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00:00 - Elena Voloshyn, correspondante à Moscou.
00:04 On va commencer par analyser ces chiffres.
00:07 87,28% des suffrages. C'est énorme.
00:12 Qu'est-ce qu'il faut comprendre de tout ça ?
00:13 Un tel score va au-delà de ce qui était annoncé.
00:16 Il avait besoin de cela pour asseoir son autorité, Vladimir Poutine.
00:19 - Il faut comprendre que les autorités et le régime ont fait beaucoup de zèle
00:23 pour lui servir le score au-delà de celui qu'il espérait
00:26 et pour qu'il soit convaincu lui-même de ce qu'il a annoncé
00:31 comme un score historique, en disant que la société s'est consolidée
00:35 autour du président, en disant que la source du pouvoir en Russie
00:39 est le peuple, en disant que la volonté unie des peuples
00:42 de la Fédération de Russie est constituée par chacune des voix.
00:45 Tout ça, ce sont les paroles qu'a prononcées Vladimir Poutine
00:47 hier soir, galvanisée par ce score dans son QG de campagne
00:51 lors de cette conférence de presse.
00:52 On a beaucoup évoqué, depuis le début de la guerre en Ukraine,
00:56 le fait que Vladimir Poutine a une vision du monde qui est largement
00:59 celle qui lui est servie par son entourage et par tous les échelons
01:03 du régime qui travaillent à ce que cette vision qu'il projette
01:07 aux Russes d'eux-mêmes, à savoir qu'ils le veulent comme président
01:10 et qu'ils le veulent comme unique guide dirigeant du pays,
01:13 ce soit celle qu'ils ont d'eux-mêmes.
01:16 En ce sens, ce score est évidemment fraudé.
01:19 Il faut vraiment le dire, parce que ça n'apparaît pas non plus
01:22 comme évident.
01:23 D'abord, effectivement, il n'avait aucune opposition en face de lui.
01:26 Les trois autres candidats ne se positionnent eux-mêmes pas comme
01:29 des opposants.
01:30 D'ailleurs, Nikolai Kharitonov, le chef du Parti communiste,
01:33 a exprimé sa "grande satisfaction" de ce résultat.
01:37 On n'est pas d'abord dans un scrutin où il y a des gens en face
01:41 de Vladimir Poutine.
01:42 Ensuite, il y a toute la machine électorale qui a été mise à
01:46 contribution pour lui assurer ce score.
01:49 Des sources au sein de l'administration présidentielle
01:51 russes, régulièrement citées par le média Meduza, disaient que
01:56 l'objectif cible était à 80% ou un peu plus des voix pour Vladimir
02:01 Poutine et 75% de participation.
02:03 Cela a été largement dépassé.
02:05 L'ONG Golos a démontré chiffres à l'appui en analysant quasiment
02:11 bureau par bureau les taux de participation en utilisant un
02:14 algorithme, a démontré la fraude massive, c'est-à-dire des chiffres
02:17 qui se dessinaient par heure de façon absolument identique par
02:21 quartier, par zone géographique.
02:22 La fraude était là.
02:23 Présence accrue de policiers, des policiers qui mettaient la
02:27 pression aux votants pour contrôler leur vote, les fonctionnaires, les
02:30 militaires, les étudiants mobilisés pour aller voter, etc.
02:33 Revenons aussi sur cet aspect d'un scrutin qui est largement fabriqué.
02:38 Il ne faut pas penser que c'est un chiffre qui est naturel.
02:41 Après, évidemment, il y a aussi le soutien des Russes au régime, qui
02:45 est fabriqué aussi largement par la propagande, par l'absence
02:48 d'alternative au fil des ans, au fil même des décennies.
02:51 L'enjeu étant de mobiliser tous ces Russes pour aller donner leur
02:55 voix à Vladimir Poutine. Au final, il n'y a aucune surprise.
02:58 Il ne faut pas voir ce scrutin comme un moment charnière où quelque
03:02 chose change. Il faut le voir plutôt comme le
03:04 symptôme de ce qu'est aujourd'hui le régime de Vladimir Poutine et qu'est-ce
03:08 qu'il veut porter ensuite comme projet politique, que ce soit pour
03:12 l'intérieur de la Russie ou pour sa politique étrangère.
03:15 - Elizabeth Martichoux: A quoi faut-il s'attendre maintenant?
03:19 - Amélie de Montchalin: Vous disiez que Vladimir Poutine a réédité ces
03:24 objectifs de guerre. D'abord à destination de l'Occident.
03:29 Cela a été un leitmotiv depuis hier soir.
03:33 La chef de la commission électorale russe a tout de suite dit que l'Occident
03:37 a essayé de nous empêcher de tenir ces élections.
03:41 Ils ont échoué. Nous sommes plus unis que jamais.
03:45 La consolidation autour du chef de guerre, Vladimir Poutine,
03:49 participation à quasiment 100% dans les régions occupées par la Russie.
03:53 C'est dire la fabrication du résultat du scrutin.
03:57 Vladimir Poutine a par exemple reparlé de l'Ukraine hier soir en
04:01 disant textuellement...
04:07 - Elizabeth Martichoux: Vous avez parlé de la création d'une zone
04:10 tampon. - Amélie de Montchalin: Oui.
04:14 Nous serons forcés à un certain moment, lorsque nous le jugerons
04:18 opportun, de créer une zone sanitaire sur les territoires féodés au
04:22 régime de Kiev. Qu'est-ce qu'il a voulu dire par
04:26 là? On n'en sait rien.
04:30 La création d'une zone tampon sur le territoire ukrainien entre la
04:34 Russie et la Russie, c'est un projet qui a été fait par le président de
04:38 la République. Il est en train de se faire
04:42 dénoncer. Le projet de Vladimir Poutine reste
04:46 inchangé. Il a évoqué un territoire qu'il a
04:53 appelé le corridor au sud de l'Ukraine.
04:57 Les objectifs, ce sont ceux-là. Le but de ce résultat, c'est de
05:03 faire un accord avec le président de la République.
05:06 Il a soudé ce projet. Il le présente comme une opération
05:10 de défense de la Russie aux Russes. Les Russes sont pour la paix.
05:14 pour Vladimir Poutine.