Les invités de Nelly Daynac débattent de l'actualité dans #180minutesInfo du lundi au vendredi
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00:00:00 Vous êtes bien sur CNews. Je suis ravie de vous accueillir pour une nouvelle édition de 180 minutes info du débat, du décryptage, de l'actualité également.
00:00:08 C'est à suivre bien évidemment avec Miquel Dos Santos qui va me rejoindre pour le journal d'ici quelques instants.
00:00:12 Mais avant cela, l'effet mérite du jour. A tout de suite.
00:00:15 Détendez-vous devant votre programme avec Stressless, des fauteuils, des canapés et des chaises au design norvégien et au confort unique.
00:00:28 Chers amis, bonjour.
00:00:30 Année bissextile oblige, notre saint du jour n'est célébré que tous les 4 ans comme aujourd'hui en ce 29 février.
00:00:37 Ce saint, c'est Auguste Chapdelaine, un missionnaire héroïque qui a été martyrisé en 1856.
00:00:44 Il est né en 1814 dans une famille de paysans en Normandie.
00:00:48 Tout jeune, il est saisi par le désir de devenir prêtre et d'aller porter l'évangile au bout du monde.
00:00:54 La Chine l'attire tout particulièrement.
00:00:57 En 1843, le voici ordonné prêtre.
00:01:00 Après avoir exercé son ministère quelques années dans une paroisse de la Manche,
00:01:05 il rejoint les missions étrangères de Paris et embarque vers l'extrême-orient en 1852.
00:01:12 Depuis Hong Kong, où il est arrivé, il pénètre en Chine où il vit dans la clandestinité et tente d'évangéliser les populations.
00:01:20 Malheureusement, il est arrêté dès 1856.
00:01:24 On le moleste, on le torture et on l'enferme dans une cage suspendue au portail du tribunal.
00:01:31 Le 29 février, il est décapité.
00:01:34 Aujourd'hui, on peut encore vénérer plusieurs de ses reliques à Paris, dans la salle des martyrs aux missions étrangères.
00:01:41 Et voici pour finir un extrait du psaume qui est récité à la messe aujourd'hui.
00:01:46 « Le Seigneur connaît le chemin des justes, mais le chemin des méchants se perdra. »
00:01:52 C'est tout pour aujourd'hui. À demain, chers amis. Ciao.
00:01:56 Et nous voici pour le journal de Michael Dos Santos aujourd'hui. Bonjour Michael.
00:02:10 On va commencer avec Judith Godrej qui demande une commission d'enquête sur les violences sexuelles dans le milieu du cinéma.
00:02:16 Oui, auditionnée ce matin au Sénat, l'actrice a révélé avoir reçu 4500 témoignages sur une adresse mail
00:02:21 des présumées victimes de ce qu'elle a qualifié de « famille incestueuse du cinéma ».
00:02:27 Récemment, Judith Godrej a porté plainte contre Benoît Jacot et Jacques Doyon,
00:02:31 deux réalisateurs qu'elle accuse de violences sexuelles lorsqu'elle était mineure.
00:02:35 Sujet de Marie-Liège Chevalier.
00:02:37 Après des décennies de silence, Judith Godrej brise le tabou.
00:02:42 Ce matin, devant la délégation aux droits des femmes au Sénat, l'actrice livre un témoignage poignant,
00:02:47 celui d'une enfant star à qui l'on a volé l'innocence.
00:02:50 Il n'y avait pas de Judith.
00:02:52 Uniquement une petite fille sans prénom que se disputaient les adultes libidineux
00:02:58 sous les yeux d'autres adultes passifs.
00:03:01 L'actrice dénonce l'emprise des grands et des puissants sur les enfants.
00:03:05 Ce qu'il faut, c'est qu'il y ait tout un système de protection de l'enfant qui soit mis en place
00:03:10 et qu'on arrête de faire semblant de ne pas savoir.
00:03:17 Combien de petites filles, de petits garçons seront nécessaires
00:03:21 avant que cette société réagisse pour toujours ?
00:03:25 Afin que nous puissions jouer les rôles de notre vie sans nous faire voler notre enfance,
00:03:31 abuser, frapper.
00:03:33 Au-delà d'un témoignage personnel, c'est tout un système et un univers
00:03:37 que dénoncent Judith Godrej, le patriarcat et le cinéma.
00:03:40 L'actrice a cependant rendu un hommage appuyé au juge Édouard Durand,
00:03:44 ancien dirigeant de la CIVIS, cette commission indépendante sur l'inceste
00:03:48 et les violences sexuelles faites aux enfants.
00:03:50 Serait-il possible que les sénateurs, les lois, le gouvernement
00:03:55 donnent à notre société la possibilité, la chance, à Édouard Durand
00:04:01 d'accomplir son destin héroïque de son vivant ?
00:04:05 L'actrice a demandé d'imposer un référent neutre sur les tournages avec un mineur
00:04:09 et rappeler qu'un enfant ne doit jamais être laissé seul sur un tournage.
00:04:13 On revient à ce procès qu'on suit depuis le début de la semaine
00:04:17 du principal accusé dans la mort d'Éric Masson, brigadier tué sur un point de deal à Avignon.
00:04:22 C'était en mai 2021. Ce procès touche à sa fin, Michael.
00:04:25 Le principal suspect, Ilyas Akoudad, est jugé par la cour d'assise depuis maintenant 10 jours.
00:04:31 Noémie Schultz, bonjour. Aujourd'hui, l'avocate générale a requis
00:04:35 contre lui la réclusion criminelle à perpétuité.
00:04:41 Éric Masson a été exécuté sans sommation par un individu ivre de violence,
00:04:46 fier du geste accompli. Dès le début du réquisitoire, on comprend que la peine requise
00:04:50 sera très lourde car pour la magistrate qui représente les intérêts de la société,
00:04:54 il n'y a aucun doute, Ilyas Akoudad savait pertinemment qu'Éric Masson était policier.
00:04:59 Il vient quotidiennement dans ce secteur, il en connaît tous les acteurs,
00:05:02 chacun sait qui est dealer, qui est policier.
00:05:05 Elle poursuit pourquoi Ilyas Akoudad aborde-t-il le brigadier ce jour-là ?
00:05:09 La provocation, ils disent, c'est notre territoire et vous n'avez rien à faire là.
00:05:13 Au passage, la magistrate balaie sèchement les aveux, fait lundi à l'audience
00:05:17 un show parfaitement orchestré. Pourquoi faudrait-il croire aujourd'hui
00:05:21 la version de quelqu'un qui n'a jamais cessé de mentir ?
00:05:24 Elle dénonce également l'attitude du principal accusé, en permanence plié en deux
00:05:28 sur sa chaise comme pour mieux disparaître de son propre procès.
00:05:31 Elle est où la contrition ? Elle est où la volonté de dire à la famille Masson
00:05:34 "Je suis le meurtrier de votre fils, je m'en veux, je me repends" ?
00:05:38 Parce qu'Ilyas Akoudad a tout d'une grenade dégoupillée,
00:05:41 parce qu'il est un récidiviste en puissance.
00:05:44 Florence Galtier requiert la peine maximale.
00:05:47 La réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans.
00:05:51 Ilyas Akoudad reste invisible dans le box.
00:05:54 Merci beaucoup Noémie Choulson, direct d'Avignon pour nous cet après-midi.
00:05:57 Autre sujet au chapitre justice, l'ouverture du procès des auteurs
00:06:00 de l'attentat de Strasbourg.
00:06:02 Oui, le 11 décembre 2018, shérif Shekat avait ouvert le feu
00:06:05 sur des passants au cœur du traditionnel marché de Noël de la ville alsacienne.
00:06:10 Cinq ans après les faits, le chauffeur de taxi qui a raccompagné chez lui
00:06:14 le présumé terroriste n'arrive pas à tourner la page.
00:06:17 Un récit poignant résumé par Marie-Liès Chevalier.
00:06:21 Le 11 décembre 2018, ce chauffeur de taxi ne savait pas encore
00:06:26 qu'il effectuerait sa dernière course.
00:06:28 Il est 19h58 lorsqu'un terroriste rentre dans sa voiture.
00:06:32 J'arrivais là pour déposer des parlementaires et je vois un type arriver au loin
00:06:36 avec un regard noir, une masse en dessous.
00:06:38 Il monte dans la voiture et là il m'ordonne de partir
00:06:42 et de l'emmener dans un quartier qui s'appelle le Niddorf.
00:06:45 En réalité, ce terroriste, c'est shérif Shekat.
00:06:48 Il vient d'ouvrir le feu en plein cœur du marché de Noël de Strasbourg
00:06:52 en criant à la Wegbach.
00:06:53 Cinq personnes viennent d'être tuées.
00:06:55 Le terroriste est blessé.
00:06:57 Mostapha Solan le convainc de s'arrêter pour le soigner.
00:07:00 C'est à ce moment-là que le chauffeur de taxi parvient à s'enfuir avec son véhicule.
00:07:04 Depuis, l'homme n'est plus que l'ombre de lui-même.
00:07:07 En arrêt maladie depuis cinq ans, il a tout perdu.
00:07:10 Je le paie très cher, psychologiquement, physiquement, financièrement, familial aussi.
00:07:18 L'attentat de Strasbourg, c'est l'attentat le plus oublié.
00:07:21 Pour la bonne raison, c'est que l'attentat de Strasbourg n'a pas eu un hommage national.
00:07:25 Le procès de cet attentat s'est ouvert aujourd'hui, en l'absence du terroriste,
00:07:29 abattu par la police le 13 décembre 2018, après deux jours de trac.
00:07:33 À cinq mois maintenant des Jeux olympiques, Emmanuel Macron a donc inauguré à Saint-Denis
00:07:38 le village olympique et paralympique.
00:07:40 Sept ans après le début des travaux, le président de la République a coupé symboliquement le ruban rouge,
00:07:46 une visite à laquelle ont pu assister nos journalistes Raphaël Lasreg et Thomas Bonnet.
00:07:51 L'aventure d'un siècle, voilà comment le président de la République a décrit ce village.
00:07:57 Des athlètes inaugurés ce jeudi matin par le chef de l'État,
00:08:01 accompagné de certains élus locaux et des membres du comité d'organisation.
00:08:05 L'aboutissement d'un chantier de sept ans et qui verra donc ici 14 200 athlètes logés
00:08:13 pendant la quinzaine des Jeux olympiques.
00:08:15 L'aboutissement d'un chantier titanesque, mais aussi exemplaire selon le chef de l'État
00:08:21 qui a souligné l'aspect à la fois social et environnemental,
00:08:24 parlant par exemple du nombre d'accidents du travail quatre fois inférieur à la normale.
00:08:30 Le chef de l'État veut aussi par le biais de cette inauguration
00:08:33 commencer à faire monter la fièvre olympique à désormais moins de cinq mois de la cérémonie d'ouverture.
00:08:39 Merci beaucoup Michael. Nouveau rendez-vous de l'Info avec un premier appel des titres d'ici quelques minutes.
00:08:44 Ce qui nous conduit à la chronique éco d'Éric de Riedmatten qui a trait, vous allez le voir au JO.
00:08:49 Votre programme avec DomExpo.
00:08:51 Quatre villages en Ile-de-France, 50 maisons à visiter pour découvrir la vôtre.
00:08:55 Plus d'infos sur domexpo.fr.
00:08:57 Retrouvez votre programme avec le Chinese Business Club,
00:09:00 réseau d'affaires de référence en France pour développer votre networking à haut niveau
00:09:04 et faire rayonner votre entreprise.
00:09:06 Bonjour Éric. Bonjour Némi.
00:09:07 On vient de parler de cette inauguration par Emmanuel Macron,
00:09:09 ce qui nous conduit à se pencher sur l'avenir de ce village olympique et de ce village des athlètes.
00:09:14 En d'autres termes, peut-il y avoir une suite favorable comme on l'avait vu en son temps ?
00:09:17 À Londres, c'est l'objet de votre chronique aujourd'hui.
00:09:21 Oui, parce qu'il y a 2800 logements à vendre.
00:09:24 2800 après les fêtes du JO.
00:09:26 Alors, comment ça va se passer ?
00:09:28 Il faut les mettre en vente.
00:09:30 Ils ont commencé d'ailleurs à être commercialisés depuis l'été 2023.
00:09:33 Le problème, c'est qu'il n'y a pas beaucoup de preneurs.
00:09:35 Pourquoi ? Parce que le prix du mètre carré est trop élevé.
00:09:37 7000 euros le mètre carré.
00:09:39 On précise que c'est à Saint-Ouen-Saint-Denis, au nord de Paris.
00:09:42 Alors, ce n'est pas le prix moyen en général dans ce coin-là.
00:09:45 On va parler de logements neufs, bien sûr.
00:09:47 C'est un programme qui a été initié par Vinci Immobilier et ICAD.
00:09:51 Pourquoi ça coûte cher ?
00:09:52 C'est parce qu'il y a des normes environnementales qui sont extrêmement élevées.
00:09:54 On appelle ça des bâtiments bas carbone.
00:09:56 Vous avez par exemple des purificateurs d'air.
00:09:59 Vous avez de la géothermie.
00:10:01 On ira plonger dans le sous-sol à 70 mètres pour prendre de l'eau froide en été
00:10:05 et de l'eau chaude en hiver, pour limiter l'impact sur l'environnement.
00:10:09 On va vous garantir 6 degrés de moins dans les appartements en cas de canicule.
00:10:13 Tout ça, ça a coûté cher.
00:10:15 Dans ces conditions, quel est l'avenir de ce programme immobilier ?
00:10:18 Le souci, c'est qu'à l'époque, tout allait bien quand ça a été initié.
00:10:21 Mais avec les taux d'intérêt qui ont explosé,
00:10:23 l'achat de ces logements est devenu vraiment très difficile.
00:10:26 Les promoteurs se disent qu'on a deux ans pour vendre.
00:10:29 Selon ICAD, ce sont surtout des personnes qui viendront de Paris
00:10:32 ou de la proche banlieue parisienne, comme Levallois, etc.
00:10:35 Mais il faut quand même avoir un bon pouvoir d'achat.
00:10:38 7 000 euros, ce n'est quand même pas rien.
00:10:40 C'est vrai que le prix du foncier a explosé en l'espace de 6 ans.
00:10:43 Maintenant, ce qu'il faut voir,
00:10:45 quand vous comparez aux autres régions, aux autres JO,
00:10:48 j'en ai pris trois exemples.
00:10:50 D'abord, vous avez eu Munich.
00:10:52 Qu'est-ce que c'est devenu ce village olympique ?
00:10:54 Des logements étudiants.
00:10:55 Quand vous regardez Athènes, c'est devenu des logements sociaux
00:10:57 qui se sont vraiment franchement dégradés.
00:10:59 Quand vous regardez Barcelone, grande réussite, des beaux logements.
00:11:02 Ça a donné naissance à un nouveau quartier,
00:11:04 qui est d'ailleurs considéré comme un grand succès.
00:11:06 C'est exactement ce que Saint-Ouen et Saint-Denis
00:11:08 veulent obtenir dans les deux ans qui viennent.
00:11:10 Merci beaucoup, très intéressant. C'était la chronique à coup.
00:11:12 C'était votre programme avec le Chinese Business Club,
00:11:15 réseau d'affaires de référence en France
00:11:17 pour développer votre networking à haut niveau
00:11:19 et faire rayonner votre entreprise.
00:11:21 C'était votre programme avec Dome Expo,
00:11:23 quatre villages en Ile-de-France,
00:11:24 50 maisons à visiter pour découvrir la vôtre.
00:11:27 Plus d'infos sur domexpo.fr
00:11:29 Mes invités dans quelques minutes, je vous les présente d'ores et déjà.
00:11:31 André Tchikodikola, qui est éditorialiste à la Marseillaise,
00:11:34 et Jonathan Cixous, journaliste, sont avec moi.
00:11:37 On parlera d'ailleurs, messieurs, encore de logement,
00:11:40 mais de logement social et des conditions d'octroi
00:11:42 avec ce système de bonus/malus
00:11:44 qui est instauré par quelques localités désormais.
00:11:47 Vous verrez, c'est assez intéressant, mais ça peut faire débat.
00:11:49 A tout à l'heure.
00:11:50 De retour dans 180 minutes infos.
00:11:55 Avant d'enclencher le débat,
00:11:57 je me tourne à nouveau vers vous,
00:11:58 Michael Dos Santos, pour un rappel des titres.
00:12:00 C'est parti.
00:12:04 Le Hamas fait état de 104 morts à Gaza
00:12:06 lors d'une distribution d'aide humanitaire.
00:12:08 Les civils ont été touchés par des tirs de l'armée israélienne,
00:12:11 des tirs confirmés par TSAL,
00:12:13 qui expliquent que certains de leurs soldats étaient menacés.
00:12:16 Anne Hidalgo refuse de classer la tour Eiffel
00:12:18 comme monument historique.
00:12:20 La mairie de Paris, la maire de Paris,
00:12:21 a rejeté la proposition de son opposante au conseil de Paris,
00:12:24 Rachida Dati.
00:12:25 L'élu a invité.
00:12:26 En revanche, la ministre de la Culture a saquité de son dû.
00:12:29 Selon elle, l'État doit 1,4 million d'euros
00:12:31 pour des travaux effectués sur la Dame de Fer.
00:12:34 Et puis enfin, la ligne TGV Paris-Lyon sera fermée 4 jours pour travaux.
00:12:39 La ligne la plus fréquentée d'Europe va être interrompue
00:12:41 du 9 au 12 novembre prochain
00:12:43 pour l'équiper d'un nouveau système de signalisation.
00:12:46 Objectif, améliorer la régularité et la fiabilité des trains,
00:12:49 mais aussi augmenter la capacité de la ligne de 25% d'ici à 2030.
00:12:54 Merci Michael.
00:12:55 On se retrouve à 14h30.
00:12:56 Premier, on le fera à deux voix cette fois.
00:12:57 Non, non, non, j'attendais le petit jingle, mais c'est pas grave.
00:12:59 Ah bah oui, le petit jingle.
00:13:00 Alors, n'oubliez pas le petit jingle.
00:13:02 Merci beaucoup à tout à l'heure.
00:13:03 André Tchikko-Nicolas, je vous le disais, éditorialiste de Marseillaise,
00:13:06 est avec moi cet après-midi.
00:13:07 Bonjour, merci d'être là.
00:13:08 Jonathan Cixous aussi, marjoint.
00:13:11 On va parler de demandeurs de logements sociaux
00:13:14 et de cette initiative qui émane de la mairie de Compiègne.
00:13:17 Compiègne, c'est dans l'Oise.
00:13:18 Eh bien, ces demandeurs seront soumis désormais
00:13:20 à ce qu'on appelle un barème sur le système du bonus-malus.
00:13:25 En clair, ça va permettre aux propriétaires de vérifier
00:13:27 si ces locataires, prétendants locataires,
00:13:30 sont aptes à respecter la vie en communauté.
00:13:32 Regardez ce reportage qui a été tourné sur place
00:13:34 par Alice Sommerer, Thibault Marcheteau et Adrien Spiteri.
00:13:38 Dans cette cité HLM de Compiègne,
00:13:41 certains habitants n'en peuvent plus.
00:13:43 Les gens du quartier se plaignent beaucoup du trafic, etc.
00:13:47 Un cas loin d'être isolé dans ce type de logement.
00:13:50 Alors, pour améliorer leur quotidien
00:13:52 et éviter que des familles de délinquants ne s'installent,
00:13:55 la Ville a décidé de mettre en place
00:13:57 un système de notation des futurs locataires.
00:14:00 Pour moi, c'est une bonne chose.
00:14:01 Je comprends très bien l'initiative.
00:14:04 Dans le détail, si vous demandez un logement social,
00:14:06 10 points sont enlevés si un membre du ménage
00:14:08 a été condamné pour violence
00:14:10 ou causé des nuisances dans le voisinage.
00:14:12 25 points en cas de condamnation pour trafic de stupéfiants.
00:14:16 Le maire justifie cette décision.
00:14:18 Quand on regarde les candidatures pour accéder au logement social
00:14:23 ou pour une mutation, il est normal de faire le point
00:14:27 de l'ensemble de la situation.
00:14:29 Lorsqu'un appartement devient une nourrice
00:14:32 ou accueille soit des petits guetteurs,
00:14:35 soit des personnages ayant des responsabilités plus importantes,
00:14:39 il en résulte des troubles.
00:14:42 L'Association de défense des locataires
00:14:44 a de son côté saisi la clé.
00:14:46 Concernant la protection des données
00:14:48 et la conformité de ce système.
00:14:50 Un système qui pénalise, selon elle, l'ensemble d'une famille.
00:14:54 Je vais commencer avec vous André.
00:14:56 Est-ce que vous vous dites, une idée qu'elle est bonne,
00:14:58 pour assurer un bon voisinage,
00:15:01 ou vous y voyez des freins, des limites ?
00:15:04 Moi je suis un peu étonné par cette mesure,
00:15:07 parce que lorsqu'on est locataire, même colocataire parfois,
00:15:12 lorsqu'on rentre dans un logement, on a un règlement intérieur.
00:15:17 Dans les HLM, il y a des règlements intérieurs, comme partout.
00:15:21 Et ces règlements intérieurs stipulent tous
00:15:24 que vous devez avoir des comportements bourgeois.
00:15:28 Je crois même que c'est le terme qui est utilisé.
00:15:30 C'est-à-dire avoir de bons comportements.
00:15:33 Sinon, vous risquez d'avoir des soucis avec des soucis.
00:15:38 Donc on s'interroge.
00:15:40 Moi je m'interroge sur les raisons de bonus/malus.
00:15:44 Parce que ça pose quand même un problème.
00:15:47 Il y a une espèce de suspicion qui pèse
00:15:50 sur les gens qui vivent dans les HLM.
00:15:53 Et ça, quand même, ça pose un sacré problème.
00:15:56 Il y a 4,2 millions de personnes qui attendent un logement.
00:16:00 Est-ce que ces 4,2 millions de personnes qui attendent un logement HLM,
00:16:04 HLM c'est le chiffre le plus important qu'on ait depuis 20 ans,
00:16:08 est-ce que ces 4,2 millions de personnes sont des,
00:16:12 j'allais dire, si ce n'est pas des délinquants,
00:16:14 des fauteurs de trouble en puissance ?
00:16:16 Mais pas du tout.
00:16:17 Mais peut-être que parmi ces 4,2 millions de personnes,
00:16:19 beaucoup, la majorité, estiment que c'est normal
00:16:22 qu'ils aient la priorité sur d'autres qui ont écopé de peine de justice
00:16:26 ou qui ont été, de manière avérée, de mauvais voisins dans le passé.
00:16:30 Pourquoi pas ?
00:16:31 Je veux dire, on n'est pas là dans l'illégalité,
00:16:33 on est dans un critère de sélection en l'abstu de votre bonne sécurité.
00:16:38 Vous sentez bien, ça ne vous échappe pas,
00:16:40 qu'il y a une suspicion qui se fait sur les gens qui vivent en HLM ?
00:16:43 Je ne sais pas, je ne suis pas dans la tête du maire de Compiègne.
00:16:45 Tout ça parce qu'il y a de vrais problèmes dans les cités HLM
00:16:50 et notamment dans les quartiers.
00:16:51 Mais juste une chose, vous pensez que les gens qui, dans Paris,
00:16:54 dans le 5e arrondissement, 6e arrondissement,
00:16:56 qui ont dans leurs immeubles des AirBnB,
00:17:00 où il y a des gens qui viennent passer des week-ends
00:17:02 et qui mettent la bagaille, qu'est-ce qui se passe pour eux ?
00:17:05 Vous ne voyez pas que ça aussi, ça sont des...
00:17:07 Est-ce qu'on fait des mesures de cette nature ?
00:17:09 Il y a, je crois, une stigmatisation dangereuse
00:17:12 de la part des gens qui vivent, des 11 millions de personnes
00:17:15 qui vivent dans une HLM en France et qui ne sont pas des délinquants.
00:17:18 Je ne veux pas vous apprendre que sur des plateformes,
00:17:20 je ne veux pas entamer un débat avec vous,
00:17:21 je vais donner la parole à Jonathan Cixous.
00:17:23 AirBnB, il y a des systèmes de notation,
00:17:25 des locataires, des prétendants locataires, même ponctuels,
00:17:30 ils ont souvent été notés pour leurs prestations antérieures.
00:17:33 Si quelqu'un n'est pas bien noté, libre à vous de relancer.
00:17:35 Oui, mais ce n'est pas les voisins qui les notent.
00:17:36 Ce n'est pas la même chose.
00:17:37 Si vous subissez les...
00:17:38 On peut comprendre, s'il perd quelqu'un pour ne pas se retrouver.
00:17:40 Tous les jours, on apprend que tel et tel AirBnB a posé des problèmes,
00:17:44 il y a eu des fêtes, il y a eu des socis, etc.
00:17:46 Là, par contre, il n'y a pas de problème.
00:17:48 Est-ce qu'on peut stigmatiser 11 millions de personnes ?
00:17:51 J'entends votre argument, mais c'est aussi lié, dans le cas d'AirBnB,
00:17:54 au côté éphémère de la chose, vous le savez très bien.
00:17:57 Quand l'effet mère se reproduit plusieurs fois par semaine,
00:17:59 je vous assure que pour les voisins, ça pose des problèmes.
00:18:01 Jonathan Cixous, sur cette question d'un classement par points.
00:18:05 Niveau ni suspicion ni stigmatisation, on parle là de logements sociaux.
00:18:09 On a en France des droits et des devoirs.
00:18:13 Et on a malheureusement tendance à ne agiter que les droits
00:18:18 et ne plus parler du tout des devoirs.
00:18:20 Or, quand on habite dans un logement social, me semble-t-il,
00:18:23 on dépend en partie de l'État.
00:18:25 On est donc peut-être plus que d'autres redevables
00:18:29 d'un comportement exemplaire, comportement que vous soulignez tout à l'heure.
00:18:33 Et une mentalité bien prégnante dans la société,
00:18:36 d'automaticité absolue de tout, touche également le logement social.
00:18:42 Dès lors que vous devez quelque chose d'une certaine façon à l'État,
00:18:46 vous devez respecter l'État, évidemment,
00:18:49 et également toutes les structures qui sont financées par vos concitoyens.
00:18:54 Eric, vous êtes resté avec nous, parce qu'on peut s'intéresser au système HLM dans son ensemble.
00:18:58 Vous avez fait une petite recherche. Ça date de quand déjà ?
00:19:01 Éclairez notre lanterne.
00:19:02 Ça remonte à la révolution industrielle.
00:19:04 En France, c'était vers la fin du 19e, début 20e.
00:19:07 Alors, 1898, les premières HLM, à l'époque, s'appelaient l'habitat bon marché.
00:19:12 Ça a commencé au Havre. Alors, il y avait très peu de logements.
00:19:15 J'ai regardé les chiffres. 3 000 logements seulement, vous voyez.
00:19:17 Ce n'était pas grand-chose.
00:19:18 Mais c'était déjà la Caisse des dépôts qui finançait,
00:19:20 qui prêtait l'argent pour construire des logements sociaux.
00:19:22 Ensuite, le grand boom des logements sociaux, c'est 1948,
00:19:25 avec le ministre Claudius Petit, qui était ministre de la reconstruction.
00:19:29 Là, il fallait 100 000 logements d'un coup.
00:19:31 Donc, on a vraiment connu l'accélération des HLM.
00:19:34 Quand on n'habitait plus, on n'appelait plus ça une HBM, mais une HLM.
00:19:38 Et aujourd'hui, je redonne quand même les bons chiffres.
00:19:40 En 2023, il y a 4 300 000 logements sociaux dits HLM.
00:19:46 C'est le chiffre officiel de la Caisse des dépôts.
00:19:48 Et il y a 2 600 000 personnes qui attendent un logement social.
00:19:51 Ça, c'est les chiffres donnés par la Caisse des dépôts.
00:19:53 D'accord. Donc, il y a 50 % de gens qui, par contre, au nombre de logements, en effet, ne payent plus.
00:19:58 Si vous permettez, le vrai problème du logement social, c'est que le bail, finalement, est à vie.
00:20:02 J'ai discuté tout à l'heure avec André Hiché, qui est l'ancien patron de la Caisse des dépôts Habitat.
00:20:06 Et c'est vrai, il reconnaît que, même si on fait des fautes dans un logement social, on ne peut pas en partir facilement.
00:20:12 Il faut des adrétés d'expulsion. Il faut l'accord du maire, l'accord du commissaire de police.
00:20:16 C'est très compliqué. Et donc, on appelle ça, en général, une sorte de bail à vie.
00:20:21 Merci, Eric. Juste une réaction, vraiment, André Tchikko-Nicolas, parce qu'on a un autre thème à aborder.
00:20:26 Oui. Simplement pour dire qu'on n'ignore pas que les HLM, les quartiers, se sont, j'allais dire, en grande part, parfois, dégradés.
00:20:36 Mais pourquoi ? Parce que, souvent, il y a une concentration dans ces quartiers de la misère et des problèmes.
00:20:43 Donc, il faut aussi, peut-être, s'intéresser à ce problème et faire en sorte que les HLM deviennent des lieux de mixité.
00:20:49 Et c'est la mixité qui permettra de régler le problème.
00:20:52 Oui, il y a un débat autour de cette question. C'est un autre débat, mais il est connexe, et effectivement, à un moment donné, il faudrait régler la question.
00:20:57 Alors que ce sont maintenant, ça peut bien être, des pôles de problèmes, de difficultés financières.
00:21:02 Merci. Alors, je ne voudrais pas qu'on empiète, quand même, sur le papier de Tanguy Hamon, qui nous a rejoint exprès.
00:21:07 Bonjour, Tanguy. On va parler d'une nouvelle célébrité victime de tentatives de ce qu'on appelle le "homejacking".
00:21:12 Plus personne n'ignore ce que ça signifie aujourd'hui.
00:21:15 C'est le domicile de Jean-Luc Reichman, qui a été pris pour cible au milieu de la nuit. Racontez-nous.
00:21:18 Exactement. Peu après 2h, donc, au domicile de Jean-Luc Reichman, plusieurs individus ont été vus en train d'escalader la grille de sa propriété.
00:21:26 Puis, ils ont ensuite tenté d'entrer dans sa maison en fracturant la porte d'entrée, en fracturant la fenêtre.
00:21:31 Heureusement, ils ont été détectés et mis en fuite par le fils de l'animateur, le fils de Jean-Luc Reichman, qui était réveillé.
00:21:38 Au même moment, des policiers de la BAC sont arrivés sur place.
00:21:41 Ils ont vu les 5 voleurs monter dans une voiture pour prendre la fuite.
00:21:45 Durant leur fuite, ils ont d'ailleurs tenté de renverser les policiers.
00:21:48 Heureusement, aucun n'a été touché.
00:21:50 Une course-poursuite a eu lieu.
00:21:52 Elle s'est terminée plusieurs kilomètres plus loin, à Épinet-sur-Seine.
00:21:56 Les 5 individus ont été interpellés et placés en garde à vue.
00:22:00 Ils sont poursuivis pour association de malfaiteurs, mais également pour la tentative d'homicide volontaire sur les policiers.
00:22:06 On rappelle que c'est une tendance inquiétante.
00:22:08 Il y a une recrudescence quand même assez notable de personnes en vue, souvent de célébrités du cinéma, du monde du divertissement,
00:22:14 qui sont prises pour cible.
00:22:15 Oui, la liste est longue depuis ces derniers mois.
00:22:17 On se souvient, en fin septembre dernier, Bruno Guillon, l'animateur, qui avait lui été séquestré et agressé chez lui avec sa famille.
00:22:25 Il y a aussi eu l'ancienne Miss France Sylvie Tellier, la chanteuse Vita, le cuisinier Cyril Lignac, le présentateur Nico Saliagas.
00:22:33 Dans certains des cas, il s'agit de cambriolage, donc les personnes ne sont pas chez elles.
00:22:38 Mais ce qui est dangereux, c'est lorsqu'il s'agit de "homejacking", les personnes sont chez elles.
00:22:43 Elles peuvent être ciblées, violentées, elles ainsi que leurs familles.
00:22:46 Jonathan Sixou, merci beaucoup.
00:22:48 Jonathan Sixou, évidemment, tout cela suppose, on le conçoit, des complicités.
00:22:54 Il n'y a là pas du gain parce qu'il y a aussi une sorte d'affichage, peut-être un peu indiscret et peut-être un peu périlleux sur les réseaux sociaux.
00:23:03 Même si c'est évidemment très concernant, on peut comprendre comment ça s'opère pour ceux qui se livrent à ce genre d'actes.
00:23:11 Vous avez prononcé le mot magique, Nélise. Les réseaux sociaux ont une part de responsabilité très importante dans les deux cas.
00:23:18 C'est ça qui est intéressant de pointer. Ce n'est pas systématiquement, mais on constate notamment dans l'affaire du cambriolage de Cyril Lignac,
00:23:25 ça avait été révélé très vite, vous avez d'un côté quelqu'un qui, sur les réseaux sociaux, dit "je pars pour une tournée, pour un événement quelconque loin de chez moi".
00:23:36 Et d'autre part, sur d'autres réseaux sociaux, vous avez des commanditaires de cambriolage qui contactent des gens qu'ils ne connaissent pas,
00:23:43 souvent des jeunes, souvent des étrangers en situation irrégulière dans ce cas-là, entre autres.
00:23:47 Et c'est intéressant de voir que les réseaux sociaux permettent de savoir que quelqu'un n'est pas chez lui et en même temps de s'organiser entre malfrats pour aller le cambrioler.
00:23:56 Et par définition, beaucoup de ces réseaux sociaux sont cryptés et donc il est quasiment impossible de pouvoir mettre la main sur ces réseaux,
00:24:04 ces commanditaires qui contactent des frappes au coup par coup pour tenter de... Souvent, ils ne savent même pas qu'ils vont cambrioler ces gens-là, qui sont parfois vraiment des gamins.
00:24:15 André Tchouko-Dicolas, encore une fois, on utilise des très jeunes dont on sait qu'il n'y aura pas de conséquences, très peu judiciaires derrière.
00:24:22 Ce qui m'avait frappé, moi, c'était le homme jacquine dont j'avais été victime en son absence, heureusement.
00:24:28 Vous parliez de l'animateur Nikos Alyagas. On s'est aperçu qu'en fait, le commanditaire était en prison.
00:24:37 Et il avait recruté et fait recruter des jeunes, j'allais dire des personnes quasi lambda, notamment un garçon qui était agent de sécurité,
00:24:49 qui n'arrivait pas à boucler ses fins de mois, qui avait une dette importante et qui va faire un coup.
00:24:54 On a vraiment un problème, c'est-à-dire qu'on s'aperçoit en effet que maintenant, la délinquance, elle devient un petit peu tous azimuts,
00:25:01 elle a des formes complètement multiples. Le grand danger, en effet, dans ce genre de situation, c'est que les gens soient présents au moment où il y a une tentative de cambriolage.
00:25:10 Oui, ça donnait lieu à des scènes traumatisantes, violentes, de jeunes enfants souvent.
00:25:13 Je rappellerai l'affaire de Tapie, où Tapie avait été vraiment, ainsi que son épouse, avait été vraiment tout à fait maltraitée par des malfrats.
00:25:20 Merci beaucoup Tanguy. On marque une courte pause et puis on revient évidemment avec le journal de Michael Dos Santos.
00:25:25 On parlera aussi d'un autre problème structurel qui concerne le nombre de places de prison.
00:25:29 Vous verrez, ça patine, ça stagne encore, malgré les promesses assez régulières quand même de l'exécutif de devoir grossir ce nombre.
00:25:37 On verra où ça coince précisément tout à l'heure.
00:25:42 De retour, 14h30 avec le journal de Michael Dos Santos. Rebonjour Michael.
00:25:46 On va s'intéresser à l'ouverture du procès des auteurs de l'attentat de Strasbourg.
00:25:50 Oui, le 11 décembre 2018, souvenez-vous, Sheriff Shekat avait ouvert le feu sur des passants au cœur du traditionnel marché de Noël de la ville alsacienne.
00:25:58 Il avait été finalement abattu. On retrouve tout de suite sur place Célia Barotte. Célia, qui sont les accusés et que risque-t-il ?
00:26:08 Eh bien Michael, Sheriff Shekat est mort. Mais quatre accusés comparaissent à partir d'aujourd'hui pour leur lien présumé avec le terroriste du marché de Noël de Strasbourg.
00:26:19 Un seul est accusé de complicité d'assassinat et de tentative, le tout en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroristes.
00:26:28 Il a été placé en détention provisoire il y a cinq ans et il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
00:26:34 Les trois autres accusés, placés sous contrôle judiciaire, comparaissent pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un ou de plusieurs crimes.
00:26:42 Ils encourent dix ans d'emprisonnement car ils sont soupçonnés d'avoir participé d'une manière ou d'une autre à fournir des armes aux terroristes.
00:26:49 Un cinquième homme, qui doit être jugé pour avoir lui aussi fourni une arme aux terroristes, fera l'objet d'un autre procès.
00:26:56 La présidente a fait le choix d'y joindre son cas car l'accusé, âgé de 83 ans, souffre de problèmes de santé.
00:27:03 Il y avait donc un risque pour la continuité de l'audience.
00:27:06 L'audience et ce premier jour, on va reprendre dans quelques minutes.
00:27:10 Ce matin, c'était la révélation des identités des accusés, mais aussi on se pose beaucoup de questions sur la reconnaissance des nombreuses parties civiles.
00:27:19 Une centaine de personnes et d'associations veulent se constituer comme parties civiles.
00:27:24 Si, beaucoup, Célia Barotte. Je rappelle que vous étiez en direct de Paris.
00:27:30 On va partir à Nice, à présent, où une librairie a été fermée pour soupçons de prosélytisme.
00:27:35 Oui, le préfet des Alpes-Maritimes reproche entre autres à la gérante d'avoir mis des ouvrages fondamentalistes à l'avant.
00:27:41 Exemple, certains livres prônent les meurtres contre les homosexuels et incitent à la violence contre les femmes.
00:27:46 Reportage de Franck Triviaud et Augustin Denadio.
00:27:51 Cela faisait plus de 20 ans qu'elle avait pignon sur rue à quelques pas de la gare de Nice.
00:27:56 Ses portes sont dorénavant fermées pour au moins trois mois.
00:28:00 Décision prise par la préfecture des Alpes-Maritimes pour défaut d'autorisation d'utilisation de la vidéoprotection
00:28:06 et vente d'ouvrages prônant un fondamentalisme religieux.
00:28:10 Les habitants du quartier et commerçants voisins sont étonnés.
00:28:14 Personnellement, je ne suis jamais allé, mais je sais qu'ils vendent quelques livres, quelques trucs.
00:28:20 À part ça, je n'ai aucune idée de ce qui se passe.
00:28:22 J'ai acheté des vêtements chez elle. Par contre, je ne connais pas.
00:28:26 Pour moi, c'est une bonne vendeuse, c'est une commerçante. On est sans plus.
00:28:33 Pourtant, lors d'un contrôle effectué le 23 octobre dernier, les services de l'État ont constaté la vente de livres religieux
00:28:39 incitant à la violence contre les femmes ou incitant au meurtre contre les homosexuels.
00:28:44 Pour le maire de la ville, la librairie ne pouvait plus continuer son activité dans ces conditions.
00:28:49 Au-delà des textes, il y a des visages qui sont cachés.
00:28:54 C'est quelque chose de compliqué pour l'opinion publique peut-être,
00:28:58 mais nous savons que c'est plutôt quelque chose qui repose sur le salafisme.
00:29:06 L'avocat de la gérante a d'ores et déjà annoncé qu'il allait déposer un référé liberté avant la fin de la semaine
00:29:11 pour demander l'annulation de l'arrêté de fermeture signé par le préfet des Alpes-Maritimes.
00:29:16 Et puis ce sujet dont on a beaucoup parlé cette semaine, sauf énorme surprise,
00:29:20 la liberté de recourir à l'IVG devrait donc être inscrite dans la Constitution.
00:29:23 Après l'Assemblée nationale, le Sénat a adopté hier le projet de loi soumis par le gouvernement.
00:29:28 La France pourrait donc devenir le premier pays au monde à adopter une telle mesure.
00:29:32 Alors, qu'en pensez-vous ? On vous a posé la question dans la rue.
00:29:35 Voici quelques-unes de vos réactions.
00:29:37 Oui, on défend ce droit à 200%. Il doit être discrétionnaire pour la femme. Il n'y a zéro débat là-dessus.
00:29:43 Pour moi, c'est un droit fondamental. C'est notre corps. On a le droit de décider ou non de garder l'enfant.
00:29:47 Et donc, pour moi, oui, c'est primordial et ça devrait être dans la Constitution depuis de nombreuses années,
00:29:55 ou même depuis toujours.
00:29:56 C'est un acte fort qui va résonner, j'espère, partout dans le monde, là où la femme ne peut pas avorter librement.
00:30:03 Ailleurs, à l'étranger. La France montre l'exemple, entre guillemets.
00:30:11 Les mentalités d'aujourd'hui, elles sont assez éveillées. Le peuple ne permettrait pas au gouvernement de revenir sur des sujets assez sensibles.
00:30:20 On rappelle que plus de 86% des Français y étaient favorables. Merci beaucoup, Michael.
00:30:26 On se retrouve tout à l'heure, bien sûr, votre Grand Journal à 15h.
00:30:28 Et puis avant cela, un rappel des titres. Nous sommes avec André Tchikodikola et Jonathan Cixous,
00:30:34 ici pour commenter l'actualité, notamment liée au système carcéral. A tout de suite.
00:30:39 De retour, le débat, la suite avec mes deux invités. On va parler d'un problème structurel en France, je vous le disais,
00:30:47 qui revient avec insistance dans le débat public autour du nombre de places de prison.
00:30:51 Si on a bien compté, il en manque près de 30 000 aujourd'hui pour pouvoir accueillir l'ensemble des condamnés à de la prison ferme.
00:30:58 Emmanuel Macron, on s'en souvient, avait promis la construction de 15 000 nouvelles places.
00:31:02 Mais c'était en 2017, donc l'objectif est encore loin d'être atteint, comme le montre ce reportage de Maxime Legay.
00:31:09 Des cellules de prison comme celle-ci, il en manque plusieurs dizaines de milliers en France.
00:31:15 Au 1er janvier 2024, les prisons françaises comptaient 75 897 détenus pour seulement 61 767 places opérationnelles,
00:31:26 soit une surpopulation carcérale de 122,9%.
00:31:30 A cela s'ajoutent les 15 750 écroués qui effectuent leur peine en détention à domicile sous bracelet électronique.
00:31:37 Au total, ce sont donc 91 647 condamnés à de la prison ferme pour seulement 61 767 places de prison, soit près de 30 000 places manquantes.
00:31:48 Pour faire face à ce problème, Emmanuel Macron avait promis en 2017 la construction de 15 000 nouvelles places de prison d'ici la fin de son premier quinquennat.
00:31:57 Objectif finalement repoussé à 2027.
00:32:01 Et pour cause, à la fin 2023, les prisons françaises comptaient seulement 4 300 nouvelles places construites, un chiffre bien éloigné de l'objectif initial.
00:32:11 Selon le ministère de la Justice, près de 3 000 nouvelles places de prison seront opérationnelles d'ici la fin 2024.
00:32:19 "Et regardez aussi ce qu'en pensent les Français. Est-ce que c'est une nécessité pour eux que la construction de places de prison aujourd'hui ?
00:32:27 La question qui leur a été posée, celle-ci, faut-il construire plus de places de prison ?
00:32:31 Crasante majorité. 83% oui, 17% non. Jonathan Cixous, dans les faits, on voit que ça cloche.
00:32:37 On sait qu'il y a peut-être une double responsabilité.
00:32:41 Il y a aussi parfois des choses qui bloquent du côté des collectivités territoriales, locales,
00:32:46 parce qu'on a parfois du mal à faire passer auprès de ses administrés l'arrivée d'un centre de détention.
00:32:53 Il faut peut-être mesurer un peu les responsabilités et savoir qu'elles sont partagées.
00:32:57 C'est ce que j'allais vous dire sur les 83% de personnes interrogées qui souhaitent des constructions de nouvelles prisons.
00:33:03 J'aimerais savoir combien accepteraient que ce soit dans leur environnement.
00:33:07 C'est toujours mieux chez les autres.
00:33:09 Et on voit bien que les communes, même si elles reçoivent des aides importantes de l'État,
00:33:12 notamment pour accepter de construire une prison sur leur territoire, ne se bousculent pas pour les accueillir.
00:33:19 Et puis, il y a autre chose, c'est qu'il y a de plus en plus de nuisances à être un riverain d'une prison.
00:33:26 Vous avez par exemple, et on en entend fréquemment parler depuis peu,
00:33:31 parce que c'est un phénomène relativement nouveau,
00:33:33 les riverains de la prison de la Santé en plein Paris qui n'en peuvent plus.
00:33:38 Pour quelle raison ?
00:33:39 Et bien là, c'est les conséquences directes de la politique carcérale.
00:33:42 Je mets de côté le nombre de places de prison, c'est un vrai problème.
00:33:45 Mais vous avez les conséquences de la politique menée par mesdames Taubira et Belloubet,
00:33:49 quand elles étaient gardes des Sceaux,
00:33:51 qui ont progressivement voulu faire en sorte que la prison ne soit plus la prison pour les prisonniers.
00:33:56 J'entends par là que vous avez une doctrine très claire, initiée par mesdames Taubira,
00:34:01 qui a été de réduire le nombre de barreaux aux fenêtres, par exemple, d'agrandir les fenêtres des cellules,
00:34:06 de ne plus mettre de filet au-dessus des cours pour qu'il n'y ait pas d'obstacles,
00:34:10 c'était le terme de la doctrine, entre le ciel et le prisonnier.
00:34:14 La conséquence, c'est quoi ?
00:34:15 C'est que les cours de prison sont devenus des lieux de livraison à ciel ouvert par drones,
00:34:20 par des passeurs qui lancent des sacs par-dessus les murs,
00:34:24 et ça crée des nuisances considérables pour les riverains,
00:34:28 quand c'est en pleine ville, comme à Paris, je vous le disais,
00:34:30 mais également dans d'autres prisons en France.
00:34:33 Et ça, vous voyez, c'est une conséquence directe d'une politique pénitentiaire carcérale.
00:34:39 Ensuite, le nombre de places manquant, c'est un vrai scandale,
00:34:43 mais le corollaire, c'est quoi ?
00:34:44 C'est des conditions de vie déplorables pour les prisonniers.
00:34:47 Certaines prisons sont indignes et dans un état de dégradation lamentable.
00:34:52 Je rappelle que quand on entre en prison en France, c'est pour en sortir,
00:34:55 donc à priori, en étant un peu meilleur.
00:34:57 André Chico-Nicolas, il y a effectivement plusieurs aspects à commenter,
00:35:00 vous choisissez le vôtre, mais en effet, il y a aussi, philosophiquement,
00:35:05 cette nouvelle idée que parfois l'enfermement, pour beaucoup, de plus en plus à gauche d'ailleurs,
00:35:10 n'est pas la solution.
00:35:12 Et puis, effectivement, c'est un lieu de privation de liberté,
00:35:15 peut-être qu'à certains égards, ça doit le rester,
00:35:17 parce qu'on se rend compte de plus en plus que beaucoup vivent tout à fait normalement,
00:35:20 et peut-être même mieux qu'à l'extérieur,
00:35:22 alors que ça doit être vécu comme une sanction quand même.
00:35:25 Qu'est-ce qui vous interpelle aujourd'hui ?
00:35:28 - Vivre mieux qu'à l'extérieur ?
00:35:30 - Ceux qui ont les moyens de rémunérer parfois, ou de se faire livrer des choses, visiblement, oui.
00:35:35 - Oui, ils sont rares.
00:35:36 C'est sûr qu'il y a quelques caïds, mais on n'est quand même pas...
00:35:41 - Je parle de cela.
00:35:42 - On n'est quand même pas aux États-Unis avec Al Capone,
00:35:44 c'est pas tout à fait la même chose, je pense.
00:35:46 Moi, ce que je vois, par exemple, dans les 83% de gens qui veulent,
00:35:50 qui souhaitent qu'il y ait plus de places dans les prisons,
00:35:53 moi, je vois deux ressorts.
00:35:55 Le premier, ils ont raison.
00:35:57 Quand vous l'avez évoqué à l'instant,
00:35:59 il y a une surpopulation carcérale complètement folle.
00:36:03 C'est-à-dire qu'il y a, dans 9 m², vous avez 6 individus qui vivent dedans.
00:36:09 9 m², 6 individus.
00:36:11 Mais ça devient des fauves.
00:36:13 Et les problèmes que vous avez évoqués,
00:36:15 je ne sais pas si Mme Taubira est responsable des drones qui survolent les prisons,
00:36:18 il faudra lui demander, mais je ne crois pas que ce soit ça.
00:36:21 C'est qu'il y a une mauvaise surveillance, tout simplement.
00:36:23 - Parce qu'il n'y a plus de filets au sud des côtes.
00:36:25 - Il faut des filets, ça manque de personnel, sans aucun doute.
00:36:28 Les gens, quand ils réclament plus de places de prison, c'est logique.
00:36:33 Vous l'avez cité tout à l'heure,
00:36:35 la promesse en 2017, 15 000 nouvelles places de prison,
00:36:40 la réalité, ce n'est même pas un tiers,
00:36:42 encore une promesse non tenue par Macron.
00:36:44 Mais il nous habitue à ça.
00:36:46 La deuxième chose, c'est que les gens pensent que plus il y aura de places de prison,
00:36:49 plus ils seront en sécurité.
00:36:51 Et là, je crois que c'est une illusion.
00:36:53 Parce que si on prend l'exemple des États-Unis,
00:36:56 c'est le pays où il y a le plus d'incarcération.
00:37:00 C'est là où il y a le plus de...
00:37:02 Est-ce que la criminalité a baissé ?
00:37:04 Non, pas du tout.
00:37:06 Donc on voit bien qu'en réalité...
00:37:08 - Pour vous, l'aspect dissuasif n'est pas avéré.
00:37:10 Il faudrait peut-être se pencher sur les cas de récidive,
00:37:12 aux États-Unis, pour être tout à fait concrète.
00:37:14 - Je pense que la prison est dissuasive, bien évidemment.
00:37:18 Elle a une partie...
00:37:20 Les gens redoutent beaucoup...
00:37:22 La majorité des gens en France redoutent la prison.
00:37:24 Mais elle n'est pas dissuasive, par exemple, pour les dealers.
00:37:28 Ça fait partie de leur passage, j'allais dire presque de leur cursus.
00:37:32 Donc oui, il faut plus de place, parce que c'est nécessaire.
00:37:36 Et puis qu'il faut sortir de cet enfer,
00:37:38 parce que les prisons sont devenues parfois des vrais enfers modernes.
00:37:42 - Et si le sujet vous intéresse, notez que c'est Béatrice Brugère,
00:37:44 magistrate, secrétaire générale en outre d'unité magistrate,
00:37:47 qui sera l'invité de Laurence Ferrari, regardez,
00:37:49 à compter 18h30 dans le cadre de son émission,
00:37:53 comme je l'ajoute, "Punchline".
00:37:55 Il est 14h50, le temps de retrouver Miquel Dos Santos
00:37:57 pour un rappel des titres. C'est à vous, Miquel.
00:37:59 - Le procès du meurtrier d'Éric Masson, brigadier,
00:38:02 tué sur un point de dit, la Avignon, en mai 2021, touche à sa fin.
00:38:06 Le principal suspect, Ilias Akoudade, est jugé par la cour d'assise
00:38:10 depuis 10 jours. L'avocat de général a requis contre lui
00:38:12 la réclusion criminelle à perpétuité.
00:38:14 Des co-accusés sont aussi jugés pour l'avoir aidé potentiellement
00:38:17 dans sa fuite avant d'être abattu.
00:38:20 Pour améliorer sa sécurité, France Identité a lancé une chasse au bug,
00:38:24 l'application gouvernementale qui permet, entre autres,
00:38:27 d'héberger numériquement le permis de conduire,
00:38:29 a demandé à un groupe d'experts en cybersécurité
00:38:32 de détecter des failles. Les récompenses peuvent aller
00:38:35 de 100 euros à 25 000 euros si un cas critique est déniché.
00:38:39 Enfin, cela ne vous a sûrement pas échappé,
00:38:42 nous sommes le 29 février, un jour particulier qui n'arrive
00:38:45 que tous les 4 ans, une année bisextile, lors de laquelle paraît
00:38:48 la bougie du sapeur, un journal quadriannuel insolite
00:38:52 et au contenu axé sur l'humour. Et on les salue s'ils nous regardent.
00:38:56 - J'espère que ce n'est pas votre anniversaire ? - Non, non, non.
00:38:59 - Sinon compte votre âge en âge de chien ou de chat.
00:39:02 - Je suis tout jeune du coup. - Merci, encore plus jeune.
00:39:05 Merci beaucoup, à tout à l'heure. Merci.
00:39:08 - André Chico-Nicolas, vous restez avec nous. - C'est moi qui pars.
00:39:10 - Merci Jonathan Sixo. - Merci Nelly.
00:39:11 - À la semaine prochaine, peut-être, sur ce plateau. - Avec plaisir.
00:39:14 - Avec votre nouveau numéro. - Qui sort mercredi.
00:39:16 - Causeur, c'est ça. - Avec plaisir.
00:39:17 - On marque une courte pause et l'heure des livres, bien sûr,
00:39:20 votre rendez-vous quotidien avec Anne Filda.
00:39:22 On se retrouve pour le Grand Journal de 15h.
00:39:25 Nous voici de retour avec le journal de Miquel Dos Santos.
00:39:28 Bonjour Miquel. On va parler de Judith Gaudrech
00:39:31 qui demande une commission d'enquête sur les violences sexuelles
00:39:34 dans le milieu du cinéma.
00:39:35 Auditionnée ce matin au Sénat, l'actrice a révélé avoir reçu
00:39:38 4 500 témoignages sur une adresse mail des présumés victimes
00:39:42 de ce qu'elle a qualifié la famille incestueuse du cinéma.
00:39:45 Récemment, Judith Gaudrech a porté plainte contre Benoît Jacot
00:39:49 et Jacques Doyon, deux réalisateurs qu'elle accuse de violences sexuelles
00:39:52 survenues lorsqu'elle était mineure.
00:39:54 Sujet de Marie-Liès Chevalier.
00:39:56 - Après des décennies de silence, Judith Gaudrech brise le tabou.
00:40:01 Ce matin, devant la délégation aux droits des femmes au Sénat,
00:40:04 l'actrice livre un témoignage poignant, celui d'une enfant star
00:40:07 à qui l'on a volé l'innocence.
00:40:09 - Il n'y avait pas de Judith.
00:40:11 Uniquement une petite fille sans prénom
00:40:14 que se disputaient les adultes libidineux
00:40:17 sous les yeux d'autres adultes passifs.
00:40:20 - Cette actrice dénonce l'emprise des grands et des puissants
00:40:23 sur les enfants.
00:40:24 - Ce qu'il faut, c'est qu'il y ait tout un système de protection
00:40:27 de l'enfant qui soit mis en place et qu'on arrête de faire semblant
00:40:34 de ne pas savoir.
00:40:36 Combien de petites filles, de petits garçons seront nécessaires
00:40:40 avant que cette société réagisse pour toujours,
00:40:44 afin que nous puissions jouer les rôles de notre vie
00:40:48 et de faire voler notre enfance, abuser, frapper.
00:40:52 - Au-delà d'un témoignage personnel, c'est tout un système
00:40:55 et un univers que dénoncent Judith Godrech,
00:40:57 le patriarcat et le cinéma.
00:40:59 L'actrice a cependant rendu un hommage appuyé au juge Édouard Durand,
00:41:02 ancien dirigeant de la CIVIS, cette commission indépendante
00:41:05 sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants.
00:41:08 - Serait-il possible que les sénateurs, les lois, le gouvernement
00:41:13 donnent à notre société la possibilité, la chance
00:41:17 à Édouard Durand d'accomplir son destin héroïque de son vivant ?
00:41:23 - L'actrice a demandé d'imposer un référent neutre
00:41:25 sur les tournages avec un mineur et rappeler qu'un enfant
00:41:28 ne doit jamais être laissé seul sur un tournage.
00:41:31 - L'actualité judiciaire à présent avec le procès du principal accusé
00:41:35 de la mort du policier Éric Masson, dont je rappelle qu'il a été tué
00:41:38 sur un point de vie à Avignon, c'était en mai 2021,
00:41:40 et qui touche à sa fin.
00:41:41 - Le principal suspect, Elias Hakouda, déjugé par la Cour d'Assise
00:41:44 depuis dix jours, l'avocate générale a requis contre lui
00:41:47 la réclusion criminelle à perpétuité.
00:41:49 Lors de ce procès, il a continué à nier et connaître l'identité
00:41:52 du policier au moment du tir.
00:41:54 L'avocate de l'épouse d'Éric Masson espère que la justice
00:41:57 va reconnaître la victime comme une personne dépositaire
00:42:00 de l'autorité publique. On l'écoute.
00:42:02 - Ce serait compliqué pour la famille, oui, parce que ce serait
00:42:06 pas aller dans le sens de la vérité, ce serait bafouer finalement
00:42:11 pas la parole, parce qu'il n'a pas pu s'exprimer à ce sujet,
00:42:15 mais finalement la mémoire d'une personne qui est décédée
00:42:18 dans l'exercice de ses fonctions.
00:42:20 Après, ils en ont attendu de ce procès, bien évidemment,
00:42:24 la famille d'Éric Masson en a attendu et en attend toujours
00:42:28 de ce procès puisqu'on n'en est pas encore au verdict.
00:42:31 Pour autant, ça ne le ramènera pas.
00:42:33 Donc c'est une attente, oui, mais une attente bien évidemment
00:42:36 limitée de ce qu'une cour d'assises peut leur donner, tout simplement.
00:42:42 - Autre sujet dans l'actualité, le système français
00:42:44 des sapeurs-pompiers volontaires serait en danger.
00:42:46 - Un rapport confidentiel de l'inspection générale
00:42:49 de l'administration des sapeurs-pompiers dénonce
00:42:51 des méthodes anarchiques dans le fonctionnement du volontariat
00:42:54 et de la rémunération. De leur côté, les volontaires
00:42:57 aimeraient être considérés comme des travailleurs à part entière.
00:43:00 Reportage en Gironde d'Antoine Estève.
00:43:03 - Nous avons rendez-vous avec des pompiers volontaires
00:43:06 devant cette clinique de Bordeaux.
00:43:08 Une majorité d'entre eux affirment passer la plupart du temps
00:43:10 à attendre les transferts de personnes malades ou blessées,
00:43:13 un travail d'ambulanciers.
00:43:14 - Les pompiers pour le feu, pour les accès aux naroutes,
00:43:17 pour le secours à personne, mais pas seulement pour être ambulanciers.
00:43:21 - Les pompiers volontaires souffrent d'un manque de reconnaissance.
00:43:23 Beaucoup ont un travail dans le civil, d'autres sont au chômage,
00:43:26 alors ils font des gardes à la caserne, la nuit ou pendant
00:43:29 leurs jours de congé.
00:43:30 - On regarde à peu près le salaire de mon fable de ménage.
00:43:32 - Je n'ai rien contre les femmes de Bordeaux,
00:43:33 je veux juste dire que quelle que soit ta spécificité,
00:43:35 on sait que ça coûte beaucoup moins cher que d'embaucher un professionnel.
00:43:38 - C'est le manque de pompiers professionnels en France
00:43:40 qui pousse à utiliser cette main d'oeuvre facilement mobilisable,
00:43:43 sans compter les heures.
00:43:44 - Aujourd'hui, on arrive à des aberrations où les gens,
00:43:47 en plus de leur travail, enchaînent sur des gardes volontaires,
00:43:49 enchaînent sur des astreintes de nuit, partent en intervention la nuit
00:43:52 et doivent rembaucher le lendemain matin.
00:43:53 On arrive à des taux d'éveil, deux jours sans dormir,
00:43:56 trois jours sans dormir.
00:43:57 - Un rapport de l'inspection des pompiers affirme que la profession
00:43:59 doit se mettre en conformité avec les directives européennes
00:44:02 sur le temps de travail.
00:44:03 - C'est ni plus ni moins qu'un travail au noir.
00:44:06 L'Etat français cautionne un travail au noir
00:44:08 depuis plus de 30 ans aujourd'hui en France.
00:44:11 Et l'Union européenne a milené dedans
00:44:14 et effectivement, ce n'est pas quelque chose qui est acceptable.
00:44:17 - La directive européenne pourrait diviser par deux la disponibilité des pompiers
00:44:21 en imposant 600 heures de garde aux volontaires par an
00:44:24 contre plus de 1 000 actuellement,
00:44:26 ce qui réduirait de moitié le personnel disponible
00:44:29 en affaiblissant terriblement le système des secours en France,
00:44:32 notamment pendant les horaires de nuit.
00:44:34 - A l'Assemblée nationale maintenant,
00:44:36 une proposition de loi est débattue aujourd'hui
00:44:38 pour lutter contre les pénuries de médicaments.
00:44:41 Le texte prévoit de contraindre les industries pharmaceutiques
00:44:44 à stocker davantage de médicaments,
00:44:46 une mesure qui réjouit les patients.
00:44:48 Les professionnels, eux, sont plus sceptiques.
00:44:50 Reportage de Michael Chahiau.
00:44:53 - C'est le quotidien du pharmacien, la course aux médicaments.
00:44:57 - Là, je vous montre actuellement la dernière commande que j'ai passée
00:45:01 et donc la totalité des produits qui ne m'ont pas été livrés
00:45:04 puisqu'on est passé sur le répartiteur de secours
00:45:07 qui lui non plus n'en a pas.
00:45:08 - Ici, la moxiciline vient d'Allemagne avec emballage dans la langue de Goethe.
00:45:12 L'an dernier, les signalements de rupture de stock ont augmenté de 30 %.
00:45:16 Obliger les industriels du médicament à stocker plus,
00:45:19 sous peine de sanctions financières,
00:45:21 cette association de patients vivancaux.
00:45:23 - France Asso Santé souhaite 4 mois de stock tournant.
00:45:28 Ces stocks seront déstockés en cas de pénurie.
00:45:31 Donc, c'est une manière de prévenir les pénuries pour les patients.
00:45:36 - 4 mois de stock obligatoire au lieu de 2 actuellement,
00:45:39 notamment sur les 6 000 médicaments d'intérêt majeur.
00:45:42 C'est le cœur de la proposition de loi présentée à l'Assemblée.
00:45:45 Mais pour ce pharmacien, cela ne répond pas du tout à l'urgence du moment.
00:45:49 - C'est comme si on disait à l'Ukraine,
00:45:52 "Vous avez besoin d'armes, mais on ne va pas vous les fournir maintenant.
00:45:55 On va d'abord nous faire nos réserves et ensuite, on vous les donnera."
00:45:58 On a vraiment besoin des médicaments maintenant
00:46:00 et on a besoin qu'ils les libèrent maintenant.
00:46:02 - Les industriels du médicament sont aussi sceptiques
00:46:05 par rapport à cette proposition de loi, car stocker, ça coûte cher.
00:46:09 - Vladimir Poutine répond à Emmanuel Macron.
00:46:12 - Depuis Moscou, le président russe a estimé qu'un envoi de troupes occidentales
00:46:16 sur le sol ukrainien, hypothèse avancée par Emmanuel Macron,
00:46:19 crée un risque réel de conflit nucléaire.
00:46:22 On écoute le chef du Kremlin.
00:46:25 - L'Occident nous a imposé une guerre en Ukraine
00:46:29 et continue de mentir en nous accusant de vouloir attaquer l'Europe.
00:46:38 Il évoque la possibilité d'envoyer des soldats de l'OTAN en Ukraine.
00:46:44 Nous nous souvenons tout de même qu'elle était le sort
00:46:50 de ceux qui ont envoyé des soldats sur le territoire de notre pays.
00:46:56 Les conséquences pour tous ceux qui voudront intervenir seront des plus tragiques.
00:47:06 - Merci, Michael.
00:47:08 Rendez-vous d'ici quelques minutes pour un nouveau rappel de l'actualité.
00:47:12 Je vous présente mes invités.
00:47:14 Après une courte pause, on débattra de l'audition de Judith Godrech
00:47:20 qui demande un meilleur encadrement des jeunes actrices sur les plateaux de tournage
00:47:25 et qui dénonce la complaisance, voire même la complicité,
00:47:28 au fil des décennies autour des violences infligées à de très jeunes filles
00:47:32 et de très jeunes garçons qui s'engagent dans ce milieu du cinéma.
00:47:39 Nous sommes de retour. On va entamer le débat avec nos invités.
00:47:42 André Tchikodikola est resté éditorialiste pour La Marseillaise.
00:47:45 Merci d'être là. A vos côtés, Violette Spilbou, députée Renaissance du Nord.
00:47:49 Merci d'avoir répondu à notre invitation.
00:47:51 Karim Zérébi est là également. Je rappelle que vous êtes ancien député européen, Karim.
00:47:54 Et Judith Vintraub, grand reporter.
00:47:56 J'aimerais qu'on parle évidemment de l'IVG qui sera, sauf énorme surprise, inscrit dans notre Constitution
00:48:03 puisqu'après l'Assemblée nationale, c'était au tour du Sénat de l'adopter par 348 voix.
00:48:09 Ça ouvre évidemment la voie à un vote du Parlement réuni en Congrès.
00:48:14 Et on précise quand même que la France devient ainsi le premier pays à adopter cette mesure,
00:48:19 ou deviendra le premier pays à l'adopter.
00:48:21 C'est un sujet que vous allez commenter, Michael. C'est parti.
00:48:24 Ce soir, le Sénat a écrit une nouvelle page du droit des femmes.
00:48:29 Ce vote est historique.
00:48:33 Après trois heures et demie de débat, le Sénat a validé l'inscription dans la Constitution française
00:48:37 de la liberté de recourir à l'IVG.
00:48:40 Dès l'ouverture de séance, Éric Dupond-Moretti met la pression sur les parlementaires.
00:48:45 Les Françaises, les Français nous regardent et attendent que nous soyons tous,
00:48:50 collectivement, à la hauteur de l'attente populaire,
00:48:55 à la hauteur des combats passés, à la hauteur de la vocation universelle de la France.
00:49:02 Quelques minutes plus tard, Stéphane Raviey, seul contre tous,
00:49:05 défend sa motion de rejet contre la constitutionnalisation de l'IVG.
00:49:10 Mélanie Vogel, élue écologiste, prend la parole. Le ton monte.
00:49:14 Vous avez un seul mérite.
00:49:16 C'est la constance que vous avez à pouvoir nous démontrer que nous avons raison de vous donner tort.
00:49:23 On vous a pas empêché de parler.
00:49:26 Assieds-toi et ferme la.
00:49:28 Dans le texte final, l'exécutif prévoit que la loi détermine les conditions
00:49:32 dans lesquelles s'exerce la liberté garantie à la femme d'avoir recours à une IVG,
00:49:37 une liberté garantie qui n'est pas du goût des Républicains.
00:49:41 Il y aurait donc dans la Constitution des libertés et des droits garantis et d'autres qui ne le seraient pas.
00:49:48 Finalement, l'amendement des Républicains, comme tous les autres, seront rejetés.
00:49:52 Le vote final aura lieu lundi à Versailles. Le Parlement va s'y réunir en Congrès.
00:49:57 348 sénateurs étaient présents, 260 voix pour et donc 50 qui se sont opposés au texte tel qui était présenté.
00:50:06 Juliette Spilbou, lorsque vous avez appris la nouvelle, vous avez été, comme beaucoup,
00:50:11 on a vu ces scènes d'émotion intense parmi les sénatrices qui étaient présentes.
00:50:14 Vous, vous étiez emprunt d'un sentiment de soulagement intense.
00:50:18 Comment vous avez réagi ?
00:50:19 Un soulagement, mais surtout une émotion en pensant à toutes les femmes et en particulier en pensant à Aurore Berger,
00:50:25 dont j'avais entendu l'intervention à l'Assemblée nationale en juin quand elle avait déposé la première proposition de loi.
00:50:32 Puis en novembre, on sait l'histoire qu'elle a traversée, on sait que c'est au nom de toutes les femmes.
00:50:36 Alors finalement, aujourd'hui, elle est ministre sur ces questions-là, mais c'est au nom de toutes les femmes
00:50:41 et des droits qui ont été bafoués dans des pays pas si loin de nous, les États-Unis, la Hongrie, la Pologne,
00:50:47 qu'elle s'est engagée, que d'autres partis politiques se sont engagés à l'Assemblée et au Sénat,
00:50:51 et qu'on arrive aujourd'hui, même au Sénat, à avoir un vote qui nous permet de nous réunir lundi prochain en congrès réuni.
00:50:58 Enfin, moi, je pense qu'en tant que nouvelle députée depuis 2022,
00:51:02 pouvoir vivre un moment comme celui-là, d'inscrire dans la Constitution un droit garanti pour les femmes
00:51:08 à disposer de la liberté de leur choix, ça va être un moment extrêmement solennel, extrêmement important.
00:51:16 Et puis je crois qu'à l'heure où on voit beaucoup de démocratie, où ce sont les femmes les premières victimes,
00:51:22 il n'y a jamais trop de garantie pour le droit des femmes.
00:51:24 - Judith Ventrobbe, finalement, évidemment, ce vote est en adéquation avec la volonté de la plupart des Français,
00:51:29 86% qui souhaitaient l'inscription de facto de l'IVG dans la Constitution.
00:51:34 On a vu aussi que du côté des sénateurs, hommes, parce qu'on rappelle la prépondérance quand même des hommes dans cette Assemblée,
00:51:42 les choses avaient beaucoup évolué. Beaucoup disent, d'ailleurs de leur propre aveu, avoir beaucoup évolué sur la question
00:51:49 à force de s'entretenir avec les femmes de leur entourage, des femmes qui avaient une influence et qui pouvaient donner leur point de vue.
00:51:56 Ils ont peut-être compris certaines choses aussi au passage.
00:51:58 - Ils disent très exactement qu'ils avaient peur, en ne votant pas l'inscription dans la Constitution,
00:52:05 de se faire engueuler par leurs épouses, filles et autres femmes de leur entourage.
00:52:09 - Mais peut-être que certains ont réellement évolué sur la question quand même.
00:52:12 - Moi, je suis tout à fait pour que le droit à l'avortement perdure dans les meilleures conditions possibles,
00:52:21 mais je suis comme Philippe Bas, je ne sais pas ce qu'est un droit garanti par rapport à un droit opposable.
00:52:28 Je vais vous dire ce qu'est un droit opposable. Un droit opposable, ça veut dire que dans une région, par exemple,
00:52:35 où il n'y aurait pas de médecins qui acceptent de pratiquer cet acte, la loi dirait droit opposable,
00:52:42 donc vous le pratiquez quand même, y compris si c'est contre vos convictions.
00:52:47 Or, Éric Dupond-Moretti a dit "ce n'est pas un droit opposable". Alors qu'est-ce que c'est ?
00:52:53 - Vous pouvez peut-être le répondre sur cette question quand même.
00:52:57 Un droit garanti, c'est un droit de pouvoir avoir accès et de pouvoir, lorsque l'on est dans le délai,
00:53:07 pouvoir aller vers un service de soins où l'on trouvera la réponse et où surtout,
00:53:13 la garantie ne sera pas levée par un parti politique qui aurait, par exemple, gagné une élection,
00:53:19 comme on l'a vu dans d'autres pays, et qui aurait décidé, avec sa simple majorité,
00:53:26 d'abroger une loi, la loi Veil, en France. Parce qu'en fait, la différence, c'est que
00:53:30 quand c'est dans la Constitution, il faut pouvoir réunir les deux parlements,
00:53:34 avoir une majorité beaucoup plus large pour enlever un droit de la Constitution,
00:53:39 et ça va empêcher, effectivement, la décision qu'on prendra lundi,
00:53:43 que tout simplement, avec une majorité simple, la loi Veil puisse s'abroger.
00:53:48 Et nous, on veut absolument que ce droit perdure dans le temps.
00:53:51 - Donc elle pourra l'être avec une majorité des deux tiers.
00:53:53 - Il y a plusieurs choses ici. Revenons sur le droit garanti et sur l'accès
00:53:58 à ce genre d'interruption volontaire de grossesse. Il faut qu'il puisse être garanti.
00:54:03 Ça veut dire lutter contre les déserts médicaux, aussi, Karim Zeribi.
00:54:06 Parce qu'on a vu que les femmes n'avaient pas toutes le même accès
00:54:09 dans des moments qui sont traumatisants et pénibles pour elles à vivre,
00:54:14 dans la plupart des cas, on l'imagine. Ce n'est pas une décision anodine
00:54:18 à l'échelle d'une vie. Donc il faut aussi lutter contre ces freins-là.
00:54:23 Et c'est ça qu'il faut garantir en réalité.
00:54:25 - Oui, mais la question des déserts médicaux dépasse largement le cadre de l'IVG,
00:54:28 du droit à l'IVG. Je pense que pour d'autres sujets...
00:54:30 - Oui, mais appartenamment, on l'a inscrit comme tel dans la Constitution.
00:54:32 - Oui, mais je ne pense pas qu'on puisse répondre aux déserts médicaux
00:54:38 simplement parce qu'on a mis un droit de garantie.
00:54:41 Je crois que c'était surtout une volonté d'affirmer avec une certitude
00:54:45 que les femmes auront ce droit, quelles que soient les circonstances,
00:54:50 quel que soit l'endroit où elles se trouvent, sur le territoire national.
00:54:53 C'était ça, surtout l'idée du droit garantie, me semble-t-il.
00:54:56 - Mais il faut que tout s'accompagne.
00:54:57 - Je vous avoue qu'au départ, au tout début, quand on a évoqué l'intégration
00:55:02 dans la Constitution de l'IVG, j'étais perplexe. Pourquoi ?
00:55:05 Parce que dans mon esprit, ce droit n'allait pas être mis en cause pour les femmes.
00:55:12 C'était un droit qui a acquis, qu'il fallait conforter.
00:55:15 Il y a un cadre qui permet l'IVG. Je ne voyais pas ce droit en danger.
00:55:18 Je me suis dit qu'on est souvent sur les questions sociétales
00:55:22 plus que sur les questions sociales dans notre pays.
00:55:25 Parfois, il y a des diversions politiques qui sont tentées par des gouvernements
00:55:28 pour ne pas aborder les vrais sujets profonds, structurants.
00:55:31 J'étais un peu perplexe. Au fur et à mesure des oppositions,
00:55:34 je me suis dit que finalement, peut-être qu'il faut l'intégrer
00:55:38 parce que selon qui arrive au pouvoir demain,
00:55:40 peut-être que ce droit pourrait être remis en question.
00:55:42 Après, dans ce débat, je souhaite qu'on respecte toutes les consciences.
00:55:46 À la fois celles qui sont pour le droit à l'IVG,
00:55:49 et une grande majorité de nos compatriotes le sont,
00:55:52 mais il y a des gens, par conviction religieuse,
00:55:54 qui sont opposés. Il faut les respecter.
00:55:56 Ce droit est dans la Constitution, c'est très bien.
00:55:58 - On parle de liberté, en fait. On parle juste de liberté.
00:56:00 - Oui, oui. - Non, mais Karim parle des médecins.
00:56:02 - Oui, mais je parle aussi... Oui, il y a des médecins
00:56:04 qui ont une conviction religieuse.
00:56:06 On va les forcer envers et contre tout.
00:56:09 Donc, à pratiquer un acte,
00:56:11 quand vous n'êtes pas convaincu,
00:56:13 peut-être potentiellement, ça peut mettre la vie de la femme en danger.
00:56:16 - Alors, est-ce que ça remet en question la...
00:56:18 - Juste peut-être une précision.
00:56:20 Il me semble que dans... Enfin, je n'ai pas les statistiques parfaitement en tête,
00:56:23 mais il n'y a pas que l'acte chirurgical
00:56:25 dans l'interruption volontaire de grossesse.
00:56:28 Il y a la pilule abortive.
00:56:29 On voit qu'en Pologne, par exemple,
00:56:31 il y a une femme qui a été condamnée à 8 mois
00:56:33 de travaux d'intérêt général
00:56:35 parce qu'elle avait donné une pilule abortive
00:56:37 à une jeune mineure.
00:56:39 Et donc, on voit qu'en Hongrie,
00:56:41 on oblige la femme, avant l'acte qu'elle a décidé,
00:56:44 d'écouter le coeur du bébé.
00:56:46 C'est ça, en fait, que l'on ne veut pas voir vivre en France.
00:56:50 Et on veut aussi montrer l'exemple.
00:56:52 Je vous l'avais rappelé que la France est le premier pays au monde.
00:56:54 C'est un message qui est envoyé aussi à toutes les femmes dans le monde
00:56:57 qui ont, dans beaucoup de pays, leurs droits bafoués.
00:56:59 - André CiccoDiccola, vous étiez convaincu dès le départ
00:57:02 qu'il fallait inscrire l'IVG dans la Constitution ?
00:57:04 - Oui, parce que c'est une sécurité supplémentaire pour les femmes.
00:57:07 C'est une garantie supplémentaire.
00:57:09 Droits opposables ou droits garantis ?
00:57:12 On sait bien, par exemple, qu'on connaît le droit opposable au logement.
00:57:16 - Qui ne marche pas, d'ailleurs.
00:57:18 - Et ça laisse des dizaines de milliers de gens dans la rue.
00:57:21 Donc, on voit bien qu'il est nécessaire d'avoir, j'allais dire,
00:57:26 des garanties supplémentaires.
00:57:28 - Ça montre que c'est parfaitement inefficace, en tout cas.
00:57:31 - Et cela a été dit, mais c'est vrai que lorsque quelque chose
00:57:33 est inscrit dans la Constitution, c'est moins simple de le défaire.
00:57:38 Et on a vu l'exemple aux États-Unis, où dans la foulée
00:57:42 de la présidence de Trump, 14 États qui se sont opposés à l'IVG.
00:57:46 Il y a des régimes nationalistes, vous les citiez tout à l'heure,
00:57:51 en Pologne, et l'extrême droite, s'opposaient à l'IVG.
00:57:55 Et bien, dans le cadre d'un droit constitutionnel,
00:57:58 ça devient extrêmement compliqué.
00:58:00 Donc, c'est vraiment une garantie supplémentaire pour les femmes.
00:58:03 Et, j'allais dire, ce n'est pas qu'elles le méritent.
00:58:05 C'est leur droit de disposer de leur corps.
00:58:08 Il est inadviennable. Il doit être inadviennable.
00:58:11 - Vous parlez à une convaincue.
00:58:12 - Oui. - Rendez-vous lundi.
00:58:13 Pour le vote, on n'a pas fini d'en parler, bien évidemment.
00:58:15 Il ne devrait pas y avoir de surprises, on l'espère.
00:58:18 On en vient au plaidoyer de Judith Gaudrech,
00:58:20 auprès des sénateurs, aujourd'hui, pour une meilleure protection
00:58:23 des acteurs mineurs sur les tournages.
00:58:26 Elle qui a été aux prises des adultes, abusée,
00:58:29 dans l'indifférence générale, d'ailleurs, à l'époque.
00:58:31 Elle l'a beaucoup rappelée, alors qu'elle était déjà
00:58:34 une star adolescente.
00:58:35 Donc, elle a été auditionnée ce matin avec des mots très forts
00:58:38 et des propositions concrètes, aussi, qu'on pourra commenter.
00:58:41 Écoutez.
00:58:42 - Combien de petites filles, de petits garçons,
00:58:45 combien de petits pieds dans la porte seront nécessaires
00:58:49 avant que cette société réagisse pour toujours,
00:58:53 afin que nous puissions jouer les rôles de notre vie
00:58:57 sans nous faire voler notre enfance, abuser, frapper ?
00:59:02 Sans que nous soyons réduites à un pâle souvenir,
00:59:06 l'image douloureuse d'une jeune femme en robe noire pailletée
00:59:10 qui ressort aujourd'hui dans la presse, sur Internet.
00:59:14 Elle est assise sur un canapé, un verre à la main.
00:59:17 Adèle, où es-tu ?
00:59:19 Adèle, quel aurait été ton destin si la salle, ce soir-là,
00:59:22 la salle des Césars, avait été peuplée de juges durant ?
00:59:26 - Judith Vintrobes, elle propose aussi un encadrement,
00:59:29 une protection avec des référents à plusieurs niveaux,
00:59:32 parce que c'est aussi comme ça qu'on va pouvoir lutter contre ce fléau.
00:59:36 On va en parler de manière un peu plus transversale,
00:59:38 mais c'est vraiment d'avoir des adultes responsables et conscients
00:59:42 qui s'occupent aussi de ces jeunes
00:59:44 qui sont trop souvent la proie de ces prédateurs sexuels.
00:59:48 - Moi, je ne pense pas du tout que la solution soit de mettre un flic
00:59:51 derrière chaque metteur en scène, puisque ça revient à ça,
00:59:54 ou derrière chaque acteur masculin.
00:59:57 La première chose, c'est l'éducation des filles.
01:00:00 Ça, ça prend à ne pas dire oui, ou plutôt à savoir dire non.
01:00:05 Il faut avoir des parents derrière.
01:00:08 L'attitude des parents de Judith Godrech interroge,
01:00:12 pour ne pas dire pire.
01:00:14 Vous parliez d'indifférence, moi, je parlerais même de complaisance.
01:00:17 - D'accord, mais elle dit avoir 4 500 témoignages du même ordre,
01:00:20 de jeunes gens qui ont vécu la même chose.
01:00:22 - Ce n'est pas le nombre qui compte.
01:00:24 Des parents complaisants ou qui ferment les yeux,
01:00:27 ils peuvent être aussi 2 fois 4 500.
01:00:30 - Karim Zaribi, sur la complaisance des adultes,
01:00:34 et cette époque dont on croyait qu'elle était révolue,
01:00:37 et qui en fait ne l'est pas, puisqu'elle met en garde
01:00:39 sur ce qui se passe au quotidien encore.
01:00:42 - Écoutez, moi, de toute manière, je considère qu'on n'en fait pas assez
01:00:44 pour la protection de l'enfance dans notre pays, plus globalement,
01:00:47 au-delà du cinéma.
01:00:49 Et on sait très bien que la première source de problème,
01:00:54 c'est dans les familles que les victimes se trouvent.
01:00:58 Et j'aimerais, moi, que dans les écoles,
01:01:00 on ait plus de temps d'écoute, de prise en charge,
01:01:04 après il y a les colonies de vacances, après il y a les groupes de sport,
01:01:07 les abus, il y en a partout, il faut qu'on arrête d'être hypocrite.
01:01:10 Vous savez, des fois, on décrète des priorités nationales.
01:01:14 Donc, il y a des sujets, parfois, on dit que c'est des priorités nationales.
01:01:17 On avait dit la lutte contre les violences faites aux femmes,
01:01:21 au début du premier quinquennat.
01:01:23 Là, j'aimerais bien que ce soit la protection de l'enfance à tous les niveaux,
01:01:25 cinéma y compris.
01:01:27 Mais je veux dire, traiter la question du cinéma,
01:01:29 parce qu'il y a quelques affaires qui éclatent,
01:01:31 et faire fi de tout le reste, ça ne me convient pas.
01:01:34 Je voudrais qu'on le traite dans sa transversalité, le problème.
01:01:36 Les enfants sont en danger dans de nombreuses situations dans notre pays,
01:01:39 au XXIe siècle. Et soyons pas hypocrite.
01:01:42 - Est-ce qu'on en fait assez, notamment aussi sur l'inceste ?
01:01:44 - En tout cas, je pense que vous avez raison de faire le lien.
01:01:46 Finalement, ce qui se passe aujourd'hui,
01:01:48 ce voile levé sur le tabou de ce qu'il se passe dans un milieu,
01:01:53 celui du cinéma, qui normalement devrait faire rêver,
01:01:56 c'est pas de l'art, c'est pas du cinéma, c'est de la pédocriminalité.
01:01:59 Et donc, ce que vous dites là, c'est qu'effectivement,
01:02:02 ça libère la parole, ça montre aussi la force et le courage
01:02:05 qu'une femme, en l'occurrence, actrice, Judith Godrej,
01:02:09 a devant tous pour lever ce tabou, peut-être encore plus difficile
01:02:13 dans le cinéma, où on veut garder ce côté un peu paillette
01:02:16 sans voir la réalité. C'est ce qui se passe dans beaucoup de familles.
01:02:19 C'est ce qui se passe aussi dans beaucoup d'autres milieux.
01:02:22 Vous parliez des loisirs et des vacances, mais il y a aussi le sujet du sport.
01:02:25 Nous, aujourd'hui, à l'Assemblée nationale, ce matin,
01:02:28 on avait une discussion sur une loi pour renforcer l'honorabilité dans le sport.
01:02:33 Il y a déjà des conditions, aujourd'hui, de niveau de casier judiciaire
01:02:36 pour avoir des emplois dans le domaine des entraînements sportifs
01:02:40 ou pour être dirigeante de club. Tout est renforcé.
01:02:43 Contrôle annuel, niveau de casier supérieur.
01:02:46 Obligation pour les dirigeants de club de dénoncer lorsqu'ils voient
01:02:51 un acte anormal dans le milieu du sport, parce qu'on le sait,
01:02:54 sur l'exemple de Mme Habib Bol dans le patinage artistique,
01:02:57 des sénateurs se sont mobilisés. Elle a raison, Judith Godrej,
01:03:00 de venir voir le Sénat, et elle le fait, vous avez raison,
01:03:03 pour le milieu du cinéma, la culture, le sport, les loisirs,
01:03:06 mais aussi pour toutes les familles françaises où il y a des horreurs.
01:03:10 - C'est ce qu'elle dit un peu plus tard dans son audition,
01:03:13 il y a trop de complaisance, de complicité, même de la part des adultes,
01:03:16 qui se protègent ou qui protègent une sorte d'écosystème.
01:03:18 C'est ça aussi qu'il faut dénoncer.
01:03:20 - Ça a été dit, il faut parfois protéger les enfants des parents,
01:03:23 parce que l'inceste se fait souvent dans un milieu familial,
01:03:27 bien évidemment. Il y a 160 000 enfants qui sont victimes de crimes sexuels.
01:03:32 Et je pense qu'une des grandes questions qui se posent,
01:03:36 c'est que le crime sexuel ne peut pas être prescriptible.
01:03:40 Je pense qu'il doit être imprescriptible.
01:03:43 Ça, je pense que c'est une mesure qui peut peut-être en retenir que non.
01:03:47 - En raison du trauma qui fait que parfois on bloque
01:03:50 pendant un certain nombre d'années et qu'on réalise les choses
01:03:53 qui reviennent à la surface à l'âge adulte.
01:03:55 - Absolument. Parce que pour les victimes, je veux dire,
01:03:58 pour elles, c'est infligé à vie. Ça les marque pour toute la vie.
01:04:02 Priorité en effet en enfance, c'est vrai qu'on devrait mettre sur ces questions,
01:04:06 sur ces questions dramatiques, mais aussi sur l'éducation.
01:04:09 Parce que les enfants ne sont pas aujourd'hui dans un bain, j'allais dire,
01:04:14 qui leur permet de s'éclore.
01:04:16 Normalement, on manque en France une vraie politique à l'égard de l'enfance.
01:04:20 - Alors j'aimerais qu'on fasse une petite incise dans cette émission
01:04:24 avec le rappel des titres de Michael Dos Santos. Il est 15h31.
01:04:28 - Le Hamas fait état de 104 morts à Gaza lors d'une distribution d'aide humanitaire.
01:04:33 Les civils ont été touchés par des tirs de l'armée israélienne,
01:04:37 des tirs confirmés par Tsaïl, qui explique que certains de leurs soldats
01:04:40 aient été menacés dans une livraison qui aurait viré au chaos.
01:04:44 Ali Dalgo refuse de classer la tour Eiffel comme monument historique.
01:04:48 La maire de Paris a rejeté la proposition de son opposante
01:04:51 au conseil de Paris, Rachida Dati.
01:04:54 L'élu a invité en revanche l'Etat à s'acquitter de son dû.
01:04:57 Selon elle, il devrait 1,4 millions d'euros pour des travaux sur la dame de fer.
01:05:02 Et puis enfin, la ligne TGV Paris-Lyon sera fermée 4 jours pour travaux.
01:05:07 La ligne la plus fréquentée d'Europe va être interrompue du 9 au 12 novembre prochain
01:05:11 pour l'équiper d'un nouveau système de signalisation.
01:05:14 Objectif, entre autres, améliorer la régularité et la fiabilité des trains,
01:05:18 mais aussi augmenter la capacité de la ligne de 25% d'ici à 2030.
01:05:22 Merci beaucoup, Michael. De retour tout à l'heure à 16h pour votre nouveau journal.
01:05:27 J'aimerais qu'on parle d'un problème structurel dans notre pays
01:05:29 qui revient avec insistance. On l'a beaucoup commenté avec vous, Karim et Judith,
01:05:33 notamment, c'est le nombre de places de prison qui manque à l'appel, sous-entendu.
01:05:37 Il en manque donc près de 30 000 pour accueillir l'ensemble des condamnés à de la prison ferme.
01:05:41 On se souvient qu'Emmanuel Macron avait émis cette promesse
01:05:44 en construction de 15 000 nouvelles places, mais c'était en 2017.
01:05:48 Force est de constater que le contrat n'est pas rempli.
01:05:50 Explication de Maxime Legay.
01:05:52 Des cellules de prison comme celle-ci, il en manque plusieurs dizaines de milliers en France.
01:05:59 Au 1er janvier 2024, les prisons françaises comptaient 75 897 détenus
01:06:05 pour seulement 61 767 places opérationnelles, soit une surpopulation carcérale de 122,9%.
01:06:13 A cela s'ajoutent les 15 750 écroués qui effectuent leur peine en détention à domicile,
01:06:19 sous bracelet électronique. Au total, ce sont donc 91 647 condamnés à de la prison ferme
01:06:25 pour seulement 61 767 places de prison, soit près de 30 000 places manquantes.
01:06:31 Pour faire face à ce problème, Emmanuel Macron avait promis en 2017
01:06:36 la construction de 15 000 nouvelles places de prison d'ici la fin de son premier quinquennat.
01:06:41 Objectif finalement repoussé à 2027.
01:06:44 Et pour cause, à la fin 2023, les prisons françaises comptaient seulement 4 300 nouvelles places construites,
01:06:51 un chiffre bien éloigné de l'objectif initial.
01:06:54 Selon le ministère de la Justice, près de 3 000 nouvelles places de prison
01:06:58 seront opérationnelles d'ici la fin 2024.
01:07:02 On est loin de l'objectif, fin 2024, 3 000 places. Pourquoi on n'y arrive pas, Karim ?
01:07:07 Je pense qu'il y a plusieurs paramètres. D'abord, il y a clairement un manque de volonté politique.
01:07:12 Moi, je le dis, on n'a pas fait de ce sujet une priorité.
01:07:15 Or, il est fondamental ce sujet, d'abord pour éloigner les gens dangereux,
01:07:19 effectivement, de la société, un temps donné, mais aussi pour garantir la dignité
01:07:23 d'une peine d'enfermement. Et on est souvent retoqué par l'OIP,
01:07:27 l'Observatoire international des prisons, parce que la surpopulation carcérale
01:07:31 met à mal aussi les processus de réinsertion.
01:07:34 Or, si on coupe de la liberté un individu et qu'en ressortant,
01:07:38 il est pire qu'avant d'y rentrer, nous n'avons rien fait avancer pour la société.
01:07:42 Il faut absolument construire des places de prison, d'abord pour pouvoir incarcérer.
01:07:47 Et il y a énormément de magistrats qui ne promulguent plus cette peine-là,
01:07:51 parce qu'ils n'en ont plus les capacités, et donc ils mettent le bracelet,
01:07:54 ils font des peines intermédiaires, alors qu'ils voudraient parfois incarcérer,
01:07:57 mais il n'y a pas les places. Et puis, de l'autre côté, effectivement,
01:08:00 améliorer les processus de réinsertion. Les maires, parfois, sont opposés.
01:08:03 À la construction de leur commune. Et les habitants aussi. Il faut le dire.
01:08:07 Mais un projet de construction de prison, ça doit s'effectuer dans une conception,
01:08:11 je dirais, d'un ensemble territorial. Et il faut le faire en adéquation
01:08:15 avec la population pour expliquer aussi potentiellement les avantages.
01:08:18 Il n'y a pas que des inconvénients. Ça peut rebooster une commune
01:08:21 qui est en mal d'habitant, avec à peu près 280 agents et leurs familles,
01:08:28 pour 600 places de prison, par exemple. C'est les ratios.
01:08:31 Donc, qui viendraient habiter dans une commune.
01:08:33 - Les sous-traitants, les entreprises locales...
01:08:35 - Oui, ça peut booster l'économie, ça peut redonner un peu du sens.
01:08:38 Mais les gens ont peur, parce que parfois, vous avez des semi-libertés
01:08:41 pour les détenus. Et les semi-libertés, ça veut dire qu'ils ne peuvent pas
01:08:43 trop s'éloigner du lieu de la détention.
01:08:45 - Et donc, ils sont au contact de la population générale.
01:08:47 - Ça veut dire qu'ils risqueraient d'avoir dans leur environnement
01:08:49 des détenus qui se baladent. Donc, tout ça, ça s'explique.
01:08:51 Il faut faire preuve de pédagogie. Ça se construit avec les élus
01:08:54 et avec la population. Je ne sais pas si ce travail a été entamé
01:08:57 depuis 2017, pour tout vous dire. - On en parlait tout à l'heure.
01:09:00 Effectivement, on est toujours surpris de voir que la plupart des Français
01:09:03 sont pour. On peut vous montrer ce sondage, à nouveau.
01:09:05 83% qui souhaitent, effectivement, qu'on aille vers plus de places de prison.
01:09:08 Mais dans les faits, quand on discute avec les administrés des communes,
01:09:11 effectivement, il y a un blocage. En tout cas, ça, c'est pas à mettre
01:09:14 à l'actif. On parle souvent de bilan d'Emmanuel Macron.
01:09:16 On ne peut pas mettre ça à son actif, si on veut rester tout à fait objectif.
01:09:20 - Oui, mais effectivement, il faut rester sur un objectif ambitieux.
01:09:23 On a eu cette discussion à l'Assemblée nationale sur le nombre de places,
01:09:26 le budget. Donc, tout ça est sanctuarisé.
01:09:28 Mais la difficulté, c'est le côté opérationnel.
01:09:31 D'abord, ce que vous disiez, c'est l'opposition des élus,
01:09:35 malgré un travail de proximité avec l'État.
01:09:38 On parlait tout à l'heure d'un exemple près d'Avignon.
01:09:41 Je vérifiais que j'étais bien à Antreg sur la Sorgue,
01:09:45 qui est un projet qui est prévu depuis longtemps,
01:09:47 où il y a eu de nombreuses concertations, où le terrain a été identifié.
01:09:50 Mais c'est un grand terrain. C'est 25 000 m2, 400 places nouvelles de prison.
01:09:54 Eh bien, ça a traîné, ça a traîné. Maintenant, c'est lancé.
01:09:57 Mais les élus, les habitants étaient contre ce projet.
01:10:00 En fait, les Français sont pour, mais pas près de chez eux,
01:10:03 parce qu'il y a ce sujet des semi-libertés.
01:10:05 C'est la même chose quand on veut installer un centre d'éducation fermée
01:10:10 pour de jeunes adolescents délinquants.
01:10:12 Eh bien, moi, près de Lille, il y a un projet qui crée beaucoup de débats et d'opposition.
01:10:16 Il va même y avoir des recours dans les tribunaux administratifs
01:10:19 par des collectifs d'habitants, parce qu'ils ne veulent pas se sentir près de chez eux,
01:10:23 même si on les rassure, même si on fait ce travail de concertation.
01:10:25 Et on a une responsabilité collective.
01:10:27 Il y a 50 établissements ou projets d'agrandissement à faire d'ici 2027.
01:10:33 Il y en a 19 qui sont lancés ou presque terminés, mais il y a encore du boulot.
01:10:37 Et même moi, dans le Nord, j'ai Arras, j'ai Lille-Los aussi,
01:10:41 des projets d'extension, des projets de nouveaux services d'accueil.
01:10:44 Ce n'est pas évident, parce qu'on ne peut pas dire "on en veut partout"
01:10:48 et aller contre l'avis des élus locaux en frontale.
01:10:51 Vous parlez de responsabilité collective, mais revenons, Judith, quand même,
01:10:54 à ce qu'évoquait Karim, c'est-à-dire ce manque.
01:10:58 J'aimerais qu'on recentre aussi sur le manque de volonté politique.
01:11:01 C'est aussi votre avis ? Il y a eu un manque, pas tant de volonté ?
01:11:03 Oui, bien sûr. Et puis, pour répondre à Violette Spilbou,
01:11:06 quand l'État veut imposer des centres d'accueil pour migrants,
01:11:12 il ne s'embarrasse pas des résistances des populations locales,
01:11:15 absolument sur tout le territoire, comme on a pu le voir.
01:11:19 Souvent, ce sont des établissements qui existent déjà ?
01:11:21 Non, non, non. Pardon, je vous renvoie sans modestie aucune
01:11:25 aux enquêtes que j'ai faites. Ça peut être un hôtel,
01:11:29 ça peut être un établissement qui n'a pas du tout cette vocation-là.
01:11:32 Et là, quand l'État veut, je vous assure que l'État peut.
01:11:36 Et même si la population est vend-debout, même si les maires sont vend-debout.
01:11:40 Juste pour répondre plus précisément à votre question sur la volonté politique,
01:11:45 moi j'observe que depuis des dizaines d'années,
01:11:50 les gouvernements mettent beaucoup plus de volonté et de force
01:11:55 à développer des peines alternatives à la prison et à empêcher l'incarcération,
01:12:02 parce qu'on a parlé des juges qui, spontanément, ne donnent pas de peine de prison
01:12:06 parce qu'il n'y a pas la place, mais la loi joue aussi.
01:12:08 Et depuis, Rachida Dati aussi a développé une interdiction d'enfermer les gens
01:12:16 en deçà de certaines peines. Ça ne s'est jamais démenti.
01:12:20 André Tchéko-Nicolas a plusieurs sensibilités.
01:12:22 Vous faites partie de cette école qui dit que l'enfermement, à tout prix,
01:12:25 ce n'est pas forcément la panacée.
01:12:27 Ça a été développé et théorisé par d'autres gardes des sceaux aussi.
01:12:30 Vous allez voir si je suis un bon élève ou pas.
01:12:32 Non, je veux dire qu'il faut en effet construire des prisons,
01:12:36 simplement pour des raisons, y compris d'abord humanitaires, vous l'avez rappelé,
01:12:40 parce qu'être assis dans une...
01:12:42 Dans des conditions acceptables aux célébrités.
01:12:44 Mais être assis dans 9 m², ça devient des fausses.
01:12:47 En plus, il n'y a pas de politique de réinsertion réelle en France.
01:12:50 C'est la première chose.
01:12:51 Et aujourd'hui, il faut s'interroger sur la prison.
01:12:54 La prison est aussi l'école du crime.
01:12:56 Et Sarkozy avait raison, bien raison, quand il disait qu'elles étaient aussi
01:13:01 ces prisons des écoles de la radicalité.
01:13:03 D'ailleurs, je me suis toujours interrogé en me disant,
01:13:05 mais pourquoi est-ce qu'il veut plus de prison ?
01:13:07 Puisque ce sont des écoles de la radicalité.
01:13:09 L'autre chose, c'est quand même, je pense que nous devrions quand même
01:13:12 nous interroger aussi sur cette société française qui devient
01:13:15 de plus en plus violente, où il faut de plus en plus de cellules de prison, etc.
01:13:19 Je veux dire qu'il y a là un problème de fond qui va bien falloir aborder un jour ou l'autre.
01:13:23 - Alors, Jérémie Spilbou, si vous voulez lui répondre,
01:13:25 et puis Karim aussi qui sollicite la parole.
01:13:26 - Moi, je voulais peut-être répondre deux choses.
01:13:28 La première, c'est qu'installer un centre d'accueil ou un foyer de logement
01:13:32 pour des migrants dans un hôtel vacant ou un hôtel réquisitionné
01:13:37 pour pouvoir loger temporairement des migrants,
01:13:40 ce n'est pas la même chose que construire des places de prison
01:13:42 qui nécessitent une vraie construction.
01:13:44 Même les projets d'extension, tout ça répond à des normes
01:13:46 qui ont des délais administratifs.
01:13:48 - Non, non.
01:13:49 - Voilà, qui ont des délais administratifs.
01:13:50 En tout cas, je pense que ce n'est pas une question de volonté.
01:13:52 - On parlait de l'action de la population.
01:13:53 - Oui, oui, j'entends.
01:13:54 Mais en tout cas, je ne me vois pas accueillir des personnes
01:13:56 qui doivent être en prison dans un hôtel qui serait transformé.
01:13:59 Ce n'est pas aujourd'hui ce qui est proposé et ce qui est possible.
01:14:02 Après, la deuxième chose, c'est qu'en France,
01:14:04 on n'a pas suffisamment, notamment, de peines réparatrices,
01:14:07 comme au Canada, c'est-à-dire que vous avez cassé une vitrine,
01:14:10 un bâtiment public, on l'a vu dans les émeutes,
01:14:12 vous venez réparer, repeindre le bâtiment public.
01:14:15 Moi, je pense que pour des jeunes, pour des primo-délinquants,
01:14:17 ça doit être la priorité.
01:14:19 Par contre, pour des grands délinquants, des gens qui sont en récidive
01:14:23 ou là où il y a besoin d'un séjour en prison,
01:14:25 il faut qu'ils soient dans des conditions dignes
01:14:27 qui leur permettent de se réinsérer.
01:14:28 Karim Zaribi, la prison à l'école du crime, qu'est-ce que vous lui apprendez ?
01:14:31 Non, je pense que nous n'avons pas de politique de la sanction
01:14:34 qui doit avoir une vertu pédagogique, sinon, elle n'a pas de sens.
01:14:38 Nous n'avons pas, je dirais, de vision à ce titre-là.
01:14:41 Parce que quand on parle de travail d'intérêt général,
01:14:43 bien souvent, il n'est pas effectué.
01:14:45 Il n'y a personne pour surveiller.
01:14:47 On ne s'est pas donné les moyens d'avoir.
01:14:50 On avait créé une agence des travaux d'intérêt général.
01:14:52 On voit bien qu'il y a une grande difficulté
01:14:54 pour les collectivités locales et les entreprises
01:14:56 parce qu'elles n'ont pas de tuteurs pour encadrer et accompagner le jeu de l'écart.
01:14:59 Donc déjà, des fois, on se tue sur des choses,
01:15:01 on ne se donne pas les moyens.
01:15:02 Ensuite, derrière, aux Pays-Bas,
01:15:04 ils ont construit des prisons pour des petites peines.
01:15:06 Mais pourquoi pas ?
01:15:07 Je veux dire, à un moment donné,
01:15:09 ce que je disais sur la dimension pédagogique,
01:15:12 donc un mois de prison.
01:15:13 Donc si la prison, encore une fois, permet la dignité,
01:15:17 c'est fondamental, ça.
01:15:18 Parce que c'est une école de crime quand il n'y a pas de dignité.
01:15:20 Quand vous êtes les uns sur les autres,
01:15:22 entre des braqueurs, des trafiquants de drogue, des criminels,
01:15:25 évidemment que vous ne pouvez pas sortir mieux que quand vous y êtes rentrés.
01:15:28 Mais si vous avez des cellules individuelles,
01:15:30 avec un cours encadrant,
01:15:32 avec quelqu'un qui va peut-être vous donner envie de repartir vers des études,
01:15:37 vers un travail, vers un apprentissage,
01:15:39 ça peut avoir du sens.
01:15:40 Mais nous ne nous donnons pas les moyens.
01:15:42 On est dans le ni-ni.
01:15:43 Ni l'incarcération, ni les travaux d'intérêt général.
01:15:46 Donc finalement, notre approche n'est pas efficace.
01:15:50 Un dernier thème que j'aimerais vous soumettre,
01:15:52 il nous reste encore quelques minutes.
01:15:53 On va partir à Nice, où une librairie a été fermée pour prosélytisme et promotion de la violence.
01:15:59 C'est un établissement qui avait pourtant une clientèle assidue
01:16:02 et qui est officier depuis des décennies.
01:16:03 C'est ce que nous dit Augustin Donatio.
01:16:05 Cela faisait plus de 20 ans qu'elle avait pignon sur rue,
01:16:09 à quelques pas de la gare de Nice.
01:16:11 Ses portes sont dorénavant fermées pour au moins 3 mois.
01:16:15 Décision prise par la préfecture des Alpes-Maritimes
01:16:17 pour défaut d'autorisation d'utilisation de la vidéoprotection
01:16:21 et vente d'ouvrages prônant un fondamentalisme religieux.
01:16:25 Les habitants du quartier et commerçants voisins sont étonnés.
01:16:28 Personnellement, je ne suis jamais allé,
01:16:31 mais je sais qu'ils vendent quelques livres, quelques trucs.
01:16:34 À part ça, je n'ai aucune idée de ce qui se passe.
01:16:37 J'ai acheté des vêtements chez elle.
01:16:39 Par contre, je ne connais pas...
01:16:41 Pour moi, c'est une bonne vendeuse, c'est une commerçante.
01:16:46 Voilà, sans plus.
01:16:47 Pourtant, lors d'un contrôle effectué le 23 octobre dernier,
01:16:50 les services de l'Etat ont constaté la vente de livres religieux
01:16:53 incitant à la violence contre les femmes
01:16:56 ou incitant au meurtre contre les homosexuels.
01:16:59 Pour le maire de la ville,
01:17:00 la librairie ne pouvait plus continuer son activité dans ces conditions.
01:17:03 Au-delà des textes, il y a des visages qui sont cachés.
01:17:08 C'est quelque chose de compliqué pour l'opinion publique peut-être,
01:17:13 mais nous savons que c'est plutôt quelque chose
01:17:16 qui repose sur le salafisme.
01:17:20 L'avocat de la gérante a d'ores et déjà annoncé
01:17:23 qu'il allait déposer un référé liberté avant la fin de la semaine
01:17:26 pour demander l'annulation de l'arrêté de fermeture
01:17:29 signé par le préfet des Alpes-Maritimes.
01:17:31 Judith, il convient d'être intraitable sur ce genre de questions ?
01:17:35 Évidemment, et tout ça intervient beaucoup trop tardivement.
01:17:38 Maintenant, la bonne nouvelle, c'est qu'enfin,
01:17:39 il y a une prise de conscience.
01:17:41 On voit les affaires se multiplier,
01:17:43 les sillonnements se multiplier,
01:17:45 on peut confaire la décontractualisation
01:17:48 du lycée AVEROS de Lille, que vous devez bien connaître.
01:17:52 L'ancien préfet, puisqu'il a été remplacé depuis,
01:17:56 a mené le combat et il a gagné, y compris devant le Conseil d'État.
01:18:00 C'est formidable.
01:18:02 Continuons dans cette voie-là.
01:18:04 Nous y sommes engagés très, très tard.
01:18:06 Il faut cesser l'impunité, parce que là,
01:18:08 c'est une boutique où tout ce qu'il y a en apparence de plus normal
01:18:11 et qui arrivait à, disons, donner des informations incitant à la haine, clairement.
01:18:19 Des livres dans lesquels il y a une incitation à la haine,
01:18:23 au meurtre, contre les femmes, contre les homosexuels.
01:18:26 Il n'y a pas intergiversé.
01:18:27 Il y a eu un contrôle de l'État.
01:18:29 Lorsqu'il y a une fermeture administrative comme celle-là
01:18:32 et une procédure judiciaire en cours,
01:18:34 c'est qu'il y a des preuves qui sont récoltées.
01:18:37 Et c'est le cas à chaque fois que le ministère de l'Intérieur
01:18:40 décide de fermer un lieu de culte.
01:18:41 Il y en a eu quatre qui ont été fermées depuis 2021.
01:18:44 À chaque fois qu'un imam radical, islamiste radical, est expulsé,
01:18:49 c'est aussi une marque de fermeté.
01:18:52 Je pense qu'on est dans un moment où il faut savoir différencier
01:18:56 la pratique religieuse, l'exercice de la laïcité dans l'espace public,
01:19:00 dans nos institutions, la liberté de culte,
01:19:03 et puis le prosélytisme religieux radical
01:19:05 sur lequel il faut se montrer intraitable.
01:19:07 Parce qu'on voit aujourd'hui, en plus avec les réseaux sociaux,
01:19:10 là on parle du livre, on parle des réseaux sociaux,
01:19:13 une propagande qui est insidieuse et qui touche des jeunes.
01:19:17 Et il faut absolument être très très ferme là-dessus.
01:19:20 Une librairie ne peut pas avoir opinion sur rue dans ces cas-là.
01:19:23 André Tchikko-Dicolat, le travail de veille et de signalement,
01:19:26 il commence à payer quand même, on en voit de plus en plus.
01:19:28 Oui, et puis je pense que les préfets ont été sensibilisés
01:19:31 parce que ce sont des mesures qui sont prises par les préfets,
01:19:33 qui ne sont pas prises par la justice.
01:19:34 La justice vient après.
01:19:35 Ce sont les préfets qui décident de fermer.
01:19:37 Je pense que lorsqu'il y a en effet appel à la violence,
01:19:40 lorsqu'il y a racisme, lorsqu'il y a antisémitisme
01:19:44 et lorsqu'il y a valorisation du terrorisme,
01:19:47 ça tombe sous le coup de la loi.
01:19:49 C'est criminel.
01:19:50 Donc il est normal qu'on ne permette pas des expressions de cette nature,
01:19:55 quelles que soient les idéologies.
01:19:57 Que ce soit une idéologie islamiste radicale,
01:20:00 une idéologie fasciste ou néo-nazie.
01:20:03 Je pense qu'on doit être intraitable si on veut défendre la République.
01:20:07 Karim, bon là, comment tu as cette affaire ?
01:20:10 Dans le cas d'Espèce, c'est normal qu'on procède à cette fermeture administrative.
01:20:14 On peut même s'étonner que c'est une fermeture administrative de trois mois.
01:20:16 On imagine que ça ira au-delà si vraiment les faits sont avérés.
01:20:19 Le reportage dit des choses graves.
01:20:21 Donc les services de l'État ont fait état de leur pouvoir administratif.
01:20:27 Maintenant, ce dossier est sur le terrain de la justice.
01:20:30 Donc il faut effectivement que les partis accusés puissent rendre compte des accusations.
01:20:38 Et ensuite la justice tâchera.
01:20:40 Mais effectivement, si ce qui est dit dans le reportage est avéré par la décision de justice, c'est grave.
01:20:46 On ne peut pas laisser une librairie, quelles qu'elles soient, ouverte dans ces conditions.
01:20:50 On peut quand même s'étonner de ce qui se passe au vu de tout le monde.
01:20:53 Les livres sont exposés visiblement en vitrine.
01:20:56 Il y a des gens qui visitent tous les jours.
01:20:58 Donc on peut même s'étonner.
01:21:00 On peut s'étonner aussi des années de bataille qu'il a fallu,
01:21:04 notamment à Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France,
01:21:07 pour obtenir que le préfet se saisisse de cette histoire d'avéroresse.
01:21:11 Il y avait beaucoup de points communs.
01:21:14 Il y avait aussi des livres.
01:21:16 Il y avait un livre.
01:21:17 Et il y avait aussi plein de familles, bien sûr, qui sont simplement des familles de religion musulmane
01:21:21 et dont les enfants étaient dans ce lycée qui est un lycée d'excellence.
01:21:24 Et donc ça a été une décision qui a été longue à prendre parce qu'il fallait des contrôles.
01:21:28 Il fallait la vérification d'un certain nombre d'allégations.
01:21:31 Il y a eu des contrôles.
01:21:32 C'est le préfet qui l'a fait.
01:21:33 Xavier Bertrand a été désavoué par le Conseil d'État quand lui a voulu suspendre la subvention
01:21:38 que donnait le Conseil régional.
01:21:39 Oui, mais certainement qu'il n'y avait pas les preuves à ce moment-là.
01:21:41 Si, il y avait des preuves. Il y avait tout ce qu'il fallait.
01:21:43 Il manquait juste la volonté politique.
01:21:45 Alors après, sans faire état de cette actualité,
01:21:50 où les choses apparaissent claires et la justice se dira
01:21:53 il faut qu'on prenne garde aussi à ne pas criminaliser tout ce qui ressemble à l'islam.
01:21:58 Moi, je le dis tranquillement.
01:21:59 C'est pour ça que je parle de famille.
01:22:01 Vous avez 6 millions de musulmans dans notre pays.
01:22:03 Il n'y a quasiment aucune école sous contrat.
01:22:06 Il y en a deux. Deux pour 6 millions.
01:22:09 Vous avez d'autres confessions religieuses qui en ont des centaines.
01:22:12 Donc il faut accroître le nombre de droits de contrat, ce que vous dites.
01:22:16 Dans les écoles catholiques, il y a des nifs qui appellent au meurtre des apostats, par exemple.
01:22:22 Je viens de vous dire, non obstinte à cet exemple, on ne parle pas de livres,
01:22:25 je vous parle des écoles sous contrat dans notre pays.
01:22:28 Pour 6 millions de musulmans, vous en avez deux.
01:22:30 Pour 600 000 juifs, vous en avez des centaines.
01:22:33 Ce que je veux dire par là, c'est que si on veut vraiment l'égalité des droits et des devoirs pour tous,
01:22:38 il ne faut pas qu'on criminalise l'islam.
01:22:40 Et quand il y a une école musulmane, il ne faut pas que d'entrée,
01:22:43 on imagine effectivement qu'il y a l'islamisme derrière.
01:22:46 Sinon, ça s'appelle criminaliser une religion.
01:22:48 Je ne crois pas que ce soit le cas.
01:22:49 - On est en train de parler d'un secte qui se trouve au sol.
01:22:52 - Je m'interroge quand même, donc parfois, sur les suspicions rapides qui sont posées
01:22:57 sur des centres culturels ou des écoles de confession musulmane.
01:23:01 Moi, je vous le dis.
01:23:02 - Malheureusement, on arrive à la fin du temps qui était imparti.
01:23:05 Merci d'avoir été des nôtres cet après-midi.
01:23:08 Karim et Judith, vous restez en deuxième heure.
01:23:11 Merci André de vous être resté deux heures en ma compagnie.
01:23:13 Dans un instant, on retrouve Miquel Dos Santos pour un nouveau rappel des titres à 16h.
01:23:17 - Nous sommes de retour. Bienvenue à ceux qui nous rejoignent.
01:23:22 180 minutes info, ça commence avec le journal de Miquel Dos Santos.
01:23:25 On va parler de Judith Gaudrech qui a demandé une commission d'enquête
01:23:28 sur les violences sexuelles dans le milieu du cinéma.
01:23:30 On en parlera d'ailleurs avec nos invités dans un instant.
01:23:32 - Oui, elle a été auditionnée ce matin au Sénat.
01:23:34 L'actrice qui a révélé avoir reçu 4 500 témoignages des présumés victimes
01:23:39 de ce qu'elle qualifie de famille incestueuse du cinéma.
01:23:42 Récemment, vous vous souvenez, Judith Gaudrech a porté plainte
01:23:45 contre Benoît Jacot et Jacques Doyon, deux réalisateurs qu'elle accuse
01:23:48 de violences sexuelles survenues lorsqu'elle était mineure.
01:23:51 Sujet de Marie-Liès Chevalier.
01:23:53 - Après des décennies de silence, Judith Gaudrech brise le tabou.
01:23:58 Ce matin, devant la délégation aux droits des femmes au Sénat,
01:24:01 l'actrice livre un témoignage poignant, celui d'une enfant star
01:24:04 à qui l'on a volé l'innocence.
01:24:06 - Il n'y avait pas de Judith.
01:24:08 Uniquement une petite fille sans prénom
01:24:11 que se disputaient les adultes libidineux
01:24:14 sous les yeux d'autres adultes passifs.
01:24:17 - L'actrice dénonce l'emprise des grands et des puissants sur les enfants.
01:24:21 - Ce qu'il faut, c'est qu'il y ait tout un système de protection
01:24:24 de l'enfant qui soit mis en place et qu'on arrête de faire semblant
01:24:31 de ne pas savoir combien de petites filles, de petits garçons
01:24:35 seront nécessaires avant que cette société réagisse pour toujours
01:24:41 afin que nous puissions jouer les rôles de notre vie
01:24:45 sans nous faire voler notre enfance, abuser, frapper.
01:24:49 - Au-delà d'un témoignage personnel, c'est tout un système et un univers
01:24:53 que dénoncent Judith Gaudrech, le patriarcat et le cinéma.
01:24:56 L'actrice a cependant rendu un hommage appuyé au juge Édouard Durand,
01:25:00 ancien dirigeant de la CIVIS, cette commission indépendante
01:25:03 sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants.
01:25:06 - Serait-il possible que les sénateurs, les lois, le gouvernement
01:25:10 donnent à notre société la possibilité, la chance à Édouard Durand
01:25:16 d'accomplir son destin héroïque de son vivant ?
01:25:20 - L'actrice a demandé d'imposer un référent neutre sur les tournages
01:25:23 avec un mineur et rappeler qu'un enfant ne doit jamais être laissé seul
01:25:27 sur un tournage.
01:25:29 - Et en parallèle, la ministre de la Culture a réagi au report
01:25:32 de la sortie du film CE2 de Jacques Doyon.
01:25:35 Pour la ministre de la Culture, malgré les accusations de Judith Gaudrech
01:25:39 contre le réalisateur, la sanction ne peut être collective.
01:25:42 On l'écoute.
01:25:43 - La pédocriminalité, ça n'est pas un art.
01:25:45 Les violences sexuelles, ça n'est pas de l'art.
01:25:47 Un livre, par exemple, c'est une oeuvre individuelle.
01:25:50 Vous pouvez très bien sanctionner un auteur.
01:25:53 C'est une sanction individuelle.
01:25:54 Sur un film, c'est une oeuvre collective.
01:25:57 Est-ce qu'on doit punir, sanctionner tous les autres talents ?
01:26:00 Tous les techniciens, les maquilleurs, les secrétaires, les régisseurs,
01:26:04 ceux qui investissent aussi dans ce film.
01:26:06 Et donc, je ne suis plus gênée de punir tout un film,
01:26:09 de punir tous les artistes sous diverses formes
01:26:14 en raison d'un comportement inapproprié ou illégal, pénal,
01:26:20 pénalement répressible d'une personne.
01:26:22 - Un mot à présent du procès du principal suspect
01:26:25 dans la mort d'Éric Masson, ce brigadier qui a été tué
01:26:27 sur un point de deal, c'était à Avignon en mai 2021,
01:26:30 ce procès qui touche à sa fin.
01:26:31 - Le principal suspect, Elias Akouda,
01:26:33 a été jugé par la cour d'assises depuis 10 jours.
01:26:36 Noémie Schultz, bonjour.
01:26:37 Aujourd'hui, l'avocate générale a requis contre lui
01:26:40 la réclusion criminelle à perpétuité.
01:26:43 - Depuis ce matin, le combat est rude,
01:26:48 le combat juridique est rude autour d'une question.
01:26:50 Elias Akouda savait-il qu'Éric Masson était policier ?
01:26:53 L'enjeu est double.
01:26:54 La peine d'abord, puisque la période de sûreté,
01:26:57 c'est-à-dire la période durant laquelle Elias Akouda
01:26:59 ne pourra pas sortir de prison, peut monter jusqu'à 22 ans
01:27:02 si cette circonstance aggravante est retenue.
01:27:04 Cette qualification est aussi essentielle
01:27:06 pour la famille de la victime qui attend que la justice dise
01:27:09 qu'Éric Masson a été tué parce que policier.
01:27:12 Pour l'avocate générale, il n'y a aucun doute,
01:27:14 Elias Akouda savait qui était Éric Masson.
01:27:17 S'il va vers lui, c'est pour le tuer.
01:27:18 Il vient quotidiennement dans ce secteur,
01:27:20 il en connaît tous les acteurs.
01:27:21 Chacun sait qui est dealer, qui est policier.
01:27:23 Faux, lui a répondu à l'instant avec force Elis Arfil,
01:27:26 une des avocates de la Défense.
01:27:28 On a l'impression qu'à Avignon, tout le monde,
01:27:30 on est soit dealer, soit policier.
01:27:32 Bien sûr qu'Éric Masson est mort dans l'exercice de ses fonctions,
01:27:35 mais Elias Akouda a tué Éric Masson.
01:27:38 Pas un policier, il n'avait pas son brassard.
01:27:40 Un seul témoin a dit "police, police" avant les coups de feu.
01:27:44 La souffrance est immense, on voudrait que le crime
01:27:46 soit à la hauteur de la souffrance.
01:27:48 Et le criminel aussi.
01:27:49 Allez-vous décevoir les policiers dans la salle, la famille,
01:27:52 en ne retenant pas cette circonstance aggravante ?
01:27:54 Non, vous allez appliquer la loi à Toné Elis Arfil
01:27:57 en rappelant aux jurés que le doute doit profiter à l'accusé.
01:28:00 Merci beaucoup Noémie Chouz.
01:28:01 Vous étiez en direct d'Avignon pour nous cet après-midi,
01:28:03 à cinq mois des Jeux Olympiques.
01:28:05 Emmanuel Macron a donc inauguré aujourd'hui à Saint-Denis
01:28:08 le village olympique et paralympique.
01:28:10 Sept ans après le début du chantier,
01:28:12 le président de la République a coupé symboliquement le ruban rouge.
01:28:16 Je vous propose de l'écouter au moment de cette inauguration.
01:28:19 C'est une étape essentielle de ces Jeux Olympiques et Paralympiques.
01:28:26 Quand on était tous ensemble à emporter cette compétition l'été 2017,
01:28:32 le projet qui a été défendu par SFO à certains,
01:28:36 qui était en effet de faire des Jeux exemplaires,
01:28:39 des Jeux qui permettraient un héritage aussi en particulier,
01:28:42 évidemment pour Paris, mais pour la Seine-Saint-Denis,
01:28:46 pour l'ensemble des Franciliens,
01:28:48 pour tous les territoires qui sont embarqués dans les Jeux Olympiques et Paralympiques,
01:28:52 qui tiendraient un budget, des délais,
01:28:55 qui seraient exemplaires en matière sociale et environnementale.
01:28:58 Merci beaucoup, Michael.
01:29:00 On se retrouve évidemment d'ici une demi-heure pour un nouveau point sur l'info.
01:29:04 Nos invités cet après-midi pour cette dernière heure de 180 minutes.
01:29:07 Raphaël Amselem nous a rejoint. Bonjour Raphaël.
01:29:10 Merci d'être là. Je rappelle que vous êtes chargé d'études chez Génération Libre à vos côtés.
01:29:14 La députée Renaissance des Bouches du Rhône, Anne-Laurence Pétel, qui nous a rejoint.
01:29:18 Merci d'avoir répondu à notre invitation.
01:29:20 Judith Vintrobé, restée évidemment grand reporter.
01:29:22 Et Véronique Lebris, qui est journaliste cinéma.
01:29:26 Vous êtes aussi à la tête de ce site cinewoman.fr.
01:29:30 Évidemment, on va parler de l'affaire Godrej dans un instant.
01:29:32 Et Karim Zérébi, bien évidemment, qui est resté en notre compagnie.
01:29:34 Se plaidoyer donc de l'actrice et réalisatrice Judith Godrej auprès des sénateurs aujourd'hui
01:29:39 pour une meilleure protection des acteurs mineurs sur les tournages.
01:29:43 Elle qui a été sous l'emprise des adultes abusées dans l'indifférence générale à l'époque,
01:29:49 où elle était déjà une star adolescente.
01:29:51 Elle a donc été auditionnée ce matin.
01:29:53 Vous allez l'entendre dans ce court extrait.
01:29:55 Des mots très forts.
01:29:57 Combien de petites filles, de petits garçons,
01:30:00 combien de petits pieds dans la porte
01:30:02 seront nécessaires avant que cette société réagisse pour toujours,
01:30:08 afin que nous puissions jouer les rôles de notre vie
01:30:12 sans nous faire voler notre enfance, abuser, frapper,
01:30:17 sans que nous soyons réduites à un pâle souvenir,
01:30:21 l'image douloureuse d'une jeune femme en robe noire pailletée
01:30:25 qui ressort aujourd'hui dans la presse, sur internet.
01:30:28 Elle est assise sur un canapé, un verre à la main.
01:30:31 Adèle, où es-tu ? Adèle, quel aurait été ton destin
01:30:35 si la salle, ce soir-là, la salle des Césars,
01:30:38 avait été peuplée de juges durants ?
01:30:40 Véronique Lebris, elle a donc mis un grand coup de pied dans la fourmilière.
01:30:45 Elle a enclenché quelque chose de très fort, à votre sens,
01:30:48 sur cette omerta qui trop longtemps a régné dans ce milieu que vous connaissez.
01:30:53 Ce n'est pas la première, mais elle, elle a réussi.
01:30:56 En plus, elle ne lâche pas l'affaire, on peut dire ça comme ça.
01:30:59 Ce qui fait que peut-être qu'elle, elle va réussir à faire bouger les choses,
01:31:04 parce que ça fait quand même un moment qu'on sait que ça ne va pas.
01:31:08 Ce n'est pas une découverte.
01:31:10 Ce qui est étonnant, c'est qu'en France, ça bouge par la pédocriminalité,
01:31:15 on va dire ça, puisque ce sont plutôt les jeunes filles qui font bouger les lignes,
01:31:19 alors que le MeToo, disons, par exemple, aux États-Unis,
01:31:22 ça a plutôt été des jeunes femmes.
01:31:24 Donc, c'est quand même une grosse, grosse différence.
01:31:26 Mais elle le fait avec une rigueur assez impressionnante,
01:31:30 une intelligence impressionnante aussi, je trouve.
01:31:33 Et elle a eu cette bonne idée de commencer par cette série
01:31:36 qui a eu du succès, en fait, sur Arte, et qui dit tout.
01:31:39 Il n'y a même pas besoin d'explications, en fait.
01:31:42 Elle a continué à porter sa parole comme ça.
01:31:44 Donc, peut-être qu'elle, elle va réussir.
01:31:46 Je ne sais pas dit, mais peut-être qu'elle va réussir.
01:31:48 Parce qu'elle fait des propositions aussi concrètes,
01:31:51 on va sans doute y revenir aussi avec Mme la députée,
01:31:53 elle propose un encadrement plus fort,
01:31:55 une protection avec des référents neutres.
01:31:59 D'ailleurs, peut-être que les parlementaires aussi seraient avisés
01:32:01 de s'emparer de cette question.
01:32:03 Il faut absolument avoir des adultes référents sur les tournages
01:32:07 où ça vous paraît un peu illusoire comme mesure.
01:32:10 Non, on peut essayer de toute façon, on ne perd rien à essayer.
01:32:13 Je pense aussi que ce qui fait qu'on croit Judith Gaudrech,
01:32:16 c'est que tout le monde savait et qu'en fait,
01:32:18 effectivement, elle avait 14 ans quand elle avait...
01:32:20 - Sa vie était documentée. - Voilà, c'est ça.
01:32:22 Elle l'a déjà dit, etc. et tout le monde le savait.
01:32:24 Donc, il n'y a pas de mystère, les films sont là pour le prouver.
01:32:28 Et donc, voilà.
01:32:30 Alors, écoutez, de toute façon, il faut essayer.
01:32:32 Il faut essayer de faire en sorte que les choses bougent
01:32:34 parce qu'effectivement, c'est tout à fait anormal
01:32:36 qu'il y ait des enfants qui soient abusés,
01:32:38 enfin qu'il y ait des femmes aussi, des jeunes hommes, etc.
01:32:41 Qu'il y ait cette espèce d'impunité qui règne dans le milieu du cinéma
01:32:45 et pas que dans le milieu du cinéma, mais en particulier dans le milieu du cinéma.
01:32:48 Donc, oui, il faut faire quelque chose pour essayer que ça bouge.
01:32:52 Moi, il me semble que tout peut être essayé en tous les cas.
01:32:56 - Bien sûr. Elle a mis en effet la lumière, l'accent sur un domaine qu'elle connaît.
01:33:00 Elle parle de ce qu'elle connaît, Judith Gaudrech,
01:33:02 mais Madame la députée, c'est vrai qu'on se disait tout à l'heure,
01:33:04 on a déjà eu cette conversation dans l'heure précédente.
01:33:07 C'est un problème transversal.
01:33:09 Est-ce qu'il faut que le législateur s'en empare encore plus aujourd'hui ?
01:33:14 - Dès lors qu'il y a un fait de société qui prend cette ampleur-là,
01:33:18 évidemment qu'il faut qu'on s'en empare parce qu'il y a danger
01:33:21 à la fois sur des femmes, vous l'avez dit, mais sur des jeunes hommes aussi,
01:33:24 mais sur des mineurs.
01:33:26 On l'a fait pas plus tard que ce matin pour le sport.
01:33:28 Nous venons de voter une proposition de loi
01:33:30 qui avait été déposée pour sécuriser et protéger les mineurs dans le sport.
01:33:35 C'était Sarah Abitbol qui portait ce sujet-là.
01:33:38 Dès lors que nous avons une relation,
01:33:42 qui est presque une relation de pouvoir ou d'abus de confiance
01:33:45 entre un réalisateur, un metteur en scène et une actrice, un mineur,
01:33:51 mais aussi un entraîneur dans le sport et un mineur,
01:33:54 nous devons sécuriser cette relation, en fait,
01:33:57 et permettre que celui ou celle qui doit être protégé le soit réellement.
01:34:02 Et je crois que les propositions qu'elle a faites ce matin au Sénat
01:34:05 sont des propositions qui sont extrêmement pertinentes,
01:34:08 notamment sur le coach, sur le référent,
01:34:10 sur le fait aussi qu'on fasse une commission d'enquête sur ce sujet-là.
01:34:13 - Alors, autre extrait, lorsqu'elle propose d'arrêter de faire semblant,
01:34:17 et vous allez voir, elle est accusatrice aussi de tout cet écosystème
01:34:21 qui est complaisant, voire même complice.
01:34:24 - Ce qu'il faut, c'est qu'il y ait tout un système de protection de l'enfant
01:34:28 qui soit mis en place et qu'on arrête de faire semblant de ne pas savoir.
01:34:37 Qu'on arrête de faire semblant.
01:34:39 Quand je parle aujourd'hui de certains réalisateurs que je dénonce
01:34:43 et que je porte plainte, il y a encore des gens qui étaient présents
01:34:48 sur ces tournages, qui ont vu, qui disent qu'ils vont apporter
01:34:52 leur soutien à ces abuseurs, au nom de quoi ?
01:34:56 Au nom de quoi ?
01:34:58 Ils sont parents, eux aussi.
01:35:01 Ils ont des enfants, eux aussi.
01:35:03 Et à un endroit dans leur vie, ils ont décidé,
01:35:07 comme on dit en anglais, que le "bro", que les "bro", que la fraternité,
01:35:13 que leur propre incapacité de se rendre compte qu'ils sont eux-mêmes sous emprise,
01:35:19 ces hommes ont décidé qu'ils allaient soutenir ces abuseurs.
01:35:23 Mme Sélem là, elle fait référence à d'autres histoires tout aussi retentissantes
01:35:27 qui ont émergé dans l'actualité.
01:35:29 C'est un témoignage très fort et on espère évidemment que ça va faire bouger les lignes.
01:35:34 Mais après, c'est l'affaire de chacun, elle le dit très bien.
01:35:36 C'est un témoignage très fort et qui souligne, je pense,
01:35:38 deux points qui sont essentiels pour comprendre ce genre d'affaires.
01:35:41 D'une part, c'est des relations d'asymétrie interpersonnelle.
01:35:45 C'est-à-dire que quand vous avez un mineur qui est face à un adulte,
01:35:49 une femme face à un homme, vous avez une asymétrie qui est flagrante
01:35:53 et qui fait que c'est très difficile parfois de réagir.
01:35:56 Et surtout, et c'est là en fait que ça devient beaucoup plus pénible
01:36:01 et c'est ce qui est dénoncé dans l'extrait qui vient d'être montré,
01:36:04 c'est que c'est une asymétrie qui est institutionnalisée.
01:36:07 Où on ne dénonce pas, on sait, mais on ne dit pas.
01:36:10 Et ça, c'est tout simplement inadmissible parce que c'est la responsabilité de chacun
01:36:14 ce sont des vies qui sont brisées.
01:36:17 Et à une époque où on voit bien que la question des violences faites sur les femmes
01:36:21 mais aussi sur les enfants, et comme vous l'avez rappelé aussi sur certains hommes,
01:36:24 il y a un hashtag qui vient d'être publié récemment.
01:36:27 - Oui, il y a des acteurs qui ont été victimes.
01:36:29 - Des acteurs qui ont été aussi victimes.
01:36:31 C'est de rappeler chacun à ses responsabilités.
01:36:34 C'est une parole qui est absolument essentielle.
01:36:37 Et je pense que la difficulté, elle est aussi de la part de certaines réactions
01:36:42 qui ont tendance trop vite, pour des raisons aussi légitimes,
01:36:47 à dire que cette parole-là ne devrait pas être entendue au nom de la présomption d'innocence.
01:36:51 Alors certes, la présomption d'innocence, je suis le premier à la défendre, je suis un libéral.
01:36:56 Il n'y a pas de société libre si on ne considère pas tout le monde
01:36:59 comme étant a priori innocent, sinon c'est le contrôle et la censure qui pèsent sur chacun.
01:37:06 Mais enfin, on ne peut pas non plus, au nom de la présomption d'innocence,
01:37:10 dire qu'il ne faut pas écouter la parole des victimes et de victimes d'affaires graves.
01:37:14 Et en ce sens-là, on espère que les propositions aussi concrètes
01:37:18 qui ont été formulées au Parlement par Madame, seront entendues.
01:37:24 - Au nom de quoi ces soutiens tacites, ou même pas d'ailleurs,
01:37:27 des soutiens parfois totalement assumés, totalement affirmés,
01:37:30 vous qui connaissez bien ce milieu,
01:37:32 quelle est donc cette espèce de camaraderie jusqu'au boutiste,
01:37:38 entre hommes, elle le dit assez bien,
01:37:40 qui fait qu'on ferme les yeux ou alors qu'on trouve qu'il n'y a rien à redire ?
01:37:43 Pourquoi ?
01:37:44 - Parce que vous avez tout à perdre à parler, en fait, mais ce n'est pas que les hommes.
01:37:47 Il y a aussi des femmes qui sont concernées par ça.
01:37:49 Regardez, Gérard Depardieu a été énormément soutenu par des grandes actrices en plus.
01:37:54 Mais parce que vous avez tout à perdre, en fait, tout simplement.
01:37:57 Vous avez votre job à perdre, vous avez votre réputation.
01:38:00 - Donc c'est de la lâcheté ? Une forme de lâcheté ?
01:38:03 - C'est un système.
01:38:04 - Oui, en fait, c'est une forme de...
01:38:06 - Vous n'entendez pas ?
01:38:07 - C'est presque pareil dans les médias.
01:38:10 Si vous êtes la personne qui ouvre...
01:38:13 - Dans tous les lieux du pouvoir, bien sûr.
01:38:15 - Oui, c'est ça.
01:38:16 Tous les lieux qui font un peu rêver, où il y a du pouvoir,
01:38:18 où il y a des rapports de force qui sont comme ça.
01:38:20 Si vous êtes la première à parler, vous en prenez plein la figure.
01:38:23 Et vous ne sauriez pas votre port, en fait, au contraire.
01:38:26 Vous êtes blacklistés tout de suite.
01:38:28 C'est ça qui fait que...
01:38:29 - Karim Zaribi, il ne faut pas oublier que ce milieu de cinéma,
01:38:33 c'est l'arbre qui cache la forêt.
01:38:35 Il ne faut pas oublier que ça met aussi...
01:38:37 doit mettre l'accent sur l'inceste au sens large
01:38:40 et tous les cas de violences sexuelles dans notre pays aujourd'hui.
01:38:44 - 160 000 enfants sont touchés par les violences sexuelles.
01:38:48 Donc c'est un problème qui dépasse largement le cadre du cinéma.
01:38:51 Et il doit être traité, évidemment, au cinéma, mais pas que.
01:38:54 Et c'est un sujet dont on doit s'emparer dans notre société
01:38:57 parce que je considère qu'il y a aussi beaucoup d'hypocrisie,
01:39:00 de mon point de vue.
01:39:02 Il y a des milieux où on a le sentiment
01:39:04 qu'il y a des choses qui sont aussi autorisées,
01:39:07 qui sont dans le rejet des non-dits.
01:39:10 Et je trouve que Judith Gaudrech fait preuve à la fois de courage
01:39:13 et avec cette indignation qui est nécessaire,
01:39:15 qui fait du bien et qui rappelle l'inacceptable aussi.
01:39:20 Et je trouve qu'on a parfois eu des témoignages de gens
01:39:24 dans les milieux un peu élitistes qui expliquaient
01:39:26 qu'ils avaient eu dans leur vie des attouchements
01:39:28 avec des enfants, des adolescents.
01:39:30 Et ils disaient ça tranquillement, comme s'il ne rien était.
01:39:33 Ça s'appelle de la pédophilie ou de la pédocriminalité.
01:39:36 Et moi, j'aimerais effectivement qu'on fasse ça
01:39:39 et qu'on mette ça au rang de priorité nationale,
01:39:41 comme on le fait pour d'autres sujets,
01:39:43 quand on considère que c'est gravissime.
01:39:45 - Une grande cause nationale. - C'est gravissime.
01:39:47 C'est une grande cause nationale. Donc il faut protéger nos enfants.
01:39:50 D'abord, ça se passe dans le milieu familial, la plupart du temps,
01:39:52 mais ça peut se passer en colonie de vacances, dans les clubs de sport,
01:39:55 dans le milieu du cinéma. Et donc, il faut qu'on s'en empare.
01:39:58 Et avec sérieux, avec conviction.
01:40:00 Et qu'on se donne les moyens de sanctionner lourdement.
01:40:03 Oui, la parole de la victime. Après, la présomption d'innocence,
01:40:05 évidemment, c'est un droit constitutionnel.
01:40:07 On ne va pas revenir dessus. Mais il ne faut pas que les gens se taisent.
01:40:10 Il ne faut pas que les gens se disent, par solidarité,
01:40:13 on ne peut rien dire parce qu'on risque pour notre carrière
01:40:15 ou parce que dans des milieux établis,
01:40:17 ça ne fait pas bon chic, bon genre, de pouvoir dire les choses.
01:40:20 Non, c'est inacceptable. Ce n'est pas digne de notre civilisation.
01:40:23 Judith, il se pose aussi quand même la responsabilité des parents
01:40:27 et de l'accompagnement parental dans ce genre de milieu.
01:40:30 C'est ce que j'allais dire. La première responsabilité,
01:40:32 c'est celle des parents des victimes, évidemment.
01:40:35 Et dans le cas de Judith Godrech, maintenant, on connaît son histoire,
01:40:39 on sait comment les faits se sont déroulés.
01:40:41 On s'interroge, et c'est un euphémisme, sur la façon dont ses parents
01:40:46 n'ont pas voulu voir ce qui lui arrivait
01:40:50 et ont même été complaisants avec ce qui lui arrivait.
01:40:53 Donc, moi, je ne suis pas pour externaliser, si vous voulez,
01:40:58 la surveillance et la conformité des relations.
01:41:05 Le premier rôle des parents, c'est de protéger l'enfant,
01:41:09 et, fille ou garçon, de lui apprendre à dire non.
01:41:12 C'est le boulot des parents, et vous ne le ferez pas faire par un référent.
01:41:16 Et quand ce sont les parents qui sont auteurs de ces atrocités, comment tu fais ?
01:41:19 C'est vrai, mais si on revient au milieu du cinéma,
01:41:22 où les enfants sont souvent livrés à eux-mêmes sur des lieux de tournage,
01:41:24 éloignés de leur domicile, c'est encore trop souvent le cas,
01:41:27 ou ça tend quand même à se réguler ?
01:41:30 Les parents sont un peu plus impliqués en 2024 ?
01:41:33 En fait, ça dépend des parents, et en même temps, moi, je suis un mauvais témoin,
01:41:37 parce que je ne suis pas sur les tournages,
01:41:39 et quand j'y vais, enfin, quand j'y suis allée,
01:41:42 quand il y a un journaliste, il ne se passe rien sur un tournage,
01:41:44 enfin, rien de répréhensible, en tous les cas.
01:41:46 Et vous savez très bien que toutes ces histoires d'abus,
01:41:49 ça se fait toujours de façon un peu à la marge.
01:41:52 - En face de la lumière, bien sûr. - Oui, voilà.
01:41:54 Donc c'est très difficile.
01:41:56 Alors effectivement, dans le cas de Judith Gaudrech, sans doute que si ses parents avaient été moins complaisants,
01:41:59 en même temps, c'est aussi une époque, j'imagine, un milieu, enfin, tout ça,
01:42:03 certainement, mais si les parents sont défaillants,
01:42:06 il faut qu'il y ait d'autres personnes qui soient là,
01:42:08 et en fait, il y a beaucoup...
01:42:09 C'est comme dans tous les cas de rapports de pouvoir, comme ça, et de déséquilibre,
01:42:14 les parents, c'est aussi des enfants qui sont faibles, en fait,
01:42:17 qui sont affaiblis parce qu'ils ont des familles dysfonctionnelles.
01:42:19 - Ils sont vulnérables. - Voilà.
01:42:20 Vulnérables, donc c'est bien, s'il y a quelqu'un d'autre qui le fait,
01:42:24 tant mieux, en fait.
01:42:25 Moi, je pense qu'il faut tout essayer.
01:42:27 On verra ce qui marche, on verra ce qui...
01:42:29 - En tout cas, ce témoignage était important et essentiel aujourd'hui.
01:42:32 Merci beaucoup d'être venue nous livrer aussi votre témoignage aujourd'hui.
01:42:37 On va marquer une courte interruption.
01:42:39 On reviendra pour le journal de Miquel Dos Santos.
01:42:41 Puis, j'ai d'autres sujets à vous soumettre,
01:42:44 notamment ce système de bonus-malus que souhaite instaurer la ville de Compiègne
01:42:48 pour les prétendants au logement social.
01:42:50 Vous me direz ce que vous en pensez, à tout de suite.
01:42:52 - De retour avec vous pour le journal de Miquel Dos Santos.
01:42:58 Après avoir...
01:42:59 Alors, non, c'est votre journal, je vous laisse le mener.
01:43:02 - C'est gentil.
01:43:03 Merci beaucoup, Nelly.
01:43:04 Après cinq mois d'égis au Emmanuel Macron,
01:43:07 à l'inaugurée à Saint-Denis, le village olympique et paralympique.
01:43:10 Sept ans après le début des chantiers,
01:43:12 le président de la République a coupé symboliquement le ruban rouge.
01:43:16 Une visite résumée par nos journalistes, Raphaël Lasreg et Thomas Bonnet.
01:43:19 - L'aventure d'un siècle,
01:43:21 voilà comment le président de la République a décrit ce village
01:43:25 des athlètes inaugurés ce jeudi matin par le chef de l'État,
01:43:29 accompagné de certains élus locaux et des membres du comité d'organisation.
01:43:33 L'aboutissement d'un chantier de sept ans
01:43:37 qui verra donc ici 14 200 athlètes logés
01:43:41 pendant la quinzaine des Jeux olympiques.
01:43:43 L'aboutissement donc d'un chantier titanesque,
01:43:46 mais aussi exemplaire selon le chef de l'État
01:43:49 qui a souligné l'aspect à la fois social et environnemental,
01:43:52 parlant par exemple du nombre d'accidents du travail
01:43:55 quatre fois inférieur à la normale.
01:43:58 Le chef de l'État veut aussi, par le biais de cette inauguration,
01:44:01 commencer à faire monter la fièvre olympique
01:44:03 à désormais moins de cinq mois de la cérémonie d'ouverture.
01:44:07 Et on poursuit ce journal avec l'ouverture du procès
01:44:10 des présumés auteurs de l'attentat de Strasbourg.
01:44:13 Le 11 décembre 2018, shérif Shekat avait ouvert le feu
01:44:16 sur des passants au cœur du traditionnel marché de Noël
01:44:19 de la ville alsacienne.
01:44:21 On retrouve tout de suite sur place Célia Barotte
01:44:23 qui est à la cour d'assis spéciale de Paris.
01:44:25 Célia, bonjour.
01:44:26 Que devons-nous retenir de ce début de procès très attendu ?
01:44:30 Eh bien, Mickaël, dans ces premiers instants de procès,
01:44:34 la cour s'est intéressée et c'est un travail fastidieux
01:44:37 à la reconnaissance des partis civils.
01:44:39 Plus de 100 personnes demandent à être reconnues victimes
01:44:42 directes ou indirectes de l'attentat.
01:44:44 Le ministère public a ainsi donné une liste précise
01:44:47 de critères pour délimiter le périmètre
01:44:49 des partis civils recevables pour être reconnus
01:44:52 comme victimes et donc comme partis civils.
01:44:54 Les critères sont les suivants.
01:44:55 L'ensemble des personnes blessées par shérif Shekat
01:44:58 ou qui l'ont croisée sur leur chemin
01:45:00 et celles qui sont personnellement intervenues
01:45:02 pour mettre fin à l'attaque sont donc jugées irrecevables.
01:45:05 Les demandes des personnes qui sont intervenues
01:45:07 après la fuite ou la neutralisation de l'auteur,
01:45:10 la reconnaissance du statut de partie civile
01:45:12 ne sera définitive qu'à la fin du procès
01:45:14 lors de l'audience civile qui devra estimer
01:45:16 les préjudices subis par chacune des victimes supposées.
01:45:20 C'est Célia Barotte en direct de la cour d'assis spéciale de Paris.
01:45:24 Direction Nice maintenant où une librairie a été fermée
01:45:27 pour soupçons de prosélytisme.
01:45:29 Le préfet des Alpes-Maritimes reproche entre autres
01:45:32 à la gérante d'avoir mis des ouvrages fondamentalistes à la vente.
01:45:35 Exemple des livres qui prônent les meurtres
01:45:37 contre les homosexuels ou incitent encore
01:45:39 à la violence contre les femmes.
01:45:41 Reportage de Franck Triviaud, récit d'Augustin Denadio.
01:45:44 Cela faisait plus de 20 ans qu'elle avait pignon sur rue
01:45:48 à quelques pas de la gare de Nice.
01:45:50 Ses portes sont dorénavant fermées pour au moins 3 mois.
01:45:53 Décision prise par la préfecture des Alpes-Maritimes
01:45:56 pour défaut d'autorisation d'utilisation de la vidéoprotection
01:45:59 et vente d'ouvrages prônant un fondamentalisme religieux.
01:46:03 Les habitants du quartier et commerçants voisins sont étonnés.
01:46:07 Personnellement je ne suis jamais allé mais je sais qu'ils vendent
01:46:11 quelques livres, quelques trucs.
01:46:13 À part ça, je n'ai aucune idée de ce qui se passe.
01:46:16 J'ai acheté des vêtements chez elle.
01:46:18 Par contre je ne connais pas...
01:46:20 Pour moi, c'est une bonne vendeuse,
01:46:23 c'est une commerçante.
01:46:25 Voilà, sans plus.
01:46:27 Pourtant, lors d'un contrôle effectué le 23 octobre dernier,
01:46:30 les services de l'Etat ont constaté la vente de livres religieux
01:46:33 incitant à la violence contre les femmes
01:46:35 ou incitant au meurtre contre les homosexuels.
01:46:38 Pour le maire de la ville, la librairie ne pouvait plus
01:46:41 continuer son activité dans ces conditions.
01:46:43 Au-delà des textes, il y a des visages qui sont cachés.
01:46:47 C'est quelque chose de compliqué pour l'opinion publique peut-être.
01:46:52 Mais nous savons que c'est plutôt quelque chose
01:46:55 qui repose sur le salafisme.
01:46:59 L'avocat de la gérante a d'ores et déjà annoncé
01:47:02 qu'il allait déposer un référé liberté avant la fin de la semaine
01:47:05 pour demander l'annulation de l'arrêté de fermeture
01:47:07 signé par le préfet des Alpes-Maritimes.
01:47:10 Vladimir Poutine répond à Emmanuel Macron.
01:47:13 Depuis Moscou, le président russe a estimé
01:47:16 qu'un envoi de troupes occidentales sur le sol ukrainien,
01:47:19 hypothèse avancée ces jours-ci par Emmanuel Macron,
01:47:21 était un risque réel de conflits nucléaires.
01:47:24 On écoute le chef du Kremlin.
01:47:26 L'Occident nous a imposé une guerre en Ukraine
01:47:30 et continue de mentir en nous accusant
01:47:35 de vouloir attaquer l'Europe.
01:47:39 Il évoque la possibilité d'envoyer des soldats de l'OTAN en Ukraine.
01:47:45 Nous nous souvenons tout de même qu'il était le sort
01:47:52 de ceux qui ont envoyé des soldats sur le territoire de notre pays.
01:47:58 Les conséquences pour tous ceux qui voudront intervenir
01:48:05 seront des plus tragiques.
01:48:08 Enfin, pour terminer, à Gaza, le Hamas fait état de 104 morts
01:48:13 et 760 blessés lors d'une distribution d'aide humanitaire.
01:48:17 Les civils ont été touchés par des tirs de l'armée israélienne,
01:48:20 des tirs confirmés à un port de salle,
01:48:22 qui expliquent que certains de leurs soldats
01:48:24 étaient menacés lors d'une livraison qui aurait viré au chaos.
01:48:28 Merci beaucoup, cher Michael, pour ce journal.
01:48:33 De nouveau avec mes invités, Raphaël Hamselem, Judith Vintrobe,
01:48:36 Karim Zeribiane, Laurence Pételson, avec moi cet après-midi.
01:48:39 On va parler de ce qui se passe à Compiègne, dans l'Oise,
01:48:42 où les demandeurs de logements sociaux seront soumis à un barème
01:48:46 sur un système de bonus-malus,
01:48:49 afin de permettre aux propriétaires de vérifier
01:48:51 si ces locataires sont aptes à respecter la vie en communauté dans ces immeubles.
01:48:56 Décision qui est loin de faire l'unanimité.
01:48:58 Regardez ce reportage avec Alice Sommerer, Thibault Marcheteau et Adrien Spiteri.
01:49:03 Dans cette cité HLM de Compiègne, certains habitants n'en peuvent plus.
01:49:08 Les gens du quartier se plaignent beaucoup du trafic, etc.
01:49:12 Un cas loin d'être isolé dans ce type de logement.
01:49:15 Alors pour améliorer leur quotidien et éviter que des familles de délinquants ne s'installent,
01:49:20 la ville a décidé de mettre en place un système de notation des futurs locataires.
01:49:25 Pour moi c'est une bonne chose.
01:49:26 Je comprends très bien l'initiative.
01:49:29 Dans le détail, si vous demandez "un logement social 10 points sont enlevés
01:49:33 si un membre du ménage a été condamné pour violence
01:49:35 ou causé des nuisances dans le voisinage,
01:49:38 25 points en cas de condamnation pour trafic de stupéfiants".
01:49:41 Le maire justifie cette décision.
01:49:44 Quand on regarde les candidatures pour accéder au logement social ou pour une mutation,
01:49:50 il est normal de faire le point de l'ensemble de la situation.
01:49:55 Lorsqu'un appartement devient une nourrice ou accueille soit des petits guetteurs,
01:50:00 soit des personnages ayant des responsabilités plus importantes,
01:50:04 il en résulte des troubles.
01:50:07 L'association de défense des locataires a de son côté saisi la clé
01:50:11 concernant la protection des données et la conformité de ce système.
01:50:15 Un système qui pénalise selon elle l'ensemble d'une famille.
01:50:19 Raphaël Abcellem, est-ce que c'est une voie selon vous à explorer
01:50:22 ou une fausse bonne idée comme ça ?
01:50:24 Vous êtes un peu provocateur, mais comment vous appelez un système
01:50:28 dans lequel on conditionne des services publics ou l'accès à des droits
01:50:31 en fonction d'un système de notation de votre parcours judiciaire passé ?
01:50:37 Ça s'appelle un système de crédit social.
01:50:40 Ça existe, ça s'appelle le crédit social chinois.
01:50:42 C'est très efficace, on permet de lutter contre la délinquance,
01:50:46 permet de vous empêcher d'accéder à certains emplois, à certains systèmes de voyage.
01:50:52 Mais c'est un système qui est extrêmement liberticide
01:50:54 et qui implique le débordement permanent du politique dans la vie des individus.
01:50:59 Et j'entends la demande et j'entends ce que dit le maire.
01:51:01 Je cite "Quelqu'un qui loue un logement s'engage à l'utiliser
01:51:05 de manière à ne pas perturber le voisinage".
01:51:07 La chose est entendue, mais enfin on ne préjuge pas de ces choses-là en amont.
01:51:11 Mais qu'est-ce que ça signifie ?
01:51:13 Selon que vous ayez un certain passé judiciaire,
01:51:16 vous êtes condamné à vie à ne pas pouvoir accéder à un certain logement.
01:51:19 On a passé un sujet juste avant, on a parlé de l'importance de la présomption d'innocence.
01:51:23 Quand on a été condamné, qu'on a purgé une peine,
01:51:26 il n'appartient pas à un maire qui n'est pas un juge
01:51:29 de présumer si quelqu'un va bien se comporter ou non.
01:51:32 Et le cas échéant, je terminerai sur ça,
01:51:34 si quelqu'un se comporte mal, s'il y a des débordements,
01:51:37 s'il y a des troubles de voisinage, s'il faut durcir les règles
01:51:40 pour qu'a posteriori, une fois qu'on a accédé au logement,
01:51:43 on soit renvoyé, moi je n'ai aucun souci avec ça.
01:51:45 Ça s'est vu dans le cadre de logement social.
01:51:47 Ça s'est déjà vu et c'est une très bonne chose.
01:51:50 Les troubles de voisinage peuvent être extrêmement pénibles
01:51:53 dans la vie sociale d'un quartier.
01:51:55 Mais enfin, ce sont des choses qui se constatent à postériori.
01:51:58 Si on le fait à priori, il faut bien se rendre compte
01:52:01 que ce sera un contrôle dans la vie privée des gens.
01:52:06 Et d'ailleurs, le maire, comment est-ce qu'il a expliqué
01:52:09 qu'il va réussir à trouver le parcours des individus
01:52:12 parce que c'est illégal d'accéder aux casiers judiciaires
01:52:15 des personnes qui demandent ?
01:52:16 Il a dit qu'on va regarder dans la presse.
01:52:18 Le maire et ses services vont taper le nom des personnes
01:52:21 dans Google, vont chercher dans la presse.
01:52:23 C'est du fichage.
01:52:25 C'est là où on voit qu'à partir du moment où on veut
01:52:28 surveiller les gens, il faut du contrôle politique.
01:52:31 C'est quelque chose qui ne me semble pas acceptable.
01:52:33 Il y a d'autres solutions bien plus compatibles
01:52:35 avec l'État de droit qui permettent de répondre à ce besoin.
01:52:37 Anne-Laurence Pétel, c'est une sorte de double peine
01:52:39 finalement qu'on l'imposerait à ces personnes ou à ces familles.
01:52:43 Que les personnes dans les logements sociaux
01:52:45 souhaitent la tranquillité, ils ont droit aussi.
01:52:48 Et parfois, vous avez une minorité qui crée des troubles incessants.
01:52:52 Moi, je suis d'accord avec M.Hemselhem.
01:52:55 C'est au juge d'en décider.
01:52:58 Ce n'est pas à un maire.
01:53:00 Il y a des critères d'attribution de logements sociaux
01:53:02 qui sont très stricts.
01:53:04 Et ensuite, vous n'avez pas le droit de troubler le voisinage.
01:53:08 Si vous êtes auteur de faits graves de délinquance,
01:53:11 vous pouvez être expulsé.
01:53:12 C'est le cas.
01:53:13 Après les violences lors des émeutes au mois de juillet,
01:53:18 Gérald Darmanin a demandé à ce que, effectivement,
01:53:21 les délinquants qui avaient détruit du mobilier public,
01:53:26 qui s'étaient attaqués à des commerces,
01:53:29 qu'on revoie leurs conditions de logement
01:53:31 et qu'ils puissent être expulsés.
01:53:33 Mais encore une fois, la procédure est engagée par le bailleur.
01:53:36 Et ensuite, c'est au juge civil de faire le nécessaire.
01:53:39 Moi, quand un maire se substitue à un juge,
01:53:42 je ne peux pas être d'accord.
01:53:45 Judith, est-ce que c'est liberticide ?
01:53:47 Je suis d'accord avec les condamnations passées.
01:53:51 Mais vous savez que les logements sociaux sont une ressource rare
01:53:55 et sont attribués par une commission d'attribution
01:53:58 où vous avez le maire, un représentant de l'État,
01:54:03 les représentants des bailleurs, etc.
01:54:06 Dans combien de cas vous avez des familles,
01:54:10 par exemple de dealers,
01:54:11 parce que c'est l'exemple le plus courant,
01:54:14 sur lesquels il n'y a pas d'enquête en cours,
01:54:17 ou alors parce que ce sont les mineurs qui ont été pris sur le feu,
01:54:20 ils ont été relâchés.
01:54:22 La police connaît parfaitement le comportement de la famille
01:54:25 et ne peut rien faire.
01:54:26 Vous dites quoi aux habitants ?
01:54:27 "Ah ben non, on est désolés, vous allez continuer à subir ça,
01:54:31 vous allez continuer à voir cette famille occuper ce logement,
01:54:35 alors que d'autres familles qui se comportent parfaitement,
01:54:38 eux, n'ont pas de place en logement social."
01:54:41 Ce n'est pas possible de tenir ce discours-là.
01:54:43 Et les habitants qu'on a vus dans le reportage le disent.
01:54:45 Karim, j'imagine que vous serez plutôt d'accord avec cette partie du plateau,
01:54:48 sur ne pas juger a priori.
01:54:50 Je trouve la démonstration de Raphaël sur le a priori et le a posteriori
01:54:54 quand même très convaincante.
01:54:56 On ne peut pas effectivement condamner quelqu'un à perpétuité.
01:55:00 Quand vous avez été condamné et que vous avez pu urger votre peine,
01:55:03 vous avez droit quand même à un moment donné à la rédomption
01:55:06 et à démontrer que vous avez compris tout le sens de la peine.
01:55:09 Donc je pense qu'on ne peut pas condamner les gens sur le passé.
01:55:12 En revanche, là où je suis un peu en désaccord avec Mme la députée d'Aix-en-Provence,
01:55:17 c'est sur le fait que ça ne serait que le juge
01:55:20 et uniquement le juge qui pourrait statuer sur l'octroi d'un logement social.
01:55:23 Parce que je pense qu'il peut, et nous devons même,
01:55:27 je veux dire, c'est même pas "nous pouvons", nous devons mettre en place
01:55:29 aussi des mesures administratives qui relèvent d'un constat,
01:55:33 qui serait celui de la police municipale, pourquoi pas,
01:55:35 qui relève du pouvoir du maire.
01:55:37 Quand vous jetez les poubelles par la fenêtre,
01:55:39 ça arrive dans certains quartiers qui étaient populaires et qui sont devenus sensibles,
01:55:42 c'est un comportement inapproprié pour vivre en collectivité.
01:55:45 S'il y a un constat qui est établi, on n'a pas besoin de passer par la justice.
01:55:48 On doit être en mesure, sur la base,
01:55:50 - Mais ça c'est pour les cas a posteriori, une fois que les faits sont à la fin.
01:55:52 - Ça c'est pour les cas a posteriori, mais ça dépend pas du juge.
01:55:55 Ce que je veux dire par là, c'est que vous avez un tas de situations,
01:55:58 je connais bien ces quartiers populaires, qui sont devenus des quartiers sensibles.
01:56:01 Quand vous avez des enfants qui urinent dans une entrée
01:56:03 parce que les parents ne s'en occupent pas,
01:56:05 alors que dans toute la tour, tous les parents s'occupent de leurs enfants,
01:56:08 le fils, la famille qui ne s'en occupe pas, il faut faire quelque chose.
01:56:11 Et pourtant, ils sont dans un logement social,
01:56:14 mais le logement social, ce n'est pas un dépotoir.
01:56:16 Le logement social, c'est un logement pour les personnes les plus vulnérables
01:56:19 sur le plan social, mais elles ont droit à la dignité,
01:56:21 elles ont droit au calme, elles ont droit à la tranquillité,
01:56:23 elles ont droit à la sécurité, donc il faut qu'on puisse réagir immédiatement.
01:56:26 - Mais vous dites que ce n'est pas que la problématique du juge ?
01:56:28 - Oui, ce n'est pas que la problématique du juge, on peut.
01:56:30 Après, dernier point, j'en termine par là,
01:56:32 moi je suis pour l'anonymisation des demandes.
01:56:35 Je parle au niveau du patronyme.
01:56:37 On a besoin d'avoir deux critères pour le logement social.
01:56:39 Le nombre d'enfants pour la taille du logement et le niveau de ressources.
01:56:42 Je ne suis plus pour qu'on puisse effectivement
01:56:45 placer les gens en fonction de leur patronyme.
01:56:47 C'est aussi ce que nous avons fait dans les politiques de peuple mince,
01:56:49 à créer des ghettos et des catastrophes.
01:56:51 - Est-ce qu'il vous a convaincu sur l'histoire du maire
01:56:53 qui peut aussi intervenir à sa manière ?
01:56:54 - Moi je dis simplement qu'un maire tout seul prendre cette décision-là,
01:56:57 ce n'est pas une bonne chose.
01:56:58 S'il faut durcir les règles...
01:56:59 - Ce n'est pas tout seul, puisque la commission d'attribution...
01:57:01 - Non, mais là, sur le bonus/malus, c'est lui qui prend la décision.
01:57:04 - Oui, c'est le cas là.
01:57:07 - Par contre, s'il faut durcir les règles, moi je suis entièrement d'accord.
01:57:09 Tous les jours, j'ai des gens qui, dans ma permanence,
01:57:11 viennent me voir en me disant "on n'en peut plus,
01:57:13 il y a un point de deal là,
01:57:15 il y a tel voisin qui nous pose problème à tout l'immeuble,
01:57:19 une personne qui pourrit la vie de tout un quartier ou d'un immeuble,
01:57:22 ça n'est pas tenable".
01:57:24 Mais aujourd'hui, il y a déjà des procédures d'expulsion
01:57:27 qui peuvent se faire, et sur des troubles de voisinage également.
01:57:30 Quand vous jetez vos poubelles par la fenêtre,
01:57:32 c'est que vous ne respectez pas un règlement.
01:57:34 - J'en ai pas beaucoup vu à Marseille expulsés pour ça.
01:57:37 - Il y a eu quelques-uns en Angleterre récemment, c'est très compliqué.
01:57:40 - Pour la drogue, oui, il y a des mesures qui sont prises aujourd'hui,
01:57:43 de cas postérioris, comme le disait Raphaël.
01:57:45 Mais pour des codes de comportement, de vie en collectivité,
01:57:49 le civisme quand même, il faut qu'on sette un peu la vis.
01:57:52 - A priori, c'est très compliqué.
01:57:54 On est là quand même sur des considérations "a priori",
01:57:57 et non pas "a posteriori".
01:57:59 - Le cas de Compiègne, c'était un cas tout à fait différent
01:58:01 de ce qu'on connaît ou ce qu'on a pu voir en l'espèce.
01:58:03 J'aimerais juste vous partager ce témoignage,
01:58:06 peut-être pour compléter le propos.
01:58:08 Je vous avoue, je ne l'ai pas encore entendu,
01:58:10 mais on me soumet André Hiché,
01:58:12 qui est ancien président de CDC Habitat,
01:58:14 qui connaît bien ces problématiques de logement social
01:58:17 et qui s'exprime visiblement sur l'égalité même de ce genre de décision.
01:58:21 - On ne peut pas afficher les locataires.
01:58:23 Et d'ailleurs, dans le passé, il y a quelques organismes,
01:58:26 HLM, en tête un office,
01:58:29 qui avait constitué effectivement
01:58:32 les listes de locataires indélicats.
01:58:36 Et de mémoire, je pense que l'organisme Acacion
01:58:39 a été sanctionné, peut-être en justice,
01:58:42 et en tout cas par la mission d'inspection du logement social
01:58:46 qui regarde tous ces sujets-là.
01:58:48 Et qui a rappelé qu'il était parfaitement illégal
01:58:50 de constituer des listes de mauvais locataires, en quelque sorte.
01:58:54 - Ça répond à ce que vous disiez tout à l'heure, HLM Célèbre.
01:58:57 - Oui, absolument.
01:58:59 Le sujet, ce n'est pas de dire qu'on ne veut pas lutter
01:59:01 contre la délinquance ou les mauvais comportements
01:59:03 ou l'absence de civisme.
01:59:05 C'est le prix politique qu'on y accorde.
01:59:07 Encore une fois, ça n'est pas acceptable.
01:59:09 Un, qu'il y ait un système de fichage,
01:59:11 parce que c'est ce qui va arriver si on met en place ce genre de mesures.
01:59:14 Le maire l'a dit lui-même, il y aura des recherches dans la presse
01:59:17 à partir des noms des personnes.
01:59:18 C'est quelque chose qui ne me semble pas acceptable.
01:59:21 Et surtout, une société politique
01:59:23 qui est fondée sur le principe de liberté et de rédemption,
01:59:26 c'est une société qui ne préjuge pas du comportement des gens.
01:59:29 Sinon, c'est le contrôle administratif qui se développe partout.
01:59:33 - Un dernier mot, puis Julie.
01:59:35 - Je pense qu'on est quasiment tous d'accord sur le cas de Compiègne.
01:59:37 En revanche, sur l'incivisme dans ces quartiers
01:59:40 et le non-respect des droits élémentaires pour vivre ensemble,
01:59:43 il faut qu'on trouve des solutions et qu'on soit plus réactifs.
01:59:47 On ne peut pas laisser certaines situations à l'État,
01:59:49 parce que, comme l'a dit Mme la députée,
01:59:51 une minorité empoisonne la vie d'une majorité.
01:59:54 - Julie, vous avez changé d'avis ?
01:59:56 - Non, non.
01:59:57 - Ecoutez-vous à temps.
01:59:58 - Moi, je suis d'accord.
01:59:59 A posteriori, vous avez été condamné,
02:00:02 donc vous n'avez pas droit au logement social.
02:00:04 Je l'ai bien insisté en disant que c'est les comportements actuels,
02:00:08 y compris quand il n'est pas du ressort de la justice
02:00:11 balancer une poubelle par la fenêtre.
02:00:15 - Je parlais de mesures administratives.
02:00:16 - Ce n'est pas du ressort de la justice.
02:00:18 J'avais juste une question pour Karine,
02:00:20 parce que ça m'étonnait.
02:00:21 Comment vous voulez refaire du mélange social
02:00:24 si les demandes sont anonymes ?
02:00:27 - Justement...
02:00:28 - Parce qu'il y a...
02:00:29 - D'abord, le mélange social,
02:00:31 si vous parlez de conditions sociales,
02:00:33 elles existent déjà pour obtenir un logement social.
02:00:35 Moi, je parlais de mixité ethnique.
02:00:38 - Alors comment vous faites si vous ne connaissez pas les noms ?
02:00:40 - Excusez-moi, aujourd'hui, vous les connaissez
02:00:42 et on a des quartiers qui sont ghettoisés.
02:00:44 Là, vous êtes en train d'avaliser l'idée
02:00:47 qu'on a des politiques publiques qui ghettoisent et qui communautarisent.
02:00:50 Si on a demain une anonymisation, ma chère Judith,
02:00:53 vous mettrez "Jacques" avec "Mohamed",
02:00:55 parce que vous ne connaissez pas le patronyme des gens,
02:00:57 et vous les décréterez simplement par rapport aux fiches de paye
02:00:59 et au nombre d'enfants, ce qu'on ne fait pas aujourd'hui.
02:01:01 - Allez, répondez-lui en deux secondes.
02:01:02 - Ce qu'on ne fait pas aujourd'hui.
02:01:03 - Sauf que vous avez 2% de Jacques et puis 90% de Mohamed.
02:01:06 - Et parce qu'on ghettoise les gens.
02:01:08 - 90% de Mohamed.
02:01:09 - Vous pensez qu'à Marseille,
02:01:11 quand il y a un quartier où il n'y a que des Comoriens,
02:01:13 ils ont décidé d'aller vivre ensemble ?
02:01:14 Ils sont allés braquer la politique d'attribution des logements
02:01:16 pour dire "on veut tous vivre ensemble" ?
02:01:18 - Ils n'ont rien braqué.
02:01:19 - Sérieux.
02:01:20 - Mais la propension humaine à aller vivre dans une communauté
02:01:23 qu'on connaît, dont on partage les moeurs et la mort...
02:01:26 - Vous ne choisissez pas !
02:01:27 Vous ne choisissez pas d'aller chercher l'aide, les moeurs, les vivres.
02:01:29 - Allez, merci.
02:01:30 - Vous ne comprenez pas, vous ne connaissez pas
02:01:31 la politique d'attribution.
02:01:32 - J'aimerais quand même, on vous en a beaucoup parlé,
02:01:33 vous partagez le témoignage de ce médecin.
02:01:35 Vous connaissez peut-être cette histoire
02:01:37 de ce assez jeune médecin
02:01:39 qui a été agressé à son cabinet par le grand-père d'une patiente.
02:01:41 Ils étaient en plus arrivés en retard
02:01:43 au rendez-vous qu'il n'avait pas honoré.
02:01:45 Et cet homme a écopé d'un stage de citoyenneté.
02:01:48 Pourtant, vous allez l'entendre, le médecin a confié
02:01:50 que l'agression avait été particulièrement virulente.
02:01:52 Il en est ressorti très choqué.
02:01:54 - Je l'ai vu en face de moi, en position de boxeur,
02:01:57 comme ça, qui me disait "viens, viens, qu'est-ce qu'il y a ?
02:02:00 Qu'est-ce que tu vas me faire ?"
02:02:02 Donc j'étais vraiment choqué devant la scène,
02:02:04 je ne m'attendais pas à ça.
02:02:06 Par rapport à un monsieur de 68 ans
02:02:09 qui ne paraissait pas agressif, initialement.
02:02:12 Et quand je me suis rapproché de lui pour lui dire
02:02:14 "Monsieur, calmez-vous, on ne va pas se battre."
02:02:16 Il m'a attrapé par la blouse,
02:02:20 il m'a jeté par terre, il est tombé avec moi.
02:02:22 Et quand j'étais au sol, il m'a remis un coup.
02:02:24 Et voilà, ensuite j'ai réussi à me libérer
02:02:27 et à appeler la police.
02:02:29 - Laurence Pétel, peut-être un mot sur la peine ?
02:02:33 Un stage de citoyenneté, ça paraît effectivement assez faible
02:02:37 vu de l'extérieur au regard de ce qu'il a subi,
02:02:39 il le dit lui-même.
02:02:41 Qu'est-ce que ça vous inspire ?
02:02:43 - Moi ça m'inspire qu'il y ait de moins en moins de respect
02:02:46 aussi pour des autorités.
02:02:48 Quelque part, le médecin, c'est quand même quelqu'un...
02:02:50 Vous allez chez le médecin
02:02:52 parce que vous avez besoin d'une ordonnance,
02:02:54 parce qu'il est là pour vous soigner,
02:02:56 parce que cette violence-là qui s'exprime chez le médecin,
02:02:59 comme elle peut s'exprimer chez le professeur,
02:03:01 comme elle... Elle n'a aucun sens.
02:03:03 Ça veut dire qu'aujourd'hui, il y a des gens
02:03:05 qui ne savent pas se tenir,
02:03:07 alors que la personne arrive en retard,
02:03:09 vraisemblablement, donc elle loupe son rendez-vous.
02:03:11 Je pense aussi que les médecins...
02:03:14 Enfin, il y a un plan qui est sorti au mois de septembre dernier
02:03:16 pour la sécurité des professionnels de santé,
02:03:18 parce que ce sont des problématiques
02:03:20 qui se multiplient en France aujourd'hui.
02:03:22 - En quelques secondes, Karim, je sens que c'est bien ce que je vous interroge.
02:03:24 - Non mais il y a des situations où il faut placer les mots au bon endroit.
02:03:26 C'est un scandale. Moi je vous le dis.
02:03:28 Je veux dire, une agression des médecins...
02:03:30 Je parlais tout à l'heure des petites peines d'incarcération.
02:03:32 C'est une peine d'incarcération, même courte,
02:03:34 pour démontrer à cette personne que c'est inacceptable.
02:03:36 C'est du foutage de gueule, le stage de citoyenneté.
02:03:38 - C'est pas comme ça qu'on va réinstaurer de l'autorité.
02:03:40 - Surtout à l'âge de la Grèce.
02:03:42 - C'est honteux.
02:03:44 - Qu'on va réinstaurer le respect...
02:03:46 - Je rejoins l'indignation.
02:03:48 Je rejoins l'indignation, il n'empêche que,
02:03:50 ne connaissant pas le détail de l'affaire,
02:03:52 je crois le médecin, je crois tout le monde,
02:03:54 mais je n'ai pas pour habitude de commenter les décisions de justice,
02:03:56 je ne commenterai pas tout ce point.
02:03:58 En revanche, je rejoins madame la députée,
02:04:00 il y a un rapport de consommateurs qui se développe partout,
02:04:02 à l'école, avec les médecins, avec les pompiers,
02:04:04 on quémande, on quémande.
02:04:06 Le respect des valeurs morales,
02:04:08 le respect de l'autorité s'envole partout
02:04:10 et c'est bien dommage.
02:04:12 - Et c'est pour ça qu'il faut sanctionner pour les rappeler.
02:04:14 - Merci à tous d'avoir été des nôtres.
02:04:16 Merci Michael, ça fait un plaisir de vous avoir sur ce plateau aujourd'hui
02:04:18 dans un instrument punchline.
02:04:20 Laurence Ferrari, quant à moi je vous dis à demain
02:04:22 pour une nouvelle édition de 180 minutes info.
02:04:24 Bonne soirée.
02:04:25 [Musique]