SMART BOURSE - Emission du lundi 12 février

  • il y a 8 mois
Lundi 12 février 2024, SMART BOURSE reçoit Pierre-Yves Dugua (Correspondant américain) , Xavier de Buhren (Directeur des investissements, Otea Capital) , Valentine Ainouz (Responsable Stratégie Fixed Income, Amundi Institute) et Xavier Patrolin (Président, Albatros Capital)

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00:00 [Musique]
00:08 Bonjour à tous et bienvenue dans Smart Bourse. Smart Bourse, votre rendez-vous
00:11 bourse à 17h en direct tous les jours sur Bsmart. Un rendez-vous que vous pouvez
00:15 également retrouver en replay sur bsmart.fr ainsi que sur tous les réseaux
00:18 sociaux de Bsmart. Et bien sûr vous pouvez nous écouter en podcast sur toutes
00:22 les plateformes de podcast. Au sommaire de cette édition, le fonds d'investissement
00:26 L. Catertorne lance une OPA amicale sur Tod's à la Bourse de Milan. Le fonds qui
00:31 est associé à LVMH et à Bernard Arnault espère ainsi obtenir 36% du
00:36 capital de l'entreprise. Tandis que l'entreprise Della Valle, actionnaire
00:39 majoritaire de Tod's qui avait d'ailleurs déjà tenté de retirer l'entreprise de
00:44 la Cote en octobre 2022, conserverait de son côté 54% du capital. LVMH
00:49 conserverait de son côté en direct 10% de Tod's. A noter que l'entreprise
00:54 Della Valle a annoncé également avoir donné son accord à L. Catertorne pour
00:58 une telle OPA amicale. Une actualité qui nous donnera l'occasion de commenter en
01:02 plateau la santé des entreprises dans le secteur du luxe à la lumière de leurs
01:06 résultats fin 2023. Une saison des résultats qui dans sa globalité montre
01:11 d'ailleurs une grande résistance de l'économie et des entreprises américaines
01:14 là où les entreprises européennes montrent plus de difficultés.
01:18 Nous commenterons donc cette saison des résultats en détail avec nos experts
01:21 dans un instant et nous tenterons de comprendre si derrière les
01:24 performances toujours plus solides des grandes entreprises de la tech
01:27 américaine, la tendance est la même dans tous les secteurs.
01:30 Alors que le S&P 500 a dépassé les 5000 points vendredi, 50% des entreprises qui
01:36 le composent ont déjà publié leurs résultats. Sur ces 50%, plus de 80%
01:41 d'entre elles ont annoncé des résultats supérieurs aux attentes. De quoi
01:44 alimenter le scénario d'un soft landing ? Nous répondrons à cette question dans
01:48 un instant également et puis nous reviendrons dans le dernier quart d'heure
01:50 de Smart Bourse dans le quart d'heure thématique sur la campagne électorale
01:53 aux Etats-Unis alors que semble se profiler un duel entre
01:58 Joe Biden et Donald Trump depuis ces derniers jours. Mais entre les questions
02:02 autour de l'âge de Joe Biden et les déclarations de Donald Trump sur l'OTAN,
02:06 la campagne électorale américaine semble partie pour prendre une tournure
02:09 particulière. Nous ferons le point avec Pierre-Yves Dugas, correspondant américain
02:13 de Smart Bourse donc dans la dernière partie de l'émission et on se retrouve
02:16 tout de suite sur le plateau de Smart Bourse.
02:19 [Générique]
02:27 Et nous commençons comme d'habitude avec Tendance mon ami, le résumé complet de
02:32 l'actualité boursière du jour proposée par Pauline Grattel.
02:35 La semaine commence calmement pour la Bourse de Paris qui s'inscrit en hausse
02:39 aujourd'hui. La plupart des autres bourses européennes sont aussi dans le
02:44 vert dans l'attente des chiffres de l'inflation américaine pour janvier qui
02:47 seront publiés demain. Aujourd'hui la plupart des marchés asiatiques sont
02:51 fermés jusqu'à la fin de la semaine en raison des célébrations du Nouvel An
02:55 lunaire. La Bourse de Tokyo est l'une des rares à être restée ouverte et est à
02:59 l'équilibre en ce début de semaine. Après son introduction en bourse en 2021,
03:04 Bilib annonce qu'un consortium va monter à son capital composé de son PDG et de
03:10 fonds EQT et TCV pour en acquérir 72%. Au deuxième semestre, une offre d'OPEA,
03:16 une opération publique d'achat sera déposée à l'AMF au prix de 15 euros par
03:21 action. Bilib profite aussi de ces annonces pour maintenir ses objectifs de
03:24 2023. Publicis annonce la mise en place d'un
03:28 programme important sur l'achat de 2 millions d'actions, environ 0,8% de son
03:34 capital social. Cela a été confié à un PSI, un prestataire de services
03:38 d'investissement. Le programme a démarré vendredi pour se terminer au plus tard
03:42 fin mai. Les investisseurs saluent cette annonce et le titre de Publicis est en
03:47 légère hausse aujourd'hui. Acheter louer.fr publie un chiffre d'affaires en
03:51 déclin de 38% par rapport à 2022, à 2,3 millions d'euros, une perte de chiffre
03:58 d'affaires due en partie à la crise immobilière qui pénalise les
04:02 transactions depuis de nombreuses semaines. Les investisseurs se montrent
04:05 déçus de cette publication. Autre actu du côté des valeurs, à Milan,
04:10 Tod's bondit de plus de 18% après une offre publique d'achat de Elkaterton
04:15 qui vise l'acquisition de 36% du capital pour 512 millions d'euros.
04:20 Cette annonce est saluée par les marchés et entraîne dans son sillage le groupe
04:24 LVMH qui est en hausse. La famille Arnaud et LVMH étant actionnaires de Elkaterton.
04:30 Demain les investisseurs arbitreront les résultats de Michelin publiés après la
04:34 clôture. Côté macro, ils prendront connaissance de l'inflation aux Etats-Unis
04:38 et du taux de chômage français au quatrième trimestre.
04:41 Voilà donc Tendances mon ami, le résumé complet de l'actualité boursière du jour
04:46 proposée par Pauline Grattel.
04:49 Et c'est parti pour Planète Marché, une quarantaine de minutes ensemble pour
05:00 décrypter les actualités et les tendances de la Planète Marché. Trois
05:04 experts nous accompagnent ce soir sur le plateau de Smart Bourse. Xavier Deburay
05:08 nous accompagne tout d'abord. Bonsoir Xavier Deburay. Bonsoir Nicolas.
05:11 Bienvenue sur le plateau de Smart Bourse, vous êtes directeur des investissements
05:13 chez OTA Capital. A vos côtés nous avons le plaisir d'accueillir également
05:16 Valentin Hénouz. Bonsoir Valentin Hénouz. Bonsoir. Vous êtes responsable de
05:20 stratégie Fixed Income chez Amundi Institute. Nous avons le plaisir d'accueillir
05:23 également Xavier Patrolin. Bonsoir Xavier Patrolin. Bonsoir Nicolas.
05:26 Vous êtes président d'Albatros Capital. On va commencer avec vous Valentin Hénouz.
05:31 Alors une séance qui est plutôt dans l'attente du chiffre de l'inflation de
05:35 demain que forte en actualité. On note en plus qu'une partie des marchés asiatiques
05:40 sont fermés à l'occasion du nouvel an chinois et donc de l'année du dragon de
05:45 bois. On peut commencer peut-être par utiliser ce temps et faire un premier
05:51 bilan de la saison des résultats en tout cas aux Etats-Unis qui montre une
05:55 résistance quand même d'un certain nombre d'entreprises. Alors après il faut
05:58 peut-être faire la différence entre les grandes entreprises de la tech et le
06:01 reste des entreprises américaines mais quand même globalement on voit que les
06:03 entreprises américaines résistent bien Valentin Hénouz. Oui oui. Déjà sur ce
06:07 chiffre d'inflation il est déterminant parce que jusqu'à présent les marchés
06:11 que ce soit les marchés du crédit, les marchés actions, le moteur ça a été la
06:15 baisse de l'inflation et les anticipations des baisses de taux des
06:18 banques centrales. C'est extrêmement important parce que c'est le point très
06:21 très positif pour la qualité des entreprises.
06:24 Aujourd'hui on est inquiet par quoi ? Par rapport en tant qu'investisseur
06:27 obligataire ou même investisseur action. C'est l'impact de ces hausses de taux
06:31 sur l'activité économique et sur les bilans des entreprises. Donc on est très
06:35 rassuré par le fait que cette inflation va baisser et que les banques centrales
06:38 vont pouvoir baisser leur taux. D'accord. Alors les résultats dans l'ensemble sont
06:43 franchement très très corrects aux Etats-Unis, corrects en Europe. Un peu plus
06:48 difficile en Europe. Mais ce qu'on voit globalement c'est que les marges baissent
06:52 un peu dans la globalité mais ont partait de niveaux qui étaient
06:56 extrêmement bons pendant le Covid. Les entreprises ont augmenté
07:00 leurs marges, elles ont également accumulé du cash à leur bilan. Donc on
07:05 partait de fondamentaux que ce soit en termes de marge et aussi en termes de
07:09 bilan post-Covid qui était extrêmement bon. D'accord. Donc aujourd'hui on voit que
07:13 ça se détériore un peu mais à partir de niveaux très corrects. Donc on a une
07:16 détérioration des marges et également des besoins de refinancement des
07:19 entreprises qui vont augmenter parce que l'année dernière les besoins de
07:23 refinancement étaient très faibles parce que les entreprises ont globalement, que
07:26 ce soit en Europe ou aux Etats-Unis, avaient peu de besoin de refinancement.
07:29 Et ont utilisé le cash accumulé. D'accord. Donc là la situation elle change. On a plus
07:33 de besoin de refinancement pour cette année et l'année prochaine. Mais le point
07:37 très positif, enfin moi je vais parler des marchés obligataires parce que je suis spécialiste en fixing cash.
07:41 C'est votre expertise. C'est mon expertise. Mais ce qu'on voit depuis le début de l'année,
07:44 des bons résultats mais aussi une activité sur les marchés de la dette qui
07:49 est hallucinante. Des volumes sur le marché primaire qui sont très très forts
07:53 que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe. D'accord. Et en face on a un appétit des
07:58 investisseurs pour financer ces montants de dette émis qui est aussi très fort.
08:02 Parce que les investisseurs ils disent "ah bah nous on veut attraper ce rendement
08:05 avant que les banques centrales baissent leur taux". D'accord.
08:09 Donc c'est un effet opportunité pour les entreprises aussi qui vont chercher des
08:12 financements aujourd'hui puisque ça leur coûte plus cher mine de rien.
08:15 C'est alors que plus cher mais quand on a des besoins de refinancement. Oui bien sûr c'est un instanté.
08:19 On est quand même très content de garantir une partie de ces refinancements en amont quoi.
08:24 Et surtout si on a une fenêtre qui est ouverte sur les marchés du crédit.
08:28 Donc les entreprises lèvent de la dette et investissent. C'est ce qu'il faut
08:32 comprendre en ce début d'année. Que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis. Prudent.
08:36 Prudent. D'accord. Je dirais ce qui peut marquer, ce qui peut caractériser aux
08:41 Etats-Unis c'est qu'il y a quand même une certaine volonté de gérer avec
08:45 efficacité les marches. Il y a une vraie volonté. On voit dans les croissances,
08:49 moi je suis beaucoup la croissance moyenne de la dette des entreprises aux
08:52 Etats-Unis. Elle reste très modérée. Elles investissent, elles continuent d'investir.
08:55 Mais globalement il y a une volonté de gérer de façon très efficace leur activité.
09:01 On peut peut-être continuer avec vous Xavier de Buren et on viendra sur le sujet
09:05 inflation et stratégie banque centrale ensuite dans un second temps.
09:08 Si on parle de cette saison des résultats alors effectivement il y a le sujet
09:12 résultats proprement parlé. Résultats par rapport aux anticipations de résultats.
09:16 Anticipation de résultats réalisées quelques mois avant la publication du résultat.
09:20 Et effectivement les stratégies d'investissement ou d'emprunt, enfin ou de crédit en tout cas des entreprises.
09:26 Quelle est l'analyse que vous en avez à l'heure actuelle Xavier de Buren que soit aux Etats-Unis ou en Europe ?
09:31 On peut poser les deux zones au niveau de la qualité des résultats.
09:34 C'est ce qui a été dit avant. Il est vrai qu'en Europe pour l'instant il y a à peu près la moitié
09:40 des grandes entreprises du stock 600 qui ont publié. On a des résultats qui sont plutôt en ligne.
09:47 Et globalement il y a un peu de divergence sur les tailles des entreprises avec des grandes sociétés
09:53 qui ont plutôt très bien publié. Bien sûr il y a SAP, LVMH, ASML qui ont connu des performances
09:59 et des réactions qui ont été assez significatives. Et à l'inverse c'est plutôt les petites et moyennes entreprises
10:05 qui ont un petit peu pâti lors de cette publication de résultats. Il y a plusieurs éléments.
10:11 Il y a le premier, c'est évidemment ce resserrement monétaire qui a été extrêmement rapide et élevé.
10:21 Un laps de temps très très faible. On a eu des hausses de taux qu'on n'avait pas connues.
10:27 Donc évidemment les petites entreprises ont plus de mal à faire face à cette nouvelle réalité
10:33 en termes de coûts de financement notamment. A noter que dans les résultats des entreprises européennes
10:39 ce qui a pesé également c'est le change et notamment le niveau de l'euro par rapport au dollar.
10:45 Un exemple assez significatif c'est Adidas qui a revu à la baisse ses ambitions de résultat pour cette année
10:52 avec un impact négatif du change de 500 millions d'euros. Que ce soit sur la couverture ou les effets de translation
10:59 mais c'est quand même assez significatif et ce n'est pas le seul.
11:02 Du côté des Etats-Unis on a des publications qui sont très bien passées, vous l'avez dit.
11:06 Par exemple 80% des résultats sont au-dessus des attentes.
11:10 Alors là aussi il faut faire un petit peu attention et éviter de raisonner en agrégé
11:15 puisqu'on a d'un côté évidemment les 7 magnifiques qui ont rangé des profits et des croissances absolument records.
11:23 La question c'est quelle est la tendance une fois qu'on les a sortis un peu de l'analyse ?
11:26 La baisse de la cote et jusqu'en début de semaine dernière on avait à peu près 60% des entreprises américaines
11:34 du S&P 500 qui avaient publié et donc d'un côté si on prend les 7 magnifiques
11:39 on a une croissance qui était très élevée aux alentours de 14% et surtout une hausse des marges
11:44 qui a été vraiment significative puisqu'elles se sont améliorées de 750 points de base pour atterrir en moyenne à 23%.
11:51 Ce sont des marges qui sont vraiment assez extraordinaires.
11:55 Et si on enlève ces 7 magnifiques et qu'on garde le reste de la cote qui a publié,
12:01 là la photographie n'est plus du tout la même puisqu'on a une croissance qui est quasi à zéro,
12:08 2% de croissance pour le reste des entreprises du S&P 500 qui ont publié
12:12 et quand on regarde sur les marges on a une marge qui baisse de 110 points de base
12:17 et qui arrive sur des niveaux aux alentours de 9%.
12:19 Donc vous avez deux dynamiques de croissance et de rentabilité qui s'opposent aux Etats-Unis.
12:24 Est-ce qu'on peut dire finalement que les entreprises américaines résistent quand on fait cette différence
12:28 comme vous venez de le faire, alors 2% de croissance mais des marges qui se détériorent quelque part ?
12:33 Qui se détériorent, le niveau reste quand même plus élevé qu'en Europe notamment
12:38 mais ça illustre quand même la bonne résilience de l'économie américaine qui se retrouve par rapport à ces chiffres-là.
12:45 Xavier Patrolin, on rentrera peut-être dans les secteurs avant,
12:49 mais votre analyse sur cette saison des résultats, est-ce que vous partagez ce qui a été dit ?
12:54 Est-ce que vous le regardez sous un angle un peu différent ?
12:56 Oui, sur le marché américain, on peut avoir une approche S&P qui est celle que tu as décrit,
13:03 mais aussi on peut avoir une approche comptabilité nationale américaine
13:06 et à chaque publication du PIB trimestrielle, il y a les publications de l'économie américaine.
13:16 Et on s'aperçoit que depuis le Covid, les bénéfices en masse ont progressé quasiment de 30%
13:26 alors qu'en Europe, ils sont globalement stagnés.
13:29 Donc la profitabilité de l'économie américaine à l'aune des entreprises reste très élevée
13:36 et même au-delà des 7 magnifiques.
13:39 Il y a les 7 magnifiques qui tirent incontestablement, je ne suis pas contesté à ce point,
13:43 mais le reste de l'économie continue.
13:46 De toute façon, quand on a un marché du travail tel qu'il est, on se doute bien que ça tire.
13:51 Donc on reste toujours dans une boucle prix-profit.
13:55 Elle est quand même invalidée, il y a effectivement une érosion des profits, mais c'est infinitésimal.
14:00 Si on prend, pour que nos auditeurs aient une mesure de ce qui s'est passé post-Covid,
14:06 on a des niveaux de rentabilité de marge d'exploitation en consolidé.
14:10 Alors je vais parler du marché français, mais on pourrait le décliner sur d'autres marchés européens
14:14 qui sont globalement 30% supérieurs à ce qu'ils étaient pré-Covid.
14:17 Ça veut dire qu'on avait des marges opérationnelles, on va dire sur le CAC 40,
14:20 hors valeur financière, qui étaient aux alentours de 11%.
14:24 Et aujourd'hui on ressort à 14%, un peu plus de 14%.
14:26 Et ce 14%, on le maintient depuis 2021, 2021, 2022, 2023, 2024, 2025.
14:33 Et il n'y a aucune révision sur 2025.
14:35 Alors c'est à la marge, il y a des arbitrages.
14:37 Bon, on a un indice CAC 40 qui est luxe, donc il est un peu inflaté par le CAC.
14:42 Mais globalement, on a un très haut niveau de profitabilité.
14:45 On a effectivement un niveau de gearing, d'endettement qui reste faible.
14:49 Alors c'est moins le cas sur les plus... hors CAC 40, sur les plus petites valeurs.
14:53 Là, ça souffre plus de ce point de vue-là.
14:55 Et donc là, pour moi, c'est des signaux très positifs.
14:57 Parce que globalement, les investisseurs vivaient hantés depuis 12, 18, 24 mois
15:03 dans une récession bénéficiaire.
15:05 Le soft landing, voulant dire une récession bénéficiaire.
15:08 Et on ne la voit pas venir.
15:10 - Qu'est-ce qu'on ne voit pas venir ? La récession du coup ?
15:12 - Oui, la récession bénéficiaire.
15:13 Et on voit plutôt venir une stabilisation, voire un début...
15:16 Alors c'est trop tôt encore pour le dire, mais un début d'amélioration.
15:19 Et pour l'Europe, je ne parle pas des Etats-Unis, pour l'Europe,
15:22 tout simplement parce que la conjoncture macro a probablement connu son point bas
15:26 sur fin 2023.
15:30 Donc on voit, c'est encore trop tôt pour le dire, mais on voit un début d'amélioration,
15:34 de révision des chiffres d'affaires.
15:36 Sur les marches, ça se discute, mais sur les chiffres d'affaires, ça commence à réviser.
15:39 Mais ce qui est intéressant, me semble-t-il, c'est ce qui s'est passé
15:43 à la fin de l'année dernière, du point de vue des marchés actions et des marchés obligataires.
15:47 Au fond, les marchés actions et les marchés obligataires ont évolué de concert
15:50 avec ce fameux "panic buying" sur les marchés obligataires.
15:54 Mais d'une certaine façon, la translation de valorisation sur les marchés actions
15:57 a été corrélée complètement, un pour un.
16:00 Mais les marchés actions n'ont pas changé leur prime de risque intrinsèque,
16:03 la prime de risque equity.
16:04 Ils ont modifié la prime de risque obligataire,
16:06 mais ils n'ont pas touché la prime de risque equity.
16:08 Et ce qu'on est en train de voir, me semble-t-il, c'est beaucoup trop tôt pour le dire,
16:11 mais j'ai le sentiment que c'est ce qui est en train de se passer,
16:13 c'est que la prime de risque pure equity est en train d'évoluer.
16:16 Donc il y a une espèce de décorrélation,
16:18 on voit que les marchés obligataires se sont dégradés depuis le début de l'année,
16:21 et les marchés actions n'ont pas évolué de concert avec ce qui s'est passé sur l'obligataire,
16:26 tout simplement parce que, probablement chez beaucoup d'investisseurs,
16:29 au-delà du panic buying sur la partie obligataire,
16:33 qui était dû à un excès de position cash,
16:35 il y a un début, alors c'est le début, c'est très embryonnaire, c'est lent,
16:38 il y a toute une série de facteurs qui viennent contrer ce phénomène,
16:41 mais on commence à regarder le placement d'actions dans une logique de duration,
16:45 globalement sur l'année 2023, tout le monde était court en duration,
16:48 tout le monde était short, si j'ose dire, d'actifs longs,
16:52 et très court en duration avec un stress sur ce qu'allait faire la fédérale réserve, la BCE,
16:59 le 10 ans américain aurait pu aller à 5, au-delà de 5, 6, enfin bon, tout circulait.
17:05 Et donc il y avait une réticence, et d'un seul coup,
17:07 il y a eu un énorme pivotement grégaire, comportemental,
17:11 à la fin de début, fin octobre, et qui s'est concentré sur deux mois.
17:15 Et on observe progressivement une translation,
17:17 alors c'est très léger, mais qui commence à aller chercher sur des...
17:21 et l'annonce que j'ai entendue juste au début de ce jour, elle était très claire,
17:24 on a une OPA, un retrait, c'était l'annonce, c'est Pauline, c'est ça ?
17:30 - C'est Pauline, exactement.
17:32 - Et un publiciste qui annonce un share buy back.
17:35 Moi j'ai rarement vu des marchés sous-évalués,
17:39 quand des entreprises, enfin sous-évalués pardon,
17:42 quand des entreprises annoncent des programmes de rachat d'actions.
17:45 Et on voit ça aux Etats-Unis comme en Europe.
17:47 Donc ça veut dire que non seulement les taux ne sont pas si hauts que ça,
17:50 les boîtes qui ont du cash font du share buy back,
17:53 mais que certaines boîtes s'endettent pour racheter leurs actions.
17:56 Et ça c'est plutôt un message qui est plutôt positif.
18:01 - Valentiner nous sur les marchés obligataires peut-être,
18:03 ou en réaction à ce que nous dit Xavier Patrolin.
18:05 - Je partage ce point de vue, on est rentré aujourd'hui dans un cercle vertueux,
18:09 avec cette inflation qui baisse, et les investisseurs,
18:12 même si on anticipe un peu moins de baisse de taux que ce qu'on avait l'année dernière,
18:16 on est toujours dans cette dynamique où la trajectoire de l'inflation
18:19 ne remet pas en cause les baisses de taux.
18:21 Et ça pour moi c'est le point le plus important.
18:23 C'est vrai que ce chiffre de main est vraiment clé pour nous tous,
18:26 que ce soit sur les actions ou sur les taux.
18:28 Il ne faut pas que la trajectoire de l'inflation remette en cause ces baisses de taux.
18:32 Ces baisses de taux c'est vraiment le démarrage d'un cercle vertueux,
18:37 où il y a les coûts de financement, certes ils sont un peu plus,
18:40 ils restent toujours très élevés par rapport à ce qu'on avait avant le Covid,
18:43 mais ils sont quand même moins élevés que ce qu'on avait par rapport à l'année dernière,
18:46 et surtout on retrouve un appétit pour le risque.
18:48 - Justement, des baisses de taux qui étaient anticipées en mars,
18:51 qui à l'heure actuelle sont plutôt anticipées aux alentours de mai-juin,
18:54 si je ne dis pas de bêtises, par le marché,
18:56 un chiffre de l'inflation révisé vendredi,
18:59 où il n'y a pas eu tellement de nouvelles par rapport à ce qui avait été anticipé avant,
19:02 qui vient valider plus ou moins la stratégie de la Fed à l'heure actuelle.
19:07 Qu'est-ce qui pourrait venir invalider demain une stratégie de la Fed telle qu'elle est actuellement ?
19:14 - Nous on s'attend à ce que cette inflation américaine continue de baisser,
19:18 néanmoins qu'est-ce qu'on voit sur les derniers chiffres économiques,
19:21 et qui nous ont quand même surpris,
19:23 c'est une réaccélération sur le marché du travail en termes de création d'emplois,
19:27 et des hausses de salaires qui réaccélèrent.
19:30 - Bien sûr.
19:31 - On a un indice ISM sur les services qui resurprend la hausse,
19:33 alors ce n'est pas notre scénario,
19:35 nous on est sur une économie qui ralentit,
19:37 et on est sur une inflation qui baisse,
19:39 mais on peut quand même s'interroger sur ce risque aujourd'hui
19:41 de voir une réaccélération sur l'économie américaine,
19:43 qui serait quand même surprenante,
19:45 mais cet assouplissement sur les conditions de financement,
19:48 ce soutien budgétaire,
19:50 cette dynamique de la productivité et des investissements qui est faite,
19:54 est-ce que ça ne va pas réaccélérer ?
19:55 Donc ça c'est une question qui est quand même légitime de se poser,
19:57 même si ce n'est pas aujourd'hui notre scénario.
19:59 Et ça, ça changerait, et ce n'est pas aujourd'hui un scénario qui est vraiment dans le marché.
20:03 - D'accord.
20:04 - Ce serait le scénario du pire quelque part,
20:06 mais qui serait finalement un très bon scénario économique.
20:08 - Non, ce n'est pas le scénario du pire,
20:10 après ça dépend comment on est positionné sur les marchés.
20:12 - Oui, bien sûr.
20:13 - Mais non, ce serait un scénario où il y aurait une croissance
20:16 qui serait bien plus résiliente,
20:17 et avec une inflation qui mettrait plus de temps à revenir à 2%,
20:22 ce que le marché aujourd'hui anticipe.
20:24 Parce que le marché aujourd'hui anticipe une inflation
20:26 qui revient à 2% globalement fin de l'année.
20:27 - Oui, c'est possible.
20:28 - Et donc ce serait un assouplissement monétaire qui serait décalé dans le temps,
20:31 c'est ça ce qui...
20:31 - Exactement.
20:32 - Ce que dit Valentin, il y a une observation sur le marché du travail essentiel.
20:36 C'est ce que je t'ai mis dans le email que je t'ai envoyé.
20:38 - Avant de venir, oui bien sûr.
20:40 - Je fais juste cette observation.
20:43 Il y a une façon de mesurer l'offre et la demande
20:45 sur le marché du travail américain.
20:47 Avant le Covid, c'est-à-dire en décembre 2019,
20:51 un chômeur rencontrait, c'est un pur rapport,
20:53 rencontrait 1,2 offre d'emploi.
20:55 Sur les 20, 25, 30 dernières années,
20:58 un chômeur rencontrait une demi-offre d'emploi.
21:01 Donc déjà, il se passe quelque chose.
21:03 - Bien sûr.
21:04 - En octobre, on était à 1,3, ou pas loin d'1,3.
21:11 Donc, Jérôme Powell a commencé à parler
21:14 que le marché du travail se dirigeait vers les conditions
21:18 qui prévalaient pré-Covid.
21:20 - Bien sûr.
21:20 - Et le dernier chiffre, quand on fait les calculs sur janvier,
21:24 on est à 1,47, 1,4, 1,5.
21:27 Donc ça veut dire que ça se redégrade à nouveau,
21:29 au bénéfice des chômeurs.
21:31 Mais du point de vue de la Fédérale Réserve,
21:32 ça veut dire qu'on est à nouveau dans un marché du travail
21:35 qui devient plus pénurique.
21:36 Et donc ça, c'est pas bon.
21:38 - Et donc plus de capacité de négociation de salaire,
21:40 et donc plus d'impact sur le salarial.
21:41 - Du point de vue de la Fédérale Réserve,
21:43 parce qu'il y a le cycle,
21:44 le marché résonne beaucoup sur la dynamique du cycle.
21:46 Mais au fond, le Covid a été un fabuleux accélérateur de l'histoire
21:51 sur les chaînes de valeur, tout ce qu'on voudra,
21:52 et notamment sur le marché du travail.
21:54 Il a sorti des gens, des Américains,
21:57 notamment des femmes, mais pas que des femmes,
21:58 du marché du travail.
21:59 Et cette partie qui est sortie du marché du travail
22:03 n'est pas revenue dans le marché du travail.
22:04 Ce qui fait qu'on a ce décalage.
22:05 Et ce décalage, du point de vue d'un gouverneur,
22:08 c'est un risque inflationniste de moyen terme.
22:11 Donc ça veut dire que je ne pilote pas les taux
22:12 uniquement sur du cycle, sur de la conjoncture,
22:14 mais j'intègre dans mon comportement de banquier central
22:18 ce changement sur le rail.
22:19 Donc tant que je vois des paramètres qui m'indiquent
22:21 que l'offre et la demande sur le marché du travail
22:23 continuent à se dégrader en faveur des chômeurs,
22:26 en défaveur de l'inflation, si j'ose dire,
22:28 eh bien ça va justifier, ça peut justifier
22:30 chez les faucons de la Fédération de la Fédération de la Réserve,
22:33 une situation d'attentisme.
22:34 Donc c'est vraiment la variable clé.
22:35 Donc je pense que demain le chiffre, au fond,
22:37 bien sûr il va être important, parce que...
22:39 Mais moi je crains qu'au fond le...
22:41 Et d'ailleurs on le voit sur la corps inflation,
22:43 la corps inflation entre les Etats-Unis et l'Europe
22:47 n'a pas du tout le même profil de décru.
22:49 La décru de la corps inflation en Europe
22:51 est beaucoup plus rapide, et d'ailleurs elle est en dessous,
22:53 alors qu'aux Etats-Unis elle est plus lente,
22:55 et elle a tendance à se stabiliser.
22:58 Donc le chiffre de demain, on va voir si ça rebaisse
23:01 ou si ça reste sur son plateau.
23:02 Xavier de Buyren, sur ce sujet,
23:03 inflation, stratégie, banque centrale,
23:05 on a l'impression finalement que la question c'est
23:07 quand est-ce que la FED va baisser ses taux
23:09 dans le scénario, en tout cas, de marché aujourd'hui ?
23:11 Tout le monde a globalement ce scénario
23:13 un peu de soft lending.
23:14 Est-ce que le chiffre demain est si important que ça pour vous ?
23:17 Comment est-ce que vous regardez la situation ?
23:19 Je regarderais d'abord les anticipations du marché
23:22 en termes de baisse des taux,
23:23 qui ont été vraiment trop élevées.
23:26 Très optimistes.
23:27 Il y a sept baisses de taux,
23:28 ce qui est en fait un scénario
23:30 qu'on pourrait appliquer pour un pays en récession,
23:33 et on voit bien, on l'a dit et redit,
23:35 on a parlé du marché de l'emploi américain
23:37 et de la croissance américaine,
23:38 qui est vraiment extrêmement solide.
23:39 Donc ce scénario n'est pas réaliste
23:41 dans la réalité économique dans laquelle
23:43 sont les Etats-Unis aujourd'hui.
23:45 Donc il faut que les attentes des investisseurs
23:48 commencent à se réduire.
23:49 Elles le font graduellement,
23:52 on est encore loin du compte certainement.
23:54 Maintenant, je pense que ce soit en mars,
23:58 en mai ou en juin,
23:59 le resserrement monétaire a été tellement rapide,
24:03 tellement fort,
24:05 qu'aujourd'hui c'est l'inversion qui est importante.
24:08 Le discours et d'ailleurs les marchés obligataires
24:11 et actions ont connu ce très très fort rallye
24:13 sur les deux derniers mois de l'année
24:15 parce qu'il y a eu un changement de ton
24:17 de la part de la Banque centrale américaine,
24:20 et l'enjeu il est là.
24:21 Et si les taux baissent,
24:22 la Fed a indiqué que les taux allaient baisser,
24:25 si on prend trois mois de retard, etc.
24:27 c'est enclencher un cycle.
24:28 C'est extrêmement important pour les investisseurs.
24:30 Si je caricature, c'est que trois mois de plus ou de moins
24:33 à un niveau élevé avant une première baisse de taux,
24:35 ça ne change pas radicalement
24:37 une stratégie sur des marchés actions ?
24:39 Les marchés anticipent,
24:40 il peut y avoir un peu de volatilité,
24:41 ou en disant effectivement
24:43 on en attend peut-être trop, trop et trop rapidement.
24:46 Ça doit se réajuster,
24:47 ça mettra un petit peu de volatilité dans le marché,
24:49 mais on voit bien que toutes les baisses
24:50 aujourd'hui sur les marchés
24:52 ne durent pas très longtemps et sont rachetées.
24:54 Et on a dit,
24:56 l'environnement, il y a un cercle vertueux
24:58 qui est là,
25:00 qui est mis en place, avec pas trop
25:02 de croissance et
25:04 quand même un peu,
25:06 avec un peu d'inflation,
25:08 mais des taux réels qui sont désormais
25:10 positifs, tout ça c'est quand même favorable.
25:12 Il ne faut pas oublier qu'une baisse de l'inflation
25:14 c'est autant de pouvoir d'achat qui est rendu
25:16 au consommateur, et donc une consommation
25:18 qui continue de très bien tenir aux Etats-Unis,
25:20 qui se stabilise
25:22 et voire qui s'améliore un petit peu en Europe.
25:24 Voilà, tout ça c'est des éléments qui globalement
25:26 sont très favorables
25:28 pour la poursuite
25:30 de la hausse des marchés.
25:32 Justement sur le sujet européen, alors si je vous écoute
25:34 effectivement, l'Europe est à la traîne
25:36 par rapport aux Etats-Unis, mais la situation n'est pas catastrophique
25:38 non plus. Est-ce que
25:40 il faut s'attendre à avoir une BCE
25:42 qui agisse avant la fête
25:44 cette année, justement pour soutenir une croissance
25:46 économique européenne
25:48 ou on resterait dans le scénario
25:50 où c'est la fête qui la première
25:52 commencerait son assouplissement monétaire ?
25:54 Notre scénario est celui qui s'est toujours déroulé
25:56 (rires)
25:58 - Historiquement - Voilà, c'est que la
26:00 fête ouvre le bal
26:02 et la BCE devrait suivre.
26:04 Là encore une fois, c'est une
26:06 question de timing, à trois mois près, je ne suis pas sûr
26:08 que la BCE
26:10 fasse
26:12 ce premier acte avant la fête.
26:14 - Il n'y a pas de nécessité
26:16 aujourd'hui de faire ce premier acte pour la BCE ?
26:18 - Quand on regarde la croissance
26:20 européenne et les anticipations
26:22 de croissance de l'OCDE
26:24 pour l'année prochaine, c'est
26:26 +0,5 pour cette année
26:28 enfin 2023 et +0,6
26:30 pour 2024. Ça montre
26:32 bien une inflexion et que le point bas
26:34 a été fait et qu'on est sur une
26:36 tendance qui va s'améliorer. Et ça, c'est
26:38 un élément encore
26:40 favorable pour les marchés
26:42 et si on se base
26:44 sur ces anticipations de croissance,
26:46 la BCE peut attendre un petit peu
26:48 que la fête baisse
26:50 ses taux. - Faut-il donc s'attendre
26:52 et avant de vous passer la parole, Valentin Hénouz,
26:54 à avoir un peu de croissance
26:56 à fin 2024 en Europe ?
26:58 Une croissance peut-être un peu plus
27:00 forte que ce qu'on aurait eu
27:02 en 2023 ou c'est trop tôt pour
27:04 faire des projections ? - C'est les anticipations
27:06 de l'OCDE.
27:08 Quand on voit les publications de résultats
27:10 et les objectifs
27:12 qui ont été donnés par certaines sociétés
27:14 pour 2024, on peut s'attendre à ce que la
27:16 croissance reparte quand même
27:18 en Europe.
27:20 Et quand on voit
27:22 la puissance du
27:24 resserrement monétaire, le choc
27:26 inflationniste qui a été
27:28 celui qui a été ces
27:30 deux dernières années,
27:32 l'économie résiste plutôt
27:34 de façon assez remarquable en Europe,
27:36 même si ce n'est pas très bon.
27:38 Ce qui a été
27:40 absorbé,
27:42 ça aurait pu avoir des conséquences bien plus
27:44 négatives sur l'économie européenne.
27:46 Donc il ne faut pas systématiquement comparer avec les États-Unis,
27:48 mais quand on regarde l'Europe dans l'absolu,
27:50 ce n'est pas si dramatique que ça, c'est ça qu'il faut
27:52 comprendre ?
27:54 Compte tenu des chocs
27:56 qu'ont été ceux que
27:58 la croissance européenne a connus.
28:00 Valentin Hénouz, même question,
28:02 est-ce illusoire
28:04 d'imaginer la BCE
28:06 entamer un resserrement monétaire avant la Fed
28:08 alors même que si on compare les
28:10 économies, on pourrait s'attendre peut-être
28:12 à ce que la BCE
28:14 commence avant ?
28:16 J'ai quand même une conviction sur le sujet. Je ne pense
28:18 pas que la BCE baisse
28:20 ses taux avant la Fed, mais la BCE
28:22 devrait baisser ses taux
28:24 avant la Fed. Après, on n'est quand même
28:26 pas tous convaincus que
28:28 quand on regarde les discours
28:30 d'Isabelle Schnabel,
28:32 ils ont une volonté très forte de baisser les taux,
28:34 mais la BCE, oui, devrait, pour deux raisons.
28:36 On a quand même une économie, en Europe,
28:38 on n'est pas aux États-Unis, on a une économie qui, quand même,
28:40 même si on n'est pas en récession, qui flirte
28:42 quand même avec une récession.
28:44 Et ce qui est très intéressant en Europe, c'est
28:46 que l'impact du resserrement monétaire
28:48 sur l'économie est beaucoup plus fort et
28:50 beaucoup plus rapide qu'aux États-Unis.
28:52 Pour la raison simple, c'est qu'aux États-Unis,
28:54 les entreprises se financent via les marchés
28:56 et on voit que sur les marchés, on a eu un assouplissement
28:58 des conditions de financement très important
29:00 à la fin de l'année avec les anticipations
29:02 de baisse de taux, tandis qu'en Europe,
29:04 une grande partie de notre financement
29:06 est via les banques. Et si on regarde
29:08 la dernière enquête de la BCE,
29:10 elle suggère que les conditions
29:12 de financement continuent de se resserrer
29:14 même si c'est un rythme moins important
29:16 qu'au cours des précédents trimestres.
29:18 Donc on a vraiment des entreprises en Europe
29:20 qui sont beaucoup plus impactées,
29:22 plus fort et plus rapidement, par ce
29:24 resserrement monétaire.
29:26 C'est-à-dire qu'aux États-Unis, il suffit d'un peu de communication
29:28 quelque part pour que le marché
29:30 anticipe des conditions meilleures et les offres aux entreprises
29:32 alors qu'en Europe, il faut vraiment
29:34 une action de la Banque Centrale, c'est ça ?
29:36 Aux États-Unis, il y a l'inflation qui baisse,
29:38 les marchés... - Oui, c'est vrai, c'est pas le même contexte.
29:40 Il faut quand même qu'il y ait une inflation qui baisse
29:42 et que les investisseurs
29:44 savent que les banques centrales dépendent
29:46 des données, donc les conditions de financement
29:48 réagissent très vite par rapport aux données.
29:50 Tandis qu'en Europe, il y a les banques, et on voit que les banques
29:52 durcissent les conditions de financement parce qu'elles
29:54 sont inquiètes sur les dynamiques économiques,
29:56 sur le risque de hausse des taux de défaut, etc.
29:58 Donc ça, premier point.
30:00 Et le deuxième point, si on regarde la dynamique d'inflation,
30:02 comme l'a dit Xavier,
30:04 en zone euro, on voit que l'inflation
30:06 baisse très rapidement, et beaucoup plus rapidement
30:08 notamment sur tous les éléments corps
30:10 qu'aux États-Unis. Et que si on regarde
30:12 en séquentiel sur les 6 derniers mois et les 3 derniers mois,
30:14 on est proche de 0...
30:16 excusez-moi, proche de 2, ou 2%.
30:18 - Proche de l'objectif ? - On est proche de l'objectif !
30:20 On est à l'objectif !
30:22 Donc oui, la BCE devrait...
30:24 Après, l'inquiétude de la BCE aujourd'hui, c'est sur les salaires.
30:26 C'est le focus
30:28 des membres de la BCE.
30:30 Et cette inflation qui pourrait
30:32 continuer d'être tirée par les salaires,
30:34 d'avoir un rebond de la croissance, parce que les salaires réels
30:36 aujourd'hui sont en positif, il y a des gains de pouvoir
30:38 d'achat, et que ça pourrait
30:40 donner une dynamique à l'économie européenne.
30:42 Sauf que l'économie européenne, moi j'ai du mal
30:44 à la voir redémarrer s'il n'y a pas de baisse de taux.
30:46 Donc pour moi,
30:48 il faut avoir des baisses de taux. Et que ces salaires-là,
30:50 si on regarde les dernières enquêtes, on voit
30:52 quand même, et la BCE l'admet,
30:54 une modération au niveau des croissances des salaires
30:56 assez forte. - Donc, si je comprends bien,
30:58 les conditions sont normalement réunies pour avoir des baisses
31:00 de taux de la BCE assez prochainement. - En Europe,
31:02 la trajectoire me paraît assez évidente.
31:04 Aux Etats-Unis,
31:06 elle est plus compliquée. - Xavier Patrolin,
31:08 stratégie Banque Centrale.
31:10 - Moi je vais légèrement différer,
31:12 mais c'est bien parce que ça...
31:14 - Ça amène du débat.
31:16 - Ça alimente le débat. Il y a une partie du
31:18 constat que je partage, mais
31:20 ce qu'on peut noter quand même, c'est que
31:22 la différence entre la Fédérale Réserve et la BCE,
31:24 c'est que la Fédérale Réserve a été beaucoup plus agressive
31:26 en termes de taux courts.
31:28 Et de taux courts réels, quand on mesure les taux courts réels
31:30 contemporains, si je ose dire,
31:32 quand on fait la différence taux courts inflation instantanée,
31:34 on voit bien qu'elle est montée beaucoup plus vite.
31:36 La BCE est restée très en retard. En retard
31:38 dans sa séquence de remontée, mais en retard en termes
31:40 d'amplitude. Donc on voit bien que
31:42 le Conseil des Gouverneurs n'a pas voulu
31:44 aller taper des taux courts
31:46 trop élevés.
31:48 Là, il a quoi en face de lui ?
31:50 Ce que Xavier disait,
31:52 c'est-à-dire des salaires
31:54 qui vont progresser. Ce que disent tous les banquiers,
31:56 sans trop, c'est des salaires qui vont progresser
31:58 maintenant plus vite que l'inflation. Donc déjà,
32:00 il y a une première mesure de stimulation
32:02 qui va être une stimulation de pouvoir d'achat.
32:04 Donc déjà, pour la BCE,
32:06 il n'y a aucune raison, il n'y a pas
32:08 le feu au lac. Ce qui se passe sur
32:10 l'immobilier ne l'inquiète pas tant que ça.
32:12 Ce qui se passe sur l'immobilier,
32:14 c'est une bulle qui se dégonfle. L'essentiel, c'est qu'elle
32:16 n'éclate pas et qu'elle provoque des ravages.
32:18 Mais si elle se dégonfle,
32:20 ce n'est pas très gênant.
32:22 Et donc, au fond, il y a une logique
32:24 d'attentisme qui me semble
32:26 justifiée de ne pas aller trop vite
32:28 en besogne. Parce que l'inflation,
32:30 elle a trois cases. Elle passe ses trois cases.
32:32 Première case, c'est l'impact
32:34 en matière première. Deuxième case, c'est tout ce qui est prix industriel.
32:36 Et après, c'est les services.
32:38 Sur les services, c'est vrai
32:40 que ça reste quand même...
32:42 On le voit dans les commentaires, y compris de la Banque de France.
32:44 On voit que sur les services, ça continue.
32:46 Il continue à y avoir
32:48 des hausses. Donc, du point de vue de l'orthodoxie
32:51 BCE, puisqu'il y a une doctrine,
32:53 on n'est pas du côté
32:55 washingtonien, si j'ose dire,
32:57 c'est cohérent.
32:59 Il n'y a pas de raison de se précipiter,
33:01 même si les marchés demandent, demandent,
33:03 parce que les marchés veulent retourner à la situation.
33:05 Et enfin, dernier point, la BCE a
33:07 quand même tapé des taux
33:09 nominaux négatifs.
33:11 Ce qui n'a jamais été le cas de la Fédérale Réserve.
33:13 Et donc, ils espèrent
33:15 ne pas retourner à cette stratégie
33:17 des taux négatifs.
33:19 Donc, au fond, ils ont plutôt
33:21 envie de ne pas
33:23 rebaisser trop vite
33:25 les taux courts, laisser...
33:27 - De conserver un plateau, quelque part.
33:29 - Voilà. Alors, il va y avoir un peu
33:31 de déperdition sur le marché du travail,
33:33 mais au fond, pas tant que ça. Ça risque
33:35 d'être transitoire, mais ça
33:37 va reprendre probablement sur
33:39 2025, 2026. Donc, là aussi,
33:41 il n'y a pas d'alerte massive.
33:43 Et sur les entreprises,
33:45 c'est vrai qu'il faut l'avoir un petit peu à l'oeil,
33:47 mais le vrai secteur qui souffre
33:49 aujourd'hui, on le voit typiquement en France,
33:51 c'est l'immobilier. - La construction. La construction est à l'arrêt.
33:53 - Oui. Là, pour d'autres, probablement,
33:55 il n'y a pas que des raisons de politique
33:57 monétaire. Il y a peut-être aussi des caractéristiques
33:59 très endogènes
34:01 à la réglementation, à l'organisation
34:03 du marché de l'immobilier. On ne va pas rentrer dans ce débat.
34:05 - Non, non. C'est quand même aussi en Allemagne,
34:07 enfin, il y a quand même beaucoup de pays en Europe
34:09 où on a quand même le secteur de la construction qui...
34:11 - Oui, mais on n'a pas un immobilier aussi
34:13 décalé, si j'ose dire.
34:15 - Non, non.
34:17 - Et donc, moi, j'ai plutôt l'impression que...
34:19 Pourtant, je ne suis pas un défenseur de la BCE.
34:21 Là, je vais me retrouver à la défendre.
34:23 Mais j'ai plutôt l'impression
34:25 qu'au fond, le retard qu'elle a eu à l'allumage,
34:27 elle a de bonnes raisons de le garder.
34:29 Par contre, tu as raison. Si on avait
34:31 une accélération sur la correflation...
34:33 L'observation que tu fais sur la correflation est
34:35 vraiment juste et pertinent. Donc, si on avait
34:37 une accélération de ce point de vue-là,
34:39 à ce moment-là, elle pourrait prendre...
34:41 Mais je ne sens pas avoir cette audace-là, parce qu'à ce moment-là,
34:43 on verrait sur les devises un mouvement
34:45 de change. On commence à le voir, d'ailleurs.
34:47 On voit que sur les changes,
34:49 là, on le voit,
34:51 l'euro a tendance à s'effriter
34:53 contre dollars.
34:55 - Contre dollars, oui.
34:57 - Bon, ça nous dit bien. Et pourtant, les anticipations
34:59 de... - On est pareil.
35:01 Enfin, à peu près, sur la BCE.
35:03 - Oui, mais c'est vrai
35:05 que les courbes d'étau sur la
35:07 partie courte se sont plus déformées
35:09 en Europe qu'aux États-Unis.
35:11 C'était resté bien rivé.
35:13 On voit que sur les anticipations 3 mois,
35:15 9 mois, et malgré
35:17 ça, malgré le fait que
35:19 les forwards ont été revus à la hausse,
35:21 on a quand même une dégradation de la parité
35:23 euro/dollar. - Valentine Hénouz
35:25 ou Xavier de Burennes, pour répondre à Xavier Patrolin,
35:27 vous complétez. - Je suis complètement d'accord.
35:29 C'est une vraie question de "risk management".
35:31 C'est vraiment... Après, chacun peut choisir
35:33 son camp, c'est la petite proposition,
35:35 mais c'est une vraie question de "risk management".
35:37 Aujourd'hui, on a une inflation
35:39 qui, évidemment, plus tirée par les prix de l'énergie,
35:41 plus tirée par les perturbations sur les chaînes de production,
35:43 c'est vraiment maintenant une inflation sur les services
35:45 et les salaires. Maintenant, est-ce que les salaires,
35:47 c'est les gains de pouvoir d'achat
35:49 parce que les salaires réels sont positifs,
35:51 est-ce que ça va permettre de relancer l'économie,
35:53 est-ce que ça va soutenir l'inflation ?
35:55 La question, c'est est-ce que les hausses de salaire
35:57 qu'on a aujourd'hui sont le résultat
35:59 d'un marché du travail qui est tendu
36:01 ou est-ce que les hausses des salaires sont le résultat
36:03 d'une inflation headline ?
36:05 - Bien sûr, oui.
36:07 - Et si c'est cette solution ?
36:09 Et donc ça, c'est pas évident de débattre,
36:11 c'est pas forcément évident de tirer une conclusion.
36:13 D'ailleurs, les membres de la BCE
36:15 s'interrogent et essayent
36:17 de savoir de quel
36:19 des deux camps se situe
36:21 la croissance des salaires. Mais si l'inflation des salaires
36:23 est juste le résultat d'une hausse
36:25 de l'inflation passée, oui, la BCE devrait
36:27 déjà, dès aujourd'hui, baisser ses taux.
36:29 Par contre, si c'est le résultat d'un marché de l'emploi
36:31 qui est plus tendu, de conditions
36:33 structurelles, on voit les conditions structurelles sur les marchés
36:35 de l'emploi qui changent à cause, notamment,
36:37 du vieillissement de la population. Voilà.
36:39 Le débat, aujourd'hui, c'est une question
36:41 de manager ce risque
36:43 et notamment au niveau des salaires
36:45 et des changements structurels sur le marché de l'emploi.
36:47 - Xavier de Buren, un mot en réaction
36:49 ou on passe aux stratégies de marché ?
36:51 - Non, je suis tout à fait d'accord. Et une autre façon de le voir
36:53 pour illustrer un peu cette dynamique, c'est du
36:55 côté du pouvoir
36:57 de fixation des prix des entreprises. Et on voit
36:59 qu'au fur et à mesure des publications,
37:01 la capacité
37:03 à augmenter toujours les prix,
37:05 elle est en train de s'arrêter, voire de diminuer.
37:07 Donc, on voit vraiment que c'est l'effet
37:09 de l'inflation passé que
37:11 les entreprises sont en train de revoir et
37:13 commencent à être obligées de baisser des prix
37:15 parce qu'on ne peut plus justifier d'avoir des niveaux
37:17 de prix comme ça, qui avaient beaucoup
37:19 augmenté pour gommer les effets d'inflation.
37:21 - Et alors, justement, en parlant de niveau de prix,
37:23 je vous propose de changer de sujet, Xavier de Buren.
37:25 S&P 500 a 5000
37:27 points aux Etats-Unis,
37:29 tirés notamment par les Seven
37:31 Magnificent. On entend
37:33 souvent qu'elles sont trop chères, les Seven Magnificent, mais en même temps,
37:35 elles continuent à délivrer de la performance,
37:37 que ce soit en termes de résultats d'entreprise
37:39 ou en termes de progression boursière.
37:41 Sont-elles trop chères alors qu'elles sont
37:43 au plus haut, Xavier de Buren ?
37:45 - La clé est finalement dans la croissance
37:47 des bénéfices par action, qui est le fondamentaux
37:49 des marchés actions.
37:51 Les investisseurs actions, ils doivent
37:53 acheter des entreprises qui voient
37:55 le bénéfice par action qu'augmentent. C'est comme ça
37:57 qu'on crée de la valeur. Et du côté
37:59 des Seven Magnificent américaines,
38:01 pas toutes, parce qu'on peut
38:03 mettre Tesla de côté,
38:05 mais il y a une vraie
38:07 création de bénéfices
38:09 qui croient
38:11 d'un trimestre à l'autre.
38:13 Et ça, c'est la clé. Et si on fait le
38:15 rapport dans
38:17 l'analyse financière, il y a un ratio qui s'appelle
38:19 le PEG, qui est le PE revenu sur la
38:21 croissance des bénéfices par action attendue,
38:23 c'est pas très cher
38:25 compte tenu de la dynamique de croissance. On a des
38:27 PE qui sont élevés, mais si vous avez vos bénéfices
38:29 par action qui ont des croissances de
38:31 50-60%,
38:33 finalement quand vous avez un PE
38:35 qui est de 60 fois,
38:37 votre PEG est de 1, et ça, ça veut dire
38:39 que vous n'êtes pas très cher compte tenu de la
38:41 croissance que vous avez. Donc c'est
38:43 une autre façon de le voir,
38:45 et de se dire, finalement,
38:47 quand on a cette dynamique de croissance
38:49 qui continue à être ce qu'elle est,
38:51 c'est pas très cher. Ce qu'il faut,
38:53 c'est qu'aujourd'hui, il y en a sans doute qui sont
38:55 valorisés à la perfection,
38:57 et que si on voit
38:59 finalement des croissances de bénéfices
39:01 par action qui ne se passent pas comme ce que le marché
39:03 anticipe, c'est là où ça pourra
39:05 décevoir. Et Tesla,
39:07 on est le meilleur exemple. C'est-à-dire qu'il y avait des
39:09 anticipations sur une croissance solide
39:11 et soutenue qui allait continuer trimestre
39:13 après trimestre, et bien on voit que
39:15 les difficultés que Tesla a
39:17 pour tenir ses objectifs, qui s'est lancée
39:19 dans une guerre des prix, etc.,
39:21 on ne justifie plus des niveaux de valorisation
39:23 qu'on pouvait avoir avant.
39:25 - Je reste sur mon S&P
39:27 500 à 5000 points. Ça pouvait être
39:29 l'objectif annuel
39:31 pour l'indice à fin
39:33 d'année 2024. On est à peine au début
39:35 février 2024. Est-ce que la performance
39:37 est faite, ou est-ce qu'il faut du coup s'attendre
39:39 à encore une très belle année sur
39:41 les marchés actions, notamment américains ?
39:43 - C'est très difficile à dire, parce qu'encore
39:45 une fois, on a dit le cercle vertueux est en place.
39:47 Là où on va faire
39:49 de la performance, ça va être sur la sélectivité,
39:51 sur le stock picking,
39:53 sur le choix des valeurs.
39:55 Il va falloir jongler
39:57 entre des valorisations élevées
39:59 ou d'autres sociétés qui sont
40:01 sans doute un peu en retard, qui sont sur des niveaux
40:03 de valorisation qui sont très attractifs
40:05 compte tenu de leurs
40:07 fondamentaux. Et il y a toujours
40:09 un moment où il y a un retour à la moyenne.
40:11 Les entreprises qui sont à la traîne
40:13 mais de très bonne qualité, soit elles sortent de bourse,
40:15 comme vous l'avez dit, des gens qui sont
40:17 très belles pour mettre la main sur des entreprises
40:19 de très bonne qualité. Et il faut
40:21 s'attendre cette année aussi à voir des
40:23 rattrapages qui vont se faire pour gommer
40:25 un peu les exagérations qu'on a dans les deux sens.
40:27 - L'émission touche bientôt
40:29 à sa fin. On va continuer avec vous, Xavier de Buren.
40:31 On va faire un petit tour. Qu'est-ce que vous regardez actuellement
40:33 sur les marchés financiers ? De quoi est-ce qu'on n'a pas
40:35 parlé aujourd'hui, qui mérite un intérêt
40:37 particulier des investisseurs ?
40:39 - En termes d'allocations, c'est vrai qu'il y a
40:41 toujours des
40:43 rendements à aller chercher sur la partie
40:45 obligatoire. On peut construire des stratégies qui permettent
40:47 d'embarquer
40:49 du rendement. Ça, c'est sans doute
40:51 très intéressant en termes de diversification.
40:53 Après, il y a toujours
40:55 on parlait des
40:57 parties de la cote qui ne sont pas très chères.
40:59 C'est vrai que les petites et moyennes capitalisations,
41:01 on avait cru à enfin un rebond
41:03 en fin d'année.
41:05 - Elles ont connu beaucoup d'optimisme ces small et mid,
41:07 mais la question c'est quand est-ce que ça se matérialise ?
41:09 - Quelques fois plus longtemps que d'habitude, deux mois.
41:11 En termes de flux, on voit que ce n'est pas
41:13 encore là, mais c'est sûr qu'on peut
41:15 s'interroger pour être un peu contrariant
41:17 sur la Chine, par exemple,
41:19 qui est sur un niveau de valorisation
41:21 qui interroge quand même.
41:23 Donc, se poser la question,
41:25 de rester sur des valeurs de très bonne qualité,
41:27 qui vont profiter encore une fois de la baisse
41:29 des taux, qui est favorable globalement pour les actions,
41:31 mais encore plus pour les sociétés
41:33 de croissance qui avaient un peu souffert
41:35 sur ces hausses de taux.
41:37 Et ensuite,
41:39 saisir des opportunités à être un peu contrariant
41:41 si on a un horizon d'investissement
41:43 assez long
41:45 pour aller récupérer
41:47 des secteurs sur des valorisations
41:49 qui sont attractives.
41:51 - Valentine Enouz, même question, qu'est-ce que vous regardez
41:53 à l'heure actuelle sur les marchés
41:55 qu'on n'aurait pas déjà évoqués
41:57 ou qui méritent une attention particulière ?
41:59 - Moi je suis d'accord, il y a des opportunités formidables
42:01 sur le marché obligataire, évidemment.
42:03 Après des années
42:05 où on a parlé de la recherche de rendement désespéré,
42:07 on a dit "on l'a rendu".
42:09 Il est là, et là il faut quand même en profiter.
42:11 Et on voit que c'est un avis
42:13 qui est assez consensuel, quand on regarde
42:15 les flux aujourd'hui qui se dirigent
42:17 sur la classe d'actifs du crédit,
42:19 que ce soit l'investment grade, les noms bien notés,
42:21 mais aussi les noms plus risqués comme les noms du
42:23 Aïld, il y a énormément de flux.
42:25 Donc si on regarde en termes
42:27 de spread, c'est vrai que c'est un peu cher,
42:29 mais si on regarde en termes de rendement,
42:31 eh bien ces noms restent
42:33 attractifs et
42:35 ils vont être portés par les facteurs techniques
42:37 et les fondamentaux, même s'ils se détériorent.
42:39 Ils se détériorent, comme on a expliqué
42:41 au début de l'émission, mais à partir de niveaux qui sont
42:43 solides. Donc la seule chose qui pour moi
42:45 remettrait en cause cette recommandation
42:47 positive de se positionner
42:49 aujourd'hui sur les noms du crédit qui ont des fondamentaux
42:51 solides, c'est s'il y a une trajectoire
42:53 de l'inflation
42:55 qui est moins attrayante.
42:57 On n'a pas une inflation qui revient à 2%,
42:59 un horizon de temps proche.
43:01 D'où l'importance de ce chiffre de demain,
43:03 mais évidemment des chiffres des mois suivants.
43:05 - Et du marché du travail.
43:07 - Exactement.
43:09 Xavier Patrolin, même question.
43:11 Qu'est-ce que vous regardez sur les marchés ? De quoi n'a-t-on pas parlé ?
43:13 Effectivement la Chine, c'est peut-être un sujet aussi, mais...
43:15 - Ouais, on peut parler
43:17 de deux choses, Sam Altman
43:19 et la Chine. Pour moi, la Chine rentre dans
43:21 un hiver démographique
43:23 et donc il ne faut surtout
43:25 pas y toucher parce que
43:27 c'est une situation à la japonaise,
43:29 mais à la dimension de la Chine. Donc on a
43:31 une trappe à liquidité,
43:33 une bulle immobilière qui se dégonfle
43:35 et beaucoup de vendeurs.
43:37 L'épargne en chinois, qui n'a pas de
43:39 système de retraite et qui vieillit.
43:41 Donc, qui va se mettre en face ?
43:43 Je ne conseille pas aux gens d'aller
43:45 se mettre en face, en plus il y a
43:47 le Parti Communiste chinois qui a une seule idée en tête,
43:49 c'est empêcher que la grande révolution
43:51 se déroule entre ceux qui
43:53 touchent 1 dollar par jour et ceux qui
43:55 ont des revenus annuels de 25 000 ou 30 000
43:57 dollars par an. Donc,
43:59 à mon avis,
44:01 il ne faut pas y toucher. Et par contre,
44:03 c'est une discussion un peu de café du
44:05 commerce, mais
44:07 sa déclaration, enfin reprise
44:09 dans le Wall Street Journal la semaine dernière, nous dit
44:11 qu'il y a une révolution qui est en train, la 4ème peut-être
44:13 révolution industrielle ou la 3ème
44:15 révolution 2.0 qui se met
44:17 en mouvement
44:19 et que celle-là, elle est absolument systémique
44:21 et que c'est une espèce
44:23 d'affrontement entre
44:25 l'empire du milieu et, si je vous dire,
44:27 le camp occidental, qu'on cherche à solidifier
44:29 beaucoup de choses. Et je trouve qu'elle a
44:31 une petite vertu, elle nous indique
44:33 peut-être, alors il faudra le voir dans les prochains
44:35 trimestres ou prochaines années, que l'intégration
44:37 verticale est en train de revenir. Vous savez,
44:39 on a vécu pendant 30 années dans la désintégration
44:41 verticale, les conglomérats
44:43 ont une mondialisation heureuse
44:45 où on pouvait faire du picking à Internet
44:47 et puis on avait, on commandait
44:49 le 747, vous livrez les
44:51 pièces détachées le lendemain chez vous.
44:53 Peut-être que ça, c'est en train de changer et que les
44:55 parfilières ont recréé de l'intégration
44:57 verticale pour sécuriser toute une série
44:59 de processus de production
45:01 industrielle. On l'a vu
45:03 chez Tesla, on l'a vu chez
45:05 d'autres acteurs qui remontent
45:07 dans la chaîne de valeur pour solidifier, pour
45:09 ne pas partager cette valeur ajoutée
45:11 aussi parce qu'il y a beaucoup d'investissements.
45:13 Alors ça, Madman, c'est quelque chose de gigantesque,
45:15 7 000 milliards, c'est évidemment monstrueux,
45:17 mais ça nous dit qu'il y a quelque chose qui est en train de se passer
45:19 et qu'on est au tout début. Donc après...
45:21 - C'est un nouveau secteur en lien avec l'intelligence artificielle du groupe.
45:23 - Mais c'est pas un nouveau secteur,
45:25 ça va redessiner
45:27 l'économie mondiale puisque,
45:29 si je comprends bien l'article du Wall Street Journal,
45:31 c'est pas uniquement les semis conducteurs,
45:33 c'est l'énergie, c'est le cloud,
45:35 c'est toute la chaîne.
45:37 Et on voit qu'il faut mettre tout ça
45:39 ensemble et
45:41 donc c'est un vrai défi intéressant.
45:43 Après, en stratégie d'investissement,
45:45 j'ai évidemment pas la réponse. Mais en tout cas, il faut y réfléchir
45:47 et le thème de l'intégration
45:49 verticale, il faut le regarder de très près parce que
45:51 je pense que ça va redessiner des rentabilités
45:53 dans toute une série de secteurs
45:55 et des sociétés qui ne sont pas assez
45:57 intégrées verticalement, et
45:59 c'est typiquement le cas des petites et moyennes
46:01 valeurs, qui par construction ne sont jamais
46:03 intégrées verticalement,
46:05 pourraient connaître, pour certaines d'entre elles,
46:07 des difficultés à l'avenir.
46:09 Donc il faut...
46:11 regarder, c'est un peu trop tôt pour...
46:13 - On peut opposer en intégration aussi
46:15 Airbus et Boeing, avec Airbus
46:17 qui a réussi une parfaite intégration de toute sa chaîne
46:19 de production et de valeur
46:21 avec une très bonne maîtrise, et on voit les déboires
46:23 techniques et technologiques de Boeing
46:25 qui montrent les limites
46:27 d'une mauvaise intégration.
46:29 - Oui, c'est un très bon exemple. - On finira là-dessus
46:31 Mesdames, Messieurs, Xavier de Buren
46:33 directeur des investissements chez OTA Capital
46:35 Valentin Hénouz, responsable stratégie fixe income
46:37 chez Amundi Institute, et merci
46:39 Xavier Patrolin, président d'Albatros Capital
46:41 et quant à nous, on se retrouve tout de suite dans
46:43 Marché Athème.
46:45 [Musique]
46:53 - Et nous enchaînons avec le dernier
46:55 quart d'heure de Smart Bourse, un quart d'heure
46:57 thématique qui, comme tous les lundis
46:59 est un quart d'heure américain
47:01 avec Pierre-Yves Dugas, correspondant donc
47:03 américain de Smart Bourse, qui revient
47:05 sur la campagne électorale
47:07 qui se dessine aux Etats-Unis
47:09 avec un duel qui semble se former, un duel
47:11 Joe Biden - Donald Trump.
47:13 [Musique]
47:15 - Alors, on est
47:19 probablement au début de ce qui
47:21 va être la plus longue
47:23 campagne présidentielle
47:25 de l'histoire de l'Amérique, puisqu'on pense
47:27 que maintenant, Donald Trump
47:29 aura l'investiture républicaine
47:31 on ne voit pas très bien comment
47:33 Nikki Haley pourrait décrocher
47:35 cette investiture, il y a toujours des
47:37 possibilités
47:39 pour que, bien sûr,
47:41 compte tenu des multiples problèmes
47:43 judiciaires
47:45 qui frappent Donald Trump, qu'on ait
47:47 un chambardement,
47:49 mais Donald Trump
47:51 sera candidat et
47:53 Joe Biden n'a pas d'adversaire
47:55 donc,
47:57 vraisemblablement, c'est ce duel
47:59 auquel nous allons assister,
48:01 un duel que les américains
48:03 ne souhaitent pas.
48:05 Et on avait au cours des derniers jours
48:07 ce que j'appellerais
48:09 une espèce de sortie de rail
48:11 assez stupéfiante du point de vue
48:13 médiatique, qui oblige
48:15 une presse américaine qui est largement
48:17 acquise à Joe Biden
48:19 à parler d'un sujet qui,
48:21 jusqu'à présent, n'était pas un sujet
48:23 que la presse
48:25 démocrate souhaitait mettre en avant,
48:27 à savoir celui du vieillissement
48:29 inquiétant et des difficultés
48:31 d'expression, des difficultés
48:33 de rapport avec la réalité que
48:35 semble présenter et que présente.
48:37 Il faut le dire,
48:39 Joe Biden, qui est un monsieur
48:41 de 81 ans,
48:43 qui à l'occasion de la publication
48:45 d'un rapport
48:47 qui écartait
48:49 la possibilité qu'il soit poursuivi
48:51 pour l'utilisation de documents ultra-secrets
48:53 qu'il avait gardés chez lui,
48:55 à l'occasion de ce rapport
48:57 qui écarte ces poursuites,
48:59 a, disons-le,
49:01 piqué une colère en direct au cours
49:03 d'une conférence de presse,
49:05 conférence de presse,
49:07 dans laquelle il a insisté pour dire
49:09 "Mais non, je n'ai aucun problème de mémoire,
49:11 la conclusion du procureur spécial,
49:13 selon laquelle on ne doit pas
49:15 mettre en cause
49:17 ma bonne foi,
49:19 parce que je suis
49:21 un vieux monsieur qui ne sait plus très bien
49:23 où il en est et qu'aucun jury ne va me condamner,
49:25 voilà, qui est diffamatoire,
49:27 qui ne correspond pas à la réalité.
49:29 Et ensuite,
49:31 Joe Biden, en direct,
49:33 est parti
49:35 dans des considérations
49:37 qui ont montré que précisément
49:39 sa mémoire lui faisait défaut
49:41 et on est un peu au-delà du simple
49:43 lapsus où l'on peut confondre
49:45 Emmanuel Macron
49:47 et François Mitterrand,
49:49 mais une fois de plus, Joe Biden a semblé
49:51 être un monsieur fatigué,
49:53 ce qui va lui poser un problème
49:55 dans cette longue campagne. Et au même moment,
49:57 ou quelques heures plus tard,
49:59 l'autre candidat vraisemblable,
50:01 celui des Républicains,
50:03 Donald Trump,
50:05 a tenu des propos stupéfiants
50:07 en sortant de son script,
50:09 propos, en gros,
50:11 qui disent "si les Européens
50:13 ne veulent pas davantage payer pour se défendre
50:15 militairement, je vais sortir
50:17 de l'OTAN". Alors là,
50:19 c'est le choc dans les capitales européennes,
50:21 on sait que déjà
50:23 depuis qu'il
50:25 avait été élu
50:27 pour diriger les Etats-Unis, Donald Trump
50:29 n'est pas l'OTAN, qu'il considère que l'Amérique
50:31 dépense trop d'argent pour
50:33 défendre les Européens et que les
50:35 Européens en profitent pour être extrêmement
50:37 agressifs d'un point de vue commercial à l'égard
50:39 des Etats-Unis, Donald Trump
50:41 est en train de donner un grand coup de pied dans la fourmilière
50:43 et cela fait monter au créneau
50:45 les éléments du Parti
50:49 Républicain qui
50:51 pourraient s'accorder de
50:53 Donald Trump, mais qui n'aiment pas
50:55 Donald Trump fondamentalement parce que ce sont
50:57 encore des Républicains, je dirais
50:59 internationalistes dans la tradition
51:01 disons de Ronald Reagan,
51:03 le sénateur Rubio de Floride,
51:05 le sénateur Graham de Caroline
51:07 du Sud, le Wall Street
51:09 Journal qui est dans un éditorial ce
51:11 matin, est extrêmement
51:13 critique, encore plus que d'ordinaire,
51:15 des propos tenus par Donald Trump
51:17 visant à dire "écoutez, l'OTAN,
51:19 on va s'en aller
51:21 de l'OTAN parce que les Européens ne veulent pas
51:23 payer". Alors la seule explication
51:25 rationnelle
51:27 que l'on pourrait trouver à cette sortie
51:29 spectaculaire de Donald Trump
51:31 sur l'OTAN serait de
51:33 dire
51:35 c'est un moyen
51:37 comme il l'a fait à l'égard de la Chine en matière
51:39 commerciale de placer très très haut la barre
51:41 de faire peur aux Européens dès
51:43 maintenant pour être en position de force
51:45 en vue de négocier, dans l'hypothèse
51:47 où il était élu le 5 novembre,
51:49 de négocier une redistribution
51:51 de la manière dont on finance
51:53 les dépenses militaires en Europe.
51:55 En conclusion de ce premier
51:57 chapitre, Pierre-Yves Dugas,
51:59 on est face à un duel,
52:01 vous nous l'avez dit, dont les Américains ne veulent pas,
52:03 mais dont on a du mal à trouver un éventuel
52:05 plan B aujourd'hui, si je comprends bien.
52:07 Alors je dirais
52:09 ces deux sorties de rail
52:11 reposent le problème
52:13 qui est évident dans les sondages
52:15 du manque de popularité
52:17 de ces deux candidats
52:19 qui ont besoin l'un de l'autre
52:21 en plus, c'est ça qui est extraordinaire.
52:23 Joe Biden ne sera pas élu si
52:25 Donald Trump n'est pas en face de lui
52:27 et il est peu probable
52:29 que Donald Trump
52:31 puisse triompher si
52:33 il avait en face de lui
52:35 quelqu'un de plus jeune que Joe Biden.
52:37 On ne voit pas du tout côté
52:39 démocrate quel candidat pourrait
52:41 remplacer Joe Biden.
52:43 En revanche, on ne doit pas
52:45 écarter la possibilité
52:47 de l'arrivée
52:49 d'un troisième candidat
52:51 qui soit ni républicain
52:53 ni démocrate et que l'on ait une triangulaire.
52:55 Nous en avons déjà parlé
52:57 ici. Joe Manchin
52:59 qui est un démocrate
53:01 centriste, plus que jamais
53:03 est sur les starting blocks
53:05 et pourrait
53:07 - mais il faut qu'il le fasse vite -
53:09 pourrait nous annoncer d'ici
53:11 quelques semaines qu'il a l'intention
53:13 d'avoir les comités nécessaires
53:15 dans les 51 Américains pour se présenter
53:17 comme troisième candidat.
53:19 Généralement, ces scénarios-là
53:21 ne sont pas
53:23 favorables au troisième candidat
53:25 mais cette année, tout peut basculer
53:27 parce que les deux candidats
53:29 "favoris"
53:31 selon les électeurs qui votent dans les primaires
53:33 sont en fait des candidats
53:35 qui, pour l'opinion générale, ne sont pas populaires.
53:37 Nouveau sujet
53:39 avec vous, Pierre-Yves Dugas,
53:41 toujours aux Etats-Unis.
53:43 De nouveaux cris d'alarme sur l'endettement
53:45 des Etats-Unis émergent
53:47 et vous dites que ça ne
53:49 ne semble pas inquiéter grand monde.
53:51 - Non, c'est ça qui est stupéfiant, c'est un petit peu
53:53 comme en France d'ailleurs.
53:55 Le sur-endettement, on aime en parler
53:57 sur Bismarck,
53:59 dans quelques autres médias
54:01 mais dans les campagnes électorales
54:03 on n'en parle pas beaucoup.
54:05 Le Congressional Budget Office,
54:07 qui est le bureau du Congrès
54:09 qui est chargé de faire de l'analyse
54:11 économique et budgétaire
54:13 sur les recettes et sur les dépenses
54:15 qui n'est pas un organisme
54:17 partisan, qui n'a pas
54:19 à obéir ni au Speaker de la Chambre
54:21 ni à la Maison-Blanche, bien entendu,
54:23 fait comme le veut la loi,
54:25 publie régulièrement
54:27 des estimations de l'endettement à court terme
54:29 et des problèmes budgétaires
54:31 que les Etats-Unis vont devoir résoudre.
54:33 Au même moment où, une fois
54:35 de plus, le CBO tire la sonnette
54:37 d'alarme en disant
54:39 le niveau d'endettement et le déficit
54:41 budgétaire américain continue de se creuser
54:43 et ça n'est pas soutenable,
54:45 on ne peut pas continuer comme ça
54:47 pendant des années, d'autres voix
54:49 se sont élevées pour le faire.
54:51 Jerome Powell, auquel la chaîne CBS
54:53 avait dimanche dernier
54:55 posé la question, l'a redit,
54:57 il l'avait dit de manière explicite
54:59 devant l'Economic Club de New York
55:01 au mois d'octobre.
55:03 Monsieur Tudor Jones,
55:05 un des géants de l'industrie
55:07 des hedge funds,
55:09 a dit également, exactement dans les mêmes termes,
55:11 il va falloir que
55:13 on fasse quelque chose.
55:15 Quelques chiffres pour vous donner quand même une idée
55:17 de l'aggravation de la situation.
55:19 Le poids
55:21 du paiement
55:23 des intérêts
55:25 pour l'oncle Sam, c'est plus
55:27 de 2 milliards de dollars par jour.
55:29 D'ores et
55:31 déjà, la charge de la dette
55:33 dépasse le poids
55:35 des dépenses militaires.
55:37 On est pratiquement à 900 milliards de dollars.
55:39 Il est stupéfiant que
55:43 dans ce contexte-là,
55:45 on ne parle pas de cette question
55:47 dans cette campagne électorale.
55:49 La réponse que donnent les républicains
55:51 est toujours la même depuis 25 ans.
55:53 C'est de dire, oui, il y a un déficit
55:55 budgétaire, ce n'est pas bien,
55:57 mais c'est parce que l'État fédéral
55:59 dépense trop.
56:01 Les démocrates disent, c'est parce
56:03 qu'on ne taxe pas assez les riches.
56:05 Ces deux explications
56:07 pouvaient suffire
56:09 à résoudre le problème il y a 25 ans,
56:11 mais ça n'est plus possible aujourd'hui.
56:13 Il va falloir, non seulement réduire
56:15 les dépenses, mais aussi
56:17 augmenter les recettes.
56:19 La division
56:21 partisane à Washington
56:23 est telle que
56:25 ni les électeurs républicains
56:27 ni les électeurs démocrates ne sont prêts
56:29 à entendre ce discours.
56:31 Si je comprends bien, ce n'est pas cette année
56:33 que l'on verra le sujet
56:35 de l'endettement des États-Unis dans la campagne électorale,
56:37 Pierre-Yves Dugas ?
56:39 On l'entendra sous
56:41 l'angle partisan, les démocrates
56:43 disant la seule solution, c'est de faire
56:45 payer les milliardaires, et les
56:47 républicains disant la seule solution,
56:49 c'est de réduire le nombre de fonctionnaires.
56:51 Si le déficit budgétaire
56:53 se creuse, si l'endettement américain
56:55 augmente à un rythme qui
56:57 échappe à tout contrôle, c'est malheureusement
56:59 parce que
57:01 pratiquement 75%
57:03 des dépenses fédérales
57:05 échappent au contrôle du Congrès
57:07 et elles interviennent
57:09 dans la catégorie des dépenses
57:11 dites automatiques, c'est-à-dire
57:13 les budgets sociaux, la retraite, la santé,
57:15 social security, Medicare, Medicaid,
57:17 et le poids des intérêts.
57:19 Si l'on supprime
57:21 Washington, on ne résout pas
57:23 le problème du déficit budgétaire américain,
57:25 et c'est pourtant
57:27 le discours que tiennent les républicains
57:29 et le discours des démocrates qui consiste
57:31 à dire "on va augmenter les impôts
57:33 des riches, comme par hasard, à chaque fois
57:35 qu'on augmente les impôts des riches, on augmente mes impôts".
57:37 Moi, je ne me savais pas riche.
57:39 Voilà, c'était le quart d'heure américain
57:45 dans Smartbourse, un quart d'heure
57:47 avec Pierre-Yves Dugas, correspondant
57:49 américain de Smartbourse. Merci
57:51 à tous de nous avoir suivis,
57:53 et on se retrouve demain à la même heure
57:55 sur Bsmart.
57:57 [Musique]
57:59 [Musique]

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