
03:31 ce qu'on appelle compliance, de conformité avec des normes.
03:34 Donc, elles ont des comptes à rendre au niveau international, au niveau américain, au niveau national.
03:39 Et donc, il y a un certain nombre de précautions visant la lutte contre le terrorisme,
03:46 le blanchiment et la fraude en général qu'il faut appliquer.
03:51 Et donc, jusqu'ici tout va bien, sauf que ces banques vont user de précautions,
03:57 avec des systèmes dits de compliance, de conformité,
04:01 et on reste toujours dans la novlangue du mauvais anglais,
04:04 des systèmes dits adverse média et bad news, là on entre dans la perversité du système,
04:09 c'est que dès lors qu'il y a un écho négatif dans la presse sur telle ou telle personnalité, tel ou tel mouvement,
04:16 ça va lancer des alertes dans un système automatisé, ce qui fait que, hop,
04:21 votre banque au niveau central, votre conseiller bancaire n'a aucun rôle,
04:25 il ne comprend rien, il ne sait rien, il ne vous dit rien.
04:28 Et à partir de là, hop, vous allez avoir une petite lumière rouge qui va s'allumer au niveau de votre banque
04:35 et qui risque in fine d'aboutir à la fermeture du compte, si je simplifie,
04:39 étant entendu que la banque a le droit souverain de vous virer, que vous n'avez à peu près aucun recours,
04:46 que en dernier instant vous pouvez faire appel à la banque de France qui va vous fournir,
04:50 si vous prouvez que vous avez eu de refus d'établissement bancaire,
04:53 il va vous fournir une sorte de service minimum, vous assilier une banque de réserve avec tout un tas de,
05:00 avec tout un tas, voilà, un service vraiment minimal,
05:04 et in fine, ce système qui n'a pas grand chose à voir avec la répression étatique,
05:09 y compris la répression en cours par Gérald Darmanin,
05:12 à ceci près qu'il peut y avoir une interférence de traque fine,
05:15 où là aussi, si le cyber, si les services de renseignement financier à temps ou à raison vous surveillent,
05:24 il peut y avoir, encore une fois, une alerte qui se met en marche au niveau de votre banque,
05:29 ils vont poser des questions très inquisitrices à votre banque,
05:32 et là, ils ne vont jamais demander la fermeture de votre compte,
05:35 parce que ce n'est pas du tout dans l'intérêt de l'État de perdre votre trace,
05:38 et que, éventuellement, vous alliez ouvrir un compte à l'étranger.
05:41 Mais, par un système indirect, une alerte traque fine peut inciter la banque à être particulièrement vigilante,
05:48 et donc, indirectement, à vouloir fermer un compte.
05:51 Et voilà, on arrive, avec le consensus médiatique qui est du côté que vous savez,
05:58 on arrive à cette vague de répression de Raph le Bancaire,
06:01 qui s'est abattue contre les mouvements de droite nationaliste et identitaire.
06:05 J'ai essayé de savoir si, dans la mouvance d'ultra-gauche, mélenchoniste, etc.,
06:11 il y a eu la même répression, difficile de le savoir, difficile, difficile.
06:16 – Pourtant, ils auraient dû se plaindre, s'il y avait eu une répression,
06:18 les gauches étant très plaintifs, on ne les ferait pas.
06:21 – Et puis, on lit quand même beaucoup moins d'articles négatifs
06:23 contre les antifas, les méfaits de la jeune garde, etc.
06:26 Alors, on va repasser, j'aimerais bien ouvrir un peu la conversation
06:29 sur cette notion de dictature en marche.
06:31 Plusieurs personnalités de notre mouvance ont avancé l'idée,
06:36 que je trouve d'ailleurs assez séduisante, d'un narcotyrannie.
06:38 En effet, on voit dans notre société à la fois des zones de non-droit,
06:42 où les honnêtes gens, j'ose employer ce terme "honnêtes gens",
06:45 ça fait parfois ringard de dire "honnêtes gens",
06:47 mais enfin, il y a des honnêtes gens qui travaillent,
06:49 qui veulent avoir une vie pacifique, élever leurs enfants,
06:51 et qui sont soumis à la sécurité, attaqués par des voyous.
06:55 Et là, c'est vrai que l'État est souvent impuissant.
06:57 Et par contre, on s'aperçoit, on l'a vu au moment du Covid,
07:01 mais on le voit encore avec la dissolution d'un certain nombre de mouvements,
07:04 enfin, la dissolution d'Académia Christiana,
07:06 je vais un peu insister là-dessus, parce que c'est une chose complètement aberrante.
07:11 Quand on connaît le travail d'Académia Christiana,
07:13 c'est du combat culturel, ce sont des colloques,
07:17 ce sont des universités d'été,
07:19 ou des conférenciers Évoque, Bernano, Simone Veil ou Maurras,
07:23 enfin, rien de… on est très loin d'une organisation terroriste.
07:26 Et à côté de cela, on a des banlieues où on sait ce qui se passe,
07:30 notamment à Marseille, les zones de nos endroits.
07:32 Que pensez-vous, et là, j'ouvre un peu la conversation à nos invités,
07:36 de ce concept de la narcotiranie.
07:37 Est-ce que vous pensez que l'État impuissant, par ailleurs,
07:41 se venge en resserrant les boulons, pour essayer de contrer toute contestation ?
07:45 Je ne pense pas que c'est l'État, mais c'est un peu le système du jeu de go,
07:48 c'est un peu comme chez les Chinois, c'est-à-dire qu'on vous entoure petit à petit.
07:52 L'exemple le plus simple, c'est par exemple, vous prenez l'écrivain Sylvain Tesson.
07:57 Il suffit qu'on fasse un livre où on explique que Sylvain Tesson est un peu réac,
08:01 un peu d'extrême droite, etc.
08:03 Et ensuite, vous allez avoir… donc c'est le premier pion qui est mis en place,
08:07 et puis il y a un deuxième pion qui va se mettre en place.
08:09 Il y a quelques semaines, il y a eu une pétition contre lui,
08:12 parce que certains écrivains ne veulent pas le voir à la tête d'une année poétique,
08:19 je ne sais que sais-je, etc. Et on met un deuxième pion.
08:22 Et les pions vont vous entourer comme ça.
08:24 Petit à petit, c'est comme ça qu'une grande partie, par exemple, des élus du RN,
08:28 aussi ont des problèmes bancaires.
08:30 C'est-à-dire que l'État n'est pas responsable directement, mais on a mis des pions.
08:34 Aujourd'hui, par exemple, vous prenez l'institut Iliade,
08:36 vous avez un livre de Renaud Delis qui vous explique que Dominique Wehner, c'est un grand Satan.
08:40 Et ce pion va permettre, je veux dire, peut-être un jour, à d'autres personnes,
08:44 à des journalistes, etc. d'interdire un colloque, etc.
08:48 Et en fait, c'est ce système de jeu de go, c'est de séparer l'adversaire.
08:52 Donc l'État peut dire "moi, je ne suis pas responsable".
08:55 Effectivement, Daoud a raison, l'État ne demande pas aux banques,
08:59 mais les banques ont décidé, par crainte, d'interdire ces gens-là.
09:04 Ce qui paraît quand même aggressif, je reviens encore sur Academia Christiana,
09:07 ce qu'on se demande, c'est notre... Quel est le QI de Gérald Darmanin,
09:11 qui a l'air d'être vraiment un demi-débile, parfois.
09:14 Ce que ce pauvre Darmanin, pour lequel il faut, je pense, avoir à la fois...
09:18 Il nous révolte, mais avoir un peu de compassion pour lui,
09:21 parce que physiquement comme intellectuellement, il semble avoir des problèmes.
09:25 Il a déclaré que, oui, voilà, Academia Christiana est un mouvement subversif.
09:30 Dans leur conférence, ils emploient le terme "pays réel",
09:33 terme moratien, il se trouve, enfin moratien et proudhonien,
09:36 il se trouve que Darmanin, quelques semaines avant, avait employé ce terme de pays réel.
09:41 Que se passe-t-il dans la tête de Darmanin pour avancer ?
09:45 Est-ce un homme influençable ? Est-ce un homme sous influence ?
09:48 Navigue-t-il la vue ? Je me tourne vers toi, Rodolphe.
09:52 Peut-être qu'il sent le vent tourner d'un point de vue d'hégémonie culturelle,
09:56 pour reprendre un mot de Gramsci, parce qu'on sent bien aujourd'hui
09:59 que tout un ensemble, un package, pour reprendre un mot macronien,
10:03 qu'on pouvait nous vendre comme justement le progressisme, l'immigration,
10:08 le multiculturalisme, le vivre ensemble, on sent très bien que,
10:11 dans le peuple pris dans son sens général, c'est des idées qui passent de moins en moins.
10:16 Et je pense justement qu'ils ont tout intérêt à créer ce narratif,
10:19 parce que s'ils tapent sur des mouvements de droite nationale,
10:22 comme l'a très bien dit Daoud, ils tapent aussi sur des mouvements,
10:24 par exemple, écologiques, c'était le soulèvement de la terre, il me semble,
10:27 où il y a même eu des associations pro-palestiniennes récemment.
10:30 Et là, on sent bien qu'ils reviennent sur le narratif du printemps républicain
10:34 de la tonaille identitaire.
10:35 Ils ont besoin de, comment dire, de resserrer les troupes autour du bloc central.
10:39 Et justement, il est attaqué à la fois par une certaine extrême droite,
10:43 comme ils disent, ou extrême gauche.
10:44 Donc je pense justement qu'ils ont tout intérêt à installer un narratif.
10:47 Patrick l'a très bien mentionné, ils vont commander de plus en plus
10:50 des études sous forme de livres, où on va avoir des études pour montrer
10:54 qu'il y a des mouvements de subversion, de volonté de sécession.
10:57 On sent très bien que justement, ils vont consolider de plus en plus
11:01 un certain narratif pour faire peur, pour choquer le bourgeois.
11:04 Donc moi, à mon avis, là-dessus, on retombe vraiment.
11:07 Et c'est même, pour reprendre Gramsci, l'histoire des couches qui est à l'état.
11:11 Mais il y a la seconde couche ou la seconde peau, c'est le système médiatique.
11:14 Et tout ça forme ensemble un système assez difficilement pénétrable, en tout cas.
11:20 – En lisant l'entretien avec Laurent Oberthon, il semble de plus en plus,
11:25 Laurent Oberthon qu'on connaît pour ses nombreux livres,
11:28 je citerai quelques titres, "La France de branches mécaniques",
11:30 "La France Big Brother", "La France interditée".
11:32 Et dans cet entretien qu'il nous a donné, qu'il donne à François Bousquet,
11:35 il prône qu'il faut presque pour une sécession, il faudrait s'organiser
11:39 contre l'État ici et maintenant. Enfin, c'est ce que j'ai cru.
11:43 J'exagère un peu. – Il y a un côté un peu utopique.
11:46 Tout le monde aimerait faire ça.
11:48 Le souci, c'est que l'isolement, quand vous prenez l'histoire des comptes bancaires,
11:53 ça pourrait paraître ridicule, effectivement, beaucoup de gens se font dire
11:56 "vous n'avez qu'à ne pas avoir de compte bancaire".
11:58 Mais comment on fait sans compte bancaire ?
12:00 Ce que Daoud, dans son enquête, a pu le voir, c'est que dès que vous n'avez plus
12:03 de compte bancaire, vous ne pouvez plus recevoir de salaire,
12:06 vous ne pouvez plus faire de demande de crédit, etc.
12:08 C'est-à-dire que vous vous retrouvez dans une situation,
12:10 il est absent aujourd'hui, mais François Bousquet s'est retrouvé
12:13 dans cette situation-là. C'est-à-dire qu'un jour, sa banque lui a dit
12:16 qu'il lui fermait son compte. – Pour des raisons sans doute pédagogiques.
12:21 – Pour des raisons purement politiques, etc.
12:23 Et la réponse de la banque était assez drôle, c'était "Ah, on pensait
12:26 que vous étiez au Rassemblement National".
12:28 – Ah oui, c'est quand même quelle voix incroyable.
12:30 – C'est-à-dire qu'en fait, vous avez beaucoup d'élus aussi
12:33 qui se retrouvent dans cette situation. Alors, il y a toujours, comme disait Daoud,
12:36 il y a un moyen, on vit dans un pays de la démocratie, vous pouvez avoir une banque.
12:41 Mais en fait, pendant tout ce temps que vous passez à être obligé
12:44 de régler votre problème, vous ne pouvez plus politiquement exister.
12:48 Et donc en fait, c'est ce système qu'on met en place.
12:51 On vous met des grains de sable, des cailloux dans votre chaussure
12:55 et vous avez du mal à vous en sortir, tout simplement.
12:59 – Et la banque n'a absolument aucune obligation à se justifier,
13:01 même en cas de discrimination extrêmement difficile à prouver.
13:04 Elle est protégée, soit en cas de cas de traque fine par le secret défense
13:09 et en cas d'alerte émise par le service central de conformité.
13:14 Là aussi, à moins d'avoir un complice dans ces organes,
13:17 vous n'arriverez jamais à faire sortir un document noir sur blanc,
13:20 auquel cas ce serait illégal. Donc c'est une espèce d'îlot de non-droit.
13:24 Et pour embrayer sur ce que dit Patrick, finalement,
13:27 à mesure qu'on ne peut plus vivre avec de l'argent liquide,
13:31 on va vers une espèce de contre-utopie Orwellienne,
13:34 mais d'un genre nouveau contre lequel on n'a plus aucun recours.
13:37 – Qui est très liquide en plus, sur lequel ce n'est plus du tout
13:40 les tyrannies comme vous le disiez, ce n'est plus le Léviathan…
13:42 – C'est totalement désincarné, automatisé.
13:44 – Justement, parlez-nous de l'entretien que vous ont donné deux juristes
13:49 sur l'état d'urgence.
13:51 C'est un thème que nous avons traité à LMA et à Nouvelle École,
13:55 notamment à travers l'œuvre de Carl Schmitt.
13:57 Quel est cet état d'exception permanente que ces deux juristes dénoncent ?
14:00 – Alors ces deux jeunes juristes, à peine quarantenaires,
14:03 Guylain Bénézat et Thibault Mercier, font le même constat,
14:05 qui a pu être partagé par quelqu'un de beaucoup plus tiède,
14:07 comme François Surault.
14:09 C'est-à-dire qu'il y a un paradoxe post-moderne aujourd'hui,
14:11 en France et en Occident, c'est qu'à mesure que les libertés des modernes,
14:14 comme dirait Benjamin Constant, vont s'étendre à l'infini,
14:18 jusqu'à la GPA pour toutes et toutes,
14:21 nos libertés politiques des anciens s'amenuisent comme peau de chagrin.
14:25 Donc typiquement, si vous voulez une image effrayante de l'avenir,
14:28 mais réaliste, vous verrez une manifestation de gilets jaunes,
14:31 durement réprimée par des CRS sanglés,
14:35 avec des LBD, comment ça s'appelle ?
14:39 – C'est pas des LGBT, c'est des CRS LGBT.
14:41 – Des LGBT qui vont tirer, voire éborger.
14:44 Tout ça pour protéger un couple, prenons l'avion pour Madrid,
14:47 en allant acheter un enfant par GPA.
14:51 Donc c'est un peu ce paradoxe-là,
14:53 ce qui fait qu'à mesure que nos libertés se restreignent,
14:57 enfin nos libertés politiques,
14:59 où le référendum n'est qu'un vieux souvenir,
15:01 le dernier date de 2005 et on a vu ce que Sarkozy en a fait par la suite,
15:05 à mesure que le peuple n'a plus voix au chapitre,
15:08 si ce n'est par des élections où là encore,
15:11 il y a un chantage antifascisme qui biaise le résultat final,
15:14 et bien à mesure aussi que nos libertés de circulation élémentaires
15:19 sont reniées, comme pendant les Jeux Olympiques,
15:22 où il y aura un système de QR code dans les quartiers centraux de Paris,
15:26 y compris pour les piétons, exactement comme pendant le Covid,
15:29 mais d'une manière encore plus automatisée, informatisée,
15:33 donc voilà, assez totalitaire,
15:35 et bien les droits de l'individu, de l'homme, de la femme et du transgenre
15:40 sont sur une pente complètement incontrôlable et une espèce d'exponential,
15:45 c'est un paradoxe total, où on risque d'aboutir à des régimes inédits,
15:49 je ne sais pas comment les appeler, des démocraties totalitaires,
15:52 des totalitarismes, voilà, la narcotiralie en fait,
15:55 où l'individu sera roi et le citoyen ne sera rien.
15:59 – Où la personne ne sera plus rien, et le citoyen ne sera encore moins que la personne,
16:03 il n'y aura plus qu'une sorte d'individu, au fond ce sera F3I + LGBT,
16:07 c'est assez terrifiant.
16:08 – Sans aucune distinction évidemment que le citoyen, l'étranger,
16:11 tout ça sera ouvert au cas de vent.
16:13 – Je parle toujours de l'opposition individu-personne,
16:15 et ça me permet de rebondir, cher Daoud, et de me tourner vers Rodolphe Kars,
16:19 parce que vous l'avez, je crois, beaucoup apprécié,
16:21 le manifeste de notre ami Guillaume Travers sur les communs.
16:24 Alors il y a eu un livre assez important, qui n'est pas passé complètement inaperçu,
16:29 de Pierre Dardot et Christian Laval, je crois,
16:33 qui nous avait écrit sur le homo economicus,
16:36 qui a quelques ailes, alors qu'est-ce que sont ces communs ?
16:38 C'est une manière au fond d'échapper, de trouver un juste milieu
16:42 entre la tyrannie de l'État et la tyrannie du marché, n'est-ce pas ?
16:44 – Oui voilà, c'est exactement ça, et comme à éléments,
16:47 on est adepte des troisième voie, justement,
16:50 Guillaume dans un dossier passionnant, va revenir sur cette notion de commun,
16:54 qui justement, essaie de trouver cette troisième voie,
16:58 alors il revient d'un point de vue historique sur des grands penseurs
17:01 comme Karl Polanyi, avec la mise en place des enclosures,
17:04 mais aussi à des penseurs qu'on a peut-être un peu vite oubliés,
17:08 comme Chesterton ou Hilaire Belloc, qui ont vraiment pensé justement,
17:11 ce modèle, comme l'a très bien dit Daoud, du citoyen,
17:16 mais aussi de la personne, contre l'individu.
17:18 Et justement, Guillaume revient sur des notions absolument capitales,
17:22 il revient même au niveau de la Rome antique,
17:24 on revient aux conceptions justement de la propriété qui étaient différentes,
17:27 et là aussi ça nous arme intellectuellement, parce que ça nous montre bien
17:30 qu'à l'époque, nos antiques, les anciens avec un grand "A",
17:33 avaient justement pensé ces idées de liberté, de liberté citoyenne,
17:38 en dehors justement de la tradition libérale,
17:40 qui n'est pas du tout à rejeter, absolument pas,
17:42 mais en tout cas, peut-être que pour demain, ça nous donnera
17:45 des munitions intellectuelles pour contrer justement
17:48 toutes ces mises en place d'un État autoritaire,
17:50 et c'est vrai qu'il y a une évocation qui m'est tout de suite venue,
17:53 c'est les travaux de Jean-Louis Houllac, dont on avait parlé dans notre numéro précédent,
17:57 et Jean-Louis Houllac, pareil, dans son œuvre,
17:59 retrace ce développement du marché, mais aussi du marché avec un grand "M",
18:03 mais aussi de l'État avec un grand "A", l'État Léviathan,
18:06 à travers de grands écrivains, notamment comme Marx, Tocqueville,
18:10 donc oui, il faut que nos auditeurs se jettent sur ce dossier
18:13 qui est à mon avis vraiment capital pour penser ces communs,
18:16 qui justement en plus sont intéressants, parce qu'ils nous renvoient à la notion de communauté,
18:20 et ça nous montre aussi, là ça met le doigt sur souvent un paradoxe,
18:23 parce que les notions de communs, à gauche, souvent c'est des sujets
18:26 dont ils vont s'emparer, mais par contre ils ont toujours, si vous voulez,
18:29 la petite rupture morale, parce que la communauté,
18:33 c'est aussi des groupes homogènes, ethniques, culturels,
18:36 et ça, évidemment, ça nous parle à élément.
18:39 – À gauche comme à droite, parce que le commun, c'est aussi une question taboue,
18:43 chez les gens de droite, la propriété est importante,
18:46 et on a toujours l'impression que le commun, c'est l'État,
18:49 alors que le commun, c'est quelque chose qui n'appartient ni à l'individu,
18:52 ni à l'État lui-même, c'est un commun,
18:54 et ça c'est une notion qui est quand même aujourd'hui très compliquée
18:57 dans les sociétés modernes où on vit.
18:59 – Je voudrais revenir sur le travail de notre ami Guillaume Travert,
19:02 comme dirait François, Guillaume Travert, le dossier est extraordinaire,
19:05 comme dirait François Bousquet, peut-être d'Alain de Benoît,
19:07 Guillaume Travert, qui est très jeune, qui est à la fois un intellectuel organique,
19:11 mais aussi un scientifique, c'est un économiste,
19:13 et dans ce dossier il parle de la propriété,
19:15 et il a introduit à la fin de cet article, une dimension spirituelle de la propriété,
19:20 au-delà de la dimension juridique et de la transmission,
19:23 et c'est absolument magnifique.
19:25 – On vous recommande vraiment le manifeste de Guillaume Travert,
19:28 d'autant qu'il montre à quel point notre revue et notre mouvance
19:32 s'inscrivent dans l'héritage des non-conformistes des années 30,
19:34 puisque que ce soit à la jeune droite de Thierry Mollinier,
19:37 ou chez les gens d'esprit, ces thèmes étaient déjà abordés dans les années 30,
19:41 essayez de trouver cette troisième voie, cette voie médiane
19:45 entre un libéralisme individuel au centre et un étatisme collectiviste.
19:50 Cher Christophe, je me tourne vers vous,
19:52 parce qu'il y a cette rubrique dont elle est moque,
19:55 beaucoup de lecteurs aiment beaucoup, qui est "L'esprit des lieux",
19:58 et vous avez consacré "Madrid-Tolède", "Versailles-Chantier d'El-Soum".
20:02 – Oui bien sûr, parce que j'ai voulu faire une petite fenêtre d'ouverture,
20:07 un petit voyage, même si je n'aime pas anthropologiquement le voyage et le tourisme,
20:11 effectivement c'est une rubrique qui n'est pas toujours ouverte,
20:13 "L'esprit des lieux", c'est en fonction des déplacements des uns et des autres.
20:16 Écoutez, alors moi j'ai fait une espèce de grande reconversion,
20:21 de grande réconciliation, puisque moi je suis un peu familier de la culture espagnole,
20:24 je connais, je suis assez familier de la langue espagnole,
20:26 et j'ai eu une espèce d'agacement, d'agacement envers l'Espagne,
20:29 et je considérais l'Espagne comme une espèce de sous-Italie,
20:32 quelque chose de à la fois trop festif, trop vulgaire,
20:36 mais à la fois poussiéreux, ringard, ennuyeux,
20:39 et je me suis rendu à Madrid, Madrid-Tolède,
20:42 je me dis pourquoi Versailles, puisque Tolède est un petit peu,
20:44 ce n'est pas du tout l'équivalent de Versailles, mais on y va un peu,
20:46 c'est un peu les mêmes distances, le Versailles et le Madrid,
20:48 ça serait plutôt de l'autre côté du Grand Palais, l'Escurial,
20:51 et j'ai fait une grande réconciliation personnelle avec l'Espagne,
20:54 où je considère presque que c'est une sur-Italie sans ses séductions faciles,
20:58 et j'avais un a priori négatif envers Madrid,
21:00 cette espèce de monumentalité rugueuse, presque poussiéreuse, grisâtre,
21:06 et alors ça a été la grande conversion, le grand changement,
21:10 la grande réconciliation, parce que Madrid, c'est absolument magnifique,
21:12 c'est absolument superbe, il faut y aller l'hiver,
21:15 il faut s'y rendre l'hiver, où tout est ouvert à 22h,
21:18 il y a moins de monde, il y a une température agréable,
21:21 il y a un sentiment à Madrid qui est superbe,
21:23 qui est absolument superbe, comme ville, c'est monumental.
21:26 - Un empire !
21:27 - Alors, il n'y a pas de doute sur l'aspect chrétien de Madrid,
21:34 mais Madrid est en fait une ville profondément exotique au sens strict du terme,
21:38 puisqu'on est dans une latinité, certes,
21:41 mais c'est un endroit qui n'est absolument pas méditerranéen,
21:44 et on est littéralement en Europe centrale,
21:47 on a l'impression d'être, on pourrait tout à fait aussi bien être
21:50 à Potsdam ou à Vienne sans l'huile d'olive,
21:54 puisqu'on voit partout la trace, tout simplement, des Habsbourg,
21:57 il y a deux siècles des Habsbourg, la grande dynastie,
22:00 c'est une ville d'Europe centrale, avec son espèce de rigueur,
22:03 de convivialité rigoureuse, Madrid,
22:08 alors moi je m'intéresse aussi à la culture, aux us et coutumes,
22:11 c'est-à-dire ce que l'on mange, ce que l'on déguste,
22:13 il y a leur vin extraordinaire, d'une très grande minéralité,
22:16 l'Ariora, on peut manger dans ces superbes endroits,
22:19 les tapas, leurs marchés sont ouverts n'importe quand,
22:22 les fameux jambons...
22:23 - Les jambas, ça le pile pile !
22:24 - Voilà, très bien, des choses extraordinaires,
22:27 il y a effectivement ces églises partout,
22:30 il y a ce parfum aussi, c'est une ville très moderne, peut-être trop,
22:34 il y a aussi ce parfum un peu surrané des restes du franquisme,
22:38 puisqu'on trouve des vieilles boutiques poussiéreuses,
22:41 on trouve une population plus ancienne,
22:43 donc il y a cet aspect très touchant, un peu vieillot,
22:47 - Il reste du génome adrien.
22:49 - Absolument, alors moi je ne veux pas...
22:50 La figure de Franco pour moi est une figure assez intéressante,
22:53 puisque c'est quelqu'un qui a plutôt été un modérateur pendant la guerre,
22:56 la guerre civile qui se poursuit très tard,
22:58 la guerre civile qui s'arrête dans les années 50,
23:00 Franco est quelqu'un, apparemment pour le défendre...
23:02 - Elle s'arrête officiellement en 39 quand même,
23:03 mais l'écuration continue...
23:05 - Mais la guerre civile s'arrête finalement dans les années 50,
23:08 donc Franco est un personnage un petit peu ennuyeux,
23:10 avec une idéologie un peu floue,
23:12 ce n'est pas du tout un assassin...
23:15 - Il a rôté le Quebec quand même.
23:17 - Oui, alors il a...
23:19 On n'a plus beaucoup de temps, il a été plutôt modérateur,
23:21 il a toujours été dans un esprit de réconciliation nationale.
23:25 - On ne sera pas d'accord sur ce point-là,
23:26 mais on organisera une émission sur Franco.
23:28 - Je n'aime pas beaucoup le personnage...
23:29 - Je suis plutôt du côté de Primo de Rivera, mais je...
23:32 - C'est un héritier, moi j'ai une grande passion pour Primo de Rivera père et fils,
23:36 Primo de Rivera le père, qui était absolument pas un dictateur,
23:38 qui a gouverné pendant 10 ans, c'était malheureusement un réformateur,
23:41 il est parti de son plein gré, chassé par le roi,
23:44 quant au fils, pour moi c'est une figure poétique, héroïque, extraordinaire,
23:46 nationale syndicaliste, donc voilà, moi j'ai vécu un enchantement total à Madrid,
23:50 cette ville d'une profonde solidité.
23:52 - 20 secondes sur le Prado, qui est quand même le plus beau musée de Londres.
23:55 - Le Prado, superbe, donc Vélasquez,
23:56 quand on aime, comme moi exclusivement, la peinture et le football,
24:00 on aime l'Espagne, Zurbarán, Vélasquez, le Prado c'est superbe,
24:03 c'est un Louvre...
24:04 - Jérôme Bosch.
24:06 - Jérôme Bosch, effectivement, il n'y a pas que le Prado d'ailleurs.
24:08 - Il y a toute la peinture Goya, évidemment,
24:10 il n'y a pas un peu d'Espagne, il y a du Général.
24:12 - Et pour finir à Tolède, il est à la maison de Nézsens Guelles Greco,
24:14 c'est important, elle Greco, voilà, donc Tolède, Madrid,
24:16 allez-y, hiver, c'est formidable.
24:18 - Merci Christophe, je n'ai qu'un seul mot à dire,
24:20 arriva España, viva España, exactement,
24:22 mais nous faut une émission sur Franco de 4 heures, si vous le voulez,
24:25 pour débattre de la guerre d'Espagne.
24:27 - C'est un sujet très compliqué, il nous reste une minute, chers amis,
24:32 j'aimerais pour ma part faire l'éloge d'un livre merveilleux,
24:36 élégant, passionnant, de notre ami Christophe Gerard,
24:39 qui vient d'être publié à la Nouvelle Librairie,
24:41 qui s'appelle "Les nobles voyageurs",
24:43 c'est un recueil de textes littéraires, de critiques littéraires,
24:46 vous y croiserez aussi bien Thierry Marignac que Jean Raspail,
24:50 Paul Morand que Vladimir Volkov,
24:52 Vladimir Dimitrievitch que Michel Mor,
24:55 c'est un livre absolument délicieux,
24:57 où se retrouve à la fois l'esprit de la vieille Europe,
25:00 et en même temps l'esprit très curieux de notre ami Christophe Gerard,
25:05 qui sait aussi échapper à certains lieux communs de droite.
25:09 Donc mon hommage à la fois à un esprit, à une intelligence aiguë,
25:13 un style et un homme libre, et Dieu sait s'il en manque aujourd'hui.
25:18 Donc lisez, le livre va s'afficher à l'écran,
25:21 "Les nobles voyageurs" de Christophe Gerard,
25:24 qui arrive aux éditions de la Nouvelle Librairie.
25:26 Il nous reste 15 secondes, je vous réitère mes voeux pour l'année 2024,
25:30 je vous remercie de suivre "Le Plus d'Eléments",
25:33 et je vous retrouve dans deux mois,
25:35 d'ici là vous aurez le plaisir de retrouver notre ami Patrick Luzinki,
25:39 pour cette année-là. Au revoir, au revoir chez vous,
25:42 bonsoir, bonjour, au revoir.
25:44 (Générique)
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