Le Déclic S1 EP36 - Magazine de l'écologie

  • il y a 7 mois
Interview confession de personnalités politiques et médiatiques sur des sujets environnementaux

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Transcription
00:00 [Générique]
00:19 [Sonnerie de porte]
00:24 - Bonjour Olivier. - Bonjour Edouard, ça va ?
00:26 - Bienvenue. - Merci.
00:27 - Je vous en prie.
00:28 - Olivier Klein, maire de Clichy-sous-Bois et ex-ministre délégué à la Ville,
00:32 a présidé l'ANRU, l'Agence nationale pour la rénovation urbaine,
00:36 contribuant activement à la transformation et au renouveau des zones urbaines défavorisées.
00:41 Son engagement pour le développement et la modernisation des quartiers en difficulté
00:45 met l'accent sur l'amélioration des conditions de vie locales.
00:49 - Merci.
00:50 - Bienvenue dans le Déclic.
00:51 [Générique]
00:55 - Olivier, merci d'avoir accepté votre invitation.
00:57 - Quelle a été votre déclic en matière écologique ?
01:01 - Je crois comme beaucoup, quand j'ai eu des enfants, et m'inquiéter pour leur avenir.
01:06 Je pense que ce n'est plus ce qu'on a connu dans un film de science-fiction,
01:10 le réchauffement climatique et les images.
01:14 - Qu'est-ce qui vous a inquiété ?
01:16 - Les conséquences, les conséquences humaines, les conséquences migratoires,
01:22 les conséquences sur la biodiversité, l'eau.
01:26 - Retour en arrière.
01:27 Enfant, que rêviez-vous de devenir ?
01:29 - Être prof, c'est vraiment ce que j'avais envie de faire.
01:32 D'abord parce que l'école a beaucoup compté pour moi.
01:35 J'ai des parents qui sont ouvriers.
01:37 Mon père a un CAP d'imprimeur.
01:39 Ma mère a à peine le certificat d'études.
01:42 Ils m'ont toujours dit "travaille bien à l'école et tu réussiras".
01:45 J'ai eu la chance de croiser dans mon parcours d'élève
01:49 des profs qui m'ont beaucoup marqué.
01:51 J'ai eu le même professeur du CE2 au CM2, ce qui est beaucoup.
01:55 Un monsieur qui s'appelle Martial Grail.
01:58 Et que je continue à voir, d'entretenir des relations,
02:04 prendre de ses nouvelles.
02:05 - Mais quelque part, ce rêve s'est réalisé ?
02:07 - Oui, je suis prof.
02:09 - Vous avez été professeur ?
02:11 - La politique c'est qu'une fonction, une mission.
02:14 Mon métier, quand on me le demande, c'est d'être professeur.
02:17 - Quel a été votre tout premier geste écologique ?
02:21 - C'est difficile à dire.
02:23 Je faisais de l'écologie sans le savoir,
02:26 parce que mes parents étaient pauvres, plutôt modestes.
02:30 Je me rappelle d'un truc qui n'existe plus,
02:33 qui revient un peu, c'est les consignes.
02:35 Je me rappelle que je ramenais le verre chez l'épicier
02:39 et qu'on me donnait quelques centimes ou quelques francs,
02:42 parce qu'on pouvait en ramener beaucoup.
02:44 Et d'une certaine manière, c'était un geste écologique.
02:48 - Et à contrario, avez-vous un petit péché en écologie ?
02:52 - Je crois que c'est encore un péché, il ne faut pas le dire,
02:55 mais il m'arrive d'apprécier de prendre un bain chaud.
02:59 Après un footing, quand j'évale partout,
03:03 quand je suis fatigué, un peu de...
03:05 - Donc il faudra essayer de prendre une douche ?
03:08 - Voilà, mon appartement, je pense qu'il va falloir enlever le bain
03:12 et avoir des douches partout.
03:14 Je prends évidemment 99% de douches,
03:16 mais de temps en temps un bain chaud.
03:18 Mais je crois que ce n'est pas un péché,
03:20 et ça aussi, c'est le côté prof de physique chimie.
03:23 Moi, je crois au nucléaire,
03:26 et j'ai toujours pensé que, jusqu'à preuve du contraire,
03:30 c'était un des meilleurs moyens de lutter contre les gaz à effet de serre.
03:34 - Pourquoi le nucléaire, justement ?
03:36 - Parce qu'aujourd'hui, produire de l'énergie,
03:39 de la chaleur, de l'électricité,
03:41 sans produire de gaz à effet de serre,
03:43 il y a beaucoup de moyens qu'il faut entretenir,
03:45 mais celui qui permet d'en produire le plus,
03:47 c'est quand même le nucléaire civil.
03:50 Et donc, je continue à penser que...
03:53 Alors, il faut travailler sur les déchets,
03:55 il faut travailler sur le risque,
03:57 il faut travailler, évidemment, sur l'environnement de nos centrales.
04:01 Et puis, on a vu des exemples dramatiques
04:04 de centrales nucléaires qui ont pu connaître des difficultés majeures.
04:09 Mais voilà, là, ce n'est pas un péché.
04:12 Je ne suis pas le seul à penser que le nucléaire a encore de l'avenir.
04:15 - Du coup, vous êtes plutôt favorable à la réouverture de centrales nucléaires ?
04:19 - Oui, oui, je pense qu'aujourd'hui, il faut continuer à investir,
04:22 investir pour les centrales,
04:24 investir pour la sécurité de ces centrales.
04:26 C'est d'abord un moyen de production d'énergie,
04:28 un moyen de créer des emplois.
04:31 Il faut continuer à les améliorer,
04:35 à réfléchir sur les déchets, les déchets ultimes, bien évidemment.
04:38 Ce n'est pas un solde de tout compte,
04:40 mon soutien au nucléaire civil.
04:44 - Sécuriser l'environnement.
04:46 - Voilà, et il y a beaucoup encore de choses, je crois, à inventer.
04:50 Les EPR, réussir à livrer des centrales dans des temps plus courts.
04:54 Après, il y a des centrales qui vieillissent,
04:56 qui sont probablement obsolètes.
04:58 Mais donc, ça, c'est une politique de planification que le gouvernement.
05:02 Et en même temps, parce qu'il faut diversifier notre capacité
05:05 de produire de l'énergie, les énergies renouvelables,
05:10 photovoltaïques, le vent, la marée, tout ce que l'on connaît,
05:13 tout ce qu'on va encore inventer, l'hydrogène.
05:17 - Sur les énergies renouvelables, justement,
05:19 le solaire et les éoliennes, par exemple, vous n'y croyez pas ?
05:23 C'est qu'un complément ?
05:25 - Je pense qu'on a besoin d'un mixte, et on le voit,
05:30 dans les périodes où il faut être sobre,
05:32 dans les périodes où on a besoin d'additionner nos capacités à produire.
05:36 Moi, je crois aussi, on en parlera peut-être tout à l'heure,
05:39 dans la ville, au réseau de chauffage urbain,
05:41 aller chercher les sources d'eau chaude, les sources géothermiques.
05:45 Je pense que dans cette période, il ne faut rien s'interdire,
05:50 et puis il y a aussi tout ce qu'on va probablement encore inventer.
05:53 - Innover, inventer, bien sûr.
05:55 - Et surtout, comment on se prépare d'un point de vue industriel
06:00 pour que la France ne soit pas là encore dépendante,
06:03 comme on a pu l'être ou on peut l'être encore, d'énergie fossile.
06:06 Comment on n'est pas dépendant de production, d'invention.
06:10 On parle des pompes à chaleur, par exemple, dans le logement.
06:13 Comment on fait pour que cette production-là
06:15 soit produite par nos industries,
06:17 pour qu'ensuite, on crée des filières
06:19 et ça rende service à la fois à nos concitoyens et à l'emploi.
06:23 - Ça vous crée un cercle vertueux. - Exactement.
06:25 - Pour revenir sur les inventions,
06:27 si vous deviez être le père d'une loi, d'une invention,
06:30 quelque chose qui vous a marqué, laquelle vous choisirez ?
06:33 - C'est compliqué.
06:35 Évidemment, comme ancien ministre du Logement,
06:37 je pense que tout ce qui va accompagner de plus en plus
06:41 nos concitoyens à rénover leur logement
06:44 est extrêmement important, en particulier les plus fragiles.
06:48 Parce que, évidemment, même si c'est une expression
06:51 qui est parfois galvaudée entre la fin du mois et la fin du monde,
06:55 il ne faut pas choisir.
06:57 Et moi, ce qui me paraît important, c'est notamment
07:01 ces passoires thermiques que l'on connaît,
07:03 dans lesquelles vivent les plus fragiles, souvent.
07:06 Et donc, tout ce qui touche autour de la rénovation énergétique,
07:10 pour parler de l'actualité, me paraît extrêmement important
07:14 et utile à nos concitoyens.
07:16 - C'est le cas, puisque vous êtes maire dans votre ville.
07:19 Il y a beaucoup, malheureusement, de pauvreté.
07:22 Est-ce que l'État en fait suffisamment assez ?
07:25 Est-ce qu'aujourd'hui, on accompagne vraiment ces ménages
07:27 en situation de précarité énergétique ?
07:30 On entend beaucoup aussi de réformes,
07:32 notamment celle de MaPrimeRénov' avec l'accompagnateur Rénov'.
07:35 Est-ce que, quelque part, on est au rendez-vous
07:37 ou on n'en fait pas suffisamment ?
07:40 - Alors, on n'en fait jamais suffisamment,
07:43 notamment pour les plus fragiles.
07:45 En tout cas, j'ai été en responsabilité,
07:49 donc je sais à quel point on est attentif,
07:51 avec l'Ana, l'Agence nationale d'amélioration de l'habitat,
07:57 avec l'Agence nationale pour le renouvellement urbain.
08:00 On agit sur le logement.
08:01 Ce qui est difficile, c'est que,
08:03 notamment dans les copropriétés,
08:06 on a du mal à aider les copropriétaires
08:09 et la copropriété à faire des travaux.
08:12 On le sait, il y a des règles,
08:13 il faut les respecter, de calendrier, de transformation.
08:15 - L'inertie avec le syndicat aussi.
08:17 - Mais voilà, il faut arriver en Assemblée générale,
08:19 avoir le quorum, voter, et que le vote soit positif.
08:23 Pour qu'il soit positif, il faut que le reste à charge
08:25 pour les copropriétaires ne soit pas trop important,
08:27 s'il est inatteignable.
08:28 C'est là où il faut continuer à simplifier les choses.
08:32 Et puis, on le sait, on est dans une copropriété
08:37 pas toujours en face de copropriétaires,
08:39 on est en face de locataires.
08:41 Donc, il faut responsabiliser les propriétaires investisseurs
08:45 de leurs biens pour qu'ils fassent les travaux,
08:47 parce qu'on ne peut pas laisser les gens vivre dans le froid,
08:50 l'humidité, etc.
08:51 - Dans des situations insolites.
08:53 - Et dans des villes comme la mienne,
08:54 où on a un grand problème de copropriétés privées,
08:57 extrêmement dégradée, il y a des outils,
08:59 des lois qui ont changé, ce qu'on appelle l'or code,
09:02 l'opération programmée d'amélioration
09:04 des copropriétés dégradées.
09:06 Moi, j'ai lancé, quand j'étais ministre,
09:09 une mission sur l'habitat insalubre,
09:11 parce qu'il faut aller plus loin,
09:12 il faut se doter d'outils, d'expropriations, etc.
09:15 pour chasser, notamment, ce qu'on appelle
09:17 les marchands de sommeil, ces espèces de ténardiers
09:20 des temps modernes qui se font de l'argent
09:22 sur le dos de la misère.
09:24 Et donc, c'est tout ça, c'est pas qu'un problème technique,
09:27 c'est aussi un problème social.
09:29 - Mais justement, quand on est maire,
09:32 notamment d'une ville où la précarité est très importante,
09:37 40%, je crois, comment aujourd'hui,
09:41 on traduit votre phrase qui dit
09:43 "les habitants ont droit au beau, au juste, au durable",
09:46 qu'est-ce que concrètement ça veut dire
09:48 et quel moyen a été mis en place
09:50 pour répondre à ces problématiques ?
09:52 - Quand j'étais maire, j'ai eu l'honneur
09:54 d'être aussi président d'une agence qui s'appelle L'ANRU,
09:56 l'Agence Nationale du Renouvellement Urbain.
09:58 Et cette agence, elle accompagne
10:00 ce que Borloo a créé, cette agence, l'ANRU,
10:04 et accompagne les quartiers populaires,
10:06 les quartiers impolitiques de la ville,
10:07 dans leur rénovation.
10:08 - Et quels sont les grands chantiers ?
10:10 - Alors, les grands chantiers, souvent ça a été
10:12 des opérations de démolition, reconstruction.
10:15 Alors d'abord, construction, parce qu'il faut reloger,
10:17 puis démolition, parce que certains immeubles
10:19 étaient tellement obsolètes qu'on ne pouvait pas les rénover.
10:21 Mais d'autres, c'est de la rénovation.
10:24 Et donc, il faut, je crois, moi, vraiment dire
10:28 aux habitants des quartiers populaires
10:30 que leur ville, on va la transformer,
10:33 mais ça ne suffit pas.
10:34 On dit qu'il faut toucher à l'urbain et à l'humain
10:37 en même temps.
10:38 Si on se contente de changer le logement
10:40 et qu'on n'a pas l'accompagnement social suffisant
10:42 pour les habitants de ces quartiers,
10:44 on ne réglera rien.
10:45 Si on se contente de changer le logement
10:47 et qu'on ne désenclave pas ce quartier
10:48 en créant les transports,
10:49 et là aussi, c'est de la durabilité.
10:51 On a parlé de mes parents.
10:53 Tout à l'heure, ils ont acheté à Clichy-sous-Bois
10:55 en 1966, sur plan, dans la copropriété
10:58 du Chêne-Pointu, qui est aujourd'hui
10:59 une des copropriétés les plus endettées de France.
11:01 Et on leur avait promis une autoroute,
11:03 ce qui n'était pas une très bonne idée,
11:04 mais elle passe aujourd'hui, c'est la Francilienne,
11:06 tout le monde la connaît, mais 10 km plus loin,
11:08 et un métro.
11:09 Le métro, il n'est jamais venu.
11:10 Cette ville, elle est restée très enclavée
11:12 et donc, pour aller bosser,
11:13 il faut prendre la voiture, etc.
11:15 Un tramway a été annoncé, vous imaginez,
11:17 en 1998, par Jean-Claude Guesso,
11:19 ministre des Transports.
11:20 C'est moi qui l'ai inauguré en 2019, ce tramway.
11:22 Donc, vous voyez...
11:23 - Il y a une inertie qui est considérable.
11:25 - Terrible.
11:26 Et donc, tant qu'on n'est pas capable
11:27 de toucher tout en même temps,
11:29 le logement, les transports, la tranquillité,
11:31 la sécurité, l'école de la République,
11:34 et puis faire que les gens sortent
11:38 de l'école en ayant un travail,
11:40 et donc, toucher au sentiment
11:42 et à la réalité de la discrimination,
11:44 eh bien, on n'y arrive pas.
11:45 Et donc, c'est tout ça qu'il faut faire.
11:47 Et quand on rénove,
11:48 c'est pour ça que je parlais du beau,
11:50 je pense que c'est dans nos villes
11:51 qu'on a besoin des meilleurs enseignants,
11:53 des plus belles écoles,
11:54 parce qu'il faut être fier, chaque matin,
11:56 de déposer son enfant à l'école.
11:58 Et aussi, d'architectes qui réfléchissent,
12:01 des urbanistes qui réfléchissent
12:02 pour recréer la ville sur la ville.
12:04 La ville de demain, elle se recrée sur le déjà là.
12:07 - Qui sera forcément différente.
12:08 - Voilà, qui sera différente,
12:09 mais en même temps,
12:10 dans cette dimension écologique
12:12 qui est la nôtre aujourd'hui,
12:13 il faut aussi regarder ce qui peut être rénové,
12:16 comment on utilise,
12:17 comment on récupère des matériaux.
12:20 Et c'est tout ça qu'il faut faire
12:22 et qu'il faut inventer.
12:23 Et pour revenir à la phrase
12:25 du fin du monde, fin du mois,
12:27 comment on fait pour que,
12:29 dans ces nouveaux immeubles,
12:30 les charges soient les plus basses possibles,
12:33 qu'ils soient les plus sobres énergétiquement.
12:35 C'est pour ça qu'il faut appliquer les règles,
12:37 l'Aéro 20/20,
12:38 qu'il ne fallait pas retarder.
12:40 C'est pour ça qu'il faut appliquer
12:42 les règles de transformation énergétique
12:44 avec les étiquettes du logement.
12:46 Donc voilà,
12:47 les habitants de ces quartiers
12:48 ont droit au beau.
12:49 - Pour nos téléspectateurs, Olivier,
12:51 qu'est-ce que la R.E. 20/20 ?
12:53 Est-ce que vous pouvez leur détailler
12:54 très brièvement ?
12:55 - Détailler ?
12:56 Non, mais il y a des normes
12:58 lorsqu'on construit du logement,
12:59 des équipements publics.
13:00 - C'est une nouvelle réglementation.
13:01 - C'est une réglementation
13:02 qui permet d'avoir un bâtiment sobre.
13:06 - BBC, je crois.
13:07 - Oui, mieux que BBC encore,
13:08 sobre énergétiquement,
13:09 pour que les consommations
13:11 soient les plus basses possibles.
13:12 Alors parfois,
13:13 on a même des immeubles passifs
13:15 à consommation quasiment positive.
13:17 Il faut aussi expliquer aux gens
13:19 que quand on a des immeubles comme ça,
13:20 il ne faut pas...
13:21 On a des exemples d'écoles
13:24 qui sont passives
13:25 et il faut être attentif.
13:27 Il ne faut pas laisser
13:28 les fenêtres ouvertes la nuit,
13:29 même si c'est des habitudes
13:30 que l'on a prises,
13:31 parce qu'il faut conserver
13:32 la chaleur résiduelle, notamment,
13:34 ou la fraîcheur l'été.
13:36 - Et en matière de coût,
13:37 est-ce que ça ne fait pas exploser
13:38 aussi les prix de la construction ?
13:40 - Alors c'est un sujet,
13:41 bien évidemment,
13:42 qui peut aussi expliquer
13:44 la crise du logement
13:45 que l'on connaît aujourd'hui.
13:46 Il faut être attentif,
13:48 mais il faut que ça soit
13:51 du gagnant-gagnant.
13:52 C'est-à-dire que, oui,
13:53 il peut y avoir des coûts
13:54 plus importants,
13:55 mais oui, on va avoir
13:56 des dépenses moindres après,
13:58 de chauffage,
13:59 de consommation d'eau, etc.,
14:01 d'entretien.
14:02 Donc c'est cet équilibre-là
14:04 qu'il faut trouver,
14:05 à la fois dans le logement,
14:06 dans les équipements publics,
14:07 dans les bureaux.
14:08 C'est toute cette équilibre-là
14:09 et c'est toute cette chaîne
14:11 de la sobriété
14:12 qu'il faut réinventer.
14:13 - Comment aujourd'hui on calcule
14:15 l'empreinte carbone d'une ville ?
14:17 - Ça c'est difficile.
14:19 En réalité,
14:21 d'abord parce que
14:23 je n'en ai pas forcément les moyens,
14:24 techniques, intellectuels, l'ingénierie.
14:27 Et donc c'est plus une politique
14:29 de petits pas,
14:30 de transformation,
14:32 de logique architecturale,
14:36 de logique urbaine,
14:38 de respect de la nature en ville.
14:42 On est une ville...
14:44 - Est-ce qu'on revégétalise ?
14:46 - Alors oui.
14:47 Kichi c'est une ville un peu bizarre
14:48 parce que je vous ai dit
14:49 qu'il devait y avoir une autoroute.
14:51 Et donc au milieu de cette ville,
14:52 il reste une espèce de cicatrice verte
14:54 qui est la trace de cette autoroute
14:55 qui n'est jamais venue.
14:57 Après la nature reprend ses droits
14:59 et donc ça devient une zone humide.
15:02 Et à un moment,
15:03 on se retrouve dans des choses
15:05 qui peuvent être positives
15:06 mais qui deviennent des contraintes
15:07 parce que c'est pas simple
15:08 d'avoir la loi sur l'eau,
15:11 les contraintes environnementales.
15:13 Moi j'ai des chardonnays dans le ciel,
15:16 j'ai des salamandres dorées dans le sol
15:21 et tout ça.
15:22 Il faut tenir compte
15:23 de la diversité biologique et écologique
15:25 et en même temps construire
15:26 parce qu'on peut pas laisser les gens
15:27 vivre dans des taudis.
15:28 Et donc c'est tout ça qu'il faut faire.
15:30 - Mais aujourd'hui,
15:31 est-ce que vous, en tant que maire,
15:33 vous essayez de revégétaliser ?
15:34 - Bien sûr.
15:35 - Des écoquartiers ?
15:36 - Des écoquartiers.
15:37 La zone pavillonnaire,
15:38 vous savez,
15:39 l'île de France a cette chance historique
15:41 d'avoir tout à la fois
15:42 de l'habitat collectif
15:43 et des zones pavillonnaires,
15:44 des zones résidentielles
15:45 dans lesquelles on a tendance à oublier
15:47 à quel point il y a un petit jardin derrière
15:50 puis le voisin,
15:51 il a aussi un petit jardin
15:52 et puis quatre petits jardins,
15:53 ça crée un cœur d'îlot
15:55 et il faut y être attentif
15:57 et il faut que nos programmes locaux
15:59 de l'urbanisme protègent
16:01 cette nature en ville qui est déjà là,
16:04 qu'on a tendance à oublier
16:05 parce qu'un petit pavillon,
16:06 ce n'est pas forcément
16:07 un modèle architectural,
16:08 mais la réalité,
16:09 c'est que c'est aussi de la nature en ville
16:11 et il faut la protéger
16:12 pour la préserver
16:13 et puis là où c'est possible,
16:15 mettre des règles,
16:17 la pleine terre,
16:18 abandonner les caniveaux
16:20 pour avoir de l'eau qui circule,
16:22 des noues,
16:24 il faut changer un peu nos habitudes.
16:26 - Et alors en parlant d'habitude justement,
16:28 Clichy est la seconde ville
16:30 de la Seine-Saint-Denis,
16:31 la plus verte,
16:32 est-ce qu'il faut engager
16:34 embarquer sa population
16:36 pour justement conduire le changement ?
16:38 Est-ce qu'il y a de la pédagogie ?
16:40 Qu'est-ce que vous faites
16:41 en tant que maire sur ces sujets ?
16:43 - Même si ça s'appelle Clichy-sous-bois,
16:45 les clichois ont un peu perdu de vie ça
16:47 parce que quand la vie est difficile,
16:49 on a tendance à oublier
16:50 cette qualité résidentielle
16:52 et quand vous parlez de Clichy-sous-bois
16:54 à des journalistes
16:56 ou à des parisiens,
16:58 ils vont vous parler malheureusement
17:00 du drame de 2005,
17:01 des émeutes,
17:02 des copropriétés dégradées
17:04 et on oublie cette qualité environnementale,
17:06 cette très belle forêt de Bondy,
17:07 ces espaces verts, etc.
17:09 Et il faut accompagner les habitants
17:12 dans ce que vous dites,
17:13 c'est-à-dire s'approprier ces espaces.
17:15 Moi j'ai une très belle forêt
17:16 dans laquelle aujourd'hui
17:18 elle est très protégée,
17:19 les clichois ne rentrent pas assez
17:21 parce que c'est pas le bois de Boulogne,
17:24 c'est pas le bois de Vincennes,
17:25 donc il y a une espèce de perméabilité,
17:27 c'est une forêt un peu sombre,
17:28 un peu obscure.
17:29 - Mais la forêt de Bondy justement
17:31 a été classée forêt de protection,
17:34 qu'est-ce que ça veut dire ?
17:35 - Ça veut dire qu'elle est très protégée,
17:39 par moment quand je suis de mauvaise humeur,
17:41 j'aurai tendance à dire trop,
17:42 parce que...
17:43 - De quelle manière ?
17:44 - Parce que si on veut que les habitants
17:46 s'approprient ces espaces,
17:48 il faut qu'ils les connaissent,
17:49 qu'ils les respectent
17:50 et qu'ils les fréquentent.
17:52 Et donc il faut qu'on trouve l'équilibre.
17:54 Aujourd'hui c'est extrêmement difficile
17:56 de créer des jeux pour les enfants,
17:57 par exemple, dans cette forêt,
17:59 parce qu'elle a ce niveau de protection important
18:02 et c'est à juste raison qu'il est protégé.
18:05 Mais en même temps,
18:06 il faut donner de la perméabilité.
18:08 - Oui, donc c'est une utilisation...
18:09 - Quand je vais faire mon footing le dimanche
18:11 dans cette forêt,
18:12 je vois plein de gens qui viennent de partout
18:14 pour en profiter,
18:15 des marcheurs avec des cadres,
18:16 on en voit de plus en plus,
18:17 des joggeurs comme moi,
18:19 et finalement pas assez de clichois,
18:21 parce qu'ils ne mesurent pas assez
18:23 la chance qu'ils ont,
18:24 c'est pour ça qu'on travaille
18:25 avec l'Agence des espaces verts,
18:27 aux forestiers juniors,
18:28 à des initiatives.
18:29 Et puis il y a quelque chose
18:30 qui marche très bien dans les villes,
18:31 en général, et c'est vieux,
18:33 ce qu'on appelait dans le temps
18:34 les jardins ouvriers.
18:35 Et moi je crois beaucoup
18:37 à ce retour de la nature en ville,
18:40 à ces jardins partagés
18:43 dans les résidences,
18:44 dans les nouvelles résidences.
18:46 - À une évolution quelque part
18:47 des habitudes.
18:48 - Oui, oui, mais c'est...
18:49 - Alors justement,
18:50 j'ai un petit clin d'œil
18:51 sur une ville aussi d'Île-de-France
18:52 qui a reçu un prix,
18:54 qui est la ville de Sergy-Pontoise.
18:56 Donc cette ville a reçu un prix,
18:58 un trophée,
18:59 quand les habitants la nuit
19:01 se baladent avec leur smartphone,
19:03 ils peuvent détecter,
19:05 donc allumer des lampes à l'air,
19:06 et ces lampes à l'air
19:08 s'éteignent automatiquement
19:09 15 minutes après leur passage.
19:10 Qu'est-ce que ça vous inspire ?
19:12 Est-ce que c'est quelque chose
19:13 que vous êtes aussi prêts peut-être
19:15 à mettre en place à Clichy ?
19:16 - Oui, bien sûr.
19:17 Alors c'est un vrai sujet,
19:18 l'éclairage et là aussi la sobriété.
19:20 Vous l'avez dit,
19:22 on est une ville pauvre et de pauvres.
19:24 Donc il faut qu'on regarde
19:25 si on est capable de le faire.
19:26 Mais oui, vous avez raison,
19:27 tout en respectant la question
19:28 de la tranquillité, de la sécurité.
19:30 On travaille beaucoup sur les cheminements
19:32 dans la ville, la tranquillité.
19:34 On fait des démarches,
19:36 comme on dit, en marchant
19:37 avec les habitants,
19:38 notamment les femmes,
19:39 pour mesurer la tranquillité en ville.
19:42 Donc oui, c'est une très belle initiative.
19:45 Nous, on change déjà tous les éclairages
19:47 en passant en LED,
19:48 tout ce qui est économie d'énergie possible.
19:50 On est dans une campagne
19:51 de transformation
19:52 de notre éclairage public.
19:53 Mais j'ai vu ces initiatives.
19:55 D'abord, on a réduit pendant un temps
19:57 l'éclairage la nuit.
19:59 Mais on a aussi eu des habitants
20:01 qui nous disaient
20:02 "il fait noir dans ma rue,
20:03 ça fait un peu peur, c'est anxiogène".
20:04 Et donc ce système d'allumer la lumière,
20:07 comme à Cergy, est un bon système.
20:10 J'allume ma rue, ça s'appelle, justement.
20:12 J'allume ma rue.
20:13 On va regarder si on en a
20:14 les capacités financières.
20:15 Il y a un sujet sur la gestion des déchets.
20:18 Comment aujourd'hui vous appréhendez
20:21 en tant que maire ce sujet ?
20:23 Est-ce que vous responsabilisez
20:25 les habitants sur le tri ?
20:27 Est-ce que vous avez des composteurs
20:28 dans votre ville ?
20:29 Comment ça fonctionne ?
20:31 C'est un sujet qui est traité
20:32 à l'échelle intercommunale.
20:33 On a beaucoup parlé de clichés,
20:34 mais moi je crois à l'intercommunalité.
20:36 Je pense qu'il y a des sujets
20:37 où on est plus fort à plusieurs.
20:38 Et la gestion des déchets
20:40 se voit à l'échelle
20:41 de l'intercommunalité.
20:43 Et on développe.
20:45 Et ensemble, on a pu mettre en place
20:47 des choses que tout seul je ne faisais pas.
20:48 Par exemple, les déchets verts,
20:51 l'apport du verre aux portes à porte,
20:54 alors qu'avant on allait au container
20:56 et c'était un peu rébarbatif, etc.
20:58 Tout le monde ne le faisait pas.
20:59 Tout le monde ne le faisait pas.
21:00 On jetait discrètement
21:02 où c'est déchet vert,
21:03 où c'est tombe dans la poubelle.
21:04 Donc tout ça, c'est beaucoup de pédagogie.
21:06 On travaille beaucoup avec les enfants
21:07 dans les écoles, bien évidemment,
21:08 parce que les enfants après,
21:10 ils disent à leurs parents
21:11 "mais c'est pas ce qu'on m'a dit à l'école,
21:13 c'est pas cette poubelle-là", etc.
21:15 On a encore beaucoup de chemin à faire,
21:17 je l'avoue.
21:18 - Est-ce que vous pensez...
21:19 - Notamment dans l'habitat collectif,
21:20 c'est plus facile de changer les habitudes
21:22 en zone pavillonnaire.
21:23 Dans l'habitat collectif,
21:24 on a encore du travail pédagogique à mener.
21:26 Et puis ça se complexifie, vous savez,
21:29 aujourd'hui avec les déchets organiques,
21:32 il y a des règles qui viennent s'ajouter.
21:33 Donc on avait essayé de lancer une opération
21:37 avec des poules,
21:38 notamment en zone pavillonnaire.
21:39 Ça avait un très joli nom,
21:40 ça s'appelait "écocotte".
21:41 Mais là, en ce moment,
21:43 il y a ce qu'on entend sur les poules,
21:45 on ne peut plus consommer les oeufs.
21:46 - Les copâturages aussi ?
21:47 - Alors les copâturages,
21:48 on en a fait justement
21:49 dans ces grandes traînées
21:51 des délaissés de l'autoroute
21:53 avant que des projets viennent les remplacer.
21:56 Et puis les enfants sont toujours contents
21:58 de voir des chèvres, des rochers,
22:00 comme on avait nous,
22:01 ou des moutons pètrent dans leur ville.
22:05 Donc il faut tout faire.
22:07 - Est-ce que pour revenir aussi sur l'école,
22:09 et là je vais m'adresser au professeur,
22:11 est-ce qu'on en fait suffisamment ?
22:14 Et notamment dès le plus jeune âge.
22:16 Est-ce que ces sujets
22:17 de transition énergétique aujourd'hui
22:19 sont, d'après vous, suffisamment expliqués ?
22:22 Est-ce qu'on ne devrait pas aller plus loin ?
22:24 Est-ce que ça ne devrait pas être
22:25 une matière aussi obligatoire
22:26 d'apprendre à respecter l'environnement,
22:28 d'avoir les bons comportements ?
22:30 - Moi je pense que les enseignants en font beaucoup.
22:32 Et puis nous, on a des médiateurs scolaires
22:34 qui viennent, des ambassadeurs du tri,
22:36 qui viennent par exemple dans l'école
22:38 expliquer aux enfants le tri.
22:40 On accompagne la création de potagers pédagogiques
22:44 quand des enseignants nous le demandent.
22:46 - Donc ça sur toutes vos écoles ?
22:48 - Là où il y a un projet pédagogique,
22:50 moi je ne veux pas obliger,
22:51 ça ne sert à rien de mettre de l'argent
22:53 si les enseignants ne suivent pas
22:54 ou n'ont pas envie.
22:55 Il y a eu des moments où on m'a demandé
22:56 de créer une mare pédagogique.
22:57 Après il faut gérer ça
22:58 avec le mouvement des enseignants.
22:59 Quand il y en a un qui demande
23:00 une mare pédagogique,
23:01 s'il mute deux ans après,
23:02 on se retrouve avec un trou avec de l'eau.
23:04 Donc il faut gérer tout ça
23:07 parce qu'être maire c'est essayer
23:09 de penser à tout,
23:10 ou en tout cas d'oublier
23:11 le moins de choses possibles.
23:12 Mais oui, moi je crois,
23:14 comme beaucoup de sujets,
23:15 tout part de l'école
23:16 et de l'éducation de nos enfants.
23:17 Donc la sensibilisation à l'écologie,
23:20 à la protection de l'environnement,
23:22 au tri.
23:23 - Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter
23:25 pour l'avenir Olivier Klein ?
23:27 - À moi, pas grand-chose.
23:30 À notre pays, de l'unité.
23:34 Les temps sont difficiles.
23:36 La période...
23:38 Moi je suis aujourd'hui
23:40 à des responsabilités de lutte
23:41 contre le racisme,
23:42 l'antisémitisme, la haine LGBT,
23:44 lutter contre les discriminations.
23:46 Je crois que ce pays a besoin d'unité,
23:50 de continuer à construire,
23:51 à vivre ensemble.
23:53 Et moi je continuerai
23:55 à jouer mon rôle modestement.
23:58 - Merci.
23:59 - Merci à vous.
24:00 - D'avoir participé au Déclic.
24:01 - Merci.
24:02 Belle émission.
24:03 (Générique)
24:06 ---
24:29 Sous-titrage Société Radio-Canada

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