Clean my calanques, on nettoie ou pas ? Avec Eric Akopian - La question qui

  • il y a 6 mois
Clean my Calanques est une association marseillaise créée en 2017 par Eric Akopian, qui milite pour la préservation de l'environnement et qui a pour ambition de sensibiliser l'ensemble de la population aux enjeux environnementaux.
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00:00 *Musique*
00:05 *Musique*
00:34 Il va se faire encadrer le mégot !
00:36 Il va se faire encadrer le mégot !
00:38 Bonjour Éric Acopyan !
00:40 Bonjour, bonjour et je pense que je vais dire bon anniversaire aussi vu que tout l'appart a été fait.
00:44 Bah merci, merci beaucoup, ça me fait plaisir.
00:46 Bon anniversaire !
00:47 Merci, vous m'avez apporté des cadeaux, faites... Non ?
00:49 On a, on a.
00:50 De l'espoir un peu !
00:51 Bravo Jean-Thiap pour cette très belle reprise Éric Acopyan,
00:55 on entend aussi le youtubeur marseillais Bengus qui a pas mal de fans.
00:59 Ça fait 800 000 vues quand même sur youtube cette reprise de en bande organisée.
01:04 Vous avez donc, vous créez Clean My Calanque, c'était en 2017,
01:08 c'est des grandes séances assez festives de ramassage de déchets sur les plages et les calanques marseillaises.
01:12 Vous faites aussi de la sensibilisation et je crois que vous devez tout à votre mère, née en Arménie, c'est ça ?
01:19 Ouais, bah c'est juste que du coup, avant la fin de l'armée, ça faisait partie du bloc URSS
01:23 et du coup pendant le bloc URSS, il y avait certains samedis, ça s'appelait les sous-botniques
01:27 et c'était les samedis où tout le monde faisait du bénévolat.
01:30 Alors je ne sais pas si c'est vraiment du bénévolat quand, du coup, si tu ne le fais pas, tu vas au goulag,
01:34 mais en tout cas, ici, ils disaient que c'était du bénévolat et en fait, tous les samedis, tu pouvais nettoyer tout le pays.
01:39 Du coup, tu avais ces habitudes d'abord d'essayer, tu sais, tu as été éduqué à vouloir essayer de rendre ton pays le plus propre possible
01:45 et du coup, c'est resté un peu, tu vois, j'ai vécu aussi en Arménie, c'est vrai que même si ce n'était pas un pays aussi riche qu'en France,
01:52 c'était quand même un pays assez propre avant qu'il y ait l'invasion du plastique,
01:55 mais du coup, il y avait ce truc qui est resté et puis souvent, on parlait de ça et puis, arriva à Marseille,
01:59 tiens, tu en parles aussi, tu es obligé.
02:01 Oui, et puis, vous vous énervez dans les calanques parce que c'est là que vous faites votre footing,
02:04 il y a des déchets partout, vous en parlez avec votre mère et elle vous dit, bon, on pourrait peut-être ramasser aussi ici les déchets.
02:10 Elle avait marre de m'entendre juste râler, tu vois, elle m'a dit "fais un truc" et je dis bon, allez, j'étais jeune, à l'époque,
02:14 j'étais à l'armée en plus, donc j'avais de l'énergie à revendre et je dis "je vais faire un truc" et j'ai juste appelé mes collègues.
02:18 À la base, c'était juste ça, ce n'était même pas faire une assaut ou quoi, tu vois, le but, c'était juste faire un petit peu à ton échelle.
02:24 J'ai dit "bon, les gars, on fait une rando, on prend un pique-nique, on va se baigner comme d'hab, juste sur le chemin, on prend un sac et des gants".
02:30 Et tu sais, on était naïf, on se disait en deux, trois coups, ça va être réglé et en fait, on se rendait compte qu'il y avait encore des déchets.
02:35 C'est là qu'on s'est dit "on va sensibiliser en fait" parce que ramasser, si tu ne fais que ramasser les déchets des autres,
02:40 tu es juste un peu le pigeon quoi, mais du coup, le but, c'est de sensibiliser pour qu'un jour, tu n'aies plus de déchets à ramasser.
02:46 Sur Marseille, vous vous êtes posé la question de comment parler aux Marseillais quand l'association a commencé à grandir et vous vous êtes dit "l'orgueil, je ne vois que ça".
02:53 Tu es obligé, il y a une fierté à Marseille et c'est vrai, on est fiers. Après, c'est dommage d'être fier d'une ville et la laisser aussi sale,
02:58 mais c'est un peu ce qu'on a à Marseille, donc j'ai dit "je vais jouer là-dessus, on va jouer là-dessus" et c'est pour ça que maintenant, du coup, on est avec des potes.
03:05 C'est ça qui est intéressant avec cet asso, c'est que c'est avec mes meilleurs potes, c'est assez sympa, tu bosses avec eux.
03:10 Et ce qu'on fait surtout pour jouer sur la fierté marseillaise, on est souvent en stade.
03:14 C'est-à-dire qu'avec les supporters, on a un mégaphone et on incite les supporters à ramasser leurs déchets, on fait des ramassages avec eux,
03:19 on fait des ramassages avec les petits joueurs de foot, etc. Et on joue là-dessus, on dit "on a une ville magnifique, on est fiers de notre ville, venez et soyons fiers de notre ville pour les bonnes raisons".
03:29 Si on vous écoute, il ne faut pas culpabiliser les gens, mais en attendant, c'est quand même eux qui se baissent pour ramasser les déchets,
03:34 alors que la gestion de ces déchets, c'est clairement une problématique forte dans la ville de Marseille.
03:38 La gestion municipale de ces déchets, c'est une problématique en plus qui dure à Marseille.
03:42 Il y a un enjeu de sensibilisation sur ces sujets, rapport aux gens qui jettent des trucs notamment, mais il y a aussi un enjeu de politisation.
03:48 T'es obligé après, j'avoue qu'on essaie de rester le plus éloigné possible de ça, on essaie vraiment d'être le plus neutre et en fait, on veut être juste avec les citoyens.
03:57 C'est ce que je dis, parler avec des écolos, ça ne me sert à rien, c'est une perte de temps, ils savent déjà tout.
04:01 On veut juste être avec tous les Marseillais et c'est beaucoup plus pratique de toucher 100% des citoyens un peu, que juste de rester dans sa zone de confort et de faire avec des gens qui savent déjà.
04:10 Du coup, nous on essaie, évidemment t'es obligé de faire la poétique sans le vouloir, moi j'en fais sans le vouloir, mais je ne comprends rien en vrai.
04:16 Moi je préfère plutôt faire avec les citoyens, comme je t'ai dit, avec les supporters, avec les jeunes, on va dans les écoles, on va dans les lycées, on va partout partout à Marseille,
04:22 pour dire au moins un peu, partout ça va être plus efficace que juste dans ce petit cercle fermé.
04:27 Mais à ce qui paraît, c'est faire de la politique, donc peut-être.
04:31 Aussi peut-être qu'il faudrait presque en faire de la politique pour que ce ne soit pas aux citoyens, même s'il faut se responsabiliser.
04:36 Si moi je fais de la politique, Marseille ça coule en 6 mois, je te le dis.
04:40 C'est bien de nous prévenir. C'est bien de nous prévenir parce qu'on ne sait pas, dans 10 ans ça peut tomber et on ressort la phrase.
04:45 Vous vous battez concrètement pour préserver un endroit objectivement beau, alors que vous, Féris Barkha, vous vous battez au nom de quartier où il n'y a pas vraiment de tourisme, assez peu je crois.
04:54 Vous pensez que ça change quoi, tous les deux d'ailleurs, dans votre façon d'aborder les choses ?
04:59 J'aime beaucoup cette question.
05:01 Je te laisse y répondre.
05:03 Non mais j'aime beaucoup cette question parce qu'en fait au début, effectivement, on ne s'occupait que des calanques, et après on s'est rendu compte que les déchets venaient de la ville.
05:09 Et c'est pour ça qu'on a commencé à faire un ramassage dans les calanques et en ville, parce que 90% des déchets des calanques, ce n'est pas les gens qui vont jeter, c'est souvent le vent, la mer, etc.
05:18 Les vagues qui rejettent ça.
05:20 Du coup on s'est dit, mais en fait plus important c'était aussi de s'occuper de la ville et de partout, toutes les rues, tous les quartiers.
05:25 Donc en soi, on commence petit à petit à tendre aussi vers là, mais j'aime beaucoup cette question.
05:29 Vous en pensez quoi, vous Féris Barkhat ?
05:31 De ce côté, quelque part les calanques, on voit très bien ce qu'il y a à défendre dans les calanques, alors que les banlieues s'ouvrent déjà d'une image qui est parfois difficile à défendre, mais en tout cas à revendiquer.
05:43 Qu'est-ce que ça change pour vous, dans votre façon d'aborder les choses ?
05:47 Quand vous dites par exemple, il faut prendre soin de notre environnement.
05:51 Lui parle de la fierté des Marseillais, peut-être que c'est la même chose.
05:55 Ce n'est pas facile cette question.
05:57 Elle est compliquée.
05:59 En fait, le rapport qu'on a à l'environnement, pour moi, il est particulier parce qu'il est déjà de base bousillé.
06:05 Je ne vais pas rentrer directement dans la porte des déchets ou je ne sais pas quoi, parce que pour moi, il y a un truc beaucoup trop déshumanisant.
06:13 Et d'ailleurs, peut-être que c'est aussi lié à mon histoire familiale, mais mes parents ont voulu très vite quitter le quartier, parce qu'il y avait un truc de "mais qu'est-ce qu'on fait dans des cages à lapins ?"
06:21 Et donc cet environnement qui est inhumain, moi je parais du principe que plus que la responsabilité des habitants, nous on est là, on essaye d'outiller, on est plus dans une logique d'émancipation, mais on n'est pas là dans une logique de transformation du territoire.
06:36 Précisément parce qu'on pense, à part avec des propositions de politique publique et des propositions de plaidoyer qu'on porte, je pense qu'il revient aux politiques d'essayer de dire "mais c'est quoi cette dinguerie ? Rénover correctement nos habitats ?
06:48 J'étais à Montpellier, il y a une semaine, au quartier de la Payade, et c'est terrible. En termes de rénovation thermique des bâtiments, on n'y est pas du tout, les gens sont en train de mourir, et je pense que...
06:59 - Les écoles, les écoles... - Les écoles... Et je pense qu'il y a une sorte de responsabilité qu'on doit incomber à tout le monde en disant "en fait on a quand même déshumanisé", et après venir dans des conséquences, "oui mais c'est pas ça le sujet".
07:12 À la base, Dieu serait de ceux qui déplorent les conséquences, on ne lui tuerait pas les causes. Et les causes, on ne les met pas trop en avant.
07:20 En tout cas, il y a un truc qui vous réunit, c'est que tous les deux vous dites que ça ne vous intéresse pas de parler à des gens déjà convaincus. Donc là, en gros, vous n'avez rien à vous dire ?
07:27 - Exactement. - L'un à l'autre. - On se regarde. - C'est tout.
07:33 - Ils se sont entrechoqués les verts. - Moi quand j'arrive dans une classe, et que des fois on fait avec des lycéens, ils sont très éloignés de ça, selon l'âge des jeunes et tout.
07:44 Et des fois, quand on me dit "moi j'en ai rien à faire", moi je dis "c'est lui qu'il faut sensibiliser". Au moins un peu. Et en plus on a cette chance, ça se passe toujours trop bien nos sensi, mais c'est ça le but.
07:53 C'est sensibiliser ceux qui s'en foutent, ou qui pensent s'en foutre. Parce qu'en fait tu peux toujours trouver un minimum pour s'accrocher, et là tu l'as un peu, et c'est déjà réglé.
08:00 - C'est quoi votre prochain coup d'éclat ? Vous attendez une tempête pour reprendre en photo les plages de l'Escalborelly ? Ce qui avait fait bouger les choses, vous aviez eu 500 personnes le lendemain pour nettoyer les plages.
08:10 - Ouais, c'était fou. C'est simple, on a eu la fameuse inondation à Marseille, et c'était en même temps la grève des éboueurs, donc effectivement il y avait les plages remplies, et on a fait un triste record de participation, il y avait des gens qui étaient venus de partout pour nous aider.
08:22 On a plusieurs projets, on a un projet secret qu'on va faire avec, si tout se base bien, si l'agenda s'accorde, avec Sosomanès et les Secpa, pour parler aussi encore toujours de ça.
08:31 Et on a mis en place des brigades vertes dans Marseille, pour qu'un jour on n'ait plus de déchets à ramasser. On est maintenant en place dans plein plein plein de quartiers de Marseille, brigades autonomes, on leur fournit tout.
08:41 Parce qu'il y a des gens, ils ne peuvent pas venir à nos ramassages, ils sont frustrés, on a dit. On file des sacs, des pinces, et vous allez dans le quartier, vous faites, et avec aussi les commerçants.
08:48 Pour refaire aussi ce lien de vie de quartier, etc. Donc on est là-dessus.
08:52 Brigade verte.
08:53 Ça c'est magnifique, parce que je me permets...
08:55 C'est fait pour, c'est fait pour.
08:57 Je trouve que c'est magnifique parce que ça devient un prétexte. Je ne sais pas si c'est pensé comme ça dans la démarche, mais on est dans une logique de "ok, il y a la question des déchets, mais derrière on recrée du lien".
09:06 Social.
09:07 On recrée du lien, on autonomise, on responsabilise des jeunes avec ce principe de brigade verte, j'ai bien tout compris.
09:12 Et donc je trouve ça très beau, parce que d'un coup on donne confiance.
09:17 À Marseille, il y a eu beaucoup cette vie de quartier qu'on a plu et qu'on veut retrouver, donc c'est big up à Céline pour ça.
09:22 C'est Brigade verte, c'est un projet qui marche très bien, et on s'en étonne, parce qu'on pensait que tout le monde allait dire "non mais c'est pas à nous de faire ça".
09:27 Les Marseillais, ils en ont marre, ils veulent une ville propre, ça marche trop bien.
09:30 Les Brigades vertes, vous pouvez les rejoindre évidemment si vous allez sur le site de Clean My Calanque.
09:34 Au revoir et merci beaucoup Eric Acopian, le fondateur de Clean My Calanque.
09:38 Merci.
09:39 Depuis 2017, c'est 65 tonnes de déchets collectés.
09:42 ...

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