Le Déclic S1 EP31 - Magazine de l'écologie

  • il y a 6 mois
Interview confession de personnalités politiques et médiatiques sur des sujets environnementaux
Transcript
00:00 [Générique]
00:19 [Sonnerie de porte]
00:21 [Bruits de pas]
00:23 [Bruits de pas]
00:25 - Bonjour.
00:26 - Bonjour Olivier. Vous allez bien ?
00:27 - Oui, enchanté, merci.
00:29 - Gasse Bijoux, maison française liée à une histoire familiale marseillaise,
00:33 a puisé son essence dans l'héritage bohème du mouvement hippie
00:36 pour la création de bijoux de haute fantaisie,
00:39 baignés d'un chic solaire.
00:40 Sous l'œil visionnaire d'Olivier Gasse,
00:42 cette marque désormais d'envergure internationale
00:45 se forge une identité singulière,
00:47 ancrée dans une éthique écologique d'authenticité
00:50 et de savoir-faire d'excellence,
00:51 pour valoriser l'artisanat français.
00:54 Bienvenue dans le Déclic.
00:55 - Olivier, j'ai envie de savoir
00:57 quel a été votre déclic écologique ?
00:59 - Alors plus qu'un déclic, c'était peut-être un premier contact
01:03 avec la pollution.
01:05 Donc c'était même un contact physique et charnel.
01:07 C'est jeûne sur les plages du sud de la France,
01:11 où je me suis retrouvé avec les pieds noirs
01:15 et je demandais à mes parents "voilà, c'est quoi ?"
01:17 et en fait c'était toutes ces boulettes de mazout
01:19 qu'on retrouvait sur les plages dans le sud.
01:22 Et donc je lui ai posé la question,
01:23 mais déjà comment ça s'enlève ?
01:25 Parce qu'il fallait gratter, gratter.
01:26 Donc il y avait déjà une souffrance physique
01:28 pour pouvoir enlever ce mazout.
01:31 Et il m'a expliqué que ça venait des bateaux au loin.
01:33 Voilà, donc c'était un questionnement.
01:35 Et après j'ai été frappé de voir,
01:38 heureusement il y a moins d'images comme ça aujourd'hui,
01:39 mais bon, on en a d'autres,
01:40 de voir ces marées noires,
01:42 donc ces fameuses marées noires années 80-90,
01:45 avec ces immenses pétroliers brisés en deux
01:48 et ces milliers de tonnes,
01:49 enfin ces dizaines de milliers de tonnes
01:50 qui se déversaient dans la mer.
01:52 Voilà, donc c'est des choses qui m'ont impacté.
01:55 Et pour moi, c'est vraiment les premiers drames écologiques
01:58 que j'ai pu expérimenter.
02:00 Et enfin, vous rêviez à quoi ?
02:03 Alors, je voulais travailler dans le cinéma,
02:05 dans l'audiovisuel, les émissions télé, la pub,
02:08 voilà, c'était une envie.
02:11 Mais voilà, au final, je suis...
02:13 À l'écran ou plutôt derrière ?
02:15 Non, derrière.
02:15 L'idée, c'était de jouer avec l'image
02:17 et de faire passer les messages.
02:19 Voilà, donc j'ai vraiment une...
02:21 Un début d'expérience professionnelle,
02:22 elle a été dans les médias.
02:24 Mais en fait, je suis très vite...
02:27 J'ai très vite été rattrapé par l'aventure familiale.
02:32 Et effectivement, voilà, je suis très fier aujourd'hui
02:36 de travailler dans cette maison,
02:38 donc la maison Gaze Bijoux,
02:40 aux côtés de ma soeur et mon père.
02:41 Et du coup, est-ce que vous vous souvenez
02:43 de votre tout premier geste écolo ?
02:45 Peut-être pas le mien, mais en tout cas,
02:46 le premier geste que j'ai eu avec mes enfants,
02:48 surtout avec ma fille,
02:50 c'est, à la fin d'une journée de plage,
02:54 avoir ce réflexe de...
02:56 Enfin, en tout cas, de lui montrer de prendre un sac
02:59 et d'aller ramasser les mégots de cigarette,
03:01 les détritus, les morceaux de plastique
03:03 qu'il y avait sur la plage,
03:05 et de l'instaurer un peu comme un jeu
03:07 où c'était le premier qui avait rempli le sac.
03:09 Bon, malheureusement, il se remplissait rapidement.
03:11 Et voilà, donc c'est devenu une routine,
03:12 un peu, voilà, comme un challenge.
03:14 Et donc, elle a gardé cette habitude,
03:15 et même quand elle a des amis sur la plage,
03:17 même à 15 ans aujourd'hui,
03:18 elle le fait systématiquement.
03:20 Et elle remplit toujours aussi vite son sac.
03:22 Et c'est vrai que, pour elle,
03:25 c'est une aberration,
03:27 enfin, même pas, elle y penserait,
03:28 de laisser, de souiller un espace public,
03:31 une plage,
03:34 auprès de la rivière, dans la forêt,
03:35 de laisser une trace de son passage.
03:38 Pour elle, c'est inconcevable.
03:40 Et même dans la rue, je sais que,
03:42 parfois, il m'arrivait,
03:43 bon, plus du tout maintenant,
03:44 mais parfois, de jeter un plastique,
03:47 un sachet que j'avais avec moi,
03:48 par flemme de faire 5 mètres,
03:50 pour les jeter dans la poubelle.
03:51 Et pour elle, c'était le drame absolu.
03:54 Voilà, donc il y a une vraie conscience,
03:55 heureusement, de la jeunesse,
03:57 sur ce point-là.
03:59 Et c'est vrai que, moi qui suis marseillais,
04:00 quand je vois, parfois,
04:01 les tas des rues à Marseille,
04:03 où, en fait, les rues sont un peu une extension
04:05 de la poubelle, voilà.
04:06 C'est vrai que c'est...
04:07 Justement, parce que c'est vrai
04:08 que c'est difficile d'être 100% écolo.
04:11 Est-ce que vous avez un petit péché,
04:14 en écologie, quelque chose que vous faites,
04:15 où vous dites, non, ça, il faut que ça change,
04:17 il faut que je le corrige ?
04:18 Je pense que j'ai plein de choses à corriger,
04:20 mais alors, réponse classique,
04:21 sûrement l'avion.
04:23 Donc, d'un point de vue personnel,
04:24 c'est vrai que j'aime voyager,
04:25 partir ailleurs, rencontrer l'autre.
04:27 D'un point de vue professionnel,
04:28 c'est vrai que c'est une source d'inspiration,
04:29 aussi, de voyager.
04:31 Et bon, l'avion permet d'aller loin.
04:33 Et aussi l'avion, qu'on utilise beaucoup,
04:36 le transport aérien,
04:36 pour l'acheminement de matières premières.
04:39 Bon, c'est vrai que, voilà,
04:40 ça, c'est quelque chose qu'il faudrait pouvoir améliorer.
04:42 Est-ce qu'il y a un accomplissement
04:44 dont vous êtes particulièrement fier ?
04:45 Alors, personnel, je dirais être père,
04:47 voilà, père de mes deux enfants.
04:48 C'est une vraie fierté.
04:50 Et les éduquer au quotidien.
04:52 Et professionnel,
04:54 travailler dans cette maison familiale,
04:56 c'est un vrai sens.
04:57 Voilà, c'est un plaisir de se lever le matin,
04:59 chaque jour.
05:00 Voilà, c'est vraiment...
05:01 Il n'y a pas de...
05:02 Alors, évidemment, il y a la pression,
05:03 il y a des challenges,
05:04 il y a des défis à relever,
05:05 mais ça reste un vrai plaisir.
05:07 Alors, justement, venons-en à cette société familiale,
05:10 qui, je crois, a débuté avec votre père, André.
05:13 Oui.
05:14 Est-ce que vous pouvez rapidement nous retracer le parcours,
05:16 son histoire et son évolution ?
05:19 Alors, c'est une maison qui a bientôt 55 ans.
05:22 On va le fêter l'an prochain.
05:23 Qui a été fondée par mon père, André,
05:25 dans les années 60.
05:27 Et sa particularité, donc,
05:28 ça a commencé sur la plage à Saint-Tropez.
05:31 Vraiment.
05:32 C'est-à-dire qu'il était marseillais,
05:34 il sortait des Beaux-Arts.
05:35 C'est un artiste graveur.
05:37 Et il fallait bien qu'il trouve...
05:39 Enfin, qu'il ait un métier et qu'il nourrisse.
05:41 Parce qu'il voulait être mime au départ,
05:43 mais son père lui a dit jamais...
05:44 C'est pas un métier d'être mime.
05:46 Donc... Ou même artiste graveur,
05:48 il faut que tu trouves quelque chose de plus concret.
05:50 Voilà, et il était très doué de ses mains.
05:52 Donc, il a commencé à faire des bijoux,
05:53 des petits porte-bonheurs qu'il avait...
05:55 Enfin, il avait ramené des talismans,
05:56 des pierres de ses voyages.
05:57 Et il a commencé à faire des amulettes,
06:00 des porte-bonheurs.
06:01 Et voilà, ça a commencé comme ça.
06:03 Dans sa petite maison,
06:05 son petit atelier,
06:06 il a commencé à faire ses bijoux.
06:07 Donc, c'était vraiment de l'artisanat ?
06:09 De l'artisanat.
06:10 Et donc, il est arrivé de Marseille,
06:12 en deux fois, à Saint-Tropez.
06:13 En fait, il s'est perdu.
06:14 Il est arrivé dans une plage à Saint-Tropez.
06:17 Et il a eu une rencontre.
06:18 Et voilà, il s'est dit,
06:19 "Est-ce que je peux vendre mes bijoux
06:22 aux femmes qui sont attablées ?"
06:24 Il a dit...
06:25 Le gérant de la plage,
06:26 qui est une plage mythique aujourd'hui,
06:28 il lui a dit, "Y a pas de souci."
06:29 Et donc, voilà, c'est devenu comme une routine.
06:31 Voilà, il allait voir les femmes
06:33 qui prenaient leur café.
06:34 Il allait leur montrer les créations
06:35 qu'il avait faites la veille.
06:36 Et il vendait ses bijoux.
06:38 Et c'était devenu comme un peu
06:39 un cérémonial et comme un jeu.
06:41 Et il a fait...
06:42 C'est la période qu'on appelait
06:43 la "Roue des plages", dans les années 60.
06:44 Il a fait tout Pampelonne,
06:45 qui est quand même une grande baie,
06:46 qui c'est des kilomètres de plage,
06:48 à pied, avec son petit sac.
06:49 Donc, tous les jours, il faisait ça.
06:51 - Et il a démarré, donc,
06:52 vraiment avec rien.
06:54 - Avec rien, avec ses mains.
06:55 - Avec ses mains, si.
06:56 Et en 50 ans, il y a eu une histoire,
06:58 quand même, qui a énormément évolué.
07:01 Brigitte Macron est passée visiter
07:04 l'atelier que vous avez à Marseille
07:06 et qui l'a classée
07:07 comme entreprise du patrimoine vivant.
07:10 Comment vous vivez ce signe de reconnaissance ?
07:13 - Avec beaucoup de fierté
07:14 et aussi avec beaucoup d'humilité.
07:16 Donc, déjà, laissez-moi vous rappeler,
07:17 entreprise du patrimoine vivant,
07:19 peut-être pour les gens qui nous écoutent,
07:20 mais c'est un label qui est décerné par l'Etat
07:23 depuis 2005, maintenant.
07:25 Et c'est une reconnaissance auprès d'entreprises
07:28 qui ont un savoir-faire d'exception
07:31 au niveau, à la fois, de la maîtrise du savoir-faire,
07:34 de son artisanat,
07:35 mais également pour son innovation.
07:37 Donc, c'est un mélange entre savoir-faire,
07:39 la maîtrise du geste et l'innovation.
07:41 Et en même temps, il faut que la maison
07:43 qui a ce label ait une reconnaissance locale
07:45 et internationale.
07:47 Donc, c'était une vraie fierté pour nous
07:49 et surtout pour tous les artisans
07:50 avec qui on travaille,
07:52 qui, pour eux, font des gestes quotidiens.
07:55 Pour eux, ça fait partie de leurs gestes habituels.
08:00 Et en fait, quand on prend un peu de recul,
08:02 et ce label, pour pouvoir avoir ce label,
08:03 il fallait faire tout un audit,
08:04 il fallait que le ministère vienne nous voir.
08:05 Ça nous a permis de prendre du recul.
08:07 Et en fait, on s'est rendu compte
08:08 et on a fait comprendre aussi à nos artisans
08:10 qu'en fait, il y avait vraiment une...
08:11 Enfin, que dans leurs gestes,
08:12 il y avait quelque chose d'exceptionnel,
08:13 quelque chose d'unique,
08:14 quelque chose qu'il fallait défendre.
08:16 – Mais est-ce que, justement,
08:17 on en fait assez, d'après vous, aujourd'hui, en France,
08:19 pour soutenir, pour mettre en avant l'artisanat ?
08:22 – Alors, on n'en fait jamais assez, je pense,
08:23 mais il y a beaucoup d'initiatives qui sont faites,
08:25 notamment ce label.
08:27 Et c'est vrai que depuis maintenant plus de 10 ans,
08:32 j'ai l'impression qu'il y a une vraie volonté,
08:34 de la part des marques, évidemment,
08:36 mais ça vient aussi du consommateur et de la cliente,
08:38 d'essayer de comprendre
08:40 qu'est-ce qu'il y a derrière la fabrication,
08:43 d'avoir une vraie conscience de...
08:46 Enfin, j'espère, en tout cas,
08:47 il y a une prise de conscience
08:50 qu'un bijou ne sort pas d'une machine au 3D,
08:53 ou que c'est...
08:54 qu'il y a quand même des artisans derrière,
08:56 il y a un geste, il y a un savoir-faire.
08:59 – Et justement, avec cette évolution,
09:01 est-ce que vous vous êtes remis en question ?
09:03 Est-ce que vous vous êtes dit sur les protocoles,
09:06 sur la manière, sur la méthode ?
09:08 Est-ce que ça a justement modifié votre façon de voir les choses ?
09:11 – Alors, dans le métier du bijou,
09:14 c'est vrai qu'il y a très peu de machines-outils,
09:17 c'est beaucoup les mains.
09:19 Alors, on a des petits outils,
09:21 mais ce n'est pas un métier industrialisable.
09:24 Donc, il y a des gestes qu'on fait,
09:27 qui étaient faits il y a 30 ans, 100 ans, 200 ans,
09:30 et qui sont maintenant plus ou moins modifiés.
09:33 Donc, on a des outils qui sont plus ou moins modifiés,
09:36 mais qui sont plus ou moins modifiés.
09:38 Donc, on a des outils qui sont plus ou moins modifiés,
09:41 mais qui sont plus ou moins modifiés.
09:43 Et donc, on a des outils qui sont plus ou moins modifiés,
09:46 mais qui sont plus ou moins modifiés.
09:48 Et donc, on a des outils qui sont plus ou moins modifiés,
09:51 mais qui sont plus ou moins modifiés.
09:53 Et donc, on a des outils qui sont plus ou moins modifiés,
09:56 mais qui sont plus ou moins modifiés.
09:58 - Est-ce que vous avez des difficultés pour recruter ?
10:01 Ou au contraire, vous sentez qu'il y a des nouvelles vocations,
10:05 une renaissance pour ces métiers ?
10:07 Est-ce qu'il y a une génération qui est tournée vers l'artisanat ?
10:10 Quel regard vous portez sur ça ?
10:12 - Oui, je pense qu'il y a une vraie prise de conscience
10:16 de la part de la génération qui a envie d'utiliser ses mains,
10:21 d'avoir un travail créatif.
10:23 C'est tellement épanouissant, après une journée de travail,
10:26 de faire un bijou avec ses mains
10:28 et de voir le résultat de son travail.
10:30 Donc, je pense que cette génération est très sensible.
10:33 Et pour nous, on a un système d'apprentissage maison.
10:37 Donc, effectivement, il y a des écoles de bijouterie,
10:40 mais peu en France.
10:42 - Vous avez un centre de formation, quelque part, en interne ?
10:45 - Alors voilà, tout est formé.
10:47 On recrute des gens qui n'ont pas forcément une maîtrise
10:50 du métier de la bijouterie,
10:52 mais qui vont apprendre sur place avec des anciens,
10:56 avec d'autres artisans.
10:58 Donc, il y a vraiment un mélange et un apprentissage
11:01 intergénérationnel ou intermétier.
11:03 Et on fait évoluer à chaque fois,
11:05 donc dans nos ateliers à Marseille,
11:07 on a 70 artisans,
11:09 des artisans qui sont là parfois depuis 50 ans.
11:11 - Et qui sont salariés dans l'entreprise ?
11:13 - Oui, qui sont en direct.
11:15 On travaille beaucoup, on travaille aussi avec d'autres façonniers,
11:18 d'autres artisans, mais dans l'atelier historique de la maison,
11:21 on a 70 personnes.
11:23 - Et vous, au travers de tout ça, quel est votre rôle dans l'entreprise ?
11:26 - Alors, mon rôle, je suis PDG de la société.
11:29 C'est un trio familial, donc il y a ma sœur,
11:32 Marie, mon père André et moi.
11:34 Donc on est assez complémentaires, tous les trois.
11:36 Mon père, chef d'orchestre à l'atelier, à la production.
11:39 Ma sœur, Déa, directrice artistique,
11:41 qui a un dialogue artistique avec les artisans et avec mon père.
11:44 - Et qui dessine chez vous les bijoux ?
11:47 - Donc on a un processus de création
11:50 qui est très collégial.
11:53 Donc comme je vous le disais, j'ai mon père, chef d'orchestre,
11:55 ma sœur, directrice artistique,
11:57 et on a la chance d'avoir des artisans qui sont là avec nous
12:00 depuis des années, des décennies.
12:02 Donc on travaille, voilà, c'est un travail collectif
12:06 avec vraiment toujours une exigence,
12:10 toujours la volonté de faire le bijou le plus parfait,
12:14 le mieux fini, que la qualité soit impeccable.
12:16 Et c'est vrai que le fait d'avoir,
12:18 et c'est aussi notre particularité,
12:20 mais d'avoir un atelier de fabrication,
12:23 donc de maîtriser son outil de fabrication soi-même,
12:27 d'avoir cette liberté de créer, de fabriquer,
12:30 voilà, ça rend...
12:33 ça permet de faire de belles choses, de tout contrôler,
12:36 et d'être exigeant vers soi-même.
12:37 Et cette exigence, on l'a vraiment au niveau de tous les artisans
12:40 et de tous nos métiers dans l'atelier.
12:42 - Alors on est sur des matériaux, j'imagine, vertueux.
12:45 Comment s'inscrit la transition énergétique
12:47 au sein de votre entreprise, concrètement ?
12:50 Quelles actions vous avez mis en œuvre ?
12:52 Comment vous sélectionnez vos matériaux ?
12:54 Comment vos collaborateurs fonctionnent ?
12:56 Est-ce qu'il y a des process dans le recyclage ?
12:59 - Alors beaucoup d'éléments de réponse.
13:01 D'abord, on parlait de début de mon père à Saint-Tropez
13:04 quand il vendait sur les plages,
13:05 donc c'était un circuit court,
13:06 c'est-à-dire qu'il rentrait le soir,
13:07 il fabriquait dans son atelier,
13:08 donc l'atelier qui est le même 55 ans après,
13:10 bon, même s'il s'est étendu.
13:12 Et en fait, on a gardé même 55 ans après,
13:14 même malgré l'expansion de la maison,
13:15 on a gardé ce processus de circuit court.
13:18 C'est-à-dire qu'en fait, comme on maîtrise la fabrication,
13:20 on a nos artisans qui fabriquent au quotidien.
13:22 - Donc c'est fabriqué quelque part,
13:23 c'est produit et distribué en grain.
13:25 - C'est produit et vendu,
13:26 donc quelque chose qui est fabriqué lundi
13:30 peut être mis en boutique le mardi, voilà.
13:32 Et se retrouver dans une vitrine,
13:33 dans une boutique Gaze Bijoux à Miami le mercredi.
13:36 Donc voilà, on est déjà en circuit court,
13:37 et ça, c'est vraiment, c'est quelque chose
13:40 qui fait partie de notre spécificité
13:43 et qui est vraiment hérité depuis les débuts de la maison.
13:46 - Et donc systématiquement, dans toutes vos fabrications,
13:49 ça va être de la récupération de vêtements,
13:52 des chutes, des invendus ?
13:54 - Alors déjà, on est vraiment dans un recyclage permanent,
14:00 puisque en fait, comme on a notre atelier,
14:02 on a nos stocks de matières premières
14:03 depuis des années qu'on cultive et qu'on a su accumuler,
14:07 donc ça nous permet de pouvoir fabriquer
14:10 en fonction des matières qu'on a.
14:12 Et une fois que la matière est épuisée,
14:13 et bien en fait, le modèle,
14:14 on va passer à une autre composition, une autre couleur.
14:18 - Ça permet aussi de réinventer en permanence des collections ?
14:20 - Exactement, voilà, c'est une contrainte hyper créative au final.
14:24 D'ailleurs, pendant le Covid, c'est une période
14:26 qui a été alors évidemment très difficile,
14:28 mais qui nous a permis de s'obliger à être très créatif,
14:31 puisque comme le monde entier est fermé,
14:33 que nous, évidemment, on va se outsourcer,
14:35 on va s'imprévisionner en matières premières
14:37 un peu partout dans le monde.
14:39 Donc c'est vrai que là, comme tout était fermé,
14:41 on a dû puiser, même si on le faisait de façon régulière,
14:43 on a encore dû encore plus puiser dans nos archives,
14:47 dans nos stocks, et ça nous a permis
14:49 d'être encore plus créatif, d'être plus malin.
14:51 Voilà, donc ça, c'est vrai, c'est une chance d'avoir cette matière.
14:56 - Est-ce qu'il peut y avoir de la seconde main chez vous ?
14:59 - Alors, il y en a, déjà, depuis 55 ans,
15:01 on n'a jamais fait de solde,
15:02 donc c'est un peu un cas atypique dans le métier de la bijouterie.
15:07 Donc évidemment, c'est un souhait,
15:09 mais qu'on arrive à réaliser chaque année,
15:11 c'est un challenge, c'est voilà,
15:12 est-ce qu'on va réussir à ne jamais avoir de surstock et tout ?
15:15 Et en fait, chaque année ou chaque saison,
15:17 on arrive à vendre tout ce qu'on a fabriqué
15:19 parce qu'on le fait en petite série,
15:21 parce qu'on est hyper créatif,
15:22 parce qu'on se renouvelle de façon très régulière.
15:24 - Mais vous qui êtes aujourd'hui à la tête de l'entreprise, Olivier,
15:27 est-ce que ce n'est pas un risque
15:28 quand on connaît justement une très forte concurrence,
15:31 des promotions en permanence, de ne jamais faire de solde ?
15:34 - En fait, c'est une habitude, je pense.
15:35 Enfin, en tout cas, c'est une mauvaise habitude
15:37 qu'ont peut-être pris les marques
15:40 et on a mal éduqué peut-être le consommateur.
15:43 Nous, on essaie de faire un beau bijou,
15:45 c'est notre finalité,
15:46 de faire un beau bijou qui soit porté sur une femme
15:48 et on essaie de donner un prix.
15:50 - Un prix cohérent.
15:51 - Un juste prix.
15:52 On va prendre en considération les gestes,
15:54 la matière, le temps, la création.
15:56 C'est un mélange de plein de choses
15:57 et on essaie de faire un juste prix.
15:59 Et en fait, comme nos bijoux aussi,
16:02 ils sont conçus pour être dans le temps,
16:06 enfin, on ne sait jamais,
16:07 c'est la cliente qui va décider
16:09 si le bijou va être reconduit,
16:10 si ça va être un succès commercial.
16:12 Mais en fait, on met tellement de temps
16:15 dans le processus de création,
16:16 parfois, on peut mettre 2, 3, 4 ans
16:18 à sortir un modèle
16:20 parce qu'en fait, on n'est pas satisfait,
16:21 il ne nous convient pas,
16:22 il n'est pas comme on veut.
16:24 Par exemple, pour la collection Noël,
16:25 on a une collection qui s'appelle Eclipse.
16:27 Ça fait 3 ans qu'on essaie de la sortir
16:29 et toujours, quelques semaines avant Noël,
16:31 mon père et ma soeur me disent
16:33 non, non, ce n'est pas prêt,
16:34 il y a quelque chose qui manque.
16:35 Il y a des collections
16:36 et donc ces collections ne sont pas forcément
16:38 comme dans la mode par exemple
16:40 ou le vêtement où vous avez
16:42 une collection printemps, automne, hiver.
16:44 Là, on est plutôt sur,
16:45 en fonction des créations,
16:47 vous allez sortir une nouvelle gamme de bijoux.
16:49 Exactement, il y a un renouvellement permanent.
16:52 Alors, on a des iconiques,
16:53 on a des intemporels
16:54 qui sont revisités chaque année
16:55 avec des couleurs différentes,
16:57 ce qui montre que le bijou,
16:59 il est fait pour durer dans le temps.
17:00 On a peu de bijoux qui sont très éphémères.
17:03 Parfois, ils sont très éphémères par essence
17:06 quand ce sont des matières qui sont limitées.
17:08 Mais en fait, sur le modèle, le design,
17:10 quand on conçoit un bijou,
17:12 on essaie qu'il va être dans le temps long.
17:15 Pour revenir sur les bijoux justement,
17:18 quelles matières vous utilisez généralement ?
17:21 Alors, toutes les matières,
17:22 ça fait vraiment partie aussi de…
17:24 Donc, vous n'avez pas de matières aujourd'hui
17:26 que vous avez sélectionnées ?
17:27 On adore toutes les matières.
17:28 Chaque saison, on essaie un peu de renouveler,
17:30 d'être un peu…
17:32 enfin, de se montrer créatif et d'être innovant.
17:35 Là, typiquement, le bracelet que vous tenez en main,
17:37 c'est un bracelet Artie.
17:38 Donc là, en termes de composition,
17:40 on est sur de l'acétate.
17:42 Alors ça, c'est aussi un vrai challenge
17:44 parce que l'acétate, c'est une matière
17:45 qui n'est par définition pas écologique
17:47 puisqu'on utilise des produits chimiques
17:50 et de la résine.
17:52 Et donc, nous, ce qu'on va faire,
17:54 c'est que comme c'est une matière très belle
17:56 en bijouterie à travailler,
17:57 donc on a travaillé une résine particulière
18:00 en Italie avec une maison,
18:02 un façonnier avec qui on travaille depuis des années
18:05 et qui est une maison qui est…
18:06 enfin, ça je crois depuis 1905, près de Bergame.
18:08 Donc c'est vraiment une transmission de…
18:11 c'est la grand-mère qui l'a montée,
18:12 maintenant on est en contact avec la petite-fille.
18:14 On travaille avec eux depuis 30 ans.
18:15 Donc on a travaillé cette matière,
18:17 l'acétate, qui est un mélange de pulpe de bois
18:20 et de coton,
18:21 et avec aussi un mélange…
18:23 enfin, il y a une alchimie avec des produits chimiques
18:25 qui ne sont, eux, par définition, pas écologiques,
18:28 mais on essaie quand même d'aller…
18:30 de se perfecter…
18:32 enfin, de transformer la matière
18:34 pour qu'elle soit le plus écologique possible.
18:37 Et en même temps, chaque fois,
18:39 c'est avec un souci de savoir-faire.
18:42 Là, il y a une transmission avec cette maison
18:44 avec qui on travaille depuis longtemps.
18:45 Donc voilà, c'est composé de ce…
18:48 c'est l'articulation couleur ivoire que l'on voit
18:50 et à l'intérieur, on travaille une matière…
18:52 enfin, une pierre semi-précieuse
18:53 qui est l'amazonite,
18:55 qu'on va travailler en Inde,
18:57 à Jaipur, qui est la capitale mondiale
18:59 de la pierre et du certissage,
19:00 parce qu'évidemment, à Marseille,
19:02 à part la roche,
19:04 parce que l'atelier est construit sur un gros rocher,
19:06 donc voilà, on peut aller prendre la pierre là,
19:08 mais sinon, il n'y a pas de pierre à Marseille,
19:10 donc il faut bien qu'on aille ailleurs.
19:12 - Donc vous sourcez aujourd'hui dans le monde entier ?
19:14 - Mais à chaque fois, on essaie d'avoir une exigence,
19:16 une traçabilité sur nos approvisionnements,
19:18 et donc là, on va visiter souvent
19:20 les ateliers à Jaipur avec qui on travaille,
19:22 et... - Est-ce que vous pouvez ressentir
19:24 une attente ou une demande
19:26 de vos clients pour avoir
19:28 des bijoux peut-être plus nobles
19:30 en matière de construction,
19:32 d'utilisation des matières,
19:34 de choix des produits ?
19:36 Est-ce que c'est des questions qu'on vous pose en magasin ?
19:38 Les gens sont plutôt regardants ?
19:40 Pas du tout ? - Alors, de plus en plus,
19:42 ce qui prime, ça va être quand même le style
19:44 et la qualité du bijou.
19:46 La femme qui va porter un bijou,
19:48 la première chose qu'elle va regarder, c'est son esthétisme.
19:50 Voilà. Et après, derrière,
19:52 à nous deux et à nos équipes,
19:54 de pouvoir raconter son histoire,
19:56 expliquer la créativité,
19:58 le savoir-faire,
20:00 le mélange des matières,
20:02 et à nous, justement, d'attiser sa curiosité
20:04 et de lui expliquer comment c'est fait.
20:06 Parce que c'est vrai qu'on a un peu un...
20:08 Enfin, dans le métier du bijou, un peu comme dans le prêt-à-porter,
20:10 j'imagine, mais vous avez à la fois
20:12 la fast fashion, avec les...
20:14 des bijoux qui arrivent par tonne d'Asie,
20:16 qui...
20:18 qui valent quelques centimes,
20:20 quelques euros, et voilà,
20:22 qui inondent le marché, et à la fois,
20:24 beaucoup de petits créateurs
20:26 en jouellerie ou en bijouterie
20:28 qui essaient de se monter, voilà. Donc on a...
20:30 À chaque fois, on a ce marché... - Une opposition des deux,
20:32 quelque part. - Et donc l'idée, nous, on a un peu
20:34 une place à part,
20:36 puisqu'on a...
20:38 On est assez rares, dans le domaine
20:40 du bijou
20:42 haut de fantaisie, à avoir
20:44 nos outils de fabrication et à pouvoir
20:46 revendiquer une création française. - Et l'avenir,
20:48 Olivier, de la maison Gazbijoux ?
20:50 - Alors, nos ambitions pour demain,
20:52 bon, d'être toujours aussi créatifs,
20:54 c'est un vrai challenge,
20:56 se renouveler, même après 55 ans,
20:58 et étonner, voilà,
21:00 les clientes qui nous sont fidèles,
21:02 et surtout, rendre notre métier
21:04 plus vertueux,
21:06 au sens écologique,
21:08 donc comment faire pour... Alors ma soeur,
21:10 elle m'appelle toujours Monsieur Plus, parce que c'est vrai que
21:12 je suis un développeur, voilà,
21:14 mais justement, demain, c'est mieux.
21:16 Comment faire pour mieux s'apprévisionner,
21:18 mieux transporter,
21:20 mieux packager, mieux vendre,
21:22 qui est une vraie expérience dans nos boutiques,
21:24 comment mieux...
21:26 Voilà, comment maîtriser
21:28 de façon plus vertueuse et écologique toute la chaîne
21:30 de fabrication, enfin,
21:32 tous nos métiers. Donc ça, c'est un vrai challenge,
21:34 et en même temps, comment aussi
21:36 nos collaborateurs peuvent évoluer
21:38 de façon plus épanouissante
21:40 dans notre maison.
21:42 - On était très heureux de vous avoir.
21:44 - Merci. - Merci, Olivier Gosse, d'avoir accepté notre invitation.
21:46 - Merci à toi.
21:48 [Musique]
21:50 [Musique]

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