Jacques Pessis reçoit Régis Truchy : il est l’un des maitres du hip hop en France et l’auteur et l’interprète d’un spectacle de danse « Eccentric » . Aux Oscars, en 2019, il a rendu hommage à ses maitres, Marcel Marceau et Charlie Chaplin.
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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2024-02-22##
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00:00 Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessy.
00:03 Sud Radio, les clés d'une vie, celle de mon invité.
00:06 Vous êtes en perpétuel mouvement, sans jouer la carte du mouvement perpétuel, bien au contraire.
00:11 Vous êtes la rigueur même à la ville pour jouer à la scène des personnages totalement désarticulés.
00:16 Bonjour Régis Truchy.
00:17 Bonjour.
00:18 Alors, on connaît votre nom, on connaît aussi le hip-hop, car vous êtes un précurseur.
00:24 Vous avez eu un parcours incroyable.
00:25 Vous êtes en tournée avec un spectacle qu'on va évoquer aussi tout à l'heure, qui est aussi étonnant.
00:29 Et qui a fait un triomphe à Paris.
00:31 Donc le principe des clés d'une vie, c'est de raconter ce parcours pas comme les autres, à travers des dates clés.
00:36 Et la première que j'ai trouvée, alors elle ne vous concerne pas directement, mais elle est importante.
00:40 Le 23 février 2002, Marcel Marsau fait ses adieux au palais des congrès pendant un mois.
00:45 C'est ça.
00:45 Et ça vous a marqué ?
00:46 Ah là, ça m'a marqué à vie.
00:48 Et c'est là que je me suis aperçu qu'il fallait toute une vie pour maîtriser son art.
00:52 Car, je ne sais plus quel âge il avait, je crois qu'il avait 75 ans.
00:56 Ah oui, au moins, oui.
00:57 Et je n'ai jamais vu quelqu'un autant illuminer une scène avec aussi peu de scénographie.
01:02 D'ailleurs, il n'y en avait pas.
01:03 C'était juste lui, une petite musique, et il interprétait plein de petits personnages.
01:07 Depuis ce jour-là, j'étais comme un fou.
01:10 Je me suis dit, il faut que je fasse la même chose plus tard.
01:13 C'était le secret des Ternières Jeunesses.
01:14 En fait, pendant les dix dernières années de sa vie, Marcel Marsau a fait ses adieux régulièrement.
01:19 C'est ça.
01:20 On en a moins parlé que de ce Josephine Becker, mais il ne pouvait pas s'en aller.
01:24 Et c'est vrai, parce que même Marcel Marsau, il vient de chez nous en France.
01:27 Et même pour ses 100 ans, je n'ai jamais vu d'événements par rapport à lui.
01:32 Alors que c'est quelqu'un qui a marqué le monde entier.
01:34 Bien sûr, mais aux États-Unis, c'était une star.
01:36 C'était une star.
01:37 Alors, il a été un élément déclencheur pour vous par sa façon d'utiliser ses états
01:41 émotionnels et son corps pour rendre l'irréel réel sur scène, Rémi Struchy.
01:45 Pour moi, c'était un magicien.
01:47 En fait, on voyait tout sur scène et il n'y avait rien.
01:49 Même à l'époque, j'avais une amie qui était avec moi et elle me disait, mais je vois la Fontaine.
01:54 Je vois le policier.
01:56 Je vois la femme qui est là avec son enfant.
01:59 Enfin bref, on était comme des enfants.
02:01 Et je me rappellerai toujours à la fin, c'est à dire qu'il n'y avait pas un mot et tout
02:06 le monde s'est levé et on a senti la puissance du corps qui nous avait retransmis au niveau
02:12 des spectateurs.
02:13 L'émotion, elle était...
02:14 Son personnage, c'était Bip.
02:15 Bip.
02:16 Bip, c'est-à-dire Bip maquillé.
02:17 À la limite, on ne connaissait même pas le visage de Marcel Marsau.
02:20 Exactement.
02:21 Par contre, il rendait des choses tellement réelles.
02:25 C'est vrai qu'on ne le voyait pas, mais on le voyait sublimé.
02:28 Et vous l'avez rencontré, Marcel Marsau ?
02:30 Malheureusement, non.
02:31 Je peux vous dire, c'est quelqu'un de très bavard.
02:33 C'est vrai ?
02:34 Quand on l'interviewait, il n'arrêtait pas.
02:35 Quelque part, ça me rassure parce que les gens qui m'entourent, à chaque fois, ils me disent
02:39 "Mais toi, tu ne parles pas sur scène, mais qu'est-ce que tu parles dans la vie ?"
02:42 Et d'ailleurs, dans le film de Mel Brooks, "La dernière folie de Mel Brooks", il y a un seul mot
02:47 et c'est Marcel Marsau qui le prononce à la fin.
02:49 C'est ça qui est trop fort.
02:50 Mais je me souviens aussi d'un spectacle au Théâtre des Champs-Elysées, une première,
02:53 et il y avait Jean Carmet dans la salle.
02:55 Et l'histoire est authentique, Jean Carmet s'est endormi, il s'est réveillé,
02:59 et tout d'un coup, il a hurlé plus fort.
03:01 C'est pas vrai ?
03:02 Authentique.
03:03 Ça, c'est drôle.
03:04 Alors, vous avez compris l'importance du mime en voyant aussi des images consacrées à Robert Shills,
03:12 un pantomime qui était à San Francisco, qui performait.
03:16 C'est ça. Dans les années 70, c'était un monsieur qui était dans la rue,
03:21 qui s'amusait à jouer avec les gens, et ce monsieur-là a beaucoup influencé
03:26 ce qu'on a appelé la danse hip-hop.
03:28 Et en fait, la street dance.
03:30 Et ce monsieur-là avait rencontré Marcel Marsau peu de temps avant.
03:36 Mais ce qui est étonnant, à l'époque, personne marchait, faisait des blagues dans la rue.
03:40 Aujourd'hui, on en voit sur Internet, on voit aussi ces gens déguisés à Montmartre ou partout.
03:45 C'était nouveau à l'époque ?
03:46 C'était complètement nouveau.
03:48 Et en fait, c'était la manière de s'exprimer et de jouer avec les choses qui nous entourent.
03:53 Et en fait, c'est ça, la vie.
03:55 C'est tout ce qui nous entoure, il faut réussir à le retranscrire sur scène.
03:58 C'est un véritable apprentissage ?
03:59 Au complet.
04:00 C'est-à-dire ?
04:01 C'est-à-dire qu'on est toujours à l'écoute.
04:03 Même Charlie Chaplin, quand il était plus petit, avec sa mère, à Londres,
04:08 il s'amusait à regarder les gens de sa fenêtre, parce qu'il n'avait pas beaucoup d'argent.
04:13 Il était là et il essayait de les imiter.
04:15 Et c'est ça qui a fait toute sa force, sa richesse.
04:18 Parce que c'est vrai que nous, en tant qu'artiste, on dit toujours "oui, on invente", mais on n'invente rien.
04:22 Tout est là.
04:23 C'est-à-dire que vous, Régis Truchy, vous avez beaucoup imité et vu avant de commencer ?
04:28 C'est ça.
04:29 Après, à l'époque où j'ai commencé, on était toujours dans un idéal.
04:34 On essayait, on fantasmait.
04:36 Donc c'est pour ça que parfois, on se lâchait un peu plus.
04:39 Maintenant, c'est vrai qu'avec toute la technologie, on est tout de suite sur l'écran, on regarde et ça devient identifiable.
04:45 Alors qu'on était quand même dans l'imaginaire à l'époque.
04:47 Et comment on faisait ?
04:48 Comment on faisait ? On s'amusait.
04:50 À s'ennuyer. Et c'est ça, l'ennui.
04:52 L'ennui, c'est ce qui nous permet de créer.
04:54 C'est-à-dire que vous arrivez de rester pendant des heures à chercher quelque chose.
04:58 Exactement.
04:59 Et à mouvement.
05:00 Et ce mouvement, vous le gardiez au fond de vous-même.
05:02 Exact. Et vous n'allez que ressortir.
05:04 Il y a aussi quelqu'un qui vous a beaucoup marqué, Régis Truchy.
05:07 C'est un humoriste qu'on a un peu oublié aujourd'hui, qui est Michel Courtemanche.
05:10 Oh là là. Quel artiste !
05:13 Qu'est-ce qu'il faisait ?
05:15 Courtemanche, c'était le premier, pour moi, que j'ai vu faire du mime,
05:22 avec quelque chose vraiment d'identifiable et des bruitages.
05:26 Et il le faisait façon un peu cartoonesque.
05:29 Mais il avait une rigueur, justement, même dans le mouvement.
05:31 C'était pas un danseur.
05:32 Et c'est ça qui me fascinait.
05:35 Il me disait "il arrive à bouger avec son corps, c'est pas un danseur,
05:39 il fait moins et il fait plus. Comment il arrive à faire ça ?"
05:43 Et en fait, tout vient de son état émotionnel, qu'il mettait au service de son mouvement.
05:49 Et le mouvement devenait intéressant.
05:51 Il a débuté au Québec dans un spectacle qui s'appelait "Un nouveau comique est né".
05:54 Exactement.
05:55 Au festival "Juste pour rire".
05:56 Et puis, il a fait un triomphe en France.
05:58 Je crois que c'est le seul Québécois qui ait fait plus de 500 000 spectateurs en France.
06:03 Ça m'étonne pas, c'était dans les années 90, c'est ça ?
06:05 Oui.
06:06 C'est là où je l'ai vu.
06:07 Même la première fois, quand j'ai vu les bébés.
06:09 Où il faisait le bébé sur scène avec le groupe Yvron.
06:12 Oh là là, qu'est-ce que c'était magnifique.
06:14 Et vous savez que George Lucas l'a approché pour tourner dans "Star Wars Episode I",
06:21 la menace fantôme.
06:22 Et il devait jouer le rôle de Jar Jar Binks.
06:24 Exact.
06:25 Et ça s'est pas fait.
06:26 Le rôle a été confié à Ahmed Best.
06:28 Mais il aurait pu être dans "Star Wars".
06:31 En plus, moi, je suis un grand fan de "Star Wars".
06:35 Et c'est pour ça que "Courtement" chez "Star Wars" aurait été magnifique.
06:38 Il y a même une BD qui est sortie à l'époque, "Les aventures de Courtement",
06:42 que j'ai dessinée par Bruno Marti, qui était le caricaturiste des guignols.
06:46 D'accord, ok.
06:47 Ça m'étonne pas.
06:48 Il a eu quelques ennuis ensuite, Michel Courtement.
06:50 Je crois qu'il a été utilisé à son insu par la police de Montréal
06:53 pour infiltrer un camp mafieux, le clan Risotto.
06:56 Ah bon ?
06:57 Oui.
06:58 Et puis, il a eu quelques soucis de santé, justement,
07:01 parce qu'il est un peu bipolaire.
07:03 Et puis, il a remporté dernièrement la troisième saison
07:06 de la version québécoise de "Mastinger",
07:09 qui s'appelle "Chanteur masqué", dans la peau d'un caméléon.
07:12 Donc, il commence à revenir sur scène.
07:14 Exactement.
07:15 Et par contre, même moi, je travaillais au Cirque du Soleil,
07:17 et il a coaché des clowns au Cirque du Soleil.
07:20 Et c'est vrai que moi, j'ai vu quelques images de lui.
07:23 Souvent, il y en a qui disent "Ah, mais il a vieilli,
07:25 maintenant, ça, c'est plus du tout pareil".
07:27 Et bien, au contraire.
07:28 J'ai l'impression même qu'il est encore meilleur qu'avant.
07:31 Alors, il y a quand même une chose qui est très importante
07:33 à signaler avec vous, Régis Truchy,
07:35 c'est l'origine de votre vocation, c'est ça.
07:38 Ah oui, effectivement, Chantal Goya.
07:45 Chantal Goya.
07:46 Mais c'est vrai, c'est vrai.
07:48 Mais c'est vrai, en plus, c'est vrai,
07:49 c'est ma grand-mère qui m'emmenait
07:51 voir les spectacles au Palais des Congrès.
07:53 Voir Chantal Goya, et à chaque fois,
07:56 c'était un univers magique, un peu enfantin,
07:58 moi, ça, ça me plaisait.
07:59 Vous aviez six ans, je crois.
08:01 Cinq, six ans, oui.
08:02 Et ça vous plaît ?
08:03 Vous n'aviez pas envie de faire du spectacle, à l'époque ?
08:06 En fait, je pense que c'est un peu ça
08:08 qui m'a donné envie de faire du spectacle.
08:09 C'est curieux, hein ?
08:10 Ouais, comme quoi.
08:11 Et elle continue, elle est en tournée en ce moment
08:13 avec un spectacle qui triomphe partout.
08:15 Oui, oui, oui, de toute façon,
08:16 elle a toujours eu du succès.
08:17 Parce que je pense que, avant tout,
08:19 l'artiste, il doit être avec son public,
08:21 et elle, elle l'y est complètement.
08:23 Oui, mais elle y est,
08:24 et elle a cinq générations de spectateurs
08:26 qui montent sur scène à la fin.
08:28 C'est énorme.
08:29 Moi, je trouve ça...
08:30 Pour moi, des parcours comme ça,
08:31 je trouve ça très impressionnant.
08:33 Alors, en plus, la danse vous a aidé,
08:35 parce que vous étiez, enfant, je crois,
08:37 à Régis Truchy, quelqu'un de très timide.
08:39 Oui, et d'ailleurs, encore à l'heure actuelle.
08:41 À l'heure actuelle, je suis encore un peu timide.
08:43 Et la danse est venue parce que le corps
08:44 vous a permis de vous exprimer.
08:45 C'est ça.
08:46 J'avais du mal à m'exprimer,
08:47 même avec les mots.
08:48 Même parfois, j'avais du mal à rentrer
08:49 dans une boulangerie et demander
08:51 une baguette de pain.
08:52 C'est bête, mais...
08:54 C'était comme ça, oui.
08:56 J'ai un côté un peu introverti.
08:58 Alors, vous êtes devenu danseur pour quoi et comment ?
09:00 Dans le classique, au départ.
09:02 Alors, au tout départ, c'était de la danse d'éveil.
09:05 J'avais demandé à mes parents de faire de la danse,
09:07 et ils m'avaient mis à la danse d'éveil.
09:09 Même mes parents voulaient que je fasse
09:11 un instrument de musique.
09:12 Ils se sont dit "Tiens, c'est bien,
09:14 il aura l'oreille musicale, tout ça."
09:16 Et en fait, pas du tout.
09:17 À 6 ans, j'ai dit "Je veux aller plus loin
09:19 au niveau de la danse."
09:20 Et à l'époque, il n'y avait que de la danse classique,
09:22 à peu près.
09:24 J'étais à côté de chez moi, à Villejuif,
09:26 et ils donnaient des cours.
09:27 Donc, j'y suis allé.
09:29 Et j'ai arrêté à l'âge de 10 ans,
09:31 car la première fois que j'ai vu de la danse hip-hop,
09:33 c'était à l'âge de 10 ans, devant la télé,
09:35 Sydney, HIPHOP.
09:37 En même temps, votre premier ballet,
09:39 ça a été Coppélia à 10 ans.
09:41 C'est ça.
09:42 Et d'ailleurs, j'étais avec un danseur de l'Opéra de Paris
09:44 qui m'avait dit "Mais ça sera bien que tu rentres à l'Opéra de Paris
09:46 en tant que petit rat de l'Opéra."
09:48 Et en fait, non.
09:50 Le milieu du classique
09:52 ne m'avait pas trop intéressé
09:54 au niveau de la perception des choses,
09:56 alors que j'adore la danse classique.
09:58 Mais c'était... En fait, je me suis aperçu,
10:00 au fur et à mesure où j'ai pris de l'âge,
10:02 que ce n'était pas la danse qui me gênait,
10:04 c'était parfois l'attitude
10:06 de certains êtres humains.
10:08 - Et ça vous a appris quand même la rigueur.
10:10 - C'est ça.
10:12 - Et ensuite, il y a eu le patinage artistique pendant deux ans.
10:14 - Le patinage artistique était très très bien,
10:16 mais je n'étais pas assez assidu.
10:18 Mais j'aurais bien aimé continuer.
10:20 - Oui, mais c'était aussi un apprentissage pour aller vers la danse.
10:22 - Ah oui, oui, complètement.
10:24 - Et vraiment, vous pensiez à ce moment-là faire votre métier de la danse ?
10:26 - Non, non. J'ai toujours dit aux gens autour de moi
10:28 que je ne ferais jamais ce métier-là.
10:30 - Vous comptiez faire quoi ?
10:32 - Je me suis bien planté.
10:34 - Vous comptiez faire quoi ?
10:36 - J'étais parti pour faire serveur.
10:38 J'étais à l'école Ferrandi.
10:40 - Oui.
10:42 - Mais voilà, le destin en a fait tout autre.
10:44 - L'école Ferrandi forme les cuisiniers.
10:46 Et vous avez connu d'autres recettes,
10:48 celle du succès.
10:50 - Oh, c'est beau ça.
10:52 - Et on va évoquer cela à travers une date importante pour vous.
10:54 C'est le 10 janvier 2005.
10:56 A tout de suite sur Sud Radio avec Régis Truchy.
10:58 - Sud Radio, les clés d'une vie. Jacques Pessis.
11:00 - Sud Radio, les clés d'une vie.
11:02 Mon invité est Régis Truchy.
11:04 Vous êtes l'un des maîtres du hip-hop.
11:06 On a parlé de vos débuts.
11:08 Votre passion pour Marcel Marceau.
11:10 Vous êtes en tournée actuellement avec un spectacle
11:12 qu'on va évoquer dans quelques instants.
11:14 Et il y a une date importante dans votre carrière.
11:16 C'est le 10 janvier 2005.
11:18 D'après mes archives, c'est votre première grande télé.
11:20 Le journal de Paris, Île-de-France.
11:22 Le théâtre national de Chaillot ouvre sa scène
11:24 à la fin de l'année.
11:26 Le théâtre national de Chaillot ouvre sa scène au hip-hop
11:28 et présente Quatuor.
11:30 Vous êtes dedans.
11:32 - Oui, avec Emile Parisien, qui est un grand
11:34 musicien de jazz.
11:36 Et d'autres aussi.
11:38 Et là, j'étais avec mes amis.
11:40 Xavier, Hakim, Karim.
11:42 C'est vrai que pour nous, c'était une grande première
11:44 parce qu'on avait des musiciens en live avec nous sur scène.
11:46 C'était magnifique.
11:48 - Et un spectacle, on voit les images, où vous dansez
11:50 et vous improvisez beaucoup.
11:52 - Exactement. C'est propre aussi parfois à la danse hip-hop.
11:54 On travaille tellement notre personnalité
11:56 qu'on est vraiment sur l'instant présent.
11:58 - Alors, le hip-hop, c'est né en regardant
12:00 Sydney à la télévision.
12:02 - Pour moi, en tout cas, c'était ça.
12:04 Alors, c'était le dimanche après-midi
12:06 et c'est la première fois que j'ai vu
12:08 des gens bizarres
12:10 faire avec leur corps
12:12 des mouvements qui paraissaient
12:14 complètement élastiques.
12:16 Je me suis dit "c'est ça que je veux faire".
12:18 Il y avait aussi le break par terre.
12:20 C'était bien, mais plus compliqué.
12:22 Enfin, pour moi, dans ma tête.
12:24 Et après, j'y suis allé.
12:26 - Et à l'époque, le hip-hop, c'était considéré par certains
12:28 comme une danse de caniveau.
12:30 - Ah, c'est une danse de rue. Mais c'est comme la danse classique.
12:32 La danse classique, elle a commencé dans la rue aussi.
12:34 C'est pareil. Mais oui,
12:36 de toute façon, la plupart des arts commencent dans la rue.
12:38 - Mais en même temps,
12:40 les gens ne connaissaient pas cette danse
12:42 ou la méprisaient à l'époque. C'était dur.
12:44 - Ils la méprisaient complètement. A chaque fois, c'est vrai
12:46 qu'on était mis un peu, parfois, plus bas que terre.
12:48 Alors que, lorsqu'on arrivait
12:50 sur scène, tout de suite,
12:52 alors là, c'était plus la même chose.
12:54 Mais quand on était dans la rue, parfois,
12:56 il y en a qui nous aimaient bien et d'autres pas.
12:58 - On a aussi réduit cette danse en la comparant au rap.
13:00 - Oui, alors, oui,
13:02 parce qu'ils disaient que c'était la musique de rap.
13:04 Mais non, le rap, c'est autre chose.
13:06 - Alors, il y a eu aussi un reportage, peut-être que vous l'avez vu,
13:08 en 94, le 19 février,
13:10 où il y a un journaliste d'Actuel, Bernard Zécry,
13:12 qui explique les débuts
13:14 créatifs et désargentés de ce mouvement.
13:16 Vous connaissez ce reportage ?
13:18 - Non, non, je ne l'ai pas vu.
13:20 - Car lui, qui était journaliste à Actuel,
13:22 a participé au début du mouvement hip-hop aux Etats-Unis.
13:24 Il était en colocation à New York
13:26 avec deux artistes graffiti,
13:28 Fab 5, Freddy et Futura 2000.
13:30 - Oui, Futura 2000 et Fab 5,
13:32 oui, oui, je connais très bien.
13:34 - Et donc, il habitait avec eux, et c'est comme ça qu'il a
13:36 découvert le hip-hop et qu'il l'a amené en France.
13:38 Il y a eu le premier grand reportage dans Actuel.
13:40 - D'accord, OK, très bien.
13:42 - Et c'est vrai qu'Actuel, c'était aussi un journal qui était
13:44 dans les tendances... - Dans les tendances
13:46 de l'époque, quoi, enfin, qui a toujours été
13:48 en évolution. - Et le hip-hop, le graffiti,
13:50 tout ça, c'est le même univers ? - Voilà, DJ,
13:52 graffiti, rap, beatbox,
13:54 danse, tout ça, ça fait partie
13:56 du même groupe. - Et une fois
13:58 que vous l'avez découvert, vous vous avez appris, vous vous êtes informé ?
14:00 - Bah, en fait,
14:02 oui, on s'est informé, on a été aux Etats-Unis,
14:04 j'ai eu la chance de danser avec des précurseurs.
14:06 Et même le coach
14:08 de Michael Jackson, qui s'appelait Popin Tacco,
14:10 c'était... En fait,
14:12 derrière chaque grand artiste, il y avait souvent
14:14 des danseurs de rue. - Et justement, ce coach,
14:16 vous l'avez rencontré comment ? - Alors,
14:18 on l'a rencontré, nous, à Los Angeles,
14:20 car on devait faire venir
14:22 en fait un monsieur qui s'appelle
14:24 Wiggles, qui faisait partie
14:26 aussi des précurseurs aux Etats-Unis. Il faisait
14:28 un spectacle à Vegas, et en fait,
14:30 je marchais dans les rues de Los Angeles,
14:32 et un gars m'a reconnu, et il a dit
14:34 "Ouais, je travaille avec Popin Tacco, tout."
14:36 "Oh, mais depuis qu'il est avec Michael Jackson,
14:38 on le voit plus." Il me fait "Non, non, mais t'inquiète, je vais te le présenter."
14:40 Et voilà. - Et c'est vrai
14:42 qu'il vous a aussi encouragé,
14:44 parce qu'au début, c'était très difficile pour vous, Régis Truchy.
14:46 - Ça a toujours été dur.
14:48 - Pourquoi ? - Déjà,
14:50 de se faire reconnaître dans un art,
14:52 c'est très compliqué
14:54 d'assumer, et
14:56 c'est vrai que...
14:58 Là,
15:00 il fallait défendre
15:02 ce qu'on avait au plus profond de nous-mêmes,
15:04 donc c'est vrai que parfois, c'est un peu compliqué. - Avec des déceptions
15:06 à certains moments ? - On a des déceptions,
15:08 mais ça va, j'ai pas
15:10 trop à me plaindre. - Alors,
15:12 le terme "hip-hop", on dit que ce serait la
15:14 combinaison du terme anglais "hip",
15:16 qui signifie "être dans le vent", "être branché",
15:18 et que "to hop", c'est "sauter"
15:20 ou "danser". Alors, est-ce que c'est la vérité ?
15:22 Parce que d'autres disent que ça vient des hippies.
15:24 Alors, on sait pas, Régis. - Alors là,
15:26 je peux pas vous le dire, en tout cas,
15:28 le hip-hop, il est venu avec la Zulu Nation,
15:30 c'était Afrika Mambaataa qui avait
15:32 créé ce mouvement-là, parce qu'il avait
15:34 perdu son frère dans un gang,
15:36 et il voulait faire vraiment un mouvement
15:38 qui soit pacifique, en fait.
15:40 - Alors, au début, ça s'appelait
15:42 le Smurf, je crois. - Alors ça, c'est une
15:44 appellation française. Parce que je me suis bien planté
15:46 quand j'étais aux Etats-Unis, et que j'ai dit "oui, tiens,
15:48 je fais du Smurf". Et ils me regardaient, ils faisaient "quoi,
15:50 il fait du schtroumpf ?" - Ben voilà ! - Ben voilà, c'est ça.
15:52 Donc ça, c'était une appellation française.
15:54 - Et pourquoi ?
15:56 - C'est parce que tout le monde trouve des noms.
15:58 C'est pour ça que moi, je fais toujours très attention
16:00 aux mots, et à
16:02 ce que ça veut dire. C'est toujours
16:04 assez compliqué. - Et Régis,
16:06 il faut savoir que les Smurfs,
16:08 c'était des schtroumpfs aux Etats-Unis,
16:10 qui sont nés de façon bizarre. C'est-à-dire qu'il y avait
16:12 quelques schtroumpfs importés
16:14 pour les enfants, et une petite
16:16 fille en a eu dans les bras, et son père,
16:18 qui était un des patrons de la chaîne
16:20 "Ibici", a dit "mais tiens, qu'est-ce que c'est que ça ?"
16:22 Il s'est renseigné, on connaît la suite.
16:24 Alors, vous êtes donc un pionnier
16:26 en France, parce que finalement,
16:28 il y a eu le premier spectacle,
16:30 qui était "Sobedo", je crois. - "Sobedo",
16:32 exactement. On avait fait 4 soirs au casino de Paris,
16:34 3 mois de tournée dans toute la France.
16:36 A l'époque, c'était M. Christian Tamay
16:38 qui nous avait...
16:40 qui avait fait construire ce spectacle.
16:42 Et avec eux, il y avait
16:44 Boogie Saï, Macadam, Actuelle Force
16:46 et Hard Zone. - Et finalement,
16:48 le public connaissait pas au départ,
16:50 comment on fait ? - Bah en fait,
16:52 c'était Christian Tamay
16:54 avec les gens de la culture, qui nous
16:56 avaient donné, en fait, carte blanche
16:58 pour monter ce spectacle.
17:00 Et 4 soirs, guichet
17:02 fermé, carton total,
17:04 3 mois de tournée dans toute la France.
17:06 On est tous devenus professionnels à cette époque-là.
17:08 Et voilà, le hip-hop était en marche.
17:10 - C'était quoi "Sobedo" ? - "Sobedo", en fait,
17:12 c'était...
17:14 C'était 4 groupes, en fait, qui se rencontraient
17:16 sur scène. "Sobedo", c'est...
17:18 C'est en béninois.
17:20 Ça veut dire "comment ça va ?"
17:22 "Comment ça va en béninois ?"
17:24 Et en fait, c'était juste, en fait,
17:26 nous qui nous affirmions pour la première
17:28 fois sur scène. Et on faisait voir nos prouesses
17:30 de l'époque. - Et comment expliquer que c'était
17:32 guichet fermé, registre chi ?
17:34 - Parce que je pense que c'était la première fois
17:36 dans le théâtre en France
17:38 qu'on voyait un spectacle de cette envergure.
17:40 Donc, forcément,
17:42 ça attirait beaucoup de monde.
17:44 - De cette envergure, et puis dans un style particulier.
17:46 - Exactement. - Car il y avait beaucoup plus de fans
17:48 qu'on ne connaissait pas, qui étaient là.
17:50 - Parce qu'en fait, c'est vrai que c'était un mouvement qui vient de la rue,
17:52 mais ça ramène tellement
17:54 de monde. Même, de toute façon, la danse hip-hop,
17:56 même à l'heure actuelle, ça ramène énormément
17:58 d'ampleur. - Mais à l'époque, même les gens
18:00 étaient étonnés, parce qu'ils disaient "mais le hip-hop,
18:02 on ne le connaît pas". - Exactement.
18:04 Et c'est vrai que même
18:06 le milieu contemporain, ils disaient "ah, il faut faire
18:08 attention". Et puis, au fur et à mesure, ils se sont
18:10 ouverts, et ils étaient obligés. Il y avait
18:12 tellement une effervescence, qu'on
18:14 était obligés d'y aller. - Et donc,
18:16 registre chi, vous êtes devenu finalement le symbole
18:18 des pionniers en France du hip-hop. - Oui,
18:20 j'ai fait partie de ces gens-là,
18:22 parce qu'on était pas mal à l'époque.
18:24 - Il y en a une qui a aussi beaucoup compté
18:26 pour vous, c'est une danseuse, c'est Pina Bosch.
18:28 - Ah oui, Pina Bosch. C'est pareil,
18:30 c'est Christian Tamay qui nous avait emmenés à WU Portal,
18:32 en Allemagne, et pour ses
18:34 80 ans, on lui a
18:36 fait un spectacle de danse
18:38 hip-hop, justement, même avec Popin Taco,
18:40 Wiggles, Skitter Rabbit, Sugar Pop,
18:42 des prix de chopsters. - Elle connaissait
18:44 le hip-hop ? - Elle aimait bien, bien sûr.
18:46 Oui, elle était très intéressante. - Et je crois
18:48 qu'il y a eu un festival, justement, où vous avez
18:50 fait... - À WU Portal. - Exactement. - Dans son théâtre.
18:52 - En plus, je crois
18:54 que c'est en 76 qu'elle a rompu avec les
18:56 danses conventionnelles pour faire autre chose.
18:58 Elle a introduit le concept de danse-théâtre,
19:00 donc la base de hip-hop.
19:02 - Et c'est exactement ça, parce qu'en fait, elle s'intéressait
19:04 beaucoup à l'humain, à sa manière
19:06 d'être, parce qu'en fait, c'est vrai que
19:08 quand on a certaines
19:10 règles, mais les règles, on les a au plus
19:12 profond de nous-mêmes, c'est à nous de comprendre comment
19:14 on marche, comment on fonctionne. Souvent, on
19:16 dit "ah tiens, pour aller sur scène,
19:18 marcher c'est compliqué", mais il n'y a pas
19:20 une manière de marcher. Chacun a sa manière.
19:22 Mais c'est à toi de la comprendre,
19:24 et c'est à toi de l'élever pour que ça
19:26 devienne intéressant. - Il y en avait une qui était très
19:28 forte, qui était Edith Piaf, elle avait trouvé un truc,
19:30 elle entrait sur le plateau,
19:32 elle allait tout droit jusqu'au centre,
19:34 elle tournait à droite, et elle allait doucement
19:36 vers le micro, ce qui fait que l'ovation
19:38 durait encore plus longtemps. - Exactement.
19:40 Et c'est ça, c'est souvent, on a peur de ça, du vide.
19:42 Alors que le vide, il faut le prendre
19:44 pour l'élever. - Est-ce que la danse classique
19:46 vous a servi, Régis Truchy, pour faire du hip-hop ?
19:50 Oui, ça m'a servi au niveau de la rigueur.
19:52 Ne jamais lâcher l'affaire.
19:54 Même s'il y a des déceptions,
19:56 comme vous parliez tout à l'heure, c'est vrai que,
19:58 quand vous m'avez parlé de ça, c'est vrai que souvent,
20:00 on peut être déçu, on est montré du doigt,
20:02 parfois en bien, parfois en mal.
20:04 Et cette rigueur-là,
20:06 dans le classique,
20:08 quoi qu'il arrive, tu tiens ton cap.
20:10 - Et vous avez même travaillé avec quelqu'un d'autre
20:12 de très célèbre.
20:14 *Musique*
20:16 - MC Solaar, vous avez fait une tournée
20:22 avec lui, c'est une belle rencontre.
20:24 - Ah oui, j'ai fait deux tournées avec lui,
20:26 et c'est vrai qu'on se connaissait depuis
20:28 tout jeune, et même ma première télé,
20:30 c'était avec
20:32 Michel Drucker, Star 90,
20:34 je l'ai fait avec MC Solaar.
20:36 - C'est-à-dire qu'il y avait une convergence
20:38 des danses, du rythme ? - Exactement.
20:40 En fait, j'étais un très bon ami à Bambi,
20:42 enfin je suis toujours très bon ami à Bambi,
20:44 Bambi Cruz, qui est le maître en scène
20:46 et chorégraphe de MC Solaar.
20:48 - Et donc ce sont des liens presque...
20:50 Le hip-hop, pour lui, ça lui dit quelque chose.
20:52 - Ah bah oui, même il est venu à ma dernière, justement, à la Nouvelle-Ève sur Paris,
20:54 mais c'est plus... c'est comme la famille.
20:56 - Voilà, exactement.
20:58 Et puis il y a une autre date très importante pour vous,
21:00 qu'on va évoquer dans quelques instants,
21:02 c'est le 24 février 2019.
21:04 A tout de suite sur Sud Radio, avec Régis Truchy.
21:06 *Rires*
21:08 *Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis*
21:10 - Sud Radio, les clés d'une vie,
21:12 mon invité Régis Truchy, nous parlerons tout à l'heure d'Eccentrique,
21:14 un spectacle, vous êtes en tournée actuellement.
21:16 Et puis on a évoqué vos débuts dans le hip-hop,
21:18 donc vous êtes un des pionniers,
21:20 vos premières rencontres.
21:22 Et puis il y a eu un moment très très fort,
21:24 c'est le 24 février 2019.
21:26 Écoutez.
21:28 *It's wonderful to see you*
21:30 *It is, isn't it?*
21:32 - La 91ème cérémonie des Oscars,
21:34 et ça, pour vous, c'est une histoire incroyable.
21:36 - Ah, ça, ça, c'était un bouleversement.
21:38 C'est une amie à moi,
21:40 aux Etats-Unis, qui s'appelle Betsy Betos,
21:42 en fait,
21:44 qui travaille avec les gens de chez Disney,
21:46 c'était une danseuse excentrique,
21:48 et qui dessine aussi.
21:50 Et elle m'a demandé de rendre hommage
21:52 à Marcel Marceau,
21:54 à Charlie Chaplin,
21:56 et Ray Harryhausen,
21:58 en fait,
22:00 au théâtre,
22:02 à l'Académie des Oscars, aux Etats-Unis.
22:04 Même moi j'ai encore de l'émotion,
22:06 quand je le dis.
22:08 - Vous n'imaginiez pas ça ?
22:10 - Non, jamais. Jamais j'ai imaginé ça.
22:12 - Et donc, qu'est-ce que vous avez fait ?
22:14 Vous avez fait un spectacle. Il a fallu trouver 5 minutes.
22:16 - Alors, 5 minutes. Alors, j'étais un peu coaché
22:18 par Betsy Betos,
22:20 mais en fait, c'est marrant, parce que là,
22:22 quand on en reparle, dans ce moment-là,
22:24 c'était tellement... Pour moi, c'était comme un vide.
22:26 J'ai tellement eu peur,
22:28 parce que j'avais tout le milieu du cinéma américain,
22:30 que ce soit les gens de chez Disney,
22:32 et comme on parlait de Ray Harryhausen,
22:34 c'est celui qui a fait les premiers effets spéciaux.
22:36 Donc, il y avait l'équipe de Spielberg,
22:38 de George Lucas, enfin, bref.
22:40 De quoi mettre une grosse pression.
22:42 Et je me rappellerai toujours,
22:44 c'était juste avant de passer,
22:46 je regarde, je suis derrière le rideau,
22:48 et je vois tout le monde comme ça,
22:50 et je me dis, "Ma mamie, qu'est-ce que je vais faire ?"
22:52 Je savais ce que je devais faire,
22:54 mais à ce moment-là, on ne sait plus ce qui se passe.
22:56 Et là, j'ai dit, laisse tomber, laisse couler.
22:58 Je crois que j'ai bu deux bouteilles d'eau,
23:00 mais j'en pouvais plus, tellement j'avais de pression.
23:02 Même là, je suis en train de revivre ce moment-là.
23:04 Et j'ai dit, "Allez, lâche tout,
23:06 et tu repenses au petit garçon qui était chez toi,
23:08 enfin, qui était dans ta chambre,
23:10 avide juif, qui n'avait qu'une envie,
23:12 c'était d'aller sur scène."
23:14 - Et là, vous rentrez sur scène, et qu'est-ce qui se passe ?
23:16 - Trou noir, je suis ressorti,
23:18 et j'avais des applaudissements.
23:20 Et c'est vrai, je ne me rappelle de rien.
23:22 Heureusement qu'il y avait une vidéo
23:24 pour que je regarde ce que j'avais fait,
23:26 mais c'était vraiment, pour moi, le trou noir.
23:28 Et d'ailleurs, ça a super bien marché,
23:30 parce qu'il y avait Shirley MacLaine,
23:32 je ne sais pas si vous voyez qui ça,
23:34 qui vient à la fin, qui me dit,
23:36 "Oh, je peux prendre un selfie avec toi ?"
23:38 Et j'ai dit, "Non, non, c'est moi qui prends un selfie avec toi."
23:40 Parce que j'étais super impressionné.
23:42 - Mais vous avez un point commun avec Shirley MacLaine,
23:44 c'est qu'elle a toujours considéré que la danse était importante.
23:46 Elle n'a jamais appris ses rôles.
23:48 Elle a préparé le gestuel de ses rôles
23:50 avant de les interpréter sur le plateau.
23:52 - Et bien, c'est un peu mon...
23:54 C'est vrai qu'on se ressemble à ce niveau-là.
23:56 Parce que c'est vrai que je me suis plus lâché
23:58 dans le mouvement.
24:00 Et en fait, au fur et à mesure où je vieillis,
24:02 je commence à comprendre mon état émotionnel.
24:04 - Alors, ce qu'il faut savoir, si vous êtes là aux Oscars,
24:06 à l'Amérique de la Truchy,
24:08 c'est qu'ils ont essayé de faire un numéro dédié
24:10 à la comédie chorégraphiée.
24:12 - C'est ça. C'est ce qu'on appelle l'"eccentric dance".
24:14 - Voilà. Et ça, vous étiez là,
24:16 vous étiez le seul Français,
24:18 parce qu'il n'y avait même pas, d'ailleurs, cette année-là, un nommé Français.
24:20 - Ah non, il n'y avait rien. J'étais le seul Frenchie.
24:22 Et même, on voulait filmer.
24:24 Et à l'intérieur, ils me disaient,
24:26 "Non, non, non, c'est pas possible.
24:28 Ça reste dans le milieu du cinéma américain."
24:30 Parce que c'est vrai que, sur scène,
24:32 il y avait un écran,
24:34 et là, il y avait des images
24:36 de l'époque en danse.
24:38 Et quand j'ai vu
24:40 toutes ces images-là, j'ai dit, "Oh, on n'a rien inventé."
24:42 C'était magique,
24:44 magnifique.
24:46 - Donc, vous avez réparé et réécristrifié un numéro sur Charlie Chaplin.
24:48 - Sur Charlie Chaplin. - Qu'est-ce que c'était comme numéro ?
24:50 - Alors, c'était, en fait,
24:52 c'était des images qui étaient en adéquation.
24:54 Et en fait, c'est un peu comme si je lui parlais,
24:56 il me parlait. D'ailleurs, c'était super sympa.
24:58 J'avais l'impression que j'avais partagé la scène
25:00 avec Charlie Chaplin.
25:02 Et ensuite, on est passé sur Marcel Marceau.
25:04 Et ensuite, avec Réa Riausen,
25:06 celui qui faisait les premiers effets spéciaux,
25:08 même dans "Sinbad le marin", tout ça.
25:10 Et à la fin,
25:12 j'avais
25:14 des musiciens de Broadway qui m'interprétaient
25:16 une musique que j'interprétais sur scène.
25:18 Et je finissais dans la salle,
25:20 et j'ai eu une petite ovation
25:22 qui m'a... Je m'en suis mis ma petite larme à l'oeil.
25:24 - Voilà. Et Charlie Chaplin, il y a une mélodie
25:26 qui reste incontournable.
25:28 - Deux petits chaussons
25:30 de satin blanc
25:32 - Un extrait
25:34 des "Feux de la rampe".
25:36 Vous aviez vu les films de Charlie Chaplin ?
25:38 - Et oui. Et c'est même avant de
25:40 passer, justement, à l'Académie des Oscars,
25:42 je regardais encore plus les films
25:44 de Charlie Chaplin. Et c'est là que je me suis dit,
25:46 "Oh là là, il faut que je les regarde tous."
25:48 Parce que c'est comme dans tout,
25:50 je commence à les y comprendre.
25:52 - C'est-à-dire ?
25:54 - C'est-à-dire qu'à chaque fois qu'il faisait un mouvement,
25:56 c'est vrai que souvent on voyait la forme,
25:58 mais le fond était tellement
26:00 dur, pur,
26:02 qu'il y a une... En fait,
26:04 c'est pour ça que ça sera indémodable.
26:06 C'est toujours d'actualité.
26:08 Il avait compris l'être humain.
26:10 - Et surtout, au départ, il ne voulait pas faire de cinéma,
26:12 il voulait faire de la musique. Il a appris le violon
26:14 et le violoncelle grâce à ses parents qui étaient chanteurs.
26:16 Et comme il s'est dit, "Je ne pourrai jamais être un artiste",
26:18 il est rentré au Musical
26:20 avec l'équipe de Fred Carnot où il a été mime,
26:22 et le cinéma est arrivé ensuite.
26:24 - Et le cinéma est arrivé ensuite, et c'est vrai qu'il a même...
26:26 Même quand il est passé derrière la caméra,
26:28 ça devenait très intéressant
26:30 parce qu'il a mis en valeur
26:32 toute la comédie burlesque.
26:34 - Et je ne sais pas si vous le savez, mais il est passé à Paris
26:36 avec la troupe de Fred Carnot. Sur scène,
26:38 ce soir-là, il y avait W.U.C. Fields,
26:40 il y avait Maurice Chevalier,
26:42 et il y avait Fred Carnot
26:44 avec, donc,
26:46 Charlie Chaplin et un débutant
26:48 qui s'appelait Stan Laurel dans la même troupe.
26:50 - Ah oui, je vois très bien.
26:52 J'aurais bien voulu assister à ça.
26:54 - Alors, les Oscars se passent,
26:56 et puis le président vous félicite et vous fait une suggestion
26:58 au registre UCHI.
27:00 - Il me dit, "Écoute, si t'as un spectacle un jour
27:02 qui tient la route d'une heure, moi je suis prêt à le prendre."
27:04 - Et alors ?
27:06 - Et bien là, il est prêt.
27:08 Enfin,
27:10 il est prêt. Mais moi, je suis
27:12 jamais encore prêt-prêt.
27:14 - Mais quand il vous a dit ça,
27:16 vous n'imaginiez pas, à registre UCHI,
27:18 ce que ça représentait. - Non. Et d'ailleurs,
27:20 c'est ça qui m'a un peu déstabilisé.
27:22 C'est vrai que faire un numéro de 5, 6 minutes,
27:24 10 minutes, c'est bien.
27:26 Faire un spectacle d'une heure,
27:28 avec... J'avais plein de choses à raconter,
27:30 et justement, il faut trier,
27:32 et il faut bien passer
27:34 par des étapes qui sont très, très importantes,
27:36 et là, qui commencent vraiment à ressortir.
27:38 - Alors, il y avait vos maîtres,
27:40 donc Marcel Marceau, Charlie Chaplin,
27:42 mais il y a aussi Bob Fosse, Jerry Lewis
27:44 et Fred Astaire. - Voilà,
27:46 exactement. Et d'ailleurs, j'ai eu cette chance
27:48 que personne... Enfin, il y a peu de personnes
27:50 qui le savent. Jerry Lewis,
27:52 Betty Betos lui a fait voir
27:54 une vidéo de moi, et il a adoré ce que je faisais,
27:56 et pour moi, ça, c'était un super compliment.
27:58 - Mais il venait souvent à Paris, il était très drôle,
28:00 et il était attentif aux autres.
28:02 Michel Lèves-Desbutants. - Bien sûr, bien sûr.
28:04 - Il est allé voir Michel Lèves-Desbutants. - Moi, je ne suis pas le juge.
28:06 - Et c'est vrai que j'aurais tellement
28:08 voulu le voir, parce que normalement,
28:10 il devait être là, à l'Académie des Oscars,
28:12 à cette soirée-là.
28:14 Et malheureusement, il est décédé.
28:16 - Et il se trouve que cette soirée, c'était unique,
28:18 il n'y avait pas de présentateur. - Non.
28:20 - Parce que le présentateur avait eu quelques ennuis pour des phrases
28:22 homophobes, et c'est la première
28:24 et dernière fois qu'il n'y a pas eu de présentateur.
28:26 - Oui, ben oui.
28:28 - Alors, il se trouve
28:30 que votre... Fred Astaire aussi,
28:32 ça comptait pour vous, Fred Astaire, cette prémission ? - Fred Astaire, la grâce,
28:34 l'élégance, la...
28:36 la manière de s'affirmer.
28:38 Et même lui, c'est vrai que c'était
28:40 dans l'acting, il était super bon,
28:42 et dans le mouvement aussi,
28:44 waouh, quelle élégance. - Mais surtout, et ça,
28:46 ça a dû vous marquer, il répétait trois mois
28:48 une scène de trois minutes au cinéma en étant
28:50 odieux avec ses partenaires, ça ne marchait pas.
28:52 Il n'y a pas d'autre solution. - Alors, c'est vrai que moi,
28:54 je... Ouais, alors je suis d'accord avec ça
28:56 et pas d'accord avec ça. Parce qu'il ne faut pas
28:58 être odieux, il faut laisser
29:00 les gens venir avec ce qu'ils ont.
29:02 Il faut être rigoureux,
29:04 mais par contre,
29:06 le temps est très long. Parce que même
29:08 je vois, quand j'étais même au Cirque du Soleil
29:10 où je travaillais avec les clowns, un numéro
29:12 de trois minutes, ça ne travaillait pas en dessous
29:14 de six mois.
29:16 - Oui, bien d'accord. - Tellement, tellement, c'est pur,
29:18 dur, et...
29:20 faut vivre le moment présent
29:22 et comprendre vraiment tout ce qu'on fait.
29:24 C'est très dur. - Alors, vous rentrez au Cirque du Soleil
29:26 en 2007, Régis Ruchy, comment ?
29:28 Parce que c'est pas banal, ça, non plus.
29:30 - Non, alors, en fait,
29:32 ça faisait deux ans
29:34 qu'il voulait
29:36 que je rentre chez eux. - Vous avez repéré,
29:38 je crois, à Château Vallon ? - J'ai eu
29:40 un coup de téléphone. Et d'ailleurs, je croyais que c'était un ami à moi
29:42 qui délirait,
29:44 parce qu'en fait, il me faisait un accent québécois.
29:46 Et je faisais "mais non, mais c'est bon,
29:48 arrête, Totof, ça sert à rien,
29:50 tu sais pas le faire, l'accent."
29:52 Et en fait, celui que j'avais au téléphone, c'est un monsieur
29:54 qui s'appelle Michel Laprise, celui qui était mettant
29:56 en scène du spectacle de Madonna,
29:58 et qui me dit "non, mais je vous assure, c'est Michel Laprise."
30:00 Je fais "Totof, t'arrêtes, maintenant, c'est bon,
30:02 là, je suis en train de travailler, j'ai pas que ça à faire."
30:04 Et enfin, ils m'ont rappelé
30:06 quatre, cinq fois, et le monsieur, il fait
30:08 "mais non, je vous assure, je suis Michel Laprise
30:10 du Cirque du Soleil."
30:12 "Vous êtes du Cirque
30:14 du Soleil ?" Et là, il y a eu un moment,
30:16 mais un grand blanc, et directement,
30:18 j'ai appelé mon pote, j'ai fait "c'est pas toi qui m'as appelé ?"
30:20 Il me dit "non, c'est pas moi qui t'ai appelé." "Oh, mince !"
30:22 Je rappelle, et voilà, je suis parti là-bas.
30:24 - Et comment il vous avait repéré, dans ce cas-ci ?
30:26 - Je pense que c'était en... Alors à l'époque,
30:28 c'était en cassé de vidéo, je crois. Parce qu'il y avait pas
30:30 internet.
30:32 - Et vous avez fait un spectacle, il les avait marqués ?
30:34 - C'est ça.
30:36 Je pense, et je sais pas quelle vidéo ils avaient
30:38 vue, mais ils avaient entendu parler de moi,
30:40 et d'ailleurs, ils voulaient me prendre
30:42 en tant que danseur.
30:44 Et après, il y a eu une petite bascule. - Alors, effectivement,
30:46 je crois que vous avez été...
30:48 Vous avez créé un personnage de clown ? - C'est ça.
30:50 En fait, c'est la première fois
30:52 que je suis rentré dans leur studio, il y a une dame
30:54 qui a dit "clown".
30:56 J'ai dit "quoi clown ? Moi, clown ? Non, je suis pas clown, moi.
30:58 Je suis danseur hip-hop, je suis registre-chi, regardez
31:00 sur votre feuille." Elle a fait "non,
31:02 t'as une attitude de clown."
31:04 Et après, j'ai compris.
31:06 - Et vous êtes allé à Macao ?
31:08 - À Macao, j'ai habité là-bas
31:10 pour faire
31:12 le spectacle qui s'appelait à l'époque Zaya.
31:14 - Et pourquoi Macao ?
31:16 - C'était le Cirque du Soleil qui m'a envoyé là-bas.
31:18 Et c'était dans un
31:20 grand casino, qui s'appelle le Venetian.
31:22 En fait, c'était Sands Corporation
31:24 qui ont construit un peu comme
31:26 Las Vegas là-bas aux Etats-Unis.
31:28 Ils ont reconstruit à peu près la même chose
31:30 à Macao. Et là, on a
31:32 fait le spectacle, et j'ai eu la chance
31:34 de rencontrer un grand monsieur qui s'appelle
31:36 Leonid Linkin, qui était mon maître en clown.
31:38 - Et le plus grand clown de l'histoire,
31:40 ça reste quand même groc,
31:42 pour tout le monde. - Ah, bien sûr, groc.
31:44 - Mais Michel Serrault m'a expliqué un jour que,
31:46 enfant, il a vu groc, et il a songé à devenir clown
31:48 après avoir vu groc. Et il a changé ensuite.
31:50 Mais il a quand même été un peu clown dans la vie.
31:52 - Ah, bien, même beaucoup, hein, Michel Serrault.
31:54 C'était un vrai, vrai clown.
31:56 - Vous ne pensiez pas être clown aussi ?
31:58 - Pas du tout. Pas du tout. Mais par contre,
32:00 c'est vrai que, comme j'aimais beaucoup Courte Manche,
32:02 j'avais même repris un de ses spectacles,
32:04 Les Bébés, que j'avais fait en
32:06 danse hip-hop à l'époque avec un partenaire
32:08 qui s'appelle Hakim Maïch.
32:10 Et c'est vrai que
32:12 j'avais toujours été plus ou moins attiré
32:14 justement par le côté un peu personnage
32:16 burlesque. - Et puis, la vie à Macao
32:18 est quand même très particulière. Je crois que
32:20 Macao, devant Monaco et Singapour,
32:22 dans la densité de population, 600 000
32:24 habitants sur 30 km².
32:26 - Oui, c'est vrai que c'est assez impressionnant.
32:28 - Et on peut vivre là-bas tranquillement ?
32:30 On peut travailler ? - Ah, ben là, oui.
32:32 Moi, je sais que je faisais que ça, quoi.
32:34 Je faisais que ça. - Alors ensuite, il y a eu tout autre chose.
32:36 Je crois qu'il y a eu un collectif d'artistes
32:38 de cirque de Guinée qui s'appelait
32:40 le Cirque Manding. - Ah, dis donc, vous êtes
32:42 vraiment bien enseigné, hein ! - Qui vous ont engagé.
32:44 - Exactement. Oui, j'ai travaillé
32:46 avec le Cirque Manding
32:48 où, justement, je jouais le clown blanc.
32:50 - Et ça vous a appris encore beaucoup de choses.
32:52 - Ah, ben, totalement. De toute façon,
32:54 à chaque fois qu'on fait un spectacle, on repart toujours
32:56 de zéro. - Mais le clown,
32:58 finalement, et le hip-hop, ça se mêlait à la fin.
33:00 - Ça se mêlait parce que,
33:02 quelque part, dans
33:04 la spécialité que je pratiquais, tout ce qui
33:06 est animation, boogaloo,
33:08 waving, il y a beaucoup de choses qui venaient
33:10 quand même, qui ont été influencées par le mime.
33:12 Et le mime, ils utilisaient
33:14 la même chose
33:16 par rapport à leur corps pour faire des personnages.
33:18 Donc, en fait, c'est lié.
33:20 Tout est lié. - Et vous avez quitté le Cirque du Soleil
33:22 mais vous avez quand même remporté un prix du Cirque du Soleil.
33:24 - Ah oui, oui. Alors ça, c'était une coïncidence.
33:26 J'étais avec un artiste qui s'appelle
33:28 Baboulé, contorsionniste,
33:30 et c'est vrai qu'on a fait un numéro
33:32 de 5 000 minutes et j'ai eu le prix
33:34 du Cirque du Soleil. - C'est au festival du Cirque
33:36 de Demain. - Exactement. - Mais là,
33:38 on n'est plus du tout dans le hip-hop, on est dans le cirque.
33:40 - À complet. - Vous étiez parti pour être un artiste
33:42 de cirque ? - Ben... Oui,
33:44 oui, oui. Ou c'est parce que aussi le cirque s'est intéressé
33:46 justement à tous les arts de rue
33:48 et ils ont réussi à les mettre
33:50 sur des pistes de cirque.
33:52 - Et finalement, le hip-hop, vous manquez
33:54 pour y revenir ? - Euh...
33:56 Ben, de toute façon, même si je suis
33:58 dans le cirque, mais mon attitude,
34:00 quelque part, même dans mon corps,
34:02 c'est hip-hop. - Eh ben, justement,
34:04 on va en reparler à travers une autre date,
34:06 le 22 novembre 2023.
34:08 À tout de suite sur Sud Radio avec Régis Truchy.
34:11 Sud Radio, les clés d'une vie.
34:13 Jacques Pessis. - Sud Radio, les clés d'une vie.
34:15 Mon invité Régis Truchy,
34:17 l'un des maîtres du hip-hop et l'un des pionniers du hip-hop
34:19 en France. On a évoqué votre parcours
34:21 avec notamment les Oscars à Hollywood
34:23 où vous avez triomphé.
34:25 - Ah oui ! - Seul français.
34:27 On a évoqué votre parcours au Cirque du Soleil.
34:29 Et puis tout ça a donné un spectacle.
34:31 Alors, le 22 novembre 2023,
34:33 la reprise de ce spectacle à la Nouvelle-Ève,
34:35 avant une tournée en France qui est en ce moment.
34:37 C'est un spectacle qui est une comédie-chorégraphie
34:39 qui s'appelle "Eccentrique".
34:41 "Eccentrique", E de C, attention.
34:43 - E de C parce que ça vient de "Eccentric Dance",
34:45 une danse qui vient des années 1920.
34:49 Et en fait, l'Eccentric Dance, c'est quoi ?
34:51 C'est un danseur burlesque.
34:53 C'est souvent des solistes. C'est pas des chorégraphies.
34:55 C'est souvent des solistes. Et peu importe la danse
34:57 qu'on pratique, c'est la manière de jouer.
34:59 - Elle est née dans les années folles, cette danse.
35:01 - Exactement. Et souvent, il y avait des parts,
35:03 ça ressemblait plus à du Charleston,
35:05 jazz swing, claquettes.
35:07 Et c'était très, très fort.
35:09 - Et donc, vous avez découvert cette danse
35:11 comment, Régis Truchy ?
35:13 - Grâce à mon ami Betsy Betos,
35:15 qui est aux États-Unis, qui travaille pour Disney
35:17 de temps en temps. Et c'est elle qui m'a expliqué
35:19 d'où ça venait, le pourquoi du comment.
35:21 Parce que c'est vrai que souvent,
35:23 on avait un ressenti, mais mettre des mots dessus,
35:25 c'est quand même assez compliqué.
35:27 - Alors, vous découvrez cette danse
35:29 et vous décidez de monter un spectacle.
35:31 C'était pas évident. Vos 5 minutes sont transformées ainsi.
35:33 - Et c'est ça. Là, je me suis pas rendu compte
35:35 de ce que j'étais en train de faire.
35:37 Surtout que je vais avoir 50 ans cette année,
35:39 et je me suis dit "Waouh !"
35:41 Ça va être un peu dur, mais ça va.
35:43 - Vous avez travaillé pendant des mois
35:45 pour mettre au point ce spectacle
35:47 qui est une suite de petits numéros.
35:49 - C'est une suite de petits numéros. Il y a un petit fil conducteur
35:51 qui est moi-même, un spectateur lambda
35:53 qui arrive en retard.
35:55 Il voit une lumière sur scène.
35:57 Et cette lumière, il part dedans.
35:59 Et ça fait...
36:01 On voyage pendant une heure
36:03 dans le mime,
36:05 dans ce comédie, et à la fin,
36:07 cette lumière, je la prends et je la redonne au public.
36:09 Parce que si ça m'appartient, ça appartient à tout le monde.
36:11 - Et le coup de rentrer sur scène,
36:13 arriver dans la salle en retard,
36:15 quelqu'un l'a fait à ses débuts, pour se faire remarquer,
36:17 c'est Robert Lamoureux, qui au 3 baudets,
36:19 arrivait dans la salle, s'installait au premier rang,
36:21 et commençait à insulter Francis Blanche
36:23 qui était sur scène. Francis Blanche lui répondait,
36:25 il montait sur scène et faisait son numéro.
36:27 - Ah bah ça c'est bien ! C'est un peu ça, sauf que j'insulte personne.
36:29 Mais c'est ça ! Ah oui, c'est exactement ça.
36:31 - Alors, dans ce spectacle,
36:33 il faut savoir que vous jouez plusieurs personnages,
36:35 un chef d'orchestre, E.T., une sirène, un robot,
36:37 à chaque fois c'est un personnage
36:39 avec le hip-hop. - Avec le hip-hop,
36:41 en fait c'est comme je disais tout à l'heure,
36:43 c'est ma manière
36:45 de me mouvoir, de bouger,
36:47 de toute façon, elle vient de là.
36:49 Donc forcément c'est hip-hop, mais c'est excentrique.
36:51 Parce que c'est dans mon eccentricité.
36:53 Et justement,
36:55 je suis quelqu'un d'introverti, et cette lumière
36:57 me permet
36:59 de me faire sortir un peu de mes goûts.
37:01 - Oui, mais c'est un travail énorme aussi,
37:03 et fatiguant,
37:05 parce que physiquement, il faut s'entretenir.
37:07 - Et en fait, physiquement c'est fatigant,
37:09 certes, parce qu'il y a de la danse,
37:11 il y a de la performance, mais en fait ce qui est le plus fatigant,
37:13 c'est l'émotion. Vous avez vu,
37:15 quand vous avez une déception, ou quand il n'y a qu'une
37:17 bonne nouvelle, et bien souvent,
37:19 cette émotion, elle peut nous puiser.
37:21 Elle nous emmène, "Ah !
37:23 À la fin on est fatigué !" Et bien c'est ça
37:25 qui me fatigue le plus, je pense.
37:27 - Et c'est un entraînement quotidien aussi ?
37:29 - Une rigueur de fou, parce que
37:31 en fait, on est dans l'état émotionnel,
37:33 avec une musicalité qu'on doit connaître
37:35 par cœur, et il y a notre corps qui se trimballe au milieu.
37:37 - Voilà, et le corps, il faut l'entretenir ?
37:39 - Il faut l'entretenir. - C'est des heures de tous les jours ?
37:41 - Tous les jours. Tous les jours, tous les jours, ça c'est
37:43 sans pitié. Parce que sinon, même arrivé à 50 ans,
37:45 je ne pourrais plus jamais rien faire. - Quand on voit, par exemple,
37:47 je me souviens de Leslie Caron, à 70 ans,
37:49 qui avait une barre chez elle,
37:51 pour faire encore des exercices tous les matins.
37:53 - Bien sûr, bien sûr, mais même
37:55 moi, quand je me lève, je fais des exercices,
37:57 parfois je prends des bains,
37:59 où justement, j'étire mon corps,
38:01 même dans la chaleur, ça fait un peu de bien.
38:03 Et ouais, il faut toujours,
38:05 toujours, toujours l'entretenir, parce que
38:07 c'est comme tout. Si on s'arrête,
38:09 ça devient compliqué. - Alors, il y a aussi, très important
38:11 dans ce spectacle, la lumière et les ombres chinoises.
38:13 - Oui. Parce que
38:15 en fait, à un moment donné dans le spectacle,
38:17 je fais des hommages
38:19 à Michael Jackson, à Madonna.
38:21 Et pourquoi l'ombre ?
38:23 Parce que dans ma chambre,
38:25 quand je regardais ma lumière,
38:27 je me disais toujours, tiens, j'aimerais être comme ça.
38:29 Et on donnait des formes.
38:31 On donnait des formes. Et quand
38:33 j'ai fait un hommage à Michael Jackson, ou même à Madonna,
38:35 c'est des gens avec
38:37 qui j'ai pas travaillé, mais
38:39 j'aurais aimé faire
38:41 un peu ce qu'ils faisaient. Et voilà. C'est pour ça
38:43 que j'ai pris l'ombre.
38:45 - Alors, finalement, ce côté excentrique, vous l'avez
38:47 repéré, mais il a fallu travailler
38:49 parce que les techniques sont poussées à l'extrême.
38:51 - C'est exactement. En fait,
38:53 l'excentricité, on
38:55 prend le corps, on a l'impression que
38:57 c'est de la contorsion, mais c'est de l'isolation
38:59 de corps. C'est ce que faisait
39:01 Étienne de Croo, le prof de Marcel Marceau,
39:03 au niveau du mime.
39:05 Dès qu'on commence à connaître son corps,
39:07 on peut donner une illusion, justement,
39:09 un peu plastique. - Étienne de Croo
39:11 a eu un autre élève beaucoup plus dissipé,
39:13 qui était Raymond De Vos,
39:15 qui a appris le mime. Et un jour,
39:17 comme il n'était pas tout à fait d'accord avec De Vos,
39:19 il mettait la pagaille dans son corps,
39:21 il a dit "Maintenant, je vais vous montrer du mime,
39:23 ce que devrait faire M. De Vos, et qu'il ne fera jamais."
39:25 Et De Vos arrivait
39:27 avec son corps, son poids,
39:29 à faire du mime. - Et d'ailleurs, moi, je l'ai déjà entendu
39:31 dire à Raymond De Vos
39:33 "Oui, j'ai arrêté parce que mon corps
39:35 ne suivait pas." Et en fait,
39:37 moi, je l'ai vu. J'ai vu quelques images
39:39 de lui. Il était très, très
39:41 fort. - Bien sûr. - Mais,
39:43 lui donnait une illusion
39:45 de fou, quoi. Moi,
39:47 je l'avais toujours entendu dans le mot, le verbe,
39:49 mais encore,
39:51 il était super bon. - Jusqu'à la fin
39:53 de sa vie, il a fait un numéro de mime,
39:55 notamment "L'homme qui marche sur la lune".
39:57 C'était extraordinaire. - Il était magnifique.
39:59 Magnifique. - Alors, il y a aussi une influence
40:01 que beaucoup d'enfants connaissent,
40:03 c'est la danse des squelettes de Walt Disney.
40:05 Ça aussi, c'est le même principe.
40:07 - Exactement. Oui, parce que Walt Disney s'est toujours intéressé
40:09 en fait,
40:11 au personnage dans la vie. De toute façon, si on veut
40:13 ramener de la fiction, il faut comprendre
40:15 plus l'être humain. Il faut quelque chose de
40:17 naturel pour aller dans l'irréel.
40:19 - Et puis, il y a eu quelqu'un de
40:21 très connu, et finalement, elle a fait
40:23 du hip-hop sans le savoir,
40:25 c'est Josephine Baker. - Oui !
40:27 Oui, c'est vrai. Mais elle,
40:29 c'était une des grandes pionnières
40:31 même de la danse excentrique. - Bien sûr. - Sa manière
40:33 de bouger, même les grimaces qu'elle faisait,
40:35 elle était énorme. - Elle arrive,
40:37 elle est repérée aux Etats-Unis dans un cabaret,
40:39 elle faisait déjà ça. - C'est exactement ça.
40:41 - Elle vient à Paris faire son numéro,
40:43 et je ne sais pas si vous le savez, la veille, le numéro n'était pas au point,
40:45 il était très triste. Et on appelle Jacques Charles,
40:47 qui était à l'époque le metteur en scène de Miss Tinguette
40:49 au Président de Paris, qui le soir
40:51 vient voir Josephine Baker la veille
40:53 de la première, et lui fait refaire entièrement
40:55 son numéro. Et c'est comme ça que
40:57 le lendemain, elle a fait la danse sauvage.
40:59 - Comme quoi ! Mais ça, c'est
41:01 fort ce que vous venez de dire, parce que justement,
41:03 nous, en tant qu'artistes sur scène, même si
41:05 on sait faire des choses, il faut toujours
41:07 quelqu'un d'extérieur.
41:09 Parce qu'on est notre pire ennemi.
41:11 Et c'est vrai que
41:13 quand on va sur scène, c'est pas normal.
41:15 Donc il faut ramener une normalité.
41:17 Et justement, l'œil du metteur en scène
41:19 doit être très attentif
41:21 et être à l'écoute de l'artiste qu'il a
41:23 en face de lui, pour le tirer le meilleur
41:25 et qu'il soit le plus identifiable sur scène.
41:27 - Mais la danse excentrique, comme le hip-hop,
41:29 au départ, c'était réservé à une élite.
41:31 Ce n'est plus le cas aujourd'hui, Régis Truchy.
41:33 - L'excentrique ? Ah bah oui,
41:35 c'est à tout le monde. De toute façon, l'excentrique d'Inde,
41:37 c'était une danse de rue aussi, c'est pareil.
41:39 - Mais le grand public, on n'imaginait pas,
41:41 voici 10 ans, qu'il y ait un spectacle qui puisse s'afficher complet.
41:43 - Non. - On ne pensait pas qu'il y a un nouvel oeuvre,
41:45 qu'il fassait une tournée. - Ah bah bien sûr.
41:47 De toute façon, c'est vrai que c'est
41:49 des choses parfois qui nous dépassent,
41:51 mais ça vient d'une envie.
41:53 Et je pense que l'envie donne envie à beaucoup de gens.
41:55 - Oui. Et finalement,
41:57 qu'on vienne de la rue
41:59 ou qu'on fasse d'autres études,
42:01 on a envie de danser le hip-hop.
42:03 - Exactement. Parce que de toute façon,
42:05 ce ne sont que des ressentis.
42:07 On a le ressenti, on l'a au plus profond de nous-mêmes.
42:09 Et en fait, il faut juste le faire ressortir.
42:11 - La musique est très importante aussi pour vous
42:13 dans ce spectacle. - Énormément.
42:15 Et d'ailleurs, qui me met parfois en difficulté
42:17 par rapport à mon personnage,
42:19 ce que je veux interpréter sur scène,
42:21 avec le corps, il ne faut pas que je me fasse dépasser.
42:23 - Pourquoi ? - Parce que, en fait,
42:25 c'est comme les mathématiques,
42:27 c'est l'adéquation. - Il faut que la musique
42:29 corresponde exactement au gestuel.
42:31 - En fait, il faut que ça corresponde
42:33 à mon état émotionnel, qui va me donner
42:35 un gestuel. - Et puis, la musique,
42:37 elle compte dans ce spectacle,
42:39 notamment avec ce morceau.
42:41 - Prélude de Michael Jackson.
42:49 - Michael Jackson. - Vous ne l'avez jamais rencontré,
42:51 mais pour vous, c'est un maître. - Ah, pfff,
42:53 ouais, c'est un maître. Mais la chance que j'ai eue,
42:55 c'est ce que je disais, c'est d'avoir partagé
42:57 avec son coach personnel,
42:59 qui vivait justement à Neverland, Popin Tacco,
43:01 son vrai nom, Bruno Falcon,
43:03 qui entraînait Michael Jackson.
43:05 - Là aussi, c'était un travail immense. On voit
43:07 le travail de Michael Jackson, ça n'a pas été simple.
43:09 - Parce que c'est quelqu'un qui avait toujours une rigueur aussi,
43:11 c'est pareil. C'était un petit enfant
43:13 dans un corps d'adulte. D'ailleurs,
43:15 généralement, quand on me demande ce que je fais,
43:17 comment je ressens les choses, c'est ça que j'essaye
43:19 toujours d'être, c'est un enfant dans un corps d'adulte.
43:21 - Mais Michael Jackson,
43:23 d'abord, il reconnaît de ne pas avoir
43:25 inventé le moonwalk. - Personne n'invente.
43:27 - Si. Alors moi, j'ai vu des images
43:29 de Maurice Chevalier en 1922
43:31 avec Miss Tinguay dans un film muet,
43:33 et en 1956, à l'alambra,
43:35 il sort en faisant les mouvements du hip-hop.
43:37 - Ça, oui.
43:39 - Et de la danse
43:41 de Michael Jackson. - Mais c'est vrai.
43:43 Et même à l'époque, il y en avait même d'autres
43:45 aux Etats-Unis, parce que quand je regardais
43:47 justement ce reportage sur Excentrique,
43:49 c'est vrai que
43:51 il y avait le mime, mais je pense que
43:53 même aux Etats-Unis, déjà, il y avait
43:55 des gens qui étaient déjà en train de danser,
43:57 même avec les claquettes, et qui faisaient
43:59 des mouvements
44:01 qui ressemblaient énormément.
44:03 Et je pense que c'est le fait
44:05 d'être ensemble, en communauté,
44:07 qui nous permet de créer.
44:09 C'est pour ça que je dis, on n'invente pas,
44:11 mais, quelque part, on s'inspire
44:13 de tout ce qui nous entoure.
44:15 - Il se trouve au Régis Truchy
44:17 que le spectacle que vous présentez en tournée,
44:19 vous avez présenté La Nouvelle Ève, c'est la seconde version
44:21 d'un spectacle qui a commencé au Festival d'Avignon.
44:23 - C'est ça, c'est exactement ça.
44:25 Parce que, en fait,
44:27 au Festival d'Avignon, j'étais encore dans...
44:29 Je me cherchais, je me cherchais.
44:31 Je disais, non, ça c'est bien, mais ça, ça marche pas.
44:33 Et heureusement, j'ai eu M. Gilles Galhiau,
44:35 qui est venu m'aider,
44:37 et j'ai mon producteur aussi, Mathieu Petit,
44:39 qui sont là tout le temps à m'épauler.
44:41 Et...
44:43 Et là, je commence à bien l'exister.
44:45 Enfin, à bien le faire exister.
44:47 - Et vous avez commencé, après le Covid,
44:49 à la guetter mon Parnasse.
44:51 - À la guetter mon Parnasse. Et d'ailleurs, c'est bien,
44:53 parce que le Covid m'a permis
44:55 d'écrire et d'élaborer justement ce spectacle.
44:57 - Et vous l'avez fait évoluer, puisque La Nouvelle-Ève,
44:59 c'est plus le même spectacle. - Bien sûr. Ah non, c'est plus du tout le même.
45:01 C'est plus du tout le même, parce que là,
45:03 je commence à exister. C'est ce que je dis même
45:05 à... C'est même ce que je disais à mon attaché
45:07 de presse, Oscar.
45:09 Là, il n'y a que maintenant que je commence
45:11 à le mettre en place.
45:13 - C'est-à-dire ? - C'est-à-dire...
45:15 à vivre le moment présent
45:17 avec le public
45:19 et à être en accord avec tout ce que je fais.
45:21 Avant, c'était pas ça.
45:23 - Et en tournée, là, vous allez présenter le spectacle
45:25 en dédécoation avec le public. - Normalement, oui.
45:27 - Alors,
45:29 il y a eu également de la mise en scène.
45:31 Vous avez fait beaucoup de mise en scène. Je crois que ça a commencé
45:33 avec la compagnie Rat Pack.
45:35 - Oui, oui, oui. C'était
45:37 la compagnie... - Donc, Speak Easy. - Oui, Speak Easy.
45:39 Et justement, en fait,
45:41 à la base, je devais faire que la chorégraphie
45:43 et il s'est avéré que j'ai
45:45 fait la mise en scène. Et c'est pareil.
45:47 Pourquoi j'ai voulu faire ça ? C'est parce que
45:49 souvent, j'étais dans des grands spectacles
45:51 et je voyais des artistes qui étaient formidables
45:53 et je me suis dit, "Oh, on ne va
45:55 pas jusqu'au fond des choses. On reste
45:57 souvent sur de la forme." Alors, même
45:59 moi qui suis danseur, normalement, c'est la forme qui m'intéresse
46:01 le plus. Mais non, j'ai toujours
46:03 dit pourquoi, comment il
46:05 faut comprendre le fond. Après,
46:07 c'est pas obligé que ça soit intellect. C'est juste
46:09 aimer. Comment tu vas
46:11 faire voir que tu aimes quelqu'un ou quelque
46:13 chose sur une scène ? C'est ça qui m'intéresse.
46:15 - Et parmi les spectacles où vous avez dansé, il y avait
46:17 "Les Dix Commandements". - "Les Dix Commandements", ah oui, ça,
46:19 c'était en 2000. - Oui. - Oui, oui. - À l'époque
46:21 où personne ne croyait aux Dix Commandements. - C'est ça.
46:23 C'était Kamel Wally, justement,
46:25 qui m'avait mis sur
46:27 ce spectacle. En fait, non,
46:29 c'est Bruce Ikenji, celui qui fait
46:31 le festival du juste-debout, qui m'avait
46:33 emmené dedans et j'ai
46:35 sympathisé avec Kamel. Et
46:37 on a fait "Les Dix Commandements" où on avait la chance,
46:39 justement, de faire les Vizirs,
46:41 les suivants de Daniel Levy. Et
46:43 on restait dans la forme, avec des
46:45 waves, du boogaloo. Et Kamel nous a
46:47 donné cette chance, cette porte ouverte.
46:49 - Et parmi vos vies en scène, aussi, Régis Pluchy,
46:51 il y a eu le duo "Vice Versa".
46:53 - "Vice Versa", qui sont deux très
46:55 grands clowns, Anthony et Indiay.
46:57 - Et qui ont commencé de façon particulière,
46:59 ils étaient dans la parade de Walt Disney,
47:01 ils se sont rencontrés, ils ont créé leur numéro. - C'est ça.
47:03 - Et comment vous êtes retrouvé metteur en scène de ça ?
47:05 - Et bien parce que j'étais à
47:07 La Lambra, et en
47:09 fait, parce que je faisais la mise en scène de
47:11 "Jean Fige en scène", et le directeur de La Lambra
47:13 m'a dit "Oh, tiens,
47:15 je m'occupe d'un groupe qui s'appelle "Les Vice Versa", viens
47:17 les voir, tu vas voir, c'est bien".
47:19 Et je les ai rencontrés, et j'ai dit "OK".
47:21 - Et puis il y a eu la finale de l'édition
47:23 2018 à
47:25 l'AccorHotel Arena, d'un concours
47:27 avec 4000 danseurs. - Oui, alors ça
47:29 c'est mon ami, comme mon frère,
47:31 Bruce, avec qui j'ai partagé
47:33 beaucoup de scènes de danse hip-hop.
47:35 Et lui, il fait le plus grand festival
47:37 au monde, qui s'appelle "Le Juste Debout".
47:39 Et parfois, il me demandait de l'aide, justement, pour faire
47:41 l'ouverture à Bercy.
47:43 - Et jouer à Bercy,
47:45 faire danser à Bercy, c'est quelque chose.
47:47 - Oh, c'est pas facile. C'est pas facile,
47:49 et puis en plus, on a un laps de temps qui est vraiment
47:51 assez restreint, donc voilà,
47:53 il faut contenir tout ça. - L'avenir, maintenant,
47:55 c'est cette tournée, et ensuite,
47:57 Régis Truffy ? - Ensuite,
47:59 ce que je veux faire, vraiment,
48:01 vraiment, quelque chose qui me tient à cœur,
48:03 c'est de passer, parfois,
48:05 derrière la caméra, et mettre
48:07 en avant tout ce qu'est le mouvement
48:09 corporel, mais le jeu.
48:11 - Eh bien, continuez ainsi, pas à pas,
48:13 si j'ose dire. - Bah, j'y crois bien.
48:15 - On ira vous voir en tournée, je crois que les dates sont sur Internet,
48:17 on est trop loin. - C'est ça.
48:19 - Régis Truffy, avec ce spectacle,
48:21 et puis, j'espère
48:23 qu'il y en aura d'autres et qu'on vous retrouve vraiment à la question.
48:25 - Oh, j'espère aussi, hein. Ce n'est que le début, comme on dit.
48:27 - Exactement. Les Clés d'une Vie, c'est terminé pour aujourd'hui.
48:29 Merci Régis Truffy. - Et merci à vous, parce que,
48:31 franchement, les questions étaient très intéressantes.
48:33 - Eh bien, merci,
48:35 et rendez-vous bientôt, et restez fidèles à l'écoute de Sud Radio.
48:37 Merci.