• il y a 6 mois
Jacques Pessis reçoit Nicolas Peyrac : son nouvel album est la concrétisation d’un rêve de plus de 50 ans. Il s’ajoute à un parcours qu’il a mené a son rythme et à celui de ses chansons.

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-04-17##

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News
Transcription
00:00 - Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03 - Les clés d'une vie, celles de mon invité.
00:05 Vos chansons ont souvent été des aspirations au voyage
00:09 de Saint-Germain-des-Prés aux îles lointaines.
00:11 Vous nous avez ainsi transmis vos rêves.
00:13 Vous continuez dans ce sens avec un album
00:16 dont l'idée remonte à 55 ans exactement.
00:19 Bonjour Nicolas Pérac.
00:20 - Bonjour Jacques Pessis.
00:21 - Alors on vous retrouve avec cet album
00:23 qu'on va, d'ici et d'ailleurs, qu'on va évoquer
00:26 tout à l'heure dans cette émission.
00:29 Le principe des clés d'une vie,
00:30 vous êtes déjà venu il y a très longtemps,
00:32 c'est d'évoquer votre carrière à travers des dates clés,
00:35 ce que nous allons faire aujourd'hui,
00:36 avec bien sûr ces anciennes chansons et ces nouvelles chansons.
00:39 - D'accord.
00:40 - Alors la première date que j'ai trouvée,
00:41 c'est le 25 novembre 73.
00:44 C'est votre première télé, mais hors antenne,
00:46 car dans Dimanche Salvador, il y a cette chanson.
00:49 [♫♫♫]
00:56 C'est la première fois que Marie Laforeille,
00:58 qui est la mise de la date de Dimanche Salvador,
01:00 chante "Tant qu'il y aura des chevaux",
01:02 qui est une des premières chansons qui a été enregistrée.
01:04 - C'est la première chanson qui a été enregistrée.
01:06 Et d'ailleurs, quand Monique Lemarcy,
01:08 qui à l'époque dirigeait les RTL,
01:11 a présenté la chanson, parce qu'elle présentait le dimanche
01:13 les nouveautés, elle a dit une chanson écrite
01:15 par un étudiant en médecine, Jean-Jacques Tazartès.
01:17 Elle n'a même pas dit Nicolas Pérac.
01:20 - Et alors cette chanson, au départ, vous deviez la chanter.
01:23 - Je l'avais écrite pour moi quand j'étais à Abidjan.
01:26 J'avais écrit 350 chansons en deux ans,
01:28 je crois, à Abidjan.
01:29 Et parmi ces chansons que j'ai présentées un jour
01:33 aux frères de Michel Legrand, Patrick Legrand,
01:35 il y avait "Tant qu'il y aura des chevaux".
01:38 Et il s'est dit, ça serait sympa de la faire en duo
01:41 avec Philippe Nico, qui était comédien.
01:43 Et Philippe Nico, quand on a été chez lui,
01:45 il a pensé tout de suite à Marie Laforêt.
01:47 Et quand Marie Laforêt a entendu la chanson,
01:49 elle a dit "Philippe Nico, je veux pas faire de duo,
01:51 je la chante toute seule".
01:53 - Philippe Nico, qui a été le premier inspecteur de la télévision,
01:56 avec l'inspecteur Leclerc, en années 60.
01:58 Et c'est vrai que Marie Laforêt, au départ,
02:01 elle avait enregistré un disque comme d'autres comédiennes,
02:04 et ça a tellement marché qu'elle a fait vraiment...
02:05 - Elle a fait un carton avec "Viens, viens",
02:08 avec plein, plein, plein de chansons.
02:11 Elle avait un vrai talent de chanteuse.
02:12 - Alors, vous n'êtes pas encore Nicolas Pérac,
02:14 et je crois que votre prénom, c'était le prénom dont vous rêviez,
02:18 mais le nom de famille, c'est par rapport...
02:20 Enfin, Pérac, c'est par rapport aux hommes de bonne volonté de Jules Romain.
02:23 - Non, c'est par rapport aux hommes en blanc d'André Soubiran.
02:26 - Carrément ? - Ouais.
02:27 - Ah c'est bien.
02:29 Partout, on voit les hommes de bonne volonté.
02:31 Parce qu'André Soubiran était un grand médecin qui a écrit "Les hommes en blanc".
02:34 - Et donc, je pense que dans "Les hommes en blanc",
02:36 il y avait un personnage qui s'appelait ou Nérac ?
02:38 Ou... Oui, pas Pérac-Nérac.
02:41 Et je pense que j'ai...
02:42 Je me suis renseigné à l'Assasem pour voir si le pseudonyme était libre,
02:44 il n'était pas.
02:45 Et donc, j'ai pris le truc le plus près, c'était Pérac.
02:47 Et il se trouve que c'était un village entre Montauban et Cahors,
02:50 sur la route qui descend vers le sud.
02:53 Et après, je me suis aperçu que c'était un endroit qu'adorait Léo Ferré.
02:57 - Et pourquoi avoir pris un pseudo ?
03:00 - Parce que Jean-Jacques Tazartès,
03:01 c'est pas facile à dire entre la poire et le fromage.
03:03 Genre "So far away from LA" de Jean-Jacques Tazartès.
03:07 Je le sentais pas trop, quoi.
03:09 - Et au départ, vous écrivez des chansons pour les autres.
03:11 Et il y a une chanson pour Gérard Le Normand qui est née à Antibes, je crois.
03:15 - Oui, c'est l'heure qu'elle n'est pas née à Antibes.
03:17 J'avais écrite avant, un petit peu avant.
03:19 Et je vais le présenter à Antibes.
03:21 Je vais chanter dans le bar de l'hôtel Provençal à Antibes,
03:24 où il y avait une convention CBS.
03:25 Parce que je l'ai joué à Claude Dejacques, qui était mon directeur artistique.
03:29 Et il était à la convention CBS aussi.
03:31 Et il m'a dit "mais attends, c'est une chanson pour Le Normand, ça".
03:34 J'ai dit "mais Le Normand, comment je lui fais écouter ?"
03:35 Il me fait "ah bah attends, il est là, il est au bar".
03:38 Donc il est allé chercher Le Normand.
03:39 On s'est installés dans un coin au fond du bar.
03:41 J'avais ma guitare, je lui ai chanté la chanson.
03:44 Et là, Le Normand, au lieu de me dire qu'il prenait la chanson,
03:46 il m'a dit "tu viens à l'Olympia avec moi, trois semaines".
03:49 Et je me suis retrouvé à l'Olympia, à l'accompagner,
03:51 et il chantait la chanson à l'Olympia.
03:53 Et c'est comme ça que voilà.
03:54 - Alors il se trouve aussi, on en revient à la médecine André Soubiran,
03:58 qui effectivement, je comprends pourquoi vous avez choisi André Soubiran,
04:00 car votre famille, ce sont des médecins.
04:04 - Ils sont tous médecins, enfin ils étaient tous médecins.
04:06 Ma mère était d'abord ingénieur, reçu partout,
04:10 y compris à Centrale, etc.
04:13 Et puis après, une fois qu'elle a divorcé, elle a décidé de faire médecine.
04:16 Et quand elle a disparu, elle était chef de service de physiologie.
04:19 Et mon père, après avoir été accepté chez Gallimard en première lecture
04:22 et avoir refusé parce qu'il fallait faire manger ma maman et moi,
04:26 il est devenu médecin de campagne.
04:29 Et voilà, mon frère était médecin, il vient de prendre sa retraite.
04:33 J'ai un oncle qui était chirurgien.
04:34 Genre la médecine dans la famille, c'est un truc qui date pas d'hier.
04:39 - Mais vous avez d'ailleurs fait des études de médecine.
04:41 - Moi j'ai fait six ans.
04:42 - Mais avec l'intention de ne pas le faire.
04:45 - Bah ouais, parce que de toute façon, j'avais l'écriture dans la tête
04:50 et il n'était pas question que ça sorte de ma tête.
04:53 Donc j'ai fait médecine parce que ma mère, elle rêvait de me voir
04:57 en docteur Schwetzer à l'embarainé.
05:00 Mais je savais très bien que si l'occasion se présentait,
05:05 je la saisirais à bras le corps.
05:07 Donc c'est vrai qu'il a fallu attendre que je sois en sixième année
05:10 pour que l'occasion se présente.
05:12 Mais encore un an, j'avais le droit de...
05:14 J'étais James Bond 007, c'est-à-dire que j'avais le droit de tuer.
05:19 - Il se trouve aussi que vos études, vous avez faites entre Paris et Abidjan
05:22 parce que vous avez suivi votre mère avant de revenir finir vos études à Paris.
05:25 Nicolas Pérac.
05:27 - J'ai suivi ma mère qui a été nommée chef de service au CHU de Cocody
05:35 parce que j'ai arrêté ma première année de médecine en plein milieu.
05:42 Donc je me suis dit, si elle part, j'ai qu'à partir avec elle
05:47 et refaire première année de médecine à Abidjan.
05:49 Et tant qu'à faire, je ferai deuxième année de médecine à Abidjan.
05:51 Donc j'ai refait première année et deuxième année au CHU de Cocody en Côte d'Ivoire.
05:58 - Et vous aviez aussi une autre envie, c'est de devenir photographe et correspondant de guerre.
06:02 - Je voulais rentrer chez Gama, oui.
06:04 Je voulais rentrer chez Gama parce que j'étais marqué,
06:07 j'étais très, très, très marqué par les photos de Gilles Caron.
06:11 Qui s'est fait remarquer par des photos incroyables en mai 68 au Biafra, en Irlande du Nord, etc.
06:20 Et qui a été tué au Cambodge en 70.
06:23 Et je trouvais que les photos de Gilles Caron, qui a fondé l'agence Gama,
06:28 qui est devenue la plus grande agence de photo-reporteurs du monde à une époque.
06:34 Voilà, je voulais suivre ce parcours-là.
06:38 Mais en même temps, est-ce que j'aurais eu le talent et surtout l'audace de risquer ma vie comme ils le faisaient eux ?
06:46 Je ne suis pas certain.
06:48 - D'ailleurs, je crois que vos photos se sont limitées à des pochettes de disques.
06:52 - Oui, oui, oui. C'est vrai que j'ai fait des...
06:54 Un jour, je suis rentré dans le bureau de Jacques Poisson, qui s'occupait de Gilbert Becaud.
06:59 Et je lui ai dit "mais elles sont moches, ces photos. Pourquoi vous prenez ça pour faire la pochette ?"
07:05 Il m'a regardé et m'a dit "mais tu te prends pour qui, toi, de dire des trucs pareils ?"
07:08 J'ai dit "je me prends pour rien, je trouve que les photos sont pas biens".
07:12 Il dit "ah bon, très bien, écoute, si tu peux faire mieux, rendez-vous ce soir à l'Olympia".
07:15 Donc il m'a amené à l'Olympia, il m'a présenté à Becaud,
07:18 qui a viré tous les autres photographes de l'Olympia, qui a dit "ce soir, c'est lui qui fait les photos".
07:22 Et je me suis retrouvé dans la coulisse de gauche avec sa maman qui lui faisait chauffer du rhum
07:29 pour des grogues sur un petit butagaz.
07:31 Et j'ai fait plein de photos de Gilbert Becaud et c'est vrai que ça a été les débuts.
07:37 J'ai pas fait de pochette avec lui, mais après j'ai fait une pochette pour Alice Donat,
07:41 j'ai fait une pochette pour Harvey Villar, j'ai fait une pochette pour les Troubadours.
07:45 C'était ma façon de rentrer dans le métier de la musique en ayant l'air de pas y toucher.
07:52 Je rentrais d'une autre façon qu'avec la musique.
07:55 - Et vous avez passé une première audition devant Claude Michel Schönberg,
07:58 qui a ensuite composé, entre autres, "Les Misérables".
08:01 Et ensuite, ça a été le premier disque seulement.
08:04 - J'ai participé à ces auditions, ils faisaient les auditions, les maisons de disques à l'époque,
08:12 c'était le jeudi je crois.
08:13 Et au bout de, j'en sais rien, un demi-couplet, Claude Michel Schönberg m'arrête et me dit
08:22 "c'est pas la peine de continuer, vous revenez tel jour".
08:25 - Ah bon ?
08:25 - Donc je reviens tel jour, et le fameux tel jour, je lui fais la chanson en entier,
08:30 et là à la fin il me dit "je vous signe pas maintenant,
08:33 mais à un moment donné vous allez faire une grande carrière".
08:35 Texto.
08:36 - Alors, il y a eu deux premiers disques, il y a eu le premier qui s'appelait "La Bible"
08:39 dont on ne trouve même pas la trace sur internet,
08:43 en revanche le second est toujours sur internet.
08:45 * Extrait de "La Bible" *
08:55 - "Entre l'ombre et la lumière".
08:57 Vous en avez vendu quelques exemplaires à votre famille ?
08:59 - À ma famille ? Je les ai pas vendus, je les ai donnés.
09:03 - Ça n'a pas marché du tout ?
09:04 - Ah non non, ça n'a pas marché du tout à tel point que Patte et Marconi devaient me rendre le contrat,
09:09 et que sans l'oreille avertie je dirais de Philippe Constantin
09:14 qui était le directeur des éditions Patte et Marconi,
09:17 j'aurais jamais fait d'album, parce que lui a dit à Patte et Marconi
09:21 "je vais prendre un budget sur l'argent des éditions Patte et Marconi
09:27 et je vais faire faire un album à ce mec,
09:29 parce qu'il ne faut pas lui faire faire des 45 tours, il faut lui faire faire un album".
09:33 Donc il m'a présenté Claude Dejacque, qui était directeur artistique très très connu,
09:36 qui s'était occupé aussi bien de Boris Vian, que de Michel Legrand, que de Juliette Greco, que plein de gens,
09:42 et avec Claude Dejacque et Jean Musy on a fait un premier album sur lequel il y avait son "Faraway from LA".
09:49 - Il se trouve que autant votre père croyait en votre vie dans la chanson,
09:53 autant votre mère était absolument con, je crois qu'il y a eu une scène au théâtre de la ville un jour
09:57 où ils se sont engueulés à votre propos.
09:59 - Ils ne se sont pas engueulés, ils sont allés voir mon concert au théâtre de la ville à la première,
10:04 et c'est vrai que ma mère et mon père ne s'étaient pas vus depuis je ne sais pas combien d'années,
10:07 et arrivés dans le hall ils se croisent tous les deux, ils se parlent évidemment, ils disent bonjour etc,
10:13 et elle voit les gens sortir, elle regarde mon père et elle lui dit
10:18 "mais c'est pour voir mon fils, qu'ils sont tous venus".
10:20 Et voilà, et elle a fait une réflexion pendant le concert,
10:24 elle était assise à côté d'un ami à moi,
10:26 et la seule chose qu'elle ait dite à mon ami c'est
10:31 "il doit avoir mal aux pieds avec ses chaussures pointues".
10:34 C'est des réflexions de mère ça.
10:36 - Mais finalement elle a compris que vous aviez du talent ?
10:39 - Je sais pas, je pense qu'elle a compris qu'il se passait quelque chose le jour où le doyen de la faculté de médecine d'Abidjan,
10:46 et qui était médecin, est venu la voir avec un article du journal Le Point
10:50 dans lequel on faisait une critique plutôt élogieuse de mon premier album,
10:54 et là elle s'est dit finalement il est pas en train de sombrer ou dans la drogue ou dans l'alcool,
10:59 ou dans les travers du show business, c'est quelqu'un qui a peut-être...
11:04 Donc je pense que parce qu'un médecin lui disait que, elle a commencé à me prendre un peu au sérieux.
11:11 - Elle n'a pas été la seule, on va l'évoquer à travers une autre date, le 6 février 1976.
11:16 A tout de suite sur Sud Radio avec Nicolas Pérac.
11:19 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
11:23 - Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Nicolas Pérac,
11:26 avec ce nouvel album "D'ici et d'ailleurs" qu'on va évoquer tout à l'heure,
11:29 un album pour vos 50 ans de carrière, on revient dans le passé,
11:32 avec la date du 6 février 1976.
11:36 Ce soir-là vous êtes à Orléans,
11:37 et vous recevez en compagnie de Serge Lama votre premier disque d'or,
11:41 j'ai des images, pour cette chanson.
11:43 - Moi tiradais, c'est l'affaire qui court,
11:46 l'oncle Adolphe s'était déjà flingué,
11:49 son Eva l'avait accompagné,
11:51 des fois qu'il aurait voulu te rager,
11:54 qui sait si là-haut il va...
11:55 - C'est vrai que "Et mon père" vous a rapporté un disque d'or,
11:57 curieusement vous l'avez reçu en tournée à Orléans avec Serge Lama.
12:01 - Oui mais c'était incroyable ce qui s'est passé avec cette chanson,
12:04 parce que je ne pensais pas une seule seconde que ça allait fonctionner,
12:09 que ça allait intéresser les gens, etc.
12:11 Je l'avais écrite pendant un cours sur la maladie d'Addison,
12:14 j'avais fait la musique en montant le boulevard de l'hôpital,
12:16 je chantonnais comme ça dans ma tête,
12:18 et j'ai mis ça sur une cassette, j'ai dit peut-être que ça va servir,
12:21 je me souviens même d'avoir dit à Edi Marwani,
12:23 qui était mon appréciario,
12:25 "de toute façon ça ne marchera jamais", etc.
12:27 Et à un moment donné, en décembre 1975, on en vendait 25 000 par jour.
12:31 - Mais comment ça s'explique ?
12:32 - Je ne sais pas.
12:33 Je ne sais pas, c'est une rencontre magique entre les gens,
12:37 entre les médias, et puis un titre qui plaît,
12:41 ou qui raconte des choses qui touchent les gens.
12:44 Je veux dire, la magie d'une chanson, c'est comme la magie d'une histoire d'amour,
12:47 on ne peut pas l'expliquer,
12:48 si on commence à essayer de décortiquer, on n'en sort pas.
12:50 - En même temps, il y a un hommage du "Être Gréco",
12:52 certains ont dit que c'était une critique,
12:53 alors que c'était une image à Gréco que vous adoriez.
12:56 - Non mais c'était totalement un hommage.
12:59 Je veux dire, même à Ragon, c'était un hommage.
13:02 Le fait qu'Aragon soit habillé comme il était habillé, etc.,
13:08 et que ça me donne envie d'écrire "Il n'était pas un minet",
13:11 ou de dire "Juliette avait encore son nez",
13:13 évidemment que c'était des gens que j'admirais profondément.
13:16 Et Juliette Gréco, depuis longtemps,
13:18 et jusqu'à maintenant, jusqu'à aujourd'hui,
13:21 j'ai toujours admiré cette femme.
13:22 - Elle avait cette robe noire qu'elle appelait son armure, justement.
13:25 - Je me souviens de l'avoir vue au Châtelet, il y a quelques années.
13:28 Elle faisait un concert.
13:31 Il y a 15 ans.
13:33 C'était formidable.
13:35 - "Et mon père", c'est aussi un clin d'œil à votre père,
13:37 parce que votre père, finalement, aurait pu être un grand écrivain.
13:40 - Mon père, c'était son rêve.
13:42 C'était son rêve d'être écrivain.
13:45 Il avait été accepté chez Gallimard.
13:47 Il n'avait pas signé. Il a regretté toute sa vie.
13:49 Il a écrit plein de bouquins, des pièces de théâtre.
13:52 Et c'est vrai que la médecine,
13:55 même s'il était excellent médecin de campagne,
13:59 je pense que c'était quelque chose qu'il avait
14:04 en parallèle vraiment avec l'écriture.
14:06 L'écriture, je pense qu'à la fin de sa vie,
14:08 l'écriture, elle était beaucoup plus importante
14:11 que toute la médecine qu'il avait pu pratiquer avant.
14:13 - Il y a un autre médecin de campagne aussi,
14:15 dont le fils est un chanteur, c'est Michel Fugain,
14:17 puisque Pierre, son père, a été médecin de campagne,
14:20 avant, juste au-dessus de Grenoble, pendant des années.
14:23 Il y a d'ailleurs une place à son nom, aujourd'hui, à Grenoble.
14:25 - Je ne savais pas, mais c'est vrai que
14:29 Michel, je le connais très bien, je l'ai vu en Corse cet été,
14:33 je savais que son père était médecin,
14:35 mais je ne savais pas qu'il y avait une place à son nom.
14:37 - Il se trouve aussi que votre père vous a poussé un jour
14:40 à aller à la télévision, et vous avez frappé
14:42 à la mauvaise porte, à la porte de cette émission.
14:44 [Musique]
14:51 Les coulisses de l'exploit de Raymond Martiach
14:53 et Jacques Godet, directeur du Tour de France,
14:55 la seule émission de télévision, et vous frappez à la porte.
14:57 - J'ai frappé, et celui qui m'a reçu, c'est Jean-Michel Leliot,
15:00 qui était animateur, et je lui ai dit,
15:02 je cherche où est-ce qu'il faut aller pour faire télé dimanche.
15:07 Je voulais passer au jeu de la chance,
15:11 qui était un télé-crochet de télé dimanche,
15:16 l'émission du dimanche après-midi.
15:18 Et Leliot, il a rigolé, il m'a dit, pourquoi vous arrivez là ?
15:20 Je lui ai dit, écoutez, je ne sais pas,
15:22 je me suis dit, rue Cognac-Geyer, et donc je suis rentré
15:24 dans le premier bureau que j'ai vu, et il a été super gentil,
15:26 il a pris un téléphone,
15:28 il s'est renseigné, et il m'a envoyé
15:30 où il fallait aller pour éventuellement
15:32 passer au jeu de la chance,
15:34 ce que j'ai fait,
15:36 et je suis passé au jeu de la chance quelques semaines plus tard.
15:38 - Vous n'avez pas gagné d'ailleurs ?
15:40 - Ah pas du tout, non, c'est Lucas Guégon,
15:42 avec une chanson qui s'appelait "Le Navire", qui a gagné.
15:44 - En même temps, vous avez fait d'autres choses depuis.
15:46 Vous vous souvenez qui était l'invité principal de cette émission ?
15:48 - L'invité principal, je crois que c'était Nicoleta.
15:50 - Non, c'est Maurice Chevalier.
15:52 J'ai revu les archives, c'était l'émission "À main de la coquette",
15:54 pour les 80 ans de Maurice Chevalier,
15:56 qui s'apprêtait à faire ses adieux à la scène.
15:58 - D'accord...
16:00 - Il se trouve que vous vous êtes rattrapé ensuite,
16:02 effectivement, avec cette chanson
16:04 qui a été vraiment le tournant, le premier tournant de votre carrière.
16:06 - Sur Alcatraz,
16:08 il traîne encore
16:10 des sanglots
16:12 couleur de prison
16:14 Monsieur Karyl Chessman est mort
16:18 mais le doute subsiste encore
16:20 avait-il raison
16:22 bientôt ?
16:24 - Comment est née cette chanson "So far away for long" ?
16:26 - Après un voyage en Australie,
16:28 en fait, je suis allé avec ma mère
16:30 et ma grand-mère en Australie, parce que
16:32 une des filles de ma grand-mère était
16:34 à Sydney, et on s'est arrêté à Los Angeles
16:36 à l'aller, on s'est arrêté à Los Angeles
16:38 au retour, et j'avais vécu
16:40 un an à New York
16:42 de 62 à 63, et là,
16:44 on était en 71.
16:46 Et j'ai eu un coup de foot, quoi,
16:48 absolu pour la Californie,
16:50 pour ça.
16:52 Et quand je me suis retrouvé
16:54 à Saint-Brice plus tard,
16:56 pour passer des vacances
16:58 ou un week-end, je sais plus,
17:00 j'ai eu envie de faire cette chanson,
17:02 et j'ai mis un an à trouver le refrain, parce que j'y arrivais pas.
17:04 C'était des impressions, cette chanson,
17:06 c'était comme une suite de photos.
17:08 Et je me suis dit, la seule façon de faire la chanson,
17:10 c'est de faire un refrain en anglais, quoi.
17:12 Mais ça a pris un an, de trouver le refrain,
17:14 ça a pris un an. - Et ensuite, vous l'avez présenté
17:16 à Philippe Constantin, et le déclic s'est produit ?
17:18 - Ben, c'est-à-dire
17:20 que je l'ai présenté dans un...
17:22 dans un...
17:24 dans une bande, où il y avait
17:26 12 ou 15 chansons, je sais plus, ou 24,
17:28 et immédiatement,
17:30 Constantin s'est dit,
17:32 c'est là qu'il a dit à Patey, "Mais vous allez pas lui rendre son contrat,
17:34 il faut qu'il fasse un album."
17:36 Et donc, Jean Musy
17:38 et Claude Dejacques ont décidé que
17:40 "So Far Away" ferait partie
17:42 des 11 ou 12 chansons de l'album,
17:44 et moi, j'attendais absolument pas
17:46 qu'il se passe quoi que ce soit
17:48 avec "So Far Away" et "From Hell", c'était une surprise absolue.
17:50 - C'est-à-dire que vous l'avez entendu pour la première fois
17:52 un soir à la radio ?
17:54 - J'ai entendu un soir à la radio, je me souviens même de ce que j'ai dit
17:56 avant, à la personne qui m'accompagnait.
17:58 J'ai allumé...
18:00 C'était une station concurrente,
18:02 désolé, c'était Europe 1, et j'ai dit,
18:04 "Si je m'entends à la radio, je vais rentrer dans les ordres."
18:06 Texto, hein. Et j'avais pas fini la phrase
18:08 qu'il y avait le premier
18:10 picking de "So Far Away" qui commençait.
18:12 - Et alors ?
18:14 - Et je me suis trouvé con, quoi. Je veux dire, je suis pas rentré dans les ordres,
18:16 déjà et d'une.
18:18 Et c'est vrai qu'après,
18:20 c'est grâce aux programmateurs
18:22 d'Europe 1 que la chanson,
18:24 elle a commencé à passer tous les soirs,
18:26 et puis elle a commencé à passer l'après-midi.
18:28 Certains se trompaient en présentant le titre,
18:30 puisque j'ai même entendu
18:32 "So Far Away From Le Lay".
18:34 J'ai entendu des trucs très très bizarres en ce qui a tait cette chanson,
18:36 ils savaient pas comment l'apprendre.
18:38 Mais c'est grâce à cette radio que ça a commencé.
18:40 - C'est Claude Brunet, je crois, qui était le programmeur.
18:42 - Oui, c'est Claude Brunet, oui.
18:44 - Et est-ce que ça a changé votre vie du jour au lendemain ?
18:46 - Du jour au lendemain, je sais pas,
18:48 on va dire du jour au surlendemain, quoi.
18:50 C'est-à-dire que le temps que je sois...
18:52 Parce que j'étais quand même externe
18:54 à la pitié sur le Pétrière, donc il fallait quand même
18:56 que je sois dans le service tous les matins,
18:58 le service de médecine générale,
19:00 donc voilà.
19:02 Et ça a changé ma vie,
19:04 parce que c'est vrai que
19:06 je faisais la visite le matin
19:08 avec tout le monde et je m'entendais à la radio
19:10 sur les transistors des patients, ça faisait quand même désordre.
19:12 Donc à un moment donné,
19:14 j'ai demandé au chef de service
19:16 s'il fallait que...
19:18 si je pouvais prendre
19:20 certaines distances par rapport
19:22 au planning.
19:24 Et il m'a répondu
19:26 que si je faisais ça, il faudrait
19:28 que je refasse un an
19:30 de stage, mais non rémunéré.
19:32 Comme j'étais quand même payé 340 francs
19:34 par mois, ce qui était royal,
19:36 c'est là que je pense que j'ai décidé d'arrêter
19:38 parce que, en plus, Edi Marwani,
19:40 l'impresario de la MAM,
19:42 m'avait proposé de partir avec Serge.
19:44 - Oui, et en même temps, est-ce que les patients et les médecins
19:46 savaient que Nicolas Pérac, le médecin, était tenteur ?
19:48 - Pas du tout, pas du tout.
19:50 Le chef de service l'a su
19:52 parce que je lui ai dit, mais sinon personne ne le savait.
19:54 - Alors, vous avez eu du succès,
19:56 mais vous êtes toujours, et c'est une de vos caractéristiques,
19:58 Nicolas Pérac, resté lucide
20:00 par rapport à ce monde-là.
20:02 - Ouais, je parlais
20:04 avec quelqu'un de match l'autre jour qui me disait
20:06 que je suis un résistant.
20:08 Mais je lui ai dit "résistant à quoi ?"
20:10 Il me dit "mais vous avez jamais dévié."
20:12 Mais non,
20:14 je pense que ce qui est important dans la vie,
20:16 c'est de rester soi-même.
20:18 Je n'ai jamais été attiré par l'argent,
20:22 je n'ai jamais été attiré par la gloire.
20:24 Je crois qu'il y a
20:26 un vrai...
20:28 Il y a une vraie erreur,
20:32 dès le départ. Au départ, je veux écrire.
20:34 Donc je deviens connu,
20:36 c'est vrai. Mais je sors en même temps
20:38 qu'un certain nombre de gens qui n'écrivent pas.
20:40 Et on a tendance à me mettre dans le même panier
20:42 que tout ça. Et c'est vrai que
20:44 j'ai souffert de ça
20:46 et je me rends
20:48 compte aujourd'hui que
20:50 c'était vraiment, vraiment l'écriture
20:52 qui était
20:54 la chose qui me portait.
20:56 Mais qu'elle soit littéraire, musicale
20:58 ou photographique. - Voilà, mais vous avez quand même
21:00 continué. Et il y a une autre date importante
21:02 dans votre carrière,
21:04 le 5 juin 2009.
21:06 A tout de suite sur Sud Radio avec Nicolas Pérac.
21:08 Sud Radio, les clés d'une vie.
21:10 Jacques Pécisse. - Sud Radio,
21:12 les clés d'une vie. Mon invité Nicolas Pérac.
21:14 Ce nouvel album, "Événements d'ici et d'ailleurs",
21:16 on en parle dans quelques instants.
21:18 On a parlé de vos débuts difficiles.
21:20 Après, il y a eu ces chansons qui ont marché.
21:22 Et puis, le 5 juin 2009,
21:24 c'est le retour. Car vous donnez
21:26 un concert, je crois, à la Lambra
21:28 pour la sortie d'un album,
21:30 "15 départs" où il y a
21:32 cette chanson.
21:34 "Poser mes sacs un peu partout
21:36 pour savoir
21:38 s'il était plus pur
21:42 les souvenirs
21:44 moins noirs"
21:46 - "Ma vie est ici", l'album s'appelait "15 départs".
21:48 Je dirais que c'est "15 nouveaux départs" parce que
21:50 ça a été vraiment votre retour, Nicolas Pérac.
21:52 - Oui, oui, je pense que ça a été mon retour
21:54 et ça a été aussi la découverte
21:56 pour moi que la personne
21:58 que j'étais était vraiment
22:00 basée
22:02 sur l'écriture et sur l'acoustique.
22:04 C'est-à-dire que j'ai commencé
22:06 à me rendre compte qu'il fallait
22:08 que je fasse
22:10 des concerts différents
22:12 de ceux que j'avais pu faire
22:14 pendant un certain temps.
22:16 Et je crois que c'est suite à cet album
22:18 quasiment acoustique que j'ai commencé
22:20 à faire des acoustiques improvisés
22:22 il y a maintenant
22:24 9 ans ou 10 ans.
22:26 Mais le détonateur,
22:28 le déclencheur, ça a été
22:30 l'album "15 départs" parce que je me suis rendu
22:32 compte que finalement, s'il y a quelqu'un d'une maison
22:34 de disques qui avait dit "pour moi Pérac,
22:36 c'est une guitare et une voix".
22:38 Parce qu'il disait "on n'en a rien
22:40 à foutre
22:42 des arrangements etc." et je me suis rendu compte
22:44 que c'est vrai, ce qui date
22:46 une chanson, c'est les arrangements
22:48 et le son de l'époque. Si on est tout seul avec une
22:50 guitare ou un piano, c'est la chanson et bien
22:52 elle est bien. - Il se trouve aussi que
22:54 "15 départs" c'est un retour aux sources
22:56 avec la Bretagne que vous évoquez longuement.
22:58 - Oui, c'est un retour
23:00 malheureusement après la disparition
23:02 de mon père, on s'est posé la question avec
23:04 ma fiancée de savoir
23:06 si on restait à Montréal ou si on revenait
23:08 et je ne me voyais pas
23:10 passer devant la maison de mon enfance
23:12 et me dire "c'est monsieur untel qui habite là".
23:14 On allait voir mon frère qui habitait
23:16 à 500 mètres. Et donc
23:18 on est rentrés,
23:20 on a fait
23:22 en sorte de
23:24 passer un an d'essai
23:26 à Vincennes
23:28 chez les parents de Pascal
23:30 et puis pendant ce temps-là
23:32 on a acheté la maison
23:34 et on a essayé de voir
23:36 si vraiment on s'y sentirait
23:38 chez nous et oui, on s'est sentis
23:40 chez nous, mais je ne voulais pas en faire
23:42 un musée ou un mausolée, je veux dire, il ne fallait pas
23:44 que ce soit un hymne à mon père ou quoi que ce soit.
23:46 Donc Pascal l'a arrangé
23:48 pour que ce soit vraiment
23:50 une maison qui nous ressemble
23:52 et Dieu sait si je ne regrette pas.
23:54 Qu'est-ce que je suis content de rentrer chez moi.
23:56 - Je trouve que vous êtes parti
23:58 à Montréal un jour avec je crois 23 sacs.
24:00 - 23. - 23 sacs qui t'aident.
24:02 - 23 et 23 petits
24:04 cadenas qu'elle avait numérotés
24:06 sur les sacs. - Et pourquoi êtes-vous
24:08 parti à Montréal ? - Parce que j'en avais marre.
24:10 J'en avais marre
24:12 des...
24:14 des soucis de la vie
24:16 suite à mon divorce
24:18 qui a dû s'étaler
24:20 sur 20 ans. Donc je n'avais que
24:22 des soucis avec ça.
24:24 Je trouvais
24:26 Paris triste,
24:28 les gens tristes.
24:30 Et puis comme j'étais près des Etats-Unis
24:32 en étant à Montréal, je me suis dit
24:34 comme j'ai les amis Bruce Gage à Los Angeles,
24:36 que j'ai mon éditeur,
24:38 un certain éditeur,
24:40 Jean Valiquette,
24:42 à Montréal, ça serait pas mal
24:44 d'aller voir là-bas ce qui se passe.
24:46 Ouais, j'ai collé
24:48 ma vie dans 23
24:50 sacs en toile et
24:52 je suis parti. Mais bon,
24:54 je pensais jamais que ça allait durer 15 ans.
24:56 - Oui, c'était pour un an. - Non, non, c'était ça.
24:58 C'était un essai. Pascal m'a rejoint
25:00 8 mois plus tard et
25:02 on s'est installés là-bas et c'est vrai que
25:04 grâce à ça, on a pu
25:06 adopter Sarah,
25:08 on a pu faire beaucoup de choses. Donc je ne regrette
25:10 absolument pas. - Vous avez
25:12 beaucoup chanté au Québec parce que d'abord les chanteurs
25:14 français sont très connus au Québec. Depuis
25:16 Aznavour, Trainet, Piaf et même
25:18 Félix Leclerc qui est venu en France, le Québec
25:20 et la France se sont alliés en chanson. - Oui, oui,
25:22 c'était un endroit
25:24 où je me sentais bien parce que
25:26 le Québec c'est quand même un des
25:28 rares endroits dans l'Amérique
25:30 du Nord où on défend bec
25:32 et ongle la langue française. Parce que
25:34 on est quand même... Même à
25:36 Montréal, il y a des quartiers qui sont absolument anglophones.
25:38 Donc ils se
25:40 défendent, ils se défendent, ils se défendent
25:42 parce qu'ils sont cernés par l'anglais.
25:44 Donc c'est vrai que je me disais, oui,
25:46 ils ont envie de
25:48 défendre le français. En plus, c'est vrai que mes disques
25:50 marchaient plutôt pas mal. Donc voilà,
25:52 c'était une bonne décision
25:54 de faire ça. Même si
25:56 après j'en suis un peu revenu
25:58 au niveau de ce que pensent les
26:00 Québécois par rapport aux Français.
26:02 - C'est autre chose. Alors en même temps
26:04 je me souviens de la langue de
26:06 chez nous d'Yves Dutey qui est devenue là-bas
26:08 un classique comme la marseillaise.
26:10 Mais en même temps, les Québécois nous ont fait des chansons
26:12 formidables, je veux dire ordinaires
26:14 de Charlebois,
26:16 ou des chansons de Ferland, ou des chansons
26:18 de Vigneault.
26:20 C'est vraiment des chansons magnifiques.
26:22 - Et vous avez aussi beaucoup voyagé dans les îles lointaines,
26:24 Nicolas Pérac. - Les îles lointaines,
26:26 j'ai fait, ouais, j'ai été
26:28 un peu partout.
26:30 Sauf vraiment
26:32 du côté de l'Asie, à part la Chine.
26:34 On a été chercher ça en Chine.
26:36 Mais j'ai été, ouais,
26:38 au Maldives, l'île Maurice.
26:40 J'aime bien, moi,
26:42 le côté Tahiti.
26:44 J'aime bien le côté lagons,
26:46 avec une eau turquoise
26:48 dans laquelle on peut
26:50 se plonger parce qu'elle fait
26:52 33 degrés, quoi. Ça me change de la Bretagne
26:54 où à Bélin l'eau est à 16.
26:56 - À propos d'eau, vous avez fait
26:58 une expérience incroyable un jour, Nicolas Pérac.
27:00 Vous êtes monté à bord d'un Canadair.
27:02 - J'ai fait, oui,
27:04 je faisais un concert
27:06 dans le sud de la France.
27:08 Et il y avait le feu, le feu,
27:10 le feu, le feu, le feu. En sortant du
27:12 concert, j'ai demandé
27:14 à ceux qui
27:16 étaient avec moi dans la voiture si on pouvait
27:18 passer pas loin
27:20 de...
27:22 du poste de commandement du feu.
27:24 Et je leur ai demandé d'où partaient
27:26 les Canadairs. Ils m'ont expliqué qu'ils partaient
27:28 de la base de Marseille.
27:30 Et le lendemain, je suis allé à midi,
27:32 exactement, à l'heure du déjeuner
27:34 à la base des Canadairs de Marseille.
27:36 J'ai vu un mec à qui j'ai demandé
27:38 si je pouvais embarquer sur un Canadair pour faire des photos.
27:40 Il m'a dit « mais il vous faut une autorisation
27:42 du ministère de l'Intérieur. Comme ils sont tous en train
27:44 de manger, je vais vous la faire, l'autorisation. »
27:46 Donc il m'a fait l'autorisation.
27:48 Et je suis parti à bord
27:50 d'un Canadair, sans siège, sans rien,
27:52 avec juste mon Nikon et un 20 mm,
27:54 pour faire
27:56 8 écopages
27:58 et 9 largages au-dessus
28:00 d'un endroit qui s'appelait
28:02 je sais plus, à côté
28:04 de l'étang de Berre.
28:06 Et c'était un truc
28:08 de fou, parce que quand un Canadair
28:10 lâche, je sais plus, 10 tonnes ou 12 tonnes
28:12 d'eau, et que vous n'êtes pas attaché,
28:14 que vous n'êtes pas assis, vous avez l'impression que vous avez
28:16 transversé le plafond. C'est-à-dire qu'il se passe
28:18 un truc incroyable. C'est-à-dire que ça part
28:20 d'un coup. Et
28:22 le lendemain, j'ai eu
28:24 la chance, je dirais,
28:26 d'avoir des photos
28:28 dans l'Uma Dimanche,
28:30 où il y avait marqué "Peraxi", pas "Presse".
28:32 Donc j'étais très content, en fait. C'était un peu ma vengeance
28:34 par rapport à l'époque où je voulais être chez Gama.
28:36 - Et vous avez aussi concrétisé
28:38 un autre rêve, vous avez commencé à écrire des romans.
28:40 - J'ai commencé à écrire des romans.
28:42 Le premier roman, je l'ai écrit
28:44 quand j'étais en vacances, dans la maison
28:46 que Michel Berger avait louée
28:48 à Aix-en-Provence, pour écrire
28:50 un album "Cézanne-Pin"
28:52 pour France. Et je me
28:54 mettais dans un coin
28:56 de cet endroit
28:58 pour commencer à écrire
29:00 sur des blocs rodiaux. Et Michel
29:02 passait et me disait "mais t'as raison, parce que
29:04 la chanson c'est bien, mais écrire un roman
29:06 c'est... on peut vraiment développer
29:08 les personnages, continuer, etc."
29:10 C'est vrai que Michel m'a
29:12 vraiment bien, bien, bien conseillé.
29:14 - Oui. Michel, vous avez aussi appris
29:16 l'élégance. - Ah bon ?
29:18 Lui, plus élégant que Michel ?
29:20 Non, je connais pas. C'est alors que
29:22 je l'ai assez fréquenté,
29:24 j'ai assez vécu
29:26 à ses côtés pour voir que tout n'était
29:28 qu'élégance. C'est-à-dire quelqu'un qui ne parlait
29:30 que très rarement de lui.
29:32 Il répondait si on lui posait une question
29:34 mais il parlait pas de lui. Et il avait un talent
29:36 infini
29:38 comme compositeur, comme
29:40 auteur. Et il avait une modestie
29:42 absolue aussi, je veux dire. C'était
29:44 la modestie
29:46 faite homme, quoi.
29:48 On peut difficilement
29:50 imaginer quelqu'un avec un talent
29:52 pareil et un succès pareil
29:54 être aussi modeste, quoi.
29:56 - Il était d'une discrétion, je me souviens, pour l'interviewer
29:58 on s'entendait très bien mais il fallait surtout
30:00 ne pas parler de lui. - Voilà, c'est ça.
30:02 C'est la quadrature du cercle.
30:04 - Alors, il y a eu aussi un album
30:06 qui a contenu dans votre carrière.
30:08 Vous avez sacrifié au duo
30:10 et il y a un duo qui vous a fait particulièrement plaisir.
30:12 "Allez voir
30:14 de l'autre côté de la lune
30:22 pour tenter d'y trouver
30:24 ses plumes
30:26 perdus
30:28 au coin d'une impasse
30:30 avec François Morel."
30:32 - Ouais, et puis c'est une chanson écrite par
30:34 Pascal, par ma femme.
30:36 Donc le texte est de Pascal
30:38 et moi j'ai fait la musique. Et François Morel
30:40 c'est un mec que j'adore, quoi. Parce que lui aussi
30:42 représente la discrétion,
30:44 le talent, voilà. C'est tout
30:46 ce que j'aime. Et c'est pour ça que je
30:48 lui ai demandé d'ailleurs de venir dire
30:50 des phrases sur mon dernier album
30:52 avec d'autres invités.
30:54 Ça fait partie des gens
30:56 dont on
30:58 parle sans en parler.
31:00 C'est-à-dire qu'ils sont là et
31:02 on sait qu'ils marquent
31:04 les films, ils marquent les téléfilms, ils marquent
31:06 les pièces de théâtre, ils marquent les concerts
31:08 par leur présence parce qu'ils ont une présence.
31:10 Ils dégagent des choses, quoi.
31:12 - Et puis il est des chiens quand même. C'est né parce que
31:14 il a passé ses enfants à la campagne
31:16 et qu'il les a vus en direct, c'est des chiens.
31:18 - Oui, oui, oui, mais c'est quelqu'un
31:20 qui vient à la limite entre la
31:22 Bretagne et la Normandie. Donc on est
31:24 on dirait pas qu'on est confrères, mais en fait
31:26 on est presque voisins.
31:28 Et puis un jour, quand on a fait une émission
31:30 avec Drucker à Caen, je me souviens
31:32 très bien parce qu'il y a deux personnes qui sont venues
31:34 me voir en coulisses. Il y a lui,
31:36 donc François Morel, qui m'a dit
31:38 qu'il aimait beaucoup ce que je faisais.
31:40 Et puis il y a quelqu'un qui s'appelait
31:42 Lafesse,
31:44 qui est venu me voir aussi,
31:46 parce qu'il était dans l'émission, et il m'a dit
31:48 exactement la même chose que François Morel.
31:50 Comme quoi, des fois on se rend pas compte,
31:52 on est dans sa campagne, on fait des choses,
31:54 et puis on arrive à toucher des gens
31:56 qu'on admire ou qu'on aime
31:58 à qui on le dit pas et qui viennent vous le dire
32:00 eux, donc voilà. - Et puis il y a une chanson,
32:02 vous qui ne travaillez jamais sur Commande,
32:04 qui a aussi touché un large public, c'est celle-ci.
32:06 Vous pouvez tout me faire,
32:08 mais cartez-les la chair.
32:14 Et vider de mon sang,
32:16 m'arracher goutte à goutte.
32:18 - Je n'oublierai jamais,
32:20 Johnny, je crois que c'est votre seule
32:22 chanson sur Commande, Nicolas Pérard.
32:24 - Ben François Billon est venu me voir,
32:26 Pierre Billon, pardon.
32:28 C'est Pierre Billon qui est venu me voir
32:30 quand j'étais tout seul
32:32 à Rueil un jour,
32:34 et il m'a expliqué
32:36 le spectacle que préparait Johnny,
32:38 c'est-à-dire une espèce de
32:40 Mad Max,
32:42 revisité sur scène,
32:44 et il me dit, il y a un moment
32:46 où sa fiancée
32:48 se fait violer
32:50 et tuer,
32:52 et lui, évidemment,
32:54 au fond du trou,
32:56 il faut absolument une chanson qui illustre ça.
32:58 Et donc j'ai regardé Billon,
33:00 et je lui ai dit "mais tu crois que je suis capable d'écrire ça ?"
33:02 Il me dit "mais oui, oui, oui, tu vas voir".
33:04 Et en fait il avait raison, j'ai écrit ça en une heure.
33:06 Et quand je suis allé
33:08 au Palais des Sports pour les répétitions
33:10 de Johnny,
33:12 je suis tombé
33:14 par terre.
33:16 On pouvait lui mettre l'annuaire
33:18 quand il avait envie
33:20 d'envoyer l'émotion,
33:22 c'était incroyable.
33:24 En plus, se dire
33:26 "je suis chanté par Hallyday",
33:28 c'est comme si on était américain, quand on se dit "je suis chanté par Presley".
33:30 - Il y a aussi
33:32 une carrière méconnue que vous avez exercée peu de temps,
33:34 c'est le comédie 1.
33:36 Il y a un film, "Le Passage", où vous êtes
33:38 de passage. - Je suis de passage,
33:40 c'est alors que j'ai un rôle avec
33:42 Jacques Dufilo, avec
33:44 Pierre Vaney, avec Marie-Christine Barraud.
33:46 Et c'est vrai
33:48 que suite à ce film,
33:50 Dominique Besnéard
33:52 m'a fait partie.
33:54 On m'a amené chez Dominique Besnéard
33:56 pour faire le casting
33:58 de 37-2 le matin.
34:00 Heureusement qu'ils ne m'ont pas choisi,
34:02 parce que la scène d'ouverture
34:04 avec l'effet solaire, je ne pense pas que j'aurais
34:06 aimé beaucoup. - Non, je ne crois pas.
34:08 En revanche, on aime beaucoup votre nouvel album,
34:10 et on va en parler dans quelques instants
34:12 avec la date de sa sortie, le 12 avril
34:14 2024. A tout de suite sur Sud Radio
34:16 avec Nicolas Pérac.
34:18 - Sud Radio, les clés d'une vie.
34:20 Jacques Pessis. - Sud Radio,
34:22 les clés d'une vie, mon invité Nicolas Pérac,
34:24 on a parlé de votre passé, de vos succès,
34:26 de toutes vos activités.
34:28 12 avril 2024, sortie
34:30 d'un album qui s'appelle "D'ici et d'ailleurs",
34:32 et on va expliquer dans quelques instants,
34:34 après avoir écouté cette chanson,
34:36 pourquoi le titre n'a pas été choisi au hasard.
34:38 "Quand on est d'ici
34:40 et d'ailleurs,
34:42 d'autre part,
34:44 de partout,
34:46 même sourire,
34:48 même douleur."
34:50 "Quand on est d'ici et d'ailleurs,
34:52 d'autre part,
34:54 de partout,
34:56 même sourire,
34:58 même douleur."
35:00 C'est vrai que "D'ici et d'ailleurs",
35:02 c'est un premier album qui s'appelait "D'où venez-vous ?"
35:04 Mais je n'ai pas fait exprès en plus.
35:06 C'est-à-dire que "D'où venez-vous", trois petits points,
35:08 "D'ici et d'ailleurs", c'est une chanson
35:10 qui est le parallèle
35:12 de "Ne me parlez pas de couleur",
35:14 c'est-à-dire on ne doit pas juger les gens
35:16 par rapport à leur façon d'être,
35:18 par rapport à leur couleur, par rapport à leur façon
35:20 de prier, par rapport à leur façon
35:22 d'aimer. Je veux dire,
35:24 on est d'ici et d'ailleurs, on est les mêmes,
35:26 on a une tête, on a un cœur,
35:28 on a des poumons, on est des gens.
35:30 Donc je ne pense pas
35:32 qu'il faille faire le distinguo.
35:34 Bien sûr qu'on a des cultures parfois différentes,
35:36 mais comme je le dis dans la chanson,
35:38 notre histoire est en nous et elle va venir dans nos cœurs.
35:40 Voilà, c'est ça l'important.
35:42 - Alors il se trouve que cette idée ne remonte pas à hier
35:44 mais à avant-hier, puisque je crois que vous
35:46 aviez lisé de cet album en 1969,
35:48 Nicolas Pirac. - J'ai adoré
35:50 l'album
35:52 des Moody Blues,
35:54 où il y avait "Night in White Satin",
35:56 qui était un album concept.
35:58 Et je me disais, c'est vraiment incroyable
36:00 de faire un album qui ne s'arrête jamais,
36:02 où les chansons s'enchaînent
36:04 avec des moments où on parle,
36:06 avec des instrumentaux, etc.
36:08 Et donc j'avais ça dans la tête, je l'avais, je l'avais, je l'avais.
36:10 Et un jour, je reçois
36:12 un message d'une fille
36:14 qui s'appelle Chantal, et qui me dit
36:16 "Est-ce que ça vous ennuie d'écouter la musique
36:18 de mon mec ?" Alors j'ai dit "Non, non, non, non !"
36:20 Et elle m'envoie quatre albums
36:22 de Philippe Lefebvre.
36:24 Donc il y a un musicien qui fait de la musique "World",
36:26 "New Age", etc. Et je trouve ça
36:28 tellement bien, en plus il habitait d'Ynan,
36:30 donc à 60 bornes de chez moi, je lui dis "Je vais aller le voir,
36:32 je vais lui dire."
36:34 Et donc je vais le voir, je lui dis évidemment
36:36 que j'adore sa musique,
36:38 et en sortant de là, en sortant,
36:40 je me vois, je rentre dans la voiture,
36:42 je prends la direction de Saint-Brice
36:44 de chez moi, je me dis "Mais
36:46 putain, si je faisais l'album concept
36:48 que j'ai dans la tête depuis tant d'années
36:50 avec ce type, quoi !"
36:52 Et donc l'idée est partie de là, je me suis dit "Si il accepte,
36:54 j'en quille." Et donc
36:56 Philippe Lefebvre a accepté
36:58 sans savoir où je voulais aller,
37:00 mais comme il aimait bien ce que je faisais,
37:02 et voilà, il a dit
37:04 "Oui", et après tout s'est
37:06 enchaîné,
37:08 et tous les gens ont été
37:10 séduits par l'idée,
37:12 et on avait zéro euro,
37:14 c'est-à-dire qu'on a tout fait comme ça à l'envie.
37:16 Et voilà, après je me suis dit "Il faut que
37:18 je m'entoure de gens que j'aime",
37:20 donc j'ai pensé à des invités,
37:22 j'ai pensé à ma famille, j'ai pensé à mes musiciens,
37:24 Bruno Dupont, le studio du Bradore
37:28 à Boulogne-sur-Mer m'a insulté en me disant
37:30 "Si tu finis pas chez moi, je ne te parle plus."
37:32 etc. etc.
37:34 Donc ça a été une idée qui a
37:36 en fait
37:38 réuni
37:40 un certain nombre de gens,
37:42 et ça a généré une énergie
37:44 incroyable sur une année, quoi.
37:46 - Alors pour votre culture personnelle,
37:48 si cet album est né justement en Bretagne,
37:50 celui des Moody Blues est né
37:52 à Moucron, en Belgique,
37:54 la ville où Raymond Deveaux s'est né.
37:56 - Je ne savais pas du tout. - C'est là que
37:58 il y a eu l'idée de ce concept
38:00 d'une journée d'un homme en sept chansons.
38:02 - Ah oui, c'est incroyable.
38:04 - Alors, il se trouve que Philippe Lefebvre, vous le connaissiez,
38:06 il faut savoir qu'il a fait des musiques incroyables,
38:08 il a fait notamment un album,
38:10 cet album qui s'appelle "Les voyages intérieurs" je crois.
38:12 - Oui, oui. - Ils sont des albums de relaxation.
38:14 - Absolument, c'est des albums qui sont
38:16 destinés aux instituts de relaxation,
38:18 aux endroits où on fait des massages,
38:20 etc.
38:22 Et moi, j'ai eu le coup de foude.
38:24 Déjà, quand j'étais à Los Angeles,
38:26 j'écoutais beaucoup
38:28 une radio qui s'appelait "The Wave"
38:30 et qui était une radio "new age",
38:32 c'est-à-dire une musique très relaxante.
38:34 Et quand j'ai entendu la musique de Philippe Lefebvre,
38:36 je me suis dit "mais c'est ça qu'il faut".
38:38 Il faut vraiment des choses
38:40 qui s'enchaînent avec mes chansons.
38:42 Donc il a repris certains
38:44 titres de ses albums
38:46 pour que ça s'enchaîne avec mes neuf nouvelles chansons
38:48 et deux anciennes,
38:50 sur le thème de la tolérance
38:52 et en même temps sur le thème
38:54 d'une musique qui vient d'ailleurs.
38:56 - Oui, et en même temps, il joue
38:58 des instruments qui viennent d'ailleurs.
39:00 Il a une querelle d'instruments incroyable.
39:02 - C'est incroyable ce qu'il a chez lui. Quand on rentre chez lui
39:04 et qu'on voit le nombre de trucs qui sont suspendus
39:06 au mur, qui commandent, je sais pas où,
39:08 au fin fond de l'Afghanistan
39:10 et il les répare,
39:12 il les recolle et il apprend à jouer
39:14 les musiciens. C'est un fou.
39:16 C'est un bassiste
39:18 au départ, mais c'est un
39:20 humaniste
39:22 et c'est un talent
39:24 absolu. C'est en même temps lui qui a fait le graphisme
39:26 de l'album.
39:28 Donc c'est un multi-talent.
39:30 - Et d'ailleurs, on peut écouter sa musique
39:32 en particulier dans une mélodie
39:34 qui s'appelle "Rouge".
39:36 * Extrait de "Rouge" *
39:38 - Ça c'est assez étonnant
39:46 parce qu'il n'y a pas de chanson,
39:48 c'est vous qui avez voulu cette musique.
39:50 Et ce qui est étonnant dans cet album, c'est qu'il y a rouge,
39:52 mais il y a aussi toutes les couleurs de l'arc-en-ciel.
39:54 - Il y a toutes les couleurs de l'arc-en-ciel.
39:56 Quand je lui ai demandé quels étaient les titres pour pouvoir
39:58 faire les dépôts et faire les choses
40:00 et inscrire sur les pochettes, etc.
40:02 Il a dit, voilà,
40:04 ça commence à blanc,
40:06 bleu, rouge, orange,
40:08 ça se termine par arc-en-ciel.
40:10 C'est vraiment...
40:12 Je trouve ça magnifique.
40:14 Parce qu'en plus, l'arc-en-ciel,
40:16 quand on y pense,
40:18 c'était les étendards
40:20 et les drapeaux que je voyais à Montréal,
40:22 là où j'habitais, parce que c'était le quartier gay.
40:24 Donc c'était vraiment
40:26 un symbole pour moi.
40:28 C'était le drapeau de la tolérance.
40:30 Donc c'est un hasard,
40:32 mais c'est vrai que le hasard fait bien les choses.
40:34 - Et l'arc-en-ciel, il y a ce conte qui dit
40:36 qu'il y aurait un trésor
40:38 au bout de l'arc-en-ciel, ce qu'on n'a jamais pu vérifier,
40:40 puisque l'arc-en-ciel est un effet d'optique.
40:42 - Oui, c'est vrai. Bien sûr qu'il y a un trésor au bout.
40:44 - Alors justement,
40:46 il y a, je crois, neuf nouvelles chansons
40:48 et deux anciennes dans cet album.
40:50 - Il y a deux anciennes.
40:52 Il y a une chanson qui s'appelle "No Chamaï",
40:54 parce que je pense que de toutes mes chansons, c'est ma chanson préférée.
40:56 Parce que, je sais pas,
40:58 c'est une chanson très spéciale.
41:00 Et ce duo que je fais
41:02 avec mon musicien,
41:04 Fabrice Gratien,
41:06 est magique.
41:08 Et puis il y a une autre chanson qui s'appelle "Les eaux du Mekong",
41:10 que j'avais envie de mettre aussi,
41:12 parce que je trouvais qu'elle racontait
41:14 des choses très importantes
41:16 par rapport aux gens
41:18 qui étaient obligés de partir
41:20 sur les bois de pipa.
41:22 Donc voilà, elle rentrait en même temps,
41:24 ces deux chansons rentraient dans le thème de la tolérance
41:26 et les droits de l'homme,
41:28 c'est le concept de l'album en fait.
41:30 C'est la paix, la tolérance.
41:32 - Ça vous a toujours touché ?
41:34 - Oui, mais sur chaque album.
41:36 Je faisais le compte l'autre jour, je me disais
41:38 je pourrais faire un concert de deux heures
41:40 en ne chantant que des chansons sur les droits de l'homme.
41:42 - Alors il y a aussi une particularité dans cet album,
41:44 c'est qu'il y a certaines chansons qui sont parlées
41:46 notamment par vous.
41:48 (musique)
41:50 (musique)
41:52 - Il suffirait d'une colonne
41:54 (musique)
41:56 d'un peu de tendresse oubliée
41:58 (musique)
42:00 d'un retard de quelques secondes
42:02 (musique)
42:04 dans le cours de l'éternité.
42:06 - Blanc, donc la seconde couleur.
42:08 Et pourquoi parler des chansons ?
42:10 - C'était pas des...
42:12 Je voulais pas faire des chansons parlées,
42:14 je voulais mettre des mots.
42:16 Je voulais prendre des
42:18 extraits de textes de certaines de mes chansons
42:20 qui ont parsemé
42:22 mon itinéraire
42:24 et les faire dire par des gens.
42:26 Donc il y a, c'est vrai, ma femme,
42:28 mes deux filles, François Berléand,
42:30 François Morel et Bruno Benabar.
42:32 Et je leur ai proposé le truc.
42:34 Je leur ai dit "voilà, je vous envoie
42:36 telle phrase et telle phrase,
42:38 vous les enregistrez avec
42:40 votre iPhone et vous me les envoyez,
42:42 est-ce que vous êtes d'accord ?" Et ils m'ont répondu "évidemment".
42:44 Et ils l'ont fait. Et donc je voulais des extraits.
42:46 Je voulais pas que ça soit
42:48 considéré comme des chansons.
42:50 Je voulais que ça soit des mots
42:52 qui soulignent
42:54 à la fois la musique de
42:56 Philippe Lefebvre et à la fois les chansons qui allaient arriver.
42:58 - Et ce qui est extraordinaire, c'est qu'ils n'ont même pas
43:00 besoin de se déplacer en studio.
43:02 Le téléphone, les ranges, c'est une première.
43:04 - Ils ont tout fait avec leur téléphone.
43:06 Ils m'ont envoyé
43:08 3, 4 versions
43:10 et je choisissais, je montais,
43:12 je décalais des choses pour que ça soit
43:14 comme je voulais et ils ont fait ça tout à fait
43:16 gentiment,
43:18 gratuitement, sans me poser de questions.
43:20 Berléand m'a dit "mais c'est un honneur,
43:22 évidemment, je le fais tout de suite".
43:24 - C'est fou. Des gens que vous connaissiez depuis longtemps,
43:26 vous avez choisi particulièrement ?
43:28 - Berléand, je l'ai croisé
43:30 à une émission d'RTL.
43:32 J'ai eu envie de lui dire
43:34 que je l'adorais comme comédien et lui
43:36 est venu me dire qu'il m'aimait
43:38 beaucoup comme auteur-compositeur.
43:40 Donc ça a été clair.
43:42 Et puis François Morel, on l'a partagé
43:44 évidemment de l'autre côté de la Lune.
43:46 Donc depuis longtemps on le savait.
43:48 On s'est rencontrés sur l'album
43:50 de duo aussi où on l'a chanté "On dit ensemble".
43:52 Depuis on est devenus amis.
43:54 Et puis je voulais
43:56 qu'il y ait ma famille,
43:58 mes deux filles, ma femme
44:00 et que ça se termine au studio du Brador
44:02 à Boulogne avec mes musiciens.
44:04 Je ne voulais pas qu'il y ait une seule personne
44:06 qui faisait partie de mon entourage
44:08 qui ne soit pas sur le disque. Parce que si jamais c'était
44:10 le dernier disque, on ne sait pas,
44:12 ça se terminerait d'une façon
44:14 la plus élégante possible.
44:16 - Alors il y a rouge, il y a blanc et il y a bleu
44:18 justement avec Amanda, l'une de vos filles.
44:20 - A son Dieu qui ne ment pas,
44:22 elle raconte tout bas la haine.
44:24 Il ne répond pas souvent,
44:26 il aime que les grands, pas elle.
44:28 Elle voudrait qu'ils lui disent
44:30 qu'on ne tue pas par bêtise,
44:32 pas pour des mots,
44:34 ni des idées qu'on a,
44:36 ou des yeux qui ne sont pas
44:38 couleur de l'eau.
44:40 [Musique]
44:56 - Amanda, effectivement, c'est étonnant
44:58 d'entendre votre fille dire des textes.
45:00 - Oui, je veux dire,
45:02 j'ai posé la question
45:04 à Amanda, elle a répondu
45:06 oui, et Sarah aussi,
45:08 Pascal aussi,
45:10 je me suis dit, voilà, c'est quand même les gens qui me touchent de près,
45:12 il ne faut absolument pas
45:14 qu'ils ne soient pas sur l'album.
45:16 Amanda, elle chante très bien,
45:18 Sarah chante aussi très bien,
45:20 mais je voulais qu'elles parlent, et je voulais avoir leur voix
45:22 qui dise des choses importantes,
45:24 et c'est vrai qu'Amanda
45:26 dit des choses importantes.
45:28 - Et quand on écoute cet album, Nicolas Pérac,
45:30 on a l'impression qu'il résume votre chemin d'écriture
45:32 et votre chemin de musicien.
45:34 - Je suis entièrement d'accord avec ça.
45:36 C'est-à-dire que si je devais résumer
45:38 mon parcours, je pense qu'on
45:40 pourrait le résumer sur cet album-là.
45:42 C'est-à-dire que, voilà,
45:44 j'ai
45:46 plus rien à
45:48 attendre
45:50 d'un nouvel album.
45:52 En fait, j'ai juste
45:54 envie de me faire plaisir.
45:56 J'avais envie d'aller au bout d'une envie
45:58 avec Philippe, avec mes musiciens,
46:00 avec les invités,
46:02 sans penser
46:04 à ce que ça va marcher, pas marcher,
46:06 etc. Et je voulais mettre là-dedans
46:08 tout ce qui a parsemé
46:10 mon itinéraire, à savoir les choses
46:12 qui ont vraiment compté pour moi.
46:14 Et c'est vrai que les choses qui ont compté pour moi,
46:16 c'est avant tout, encore une fois,
46:18 le droit à la différence.
46:20 - Et puis il y a des chansons étonnantes comme celle-ci.
46:22 [♫♫♫]
46:24 [♫♫♫]
46:26 [♫♫♫]
46:28 [♫♫♫]
46:30 [♫♫♫]
46:32 [♫♫♫]
46:34 [♫♫♫]
46:36 [♫♫♫]
46:38 - "Métro Godwin-Meyer",
46:40 encore un jeu de mots qui vous est cher.
46:42 Le lion de la métro de Godwin-Meyer,
46:44 en fait, c'était la mascotte
46:46 du club Omnisport de l'Université Columbia
46:48 au départ, quand ça a été créé.
46:50 - C'est vrai, je ne savais pas.
46:52 - Et donc, pourquoi cette chanson ?
46:54 - Parce que je trouvais que c'était une bonne façon
46:56 de montrer que les gens étaient les faux-culs
46:58 et qu'on croyait
47:00 à des histoires, alors que derrière,
47:02 c'était exactement le contraire.
47:04 Et c'est une chanson
47:06 qui dit "faites-moi rêver
47:08 encore". Faites-moi rêver,
47:10 moi je crois au bonheur,
47:12 je crois aux belles choses et encore plus
47:14 de métro Godwin-Meyer.
47:16 - Alors il y a aussi une chanson dans cet album qui
47:18 est très récemment résidente de votre parcours,
47:20 c'est "Tu leur diras".
47:22 - Tu leur diras, tu leur diras
47:24 que je chantais.
47:28 Tu leur diras, tu leur diras
47:32 que je dansais.
47:36 En ce temps-là,
47:38 j'aimais la vie.
47:40 - C'est une chanson presque
47:42 hommage, c'est presque un testament, cette chanson,
47:44 non, Nicolas Lepirac ? - Non, c'est une chanson
47:46 que j'ai écrite il y a 3 ou 4 ans
47:48 en pensant à
47:50 une petite fille
47:52 de n'importe quel pays en guerre.
47:54 C'est vrai que l'autre jour, on m'a posé la question
47:56 en me disant "est-ce que c'est une chanson écrite
47:58 pour une petite fille palestinienne ?"
48:00 J'ai dit "on peut avoir l'impression qu'eux,
48:02 mais non, elle a été écrite il y a 3-4 ans".
48:04 Et voilà,
48:06 encore une fois, c'est une chanson
48:08 sur une enfant qui ne comprend pas.
48:10 C'est la même chose
48:12 que quand Berléand
48:14 dit "et tu sais,
48:16 nos enfants
48:18 avalent quand ils jouent la même poussière
48:20 et ils se foutent pas mal de tout ce qui nous fait faire la guerre".
48:22 C'est la même chose, c'est-à-dire que c'est
48:24 une petite fille qui ne comprend pas.
48:26 On lui a promis des choses,
48:28 on lui a promis des événements, on lui a promis
48:30 la paix, et depuis qu'elle a
48:32 12 ans, et depuis 12 ans,
48:34 elle ne voit que ça. - Il se trouve
48:36 que ce sont vos 50 ans de carrière,
48:38 est-ce qu'au début, vous pensiez que ça durerait 50 ans,
48:40 Nicolas Lepirac ? - Tu as dit "je ne pensais pas à moi".
48:42 Moi je vis
48:44 au jour le jour.
48:46 Je suis le premier étonné que ça aille
48:48 durer aussi longtemps.
48:50 Et en même temps, ce n'est pas une carrière, franchement.
48:52 Non, non, c'est un itinéraire,
48:54 c'est un parcours,
48:56 mais je ne suis pas carriériste
48:58 dans la mesure où, pour moi, carrière, ça veut dire
49:00 qu'on prévoit, on calcule,
49:02 on dit qu'on va faire à tel moment tel truc,
49:04 tel autre chose. Non, j'ai toujours été
49:06 fidèle à mes envies,
49:08 à mes idées.
49:10 Je n'ai pas eu envie de dévier,
49:12 je n'ai pas cédé aux appels des sirènes.
49:14 Voilà, c'est...
49:16 - Écoutez, c'est un parcours,
49:18 mais un itinéraire aussi. Et continuez ainsi
49:20 parce que je suis sûr que vous avez encore des centaines de chansons en réserve.
49:22 - Ah ah ah !
49:24 - Il y a cet album "D'ici et d'ailleurs", il y aura peut-être une tournée
49:26 derrière, non ? - Oui, il y a des concerts,
49:28 je suis au Francophonie
49:30 de La Rochelle, le 14 juillet,
49:32 et puis à partir du mois
49:34 de septembre, il va y avoir d'autres concerts,
49:36 il va y avoir une tournée, mais alors avec les musiciens,
49:38 ça va être...
49:40 au lieu de s'appeler
49:42 les acoustiques improvisés, ça va être
49:44 les acoustiques apprivoisés,
49:46 c'est-à-dire que ça va être la même chose en acoustique,
49:48 sauf que je vais rajouter des musiciens derrière
49:50 et qu'ils auront le droit,
49:52 selon ce qui leur passe par la tête, d'improviser.
49:54 - Voilà. Et nous on a le droit et même le devoir
49:56 d'écouter ce nouvel album, "D'ici et d'ailleurs".
49:58 Merci Nicolas Périnck, et continuez ainsi
50:00 votre parcours et votre itinéraire. - Merci Jacques.
50:02 - Et Clé de Villevisse est terminée pour aujourd'hui,
50:04 on se retrouve bientôt, restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.

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