C'est un explorateur qui a traversé 90 pays à vélo, en kayak, à la voile, à pied, en 4L... Mais son exploit XXL, c'était en 2019 : à 26 ans, Matthieu Tordeur est devenu le plus jeune aventurier et le premier Français à rallier le Pôle Sud à ski, en solitaire, sans ravitaillement et sans assistance. Il a raconté cet exploit dans un livre "Le continent blanc" et un documentaire "Objectif Pôle Sud", disponible sur Prime Vidéo par exemple.
Regardez L'invité de RTL Soir du 30 janvier 2024 avec Marion Calais et Julien Sellier.
Regardez L'invité de RTL Soir du 30 janvier 2024 avec Marion Calais et Julien Sellier.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Julien Celié, Marion Calais et Cyprien Sini, RTL bonsoir.
00:08 RTL bonsoir à la deuxième heure avec votre équipe préférée à 19h12.
00:15 Cyprien, Marion, Alex Vizorek, Isabelle et enfilé
00:19 les moufles, le bonnet, les très grosses chaussettes parce qu'on vous emmène ce soir en Antarctique notamment avec notre grande invitée. Bonsoir Mathieu Tordeur.
00:27 Merci d'être avec nous. Vous êtes un explorateur, un conférencier. Vous avez traversé 90 pays alors à vélo, en kayak, à la voile, à pied, en 4L aussi.
00:36 Mais votre exploit XXL c'était en 2019 à 26 ans seulement. Vous êtes devenu le plus jeune aventurier et le premier français à rallier le Pôle Sud à ski en solitaire sans ravitaillement, sans assistance.
00:47 Vous avez raconté cet exploit dans un livre "Le continent blanc" et dans un documentaire "Objectifs Pôle Sud" disponible notamment sur la plateforme Prime Vidéo. Extrait.
00:57 Ah putain j'avance pas !
00:59 Je prends la caméra parce que j'en ai ras le bol.
01:03 Ce matin je me suis réveillé, c'est la tempête, il y a 60 km/h de vent dehors.
01:07 Et là il fait -30°C.
01:09 Alors je sais que vous avez été bercés par les aventures de Tintin et Milou mais quand même, on a envie de vous demander pourquoi, pourquoi se lancer dans un défi aussi fou et aussi froid surtout ?
01:19 C'était un peu l'aboutissement de 10 ans d'aventure, d'expédition qui était d'abord assez amateur parce que comme vous l'avez dit, moi j'ai fait des expéditions à vélo, en kayak, en stop, en 4L.
01:29 Et puis finalement m'est venue l'envie et l'idée de vivre une aventure peut-être plus extrême mais peut-être plus aussi solitaire, plus à l'écoute de moi-même.
01:39 Et j'avais envie de vivre une aventure seule avec moi-même dans un univers, dans un désert aussi grand que peut l'être l'Antarctique.
01:46 Parce que je me disais que c'était vraiment une forme de luxe en fait d'avoir autant de temps pour soi et rien que pour soi.
01:50 Un peu comme les marins qui partent faire le tour du globe, c'est vraiment un moment un peu privilégié.
01:56 Alors c'est quelque chose d'assez personnel mais il y avait cette volonté de me retrouver seul.
02:01 On peut se retrouver seul ailleurs parce que là le lieu est quand même particulier.
02:03 Dès que vous avez ouvert la porte de l'avion, en atterrissant, quand la porte s'ouvre, je crois que vous avez pris de plein fouet le froid, le blanc.
02:10 L'Antarctique, il faut s'imaginer un continent qui est grand comme 28 fois la taille de la France.
02:15 C'est un continent qui est recouvert de glace et de neige.
02:18 Et c'est un univers où il y a un univers très monochrome parce que le ciel est souvent chargé de nuages, il y a de la glace partout.
02:27 Donc on est dans un univers vraiment très différent de ce qu'on peut connaître.
02:31 C'est très stérile aussi, il y a très peu d'odeurs.
02:33 Les animaux sont sur la côte du continent antarctique mais dès qu'on s'éloigne de la côte, il n'y a plus personne.
02:38 Il n'y a aucune faune, aucune flore, il n'y a pas d'arbres, il n'y a pas de roches.
02:40 Enfin, il y a des rochers et des montagnes mais en tout cas sur mon parcours, il n'y en avait pas.
02:44 Donc quand la porte de l'avion s'ouvre, on a l'impression de pénétrer dans un univers vraiment nouveau et un peu alien.
02:51 Alors votre parcours, on va le détailler, plus de 1100 km entre l'ouest de l'Antarctique et le pôle sud, le cœur du continent blanc,
02:59 en tirant un traîneau de 115 kg pendant 50 jours.
03:04 Racontez-nous la logistique. Déjà, c'est bête mais comment on s'habille dans ces conditions ?
03:09 Parce que dans le même temps, on doit avoir chaud quand on fait de l'exercice et en même temps, il fait très très froid.
03:14 Un petit damar !
03:16 Une petite doudoune !
03:18 Non mais la technique, c'est la technique bête et méchante qu'on appelle de l'oignon.
03:22 C'est-à-dire qu'on multiplie les couches et on emprisonne de l'air et c'est ce qui va vous maintenir au chaud.
03:26 Mais là, vous avez raison, c'est que quand vous tirez un traîneau qui pèse 115 kg,
03:29 si vous êtes trop couvert, vous dépensez une telle énergie pour déplacer ce traîneau que vous avez rapidement chaud et vous pouvez transpirer assez rapidement.
03:36 Et il ne faut pas transpirer parce que sinon vous avez froid.
03:38 Parce que si on transpire, les vêtements se mouillent et dès qu'on va s'arrêter, ces vêtements vont geler directement et l'hypothermie ne peut pas être prévente.
03:46 Alors comment on fait ?
03:47 La technique, c'est d'avoir des vêtements avec lesquels on peut ventiler sa température corporelle.
03:56 Ça veut dire avoir des ouvertures sous les bras, des ouvertures sur le côté des jambes.
04:00 Et être toujours du côté confortable du froid, c'est-à-dire la limite du frissonnement.
04:04 Mais pas trop frissonner pour être en contrôle de ses mouvements.
04:09 Mais être dans cet état où on a besoin de s'agiter pour avancer.
04:12 Vous vous entraînez pour supporter ces températures et pour traîner le traîneau d'ailleurs ?
04:16 Je ne m'entraîne pas dans un congélateur et je ne prends pas des mains froides tous les jours.
04:20 Vous avez tiré des pneus au bois de boulogne par exemple ?
04:23 C'était pour simuler la charge que ça allait représenter que d'avoir un traîneau harnaché à la taille avec un harnais.
04:30 Mais pour s'entraîner, on va tout simplement dans les milieux polaires ou dans les Alpes.
04:33 Quand on va en Norvège ou au Svalbard, on peut vraiment s'entraîner à tester ce froid.
04:40 On va se retrouver confronté en Antarctique et c'est essentiel de tester du matériel et de l'équipement qui va résister à ces températures extrêmes.
04:47 Parce que ce que j'utilise ici en France peut ne pas fonctionner à moins de 30 degrés.
04:52 Et puis je vous rappelle qu'en Antarctique, il n'y a pas d'hécatlons.
04:55 Il fallait y penser avant !
04:57 C'est important de s'entraîner.
04:59 D'ailleurs, je reviens à la logistique, vous n'aviez que deux caleçons pour toute l'expédition ?
05:02 Oui, alors ça j'aurais aimé que vous ne l'utilisiez pas.
05:04 À l'antenne, mais oui.
05:06 Moi, je suis parti sans ravitaillement.
05:08 Ça veut dire qu'à partir du moment où je pars de la côte du continent antarctique pour atteindre l'axe de rotation de la Terre, le pôle Sud,
05:13 il n'y a pas de ravitaillement de nourriture.
05:15 Je dois partir avec tout ce dont j'ai besoin.
05:17 Et je suis limité par la quantité de matériel et de nourriture que je peux emporter avec moi.
05:21 Donc il a fallu faire des choix.
05:23 Et le caleçon, il n'y en a pas eu beaucoup.
05:25 Donc dans votre traîneau, il y avait beaucoup de calories.
05:28 10 kilos de chocolat, 5 kilos de salami, 5 kilos de fromage, 5 kilos de beurre, 17 tubes de Pringles et j'en passe, on l'a compris.
05:36 Le menu salade quinoa, c'est assez contre-indiqué pour faire face aux éléments de l'Antarctique.
05:42 En Antarctique, il fait évidemment froid, comme vous le savez.
05:46 Et puis évidemment, cette expédition, c'était un défi, un challenge sportif où là, moi j'allais skier entre 10 et 12 heures par jour.
05:52 Donc la dépense énergétique, elle est incroyable.
05:55 - Skier, on précise qu'en fait, vous marchez avec des skis.
05:57 - Ouais.
05:58 - C'est pas de la descente genre en ski.
05:59 - Non, non, non.
06:00 - C'est un exercice physique.
06:01 - Absolument, il faut me montrer que le pôle Sud, il est à 2835 mètres d'altitude et que moi je pars de la côte du continent, donc environ le niveau de la mer.
06:08 Et puis après, moi c'est vraiment une ascension graduelle, mais une ascension permanente vers le pôle Sud.
06:13 Et comme vous le dites très bien, c'est pas les Alpes, c'est pas de la descente.
06:15 - C'est de la randonnée, vous skiez en randonnée.
06:17 - C'est du ski de randonnée nordique, exactement.
06:18 Et donc moi, pour vous répondre, je mangeais 6500 kcal par jour.
06:21 Donc c'est trois fois...
06:23 - Comme Alex !
06:24 - Y a des kebabs, y a pas de dégâts ?
06:27 - Malheureusement.
06:29 - Vous avez été confronté à plusieurs reprises à des jours blancs.
06:32 Est-ce que vous pouvez expliquer aux auditeurs ce que c'est ?
06:34 C'est quoi ? On ne distingue plus rien ? Le sol, le ciel ?
06:36 - Un jour blanc, c'est un phénomène optique, atmosphérique,
06:41 qui vient annuler tout sens de la perspective, du contraste, du relief, des couleurs aussi.
06:46 Et c'est très perturbant, puisqu'on a beau faire un tour autour de soi,
06:49 on est enveloppé comme dans un nuage blanc, on a un voile blanc devant les yeux.
06:53 - C'est hyper angoissant.
06:55 - Bah ouais, parce qu'on n'arrive plus à anticiper les variations du relief.
06:58 Donc moi, régulièrement, je tombais de ma propre hauteur,
07:01 parce que je ne voyais pas qu'il y avait une petite bosse juste devant moi.
07:04 Et puis ça donne un peu la nausée, parce que notre oreille interne,
07:07 qui définit la manière dont nous on se tient debout dans l'espace,
07:10 elle est perdue. Et donc, rapidement, ça pouvait me donner des sensations de nausée.
07:14 Et le white-out, le jour blanc, le plus long que j'ai eu,
07:17 il a duré quand même pendant 72 heures.
07:19 - C'est un grand jour. - Pendant 72 heures, on était dans ce grand blanc.
07:22 - Vous dormiez dans une tente, est-ce qu'elle protège vraiment du vent et du froid ?
07:26 - Ouais, la tente, c'est vraiment indispensable.
07:29 On ne creuse pas des iglous, comme on pourrait l'imaginer.
07:31 La tente, elle se monte rapidement, et puis elle a cette particularité
07:34 d'être protectrice du vent et de créer de la chaleur.
07:39 Ces tentes en nylon, en fait, elles collectent un peu les rayons du soleil
07:44 et ça crée un effet de serre. - Il fait combien, par exemple, dans la tente ?
07:47 - C'est très variable, ça dépend de la couverture nuageuse,
07:49 mais en Antarctique, il y a un rayonnement solaire important,
07:51 et il pouvait y avoir des jours où il pouvait faire -25°C dehors,
07:53 et des températures positives à l'intérieur de la tente.
07:55 - Oui, parce que comme il fait jour toute la nuit,
07:58 ça continue à créer de la chaleur même la nuit.
08:01 - Donc il peut faire relativement chaud.
08:03 Après, il peut faire aussi -10°C dans la tente.
08:05 - Juste pour revenir sur cette aventure, il y a eu deux grosses frayeurs.
08:09 Le premier jour, vous manquez de tomber dans un gouffre,
08:12 vous vous en sortez, et puis l'autre grosse frayeur,
08:14 c'est plus vers la fin de l'aventure, entorse du genou,
08:17 et comment dire, un peu bête.
08:19 - Oui, alors entorse du genou, je ne sais pas exactement si c'était une entorse,
08:22 mais oui, c'est vrai que je me suis abîmé le genou.
08:24 Il faut savoir que pour cette expédition, j'étais bien seul,
08:26 et toutes les images que j'ai pu faire pour ce documentaire,
08:29 c'est bien moi qui les ai faites.
08:30 Et pour les faire, je posais une caméra embarquée,
08:33 qu'on appelle une GoPro, sur un trépied,
08:35 et puis je passais devant cette caméra,
08:37 et puis ensuite, j'allais récupérer cette caméra.
08:39 Et quand je suis allé récupérer la caméra, 200 km avant l'arrivée,
08:42 j'y suis allé sans mes bâtons, et là j'ai glissé,
08:44 je suis tombé sur une bosse, et je me suis fait mal au genou,
08:47 mais à tel point que je me suis arrêté,
08:49 je me souviens, j'ai monté ma tente,
08:50 et faire une flexion pour planter ma tente,
08:52 ça me faisait vraiment très mal.
08:53 Donc j'ai eu un médecin au téléphone, via le satellite,
08:57 qui m'a conseillé de prendre les anti-inflammatoires
08:59 que j'avais dans mon traîneau,
09:00 c'est bien organisé, et puis ça m'a aidé à tenir,
09:03 et puis surtout, j'ai modifié ma manière de skier,
09:06 c'est-à-dire que je m'appuyais beaucoup plus sur mon bâton de ski,
09:09 pour éviter de plier le genou qui était douloureux,
09:11 et tant bien que mal, j'ai pu atteindre mon objectif.
09:13 Mais c'est vrai que ça a été compliqué à la fin.
09:15 Et vous êtes allé au bout.
09:16 Cette expédition, elle vous a aussi montré
09:18 à quel point ce continent blanc était fragile,
09:21 fragilisé par l'Homme, par le dérèglement climatique.
09:23 On va marquer une petite pause, et on va en discuter ensuite.
09:26 Mathieu Tordeur, vous l'explorateur, vous restez avec nous,
09:28 vous êtes le grand invité de la deuxième heure de RTL.
09:30 Bonsoir à tous de suite.
09:31 Et notre deuxième heure continue avec le grand invité ce soir,
09:42 membre éminent de la Société des Explorateurs Français.
09:45 Il a traversé 90 pays, et il est devenu,
09:47 donc on en parlait, le plus jeune aventurier à rallier
09:49 le pôle Sud à ski en solitaire.
09:52 Mathieu Tordeur, on va évoquer avec vous maintenant
09:54 la fragilité de l'Antarctique.
09:56 Notamment votre début d'expédition, qui est un enfer
09:58 parce que vous n'avancez pas,
10:00 parce qu'en fait il fait trop chaud,
10:01 parce que la neige est trop molle.
10:02 Oui, effectivement, moi quand j'étais dans mon expédition,
10:05 je m'étais préparé à tout,
10:07 c'est-à-dire de la solitude, du froid, du vent, du brouillard.
10:09 Et en fait, il y a un élément que je n'avais pas anticipé,
10:11 qui était assez inédit pour l'Antarctique de l'Ouest,
10:14 la partie de l'Antarctique dans laquelle moi je me trouvais,
10:16 c'est qu'à la période où j'y étais,
10:18 il y a eu en Antarctique une canicule,
10:20 une vague de chaleur inédite,
10:22 et des températures à 20 degrés de plus.
10:24 Tout juste négative en fait.
10:26 Oui, tout juste négative, exactement,
10:27 quand c'est un continent, le plus froid du monde.
10:30 L'Antarctique, c'est là qu'on a enregistré le record de froid
10:32 sur notre planète, qui est de -98 degrés,
10:35 tout de même, enregistré en plein hiver.
10:37 Moi je suis allé en Antarctique en -5.
10:39 Et là il faisait des températures très proches de zéro.
10:42 Le fait qu'il fasse chaud, moi ça m'a beaucoup pénalisé,
10:46 puisque ces températures élevées,
10:48 elles se sont accompagnées de chutes de neige.
10:50 En fait, il faut comprendre ce phénomène
10:52 qu'on appelle l'effet Clausius-Caperon,
10:54 comme le fait qu'il y a une évaporation accrue
10:56 de l'océan austral qui est autour de l'Antarctique,
10:59 donc l'océan qui entoure l'Antarctique,
11:01 qui est plus chaud, et donc qui provoque plus d'évaporation.
11:04 Et cette évaporation se transforme en nuages,
11:07 et ces nuages vont provoquer des précipitations sur l'Antarctique.
11:10 Et moi tous les jours, j'avais 20-25 cm de neige fraîche
11:13 qui tombait sur ma tente et sur mes skis.
11:15 Et donc il faut imaginer une grande poudreuse
11:17 dans laquelle le traîneau s'enfonce,
11:19 les skis n'agrippent pas du tout la surface.
11:21 Et l'Antarctique, c'est censé être le continent le plus sec du monde.
11:24 En moyenne, ça reçoit moins de précipitations que l'Afrique.
11:27 Et donc moi là, je me retrouvais face à des températures élevées,
11:30 une poudreuse, une neige molle, et ça, ça m'a beaucoup ralenti.
11:33 - Et vous avez même été trop chaud pendant l'effort.
11:35 Vous étiez trop couvert.
11:36 - Oui, exactement. Quand il y avait du soleil,
11:38 je tirais mon traîneau uniquement avec un t-shirt,
11:40 parce qu'il faisait très chaud.
11:42 - Alors on le disait, cet espace est éminemment fragile,
11:45 loin de tout, et pourtant vous avez découvert dans cet espace
11:49 une poubelle en plastique, au milieu de rien.
11:52 - Oui, c'était un container en plastique précisément.
11:55 Dès le début de mon expédition,
11:57 alors moi je crois que je n'ai jamais eu la réponse
12:00 pour savoir d'où venait ce container.
12:04 Je pense que ça vient d'une expédition scientifique,
12:08 parce que ça n'a pas été amené par la mer,
12:10 parce qu'en fait il faut comprendre que l'Antarctique,
12:12 il est ceinturé, entouré par une banquise.
12:15 La banquise, c'est de l'eau de mer gelée,
12:17 qui se forme en fonction des saisons.
12:19 Et donc moi j'étais bien loin de l'eau libre,
12:21 et l'endroit où j'ai vu ce container,
12:23 en fait on était bien loin de la mer.
12:25 Donc je pense que ça a été amené par voie terrestre,
12:27 par une expédition scientifique, mais je ne sais pas le dater.
12:30 - Il y a la question du tourisme aussi qui interpelle.
12:32 Vous avez croisé, là encore, au milieu de rien,
12:34 un énorme 4x4 avec des touristes taïwanais, je crois, à l'arrière.
12:39 Ce ne sont que des touristes très fortunés en Antarctique.
12:43 - Oui, l'Antarctique c'est un territoire qui aujourd'hui
12:47 gagne les convoitises de tout un tas de touristes.
12:51 Le tourisme s'effectue en majorité en péninsule Antarctique.
12:54 La péninsule Antarctique, c'est ce bras de terre
12:56 qui remonte vers l'Amérique du Sud.
12:58 Vous savez, il y a des croisières qui sont organisées
13:00 à Luchuaya en Argentine.
13:02 Ça, c'est un tourisme qui explose.
13:04 Le tourisme à l'intérieur du continent,
13:06 il est vraiment très limité, mais il existe également.
13:09 Et ça, c'est des personnes très fortunées
13:13 qui se permettent ce genre de voyage.
13:15 Et moi, effectivement, je suis tombé nez à nez
13:17 avec un convoi de véhicules terrestres motorisés
13:21 pendant mon expédition vers le pôle Sud.
13:24 On s'est croisés puisqu'on visait chacun le même point GPS.
13:28 Et moi, je suis tombé nez à nez avec ces voitures-là.
13:30 Ça m'a fait un coup, ça m'a fait un choc
13:32 parce que déjà, moi, ça faisait 31 jours
13:34 que je n'avais parlé à personne autre que mon traîneau ou mes skis.
13:37 Et là, pour la première fois, je vois des gens.
13:39 Donc, à la fois, je suis curieux de créer cette rencontre
13:41 parce que c'est assez fou.
13:42 Et d'un autre côté, quand eux partent au bout d'un quart d'heure,
13:44 je me dis que c'est quand même drôle de manière
13:47 de voyager, en tout cas de vivre dans ce continent.
13:50 C'était diesel leur voiture ou pas ?
13:52 Et c'est là que votre ex, dans le convoi,
13:54 tu dis "qu'est-ce que tu fous là ?"
13:57 Vous dites que vous n'aviez parlé à personne
13:59 depuis 30 jours, 31 jours.
14:01 Vous pensez à quoi pendant tout ce temps ?
14:03 En fait, on pense soit à l'avenir, soit au passé, soit à rien.
14:10 C'est assez curieux, en fait.
14:11 C'est la première fois qu'on a du temps vraiment pour soi
14:13 et rien que pour soi.
14:14 Donc, on va chercher des choses auxquelles on ne va pas forcément penser
14:19 quand on est pris dans la vie de tous les jours, j'ai envie de dire.
14:23 En philosophe, dans ces cas-là ?
14:24 En philosophe, je ne sais pas.
14:26 Quand il y a des moments où on a besoin de naviguer,
14:29 on a besoin d'être alerte, vigilant,
14:31 on est quand même assez occupé, curieusement,
14:34 parce qu'on regarde sa boussole,
14:36 on essaye de regarder où on peut se méditer.
14:38 Il ne faut pas se planter, vous êtes dans un désert.
14:40 Il ne faut pas aller au nord quand on vise le sud.
14:43 Mais sinon, j'écoutais beaucoup de podcasts,
14:47 beaucoup de musique.
14:49 Et puis, j'essayais de concentrer mon esprit.
14:52 Concocter des podcasts spécialement pour vous.
14:56 Donc, on force son cerveau à penser à des choses,
14:59 et après, on s'évade un petit peu.
15:01 C'est une forme de méditation active.
15:03 En podcast, il y a des humoristes comme ça qui vous font beaucoup rire,
15:06 qui vous aident.
15:07 Alexandre Zidane.
15:08 Quand on a, comme vous, décidé de traverser l'Europe de l'Est à vélo,
15:13 quand on avait juste 18 ans,
15:15 qu'on enchaîne les expéditions depuis et souvent dans des milieux hostiles,
15:19 vous avez aussi traversé le Sahara à vélo électrique.
15:22 Est-ce qu'on est toujours en train de rêver à d'autres défis ?
15:25 Et si oui, lesquels ? C'est quoi le prochain ?
15:27 Moi, j'essaye, si vous voulez.
15:28 Parce qu'au début, c'était des aventures qui étaient pour moi.
15:31 Ça, je ne m'en suis jamais caché.
15:32 C'était des rêves de gosses.
15:33 Ce n'étaient pas des pulsions,
15:35 mais des voyages que je faisais pour découvrir le monde
15:37 et me confronter à des pays et des cultures qui m'intéressaient.
15:43 Aujourd'hui, j'ai la chance d'avoir ce sujet d'épaule.
15:47 Le fait d'y être allé me donne une forme de légitimité pour en parler.
15:50 Parce que je ne suis pas un scientifique,
15:51 je ne suis pas un spécialiste du climat et de l'environnement.
15:53 En revanche, dans ces milieux polaires,
15:55 ils sont en première ligne du réchauffement climatique.
15:59 Je crois qu'on a besoin d'ambassadeurs,
16:01 on a besoin de témoins,
16:02 on a besoin de personnes qui sont capables de relier
16:04 la communauté scientifique et le grand public sur ces sujets.
16:07 Ça, ça passe par des expéditions,
16:08 ça passe par des documentaires pour la télévision,
16:10 ça passe par des conférences dans les entreprises et dans les écoles.
16:13 C'est cette place que j'essaye de prendre.
16:15 Les prochaines aventures vont se situer dans les pôles,
16:18 mais à court terme en Arctique.
16:20 - Par quels moyens de transport ? Où et comment ?
16:23 - La prochaine expédition va avoir lieu proche du pôle Nord,
16:26 géographique, au milieu de l'océan Arctique.
16:29 L'océan Arctique, c'est très différent de l'Antarctique,
16:32 puisque comme son nom l'indique, c'est un océan gelé.
16:35 L'Antarctique, c'est un continent recouvert de glace et de neige.
16:38 J'essaye d'aller au pôle Nord depuis de nombreuses années.
16:41 C'est un projet qui a été contrarié par deux choses
16:44 qui ne vous ont pas échappé.
16:45 D'abord le Covid et puis la guerre en Ukraine.
16:48 Il se trouve que le pôle Nord, pour y accéder,
16:52 il faut passer par une logistique qui est gérée majoritairement par la Russie.
16:57 La Russie, c'est un pays qui a un front Arctique très important,
17:02 à peu près 50% si je ne dis pas de bêtises.
17:04 Dès qu'on parle de pôle Nord,
17:06 on n'a pas trop le choix que de traiter avec la Russie.
17:09 Il se trouve que pour l'année qui s'ouvre à nous, 2024,
17:13 les règles du jeu sont un peu différentes.
17:15 C'est ce qui me donne l'opportunité de pouvoir y aller.
17:17 - À ski ? - À ski.
17:19 À ski sur la banquise.
17:20 Mathieu Tordeur, vous l'aventuriez.
17:21 Le plus jeune explorateur a rallié le pôle Sud en attendant le pôle Nord.
17:24 En solitaire, sans ravitaillement, sans assistance, vous restez avec nous.
17:27 Vous êtes notre grand invité.
17:29 Dans un instant, la suite de l'émission "C'est de la cuisine"
17:32 avec la guinguette d'Angèle Ferromac.
17:33 - Salut Angèle ! - Bonsoir !
17:34 - Qu'est-ce qu'on mange ce soir ? - Ce soir, on mange un...
17:38 Je vais vous l'apporter, il n'est vraiment pas beau.
17:40 Il est très moche, il a même pas le véhicule trajet. Il est délicieux.
17:42 - C'est quoi ? - C'est un gâteau de crêpe.
17:44 C'est bien ça, pour les grandes expéditions.
17:46 - Ça ressemble à un tiramisu. - Ça ressemble à un tiramisu.
17:49 On va aussi écouter de la musique dans RTL Bonsoir.
17:52 - Quelle musique ? - Une playlist originale ce soir, Steven Mellory.
17:55 C'est le tube surprise de l'hiver, la chenille synchro, la cheche des foules.
18:00 Les passions, figurez-vous qu'il y a une école à Paris pour apprendre la cheche.
18:04 Reportage à Sud.
18:05 C'est con, pardon.
18:06 Allez, c'est con.
18:07 RTL Bonsoir