Les informés du matin du lundi 12 février 2024
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00:00 *Générique*
00:05 Et ravie de vous retrouver pour les informer.
00:06 On est ensemble en direct jusqu'à 9h30 sur France Info Radio et sur le canal 27 de la TNT.
00:12 Et c'est avec plaisir que je retrouve Renaud Delis. Bonjour Renaud.
00:14 Bonjour Salia.
00:15 Et nos informés du jour, Agathe Lambret, journaliste au service politique de France Info.
00:19 On vous retrouve aussi pour l'interview du 8/30, les vendredis, les samedis et les dimanches,
00:23 aux côtés de Jean-Rémi Baudot. Bonjour Agathe.
00:25 Bonjour.
00:25 Et à vos côtés, François-Xavier Bourmeau, journaliste politique à l'Opinion. Bienvenue.
00:29 Bonjour Salia.
00:30 François-Xavier. Renaud Delis, on évoque tout de suite la décision d'Emmanuel Macron
00:33 donc de mettre fin au droit du sol à Mayotte.
00:35 Au regard de la situation que vit donc cet archipel de l'océan Indien,
00:39 qui est donc le 101e département français, rappelons-le.
00:41 Cet archipel accroule sous l'immigration illégale, en particulier en provenance des Comores,
00:47 une explosion d'insécurité, des habitants qui ont d'ailleurs dressé des barrages dans l'île
00:52 depuis plusieurs semaines pour réclamer de l'État un retour à l'ordre.
00:56 Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, en visite donc ce week-end à Mayotte,
00:59 a annoncé la fin du droit du sol.
01:02 Il était accompagné bien sûr de la ministre des Outre-mer, Marie Guevenoue,
01:06 qui a justifié cette décision ce matin sur l'antenne de France Info.
01:11 Là, il ne faut pas être dans des logiques principielles.
01:14 Il y a un département français qui vit une situation exceptionnelle
01:18 et qui a besoin de mesures exceptionnelles pour l'aider à sortir de la situation dans laquelle il est.
01:23 Et moi, je suis fière de faire en sorte d'appartenir à cette majorité
01:27 dont le président de la République est capable de prendre des décisions
01:30 qui consistent à vouloir modifier la Constitution pour pouvoir changer le droit du sol.
01:34 On mettra fin au droit du sol à Mayotte parce que les conditions de Mayotte le justifient.
01:40 Mettre fin au droit du sol, ça signifie donc que désormais, si jamais cette réforme est adoptée bien sûr,
01:45 il faudra qu'un enfant né à Mayotte ait au moins un de ses deux parents français
01:50 pour acquérir à terme la nationalité française.
01:54 C'est donc une façon de sortir ce département français du cadre juridique national commun,
01:59 donc ce principe du droit du sol.
02:01 Une exception, dit l'exécutif, mais est-ce que c'est aussi une brèche peut-être ouverte
02:06 et politiquement, voire juridiquement, dangereuse dans le droit français ?
02:10 – Agathe Lambret ?
02:11 – Disons que le droit du sol, il était déjà restreint à Mayotte.
02:15 Donc, on s'offusque, mais on avait accepté déjà une première brèche
02:20 puisque depuis la loi Asile et Immigration de 2018, pour être français,
02:25 l'enfant devra justifier que l'un de ses parents était en situation régulière sur le sol français
02:32 depuis au moins trois mois.
02:33 C'était le seul territoire français où cette exigence était demandée.
02:38 Donc, c'est vrai qu'il y a un pas entre restreindre le droit du sol et le supprimer totalement.
02:44 Et d'ailleurs, c'est pour ça qu'il faut une réforme constitutionnelle
02:48 parce que c'est la rupture du principe de l'unité de l'État.
02:51 Mais l'exécutif, en tout cas, essaye de dépassionner le sujet
02:54 en disant que ce n'est pas une question de principe, c'est une question de réalité.
02:58 Et c'est vrai que quand on regarde les chiffres à Mayotte,
03:00 c'est absolument terrifiant.
03:02 Enfin, 50% de la population qui est étrangère.
03:05 Gérald Darmanin qui disait qu'à la maternité de Mayotte,
03:08 90% des femmes qui accouchaient étaient étrangères.
03:12 Ce que redoute l'exécutif, en fait, c'est un détournement du principe du droit du sol à Mayotte.
03:18 Parce que des personnes, selon l'exécutif, des Comoriens notamment,
03:21 viendraient pour avoir un enfant sur le sol français,
03:26 que l'enfant soit français et qu'ensuite on puisse demander un titre de séjour
03:30 au nom du fait que l'on a un enfant français.
03:33 Maintenant, la question, je pense, c'est surtout celle de l'efficacité.
03:36 Et pour l'instant, la loi de 2018 qui restreint le droit du sol
03:39 n'a pas montré que les flux se tarissaient à Mayotte.
03:42 Donc c'est surtout ça le véritable enjeu.
03:45 Pour moi, ce n'est pas une question de principe,
03:46 c'est plutôt comment on améliore la situation pour les habitants à Mayotte
03:50 qui sont complètement désespérés aussi et qui attendent des réponses.
03:52 François-Xavier Bourmont, vous nous direz dans un instant ce que vous en pensez,
03:56 tout comme Renaud Delis.
03:57 Mais d'abord, un passage par le fil info à 9h10, c'est Damien Mestre.
04:00 L'armée israélienne assure qu'il ne s'agit pas encore d'une offensive.
04:04 La ville de Rafa, dans le sud de la bande de Gaza, touchée par des frappes.
04:08 Cette nuit, il y a plus de 100 morts selon le Hamas.
04:11 Israël qui assure avoir libéré deux otages lors de cette opération.
04:14 L'extrême droite salue la suppression du droit du sol à Mayotte
04:18 mais appelle à élargir cette mesure à l'ensemble du territoire français.
04:22 Jordan Bardella le dit ce matin sur France Info.
04:24 Eric Zemmour assure lui que Mayotte est le miroir grossissant de la France.
04:30 Deux hommes en garde à vue à Paris sont soupçonnés d'avoir forcé
04:33 deux jeunes filles de 17 et 15 ans à se prostituer.
04:37 Les faits se sont déroulés dans un appartement
04:39 mais il n'y a pas eu d'enlèvement dit de séquestration
04:42 selon les premiers éléments de l'enquête.
04:44 Quatre départements toujours en vigilance orange pour des risques de crues.
04:47 Cela concerne les Pyrénées-Atlantiques, les Landes, la Gironde et la Charente-Maritime.
04:52 De retour sur le plateau des informés avec Agathe Lambret,
05:05 journaliste au service politique de France Info avec Renaud Delis aussi.
05:09 Et François-Xavier Bourmeau, journaliste politique à l'Opinion.
05:12 La fin du droit du sol à Mayotte, bonne nouvelle dit l'extrême droite.
05:16 D'ailleurs il faudrait l'étendre à tout le territoire français, François-Xavier.
05:19 Évidemment que l'extrême droite sera jouée de la mesure annoncée
05:23 parce que Mayotte en réalité c'est le lieu géographique de l'affrontement
05:26 entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
05:27 Ils s'y sont déjà affrontés à plusieurs reprises.
05:29 Dès la campagne présidentielle pour 2017,
05:33 ils s'étaient succédés sur l'île avec déjà cette question
05:35 du droit du sol et de l'immigration illégale.
05:38 Et en 2019, Emmanuel Macron y était retourné
05:41 pour mettre en place un grand plan de lutte contre l'immigration illégale.
05:44 Et il avait à peine posé le pied sur le territoire
05:47 que Marine Le Pen l'accueillait en envoyant un tweet qui disait
05:51 "tant que Macron n'annonce pas la suspension du droit du sol
05:53 et l'impossibilité de régularisation pour tout clandestin,
05:56 qu'il ne diversifie pas le ton face aux Comores,
05:57 la subversion migratoire se poursuivra à Mayotte".
06:00 Donc on voit bien que sur cette île de Mayotte,
06:03 ce qui se joue c'est l'affrontement entre Macron et Le Pen.
06:06 Macron s'était fait fort dès son élection
06:09 de faire reculer le Rassemblement national.
06:11 C'est là que ça se joue, sur le terrain du Rassemblement national,
06:13 avec cette question de l'immigration illégale.
06:17 Et en décidant de suspendre le droit du sol à Mayotte,
06:20 en fait Macron va sur le terrain du Rassemblement national.
06:23 Mais est-ce que du coup le Rassemblement national
06:25 peut se dire que c'est une victoire, une victoire idéologique ?
06:27 C'est ce que disait Jordan Bardel.
06:28 C'est évidemment une victoire idéologique.
06:31 C'est toujours risqué d'aller sur le terrain de l'adversaire.
06:33 Et on l'a vu dès l'annonce, puisqu'il a été demandé
06:36 de suspendre le droit du sol sur l'ensemble du territoire français,
06:39 par l'extrême droite notamment.
06:41 Donc c'est toujours risqué d'aller sur le terrain de l'adversaire.
06:44 Je rappelle juste à Mayotte, c'est là où Marine Le Pen
06:46 réalise ses plus forts scores électoraux européens de 2019.
06:50 Elle avait fait 46% contre 23% sur le territoire national, le double.
06:54 Mais du coup la stratégie d'Emmanuel Macron,
06:56 c'est d'essayer de contenir la progression du Rassemblement national.
06:58 Oui, mais il ne faut pas non plus se laisser enfumer
07:00 par les slogans du Rassemblement national.
07:02 Et de Jordan Bardel, par exemple, le président de ce mouvement
07:04 qui a été invité il y a quelques minutes. Pourquoi ?
07:06 Parce que les réalités n'ont rien à voir entre la réalité de ce que vit Mayotte
07:11 et la réalité de ce que vit le reste du pays,
07:14 et notamment la France métropolitaine.
07:15 Très concrètement, il faut être très précis, à Mayotte,
07:20 il y a la moitié de la population qui est étrangère. La moitié.
07:23 C'est comme si en France, il y avait 33 millions d'étrangers,
07:25 à peu près, ou 34 millions, 68 millions.
07:28 On en est très loin.
07:29 Ça n'est pas la réalité actuelle, juste factuellement.
07:33 À Mayotte, aujourd'hui, il y a à peu près 12 000 naissances par an,
07:35 dont les trois quarts, 75%, sont des naissances d'enfants de parents étrangers.
07:41 Effectivement, ce qui explique justement cet afflux de Comoriens
07:45 qui viennent aussi parce qu'ils espèrent que leurs enfants
07:48 puissent avoir la nationalité française.
07:49 Il n'y a pas trois quarts de naissances d'étrangers dans le reste de la France,
07:53 notamment en France métropolitaine, au regard de l'ensemble des naissances
07:56 qui sont à peu près de l'ordre de 200 000 par an en France.
07:59 Et enfin, à Mayotte, il y a à peu près, c'est estimé, un chiffre estimé,
08:02 de 150 000 clandestins immigrés en situation irrégulière
08:06 par rapport à une population de 300 000 habitants.
08:10 Donc, ça fait un tiers, enfin, ça fait la moitié par rapport au reste de la population.
08:15 Ce n'est pas le cas non plus en France.
08:17 Il n'y a pas 33 millions, 30 millions de clandestins en France.
08:21 C'est pour ça que Jordan Bardella refuse évidemment de rentrer dans les faits réels
08:27 et dans la comparaison des deux situations, et s'en tient au slogan,
08:30 disant "suppression du droit du sol", c'est justement ce qu'on réclame,
08:33 non pas depuis 20 ans d'ailleurs, comme le disait Jordan Bardella tout à l'heure,
08:36 mais depuis 50 ans, dès la création du Front National, là, effectivement,
08:39 là aussi, le Ration national est parfaitement dans le droit fil du FN de Jean-Marie Le Pen.
08:45 Il réclame la suppression du droit du sol, pourquoi ?
08:47 Pour le remplacer par le droit du sang, parce que là,
08:49 c'est une conception ethnique de la nation qui prévaut à l'extrême droite.
08:53 Et donc là, il s'agit effectivement, il y a le principe,
08:56 ce qui est risqué politiquement, c'est justement pour l'exécutif,
08:59 ce serait de se laisser entraîner dans cette polémique-là.
09:02 Donc il faut essayer de reposer les faits, et ensuite, de toute façon,
09:05 il y a un débat politique, puis un débat juridique qui va avoir lieu,
09:08 parce que ça nécessite une réforme constitutionnelle qui est loin d'être adoptée,
09:12 aujourd'hui, au regard de la position, d'abord des éventuelles divisions
09:16 au sein de la majorité, bien sûr, et puis de la position qui sera celle de la droite.
09:20 – Et la gauche ?
09:21 – C'est très risqué pour l'exécutif, parce qu'ils courent après le Rassemblement national
09:24 en reprenant leurs idées, mais ensuite, la réforme constitutionnelle,
09:27 elle n'est pas sûre d'aboutir, parce qu'il y a beaucoup d'obstacles,
09:30 et notamment que le Sénat, que l'Assemblée nationale se mettent d'accord,
09:33 l'exécutif n'a que la majorité relative, les Républicains vont vouloir…
09:36 – Il faut les 3/5ème au Congrès.
09:37 – Il faut ensuite les 3/5ème des parlementaires réunis en Congrès,
09:40 et on voit que le Rassemblement national et la droite vont essayer
09:43 de faire monter les enchères, ils vont demander d'autres choses.
09:45 Donc, encore une fois, courir après le Rassemblement national,
09:48 on risque aussi de légitimer ces thèmes, et de passer soi-même pour impuissant,
09:52 parce que le Rassemblement national aura beau jeu de dire avec nous,
09:54 au pouvoir, ça aurait été fait depuis longtemps,
09:56 et vous, vous allez avoir du mal à faire passer votre réforme.
09:59 Mais encore une fois, je veux dire, quand même, le problème à Mayotte,
10:02 il ne faut pas que ce débat détourne du vrai problème…
10:05 – Sur l'efficacité en fait.
10:06 – Sur l'efficacité de la mesure, parce que certains experts disent
10:09 que les Comoriens, ils viennent à Mayotte, non pas pour avoir la nationalité,
10:12 mais tout simplement parce qu'il y a un rapport de 1 à 10 sur les revenus,
10:16 qu'il y a plus de services publics, et que pour eux, c'est une sorte d'Eldorado,
10:20 et c'est pour ça que la loi de 2018, pour l'instant, qui restreignait le droit du sol,
10:23 elle n'a pas eu d'effet, donc c'est ça qu'il faut voir.
10:25 Et puis c'est l'implication de l'État dans ce département en ce moment,
10:29 les enfants, ils ne peuvent plus aller à l'école à cause des barrages,
10:32 ils n'ont plus eu d'eau, qu'a fait l'État aussi à ce moment-là ?
10:35 La maternité de Mayotte, c'est la plus importante de France,
10:38 et elle est complètement sous-dotée, en sous-effectif, par rapport aux maternités en France.
10:43 – C'est le département le plus pauvre de France.
10:45 – C'est le département le plus pauvre de France, et le plus jeune de France aussi,
10:48 c'est un drame ce qui se passe là-bas.
10:50 Il ne faut pas attendre qu'il y ait ce genre de débat épidermique
10:53 pour s'intéresser aussi à ce qui se passe à Mayotte,
10:56 c'est un réinvestissement de l'État qu'il faut,
10:59 et pas seulement des mesures comme ça un peu sensationnelles,
11:01 mais qui peut-être ne résoudront rien.
11:03 – François-Xavier ?
11:04 – Oui, Mayotte c'est un territoire qui est utilisé par le Rassemblement national
11:08 comme un indicateur avancé des menaces qui se pèsent sur l'Europe et sur la France
11:12 face aux risques migratoires.
11:14 Et on voit bien à Mayotte qu'il y a tout pour agiter les peurs,
11:18 les écoles sont submergées, les hôpitaux sont totalement engorgés,
11:21 l'insécurité est galopante, il y a les bidonvilles qui se multiplient,
11:24 et le Rassemblement national en s'exprimant sur Mayotte,
11:27 en dénonçant la situation à Mayotte, dit "regardez ce qui se passe là-bas
11:31 et regardez à quoi on va être confrontés dans les années, les décennies qui viennent
11:36 si on ne règle pas la politique migratoire".
11:38 Et c'est cet argument-là qui est compliqué à contrecarrer
11:42 pour les adversaires du Rassemblement national,
11:45 parce qu'il y a une projection dans le temps qu'on ne peut pas maîtriser.
11:50 Le Rassemblement national dit "ça va se passer comme ça",
11:53 aujourd'hui c'est invérifiable.
11:55 – L'un des moyens de prendre avec des pincettes ces prédictions apocalyptiques
12:00 brandies par l'extrême droite, c'est de se souvenir de celles
12:03 que l'extrême droite a déjà brandies par le passé.
12:05 Jean-Marie Le Pen, en 1984, annonçait, il l'a répété ensuite pendant des années,
12:08 "dans 20 ans la France sera une république islamique".
12:10 84, vous rajoutez 20 ans, c'est 2004, il y a des tensions communautaires
12:14 qui existent, il y a la menace intégriste qui existe en France
12:18 comme dans d'autres régions du monde et d'ailleurs dans les pays de culture musulmane
12:21 qui sont les premières victimes de l'islamisme,
12:24 mais la France n'est pas devenue une république islamique.
12:26 Donc quand on reprend l'histoire des prédictions apocalyptiques
12:29 de l'extrême droite, qui de toute façon c'est un courant politique
12:31 qui s'est construit toujours sur ce mode de fonctionnement-là,
12:35 "aujourd'hui c'est dur, demain ce sera pire", c'est la logique de l'extrême droite,
12:38 on constate que fort heureusement la plupart de ces prédictions apocalyptiques
12:43 ne se sont pas concrétisées.
12:45 L'efficacité de la mesure, Agathe Lambret a raison,
12:47 c'est la vraie question qui peut se poser.
12:49 Après, ça a une facilité dans l'esprit du mise à l'intérieur,
12:52 évidemment c'est celle aussi des expulsions, c'est-à-dire que les expulsions sont en hausse
12:55 à Mayotte, dès lors que les étrangers en situation irrégulière
12:59 ne pourront pas, leur enfant ne pourra pas bénéficier de la nationalité française
13:05 si jamais le droit du sol est effectivement supprimé,
13:07 c'est sûr que ça facilite les expulsions de la part de l'État français.
13:12 Il y a aussi cette logique-là.
13:14 Ensuite, la situation économique de Mayotte, elle est dramatique,
13:16 mais ça reste effectivement un "Eldorado" au regard des Comores
13:20 et du reste des pays africains qui ne sont pas éloignés géographiquement,
13:22 ou de Madagascar, donc ça explique aussi bien sûr ces flux migratoires.
13:26 On s'arrête une petite minute, le temps du Fil-Info de Damien Mestre à 9h20,
13:29 et on revient après.
13:31 "Une seule poursuite de la pression militaire permettra la libération des otages
13:35 dans la bande de Gaza, déclaration à l'instant de Benjamin Netanyahou.
13:39 Deux otages libérés cette nuit à Rafa sur l'armée israélienne.
13:43 Une opération et des frappes, il y a près de 100 morts selon le Hamas.
13:47 Les infirmiers libéraux dans la rue, aujourd'hui, partout en France,
13:51 ils dénoncent l'absence de revalorisation de leurs actes depuis 15 ans.
13:55 Des infirmiers qui appellent également à des opérations escargot,
13:58 notamment à Marseille ou à Bordeaux.
14:00 Le ministre de la Transition écologique évoque des biais dans le calcul du DPE,
14:05 le Diagnostic de Performance Énergétique des Biens Immobiliers.
14:08 Christophe Béchu qui annonce donc des simplifications.
14:12 140 000 logements vont sortir de la catégorie des passoires thermiques.
14:16 C'est au tour de la légende du marathon le kényan Eliud Kipchoge de se dire
14:22 profondément attristé par la disparition de son compatriote Kelvin Kipthum.
14:27 Ce dernier, mort dans un accident de voiture à 24 ans,
14:30 alors qu'il était l'une des nouvelles stars de la discipline,
14:33 il venait de battre le record du monde en 2h35.
14:36 Et on est de retour sur le plateau des informés avec Agathe Lambret,
14:50 journaliste au service politique de France Info,
14:52 avec François-Xavier Bourmeau, journaliste politique à l'Opinion.
14:55 Et Renaud Delis, on change de sujet parce que c'est pas fini.
14:58 Les agriculteurs remettent un coup de pression au gouvernement.
15:01 - Effectivement, ça recommence en tout cas dans la bouche d'Arnaud Rousseau,
15:05 le président de la FNSEA, le principal syndicat agricole.
15:08 10 jours après avoir levé les blocages parce qu'ils avaient eu le sentiment
15:12 d'avoir obtenu satisfaction de la part du gouvernement,
15:14 voilà donc que les agriculteurs remettent la pression sur l'exécutif
15:18 parce que les engagements pris à l'époque, à leurs yeux en tout cas,
15:21 tardent à entrer en vigueur.
15:22 Ils pointent notamment un certain nombre de blocages administratifs.
15:25 Voici ce qu'on disait ce matin sur l'antenne de France Info.
15:28 Arnaud Rousseau qui est donc le président de la FNSEA.
15:31 - On a suspendu le mouvement en disant qu'on se mettait au travail
15:35 pour obtenir un certain nombre de réponses très concrètes dans nos fermes.
15:38 Et près de 10 jours après la suspension de ce mouvement,
15:42 le tempo, le rythme n'est pas le bon.
15:45 Pour le moment, il n'y aura pas de mouvement national.
15:47 Mais ce qui compte pour nous, c'est de faire le point,
15:50 d'être informé de ce qui se passe pour que la préparation de ce salon
15:53 de l'agriculture puisse se faire dans les meilleures conditions.
15:55 Et encore une fois, pour que les décisions attendues soient au rendez-vous.
15:59 - Alors est-ce qu'il y a effectivement une impatience,
16:02 voire donc une crainte que les engagements du gouvernement
16:05 ne soient pas suivis des faits, comme le manifeste Arnaud Rousseau ?
16:07 Ou est-ce que, comme il l'a dit aussi d'ailleurs, c'est une façon de préparer
16:10 le salon de l'agriculture qu'ouvre dans une dizaine de jours,
16:13 donc de maintenir le gouvernement sous pression jusqu'à ce rendez-vous ?
16:16 - Oui, c'est ça. Il ne reste plus que quelques jours pour mettre la pression
16:20 sur le gouvernement. Et c'est un bon moyen de pression,
16:23 c'est un bon levier le salon de l'agriculture.
16:26 Et bien sûr, Arnaud Rousseau ne s'en cache pas.
16:29 Il a laissé entendre que si jamais il n'obtenait pas ce qu'il voulait
16:32 avant le salon de l'agriculture, la visite d'Emmanuel Macron
16:35 pourrait être moins courtoise que prévu.
16:38 - Encoche à huiter. - Voilà. Et pour Emmanuel Macron,
16:40 évidemment, il y a un enjeu à réussir ce salon de l'agriculture,
16:42 à éviter de déambuler sous les sifflets, sous les huées.
16:46 Donc première chose. Et ensuite, il y a aussi un enjeu interne entre syndicats.
16:51 Arnaud Rousseau a été accusé par certains d'avoir dillé trop vite
16:55 avec l'exécutif. Il est accusé par une partie de la base
16:58 de défendre les gros exploitants et de ne pas penser aux petits.
17:02 Donc Arnaud Rousseau, il veut montrer qu'il n'oublie personne.
17:05 Il essaye de se faire le porte-parole de tous les agriculteurs
17:08 et pas seulement des gros industries, des gros exploitants,
17:13 sachant que la coordination rurale, on l'a vu, progresse,
17:16 n'est pas sur la même ligne. Et donc il y a vraiment un enjeu
17:20 pour Arnaud Rousseau aussi de parler à tout le monde,
17:22 de donner une base et d'élargir aussi son auditoire.
17:26 – François-Xavier, Arnaud Rousseau qui met la pression,
17:28 est-ce qu'il est un patient ? Parce qu'on peut se dire
17:30 qu'il y a certaines annonces qui mettent un peu de temps
17:32 à avoir le jour sur le terrain.
17:34 – Alors il y a deux choses. Effectivement, il a préparé le salon
17:37 de l'agriculture parce que le président de la République aime y passer,
17:41 il a même fait un devoir d'y passer le plus de temps possible
17:44 et d'essayer de battre record sur record, quitte à être hué d'ailleurs,
17:47 parce que c'est quelque chose qui aime bien, la confrontation,
17:50 et être interpellé, ça lui permet de discuter et de montrer
17:54 tout son talent dans la discussion et la négociation, si j'ose dire.
17:58 Et puis il y a une deuxième chose, vous vous souvenez la semaine dernière
18:01 de cette visite surprise d'Emmanuel Macron dans un bar tabac du Doubs ?
18:04 On s'est beaucoup parlé de cet arrêt-là, on ne savait pas trop
18:08 ce qu'il allait faire dans le Doubs en réalité,
18:10 il n'y allait pas pour prendre un café dans un bar tabac.
18:12 En fait, il allait dans l'exploitation d'Arnaud Gaillet,
18:15 qui est le président des Jeunes agriculteurs,
18:17 pour essayer de tirer un peu le bilan de la crise agricole,
18:21 discuter avec lui sur le terrain, sans presse, sans pression,
18:24 de ce qui s'était passé, de prendre la mesure des attentes
18:27 des Jeunes agriculteurs.
18:28 Cette visite-là à un concurrent de la FNSEA,
18:32 ça n'a pas été très bien pris par le président de la FNSEA,
18:36 qui lui en veut un peu d'avoir rendu une sorte de visite de courtoisie
18:40 à son concurrent premier.
18:43 Donc il y a ces deux aspects-là dans le coup de sang de la FNSEA.
18:46 Un, on prépare le sang de l'agriculture,
18:48 on ne fait pas retomber la pression,
18:50 ça va être un peu le climax du moment agricole de ce début d'année.
18:54 Et puis deux, la FNSEA pèse,
18:56 il ne faudrait pas s'occuper que des Jeunes agriculteurs.
18:58 – Arnaud Gaillet ?
18:59 – Oui, effectivement, cette concurrence interne entre les nations,
19:01 que ce soit avec la coordination rurale,
19:02 qui sur le terrain a eu des positions peut-être un peu plus maximalistes,
19:05 parfois un peu plus brutales d'ailleurs.
19:07 Et il y a la crainte de la part de la FNSEA d'être débordée sur sa droite,
19:11 si j'ai le droit de dire.
19:12 En tout cas, il y a un certain nombre d'éléments de la coordination rurale
19:15 qui penchent très clairement de ce côté-là.
19:17 Et puis il y a effectivement cette petite vexation
19:19 liée à les visites d'Emmanuel Macron dans l'exploitation agricole d'Arnaud Gaillot,
19:22 dans le Doubs la semaine dernière.
19:23 Il y a un troisième élément quand même, me semble-t-il,
19:25 au-delà aussi de la préparation du sang de l'agriculture,
19:28 c'est qu'il y a un certain nombre de décisions ou d'annonces
19:30 qui ont été faites par le gouvernement,
19:33 qui ne sont que des suspensions au premier chef,
19:35 le fameux plan Eco-FITO.
19:37 Il y a d'ailleurs une réunion qui est programmée aujourd'hui
19:39 au ministère de l'Agriculture,
19:40 pour se pencher donc sur la suspension de ce plan qui vise,
19:43 rappelons-le, qui visait à réduire l'utilisation des pesticides
19:46 de 50% d'ici 2030.
19:48 Or Marc Fesneau, le ministre de l'Agriculture, l'a dit et répété,
19:51 c'est une suspension de façon à voir effectivement
19:54 si l'indicateur, si on ne peut pas modifier notamment
19:56 l'indicateur qui est contesté par les agriculteurs,
19:59 l'indicateur qui cherche à mesurer la baisse des pesticides, etc.
20:03 Suspension, ça ne veut pas dire enterrement, évidemment.
20:05 Donc le fait de maintenir l'impression du côté des agriculteurs
20:09 et de la FNAC en particulier,
20:10 c'est une façon aussi de dire au gouvernement
20:13 "Attention ce que vous allez faire ou agir sur la réduction des pesticides,
20:18 on est toujours là, on est toujours vigilants,
20:19 on peut reprendre les mouvements".
20:20 Donc il y a ça.
20:21 Et puis il y a d'autres mesures dont ils estiment
20:23 qu'elles pourraient entrer plus vite en vigueur.
20:26 Des mesures parfois très concrètes,
20:27 notamment le curage des cours d'eau,
20:29 notamment dans le Pas-de-Calais qui a été touché par des inondations.
20:32 Ils estiment, là, il y a une crainte
20:33 qu'un certain nombre de décisions administratives,
20:35 enfin de freins administratifs plutôt,
20:37 remettent en cause la mise en œuvre rapide de ces décisions.
20:39 Tout ça fait additionner,
20:42 fait effectivement un cocktail un peu dangereux pour le gouvernement
20:46 et qui a intérêt à le surveiller.
20:47 - Gabriel Tal va recevoir les syndicats agricoles cette semaine.
20:50 C'est prévu.
20:51 - Oui, j'ajouterais une quatrième chose.
20:53 - Allons-y, alors sur la liste du gouvernement.
20:55 - La troisième chose de Renaud.
20:56 Les revendications des agriculteurs, elles étaient disparates.
20:59 Ça partait un peu dans tous les sens.
21:01 Et pour répondre à ces revendications,
21:03 il y avait trois véhicules principaux,
21:04 la loi, les décrets et l'Europe.
21:06 Or, l'Europe, il y a une élection européenne dans quatre mois.
21:09 Et il s'agit aussi d'entretenir la pression
21:11 dans la perspective de ce scrutin
21:13 pour peser sur les programmes des partis
21:16 qui se présentent aux européennes.
21:17 - D'ailleurs, est-ce qu'il y a des partis qui font,
21:19 qui draguent les syndicats agricoles
21:22 dans le cadre de ces européennes ?
21:23 - Tous les partis et même la Commission européenne
21:26 s'est mise à draguer les syndicats agricoles
21:28 parce que Ursula von der Leyen a accepté
21:31 de reculer sur certains points,
21:32 de suspendre certains textes
21:34 parce qu'il y a un enjeu pour tous les partis traditionnels
21:38 de survivre dans un contexte de montée des populismes.
21:42 Et ils profitent évidemment de ce contexte,
21:44 les populistes, du ras-le-bol des normes
21:46 et de la colère des agriculteurs.
21:48 Et pour rebondir sur ce qu'on disait,
21:50 sur la pression que maintiennent les agriculteurs aujourd'hui,
21:53 c'est parce qu'ils ont réalisé que ces derniers mois,
21:55 ces dernières années, s'ils ne sortaient pas dans la rue,
21:58 s'ils ne bloquaient pas tout avec des tracteurs,
22:00 il ne se passait rien.
22:02 La loi de Marc Fesneau, la loi sur l'agriculture
22:04 qui était annoncée il y a deux semaines,
22:06 elle a été reportée parce que de l'aveu même du gouvernement,
22:10 elle n'allait pas assez loin, elle n'était pas à la hauteur.
22:12 Et cette loi, elle avait été annoncée il y a des mois déjà,
22:15 c'était censé être une grande loi d'envergure pour les agriculteurs.
22:18 Elle a ensuite été revue à la baisse
22:20 et ensuite elle était tellement amoindrie
22:22 que même l'exécutif a reconnu
22:24 qu'il ne fallait pas présenter un texte pareil.
22:26 Donc ils ont raison de maintenir la pression.
22:28 Si l'exécutif n'entend pas autrement
22:30 que dans ce rapport de force-là
22:32 et avec ces menaces-là,
22:34 ils iront au bout et vont continuer à menacer.
22:36 Justement, on va voir... Pardon Renaud ?
22:38 Juste un mot pour les européennes.
22:40 Vous allez voir que les principalistes vont se battre
22:42 pour mettre des agriculteurs et des agricultrices
22:44 dans les places éligibles,
22:46 qu'il s'agisse de LR, du RN, de Renaissance, etc.
22:49 C'est assez classique aux européennes
22:51 puisque les listes sont composées par les partis,
22:53 d'essayer de tenir compte des derniers mouvements
22:55 en cours pour essayer de les récupérer dans les urnes.
22:57 Souvenez-vous, il y a cinq ans,
22:59 en 2019, plusieurs listes voulaient absolument
23:01 avoir un gilet jaune, un représentant
23:03 du mouvement des gilets jaunes à l'occasion de ce scrutin.
23:05 Donc là, je pense que...
23:07 Si vous êtes agriculteur
23:09 et que vous envisagez
23:11 de vous présenter aux élections européennes,
23:13 c'est le moment de... Je pense que vous allez être courtisé.
23:15 Merci beaucoup. Merci à tous les trois.
23:17 Agathe Lambret, journaliste au service politique de France Info.
23:19 Je rappelle qu'on vous retrouve tous les vendredis,
23:21 samedi et dimanche à 8h30 pour l'8/30
23:23 France Info, côté de Jean-Rémi Baudot.
23:25 François-Xavier Bourmeau, journaliste politique à l'Opinion,
23:27 l'Opinion qui fait sa une ce matin
23:29 sur le président, comment Macron
23:31 consolide sa droite, le chef de l'État
23:33 qui a donc durci sa politique,
23:35 qui s'engage sur le terrain du RN.
23:37 C'est votre dossier, François-Xavier Bourmeau,
23:39 à lire ce matin dans l'Opinion.
23:41 Merci beaucoup, Renaud. Nous, on se retrouve demain.
23:43 Les informer sont de retour, eux, ce soir,
23:45 à 20h, avec Bérangère Bonte et Jean-François.