Rugby EcoXpert, la chronique de Philippe Spanghero.
Le thème de la chronique ce soir : L'Écosse, le miracle permanent
Plusieurs questions posés ensuite :
- Entre 35 000 et 40 000 licenciés, 2 clubs professionnels : comment un tel niveau de performance est-il possible ?
- Economiquement, que pèse le rugby écossais ?
- Murrayfield, une locomotive ?
- Comment expliquer son jeu aux antipodes de l'Angleterre par exemple ?
- Finn Russell est-il l'unique superstar de l'histoire du rugby écossais ?
Partie débat : L'Écosse peut-elle un jour gagner à nouveau le Tournoi des 6 Nations ?
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##RUGBY_ECOXPERT-2024-02-09##
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Plusieurs questions posés ensuite :
- Entre 35 000 et 40 000 licenciés, 2 clubs professionnels : comment un tel niveau de performance est-il possible ?
- Economiquement, que pèse le rugby écossais ?
- Murrayfield, une locomotive ?
- Comment expliquer son jeu aux antipodes de l'Angleterre par exemple ?
- Finn Russell est-il l'unique superstar de l'histoire du rugby écossais ?
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00:00 Vous êtes millions, vous êtes charmantes.
00:02 Vous voyez ce que ça fait déjà un million, Larmina ?
00:04 Où est l'argent ?
00:06 C'est mon choix de devoir.
00:08 En fait, je vais retirer de l'argent.
00:10 Ami, ouvrez votre coeur.
00:12 N'en ayez pas peur.
00:14 L'argent ne fait pas de bonheur.
00:18 Shut up and take my money !
00:20 Sur ce, de Radio Tous les Vendredis soir avec Phyllis Panguero,
00:22 on revient sur un sujet économique,
00:26 un sujet de gouvernance, un sujet important pour le rugby.
00:29 On va parler justement de l'Ecosse, de cette nation particulière,
00:32 grande, très grande nation de rugby,
00:34 participante au premier match international de l'histoire contre l'Angleterre.
00:38 C'est entre 35 000 et 40 000 licenciés.
00:41 C'est deux régions en France, même pas.
00:45 Il y a deux véritables clubs professionnels, 100 % professionnels.
00:50 Comment l'Ecosse atteint un tel niveau de performance, Phyllis Panguero ?
00:54 J'ai nommé ça le miracle permanent,
00:56 parce que c'est vrai que c'est peu de moyens, peu de licenciés,
01:00 mais des résultats quand même qui sont largement au-dessus de ce que ça pourrait suggérer.
01:05 En effet, tu le disais dans les chiffres,
01:08 c'est vrai que 35 000-40 000 licenciés, ce n'est même pas l'Occitanie en France.
01:12 Donc, en effet, on croit que c'est un miracle permanent.
01:16 Il y a quand même un bémol à mettre dans tout ça, c'est peu de moyens.
01:20 En réalité, quelque part, la FEDE Ecosse a les moyens de ses ambitions.
01:25 Ça a été une FEDE raisonnable,
01:28 c'est-à-dire qu'elle a compris qu'elle avait les moyens de supporter deux clubs professionnels
01:32 qui sont des vrais laboratoires de cette formation écossaise.
01:35 Et on voit qu'elle fonctionne plutôt bien et de mieux en mieux.
01:38 Après, le modèle économique de l'Ecosse, il est très sain.
01:41 Il ressemble beaucoup à celui de l'Angleterre.
01:44 Il tient beaucoup à la propriété de son stade de Murrayfield.
01:47 Et en ça, c'est vrai que les Écossais ont été très précurseurs.
01:50 Ils ont acheté un bout de terrain un peu après les Anglais en 1920.
01:55 En 1925, ils ont construit Murrayfield. Ils en sont propriétaires depuis.
01:59 Il y a eu de très gros travaux de rénovation dans les années 90 pour 50 millions de livres.
02:04 Mais c'est clairement une machine à cash.
02:06 D'abord, c'est un actif très important à l'échelle d'une fédération comme celle-là.
02:10 Deuxièmement, ça permet de maîtriser ses revenus.
02:13 Et puis, l'Ecosse joue dans le tournoi Destination,
02:16 qui permet aux nations qui y participent d'avoir des revenus récurrents annuels
02:21 qui sont quand même très importants et qui permettent largement
02:24 de faire vivre une fédération de cette taille.
02:27 Et c'est important, effectivement.
02:29 Justement, je voulais parler un petit peu de Murrayfield.
02:32 Là, encore une fois, c'est une nation où le stade est une locomotive,
02:36 comme il l'est dans d'autres fédérations, ce qui n'est pas le cas de la France, par exemple.
02:41 Non, mais c'est vrai que quelque part, on se rend compte que…
02:45 Quelles sont les fédérations où ça fonctionne ?
02:47 C'est surtout les anglo-saxons, mais qu'ils l'ont fait aussi très tôt.
02:51 On essaie de comparer souvent ce qui se passe en Angleterre ou en Écosse
02:55 avec ce qui se passe en France.
02:56 Le problème, c'est qu'en 1920 et au début des années 1900, comme l'Angleterre,
03:02 le foncier ne coûtait rien du tout.
03:04 Donc, ils ont acheté un bout de terrain, ils ont fait un premier stade
03:06 et puis des travaux successifs.
03:08 Et c'est devenu un superbe actif et quelque part le socle de la viabilité économique
03:14 de ces fédérations-là.
03:16 Aujourd'hui, nous, le rugby français, on a installé cette discussion dans le débat
03:22 il y a peu de temps, un moment où les enjeux économiques sont très importants.
03:27 Et on n'est pas allé au-delà, parce qu'il n'y avait pas de viabilité économique.
03:31 Après, il y a deux modèles très différents.
03:33 Il y a le modèle anglais qui ressemble au modèle écossais.
03:36 Et puis ensuite, vous avez le modèle gallois et le modèle irlandais
03:39 où là, c'est coporté.
03:42 Les stades sont copropriétés de la fédé de foot et de rugby.
03:46 Et donc, quelque part, on a dilué le risque dans ces pays-là.
03:50 Mais clairement, c'est clair que Murrayfield est le socle de ce modèle.
03:55 Et d'ailleurs, le record d'affluence a été détenu à Murrayfield
04:00 parce qu'avant les travaux de rénovation qui ont largement réduit la jauge,
04:04 la plus grosse affluence d'un match de rugby,
04:07 c'était 100 000 à 4 000 personnes sur un match de l'Ecosse en 1970.
04:11 Incroyable ! Et pourtant, le rugby, ce n'est pas le sport numéro un en Ecosse.
04:15 Il y a le foot, il y a le golf, par exemple.
04:18 Oui, il y a le foot, il y a le golf, mais il y a quand même cette culture rugbystique très particulière.
04:23 Elle est là. Il y a eu de grandes époques pour le rugby écossais.
04:30 C'est vrai que là, on traverse quand même deux, trois décennies de disette.
04:38 Et là, on en parlait tout à l'heure sur la dimension sportive,
04:41 mais ce qui atteint les Bleus demain va être important
04:43 parce que là, on sent quand même que ce rugby écossais, il n'est plus sûr de lui.
04:47 Il a retrouvé sa fierté. Il a retrouvé des joueurs majeurs un peu à tous les postes.
04:51 Il a réglé ses problèmes de conquête.
04:53 Et là, on voit une régularité en plus dans la performance
04:56 qui renforce cette ferveur autour de cette équipe.
04:59 Et de son peuple.
05:00 Donc, c'est vrai que l'histoire entre la population écossaise et le rugby est quand même particulière,
05:06 même si ce n'est pas le sport le plus populaire du pays.
05:10 Justement, économiquement et en termes de gouvernance,
05:14 le rugby écossais, il pèse quoi dans l'échelle World Rugby, dans l'échelle internationale ?
05:20 Alors d'abord, ce qu'il faut savoir, c'est que c'est difficile de dissocier les nations.
05:26 En tous les cas, ce qui est sûr, c'est qu'au niveau mondial,
05:31 dans la hiérarchie et dans les forces politiques,
05:35 les anglo-saxons sont très forts.
05:37 Et quand il y a des décisions à prendre, ils arrivent à se retrouver.
05:40 Donc, ce que pèse les écossais seul, pas grand-chose.
05:45 Par contre, ce lobbying britannique dont font partie les écossais,
05:51 il est puissant et aujourd'hui, il tient le rugby mondial.
05:54 Voilà, accompagné des Néo-Zélandais qui sont plutôt dans cette mouvance britannique.
06:00 Et nous, on se bat un peu avec les Sud-Africains, avec les Latins,
06:05 mais on n'a pas la main sur World Rugby, clairement.
06:08 Et c'est les Britanniques qui l'ont.
06:10 Et donc, il y a toujours eu des écossais qui ont été des hommes forts des institutions.
06:17 Il y en a encore un aujourd'hui dans la société commerciale du Six Nations.
06:21 Donc voilà, les écossais ont toujours pesé beaucoup plus
06:27 que ce qu'ils représentent en termes d'impact en nombre de licenciés à l'échelle mondiale.
06:32 Et pour revenir à l'économie du rugby dans le pays, on le disait tout à l'heure,
06:37 la Fédération a les moyens de supporter deux clubs professionnels
06:40 qui servent de laboratoire à leur équipe nationale.
06:44 Et puis aujourd'hui, on a retrouvé une économie,
06:47 à l'image de ce qui s'est passé en Angleterre aussi,
06:50 raisonnée, avec un salaire moyen assez faible, une économie assez faible.
06:55 Les deux provinces écossaises ont des budgets aux alentours de 10 millions d'euros chacune,
07:01 ce qui est l'équivalent d'un bon club de Pro D2 chez nous aujourd'hui,
07:05 avec des salaires moyens assez bas, qui dépassent péniblement les 10 000 euros
07:11 pour des joueurs qui ne sont pas internationaux.
07:14 Et donc voilà, encore une fois, à l'échelle de cette fédération,
07:17 de sa capacité à remplir Murifil de plusieurs fois par an,
07:20 de ses revenus d'estination et de ses droits commerciaux,
07:23 elle a la capacité à vivre correctement.
07:26 En plus, elle a, comme nous, pris les droits de CVC il y a quelques années
07:30 au moment de l'entrée de CVC dans la société commerciale d'estination,
07:34 et ça a servi de petit trésor de guerre à cette fédération,
07:37 qui n'était finalement pas très endettée.
07:40 - Tiens, une petite question, est-ce que Finn Russel est l'unique superstar
07:46 de l'histoire du rugby écossais ? Je parle bien de l'histoire du rugby écossais,
07:49 parce qu'on parle beaucoup de Finn Russel, il a été un peu la tête de gondole
07:52 de la première saison de Netflix consacrée aux tournois d'estination.
07:56 Est-ce qu'on a le souvenir comme ça d'un joueur aussi connu, aussi visible ?
08:00 - Ah oui, Gavina Stings ! - Et voilà, on y vient !
08:03 - Ah ben bien sûr, Finn Russel n'arrive pas à la juvie de Gavina Stings !
08:09 - C'est intéressant, parce que c'est vrai qu'on ne se rend pas compte
08:12 de la portance qu'était Gavina Stings.
08:14 Parfois j'entends parler de Dan Parks, de Sean Maitland, de tout ça,
08:17 mais on en est très très très loin, même de Richie Gray,
08:20 qui a été un joueur extrêmement connu et qui l'est toujours.
08:23 Mais Gavina Stings, c'était une superstar du rugby.
08:26 - Ah oui, moi j'ai eu la chance de faire un événement d'Allianz Britannique à Genève,
08:30 il y avait Gavina Stings au milieu de Dalla Glio,
08:35 des très grands joueurs, Jason Leona, mais Gavina Stings avait ce statut-là.
08:41 Tous les gens étaient aussi heureux d'approcher Gavina Stings
08:45 que Laurence Dalla Glio ou que Johnny Wilkinson qui était là.
08:49 Vraiment, pour moi, la star du rugby écossais, c'est Gavina Stings.
08:53 Mais ça amène aussi une question, c'est-à-dire qu'on voit aussi
08:56 qu'on en parlait pour nous, on a besoin de cette tête d'affiche
09:00 qui recrée de l'émulation, qui génère de l'engouement.
09:04 Et finalement, tu vois la question, la façon dont tu la poses,
09:08 est-ce qu'il y a eu une autre tête d'affiche dans l'histoire du rugby écossais
09:11 à part Finn Russel ? Et on trouve péniblement deux ou trois noms.
09:15 Ça n'arriverait pas en parlant de l'Irlande, ça n'arriverait pas en parlant du Pays de Galles,
09:19 et ça n'arriverait pas en parlant de Rennes-le-Terre.
09:22 - De l'Orientaire, oui bien sûr.
09:24 - Et donc c'est très certainement ce qui l'a manqué longtemps
09:28 et ce qui manque encore un peu aujourd'hui à ce rugby écossais.
09:31 - Dernière question sur ça, est-ce que l'Ecosse peut gagner un jour à nouveau le tournoi Destination ?
09:36 C'est une question débat tour de table. Anton Mazer ?
09:38 - Oui. - Et dans moins de dix ans ?
09:41 - Et dans moins de dix ans.
09:43 - Phyllis Ponguero ? - Je suis d'accord avec ça.
09:47 - Intéressant. Quentin Kevenis ?
09:50 - Rien n'est impossible, mais je n'y crois pas.
09:52 - Tu n'y crois pas. Clément Combe ?
09:54 - Oui, mais comme je l'ai vu et entendu dans un podcast britannique cette semaine,
09:58 c'est cette année ou jamais.
10:00 - Ah intéressant.
10:02 - Tu veux nous faire comprendre que tu écoutes en anglais ?
10:05 - Non, pas du tout. C'est juste que...
10:07 - Il y a une traduction.
10:09 - Le rôle de la fille, je commence déjà. Merci beaucoup à tous.
10:13 - C'est de vous mettre mal à l'aise parce qu'avec Alex Kriam,
10:16 vous êtes complètement "influenced", c'est pas très sympa.
10:19 - Non, c'était pas du tout ma volonté.
10:21 C'est juste que je préfère citer ma soupe.
10:23 - Et puis quand t'arrives...
10:24 - Avant lui, il y a eu Zach Pilon qui était carrément anglais.
10:26 On est en train d'angliciser cette rédaction.
10:29 - C'est de la migration.
10:31 - Sans prévenir.
10:32 - Et puis je peux te dire qu'un podcast écossais,
10:33 ça peut être plus compliqué qu'un podcast en anglais à comprendre.
10:36 - Merci Quentin, exactement.
10:38 L'écosse, c'est très difficile.
10:40 - L'accent néerlandais est aussi très compliqué.
10:43 - On voit que t'as regardé Netflix en version originale et on le félicite.
10:48 - J'ai travaillé dans un parc de loisirs à une époque.
10:51 - Voilà, d'accord, merci.
10:53 - Je vous fais beaucoup de plaisir.
10:55 - D'accord, c'est très très bien.
10:57 - Et puis, c'est un de ces podcasts que vous pouvez retrouver le dimanche à Voiliby, apparemment.
10:59 - Ah non, c'était pas celui-là.
11:01 - L'Écosse, le miracle permanent.
11:06 Vous pouvez retrouver cette chronique sur la chaîne Sud Radio sur YouTube.