Le professeur de criminologie au CNAM et auteur de « Tu ne tueras point » aux éditions Fayard, Alain Bauer, sur les déclarations d'Emmanuel Macron sur un potentiel envoi de troupes en Ukraine : «Personne n'y comprend rien parce que cette phrase n'est pas faite pour faire mais pour envoyer des messages complexes»
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00:00 - Comme toujours avec le président de la République,
00:02 il y a la version courte et la version longue.
00:04 La version courte, c'est l'envoi de troupes occidentales
00:06 ne peut être exclu, mais il faut maintenir
00:08 une ambiguïté stratégique.
00:10 La version longue, c'est que personne n'y comprend rien
00:12 parce que cette phrase n'est pas faite pour faire,
00:14 mais pour envoyer des messages complexes.
00:16 Il y a plus une ambiguïté linguistique
00:19 qu'une ambiguïté stratégique.
00:21 Nos amis russes ont une logique qui est écrite
00:25 depuis plus d'une centaine d'années,
00:27 qui est dans leur manuel de doctrine militaire,
00:29 qui ont été inventés du temps de la Russie impériale,
00:32 qui ont été repris par la Russie stalinienne
00:33 et qui n'ont pas été oubliés par la Russie poutinienne,
00:36 qui s'appelle l'escalade pour la désescalade.
00:39 Eux, ils tapent d'abord et ils discutent ensuite.
00:41 Nous, nous discutons d'abord et nous tapons ensuite.
00:43 Nous sommes toujours en décalage.
00:46 Au fur et à mesure que les Etats-Unis, l'OTAN,
00:50 l'Union européenne ont décidé de s'investir
00:53 dans le conflit ukrainien,
00:55 qui est vraiment le coeur d'un problème majeur
00:57 depuis la fin de l'URSS,
00:59 qui a fixé des lignes rouges clairement identifiées.
01:02 Vous avez cité au commencement "État-la-guerre",
01:04 qui est d'ailleurs le volume 1
01:06 et "Tu ne tueras point" et le volume 2 de la même série,
01:09 a permis de constater qu'il y avait trois lignes rouges.
01:11 Kaliningrad, cette enclave nucléarisée
01:14 à l'intérieur de l'OTAN et de l'Union européenne
01:16 au nord vers la Baltique,
01:19 la Géorgie et l'Ukraine.
01:22 Ce sont les trois sujets essentiels.
01:23 Le dernier s'appelant beaucoup plus "scrimée" qu'autre chose,
01:26 puisque c'est une de leurs plus grandes bases navales.
01:29 Et évidemment, ça permettait aussi le contrôle de la mer Noire.
01:32 L'URSS a des logiques stratégiques qui sont les mêmes,
01:35 quel que soit son régime politique.
01:37 C'est un empire qui est réveillé,
01:39 c'est un empire qui est affirmé.
01:41 Les Européens ont mis beaucoup de temps à comprendre
01:43 qu'on ne pouvait pas contraindre la Russie
01:45 juste par la palabre et la parole.
01:48 Pendant 20 ans, la Russie s'est réarmée
01:51 pour se préparer à une confrontation majeure avec l'Occident
01:53 à cause du bombardement de l'ex-Yougoslavie
01:56 et de l'intervention de l'OTAN en Serbie,
01:58 qui les a pris à revers, dont ils ont considéré
02:00 que c'était une intrusion dans leurs affaires.
02:03 Et le Premier ministre Primakov, à l'époque de Boris Eltsine,
02:06 avec l'homme de l'Ouest à Moscou qui s'appelle Vladimir Vladimirovich Poutine,
02:10 secrétaire du Conseil de sécurité,
02:13 depuis 20 ans se prépare à un conflit majeur avec l'Occident.
02:16 - Avec l'Occident dites-vous, Alain Baubardine ?
02:17 - Et nous, nous ne nous y préparons pas.
02:18 (Générique)