SMART SPORTS - Le revers de la médaille

  • il y a 8 mois
Vendredi 23 février 2024, SMART SPORTS reçoit Michael Jeremiasz (Ancien Champion Paralympique de Tennis)

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Transcription
00:00 [Générique]
00:03 C'est un fléau contre lequel Allianz engage le cyber harcèlement.
00:07 [Générique]
00:25 Il y a quelques jours, à l'occasion de la journée internationale pour un Internet plus sûr,
00:29 l'assureur partenaire des Jeux de Paris a présenté sa campagne intitulée "Le revers de la médaille".
00:35 Abjects message, insultes, postes dégradants, rumeurs, menaces,
00:40 voilà le type de commentaire reçu par les champions.
00:42 Huit d'entre eux l'ont révélé, dont Michael Jeremias, ancien numéro 1 mondial et champion paralympique de tennis en fauteuil.
00:49 Bonjour Michael, ravi de vous avoir avec nous aujourd'hui.
00:52 Quelles insultes receviez-vous et à quelle occasion ?
00:58 Moi c'est un peu particulier, c'est que moi c'est arrivé après avoir pris ma retraite sportive.
01:03 Moi j'ai arrêté ma carrière en 2016, moi je suis presque de l'ancienne génération,
01:07 même si je suis sur les réseaux sociaux depuis pas mal d'années.
01:10 Et en fait les "trollers" comme on les appelle, ont attendu que je sois à la retraite
01:14 et notamment pour venir contrer mes prises de position plutôt politiques, plutôt engagées.
01:18 Et donc ça tourne autour du fait d'être handicapé.
01:22 Certaines personnes passent le pas, sur ma judaïté aussi.
01:27 Et puis sur le fait que je vive à Londres.
01:30 Je suis évidemment un riche millionnaire qui s'est expatrié pour des raisons fiscales,
01:34 alors que je suis parti à Londres parce que ma femme est anglaise et qu'il fallait que j'aille vivre là-bas
01:37 et que je paye mes impôts en France et en Angleterre et que tout est normal.
01:41 Mais voilà les trois axes sur lesquels moi j'ai été interpellé.
01:45 Mais la raison pour laquelle moi j'ai soutenu cette campagne,
01:48 c'est qu'en réalité moi j'ai vu surtout les ravages que ça fait sur des athlètes plus jeunes,
01:51 sur des athlètes plus vulnérables, très exposés, très dépendants aussi des réseaux sociaux.
01:56 Moi finalement c'est un détail parce que je sais le gérer, parce que je sais couper,
02:00 parce que je sais prendre du recul.
02:02 Mais j'ai vu les ravages que ça fait sur énormément de sportifs,
02:06 et notamment dans le tennis, qui est un des sports où il y a le plus de paris en ligne.
02:10 Parce que c'est les paris en ligne qui sont les plus problématiques pour les sportifs de niveau.
02:14 C'est les paris en ligne et les paris pendant les compétitions.
02:16 Parce que là on n'est pas uniquement dans les commentaires sexistes, racistes, homophobes.
02:20 On est dans les menaces, dans les menaces de mort.
02:22 Parce qu'il y a des gens, il y a un réseau mafieux derrière tout ça, qui investit beaucoup d'argent.
02:27 Et donc c'est une pression gigantesque.
02:29 Donc à quelques mois des Jeux, je trouvais ça normal d'aller soutenir notamment les athlètes exposés,
02:33 qui vont vous faire rêver, qui vont faire briller la France et le monde entier,
02:37 mais dont on ne s'occupe pas trop quand ils sont harcelés sur les réseaux sociaux.
02:41 - Miquel Jérémias, citez-nous, et ça me désole,
02:44 mais citez-nous quelques exemples de messages abjects que vous avez reçus.
02:51 - Il y a eu l'amalgame classique du juif riche expatrié à Londres,
02:57 qui en plus est handicapé, il n'a pas de leçons à donner.
03:02 Alors les gens ne sont pas courageux sur les réseaux sociaux.
03:05 Ils vous envoient des messages évidemment non signés, avec des pseudos.
03:11 Il y a eu, quand je me suis permis à l'entre-deux tours de l'élection présidentielle,
03:17 la dernière élection présidentielle, d'appeler à voter pour améliorer le Macron
03:20 contre le Rassemblement National, pour faire opposition à l'extrême droite,
03:23 là je me suis pris un tissu d'insultes, et notamment, ce qui était très drôle,
03:28 c'est des gens qui n'osent pas vraiment sur le handicap y aller.
03:31 Autant si vous êtes juif, vous êtes noir, vous êtes chinois, vous êtes une femme,
03:34 vous êtes homosexuel, ils y vont, il n'y a pas de problème.
03:36 Mais on sent que sur les personnes handicapées, c'est le dernier frein.
03:38 Je me souviens de cette femme qui m'écrit un torchon, et à la fin,
03:42 "moi je m'arrête là parce que sinon je vais commencer à mal parler de votre handicap".
03:45 Et moi quand je vois ça, j'ai un fou rire, c'est-à-dire que je me dis,
03:48 mais qu'est-ce qui se passe dans la tête de quelqu'un qui se dit,
03:51 "ça va rajouter peut-être quelque chose au fait que j'ai le cul dans un fauteuil roulant".
03:54 Et voilà, et après, moi j'ai surtout partagé avec beaucoup d'athlètes que je connais bien,
03:59 de la Team Alliance, mais aussi d'autres, et qui se prennent des horreurs.
04:04 Aujourd'hui, vous ne pouvez pas être une sportive, par exemple,
04:06 vous ne pouvez pas être une femme qui fait du surf et qui est en maillot de bain,
04:10 ou qui est noire, ou qui alète, vous ne pouvez pas être un athlète homosexuel.
04:15 Imaginez un athlète homosexuel, mais aujourd'hui en 2024, en France,
04:19 on est victime d'homophobie, on est harcelé parce que homosexuel.
04:23 Et c'est assez terrifiant, donc oui, aujourd'hui, évidemment,
04:26 encadrer l'utilisation d'Internet, on en parle depuis l'éternité,
04:29 il y a plein de choses qui se mettent en place, mais ce n'est pas suffisant.
04:32 Et puis, il faut protéger les athlètes, mais comme il faut protéger nos enfants,
04:34 comme il faut protéger tous les utilisateurs de ces technologies.
04:39 L'innovation technologique, c'est très bien, mais il faut l'encadrer,
04:41 sinon elle fait plus de mal que de bien.
04:43 Justement, 4 Français sur 10 ont déjà été insultés et cyberharcelés.
04:48 Comment on peut prévenir, y compris par le témoignage, j'imagine,
04:51 de grands champions comme vous, qui avaient cette voix qui porte ?
04:55 Nous, on essaie de rapporter notre petite contribution,
04:58 mais je crois que j'avais déjà entendu cette proposition.
05:00 Je me demande si ce n'était pas le ministre de la Justice qui avait proposé ça.
05:03 C'est simplement déjà de retirer l'anonymat.
05:05 C'est-à-dire que quand vous créez un compte, vous devez mettre votre prénom,
05:07 votre nom, renseigner vos coordonnées, et qu'il n'y ait plus jamais la possibilité
05:11 de pouvoir communiquer anonymement auprès de quelqu'un.
05:15 En fait, ce n'est pas possible, parce que sinon, il n'y a aucune limite à ça.
05:17 Vous créez autant de comptes que vous voulez, et puis là, vous faites ce que vous voulez.
05:20 Il faut être sous le coup de la loi.
05:21 On a créé des lois, des lois pour protéger les individus,
05:24 et aujourd'hui, à mon sens, on ne le fait pas suffisamment.
05:26 Et puis, des condamnations, c'est toujours la même chose.
05:28 De toute façon, à un moment, quand on crée des lois,
05:30 si on n'applique pas les lois, ça pose un vrai problème dans notre démocratie.
05:33 Donc, l'application des lois, et donc, il y a des peines prévues pour le harcèlement,
05:36 et des peines sur lesquelles on doit communiquer aussi.
05:38 Que des gens qui pensent qu'être tranquille chez eux avec un alias,
05:41 et qui vous envoient un sale PD, sale nègre, sale Louis-Louis Pint et compagnie,
05:44 pensent que ça va passer, ben non.
05:45 Ces personnes-là, quand on va apprendre qu'ils sont en prison,
05:47 la personne qui est derrière son récepteur va se dire
05:49 "Je ne suis peut-être pas tant en sécurité que ça, et je vais arrêter de le faire".
05:52 Ben voilà, aujourd'hui, c'est ça aussi qu'il faut faire.
05:54 Merci, Michael Germiage.
05:56 Je voulais juste vous dire, à titre personnel, que je suis absolument fan de vous.
05:59 Merci.
06:01 Merci.

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