Groupes de niveau et cumul des mandats... Les informés du matin du jeudi 14 mars 2024

  • il y a 6 mois
Tous les matins, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély

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00:00 *Générique*
00:09 Et ravie de vous retrouver pour les Informer en direct jusqu'à 9h30 sur France Info avec Renaud Delis. Bonjour Renaud.
00:14 Bonjour Salia.
00:15 Et ce matin, nos informés sont Carole Barjon, éditorialiste politique à l'Obs. Bonjour Carole.
00:20 Bonjour Samia.
00:20 Et à vos côtés, Guillaume Darré, chef adjoint du service politique de France Télévisions.
00:24 Bonjour. Renaud Delis, Gabriel Attal, persistez-signe sur les groupes de niveau au collège.
00:30 Oui, effectivement. Le Premier ministre l'a confirmé hier dans un entretien à l'AFP.
00:33 Donc les groupes de niveau en maths et en français, rappelons-le pour les classes de 6e et de 5e dès la rentrée prochaine,
00:39 puis pour les classes de 4e et de 3e à la rentrée de septembre 2025, seront la règle, ces groupes de niveau, dit le Premier ministre,
00:46 sur les trois quarts de l'année au moins, la classe unique, elle, sera une exception très encadrée dans le cadre donc de cette réforme du choc des savoirs
00:53 qui vise, selon Gabriel Attal, à essayer de relever le niveau des élèves, le niveau qui a chuté, comme l'avait illustré la dernière enquête PISA.
01:02 C'était à l'époque où Gabriel Attal était, rappelons-le, ministre de l'Education nationale.
01:06 D'ailleurs, qu'il avait fait ses annonces, auxquelles il tient bien sûr même désormais qu'il est à Matignon,
01:11 alors que Nicole Billoubet, la semaine dernière, la ministre de l'Education nationale, avait semblé remettre en cause ces groupes de niveau,
01:19 l'expression qu'elle n'emploie pas, en évoquant une autonomie laissée aux chefs d'établissement.
01:23 Est-ce que, sur le fond, cette mesure peut-être positive a été en tout cas combattue par les syndicats d'enseignants en particulier,
01:30 même si ceux-ci constatent qu'effectivement, il faudrait qu'il y ait moins d'élèves par classe, mais pas dans n'importe quelle condition ?
01:38 Voici ce qu'en disait ce matin Sophie Vénétité, qui est la secrétaire générale du SNES-FSU et qui était l'invité de France Info.
01:45 Travailler en petit groupe, c'est une bonne chose, mais travailler en petit groupe avec des élèves qui ont des niveaux différents pour les stimuler et pour mieux les faire réussir.
01:51 Parce qu'effectivement, il faut diminuer les effectifs dans les classes.
01:54 Je rappelle quand même que la France détient un triste record, c'est le record des classes les plus chargées en Europe.
01:59 Donc oui, il faut diminuer les classes, les effectifs dans les classes, mais pas faire des groupes de niveau qui sont extrêmement néfastes pour les élèves.
02:06 Et donc maintenir l'hétérogénéité de ces groupes, c'est la position du SNES-FSU qui appelle d'ailleurs à la grève,
02:11 un mouvement de grève à nouveau pour donc contester ce qu'il considère comme un risque de trier les élèves avec ces groupes de niveau.
02:18 Sur le fond, est-ce que cette mesure peut entrer en application ? Est-ce qu'elle peut être efficace ?
02:22 Et puis est-ce que Gabriel Attal, en intervenant de nouveau hier, en quelque sorte a un petit peu rectifié, recadré sa mise de l'éducation nationale
02:29 au risque finalement peut-être de faire passer Nicole Belloubet dans le groupe des faibles en matière de réforme ?
02:34 Comment il y va, Carole Barjon ?
02:36 En fait, dans ce que dit Renaud, là, il y a deux questions. C'est est-ce que ça peut être efficace ? A priori, oui.
02:44 On sait bien que s'il y a des groupes plus homogènes, avec de plus petits effectifs, a priori, les professeurs peuvent mieux travailler,
02:53 peuvent mieux prendre en compte les difficultés propres à chaque élève. Donc, pour moi, ça me semble, oui, assez évident.
03:03 Ensuite, il y a la question de la mise en œuvre. Ça, c'est tout à fait autre chose parce qu'on sait que les professeurs,
03:12 et d'ailleurs les syndicats l'ont exprimé, ils sont farouchement opposés.
03:17 Derrière l'argument de « il ne faut pas discriminer, il ne faut pas stigmatiser, etc. », il ne faut pas se cacher derrière son petit doigt.
03:27 Il y a aussi le fait que derrière ces groupes de niveau, vous aurez donc un niveau avec des élèves faibles.
03:38 Oui, s'il y a tous les niveaux, oui.
03:39 Bien sûr. Et ça, les profs n'en veulent pas. Moi, j'en ai parlé avec un grand expert de l'éducation nationale
03:47 et il est clair qu'il n'y a pas beaucoup de professeurs qui voudront les groupes faibles.
03:51 Ça, c'est un premier point. Et le deuxième point, qui est sans doute encore beaucoup plus important,
03:56 c'est que derrière le groupe de niveau, vous avez en réalité l'évaluation. Et ça, personne n'en parle, mais c'est ça, le sujet.
04:04 Et les professeurs, depuis extrêmement longtemps, en tout cas les syndicats d'enseignants, militent depuis des années contre l'évaluation.
04:12 Bien sûr, c'est l'évaluation des élèves dont il s'agit, mais les profs craignent que ce soit aussi leur évaluation à eux.
04:25 Guillaume Darré, vous nous direz dans un instant ce que vous en pensez. D'abord, c'est le Fil info à 9h10 de Mathilde Romagnan. Et on revient.
04:31 Nous n'allons pas déclarer la guerre à la Russie, assure Jean-Yves Le Drian sur France Info ce matin,
04:37 interrogé sur l'éventuel envoi de troupes en Ukraine envisagé un temps par Emmanuel Macron,
04:42 le chef de l'État lui détaillera ce soir la stratégie de la France envers Kiev aux 20h de TF1 et de France 2.
04:49 Une enquête de l'IGPN, la police des polices, s'est ouverte après la mort d'un jeune homme de 18 ans,
04:55 tué hier soir dans une collision entre son scooter et une voiture de police après un refus d'obtempérer.
05:00 C'était à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis. Son passager est blessé. Il a été placé en garde à vue.
05:06 France Travail, anciennement Pôle emploi, dit avoir été victime d'une cyberattaque de grande ampleur.
05:10 Les données personnelles de 43 millions de personnes sont potentiellement touchées. Une enquête a été ouverte.
05:17 Marseille va-t-il se qualifier pour les quart de finale de la Ligue Europa de football ?
05:21 L'OM se rend ce soir en Espagne sur la pelouse de Villarreal pour les huitièmes de finale retour.
05:27 Coup d'envoi à 18h45. À la Lille, les Marseillais s'étaient imposés 4 à 0.
05:32 *Générique*
05:44 De retour avec les informés avec Renaud Delis, avec Carole Barjon, éditorialiste politique Allops,
05:49 et Guillaume Darré, chef adjoint du service politique de France Télévisions.
05:52 Guillaume, Renaud Delis parlait d'un possible recadrage du Premier ministre par rapport à sa ministre de l'Éducation nationale,
06:00 Nicole Belloubet, parce que lui parle de groupe de niveau, elle, elle a choisi de parler de groupe de besoin, pour éviter la stigmatisation.
06:07 Alors officiellement, comme toujours, il y a la façade, puis il y a ce qui se joue derrière.
06:09 Officiellement, tout va bien entre les deux, et ce n'est absolument pas un recadrage,
06:13 c'est ce que précise l'entourage du Premier ministre et le Premier ministre lui-même, d'ailleurs, dans cette interview à l'agence France Presse.
06:19 En revanche, quand on décrypte, on voit bien qu'effectivement, les mots ont un sens, et ils le savent très bien.
06:24 La semaine dernière, Nicole Belloubet a entre-ouvert une porte pour dire que finalement, ces groupes qu'elle évoquait,
06:29 des groupes de besoin, étaient presque une exception par rapport à la classe.
06:34 C'est absolument l'inverse que dit le Premier ministre hier, puisqu'il dit que la classe, dans son ensemble,
06:39 ce sera une exception et que les deux tiers du temps de l'année, les enseignants devront enseigner aux élèves sous la forme,
06:46 justement, de ces groupes de niveau. Donc évidemment, c'est une forme de recadrage.
06:51 Matignon n'a pas voulu laisser planer le doute qui avait été mis en place par Nicole Belloubet,
06:57 j'allais dire, dans lequel s'étaient engouffrés aussi les syndicats, qui s'étaient dit « ça y est, c'est bon, la ministre est en train de lâcher sur ce domaine ».
07:03 Plus largement, ça témoigne de la vision qu'a Gabrielle Attal de l'éducation.
07:07 Un peu comme sur d'autres secteurs, c'est finalement une vision qui est basée sur le mérite.
07:11 Il estime qu'il y a, dans un certain nombre d'établissements, je vais peut-être y aller un peu fort,
07:16 on ne peut pas sauver tout le monde, qu'il faut le faire en fonction, effectivement, des niveaux que chacun,
07:20 et que les meilleurs, il faut les sortir des endroits les plus difficiles.
07:24 Et je sais qu'il y a notamment un certain nombre de députés de la majorité qui travaillent à des propositions en matière d'éducation
07:30 à remettre au Premier ministre sur la question aussi des internats.
07:33 Rappelez-vous, Nicolas Sarkozy avait mis en place absolument des internats d'excellence.
07:37 L'idée, c'était de sortir les meilleurs élèves qui étaient parfois dans des quartiers ou des établissements difficiles
07:42 pour les mettre dans des internats d'excellence. Ça avait plutôt très bien marché.
07:46 Ça n'avait pas été suivi d'effet, justement, ensuite avec François Hollande et ses ministres de l'Éducation
07:50 qui n'avaient pas été intéressés par ce secteur-là.
07:53 Ces internats d'excellence, ça rentre parfaitement dans la logique et la philosophie de Gabriel Attal.
07:57 Et puis politiquement, évidemment, il y a aussi une reprise en main très claire du Premier ministre
08:01 qui avait dit en arrivant à Matignon "j'emmène avec moi l'éducation nationale".
08:05 Il y a eu d'autres crises, il y a eu l'agriculture, tout ça. Il avait peut-être oublié l'éducation, effectivement, en rue de Grenelle.
08:09 Il allait la rechercher hier.
08:11 Et on a l'impression que finalement, que Nicole Belloubet ne sera peut-être qu'une porte-parole, tout au plus,
08:16 des volontés du Premier ministre.
08:18 – Juste, pour compléter ce que dit Guillaume,
08:22 je pense que quand même la préoccupation de Gabriel Attal, c'est de sauver quand même l'école publique.
08:28 – Bien sûr.
08:30 – Qui est quand même désertée par de nombreux parents qui le peuvent,
08:35 qui ont les moyens de mettre leurs enfants dans le privé.
08:38 Et on voit très bien que d'année en année, il y a une ruée sur le privé.
08:42 Et que l'une des raisons, c'est la baisse du niveau.
08:45 – C'était l'argument donné par l'ancienne ministre de l'éducation nationale
08:49 qui n'est pas restée longtemps, Amélie Oudéa Castera.
08:51 – Ce qui est clair, c'est justement qu'il y a effectivement, ce qu'évoquait Guillaume dans un instant,
08:55 il y a un désaccord dans les deux expressions,
08:57 celle de la ministre la semaine dernière et celle du Premier ministre hier, très clairement.
09:00 Si Gabriel Attal prend la parole hier, c'est aussi parce que son bref, très bref passage
09:05 au ministère de l'éducation nationale a quand même constitué un socle pour son identité politique.
09:10 C'est-à-dire qu'il s'est construit à ce moment-là,
09:11 ça lui a permis justement de grimper une marche supplémentaire,
09:14 peut-être un petit peu plus vite d'ailleurs que ce qu'il espérait.
09:16 C'est-à-dire autour du respect de l'autorité, l'interdiction de la baïa en particulier.
09:21 Et puis donc ce fameux choc des savoirs et ces groupes de niveau.
09:23 Donc d'un point de vue politique, il y est forcément extrêmement attaché
09:26 parce que c'est son identité et il est obligé de s'attacher à la mise en œuvre de ses annonces.
09:33 Puisque l'un des reproches qui est fait Gabriel Attal, c'est par ses contempteurs
09:36 de sauter d'un poste à l'autre en quelques mois sans forcément mettre en pratique,
09:41 en tout cas se soucier de la mise en œuvre des annonces.
09:44 Après, il faut pas exclure l'hypothèse, plus ou moins en tout cas volontaire,
09:48 d'une forme de répartition des rôles.
09:50 Parce que Nicole Belloubet, elle a aussi mission d'essayer de renouer le dialogue
09:56 avec les syndicats d'enseignants.
09:59 Après le passage de la tempête ou des hacks, etc., qui a quand même tout ravagé
10:02 en quelques jours, Ruth Grenell, en tout cas dans la relation avec les enseignants.
10:06 Donc ça explique aussi, sans doute, ça participe des propos
10:10 de la mise d'éducation nationale la semaine dernière.
10:12 Juste un dernier point, on voit bien sur ce sujet qu'il y a un sujet de fond
10:15 qui est extrêmement important et qui tient d'abord au niveau,
10:18 au niveau qui baisse, en particulier au collège.
10:21 Et ça, tous les chiffres et toutes les études le démontrent.
10:24 Il ne faut pas se voiler la face.
10:26 Et effectivement, plutôt au fait que l'école publique est menacée
10:31 et la difficulté à laquelle on se heurte, mais comme souvent en matière d'éducation nationale,
10:35 ça serait de se retrouver avec deux prises de position, on va dire,
10:40 théoriques, globales, presque idéologiques, qui se feraient face.
10:44 C'est-à-dire d'un côté un Premier ministre qui semblerait effectivement
10:47 plus ou moins borné, sans vouloir éventuellement adapter cette réforme
10:51 à un certain nombre de conditions de terrain.
10:52 Et de l'autre côté, des syndicats qui, par principe, refusent de toute façon
10:56 au nom de l'immonde sélection et du risque du tri des élèves.
11:00 Alors qu'on voit bien qu'il y a une question de niveau et de réussite scolaire
11:03 qui s'opposent au premier chef.
11:04 Donc il faut, me semble-t-il, faire preuve de pragmatisme de part et d'autre.
11:07 - Sans compter la question, pardon, des moyens.
11:09 - Voilà. - La question de...
11:10 - Bien sûr. - Voilà, très cher.
11:12 - Et des effectifs. - Essentiel.
11:13 - Les enseignants réussis, lesquels vous échangez.
11:17 J'ai discuté récemment avec un prof de maths qui est dans le 93,
11:21 qui fait des 6e et 5e.
11:23 Il nous dit, on est en train de nous expliquer comment on va mettre en place
11:25 l'année prochaine ces groupes de niveau.
11:27 Mais un, comment on aura les effectifs déjà entre nous enseignants ?
11:31 Et puis après, comment, ce qu'on disait, on va se répartir les groupes ?
11:34 C'est-à-dire qu'il y aura le prof qui fera les bons, le prof qui fera les moyens
11:38 et le prof qui fera ceux qui sont le plus en difficulté.
11:41 Donc même entre eux, déjà, ils se regardent un petit peu différemment.
11:44 Donc c'est vrai qu'il y a un gros point d'interrogation sur cette question-là.
11:46 Et pour terminer sur ce que disait Renaud sur l'importance accordée
11:50 par le Premier ministre à ce domaine de l'éducation,
11:53 il ne faut pas oublier que pendant quelques heures,
11:55 quand il a été à nommer à Matignon, son entourage a même poussé
11:59 pour essayer de faire en sorte qu'il emporte avec lui le portefeuille
12:02 du ministère de l'Éducation nationale.
12:04 À Matignon, rapidement, l'Elysée lui a dit que ça n'était pas possible
12:09 et a préféré avoir la bonne idée de nommer Amélie Oudéa Castérat.
12:12 - Et surtout qu'Emmanuel Macron aussi, il parle régulièrement d'éducation nationale.
12:16 Ce qu'il avait placé d'ailleurs, il y a quelques semaines,
12:18 en disant que c'est quasiment dans le domaine réservé du président de la République,
12:21 en allusion, vous savez, à la diplomatie et à la défense,
12:24 qui sont réservés habituellement au président de la République.
12:26 - Et c'est pour ça que la mise en place de ces groupes de niveau,
12:29 je crois qu'il ne faut pas rêver, elle va être très compliquée
12:32 parce que les évaluations en besoin d'effectifs par Gabriel Attal,
12:37 c'est environ 2 000 ou quelque chose comme ça.
12:39 Et les syndicats d'enseignants estiment que c'est deux à trois fois
12:44 de ça qu'il faudrait en plus.
12:46 Donc on va probablement se heurter à la réalité du terrain.
12:50 - On parlait des... Oui, allez-y.
12:51 - Je surcrois dans un contexte, évidemment, de vaches maigres budgétaires,
12:55 10 milliards d'euros d'économies d'ores et déjà pour 2024,
12:58 au moins 20 milliards annoncés, envisagés par Bercy pour 2025.
13:02 Et d'ailleurs, au moment où Gabriel Attal, lorsqu'il était ministre d'éducation nationale,
13:05 avait fait ses annonces, c'était au début du mois de décembre,
13:08 le choc des savoirs et donc ce groupe de niveau,
13:11 du côté de Bercy, le message était passé immédiatement.
13:13 Bruno Le Maire faisait savoir qu'évidemment, il n'était pas question pour autant
13:16 de desserrer le budget de l'éducation nationale et d'annoncer de nouvelles créations de postes.
13:21 Ça devait se faire à effectif constant avec ce qu'on appelle des redéploiements,
13:25 mais qu'il n'était pas question à ce moment-là, au début du mois de décembre,
13:27 de créer de nouveaux postes dans l'éducation nationale pour mettre en œuvre ces groupes de niveau.
13:31 Maintenant, ce qui a changé, la donne qui a changé, c'est que maintenant,
13:34 Gabriel Attal est à Matignon.
13:36 - On va être attentif à la mise en place de ces groupes de niveau,
13:39 voir si ça marche réellement.
13:41 On s'interrompt juste une petite minute, le temps du fil info de Mathilde Romagnon à 9h20 et on revient.
13:45 - Le Premier ministre l'assure, la laïcité à l'école est plus que jamais menacée
13:51 et pour aider les professeurs confrontés à des résistances,
13:54 voire des contestations de leurs enseignements,
13:57 Gabriel Attal promet la mise en place de cellules d'appui pédagogique.
14:02 Les députés étudient aujourd'hui un texte pour freiner la fast fashion,
14:06 la mode éphémère et jetable, avec par exemple un système de malus
14:11 pour les industries les plus polluantes
14:13 ou encore une interdiction de la publicité pour la vente de vêtements à prix cassés.
14:18 Les Nations Unies vont mettre en place un pont aérien entre Haïti et la République dominicaine
14:22 pour acheminer de l'aide humanitaire.
14:25 La situation est toujours chaotique en Haïti, contrôlée en partie par des gangs armés.
14:30 Le plan de transport pendant les JO de Paris sera clarifié fin mars, début avril,
14:35 assure Amélie Oudéa Castera, la ministre des Sports.
14:38 A quatre mois du début des JO, la SNCF ne peut pas encore mettre en vente les billets de train,
14:44 au départ ou à l'arrivée de trois gares parisiennes
14:46 pour le jour de la cérémonie d'ouverture le 26 juillet.
15:01 Et les informés continuent avec Guillaume Dard, chef adjoint du service politique de France Télévisions,
15:05 avec Carole Barjon, éditorialiste politique à L'Obs,
15:08 et Renaud Delis, l'autre sujet d'actualité de ces informés
15:11 concerne la volonté de certains dans la majorité de revenir sur le non-cumul des mandats.
15:16 Et en l'occurrence certains, c'est le groupe Horizon, les députés du parti d'Edouard Philippe,
15:20 qui vont aujourd'hui mettre en débat l'Assemblée Nationale dans le cadre de leur niche parlementaire
15:24 une proposition de loi pour renforcer l'ancrage territorial des parlementaires.
15:30 Ce texte, donc, qui vise à autoriser de nouveau le cumul d'un mandat de parlementaire
15:37 avec un mandat exécutif local,
15:39 celui par exemple d'adjoint au maire ou de vice-président de département ou de région,
15:43 pas de maire de grande ville ou de président de région ou de département,
15:47 mais en tout cas un cumul qui est interdit, rappelons-le, depuis dix ans,
15:51 depuis le non-cumul des mandats adopté sous François Hollande,
15:54 et une proposition qui d'ailleurs est donc loin de faire d'unanimité au sein de la majorité,
15:59 par exemple la présidente de l'Assemblée Nationale, Yann Braun-Pivet,
16:03 faisait savoir la semaine dernière son hostilité.
16:06 Je pense qu'il ne faut pas permettre aux parlementaires de cumuler avec un mandat exécutif.
16:12 On parle bien de cela.
16:14 Aujourd'hui, moi j'ai 50% de parlementaires qui exercent un mandat local.
16:18 Ils ont des permanences parlementaires, donc ils ont un lien accru avec le terrain.
16:22 C'est ça qui compte et moi je ne souhaite pas le retour au cumul des mandats.
16:26 Est-ce que le cumul des mandats permettrait de corriger parfois une déconnexion,
16:30 reprocher un certain nombre d'élus vis-à-vis du terrain,
16:33 et plus particulièrement d'ailleurs à certains élus macronistes,
16:36 dont le profil sociologique a été critiqué par certains ?
16:39 Ou est-ce qu'à l'inverse, ça aggraverait un peu plus la crise démocratique dans ce pays
16:45 au regard du fait par exemple que l'opinion, selon les enquêtes,
16:49 semble massivement hostile au cumul des mandats ?
16:51 Guillaume Darré ?
16:52 Il y a deux logiques qui s'affrontent l'an.
16:53 Il y a la logique très concrète effectivement,
16:55 où on peut se dire finalement qu'est-ce que ça changerait.
16:59 C'est un peu hypocrite parce que finalement,
17:01 Horizon ne va pas jusqu'au bout en disant on remet un cumul total.
17:04 Parce que quand vous échangez avec certains parlementaires qui sont favorables au retour du cumul,
17:08 ils disent ce qu'on aimerait c'est être député-maire, sénateur-maire,
17:11 comme c'était le cas précédemment.
17:13 Et finalement, se dire qu'est-ce que ça change le fait d'être adjoint ou d'être conseiller municipal.
17:17 Quand vous êtes conseiller municipal, que vous allez au conseil municipal,
17:20 vous êtes au courant de ce qui se passe dans votre commune,
17:22 du problème des poubelles, du problème de la voirie.
17:25 Donc être adjoint au conseiller municipal, ça ne changera pas grand-chose.
17:28 Derrière cela, il y a une logique politique portée par le groupe Horizon,
17:32 qui est le groupe d'Edouard Philippe.
17:33 Edouard Philippe, ça ne vous aura pas échappé quand l'Inde mire,
17:36 il n'a pas ce qui se passe à l'Assemblée nationale aujourd'hui,
17:38 il a la présidentielle de 2027.
17:40 Donc vous avez deux logiques politiques.
17:42 La logique politique d'Edouard Philippe qui veut en ce moment façonner un personnage
17:47 et façonner une identité politique.
17:48 Après les dix ans d'Emmanuel Macron, dont il juge en coulisse
17:52 que c'est quelqu'un qui n'est quand même pas très ancré dans un territoire
17:55 qui est un peu hors-sol,
17:56 l'image que lui veut construire comme candidat à l'élection présidentielle,
17:59 c'est l'image d'un élu local qui est maire du Havre,
18:02 qui a une expérience locale et qui se doit un petit peu à l'ancienne
18:06 d'être ancré dans un territoire.
18:08 Donc être ancré dans un territoire, ça passe aussi par un mandat local
18:12 et notamment un mandat d'exécutif local.
18:15 Face à cela, il y a la logique effectivement du macronisme.
18:18 Le refus du cumul des mandats, c'est identitaire,
18:21 vous disent les responsables de Renaissance.
18:23 Il n'est pas question d'y revenir dessus parce que c'est ce qu'a porté
18:27 Emmanuel Macron comme logique de transformation politique en 2017,
18:31 en disant on renverse tout, il y a l'ancien monde politique si j'ose dire
18:36 et les nouvelles pratiques, c'est notamment le non-cumul des mandats.
18:38 Donc pour eux, il n'est pas question de revenir là-dessus.
18:41 Ça va donner lieu probablement à un petit affrontement politique avec Horizon.
18:45 Ça ne sera pas le dernier, il y en a eu précédemment.
18:47 Mais tout ça, ça participe à des petits cailloux politiques que sème Edouard Philippe
18:51 dans la perspective de la prochaine élection présidentielle.
18:54 Et puis ça parle à qui aussi ?
18:55 Ça parle aux parlementaires de droite sur lesquels il compte s'appuyer
18:58 au-delà même de son parti politique.
19:00 Mais quand même, ce non-cumul des mandats qu'il a adoptés depuis 2014,
19:03 est-ce qu'il n'alimente pas ce procès en déconnexion ?
19:08 En fait, c'est ce qui est apparu très clairement.
19:11 Enfin, c'est un argument qu'on a vu surgir au moment de la crise des Gilets jaunes,
19:15 où on s'est dit, en fait, tous ces députés à l'Assemblée nationale,
19:20 ils n'ont pas de capteurs sur le terrain, ils sont complètement déconnectés, etc.
19:24 Et c'est depuis ce moment-là qu'en fait, ce sujet est un peu revenu sur la table.
19:28 Là, Guillaume a parfaitement raison de le rappeler,
19:32 là, Edouard Philippe, c'est presque un argument électoraliste.
19:36 On sait très bien qu'il y a beaucoup d'élus qui sont très attachés.
19:41 Est-ce que pour autant, ça changerait quelque chose ?
19:44 Je n'en suis pas persuadé parce qu'effectivement,
19:48 il y en a un certain nombre, enfin beaucoup même,
19:50 qui sont conseillers municipaux et même conseillers régionaux.
19:53 Donc, si on veut être au courant de ce qui se passe dans la vie quotidienne des Français,
19:58 je pense qu'ils le peuvent largement.
20:01 Est-ce que c'est une réforme qui serait populaire ?
20:04 Pas du tout.
20:05 Pour le moment, on voit dans les sondages que les Français, ils sont plutôt opposés,
20:10 parce que derrière aussi, ils y voient dans le cumul des mordas,
20:14 ils entendent aussi "cumul des indemnités".
20:17 Donc voilà.
20:20 Ce qui était le cas avant.
20:21 Moi, ce que je trouve assez drôle dans cette affaire,
20:24 c'est que la secrétaire d'État aux collectivités locales, Dominique Faure,
20:29 a dit "cette proposition arrive un peu trop tôt".
20:33 Alors, ça veut dire quoi exactement ?
20:37 Je pense, enfin j'espère.
20:38 Je crois que le gouvernement a dit d'ailleurs qu'il donnerait un avis de sagesse,
20:41 vous savez comment on dit en France.
20:42 Oui, mais voilà, il ne va pas se mouiller.
20:43 C'est-à-dire qu'on ne se mouille pas.
20:44 Mais pour compléter ce que disait Carole,
20:46 l'accusation de déconnexion au moment de la crise des Gilets jaunes,
20:49 c'était peut-être dû aussi à quelque chose, à une identité intrinsèque,
20:53 propre à ce qu'était la République en marche à l'époque et à Renaissance,
20:56 où effectivement plus de 300 députés avaient été élus en 2017,
20:59 et qui eux, pour la plupart, effectivement, n'étaient pas encore conseillers municipaux,
21:05 n'étaient pas évidemment conseillers régionaux ou départementaux.
21:07 C'est vrai que là-dessus, ça ne s'est pas forcément beaucoup amélioré,
21:10 parce que le parti d'Emmanuel Macron n'a pas réussi son implantation locale depuis 10 ans.
21:14 Mais ça, c'est sûr, c'est le petit tacle supplémentaire
21:17 qui est assez mal vécu du côté de Renaissance.
21:19 C'est-à-dire que le fait que cette proposition de loi vienne d'Edouard Philippe,
21:21 vienne du groupe Horizon,
21:22 ça peut aussi être interprété comme une critique en creux de la sociologie
21:26 de nombreux élus macronistes,
21:29 et avec un certain nombre d'opposants qui ont pointé parfois le caractère un peu techno
21:34 ou déconnecté de ces élus.
21:36 Donc le fait que cette critique semble venir indirectement des rangs même de la majorité,
21:41 ça ne contribue pas à mettre de l'huile dans les relations entre Emmanuel Macron et Edouard Philippe.
21:44 Juste un dernier point, il faut rappeler aussi qu'historiquement, Edouard Philippe est le disciple,
21:47 l'héritier, le fils spirituel d'Alain Juppé, qui en son temps fut en même temps Premier ministre,
21:52 maire de Bordeaux, chef du parti, et plein d'autres choses.
21:56 D'ailleurs, la guerre a un peu déjà commencé, puisqu'il y a deux députés Renaissance
22:00 qui, il y a quelques semaines, pour des raisons politiques locales,
22:02 ont décidé de rejoindre le groupe Horizon d'Edouard Philippe.
22:05 Et effectivement, on n'est qu'au début de cette tension entre les partis
22:09 pour la prochaine élection présidentielle.
22:10 Edouard Philippe, il doit montrer et marquer une rupture.
22:13 La vraie rupture qu'il pourrait marquer sur ce sujet-là,
22:18 ce serait peut-être aussi de parler de la limitation des mandats dans le temps.
22:23 Parce que ça, il n'en parle jamais.
22:25 Je croyais que vous parliez de la limitation de vitesse à quatre heures.
22:27 Il n'en parle pas non plus.
22:30 2027, c'est déjà demain. C'est ça la leçon.
22:34 Merci beaucoup. Merci à tous les trois.
22:36 Guillaume Darré, chef adjoint du service politique de France Télévisions.
22:39 Carole Barjon, éditorialiste politique à l'Obs.
22:42 L'Obs qui consacre cette semaine un gros dossier à Rachida Dati.
22:46 Oui, une grande enquête menée par Clément Lacombe.
22:49 Révélation sur le business caché de la ministre de la Culture,
22:51 c'est à lire cette semaine dans l'Obs.
22:53 Merci beaucoup, Renaud.
22:54 Merci, Sadia.
22:55 Les informés sont de retour ce soir à 20h avec Bérangère Bonte
22:58 et Jean-François Aquillie.
22:59 ♪ ♪ ♪

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