• il y a 8 mois
Jacques Pessis reçoit Guy Cuevas : DJ du Palace dans les années 80, il a réuni, dans un coffret de CD quelques-uns des mixages de ses nuits de folie.

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-02-21##

Category

🎵
Musique
Transcription
00:00 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03 Les clés d'une vie, celles de mon invité.
00:05 La musique vous a permis d'entrer dans des danses qui ont marqué une époque.
00:09 Elles demeurent tellement d'actualité que vous les faites revivre aujourd'hui dans un triple CD,
00:14 "Le temps du palace".
00:15 Bonjour Guillaume Cuevas.
00:16 Bonjour Jacques Pessis.
00:18 Alors, je vous avais reçu pour votre livre "Vos mémoires",
00:21 mais là sort une compilation de trois CD qui racontent les musiques du palace.
00:27 Vous les avez choisis.
00:28 Oui.
00:28 On va en parler. Et le principe des clés d'une vie, vous le savez,
00:31 c'est de raconter votre parcours, c'est de raconter la musique.
00:34 Donc on va raconter le palace, mais aussi on va vous raconter,
00:37 parce qu'il y a quand même quelques distraits qui n'ont pas lu votre livre.
00:40 Comme d'habitude.
00:41 Et il faut raconter à travers des dates clés.
00:43 Et le 29 janvier 1964, c'est votre arrivée à Paris.
00:48 Car vous êtes arrivé à Paris, vous avez découvert une ville dont vous réviez.
00:52 Absolument. Oui.
00:54 Vous habitiez Cuba et Paris, pour vous, c'était un mythe à l'époque.
00:59 Ma grand-mère était française.
01:03 De Nevers dans la Nièvre, la mère de ma maman.
01:06 Et puis je ne sais pas pourquoi, comme ça, viscéralement,
01:09 je rêvais de Paris, sans avoir été jamais ici.
01:13 En général, les Cubains rêvent de Miami, d'envoyer la photo
01:17 et les frigos ouverts en jambon à l'intérieur, etc.
01:20 Vous voyez, à Miami et la Floride.
01:22 Moi, non, mais je n'ai jamais rêvé de la Floride.
01:24 C'était Paris, Paris, les Louvres, la culture,
01:27 la nouvelle vague, les films de Truffaut, Hiroshima, mon amour,
01:31 Jean Moreau, La bouche qui tombe.
01:33 Voilà. J'étais omnipulé par Paris.
01:36 Et puis un jour, vous avez eu une jeunesse un peu difficile à Cuba.
01:40 Ce n'était pas facile.
01:42 Mais en même temps, je n'ai pas eu de graves problèmes,
01:45 comparé à mes petits camarades, à l'école, les adolescents d'avant, etc.
01:49 J'ai été assez épargné.
01:51 Je ressemblais déjà un petit peu à un étranger.
01:54 Je n'étais pas le typique Cubain.
01:56 Surtout, j'habitais dans ma famille.
01:59 Ma mère, mon père et mes deux soeurs.
02:01 Donc, j'étais à l'étroit.
02:03 Chez moi et dans le pays.
02:05 - Mais en même temps, vous avez fait des études normales.
02:08 Vous aimiez la musique, déjà ?
02:10 - Complètement, depuis mon enfance, oui.
02:12 De toute façon, ce n'est pas compliqué à la Cuba.
02:15 Il y a de la musique partout, dans les îles,
02:17 dans les ascenseurs, les hôpitaux, probablement.
02:19 Il y a de la musique dans la salle où ma mère m'a accouchée.
02:22 Partout, absolument partout.
02:24 Et mon père écoutait le tango tout le temps,
02:26 malheureusement, parce qu'il ne parlait pas, il était tesseux.
02:29 Ma mère écoutait les boleros, les chansons d'amour cubaines.
02:32 En même temps, la variété américaine qui arrivait.
02:35 Bobby Darren, Johnny Maffei, Spaghetti, Elvis Presley,
02:38 les rock'n'roll qui vantaient.
02:40 Vous voyez ?
02:42 La bossa nova, c'était le début de la bossa nova.
02:44 Donc, tout ça, ça a fait un boujon de culture.
02:47 Je me suis imprégné.
02:49 - Et vous aviez déjà l'oreille musicale.
02:51 - Complète, oui.
02:53 - Ça vous a été aperçu dès votre jeune année.
02:56 - Je n'étais pas tout à fait conscient.
02:58 Vous voyez, quand on n'est pas complètement fait ce que je voulais faire,
03:01 je m'apercevais que j'avais plus de goût musical que mes soeurs,
03:06 d'ailleurs, qui étaient là.
03:08 Je n'étais pas open-minded à tout.
03:12 - Vous jouiez du piano déjà chez vous ?
03:14 - Sur le sofa, oui.
03:16 - Vous m'avez bien lu.
03:18 - Oui, absolument. J'ai aimé que je jouais du piano,
03:20 mais comme c'était la prédictature de Battista,
03:23 c'était difficile que j'aille au conservatoire la nuit.
03:27 En plus, je viens d'une famille de classe moyenne.
03:30 On n'avait pas trop d'argent.
03:32 On m'envoyait avec chauffeur.
03:33 Il aurait fallu que j'aille à pied.
03:35 Ma mère a eu peur.
03:36 - À l'époque, quand vous êtes arrivé en France,
03:38 on revient à Paris,
03:40 vous découvrez Paris au temps des yéyés,
03:42 au temps d'une certaine joie de vivre.
03:44 - Oui, oui.
03:46 D'abord, j'étais à l'Institut universitaire,
03:48 hébergé par la maison de Cuba,
03:50 qui a disparu à l'époque.
03:52 Il y avait un phonogramme, un électrophone,
03:54 un bar avec beaucoup de musique de jazz.
03:56 C'était ma grande ouverture vers le jazz
04:00 qui est restée ma musique préférée.
04:03 Toutes les grandes dames, Billie Holiday,
04:05 Sarah Vaughan, Ella Fitzgerald,
04:08 et surtout ma grande déesse Nina Simone.
04:10 - À Paris, vous découvrez d'autres musiques.
04:12 C'est le temps où Johnny, Sylvie...
04:14 - Et Piaf aussi.
04:16 Comment ne pas la reconnaître ?
04:19 Harry Salvador aussi.
04:21 Oui, tout ce qu'il y avait à l'époque.
04:23 - Et puis, il y avait les idoles des jeunes qui arrivaient.
04:26 C'était celle-ci, surtout.
04:27 - Oui.
04:28 (musique)
04:35 - Les Beatles, ça vous a tout de suite parlé.
04:37 - Oh ! J'adorais ça.
04:40 C'était un peu comme si je t'aimais à Liverpool moi-même.
04:43 Toutes ces chansons, "Penny Lane",
04:45 "Strawberry Fields Forever", je les reconnaissais par cœur.
04:48 - Il se trouve que "She Loves You" s'est née
04:50 après un concert à Newcastle,
04:52 qui font un jeune concert.
04:53 Ils sont dans leur chambre
04:55 et ils décident d'écrire une chanson
04:57 sur l'insouciance du début des 60's.
04:59 Ils ont l'idée d'écrire cette histoire d'amour
05:01 à la troisième personne
05:02 et de jouer la carte de l'appel-réponse.
05:04 C'est devenu "She Loves You" dans une chambre d'hôtel.
05:06 - C'est rigolo. Je ne savais pas ça.
05:08 Je m'en prenais à ça.
05:09 - Une autre chanteuse qui a eu beaucoup d'importance pour vous
05:13 que vous avez connue à vos débuts,
05:15 c'est celle-ci.
05:16 - J'ai eu de l'amour
05:21 Mon pays c'est Paris
05:24 - Car Guico Evas, Joséphine Becker,
05:26 vous l'avez vue à la Havane.
05:27 - À la Havane, un concert, oui.
05:29 - C'est extraordinaire.
05:30 - Comme d'habitude, comme j'ai toujours une mauvaise vue,
05:32 j'étais miope déjà, tout petit.
05:34 J'avais des lunettes rondes, mignons,
05:36 parce que j'étais mignon, bien habillé.
05:38 J'étais bien soin de moi.
05:39 Je m'asseyais au premier rang.
05:41 J'ai appris, parce qu'elle ne portait pas de lunettes
05:44 pendant le spectacle,
05:45 mais j'ai appris qu'elle-même, elle était très miope.
05:47 Justement, elle m'a fait venir vers elle, comme ça.
05:50 J'étais assis au premier rang, on me remarquait.
05:52 En général, on me faisait venir pour que je prenne la main,
05:55 pour m'envoyer un petit baiser, pour quelque chose.
05:57 J'ai fondé.
05:58 - Vous avez un point commun avec elle,
06:00 parce qu'il faut savoir qu'elle a débuté au Casino de Paris
06:02 dans "J'ai deux amours",
06:04 mais qu'en réalité, au départ,
06:06 ce n'était pas cette salle qui était prévue pour sa revue,
06:08 c'était le Palace.
06:10 Car les directeurs du Casino de Paris avaient également le Palace.
06:12 Ils ont hésité longtemps entre le Palace en 1930
06:15 et le Casino de Paris.
06:16 Elle a failli débuter au Palace.
06:18 - Voilà, comme Maurice Evalier, qui avait chanté au Palace.
06:21 - Oui, beaucoup.
06:22 Le Palace, au départ, je ne sais pas si vous le savez,
06:25 Gouic-Lévasse, il s'appelait l'Éden.
06:27 Et la première chanteuse qui s'est produite au Palace,
06:30 à l'Éden, c'était celle-ci.
06:32 - La guinguette a fermé, s'est volée,
06:35 les joyeux triolaient, de l'accord, ils ont fût.
06:39 - Damia. Damia, c'est une chanteuse des années 1930
06:42 qui a débuté, qui a ouvert l'Éden, donc le Palace.
06:45 - C'est un vrai chanteur, c'est un vrai chanteur, merci.
06:48 - Et elle avait une particularité,
06:49 elle portait une petite robe noire en scène.
06:51 Et c'est comme ça qu'Edith Piaf a eu l'idée
06:53 de porter sa petite robe noire.
06:55 Et d'ailleurs, Edith Piaf a été présente, elle aussi,
06:58 à l'ouverture des Palaces, à travers cette chanson.
07:01 - Quand il m'est pris dans ses bras
07:04 Il m'est pas le beau bas
07:07 Je crois la vie en rose
07:09 - Grace Jones, car ça, c'est un souvenir
07:11 très cher à votre coeur, l'ouverture du Palace
07:14 avec Gretchen qui chante "La vie en rose".
07:16 - Ma petite soeur, le coeur.
07:18 - Qu'est-ce que, racontez-moi, cette scène est mythique.
07:20 Elle arrive sur la scène et on la connaît pas,
07:22 elle chante ça.
07:24 - Et elle venait de faire ce tube,
07:27 je la connaissais déjà depuis le 7,
07:29 le Club 7, où je travaillais déjà pour Fabrice et Maya.
07:32 C'est avec ce succès qu'on a ouvert le Palace.
07:34 C'était notre copine,
07:36 la maîtresse de Jean-Yves Lacombe,
07:38 qui était le broisoir de Fabrice au restaurant du 7.
07:40 Mais, effectivement,
07:42 elle commençait à se faire connaître
07:44 avec "La vie en rose".
07:46 Mais elle jouait déjà à la star.
07:48 Elle était déjà une grande girl, une grande star, etc.
07:50 Donc, elle devait passer un début de soirée
07:52 avec des danseurs,
07:54 il y avait une petite chorégraphie.
07:56 Elle a fait qu'à sa tête, elle est passée
07:58 dans une tenue...
08:00 Elle a chanté les chansons
08:02 qu'elle avait chantées avant "La vie en rose" aussi.
08:04 Elle n'était pas tout à fait heureuse,
08:06 comme "I need a man",
08:08 "Sorry", où elle chantait un peu faux,
08:10 un peu nassillard.
08:12 C'était pas heureux. Je l'ai passée quand même,
08:14 parce que je suis fidèle à l'amitié, au 7.
08:16 Mais elle est arrivée dans une tenue
08:18 invraisemblable,
08:20 semi-jaquée, mais on ne comprenait pas la tenue.
08:22 Il y avait du voilage, du machin, des chapeaux,
08:24 il y avait trop de choses.
08:26 Et Yves Saint-Laurent, lui-même,
08:28 Y. Gressel, qui était dans la cabine,
08:30 ma cabine de DJ,
08:32 il y avait trop de monde, il y avait 3000 personnes,
08:34 il était intimidé, il était trop timide.
08:36 Il y avait Loulou de la Falaise aussi,
08:38 son bras droit, il y avait Kenzo,
08:40 qui était déjà mon ami intime depuis le 7.
08:42 Tous les trois.
08:44 Et Yves a détesté la tenue de Gress.
08:46 Il a sauté,
08:48 parce que ma cabine de DJ
08:50 était juste au-dessus de la scène.
08:52 Il a sauté pour la déshabiller.
08:54 C'était un happening,
08:56 il avait pratiquement à poil.
08:58 - Et elle a chanté comme ça ?
09:00 - Elle était descendre à l'air,
09:02 il lui arrachait ce qu'il portait,
09:04 les chapeaux, on ne porte pas un chapeau,
09:06 on montre son visage.
09:08 Et il a enlevé sa ceinture de smoking qu'il portait
09:10 pour lui faire un bustier drapé sur elle.
09:12 C'était sublime, les gens hurlaient à la folie,
09:14 tellement c'était beau à voir.
09:16 - Et qu'est-ce qu'elle disait, elle ?
09:18 - Elle s'est laissée faire, elle était ravie,
09:20 elle était fière, c'était devant tout le monde.
09:22 Les gens hurlaient, c'était un happening,
09:24 vraiment c'était sublime.
09:26 Ça n'a pas duré une demi-heure,
09:28 c'était assez rapide.
09:30 - Oui mais ça a marqué l'histoire du Palace.
09:32 - Et nos mémoires.
09:34 - Il se trouve que Grace Jones
09:36 était une provocatrice, d'ailleurs,
09:38 elle dit "je n'écrirai jamais mes mémoires"
09:40 quand elle publie ses mémoires.
09:42 - Quel beau titre.
09:44 - Aujourd'hui on dit que Rihanna et Lady Gaga
09:46 se sont inspirées de Grace Jones.
09:48 - Oui, Lady Gaga, il faut les faire en deux avec elle.
09:50 Il y en a d'autres, il y a une autre fille noire,
09:52 puisque je l'ai appelée il n'y a pas longtemps,
09:54 on se parle, toujours à Grace.
09:56 Il y a une nouvelle qui s'appelle
09:58 Janelle Monae.
10:00 - Oui.
10:02 - Et dans l'album de Janelle Monae,
10:04 qui est très bien, très très bien,
10:06 une chanson sublime, "Float".
10:08 Et comme elle est un extase devant Grace,
10:10 tout le monde l'admire Grace.
10:12 Elle lui a fait chanter un truc, elle improvise
10:14 un peu en français, elle s'adresse à Janelle.
10:16 - Est-ce que vous pensiez à l'époque
10:18 que le palace deviendrait mythique, Guy?
10:20 - Non, ben non.
10:22 - Quand vous avez commencé...
10:24 - On avait conscience quand même
10:26 qu'on était dans une cathédrale.
10:28 Déjà par la taille,
10:30 le lieu ne ressemblait pas au CET.
10:32 - Le CET c'était un restaurant
10:34 de la rue Saint Anne,
10:36 qui était un restaurant où on venait dîner le soir,
10:38 ça n'avait rien à voir.
10:40 - Il y avait le club au sous-sol,
10:42 où je passais la musique.
10:44 - Mais on n'imaginait pas que ce serait quelque chose
10:46 qui serait aussi fabuleux.
10:48 - Déjà les jours de l'ouverture,
10:50 quand on a vu,
10:52 il y a eu beaucoup de courriels,
10:54 des invitations, des prêts, etc.
10:56 On avait droit normalement
10:58 à 1200 personnes.
11:00 Quand on a vu arriver 3000 personnes,
11:02 s'écraser contre les grilles,
11:04 avant que la grille s'ouvre
11:06 pour entrer les balais et les limousines
11:08 dans la rue du Faubourg Montmartre,
11:10 avec les odeurs de saucisses frites,
11:12 c'était... c'était jamais vu.
11:14 Déjà ça, on n'avait jamais imaginé ça.
11:16 Donc là, on a commencé à se dire
11:18 que peut-être c'était un petit peu gagné.
11:20 - Voilà. Cette date, justement,
11:22 on va l'évoquer à travers
11:24 le 1er mars 78,
11:26 et celle de l'ouverture du Palas,
11:28 dans quelques instants, sur Sud Radio,
11:30 avec Guy Cuevas.
11:32 - Sud Radio, les clés d'une vie.
11:34 Jacques Pessis. - Sud Radio, les clés d'une vie.
11:36 Mon invité Guy Cuevas,
11:38 qui a été le DJ mythique d'un club...
11:40 - Pessis. - DJ, ils ont dit.
11:42 Je sais qu'on dit DJ ou DJ's.
11:44 - Des discards à l'époque,
11:46 des passeurs de disques.
11:48 Les mots DJ n'existaient pas encore.
11:50 C'est l'abréviation de Disque Jockey.
11:52 - Alors, vous avez réalisé
11:54 un triple CD sur le Palas,
11:56 avec les musiques que vous avez choisies.
11:58 On en parle au fil de cette émission.
12:00 Le Palas, qui était un club mythique,
12:02 c'était l'âge de la nuit parisienne.
12:04 Et vous avez commencé à évoquer
12:06 l'ouverture du Palas,
12:08 le 1er mars 1978,
12:10 et on va l'évoquer à travers
12:12 une de ses chansons qui figurent
12:14 dans cette compilation.
12:16 - Bonjour Paris !
12:18 (musique)
12:20 - C'est assez particulier.
12:22 On dirait un générique, un jingle.
12:24 Qu'est-ce que c'est ?
12:26 - C'était mon idée. Je voulais des interludes
12:28 comme à mon époque.
12:30 C'est ce qui m'a rendu célèbre.
12:32 Je me servais de petits bouts de dialogues de films.
12:34 Ça, ça sort de Funny Face,
12:36 qui était une comédie musicale américaine
12:38 par Hebbon et Fred Astaire,
12:40 qui s'est passée dans le milieu de la mode à Paris.
12:42 Et à la fin, ils chantent ça en arrivant à Paris,
12:44 tous les trois, avec une troisième dame,
12:46 accueillie Thompson.
12:48 Bon, ce qu'on entend là...
12:50 On a eu des petits problèmes de droit.
12:52 Je découvre ça maintenant pour la compilation.
12:54 Moi, à mon époque, j'avais une totale liberté.
12:56 Je faisais ce que je voulais.
12:58 Des petits bouts de musique classique,
13:00 des bruits de robinet, quelqu'un qui s'est brossolé dedans.
13:02 Mais il y avait tout !
13:04 Ma signature, c'était la voix de Bardot
13:06 dans "Les Mépris", quand elle dit à Piccoli,
13:08 "Paul", dans le film,
13:10 "Mes fesses, Paul, tu aimes mes fesses ?"
13:12 Ça, c'est devenu une signature.
13:14 Et puis les autres petits bouts.
13:16 Et je me servais de ça, de Funny Face.
13:18 On a eu un problème de droit.
13:20 On n'avait pas le droit.
13:22 On ne pouvait pas se servir d'aucune comédie,
13:24 aucun bout de dialogue de film, rien.
13:26 Je voulais même les "Ou-poupidou"
13:28 de Marilyn, célébrissime.
13:30 Voilà ce que je fais.
13:32 Je fais tout avec ma voix.
13:34 - Alors il se trouve qu'à l'époque,
13:36 pour celles et ceux qui n'étaient pas nés ou qui n'avaient pas l'âge de sortir,
13:38 il y avait un circuit parisien,
13:40 il y avait Castel, avec Jean Castel.
13:42 Il y avait l'Elysée Matignon, qu'on appelait l'Elysée Matuvue
13:44 parce qu'il fallait être vu là-bas.
13:46 Où tous les soirs, il y avait Johnny,
13:48 Gainsbourg,
13:50 qui se faisait renvoyer chez lui
13:52 par la police ensuite.
13:54 Il y avait François Patrice, où à 5h du matin,
13:56 il vous préparait des pâtes, il y avait des parties de pétanque.
13:58 Et le Palace a totalement tranché
14:00 avec tout ça, Guy Cuevas.
14:02 C'est ce qu'on m'a dit.
14:04 Justement, le peu de temps où je fréquentais
14:06 un peu l'Elysée Matignon, elle me le disait à chaque fois.
14:08 - Alors, il se trouve que le Palace,
14:10 au départ, s'est calqué sur un modèle
14:12 new-yorkais, le Club 54.
14:14 - Oui. Pas complètement calqué,
14:16 mais...
14:18 Vous savez, c'est comme les tendances,
14:20 on parle dans la mode,
14:22 dans le cinéma, dans tout.
14:24 On ne sait pas pourquoi, c'est impalpable,
14:26 c'est dans l'air.
14:28 Il y a des tendances dans le monde entier.
14:30 Je crois qu'en même temps qu'à Paris,
14:32 on dit la saison prochaine, on va faire du kaki
14:34 ou on va faire du blanc et noir,
14:36 alors que tout le monde ne se consulte pas.
14:38 C'est ça, les tendances.
14:40 Bon, ben, il y a eu une tendance qui stipulait
14:42 qu'il fallait faire des endroits,
14:44 des lieux beaucoup plus grands,
14:46 c'est ce qu'avait été le 54 et un suite du Palace,
14:48 parce que les gens dansaient de plus en plus.
14:50 Il fallait aussi une musique plus fédératrice,
14:52 qui ne rate pas.
14:54 Moi, je m'en servais parce que le Club 7
14:56 était tout petit, donc c'était une clientèle
14:58 de New York, c'était mon oreille musicale à moi aussi.
15:00 C'était surtout une base de musique
15:02 noire américaine,
15:04 plus de jazzman et le disco
15:06 qui pointait son nez.
15:08 Mais au Palace, la musique parfaite,
15:10 c'était la fédératrice.
15:12 C'était la musique disco.
15:14 C'était déjà dans l'air.
15:16 Il fallait des endroits plus grands,
15:18 c'est ce qu'on a fait.
15:20 - Alors moi, j'ai une hypothèse sur la création du Palace.
15:22 Je croise un jour, jeune journaliste Yves Mourouzi,
15:24 qui me dit, je reviens de New York,
15:26 il me dit, le Club 54, il faut faire la même chose à Paris.
15:28 Et il était habitué du 7,
15:30 et il en parle un soir à Fabrice Emmer.
15:32 Et c'est comme ça que le Palace est né.
15:34 - Oui, il y a
15:36 plusieurs versions.
15:38 Moi, j'ai d'autres versions aussi.
15:40 - Quelles et quelles ?
15:42 - Moi, je suis allé pour un défilé de Claude Montanac,
15:44 qui était déjà mon ami intime.
15:46 Montanac, Mugler, Thierry Mugler, etc.
15:48 Claude a fait un défilé
15:50 que j'avais vu à Paris, sublimissime
15:52 à lui, et ça s'est passé au 54.
15:54 - Donc ça ?
15:56 - Voilà, j'étais invité, j'ai vu le 54,
15:58 le matin, l'après-midi, le soir, n'importe comment.
16:00 Et j'étais, mais, poustouflé.
16:02 Mais je me suis même pas
16:04 renseigné où était la cabine du ditier,
16:06 j'avais trop à voir déjà dans le reste du lieu.
16:08 - Qu'est-ce qu'il y avait dans le lieu ?
16:10 - Les serveurs, beaux, tombés par terre
16:12 de beauté, qui dansaient tous
16:14 comme des danseurs de Halloween.
16:16 C'était des danseurs, ils servaient
16:18 avec un pistolet, on n'a jamais...
16:20 Même nous, au Palace, on n'a pas eu ça.
16:22 On a eu un pistolet pour servir dans les verres,
16:24 mais en tournant le camp, en tournant,
16:26 en se baissant, et en haut,
16:28 on lève la jambe et on continue à verser.
16:30 Mais c'était un ballet à voir.
16:32 Les gens étaient beaux,
16:34 parce que les Américains ont l'oreille
16:36 musicale, comme les gens des îles,
16:38 comme nous, pardon.
16:40 Mais on a une oreille musicale.
16:42 Vous savez, la France est un pays des lettres,
16:44 d'intellectuels, d'écrivains, de philosophes.
16:46 C'est pas vraiment
16:48 ici qu'il y a une grande oreille musicale.
16:50 Là-bas, oui. C'est le contraire.
16:52 Peut-être qu'il y a moins de philosophes,
16:54 mais il y a une grande oreille musicale.
16:56 Les gens dansent bien, comme ça,
16:58 n'importe quel petit garçon dans la rue
17:00 joue bien, vous voyez, et des fois,
17:02 des petits pois vides, etc.
17:04 Mais les VIP, important.
17:06 Dans les VIP, là, moi qui suis
17:08 cinéphile aussi, non pas seulement
17:10 la musique depuis mon enfance, mais
17:12 cinéphile aussi, cinéma, c'est une de mes passions.
17:14 J'ai vu en même temps
17:16 Nicholson en train de pavarder
17:18 avec Warren Beatty,
17:20 Diana Ross assise avec
17:22 Liza Minnelli et ma soeur Grace,
17:24 Andy Warhol,
17:26 Halston, qui était le couturier
17:28 le célébrissime de l'époque,
17:30 le Saint-Laurent de l'époque.
17:32 Tout ça, concentré dans le VIP,
17:34 je me disais,
17:36 ça faisait rêver, quand même.
17:38 - Il se trouve que votre métier
17:40 de disquaire, vous l'avez appris
17:42 petit à petit à Paris en arrivant, grâce
17:44 à un garçon qui s'appelait Ralph, je crois,
17:46 qui était un peu plus bas.
17:48 - Je l'ai appris, non, il m'a inspiré
17:50 parce que je l'ai vu jouer au Sherry Lane.
17:52 C'est la première boîte où on m'a amené,
17:54 je fréquentais le floor, grâce à
17:56 une tenue que je m'étais achetée avec
17:58 3 francs, 6 sous, au puce.
18:00 Il y a une bande de jeunes
18:02 qui m'a dit, viens avec nous, viens dîner.
18:04 On est allés chez Raphir du Dragon
18:06 et on m'a amené au Sherry Lane, qui était une boîte
18:08 très bien, très bien, où la patronne,
18:10 Annick, elle échangeait avec une amie à elle
18:12 de Londres, les disques les plus
18:14 pentus, ou les yéyés également,
18:16 contre les disques les plus pentus
18:18 de Londres. - Et vous-même,
18:20 déjà, vous collectionnez
18:22 les disques, vous cherchez des disques au puce ?
18:24 - Je venais déjà avec
18:26 quelques 40 ou 30 tours de Cuba,
18:28 quelques,
18:30 et je commençais à acheter parce que ça ne coûtait rien.
18:32 On en avait 10, 15,
18:34 pour rien. - Et donc, vous avez
18:36 commencé, dans les discothèques,
18:38 à passer des disques, à mélanger les
18:40 musiques. - Oui. - Et c'était
18:42 inné chez vous ? - Raphir, qui
18:44 passait déjà des choses très pentues, comme je viens
18:46 de le dire. Il passait les Beach Boys, vous voyez,
18:48 Good Vibrations,
18:50 Tamla Motown aussi,
18:52 Diana Ross, Supremes,
18:54 mais il pouvait passer Julie Dreese,
18:56 Colton O'Byrne, les chanteurs anglais que j'ai adorés
18:58 à cette époque-là. Mais il est loin
19:00 de lui, d'abord, il ne souriait pas.
19:02 - Oui. - Il n'était pas comme moi, vous voyez,
19:04 moi je suis latin, typiquement latin,
19:06 souriant tout le temps sur l'air.
19:08 Lui, à la limite, il faisait la gueule.
19:10 Mais c'était bien, sa musique. - Alors,
19:12 il se trouve que vous avez commencé à apprendre à mélanger
19:14 les musiques, et à les adapter à votre son,
19:16 et il y a par exemple, dans cette compilation
19:18 du Palace, qui sert
19:20 de fil de conducteur à notre émission aujourd'hui,
19:22 ce morceau, qui au départ
19:24 est interprété par Rita Franklin.
19:26 [♫♫♫]
19:34 - C'est un morceau important pour vous,
19:36 c'est un rythme important pour vous.
19:38 - Oui. - Rita,
19:40 pourquoi ? - C'est,
19:42 tous les noirs, tous,
19:44 tous, ils sont tous
19:46 arrivés dans ma vie, tous, comme je l'ai déjà
19:48 cité, Diana Ross, Marvin
19:50 Gaye, Mowky Robinson,
19:52 "The Temptation", "The Undisputed Truth",
19:54 Rita Franklin,
19:56 Lamont Dosier,
19:58 Isaac Hayes,
20:00 il y a, arrête, quel tonnerre
20:02 de voix, quel tonnerre,
20:04 mais les titres, comme vous entendez, c'était
20:06 dansant, c'était pas encore
20:08 le disco, c'était pas le même rythme, vous voyez, c'était
20:10 facile encore de danser sur ça. - Mais,
20:12 vous choisissiez les chansons en fonction
20:14 du rythme qu'elles apportaient pour danser.
20:16 - Je, peut-être parce
20:18 que je sais très bien danser
20:20 moi-même, pardon, je vous sais pas,
20:22 mais je crois que c'est important,
20:24 vous voyez, quand on veut faire quelque
20:26 chose, faire faire quelque chose,
20:28 de connaître bien son sujet.
20:30 Je danse bien, oui, j'ai une oreille musicale,
20:32 comme on l'a dit depuis le début, donc je sais
20:34 que c'est ce qui m'a aidé à pouvoir casser
20:36 les rythmes et revenir
20:38 sur mes pattes comme les chars, vous voyez.
20:40 - Oui, parce que votre spécialité, et ça
20:42 vous avait innové, c'était de casser les rythmes
20:44 des danses pour que les,
20:46 et le public en profitait, il devait changer de rythme.
20:48 - Surprendre.
20:50 Surprendre tout le temps, décoiffer.
20:52 Que la bourgeoise soit décoiffée,
20:54 déjà qu'on avait Fabrice, il avait compris aussi
20:56 qu'il fallait que le serveur soit beau,
20:58 qu'on sorte le soir pour
21:00 prendre son pied avec ses yeux d'abord,
21:02 pour se rincer les yeux.
21:04 Voilà, il vaut mieux,
21:06 c'est déjà un peu gagné, si tout le monde
21:08 est un peu joli, à regarder, souriant,
21:10 bien habillé, vous voyez,
21:12 des beaux mecs, des belles filles, au restaurant,
21:14 c'est là, belle musique, un beau décor,
21:16 que tout soit, vous voyez.
21:18 - Mais ça c'était assez nouveau pour l'époque,
21:20 qu'il y ait autant de choses en même temps.
21:22 - Il paraît, oui, moi je fréquentais
21:24 qu'un peu Castel,
21:26 qui était une boîte extrêmement classeuse,
21:28 j'avais la chance que Jean Castel m'aimait bien,
21:30 donc il m'acceptait même
21:32 à me faire m'éteindre dans ma tenue que je m'étais préparée au plus.
21:34 Ça allait de temps en temps chez Régine aussi,
21:36 au Nieuw Jimmys,
21:38 au Bourg de Montparnasse,
21:40 mais Régine, c'est pas du tout pareil, elle recevait ses amis à elle,
21:42 elle connaissait la terre entière,
21:44 mais elle recevait ses amis, point.
21:46 C'est tout, c'est très classieux.
21:48 - Alors que vous, vous receviez le public et c'était la fête.
21:50 - Parce que Fabrice avait toujours adoré
21:52 les balles de pompiers, les balles populaires,
21:54 les balles où tout était mélangé.
21:56 - Eh bien justement, il y en a un qui s'est passé
21:58 le 19 février 1980,
22:00 on va en parler dans quelques instants sur Sud Radio,
22:02 avec Guy Cuevas.
22:04 - Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
22:06 - Sud Radio, les clés d'une vie,
22:08 mon invité Guy Cuevas,
22:10 qui sort une compilation
22:12 des grands moments du Palace,
22:14 discothèque mythique des années 80.
22:16 On en écoute quelques-uns parce que ça a été un gros travail,
22:18 on va en reparler. Et puis il y a eu des grandes fêtes au Palace,
22:20 ça correspond à une époque souvent
22:22 racontée aujourd'hui,
22:24 surtout par ceux qui ne l'ont pas connue.
22:26 Le 19 février 1980,
22:28 c'est une soirée de carnaval,
22:30 et au journal télévisé ce soir-là,
22:32 on voit des centaines de personnes déguisées,
22:34 en train de danser, et des maquillages
22:36 particulièrement délirants. Vous vous en souvenez ?
22:38 - De l'émission télé ?
22:40 - Non, non, non, non.
22:42 - Oui, oui, oui, forcément.
22:44 - Les soirées de carnaval au Palace, c'était quelque chose de totalement...
22:46 - Ah, c'était quelque chose, oui. - Racontez-moi.
22:48 - Ah oui, non, non, et puis les gens,
22:50 je sais pas, peut-être qu'on
22:52 les inspirait, vous voyez,
22:54 mais on donnait le temps. On donnait le temps,
22:56 nous-mêmes, on était, vous voyez, nous-mêmes,
22:58 on prenait ça au sérieux,
23:00 on était des metteurs en fête.
23:02 C'était théâtral, c'était le théâtre, le Palace.
23:04 Donc on mettait en scène,
23:06 chaque soir, on mettait une pièce.
23:08 Une pièce comme vraiment folle, surréaliste,
23:10 à l'ouf, mais c'était fou.
23:12 Tout, le maquillage, les costumes,
23:14 n'oubliez pas que dans l'invitation,
23:16 déjà, on donnait le temps.
23:18 Tennis de soirée exigée,
23:20 ou alors déguisement à volo,
23:22 à chaque fois, on changeait
23:24 la formule, vous voyez, pour provoquer
23:26 l'inspiration des gens.
23:28 - Et les gens jouaient le jeu complètement ?
23:30 - Qui viennent pas avec un jean, c'est une chemise
23:32 toute banale, vous voyez,
23:34 il fallait être looké, comme on dirait,
23:36 comme on a dit après.
23:38 - Oui, mais ça, c'était nouveau à l'époque. - Complètement, oui.
23:40 Je crois que c'est quand on a commencé
23:42 à voir que tout autour, effectivement,
23:44 les gens jouaient le jeu,
23:46 effectivement, et que ça inspirait, oui.
23:48 - Mais ils jouaient le jeu, ils s'amusaient. - Même en 54,
23:50 j'ai pas vu ça, autant.
23:52 - Non, mais justement, les gens jouaient le jeu,
23:54 alors que c'est une époque où les temps étaient,
23:56 commençaient à être difficiles, on avait besoin de se défouler,
23:58 et le palace aidait au défoulement.
24:00 - C'est une époque qui était liée, complètement
24:02 synonyme d'insouciance. Imaginez,
24:04 je le répète tout le temps, parce que c'est de la
24:06 science-fiction, quand on le dit maintenant,
24:08 il n'y avait pas du chômage.
24:10 - Oui.
24:12 - Il n'y avait pas du chômage,
24:14 ça n'existait pas. Donc, il y avait
24:16 une insouciance, il n'y avait pas encore le sida,
24:18 non plus. C'est ce qui a donné le ton
24:20 à l'arrêt à toute cette
24:22 parenthèse enchantée, qui est arrivée
24:24 en 81. Là, à ce moment,
24:26 ni chômage, ni sida, ni terrorisme,
24:28 il n'y avait rien.
24:30 Et les gens qui n'avaient pas d'argent,
24:32 il y avait toujours quelqu'un qui payait.
24:34 Tout se passait dans la guêtée, dans le sourire.
24:36 Moi-même, j'ai invité, mais des millions
24:38 de petits banlieusards,
24:40 parce qu'ils dansaient divinement bien,
24:42 ils faisaient...
24:44 On dirait les bourgeoises, à la guêtée,
24:46 où elle les invitait à danser.
24:48 Voilà, on les refrait des verbes
24:50 pour qu'ils reviennent, etc.
24:52 Tout le monde était permis pourvu
24:54 que ça contribuait
24:56 à l'allégresse
24:58 et la joliesse de la soirée.
25:00 Au contraire, il fallait que tout le monde soit là.
25:02 - Des soirées qui commençaient vers 22h
25:04 et qui se terminaient parfois à l'aube.
25:06 - La partie discothèque, parce qu'avant,
25:08 il y avait toujours un concert, vous le savez sans doute.
25:10 Là aussi,
25:12 c'est pareil, la liste, c'est incroyable
25:14 à imaginer qu'on a tout eu.
25:16 Tout eu dans tous les styles de musique.
25:18 - Et la fête se prolongeait très, très tard,
25:20 parce que la musique, ça ne se prolongeait
25:22 jusqu'à ce que les gens n'en peuvent plus.
25:24 - Il y a des soirées,
25:26 je me souviens, des soirées, des matins
25:28 où il fallait que je mette
25:30 le Walkyrie des Wagner, ou quelque chose
25:32 qui casse complètement, classique,
25:34 l'opéra. Vous voyez, quand ils font tout,
25:36 à 7h30, 8h du matin,
25:38 parce qu'ils ne voulaient pas partir.
25:40 - Alors, il y a dans cette compilation du Palace
25:42 un des morceaux
25:44 qui correspond justement à ces non-limites,
25:46 c'est Love Unlimited
25:48 par Barry White.
25:50 - Ah, qu'est-ce que j'aime bien ça !
25:52 - Là aussi, c'est quelque chose
26:04 qu'il fallait trouver, mettre en scène,
26:06 mettre en musique. Comment vous faisiez
26:08 Geek Webhouse, pour que ça ajoute
26:10 à l'ambiance ?
26:12 - Ça, j'ai commencé à le passer au 7.
26:14 Comme je vous disais tout à l'heure,
26:16 au 7, c'était plus facile.
26:18 J'avais l'impression d'une sur-boum.
26:20 J'avais l'impression de chez moi. Vous voyez, c'était plus petit.
26:22 Il y avait une grande clientèle
26:24 de happy people,
26:26 beautiful people, beaucoup de mannequins.
26:28 Beaucoup d'agences de mannequins, des beaux mecs,
26:30 de très belles nanas. D'ailleurs,
26:32 Jerry Hall, qui est arrivé un peu gros,
26:34 ça, c'est son Texas. Antonio Lopez,
26:36 qui était le dessinateur de La Femme égrée,
26:38 elle est devenue tout ce qu'on sait dans le monde après,
26:40 y compris La Femme de Mick Jagger.
26:42 Il y avait des filles
26:44 sublimes. Il y avait une actrice, d'ailleurs,
26:46 qui faisait du mime à Paris. Jessica
26:48 Lyne, j'imaginais. Elle venait au 7.
26:50 Elle s'était toute...
26:52 Donc, comme je disais tout à l'heure,
26:54 tous ces gens avaient une oreille
26:56 musicale américaine. Tout fonctionnait.
26:58 Et ça, ça marchait déjà.
27:00 - Dans U.I.E., oui. - Ça marchait aux Etats-Unis.
27:02 Ça passait déjà aux 54.
27:04 J'avais rapatrié, parce que
27:06 j'avais des trucs... Il a mélangé.
27:08 Alors qu'on sait que c'est une baleine noire.
27:10 Il était très gros.
27:12 - Barry White, c'était 1m92, 150 kilos.
27:14 - Oui, je dirais même
27:16 180 kilos, oui. - On l'appelle
27:18 le magistre de l'amour. Et il a réussi à
27:20 enregistrer 21 albums
27:22 entre 73 et 76. - À la fin,
27:24 il avait plus de voix, il avait plus de souffle. Il pouvait pas
27:26 respirer, ni parler, ni rien. On entendait
27:28 que l'air...
27:30 - Mais c'était quand même des musiques sur lesquelles
27:32 on se déchaînait. - Mais il a mélangé
27:34 des sons très particuliers,
27:36 très intelligents.
27:38 Il a mélangé un son très noir,
27:40 d'abord lui, très noir, très grand,
27:42 comme vous le décrivez, une baleine noire.
27:44 Mais en même temps, des violons, des choses
27:46 qui sont typiquement de la musique blanche jusqu'à là.
27:48 Vous voyez ? Les violons, les romantismes,
27:50 les machins. Ça fonctionnait
27:52 d'enfer. Mais j'adorais, ça marchait.
27:54 - Et on n'imagine pas le travail que peut représenter
27:56 d'écouter des centaines de morceaux
27:58 et ensuite de voir comment on peut les
28:00 rejoindre, les mettre ensemble.
28:02 - Ah ben je ne dormais plus, c'est pas compliqué.
28:04 J'ai passé 25 ans de ma vie à ne pas dormir.
28:06 - C'est-à-dire ?
28:08 - J'étais obsédé,
28:10 omnibulé par mes enchaînements. En plus, comme je mélangeais
28:12 avec des vieilleries, des vieux morceaux en moi,
28:14 des vieux vinyles, j'avais
28:16 pratiquement une boutique de disques chez moi.
28:18 On aurait dit
28:20 chandisque, où j'avais
28:22 acheté mes disques à la fin.
28:24 Avant, il y avait Givaudan, il y avait Symphonia,
28:26 il y avait Raoul Vidal, Place Saint-Germain, Desprès,
28:28 où il y avait un rayon déjà de musique, de films.
28:30 Et là, je fais
28:32 ma rasia, acheter des musiques, des films
28:34 pour passer des petits bouts par-ci, des petits bouts par-là,
28:36 etc. - Oui, mais en même temps,
28:38 pour mélanger, ce qui est important,
28:40 c'est de tenir l'assistance, tenir l'assistance
28:42 en haleine, c'est ça le plus compliqué.
28:44 - Mais c'est là où il fallait vraiment
28:46 travailler en interaction
28:48 avec le public, parce que tous les jours,
28:50 ce n'était pas la même clientèle.
28:52 Forcément, il fallait voir qui descendait
28:54 du restaurant, du set, pour voir
28:56 qui était là.
28:58 Tous les jours, il y avait Claudia Cardinal,
29:00 qui a perdu son diamant, dans la réunion de la banquette,
29:02 etc. C'était pas pareil
29:04 quand il y avait trois mannequins qui dansaient
29:06 divinement bien, les jambes, les bras en l'air.
29:08 Vous voyez,
29:10 chaque salle demandait
29:12 une musique différente. - Et pour le Palaz, pareil.
29:14 - Encore plus.
29:16 Encore plus, parce que là, j'avais
29:18 l'impression de faire l'amour avec 3 000 personnes.
29:20 Et il fallait que je satisfasse
29:22 ces 3 000 personnes.
29:24 - Il fallait choisir des musiques et que votre programme
29:26 pouvait changer, parce que vous sentiez quelque chose
29:28 de différent. - Mais je...
29:30 J'étais myope, hein, toute ma vie.
29:32 Je voyais pas bien tous les visages.
29:34 Mais à un moment donné,
29:36 quand il y avait les poursuites, vous voyez,
29:38 sur les gens, parce que c'était un de nos clous.
29:40 Vous savez bien tous les effets spéciaux qu'il y avait.
29:42 La boule de néons de couleur, les murs de néons
29:44 de couleur, le brouillard qu'on provoquait
29:46 avec de l'anis carbonique,
29:48 les confettis, les serpentins...
29:50 On poursuivait quelqu'un.
29:52 Comme disait Adi Warhol,
29:54 "La personne a l'impression qu'il était le plus important
29:56 de la soirée." La poursuite
29:58 s'arrêtait sur quelqu'un. Donc là, je voyais
30:00 bien les sourires, que les gens étaient heureux.
30:02 Ils me souriaient, ils me faisaient le v de la victoire.
30:05 C'est... C'était un défoulement.
30:08 - Il y avait aussi les rayons laser
30:10 pour la première fois. - Oui. - Ça, ça a été important,
30:12 Guy Cuevas. - Jamais il n'y avait eu ça
30:14 nulle part, ni au 54.
30:16 D'abord, au 54, c'était plus petit.
30:18 C'était un ancien studio de télévision,
30:20 mais c'était plus petit. Il n'y avait pas la même profondeur
30:22 qu'il y avait au Palace. - Et là,
30:24 les rayons laser, c'est venu comment ?
30:26 - C'est des gens, des techniciens,
30:28 des gens... C'est parti...
30:30 À partir de M. Sanchez,
30:32 qui avait installé la Sonos
30:34 au 7. M. Sanchez,
30:36 d'origine espagnole, avec déjà le son
30:38 du 7, c'était génial, par rapport à un endroit petit.
30:40 Un baffle énorme,
30:42 presque aussi grand que la hauteur
30:44 du lieu.
30:46 Et on leur demandait, Fabrice,
30:48 avec sa tchatche habituelle, pour convaincre
30:50 les gens,
30:52 d'apporter des idées, d'apporter
30:54 de la technique, des choses nouvelles, etc.
30:56 Et c'est eux, Sanchez a amené
30:58 quelqu'un qui s'appelle Didier Sailly,
31:00 qui a apporté des idées qu'il avait vues.
31:02 C'était son métier.
31:04 - Et depuis, tout le monde a repris les rayons laser dans les discothèques.
31:06 - Tout le monde a essayé, oui,
31:08 mais tout le monde a commencé à copier,
31:10 à faire des boîtes pareilles, aussi grandes,
31:12 à chercher des lieux aussi surdimensionnés.
31:14 - Il y a des musiques qu'on ne s'attendait
31:16 pas à entendre au Palace, et qui sont dans cette compilation,
31:18 et qui ont eu également leur heure de gloire,
31:20 et pas seulement au Palace.
31:22 * Extrait de "Les Pâques d'Air" de Michel Jonas *
31:24 * Extrait de "Les Pâques d'Air" de Michel Jonas *
31:26 * Extrait de "Les Pâques d'Air" de Michel Jonas *
31:28 - François Zarny, qui n'a pas vraiment passé ses soirées au Palace,
31:30 a été entendu avec cette chanson de Michel Jonas.
31:32 a été entendu avec cette chanson de Michel Jonas.
31:34 - D'abord, j'adore toujours
31:36 Michel Jonas, j'adore toujours François, d'abord.
31:38 Qu'on adore, qu'on affectionne,
31:40 parce que, comme tout le monde sait,
31:42 probablement, il a des problèmes de santé.
31:44 Mais j'ai passé déjà,
31:46 je crois que c'est la seule chanson
31:48 avec une deuxième, j'ai oublié le titre,
31:50 où elle chante d'une façon saccadée,
31:52 vous voyez, syncopée.
31:54 - Absolument.
31:56 - Elle savait pas faire ça, mais elle le dit elle-même,
31:58 tout le temps, c'est pour ça qu'elle chantait pas du Michel Berger.
32:00 Et France Gall, oui.
32:02 France Gall sait chanter syncopée comme ça,
32:04 vous voyez, c'est le béabar du style Michel Berger.
32:06 - Mais François Zardy...
32:08 - Et là, elle réussit parfaitement dans cette chanson.
32:10 - Oui, mais François Zardy, dans la musique soul
32:12 au Palace, c'est inattendu.
32:14 - Je crois même qu'elle ne savait pas
32:16 ce que c'était la musique soul.
32:18 Elle devait pas savoir, vraiment,
32:20 c'est Michel Jonas, c'est son idée.
32:22 - Et puis, il y a quelqu'un aussi
32:24 que vous aimez... - À chaque fois, je l'aime surprendre,
32:26 vous voyez, que les gens soient décoiffés, tout le temps.
32:28 - Alors, il y a quand même, dans cette compilation,
32:30 un morceau très personnel. Écoutez.
32:32 (musique)
32:34 - Ah.
32:36 Merci.
32:38 (musique)
32:40 - Bien.
32:42 "Obsession" par Guy Cuevas.
32:44 Ça, c'est... - Merci, Jacques.
32:46 - Oui, mais c'est vrai que comment c'est né?
32:48 Parce qu'en général, vous étiez pas
32:50 quelqu'un qui faisait des disques.
32:52 - Euh...
32:54 On sait qu'on m'avait déjà proposé de tourner
32:56 dans des films, etc.
32:58 J'avais joué
33:00 aux saxos dans "La nuit des saints germains des prêtres"
33:02 de Bob Swaim.
33:04 J'avais fait "La Balance" plus tard
33:06 avec Daniel Oteu et Morshuman.
33:08 Mais bon, au Palace, comme j'étais la vedette,
33:10 j'étais sous la lumière.
33:12 On parlait de nous, de moi également,
33:14 à cause de ma musique. Du Palace, bien sûr,
33:16 des Fabrice, dans le monde entier.
33:18 Donc on m'avait proposé toutes sortes de choses
33:20 les plus intéressantes,
33:22 les moins intéressantes, les plus loufoques à tout.
33:24 Quelqu'un est venu me proposer
33:26 justement de faire un disque.
33:28 Un compositeur noir argentin,
33:30 ce qui est rare, Roberto Valencia.
33:32 Il est venu pour me dire qu'il avait
33:34 une chanson "Aebony Game", qui a été mon premier disque,
33:36 et qu'il avait un ami, Harvey Lecos,
33:38 mais voilà, des fils à l'aiguille.
33:40 Et puis ça me plaisait, c'était encore la musique.
33:42 - Et "Obsession", vous le passiez au Palace,
33:44 et les gens dansaient sur cette musique.
33:46 - C'était, oui,
33:48 à la fin
33:50 de mes prestations au Palace.
33:52 Mon premier disque, oui,
33:54 je l'ai chanté sur la scène du Palace.
33:56 "Aebony Game", ça, oui.
33:58 En soirée de Noël, Wiv Morosi
34:00 présentait pour TF1, justement, la soirée.
34:02 Mais "Obsession" est venu
34:04 un tout petit peu après, c'était vers la fin,
34:06 quand je partais.
34:08 Mais ça a été répris par tous mes collègues,
34:10 à l'U2, OK, oui, ça est devenu culte.
34:12 C'est ma chanson devenue culte la plus connue.
34:14 - Et puis, il y avait aussi une autre mélodie,
34:16 justement, c'était après la danse,
34:18 "After the Dance".
34:20 Marvin Gaye. Alors, je ne sais pas si vous le savez,
34:28 mais Arnaud, chanteur belge qui a eu son heure de gloire,
34:30 qui a hélas disparu, a débuté comme cuisinier
34:32 chez Marvin Gaye.
34:34 - Oui, j'avais entendu ça.
34:36 - Et c'est vrai que là aussi, ça correspond à un autre rythme
34:38 du Palastifak, les rythmes changent
34:40 tout au long de la soirée. - Complètement.
34:42 Oui, non, et puis j'ai rapporté
34:44 encore un qui est
34:46 le summum pour moi, Marvin Gaye.
34:48 Bien au-dessus de tout le monde.
34:50 Il y avait Marvin Gaye, Curtis Mayfield,
34:52 mais voilà, Stevie Wonder.
34:54 - Alors, on les connaissait... - C'était mon panthéon.
34:56 - C'était pas forcément des musiciens populaires
34:58 à l'époque en France, vous les avez rendus populaires,
35:00 Guy Guevasse.
35:02 - Comment on me dit ça ? Ça m'a rendu
35:04 du bonheur qu'on me répète,
35:06 même Diana Ross me l'avait répétée,
35:08 que j'avais beaucoup contribué...
35:10 Pardon.
35:12 J'avais un peu contribué
35:14 justement à les faire connaître ici.
35:16 C'était déjà un totem aux Etats-Unis.
35:18 Mais ici, oui, j'ai contribué
35:20 pas mal. - Et d'ailleurs,
35:22 on va contribuer justement à cette connaissance
35:24 à travers une autre date,
35:26 le 8 décembre 2023.
35:28 A tout de suite sur Sud Radio, avec Guy Guevasse.
35:30 - Sud Radio,
35:32 les clés d'une vie, Jacques Pessis.
35:34 - Sud Radio, les clés d'une vie,
35:36 mon invité Guy Guevasse.
35:38 8 décembre 2023 est sorti
35:40 donc "Palace",
35:42 une compilation que vous avez réalisée
35:44 de trois CD
35:46 reprenant les grandes musiques,
35:48 les grandes heures du "Palace". Pourquoi avoir
35:50 aujourd'hui réalisé ce coffret,
35:52 Guy Guevasse ? - Parce que les gens
35:54 sont fascinés par ces époques-là.
35:56 On est conscients
35:58 maintenant que c'est une époque
36:00 bénie, parenthèse en santé,
36:02 qui ne reviendra jamais, pour tout ce que je disais
36:04 auparavant. C'est une époque
36:06 où il n'y avait pas de sida, pas de terrorisme,
36:08 pas de chômage, rien. On ne pouvait
36:10 qu'être heureux, gai.
36:12 Vous voyez, on était insouciants.
36:14 C'était le mot-clé de l'époque.
36:16 Ça provoquait une grande créativité dans tout,
36:18 dans les meubles, dans le cinéma, dans tout.
36:20 Et dans la nuit, forcément.
36:22 - Alors, il y a 57 morceaux
36:24 dans ce triple CD.
36:26 - Plus interludes.
36:28 - Comment ont été choisis ces morceaux ?
36:30 Parce que vous aviez beaucoup d'albums, Guy Guevasse.
36:32 - Au départ, déjà, on s'était
36:34 mis d'accord. Parce qu'il y a eu d'autres
36:36 compilations sur ces époques-là.
36:38 Il y en a même parfois, celles qui me sont
36:40 dédiées. Il y a eu
36:42 deux compilations dédiées à Fabrice et à Guy Guevasse.
36:44 Je les écoute dans mon Google Home.
36:46 Et je ne me reconnais pas.
36:48 Je ne me reconnais pas du tout.
36:50 Ça ne ressemble pas du tout à ce que je faisais
36:52 au Palazzo, vous voyez ?
36:54 On m'avait déjà proposé beaucoup.
36:56 Au moins 10-15 fois depuis toutes ces années.
36:58 Ça fait 45 ans quand même.
37:00 On m'avait proposé. À chaque fois, je refusais.
37:02 Mais comme je voyais
37:04 d'autres personnes, d'autres gens, faire
37:06 des choses qui n'avaient rien à voir
37:08 et qui reprenaient souvent, toujours,
37:10 les mêmes choses, les plus commerciales.
37:12 Vous voyez ? Les Sylvesters,
37:14 les Donna Summer, les Anita Ward,
37:16 les Ring My Bell.
37:18 "Would you ring my bell ?"
37:20 Je me suis dit, j'en ai ras-le-bol.
37:22 Je vais peut-être accepter.
37:24 Et ça tombait pile que ça venait
37:26 de chevalier des
37:28 Pensions Musiques et Universales.
37:30 Il a beaucoup insisté.
37:32 Il a attendu, justement,
37:34 toute l'année de ma promo pour mon livre,
37:36 il y a un an et demi.
37:38 Il a attendu toute l'année que je sois libérée
37:40 pour me reparler.
37:42 En plus, c'est humain, vous voyez ? Il m'a séduit.
37:44 - Comment on sélectionne 57 morceaux
37:46 alors que vous avez encore des milliers ?
37:48 - On va du côté pointu, déjà.
37:50 Je m'étais dit, je ne mettrais pas
37:52 les mêmes choses que j'entends dans les autres.
37:54 Les Sylvesters, tout ce que je viens de dire.
37:56 Les choses les plus commerciales, on va les éviter.
37:58 Et c'était le désir
38:00 de la Musée Universelle,
38:02 que ce soit très pointu, mais qu'en même temps,
38:04 il me demandait que ça soit,
38:06 évidemment, que ça reflète
38:08 le style Gris-Roué-Passe.
38:10 Tout mon éclectisme,
38:12 vous voyez, de musique.
38:14 Tout mon goût qui s'en va dans tous les sens,
38:16 dans tous les styles, dans toutes les folies,
38:18 vous voyez, à tous.
38:20 - Oui, et qui correspondent à l'époque.
38:22 Mais pour sélectionner 57 extraits, il faut...
38:24 - Il y a eu d'abord ma mémoire.
38:26 Ma mémoire, j'ai une mémoire d'anthropo-éléphant,
38:28 Dieu merci,
38:30 à mon grand âge, je me souviens
38:32 de tout, pratiquement, et au-delà.
38:34 Et en plus,
38:36 maintenant, il y a beaucoup de moyens.
38:38 Je ne sais pas, il y a les téléphones
38:40 d'un copain à côté de moi,
38:42 avec son téléphone, dans mon ordinateur,
38:44 mon Google Home, je lui demande
38:46 de chercher les vieilles rives, les Holidays,
38:48 les années 40, un truc qui vient de sortir.
38:50 Donc voilà.
38:52 Et j'ai commencé à faire mon mélange.
38:54 - Et donc, imaginons
38:56 qu'on est au Palace un soir,
38:58 on va faire une petite sélection, et on va commencer
39:00 par Nina Simone avec "West Wind".
39:02 - Ah, merci, les passages, ça,
39:04 j'adore ça.
39:06 (musique)
39:08 This song I was told
39:10 to sing by Miriam Makeba.
39:12 - Vous connaissez ce morceau,
39:14 vous l'avez découvert comme ça, par hasard ?
39:16 Quand on découvre un morceau, c'est l'oreille,
39:18 c'est un instant ?
39:20 - J'avais tous les vinyles de Nina Simone.
39:22 - C'est compliqué. - Tous !
39:24 Je les ai toujours, dans ma cave.
39:26 J'avais tous les vinyles
39:28 de Nina Simone. D'ailleurs,
39:30 ce morceau-là, je l'avais fait
39:32 découvrir à ma soeur Grace Jones
39:34 et Sly Dunbar
39:36 et Robbie Shakespeare, qui étaient ces deux
39:38 Jamaicans sublimes, ces deux grands
39:40 messieurs, les deux, qui ont fait
39:42 le son de Grace Jones au début, le très reggae.
39:44 Ils se sont inspirés pour faire
39:46 une ligne de base sur "West Wind",
39:48 justement. - Alors, il se trouve que
39:50 Nina Simone, en 1964,
39:52 a été aux côtés de Martin Luther King
39:54 quand il y avait un défilé.
39:56 Elle a chanté un hymne du mouvement
39:58 de défense des Noirs
40:00 et elle est devenue la grande prêtresse de la sole.
40:02 À partir de ce moment-là, ce concert de Martin Luther King,
40:04 cette soirée de Martin Luther King
40:06 a changé sa vie. - Oui.
40:08 - Et c'est vrai que ce morceau n'est pas le plus connu,
40:10 "West Wind". - Non, pas du tout. Mais c'est aussi pour ça
40:12 que ça m'intéressait. D'abord
40:14 parce qu'il n'y a qu'avec que percussions.
40:16 Donc déjà, ça ne peut que me plaire. J'aime bien
40:18 qu'il varie. Encore une fois, on revient
40:20 toujours à la même chose. J'aime bien surprendre
40:22 que ce soit varié, que ce soit
40:24 différent. Si c'est pour faire
40:26 comme tous les autres qui ont fait des compilations
40:28 où c'est pratiquement le même son du début à la fin,
40:30 je m'en dors. - Mais surtout,
40:32 c'est une époque où les rythmes ont changé parce que
40:34 les boîtes à musique ont changé, parce que les percussions ont changé.
40:36 Ça correspond à ça, le palace aussi,
40:38 Guy Pévasse. - Et là, on entend que c'est des gens
40:40 en train de jouer. On entend,
40:42 vous voyez, avec leurs bras, leurs biceps.
40:44 Et elle qui fait avec son vers,
40:46 sa bague, avec les tambourins,
40:48 etc. Comme moi, j'avais un tambourin.
40:50 On saute au palace, etc. Vous voyez ?
40:52 Donc là, on entend ça. Il y a d'autres moments
40:54 où on entend la guitare. Il fallait que
40:56 ça change tout le temps. - Oui, mais on... - Et en plus,
40:58 j'aimais bien l'idée de faire un trio
41:00 à Rachael Franklin, Grace Jones,
41:02 "Pull Up to the Bumper" et "West Wind".
41:04 - Et effectivement, c'est un mélange
41:06 qui n'existait pas dans la réalité
41:08 que vous avez monté pour le palace.
41:10 Alors, il y a aussi dans cette
41:12 compilation, dans ce coffret,
41:14 un morceau qu'on n'attend pas forcément,
41:16 "Temporary Secretary",
41:18 Paul McCartney.
41:20 Ça, franchement,
41:32 quand on connaît Paul McCartney, c'est pas forcément ce qu'on connaît
41:34 de plus. - Il fallait le trouver. - Oui.
41:36 Comment vous l'avez trouvé ? - On me l'a amené.
41:38 On m'a la proposé. Quand j'écoutais
41:40 des disques dans le "Mitchell et Disquaire",
41:42 etc. Comme de toute façon,
41:44 ça allait un peu dans le sens de mes
41:46 parties blanches. - Oui. - Vous savez, dans mon
41:48 coffre, là où il y avait les disques et ranger
41:50 mon vinyle dans ma cabine de DJ,
41:52 c'était pour aller plus vite, hein, parce que
41:54 moi, j'avais mon cerveau et mon goût.
41:56 Mais il y avait des assistants.
41:58 Comme j'étais allumée. J'étais...
42:00 Je sais pas. J'étais éclairée par une étoile,
42:02 quelque chose, des idées. Mais
42:04 j'ai foissonné d'idées.
42:06 Mais j'avais pas le temps de chercher de rien non plus.
42:08 Donc il y avait des piles.
42:10 Piles de musiques noires,
42:12 piles de musiques blanches,
42:14 piles de musiques entre deux, vous voyez ?
42:16 Pour les effets spéciaux, pour les
42:18 bouts de dialogue, comme je disais, les musiques
42:20 des films, ceci, cela.
42:22 Et donc, dans ces rayons,
42:24 il y avait les choses comme
42:26 "My way" par Céleste X Pistole. - Oui.
42:28 - Il fallait avoir... courage, hein,
42:30 pour passer ça. Cette version
42:32 détruise la chanson. Mais j'ai trouvé
42:34 c'était tellement drôle. Et puis
42:36 un peu... "One step
42:38 beyond". Voilà.
42:40 Vous voyez ? C'est un rythme accéléré.
42:42 C'était les moments des musiques blanches,
42:44 des musiques pour les jeunes. Parce qu'encore une fois,
42:46 il fallait contenter tout le monde. Il fallait pas que ce soit
42:48 une musique noire. C'est le monde, tout le monde.
42:50 - Alors, il faut savoir que c'était encore le temps du vinyle.
42:52 Le vinyle a disparu ensuite et revient
42:54 aujourd'hui. C'est assez curieux. - Oui.
42:56 - Parce que pendant 30 ans, on n'a plus
42:58 entendu parler du vinyle. Mais il y a un son particulier qui fait
43:00 que le vinyle, les jeunes d'aujourd'hui
43:02 ont envie d'en écouter. - Absolument. Oui, oui. Comme tout.
43:04 C'est un éternel retour. La mode
43:06 aussi, c'est pareil. Oui, oui.
43:08 - C'est-à-dire qu'aujourd'hui, tout le monde...
43:10 - La compilation existe en vinyle aussi. - Mais exactement.
43:12 Vous imaginez que le vinyle
43:14 pouvait revenir un jour ? - Non.
43:16 Il y a 15 ans, non. Mais depuis
43:18 quelques années, on le sait. - Voilà.
43:20 - Depuis quelques années, il y avait...
43:22 Par-ci, par-là, il y avait une boutique très cachée
43:24 dans la rue Charonne. Il y avait une autre
43:26 boutique très cachée à côté du vinyle.
43:28 Mon temps, vous voyez, ça commençait
43:30 à poindre son nez. Donc on commençait
43:32 à sentir que c'est...
43:34 Encore une fois, ce que j'expliquais au départ,
43:36 les tendances. On sentait
43:38 une tendance. On sentait... Vous voyez ?
43:40 - Mais aujourd'hui,
43:42 tous ceux qui fabriquaient des DVDs fabriquent des vinyles
43:44 et s'en sortent financièrement très bien.
43:46 Il y a un appel
43:48 et je pense que les collections... Vous avez gardé
43:50 toutes vos collections. Vous devez avoir des milliers de vinyles chez vous.
43:52 - Dans la cave, oui. En plein. Oui. 3 000.
43:54 - 3 000. Mais il faut les conserver précieusement.
43:56 - Oui. - Alors, vous avez parlé
43:58 des interludes. Ça, c'était très important
44:00 au Palace. On va en écouter un.
44:02 - "Ave Mouche Papam" !
44:04 (acclamations)
44:06 (acclamations)
44:08 (acclamations)
44:10 - C'est ce qui ouvre le coffret
44:12 Palace. "Ave Mouche Papam".
44:14 C'est assez curieux. - Mais c'est une idée actuelle,
44:16 celle-là. - Oui. - Je l'ai fait parce
44:18 que comme ça fait 50 ans qu'on me répète
44:20 que je suis le pape de la musique
44:22 disco, le pape de ceci,
44:24 le pape de cela, que j'ai ouvert la voie,
44:26 que ceci... Je me suis dit
44:28 que c'est de l'humour, hein, au 35e
44:30 degré. Je me suis dit que
44:32 j'allais me prendre moi-même pour le pape.
44:34 (rires) Comme on dit dans le
44:36 Vatican, quand il y a la fumée blanche. "Ave
44:38 Mouche !" - Alors, comment est née
44:40 l'idée des interludes et pourquoi les interludes
44:42 Guy Cuevas ? - Pour
44:44 respecter, justement, les interludes
44:46 que je faisais par-ci, par-là, dans le Palace,
44:48 sauf qu'au Palace, j'avais toute la
44:50 nuit, des 10h du soir, comme on a dit, jusqu'à
44:52 8h, jusqu'à pas 2h.
44:54 C'était à 8h, 9h. Alors
44:56 que là, il fallait me concentrer
44:58 pour que ce soir, aussi, respecter
45:00 mon style. Voyez par-ci, par-là. - Alors,
45:02 ces interludes au Palace sont nés comment ?
45:04 - Ils sont nés comment ?
45:06 - Ils sont nés comment ? Comment c'est arrivé ?
45:08 - Ah ben, je faisais
45:10 déjà ça au CET. Je passais
45:12 déjà du cri d'oiseau au CET,
45:14 des petits bouts de dialogue,
45:16 moins parce que comme l'endroit était plus petit
45:18 au Club CET, et que c'était là...
45:20 Vous voyez, les gens étaient pires devant moi.
45:22 Je voulais pas que la piste s'évite non plus.
45:24 Je le faisais, mais très court.
45:26 Très, très court !
45:28 Mais ça durait une seconde, une surprise !
45:30 - Mais pourquoi c'était une surprise ? C'était une envie ?
45:32 C'est né comment, cette envie ?
45:34 - Voilà, parce que je respectais mon bagage culturel,
45:36 tout ce qui m'avait plu toute ma vie.
45:38 Toutes les musiques du monde
45:40 entier, tous les styles de musique,
45:42 tous les films. La voix
45:44 de Jeanne Moreau, la voix d'André Byrne,
45:46 de Marilyn Monroe,
45:48 Emmanuel Rivard, d'Hiroshima mon amour...
45:50 Voilà, Stéphane Audron et Delphine Sérigue...
45:52 - C'était une façon de leur rendre hommage,
45:54 et en même temps de respirer une seconde,
45:56 pratiquement. - Oui, c'était
45:58 la respiration. - Et à la télévision,
46:00 les premiers interludes dans les années 60...
46:02 - Je passais Barbara aussi, "L'horreur de la vie rouge".
46:04 - Mais à la télévision, les interludes,
46:06 c'était quelque chose de particulier,
46:08 comme les horreurs n'étaient pas respectées, dès qu'il y avait un trou
46:10 qu'on était en avance de quelques instants,
46:12 on passait à l'interlude.
46:14 C'était autre chose. Alors, dans cette compilation,
46:16 il y a aussi "Summer Madness"
46:18 par Kool & The Gang. - Qu'est-ce que c'est pour ça ?
46:20 C'était pour les fins de soirée, ça.
46:26 - Voilà. - Les fins de soirée,
46:28 les moments sexys où les gens ont déjà
46:30 bricolé un peu, ils se draguent,
46:32 les gens sont en train de choisir un partenaire
46:34 pour peut-être partir avec,
46:36 ou pour se faire payer un taxi,
46:38 s'il n'y en a pas d'argent, etc. Oui,
46:40 mais plutôt ça, ça, la fin de soirée.
46:42 C'est pour les vidéos aussi, comme je disais tout à l'heure,
46:44 c'est quand je constatais qu'ils ne voulaient pas partir.
46:46 En un moment donné,
46:48 il faut quand même ralentir.
46:50 - Voilà, mais on ralentit avec ce groupe.
46:52 Ce groupe d'ailleurs, qui au départ
46:54 avait plusieurs noms, il s'appelait Jasiak,
46:56 il s'appelait The New Dimension,
46:58 et finalement, ils ont été présentés par erreur
47:00 comme le Kool of the Flemme
47:02 dans un concert. - Oh là !
47:04 - C'était le nom d'un groupe de James Brown, et ils sont devenus
47:06 comme ça, Kool of the Gang, pour ne pas ressembler
47:08 à James Brown. Et là aussi,
47:10 c'est des rythmes différents, à chaque fois,
47:12 selon les horaires, il y avait des rythmes.
47:14 - Oui, absolument. - C'était important pour vous ?
47:16 - Mais il y avait des morceaux très d'un sens à eux
47:18 que je passais aussi.
47:20 Il y avait d'autres morceaux aussi.
47:22 Ah oui, non, non, non, mais je ne m'arrêtais pas
47:24 à un seul morceau, comme j'écoutais très bien,
47:26 vous voyez, j'étais imprégné de tous les albums.
47:28 En plus, j'ai marqué des croix.
47:30 J'ai marqué derrière mes vinyles, je les ai toujours
47:32 dans ma cave, j'ai marqué des croix,
47:34 deux, trois, cinq croix,
47:36 et puis un petit commentaire à côté,
47:38 à quel moment, encore une fois,
47:40 pour me faciliter le travail, pour aller plus vite.
47:42 - Mais est-ce que finalement, il y avait des moments
47:44 où il fallait relancer l'ambiance,
47:46 ou est-ce que c'était permanent ? - Tout le temps.
47:48 Tout le temps, il fallait relancer,
47:50 parce que comme je me permettais justement
47:52 des petites respirations, j'avais toujours
47:54 un petit peu la peur
47:56 que ça puisse ne pas marcher.
47:58 En fait, en général, ça marchait.
48:00 De toute façon, c'était tellement plein,
48:02 et puis tout le monde dansait, au Palais, c'était difficile.
48:04 Même si ils arrêtaient de danser, c'était serré comme des sardines.
48:06 - Voilà. Il y a un morceau qu'on a aussi
48:08 dans cette compilation, et qu'on attendait absolument pas.
48:10 (musique)
48:12 (musique)
48:14 (musique)
48:16 - C'est génial.
48:18 - "Orphée aux enfers", le quadrilatèle.
48:20 - Mais les gens dansaient ! - Mais oui !
48:22 - Les gens dansaient aussi ! - Le French cancan.
48:24 - Je passais d'un morceau dansant,
48:26 et tout d'un coup, il levait les jambes,
48:28 la travelotte du bois qui venait, laissant l'air,
48:30 avec des pince-à-l'âge, sous les bouts de seins,
48:32 elle avait un collant pailleté, elle levait la jambe,
48:34 et les gens étaient aux anges, les gens tombaient,
48:36 ils ne savaient pas vraiment bien danser,
48:38 il y avait quelqu'un qui était en peignoir,
48:40 qui tenait derrière, pour les...
48:42 C'était du spectacle, un happening,
48:44 tout ce qu'on aimait avec Fabrice.
48:46 - Il se trouve que ce "Orphée aux enfers", le quadrilatèle naturaliste,
48:48 c'est la goulue qui l'a rendu célèbre,
48:50 mais c'est une cocotte qui s'appelait
48:52 Céleste Mogador, qui l'a créée
48:54 au Balmabi en 1858.
48:56 - Elle est énorme !
48:58 - Elle a lancé cette danse, qui a été reprise avant Marthe,
49:00 et qui est devenue le French cancan.
49:02 - Il y a beaucoup d'autres morceaux dans ce coffret,
49:04 dans ces trois CD.
49:06 Pour vous, c'est le symbole d'une époque
49:08 que vous voulez laisser, pour que les jeunes,
49:10 parce que les jeunes découvrent aussi ces mélodies.
49:12 - Oui, ça a l'air de plaire beaucoup aux jeunes.
49:14 Aux jeunes générations,
49:16 c'est Universal qui m'informe,
49:18 ils m'invitent déjà d'ailleurs le mardi prochain
49:20 pour célébrer la promotion,
49:22 que ça se passe très bien,
49:24 parce qu'ils ont vu l'engouement,
49:26 les jeunes qui demandent d'avoir une copie,
49:28 des gens qui tombent chez eux.
49:30 Mais ça, c'est génial,
49:32 parce que ça vient écouter ça 40 fois comme moi.
49:34 - En tout cas, ces compilations,
49:36 Palace, c'est un coffret de trois CD
49:38 chez Universal,
49:40 sélectionné par Guillaume Cuevas.
49:42 Merci de l'avoir réalisé, pour les anciens,
49:44 pour les plus jeunes aussi.
49:46 Et puis, continuez à aimer la musique.
49:48 - Merci à vous de me recevoir,
49:50 d'être fidèle toujours.
49:52 - Les clés d'une vie, c'est terminé pour aujourd'hui,
49:54 on se retrouve bientôt.
49:56 Restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.
49:58 à l'écoute de Sud Radio.

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