RL vous aide à décortiquer le projet Imec, pour India-Middle East-Europe Economic Corridor, un projet de route commercial titanesque qui devrait voir le jour dans les prochaines années, une sorte de nouvelle route de la soie, 4.800 km destiné au commerce entre la France, le Moyen-Orient et l'inde. Emmanuel Macron vient de nommer l'ancien patron de Suez et de Engie, Gérard Mestrallet.
Regardez L'invité de RTL Soir du 13 février 2024 avec Julien Sellier.
Regardez L'invité de RTL Soir du 13 février 2024 avec Julien Sellier.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL bonsoir jusqu'à 20h.
00:08 Bonne fin de journée, 18h42 RTL bonsoir, c'est votre émission, elle continue et voici notre invité maintenant pour tout comprendre.
00:15 Ce soir on va essayer un peu de décortiquer le projet Imec, ça vous dit peut-être rien mais il s'agit d'un projet de route commerciale titanesque qui devrait voir le jour d'ici quelques années.
00:25 Une nouvelle route de la soie, 4800 km destinée au commerce entre la France, le Moyen-Orient et l'Inde. Un projet parfois surnommé de canal de Suisse du 21e siècle.
00:34 Projet titanesque, c'est le terme qui est assez fascinant sur le papier. A quoi va servir cette route ? Qu'est-ce qu'on peut y transporter ? Est-ce qu'elle est réalisable dans le contexte actuel ?
00:43 Et pour comprendre, on reçoit ce soir justement Gérard Mestralet, ancien patron d'Engil, il vient d'être nommé par Emmanuel Macron, représentant de la France dans ce projet. Bonsoir.
00:52 - Bonsoir. - Alors première question pour vous, ce projet a vu le jour en septembre dernier je crois. On parle d'un corridor, qu'est-ce que ça veut dire ? Est-ce que c'est une route, un train, un bateau ? Qu'est-ce que c'est ?
01:02 - Bon c'est un peu tout ça d'abord. Bonsoir. Ce sera des bateaux entre l'Inde et la péninsule arabique. Ce sera des lignes de chemin de fer, des gazoducs, de la fibre optique sur le continent arabique.
01:18 Et ensuite ce sera à nouveau encore des bateaux jusque à l'Europe et à partir des ports européens ce sera à nouveau des moyens de transport terrestres.
01:26 Donc c'est un énorme projet, c'est la nouvelle route des Indes si vous voulez, ou encore le canal de Suèze.
01:33 - Et sur cette route des Indes, est-ce que les lignes de voies ferrées, les canaux fluviaux existent déjà ou alors tout est à imaginer et à construire ?
01:41 - Non, tout n'est pas à construire. Par exemple, entre l'Inde et l'Arabie, l'Arabie Saoudite et les Émirats, il y a déjà des flux commerciaux par bateau.
01:52 Bien entendu, l'objectif c'est d'accélérer, d'intensifier et de créer une relation assez unique, de très grande dimension, pour solidariser les pays qui vont depuis l'Ouest de l'Europe,
02:07 c'est-à-dire depuis la Bretagne jusqu'à l'Est de l'Inde, c'est-à-dire le Bangladesh. On couvre là la moitié du tour de la planète.
02:18 Et l'objectif c'est de créer entre tous ces pays des échanges accrus, des flux de marchandises, des flux énergétiques, des flux également de communication, de data,
02:31 parce qu'il y aura de la fibre optique terrestre sur le continent arabique et sous-marin en Méditerranée.
02:38 - Pourquoi la fibre optique d'ailleurs ? Ça va servir à quoi très concrètement ?
02:41 - À accélérer les échanges de communication et d'échanges de données. Si vous solidarisez, si vous intensifiez considérablement les échanges de marchandises et d'alors de personnes,
02:52 les flux de personnes ne sont pas concernés par ces infrastructures-là, ça restera le transport aérien.
02:58 Mais il y aura davantage d'échanges, de communication, de vidéos, de données, de stocks de données, et pour ça il faut des transports digitaux à très haute capacité.
03:12 Et la fibre optique a cette capacité.
03:14 - Pourquoi une nouvelle route des Indes ? En quoi c'est nécessaire aujourd'hui ?
03:18 Il n'est pas assez dynamique ce commerce aujourd'hui entre l'Europe, l'Inde, le Moyen-Orient ?
03:23 - Non, pas assez dynamique. Il peut être considérablement accru.
03:28 C'est un projet économique, ça ne nous aurait pas échappé, un projet aussi totalement géostratégique.
03:35 - Oui c'est ça, il y a des enjeux aussi quand même, il y a certains pays aujourd'hui sur lesquels on ne peut plus s'appuyer.
03:41 - Oui, il existe par exemple aujourd'hui, il existait l'idée d'un corridor entre l'Inde, l'Iran, la Zerbaïdjan, contournant la mer Caspienne jusqu'à Moscou et Saint-Pétersbourg.
03:55 Bon, évidemment, un tel projet aujourd'hui, notamment depuis la guerre en Ukraine, devient difficile.
04:00 La route de l'IMEC, cette nouvelle route des Indes, sera davantage sécurisée, elle sera terrestre sur l'ensemble de la péninsule arabique,
04:14 et l'Arabie Saoudite est un pays extrêmement sûr, elle s'éloignera de la zone maritime iranienne,
04:23 et puis elle évitera évidemment ce qu'on constate aujourd'hui, à savoir les attentats sur la mer Rouge, le Yémen, et à l'approche du canal de Suez.
04:34 Donc ce sera un complément au canal de Suez et aux routes existantes, avec la volonté très politique d'intensifier les échanges et de créer un lien entre l'Occident,
04:48 parce que ce projet est totalement soutenu par les Etats-Unis.
04:52 - Vous dites géostratégique, ça veut dire qu'il faut aussi concurrencer les nouvelles routes de la soie chinoise ?
04:58 - Tout le monde le dit, ça n'est pas dans le communiqué officiel, mais on peut raisonnablement le...
05:04 - Dans le communiqué officieux !
05:06 - On peut évidemment le penser. À l'initiative d'ailleurs de ce projet, il y a l'Inde et l'Arabie Saoudite.
05:11 Pour l'Inde, c'est de créer une ouverture vers l'Occident, et puis à un moment où on voit dans le monde entier quand même certaines tentatives,
05:20 consistantes à essayer d'isoler le vieil Occident, c'est-à-dire l'Europe et l'Amérique du Nord,
05:26 au fond, là, on crée un lien qui désenclave, parce qu'il n'est pas encore enclavé, Dieu merci,
05:33 on crée un lien entre l'Occident, le Moyen-Orient et l'Inde.
05:40 - Si on réfléchit...
05:41 - Et l'Asie, en vérité, c'est l'Orient et l'Occident qu'on doit rapprocher, et c'est ce que faisait le canal de Suez.
05:46 J'ai travaillé chez Suez pendant longtemps, donc je suis fortement imprégné de cette philosophie d'ouverture des frontières,
05:57 de créer des solidarités et des liens transversaux Est-Ouest.
06:01 - Si on réfléchit un petit peu égoïstement pour notre pays, qu'est-ce qu'on peut tirer en France d'un tel projet ?
06:05 C'est sans doute une partie de la mission que vous a confiée Emmanuel Macron.
06:08 Vous avez parlé tout à l'heure d'échanges de la Bretagne au Bangladesh.
06:12 Qui peut en profiter ? Les Bretons ? Ou bien on parle beaucoup de Marseille comme tête de pont peut-être de ce projet en France ?
06:18 - Oui, bien sûr. Nous espérons que beaucoup de parties prenantes françaises vont en bénéficier,
06:24 au-delà encore une fois de la dimension géopolitique.
06:28 D'abord, les échanges, donc le commerce, va s'accroître, puisque vous ouvrez des infrastructures,
06:34 vous ouvrez des possibilités supplémentaires, et bien le commerce aura du vide et l'utilisera.
06:41 Deuxièmement, ces infrastructures, alors aucun chiffre officiel n'a été cité,
06:45 mais on lit à droite à gauche 600 milliards de dollars d'investissement,
06:49 il va alors les réaliser.
06:51 Ça va être des ports à construire ou à grandir, sur la côte ouest de l'Inde,
06:57 sur la côte est de la péninsule arabique, en Méditerranée,
07:02 au point de départ de ces marchandises, notamment aux côtés du port d'Haïfa,
07:08 et puis en Europe, au bout, et il y aura effectivement Marseille.
07:13 Ce ne sera pas le seul, si on veut livrer des marchandises en Grèce, on n'ira pas jusqu'à Marseille.
07:17 Par contre, pour toute l'Europe de l'Ouest, l'Europe du Nord, et peut-être la Grande-Bretagne,
07:21 Marseille, évidemment, a des atouts considérables.
07:24 Pour les marchandises, un grand port de conteneurs, mais aussi pour les transports d'énergie.
07:29 GRT-Gaz a construit, à partir de Marseille, du terminal de Fos, des lignes de conduite
07:37 transportant du gaz, qui pourrait être doublée, d'une ligne de transport d'hydrogène.
07:43 L'hydrogène est une matière qui a été ciblée par les créateurs de l'IMEC.
07:49 Merci beaucoup Gérard Mestralet de nous avoir éclairé ce soir sur ce projet IMEC,
07:54 de Nouvelle Route des Indes, en quelque sorte, assez fascinant pour les années à venir,
08:00 pour le représentant de la France dans ce dossier.
08:02 On a une idée d'ailleurs, un calendrier.
08:05 Non, mais ça ira assez vite, peut-être pas partout au même rythme, mais dès les
08:10 prochaines années, certains investissements seront faits, soit dans les ports indiens,
08:14 soit sur la ligne ferroviaire en Arabie Saoudite, rien n'empêche de démarrer tout de suite.
08:18 Merci beaucoup Gérard Mestralet, vous le représentant de la France dans ce dossier,
08:21 nommé par Emmanuel Macron d'avoir été ce soir notre invité pour tout comprendre.
08:25 RTL, bonsoir. La suite c'est tout autre chose, vous allez apprendre en vous amusant
08:28 dans un instant avec le match des infos pour brio-diner entre Isabelle et Valentin,
08:33 et puis après à 19h, la grande invitée, une championnat à découvrir.
08:37 Dans la deuxième heure, elle sera sans doute l'une des stars bleu-blanc-rouge des JO,
08:41 18 ans seulement, prodige de l'escalade.
08:43 Elle s'appelle Loriane Berton et vous allez la découvrir.
08:45 RTL, bon voyage.
08:47 Bouf !
08:47 [SILENCE]