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C'est l'un des auteurs des fameux rapport du GIEC, rapports qui vont servir de base aux discussions de la COP 28 - si importante pour notre avenir dans deux semaines. François Gemenne est l'invité de RTL Bonoir. Avant d'évoquer cette COP qui se tiendra à Dubaï, dans un pays pétrolier, un mot de l'actualité en France : il n'a jamais autant plus sur un mois environ dans notre pays, et le Pas-de-Calais enchaine les vigilance rouges et les inondations. Est-ce qu'il faut y voir là aussi un signe du dérèglement climatique ?
Regardez L'invité de RTL Soir du 16 novembre 2023 avec Marion Calais et Julien Sellier.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Julia Cellier, Marion Calais et Cyprien Signy.
00:08 RTL bonsoir jusqu'à 20h.
00:10 18h20 et nous accueillons maintenant notre invité événement, c'est un spécialiste du climat, c'est l'un des auteurs des fameux
00:17 rapports du GIEC, ces rapports qui vont servir de base aux discussions de la COP 28, si importante pour notre avenir dans deux semaines.
00:24 Bonsoir François Gemmene.
00:25 Bonsoir, bonsoir à tous.
00:26 Avant d'évoquer cette COP qui va se tenir à Dubaï, donc dans un pays pétrolier, un mot de notre actualité ici en France qui a été marqué par ces chiffres.
00:33 Il n'a jamais autant plu sur un mois environ dans notre pays.
00:37 Le Pas-de-Calais, on le constate avec Peggy tous les jours, enchaîne les vigilances rouges, les inondations.
00:43 Est-ce qu'il faut y voir là aussi un signe de plus du dérèglement climatique ?
00:46 Alors c'est trop tôt pour attribuer à un événement particulier comme les précipitations qu'on a eues ce mois-ci au changement climatique.
00:53 C'est maintenant quelque chose qu'on peut faire avec des modèles à posteriori.
00:56 Par contre, ce qui est certain, c'est que nous allons vers une ère où le climat sera de plus en plus instable,
01:03 avec des phénomènes extrêmes, des précipitations très abondantes, mais aussi des vagues de chaleur qui vont devenir plus intenses et plus fréquentes.
01:09 Donc c'est une tendance de long terme.
01:11 Et justement, ma question peut paraître contre-intuitive, mais est-ce qu'avec le réchauffement climatique,
01:15 il y aura une pluviométrie plus importante, des épisodes plus intenses dans le nord de la France ?
01:21 Certains experts le disent déjà.
01:23 Il y aura en tout cas une pluviométrie plus importante, parce qu'un degré de température en plus, c'est 7% d'humidité en plus dans l'atmosphère.
01:31 Donc ça veut dire que quand il pleut, il pleut davantage, et il est certain que les modèles suggèrent effectivement que le nord de la France serait sans doute davantage affecté.
01:38 François Gemayne, dans 15 jours, s'y rendra la COP28 aux Émirats Arabes Unis.
01:42 Déjà, est-ce que vous comptez y aller, vous ?
01:44 Oui.
01:45 Vous allez y aller ?
01:46 Je pense que c'est important d'y aller.
01:47 Parce que beaucoup d'ONG ont hésité à boycotter.
01:49 Je pense que c'est idiot de boycotter.
01:51 C'est-à-dire que c'est une position un peu de principe, mais qui ne fait pas avancer les choses concrètement.
01:57 Un des points essentiels dont il faudra discuter à la COP28, c'est la sortie des énergies fossiles.
02:02 Alors on peut rester en discuter entre nous, qui sommes déjà sortis des énergies fossiles,
02:07 mais à un moment donné, si on ne discute pas avec les pays qui ont fondé tout leur développement, toute leur richesse, sur l'exploitation des énergies fossiles, on ne va pas aller très loin.
02:14 L'une des raisons pour lesquelles certaines ONG hésitent à aller à Dubaï, c'est parce que cette COP va se tenir dans un pays pétrolier,
02:21 avec un président de la COP qui est patron d'une compagnie pétrolière.
02:25 On avait déjà battu un record de lobbyistes lors de la COP27 en Égypte,
02:30 et ces lobbyistes avaient réussi à sauver à la dernière minute le gaz naturel, dans lequel, comme par hasard, l'Égypte avait beaucoup investi.
02:36 Est-ce que l'histoire peut se répéter ? Est-ce que vous redoutez une COP sous pression ?
02:39 Bien sûr, l'histoire peut se répéter.
02:40 Et bien sûr, les lobbyistes viennent de plus en plus nombreux aux COP, parce qu'ils se rendent compte que les décisions qu'ils s'y prennent sont de plus en plus importantes,
02:47 et mettent en péril leurs intérêts.
02:49 Mais c'est précisément la raison pour laquelle il faut y aller.
02:52 Si on n'y va pas, si on boycotte, ça veut dire qu'on laisse le champ libre aux lobbyistes.
02:56 Moi, je dis au contraire, il faut absolument y aller, et il faut évidemment discuter avec les Émirats,
03:01 comme avec tous les pays qui, aujourd'hui, restent extrêmement dépendants des énergies fossiles, pour avec eux.
03:06 Comment on fait ?
03:07 Alors, quand vous faites que le président de la COP est aussi PDG d'une compagnie pétrolière,
03:13 je veux dire, si vous êtes dans la politique aux Émirats Arabes Unis, et que vous n'êtes pas PDG d'une compagnie pétrolière à 40 ans,
03:18 c'est que vous avez raté quelque chose dans votre carrière.
03:20 Mais comment fait le scientifique face aux lobbyistes ?
03:24 Vous essayez de convaincre ? Parce que, finalement, la science a déjà prouvé que...
03:28 Il y a une grande différence entre un scientifique et un lobbyiste.
03:31 Le lobbyiste défend des intérêts particuliers, le scientifique défend l'intérêt général.
03:35 Et donc, on est là pour rappeler qu'on est là pour défendre l'intérêt général,
03:39 face à plein de gens qui vont chercher à défendre leurs intérêts particuliers, leurs précarés.
03:44 Et vraiment, toute la difficulté des COP, c'est de voir comment on essaie de faire émerger un intérêt général, global,
03:51 qui dépasse les frontières des pays, alors que chacun cherche évidemment à maximiser son intérêt national.
03:56 Certains pays, dont la France, aimeraient exiger, lors de la COP, l'élimination progressive de tous les combustibles fossiles,
04:03 mais déjà, en Europe, tout le monde n'est pas d'accord. On a un peu l'impression que c'est perdu d'avance.
04:09 Et vous ? Vous avez cette impression ?
04:11 Effectivement. Si on n'est même pas capable de se mettre d'accord à 27 pays avant la COP,
04:16 27 pays qui sont quand même économiquement et politiquement relativement proches,
04:20 évidemment, c'est dire l'ampleur du défi quand il va falloir mettre d'accord 195 pays.
04:25 Et c'est pour ça, effectivement, qu'on a l'impression que les COP avancent très, très lentement,
04:30 à un rythme de sénateurs. Parce que si vous avez déjà essayé de vous mettre d'accord avec votre famille,
04:34 sur une destination, une date de vacances communes, vous savez comme c'est difficile.
04:38 Alors imaginez 195 pays qui viennent de points de départ très, très différents,
04:42 et qui ont des contraintes très, très différentes. Donc effectivement, j'ai envie de dire,
04:45 les signaux, pour le moment, ne sont pas bons, mais on a déjà eu d'autres COP qui étaient réussis,
04:50 malgré des signaux qui n'étaient pas bons au départ.
04:53 Pour respecter l'accord de Paris et ce réchauffement limité à 1,5°C,
04:56 il faut réduire de 43% les gaz à effet de serre dans les six prochaines années.
05:01 Franchement, est-ce que l'objectif est encore crédible ?
05:03 L'objectif de 1,5°C, très clairement, nous allons le dépasser entre 2030 et 2035.
05:08 Je pense qu'il faut être très clair avec les gens sur ça, et ne pas les faire courir après des chimères.
05:13 Ça ne veut pas dire que politiquement, nous devions abandonner cet objectif.
05:16 Je pense que cet objectif reste politiquement important, parce que c'est un marqueur d'ambition.
05:20 C'est comme quand vous dites, l'objectif en matière de sécurité routière, c'est zéro mort sur les routes.
05:25 Vous savez que potentiellement, il y aura toujours l'un ou l'autre accident fatal,
05:29 mais c'est important de garder cet objectif, de garder cette ligne directrice,
05:33 parce qu'on n'est pas sur un problème binaire, ce n'est pas blanc ou noir, ce n'est pas gagné ou perdu.
05:37 Chaque dixième de degré va vraiment compter et faire une énorme différence.
05:40 François Gemmene, les pays gaziers et pétroliers mettent en avant des solutions assez embryonnaires
05:45 pour réclamer de la souplesse, je pense au captage et au stockage de carbone.
05:49 C'est le futur, c'est envisageable, ou ça c'est juste de la poudre aux yeux ?
05:52 Très clairement, il y a des progrès technologiques très importants qui sont faits sur le captage et le stockage du carbone.
05:58 Donc l'idée que plutôt que de l'envoyer dans l'atmosphère, on va le stocker sous terre,
06:02 très clairement néanmoins, ça ne peut pas remplacer des politiques de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre.
06:09 Si on veut atteindre la neutralité carbone, c'est-à-dire si on veut à un moment donné,
06:12 pouvoir retirer de l'atmosphère autant de gaz à effet de serre que nous n'y envoyons,
06:16 il faudra sans doute passer par certaines technologies de stockage, de captage et de stockage du carbone.
06:21 Mais c'est vraiment pour le substrat qui restera.
06:23 Ça vient en plus quoi !
06:24 Ça vient en plus, c'est vraiment le petit bout qui va nous permettre d'atteindre la neutralité carbone,
06:28 mais ça ne peut pas remplacer des politiques de réduction des émissions.
06:31 Alors on voit tout de même que les émissions de CO2 ont baissé de 4% en France, par exemple au premier semestre.
06:37 La Chine pourrait voir ses émissions de CO2 aussi baisser l'an prochain.
06:42 Oui, ça c'est la très bonne nouvelle !
06:43 Voilà, si on veut chercher des motifs d'espoir, est-ce qu'on peut au moins dire que ça y est, le mouvement est enclenché ?
06:48 Moi j'ai l'impression effectivement que d'abord, pour la première fois depuis longtemps, nous allons dans la bonne direction.
06:55 Alors il y a évidemment des gens qui marchent à reculons, il y a des gens qui font du sur place,
07:00 mais globalement j'ai l'impression qu'il y a une sorte de mouvement dans la société qui va dans la bonne direction.
07:05 Le problème c'est qu'on ne va pas assez vite, pas assez loin, et que les baisses d'émissions,
07:09 pour le moment qui restent assez timides mais qui sont réelles dans les pays industrialisés,
07:13 ne suffisent pas à compenser la hausse des émissions dans les pays émergents et dans les pays en développement.
07:17 Et donc il faut aller beaucoup plus vite, beaucoup plus loin, beaucoup plus fort.
07:21 Pour terminer, François Gemmene, il y aura une journée santé à la COP pour la première fois.
07:25 Presque 60 degrés ressentis cette semaine à Rio, des pays comme l'Inde, comme l'Iran,
07:30 où on ferme les écoles en ce moment à cause de la pollution.
07:32 Cette alerte d'experts aussi hier, près de 5 fois plus de personnes risquent de mourir de la chaleur dans les décennies à venir.
07:39 Il est aussi temps d'envisager le combat sur ce volet-là ?
07:42 Absolument, et je dirais même que c'est un levier qui marche très bien chez les gens.
07:46 Parce que autant parfois le climat peut encore leur sembler un truc relativement abstrait,
07:50 ou qui va toucher les autres, les générations futures,
07:52 autant la santé, on sait bien que c'est la préoccupation première des gens.
07:56 Et donc je crois que c'est vraiment très important d'insister sur le fait que le changement climatique,
08:00 c'est aussi des impacts sanitaires énormes,
08:03 et que toute une série de politiques qui sont bonnes pour le climat, sont aussi bonnes pour la santé.
08:07 Merci beaucoup François Gemmene, co-auteur du rapport du GIEC,
08:10 d'avoir été ce soir notre invité à deux semaines de l'ouverture de la COP28 à Dubaï.
08:15 Je vous propose de rester en studio.
08:17 Mais bien sûr, je ne vous laisse pas patriotisme !
08:19 Pas patriotisme, parce que votre compatriote belge, Alex Vizorek, que vous aimez beaucoup par ailleurs, je crois.
08:25 Je vous connais tous, je connais tout le monde.
08:27 C'est un tout petit pays, vous vous connaissez tous effectivement.
08:29 Je ne vous laisse pas votre place, nous sommes tous cousins.
08:31 Bien sûr, bien sûr, vous vous préparez à une nouvelle visioconférence Alex, qui est dans le viseur ce soir ?
08:36 Manuel Valls, on a des nouvelles.
08:37 Manuel Valls, il a demandé la nationalité quelque part ?
08:40 Il est temps de le dire.
08:43 Alors RTL Inside aussi à suivre, puisque RTL a goûté les plats, là il y a quelques minutes,
08:48 que les athlètes vont déguster lors des JO 2024.
08:51 Il y aura peut-être des frites pour les athlètes belges, je ne sais pas.
08:55 Fin du suspense.
08:56 Au moins sans prix, je ne viens pas.
08:58 RTL
09:00 [SILENCE]

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