Présidentielle aux Etats-Unis : la bataille des "Swing states"
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00:00à deux mois et un jour de l'échéance. Quels sont les rendez-vous à ne pas manquer ?
00:04Que disent les sondages ? Bonjour Tristan Cabello et merci d'être avec nous.
00:07Vous êtes politologue et historien, on vous voit souvent sur France 24.
00:10Vous êtes là en plateau, on vous en remercie.
00:12Vous êtes maître de conférence également à l'université John Hopkins à Washington.
00:17Les conventions républicaines et démocrates se sont déroulées cet été.
00:21Là, on est plongé dans la campagne et les meetings.
00:24Est-ce que Kamala Harris, d'abord, bénéficie toujours d'un tel enthousiasme,
00:28l'enthousiasme des premiers jours ?
00:30Oui, alors c'est la grande question pour les prochains jours.
00:32C'est-à-dire, est-ce que Kamala Harris est vraiment sur une envolée politique ?
00:35Est-ce qu'il y a vraiment un enthousiasme politique pour Kamala Harris
00:38qui va durer quelques semaines ?
00:40Ou est-ce que c'est en fait, finalement, juste un soulagement
00:42que Joe Biden ne soit enfin plus le candidat des démocrates ?
00:45Est-ce qu'il y a un regard d'intérêt pour cette campagne à cause du désistément de Joe Biden ?
00:49En gros, est-ce qu'on est dans une lune de miel ou est-ce que c'est vraiment une envolée politique ?
00:54Alors là, pour l'instant, on voit que dans les sondages, on voit que dans les meetings,
00:58on voit aussi des enregistrements sur les listes électorales,
01:01on voit que Kamala Harris, il y a une vraie Kamalamania.
01:04Est-ce que ça va durer ? Ça, on ne le sait pas vraiment.
01:05On sait que dans les sondages, dans les sondages nationaux en tout cas,
01:09elle est en avance de 3 ou 4 points.
01:11Ça veut dire quand même beaucoup, ça veut dire 3 millions de voix.
01:14Ce n'était pas le cas de Joe Biden.
01:15Ce n'était pas le cas de Joe Biden, elle a carrément inversé la tendance.
01:18Mais le problème, c'est qu'on le sait toujours, aux États-Unis,
01:21il ne faut pas regarder les sondages nationaux.
01:23Ils ne veulent pratiquement rien dire.
01:24Il faut vraiment regarder les États pivots.
01:26Et cette année aussi, ça va se jouer vraiment dans 7 États,
01:30particulièrement en Pensylvanie, en Géorgie et au Michigan,
01:33là où c'est vraiment très serré pour Kamala et pour Trump.
01:37On va parler de la Pensylvanie, mais un instant sur l'enthousiasme.
01:40Est-ce qu'il se traduit aussi financièrement ?
01:42Oui, c'est-à-dire que Kamala Harris a vraiment reçu d'énormes donations.
01:46Elle est très en avance sur Donald Trump.
01:49Et ça, c'est très important dans les campagnes américaines
01:52parce qu'il faut vraiment beaucoup d'argent.
01:53Il faut vraiment que dans ces États pivots,
01:55on inonde les ondes télévisuelles de publicités en tout genre
01:59qui dénigrent donc le candidat adverse.
02:01Et c'est exactement ce qu'ils font là, en Pensylvanie, en Géorgie et au Michigan.
02:06Et Kamala Harris, elle est bien sûr bien en avance sur les financements que l'est Donald Trump.
02:11Il faut aussi donc financer tous ces petits meetings
02:14parce qu'il n'y a pas que des gros meetings aux États-Unis.
02:17Il faut aller grappiller les voix les unes après les autres.
02:19Vous le disiez, Kamala Harris, c'était lundi en Pensylvanie sur la côte Est.
02:23On le voit ici sur cette carte, Pensylvanie, un des États pivots.
02:28C'est là que ça se joue en fait, que l'élection américaine se joue.
02:32C'est l'État peut-être le plus important dans l'élection présidentielle cette année.
02:36C'est un État qui vaut 17 quand même collèges électoraux.
02:40Donc ça veut dire qu'il y aura 17 grands électeurs à l'issue de cet État.
02:44Et c'est un État où l'écart se resserre.
02:46C'est vraiment du 48-49, 49-50.
02:49Harris est toujours en avance, mais on voit qu'elle perd du terrain.
02:53Je crois qu'elle perd du terrain vraiment, si j'ai le temps d'évoquer, pour trois raisons ici.
02:56C'est-à-dire que RFK, Robert Kennedy, s'est retiré de la course.
03:01Ça ajoute des points pour Trump.
03:03Il s'est rallié à Trump.
03:04Bon, c'est pas quelqu'un qui pesait vraiment beaucoup, il pesait 5%.
03:07Mais il va ajouter des points à Trump.
03:10On voit aussi que la communauté musulmane est en train de se détacher de Kamala Harris à 60%.
03:1760% des musulmans affirment ne pas voter pour Kamala Harris.
03:22Principalement dû à son soutien inconditionnel à l'Israël,
03:27qu'elle a donc reformulé dans une interview sur CNN jeudi.
03:32Et on voit aussi des tout petits candidats,
03:34alors ça c'est vraiment des tout petits candidats qui font 0-1%,
03:37un petit candidat socialiste, un petit candidat écologiste,
03:40qui frémissent dans les sondages.
03:42Vraiment, ils frémissent, c'est-à-dire qu'ils vont de 0 à 1%.
03:45Mais dans une élection où tout ça va se jouer vraiment à quelques voix,
03:50ça peut vraiment changer la donne et ça va impacter, c'est clair, Kamala Harris.
03:55Et la marge d'erreur dans ces sondages est vraiment minime dans les Etats-clés.
04:01Oui, alors c'est-à-dire qu'on est toujours dans la marge d'erreur.
04:04Ici on est vraiment dans du 48-49 en ce moment.
04:06Et puis il faut quand même toujours souligner le fait que
04:09Donald Trump en fait est constamment sous-estimé dans ses sondages.
04:13En 2007 c'était 7%.
04:15Y compris en 2024.
04:16Y compris en 2024.
04:17Enfin on n'est pas encore sûr puisqu'on n'a pas eu le résultat.
04:19Mais en tout cas en 2020 c'était encore 4%.
04:21Donc le vote Trump c'est quelque chose qui n'est pas encore complètement dissible aux Etats-Unis.
04:26Il y a des gens qui se cachent, il y a des gens qui ne veulent pas le dire.
04:28Et ça arrive encore dans les sondages.
04:30On voit que Donald Trump, voilà, il y a quand même un grand entrain,
04:34un grand enthousiasme pour sa campagne dans toutes ces petites villes.
04:37Et il est loin d'être hors-jeu le Républicain.
04:39Même si l'entrée en scène de Kamala Harris lui a apporté préjudice.
04:44Oui, alors on est toujours dans la marge d'erreur.
04:45Et en plus de ça, Donald Trump fait la même campagne qu'il a fait en 2016.
04:49C'est-à-dire qu'il va dans des petites villes où personne ne va.
04:52C'est-à-dire dans le Michigan, à Howell, à Eaton où il y a eu la tentative d'assassinat.
04:57Et il va voir ces gens, ces gens qui se sentent déclassés,
05:00ces gens qui n'ont pas droit au chapitre.
05:03Et ils ont, voilà, un candidat présidentiel, un ancien présentateur de télé-réalité qui va les voir.
05:09Ça les flatte et c'est aussi une base quand même qui va voter.
05:12C'est-à-dire que ce sont des gens qui sont motivés, ils vont aller voter.
05:14Contrairement à la base de Kamala Harris qui, elle, a une base un peu plus fluide
05:18de minorités, de jeunes, de personnes des centres urbains
05:22où là on n'est pas très sûr qu'ils vont aller voter.
05:25Donc Donald Trump, il n'est pas du tout hors course.
05:28Il est encore bien dans la course et il est encore vraiment dans l'écart de la marge d'erreur.
05:32La campagne, elle se déroule vraiment dans les petites villes localement.
05:35Elle se déroule aussi à la télévision avec ce grand débat la semaine prochaine
05:38qui pourrait marquer la campagne.
05:40Oui, alors le premier débat a marqué la campagne
05:42puisque c'est à cause de ça que Joe Biden s'est retiré.
05:45Ça va être peut-être le cas pour le deuxième débat.
05:47Alors Trump, c'est la première fois qu'il se retrouve face à Kamala Harris.
05:50Trump, c'est quelqu'un qui est maintenant dans le fauteuil de la personne la plus vieille
05:54dans la campagne.
05:55Il est face à une femme jeune, noire et dynamique.
05:59Et donc ça va être très difficile pour lui de ne pas faire ressortir son égo
06:03un peu misogyne, un peu raciste face à Kamala Harris.
06:07Donc est-ce qu'il va se tenir ça à l'impossible, nul n'est tenu.
06:11Et puis Kamala Harris, on va la comparer bien sûr à Biden.
06:15Elle va certainement gagner la comparaison, ça ne va pas être très difficile.
06:19Par contre, elle, on l'attend vraiment sur le programme.
06:22C'est-à-dire, est-ce qu'elle va mettre de la chair sur son programme
06:26qui est vraiment très fin pour l'instant.
06:30C'est-à-dire qu'on n'a pas vraiment beaucoup de mesures,
06:33on n'a pas vraiment beaucoup de visions.
06:35Et donc on l'attend vraiment sur ça, Kamala Harris.
06:38Et ce sera donc le 10 septembre aux Etats-Unis, le premier débat Biden-Harris.