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Vladimir Poutine met en scène sa force avec ostentation. Dominique Reynié voudrait pointer les signes de sa faiblesse.

Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/dominique-reynie-en-toute-subjectivite

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Transcription
00:00 - Le 7/10 sur France Inter.
00:04 - Il est 7h20 en toute subjectivité ce matin avec le directeur de la Fondation pour l'innovation politique.
00:11 Dominique Régnier, bonjour. - Bonjour Nicolas Demorand.
00:13 - Dominique, vous nous parlez ce matin de Vladimir Poutine.
00:16 - Poutine, on le voit, met en scène sa force avec ostentation et je voudrais pointer les signes de sa faiblesse.
00:23 Parlons d'Alexis Navalny, son principal opposant, dont la mort a été annoncée par le Kremlin ce 16 février.
00:29 Le corps réclamé par sa mère ne lui a été restitué que le 24 février,
00:33 après acceptation de conditions concernant l'enterrement sous la pression de menaces sordides.
00:38 Celles d'enterrer son fils dans la cour de la prison où personne ne peut entrer,
00:42 celles de l'enterrer n'importe où sans qu'elle puisse insister à l'inhumation.
00:46 Le Kremlin a forcé son accord en ajoutant, je cite, "le temps ne travaille pas pour vous, les cadavres se décomposent".
00:53 J'ai relevé au moins cinq conditions.
00:54 Depuis la prison, le corps sera transporté en avion spécial et secrètement
00:59 afin d'éviter un rassemblement à l'arrivée.
01:01 La mère de Navalny sera en permanence accompagnée d'un agent du Kremlin.
01:06 A l'arrivée, la dépouille sera placée dans une morgue située loin de Moscou.
01:09 Le lieu de l'inhumation sera choisi par le Kremlin et la cérémonie sera strictement familiale.
01:15 A l'évidence, Poutine redoute les images d'un rassemblement en hommage à Navalny.
01:20 Elle contredirait la popularité dont le président russe se réclame sans preuve.
01:24 Il semble plutôt craindre un mouvement d'opposants, ce qui l'amène à multiplier les erreurs.
01:29 - Alors justement, quelles erreurs Poutine a-t-il commises ?
01:32 - Eh bien Nicolas, il a profondément choqué les Russes en menaçant de ne pas rendre le corps de Navalny à sa mère.
01:37 Il a été contraint de céder devant l'indignation montante,
01:41 surtout celle de représentants de l'église orthodoxe pourtant fidèles alliés du régime.
01:45 Laisser revenir Navalny en Russie, donner à voir son immense courage, c'était une autre erreur de la part de Poutine.
01:51 Ne pas l'expulser à son arrivée, encore une erreur.
01:54 De même, Poutine aurait pu laisser Navalny en liberté surveillée ou l'enfermer jusqu'à la fin de l'élection présidentielle.
02:01 En fait, le maître du Kremlin, comme on dit complaisamment, s'est fourvoyé.
02:05 A 15 jours de l'élection, Poutine a fait de Navalny le héros tragique de la campagne présidentielle russe.
02:11 - Et comment expliquer alors ces erreurs ?
02:13 - Eh bien, je crois que toutes ces erreurs, Nicolas, tiennent à la nature du régime.
02:17 Personne n'empêche un dictateur de persister dans une mauvaise direction.
02:21 Au fil des ans, près d'un quart de siècle pour Poutine, le despote finit par confondre la prudence,
02:27 la peur ou l'abattement de la population avec son consentement.
02:31 Les acclamations orchestrées avec un enthousiasme spontané.
02:35 La propagande avec la réalité.
02:37 Mais le brouillard des illusions finit toujours par se dissiper.
02:41 De tels régimes ne se réforment pas.
02:43 Ils s'obstinent jusqu'à s'effondrer.
02:45 Les Russes le savent bien.
02:46 C'est toute l'histoire de leur peuple et leur apparente passivité, muette et douloureuse,
02:51 est aussi l'expression de leur résistance.
02:53 - Dominique Régnier, merci et à mardi prochain.

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