SMART BOURSE - Emission du mercredi 20 mars

  • il y a 6 mois
Mercredi 20 mars 2024, SMART BOURSE reçoit Alexandre Baradez (Chef analyste, IG) , Anne-Laure Frischlander-Jacobson (Consultante) , Mabrouk Chetouane (Head of Global Market Strategy, Solutions, International, Natixis IM) et Vincent Juvyns (Stratégiste, JP Morgan Asset Management)
Transcript
00:00 [Musique]
00:08 Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bismarck pour rester à l'écoute des marchés chaque jour du lundi au vendredi à 17h si vous nous suivez en direct pour la grande édition sur Bismarck TV, émission que vous retrouvez évidemment chaque soir en replay sur Bismarck.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:24 Au sommaire de cette édition ce soir, le cas Kering Gucci qui fait à nouveau parler de lui avec un warning surprise du groupe de luxe français hier soir sur les ventes du premier trimestre qui seront fortement affectées par le manque de reprise de consommation en Chine et notamment pour les produits Gucci.
00:43 Il y a bien sûr du Gucci spécifique dans ce warning de Kering aujourd'hui qui annonce que les ventes de sa marque vedette seront sans doute en baisse autour de 20% pour ce premier trimestre 2024.
00:55 La totalité des ventes du groupe sera affectée également avec une baisse estimée autour de 10%.
01:01 Le warning de Kering évidemment se retrouve sur le plan boursier avec une baisse jusqu'à 15% du titre aujourd'hui qui a quand même un peu plombé le cas 40 même si on notera que le cas peut sous-performer sur la séance mais de manière assez légère en baisse simplement de 0,5%.
01:18 Le reste du secteur du luxe a été affecté mais dans une moindre mesure. C'est à peine tangible pour le titre Hermès. On voit LVMH qui résiste plutôt bien au warning de Kering.
01:30 D'autres actions de groupes de luxe en Europe ou ailleurs dans le monde ont pu être affectées un peu plus lourdement.
01:35 Le titre Prada par exemple à Hong Kong a pu baisser de plus de 10% aujourd'hui dans le sillage de cet avertissement lancé par Kering hier soir.
01:43 Ce sera le sujet à la une et d'une certaine manière Kering vole un peu la vedette à Jerome Powell qui s'exprimera lui tout à l'heure ce soir.
01:51 Le marché est dans l'attente évidemment des nouvelles projections économiques et des nouvelles projections en matière de taux d'intérêt de la part des banquiers centraux américains.
01:59 Est-ce que Jerome Powell pourra affirmer qu'il a gagné en confiance depuis le dernier FOMC sur l'idée que l'inflation reviendra dans un délai raisonnable à la cible des 2% ?
02:12 Ce n'est pas évident. 2023 a été l'histoire de surprises à la baisse sur l'inflation.
02:17 Les premières marques d'inflation aux Etats-Unis pour 2024 sont plutôt l'histoire inverse avec plutôt des surprises à la hausse sur les derniers prints d'inflation aux Etats-Unis.
02:27 Discussion à suivre bien sûr avec nos invités de Planète Marché.
02:29 Et puis dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse, le quart d'heure thématique au milieu de cette semaine dédiée à l'éducation financière, nous intéresserons aux inégalités patrimoniales.
02:39 Il y a de multiples sources d'inégalités entre les hommes et les femmes sur le plan des revenus, sur le plan des salaires.
02:45 Les hommes détiennent plus d'épargne que les femmes. La question qu'on se posera c'est de savoir pourquoi est-ce que l'épargne détenue par les hommes est mieux gérée ou plus performante en tout cas que l'épargne détenue par les femmes.
02:56 C'est Anne-Laure Frischlander-Jacobson qui viendra nous en parler. Elle est aujourd'hui consultante indépendante après 25 ans de carrière dans l'industrie de l'asset management.
03:06 (Générique)
03:16 Et d'abord, les infos clés du jour sur les marchés avec un 1Q40 effectivement un peu en retrait au terme de cette séance. Les infos clés avec Sibylle Aoudjian.
03:25 Le CAC 40 évolue dans le rouge avant les annonces de la Fed. Dans cette attente, le CAC 40 baisse d'environ 0,5% au cours de la séance et pâtit de la chute du titre de Kering qui a baissé jusqu'à 15% au cours de la journée.
03:37 Le groupe de luxe a annoncé hier soir après la clôture de la bourse que son chiffre d'affaires allait reculer de 10% au premier trimestre.
03:44 Cela s'explique par une baisse de 20% des ventes des produits de la marque Gucci alors que la zone Asie-Pacifique n'a pas été aussi dynamique que prévu.
03:52 Gucci représente la moitié du chiffre d'affaires du groupe Kering. Le groupe essaie pourtant de reconquérir sa clientèle.
03:58 Depuis janvier 2023, la marque possède un nouveau directeur artistique, Sabato Desarnaux. Le groupe se veut positif dans un communiqué et précise que la nouvelle collection,
04:08 dont le déploiement devrait progressivement s'accélérer au cours des prochains mois, reçoit un très bon accueil.
04:13 La chute de Kering entraîne une baisse des valeurs du luxe. LVMH baissait de 3% au début de journée. Richemont cotait en baisse de 2% à Zurich.
04:22 Et Kering publiera son chiffre d'affaires du premier trimestre, le 23 avril, après la clôture.
04:27 Alors que le luxe souffre, l'acteur chinois du commerce en ligne PDD, propriétaire de l'application Temu, a quasiment doublé son bénéfice net en 2023.
04:36 Celui-ci a bondi de 90% sur un an à 60 milliards de yuan, 7,6 milliards d'euros, comme l'indique le groupe dans un communiqué.
04:45 L'action était signalée en forte hausse à l'ouverture de Wall Street tout à l'heure.
04:50 Du côté des indicateurs, au Royaume-Uni, les prix à la consommation progressent de 0,6% en février par rapport à janvier. C'est un peu moins que prévu.
04:58 En rythme annuel, l'inflation ressort à 3,4% contre 3,5% attendu.
05:04 Demain sont à attendre les premières enquêtes PMI du mois de mars, notamment pour les États-Unis, la zone euro, le Royaume-Uni et la France,
05:11 ainsi que la décision de la politique monétaire de la Banque suisse et de la Banque d'Angleterre.
05:16 Tendance, mon ami. Chaque soir, les infos clés de marché en ouverture de Smartbourse sur Bsmart avec Sibylla Oudjian.
05:22 (Générique)
05:32 Trois invités avec nous chaque soir en plateau pour décrypter les mouvements de la planète marché.
05:36 Vincent Juvins nous accompagne ce soir, stratégiste chez JPMorgan Asset Management. Bonsoir Vincent.
05:40 - Bonsoir Grégoire. - Merci d'être là. Merci à Mabrouk Chetouane d'être à nos côtés également. Bonsoir Mabrouk.
05:44 - Bonsoir. - Vous êtes responsable de la stratégie marché globaux chez Natixis IM et Alexandre Baradez en notre compagnie également.
05:51 Bonsoir Alexandre. - Bonsoir Grégoire. - Ravi de vous retrouver. Vous êtes chef analyste chez IG.
05:55 Les mouvements de marché du jour. Le mouvement de marché du jour, c'est la chute de Kering après le warning sur les ventes du premier trimestre
06:01 qui a été communiqué hier soir. Qu'est-ce qu'on peut dire de la situation ? Je regardais que techniquement le titre Kering est allé combler le gap du 26 janvier.
06:10 C'est ça Alexandre ? Qui était déjà le, ce qu'on a appelé le gap LVMH. C'était le jour où LVMH avait publié des résultats stratosphériques pour l'année 2023.
06:19 Et le titre LVMH avait bondi, laissé des gaps, un gap en tout cas pour l'ensemble du marché et particulièrement pour ses valeurs du luxe.
06:25 Oui c'est vrai que les gaps c'est toujours des repères pour les chartistes mais c'est vrai que les gaps haussiers peuvent devenir pour les algos des forces de rappel à un moment donné
06:34 sur une actualité un peu chargée mais souvent les gros gaps haussiers sur indices, si ce n'est pas vraiment des gaps de rupture par exemple,
06:39 ou plutôt si c'est des gaps de rupture ou des gaps de forte accélération, de très nombreux n'ont jamais été revus, ne le seront jamais.
06:45 Donc c'est toujours assez dangereux de se dire il y a un gap 10% plus bas sur un indice par exemple, pour une grosse valeur, et dire je vais le chercher.
06:51 La preuve en est par contre qu'une valeur qui est faible pour Kering et on voit bien cet échelonnage des valeurs du luxe en fait.
06:58 Il y a Hermès, c'est le luxe presque inaccessible qui casse résistance sur résistance avec des allures graphiques qui sont celles d'une tech américaine,
07:06 on pourrait presque dire du NVIDIA pas loin mais c'est d'une verticalité assez redoutable, Cher qui reste Cher et qui retrace très très peu,
07:12 qui construit tout simplement et qui réaccélère. Il y a eu LVMH, le luxe accessible mais qui est très bien positionné,
07:17 qui performe très très bien et puis Kering qui cherche son positionnement, qui attend aussi peut-être des nouveautés,
07:23 il y a eu des remplacements au sein de Kering ou autre, donc qui attend des nouveautés achetables par les consommateurs.
07:28 On parle de luxe aspirationnel pour Kering et Gucci notamment.
07:31 Vous avez fait des remarques intéressantes parce qu'il y a plusieurs constats. Effectivement pour le luxe, on voit qu'on s'est positionné entre Hermès et Kering et LVMH.
07:39 Mais après sur le poids dans l'indice, la pondération n'a pas trop bougé mais on remarque quand même que le rallye du CAC 40 ces derniers mois,
07:46 c'est fait sur plusieurs piliers. Ce qui est intéressant à une époque, c'était le luxe et on ne regardait que le luxe.
07:51 Et si ce pilier ne tenait pas, on sait que le CAC n'irait pas.
07:53 Sans le luxe, pas de salut.
07:54 Voilà, et ces derniers mois, on regarde la performance Yertoudet par exemple et les contributeurs sont assez nombreux,
07:59 Tourisme Loisirs par exemple, Automobiles également, la tech aussi et le luxe.
08:03 Donc c'est quand même très diversifié et les secteurs qui là depuis le début de l'année, performent bien mieux que le luxe.
08:08 Typiquement Tourisme Loisirs, typiquement l'Automobile et la tech également.
08:12 Finalement le luxe dans les secteurs européens, ça va près le quatrième je crois, c'est le secteur Personal and Household, etc.
08:17 Donc c'est consommation discrétionnaire, ce n'est pas le plus gros performeur.
08:20 Donc c'est ça qui est intéressant, c'est que malgré des faiblesses aujourd'hui qui touchent tout le luxe,
08:24 pas ce que Kering est mal en place, il y a un gap baissier sur le CAC,
08:27 mais on n'a pas cette impression qu'il y a une fragilité structurelle du CAC 40 qui pourrait lui faire perdre 15 ou 20% de plus
08:34 parce que d'autres secteurs et notamment le secteur de la consommation discrétionnaire,
08:40 on regarde les performances des groupes mais on regarde aussi le côté de la Chine je pense.
08:44 C'est ça qui fait que beaucoup de secteurs Tourisme, Auto ou autre se sont pas mal repris ces derniers temps,
08:48 les secteurs un peu industriel parce qu'on voit qu'en Chine les signaux ne sont pas bons pour autant,
08:53 mais on a des chiffres de balance commerciale par exemple récemment, excellent commercial record.
08:57 Au même moment, un peu effet miroir, l'Allemagne, balance commerciale également, excellent commercial record.
09:01 Alors qu'on avait oublié cette notion de, pour nous on était resté à l'Allemagne, enterrer dans ces troubles.
09:05 Oui, fin des excédents.
09:07 Et on se rend compte finalement qu'en quelques mois ça repart et surtout ce qui est intéressant pour la Chine,
09:12 c'est que les importations étaient assez dynamiques sur les dernières publications, exportations et importations.
09:17 Donc on se dit, l'accident de Kering en Chine, il est peut-être propre à Kering
09:21 et finalement si les données sur la conso chinoise tendraient à s'améliorer, c'est des données très courtes,
09:25 c'est pas pour l'instant très tendanciel mais si ça va mieux.
09:28 C'est pas ce qui s'est le plus amélioré dans les stats chinoises la conso ?
09:31 Non mais disons que ce qui vraiment effrayait au départ depuis plusieurs années, c'est tout ce qui est immobilier.
09:37 On voit que sur la dette immobilière à haut rendement par exemple, ça a fini de se dégrader.
09:41 Donc ça ne veut pas dire que ça accélère mais ça a fini de se dégrader.
09:44 Les PMI d'activité, les manufacturiers, on voit bien qu'ils ont bottomé depuis un petit bout de temps
09:48 et selon les mesures officielles ou qu'excident, on est un peu au-dessus, un peu au-dessous de 50
09:51 mais c'est plus en train de piquer du nez.
09:53 Et on voit que les données de balance commerciale et dynamique, même de mobilité des Chinois en première vacance,
09:57 on n'a pas eu de tel niveau de mobilité, avion, train, etc. que depuis avant Covid.
10:02 Donc c'est ça je pense qui fait aussi que le CAC, le DAX ou autre, on peut se dire "mais l'influence européenne c'est pas top"
10:08 mais parce que je pense que les investisseurs étrangers lorgnent toujours ces liens entre la Chine et l'Europe
10:12 et du côté de la Chine, peut-être qu'on commence à avoir des signaux un peu faibles
10:15 mais de début de stabilisation et de petites améliorations.
10:18 Mais c'est moins systémique qu'avant vous dites.
10:20 Le luxe et une valeur comme Kering, on en parlait hors antenne avant, moi j'ai encore en tête,
10:25 c'était fin août 2021, on avait eu un gros coup d'arrêt, une grosse chute du secteur du luxe sur des inquiétudes toujours liées à la Chine.
10:33 J'ai repris mes notes, Kering avait baissé de 20% du pic au creux, alors ça ne s'était peut-être pas fait en une séance,
10:38 ça s'était peut-être fait sur deux séances, mais ça avait été vraiment un gros coup d'arrêt
10:42 qui avait d'ailleurs stoppé le rallye de reprise post-Covid d'une certaine manière.
10:47 Le pic des marchés se faisait fin 2021, pour le Nasdaq c'était un peu plus tard, en novembre 2021,
10:53 mais pour les marchés européens ça avait coïncidé avec ce coup d'arrêt pour l'ensemble des marchés actions.
10:59 C'est pour ça que là finalement, un stress similaire, mais on n'est plus en 2021,
11:02 et on voit que les croissances sont assez désynchronisées finalement au niveau mondial.
11:05 La croissance suède ce n'est pas la même qu'en Europe, ce n'est encore pas la même qu'en Chine,
11:08 et finalement qu'est-ce qui pourrait faire que le luxe au monde de l'univers n'est peut-être pas plus haut tout de suite ?
11:11 Selon moi c'est moins par rapport à la Chine que peut-être, et ça te débat envers la Fed ce qu'elle en pense ce soir et autre,
11:16 peut-être la croissance future américaine, c'est peut-être ça qu'on va commencer à regarder finalement.
11:19 L'Europe, on a l'impression que ça bottom aussi sur les PMI, composite ou autre,
11:23 on n'est pas encore en expansion sur le composite, mais on se redresse depuis quelques mois.
11:26 Est-ce qu'on ne va pas commencer à l'ornier un peu sur la partie occidentale
11:29 pour les prochaines visibilités de croissance de ces groupes,
11:32 plutôt que sur la Chine où on a, encore une fois, je dis ça avec toute la prudence que ça impose,
11:36 mais des signaux faibles que ça s'est peut-être stabilisé sur le pire, sur le plus systémique qu'est l'immobilier notamment.
11:41 - Eric Kering, je voulais bien qu'on élargisse un petit peu le sujet justement sur les forces peut-être de l'économie européenne pour 2024,
11:50 avec l'idée, Alexandre le citait, il y a quelques secteurs, en tout cas des signaux boursiers,
11:54 qui montrent que des secteurs tournés vers la consommation discrétionnaire, le voyage, le loisir, l'hôtellerie, l'automobile également,
12:01 qu'on peut inclure dans les dépenses discrétionnaires des Français et des Iraniens,
12:04 sont des secteurs qui surperforment depuis plusieurs semaines,
12:07 qui permettent aux indices européens d'ailleurs de rattraper ou de faire jeu égal avec les indices américains.
12:13 On a l'indice de surprise économique mesuré par Citi sur l'Europe qui repasse enfin positif après quasiment un an de négativisme.
12:22 Est-ce qu'il y a quelque chose de positif qui peut se déclencher en Europe,
12:26 partant notamment peut-être du cas du consommateur européen aujourd'hui, Vincent ?
12:30 - Oui, c'est sans doute le plus tangible. Il y a deux sources d'espoir pour la croissance européenne cette année.
12:34 C'est quelque part une croissance domestique tirée par la consommation
12:37 et c'est la croissance externe tirée potentiellement États-Unis, Chine,
12:40 mais c'est vrai qu'en fait non, c'est plutôt la Chine qui était en retard et dont on attend un rebond potentiel cette année,
12:45 dont on a observé certains prémices en effet, pas sur la consommation,
12:48 plus sur la production industrielle, les investissements et autres.
12:51 On a l'impression qu'on est dans le cru en tout cas en Chine.
12:54 Pour ce qui est de la consommation domestique en Europe, on en parlait finalement hors antenne,
12:58 il y a quand même des signes encourageants, plein emploi dans pas mal de marchés européens.
13:02 Donc ça c'est une bonne chose, les Européens ont en tout cas la certitude qu'ils auront un job dans les mois qui viennent.
13:07 On a eu finalement des négociations salariales relativement dures, un peu dans le nombre de pays qui font qu'aujourd'hui,
13:12 si j'en crois la BCE, on est aux alentours de 4,5/4,5 sur les préprogressions de salaire,
13:17 donc c'est-à-dire toujours plus que l'inflation. Le pouvoir d'achat est dopé.
13:20 Contrairement aux Américains, les Européens ont thésaurisé durant le Covid,
13:24 ont plutôt conservé ce stock d'épargne, eu égard à l'incertitude générale
13:29 à laquelle on est confronté en Europe et le conflit en Ukraine et ainsi de suite, la crise énergétique.
13:33 Donc les Européens sont plutôt bien équipés avec un salaire qui progresse plus vite que l'inflation
13:38 et un excédent d'épargne et toujours cette envie, ma foi, post-Covid qui demeure de profiter de la vie, de profiter des services.
13:44 Donc il est certain que parier sur un rebond économique de l'Europe drive par la consommation, c'est ce que globalement...
13:52 Ça fait du sens comme on dit en moeil français.
13:54 On le voit notamment dans les performances sectorielles, comme ça peut être observé depuis le début de l'année.
13:58 Qu'est-ce que vous dites sur le cas du consommateur européen ?
14:01 Est-ce que ça peut être une force positive pour l'économie européenne en 2024, Maabrouk ?
14:07 On sait bien que la consommation des ménages, ça reste le moteur principal de la croissance.
14:12 Et effectivement, ça a bien été résumé.
14:15 On a les principaux moteurs qui sont, on va dire, qui sont présents pour pouvoir soutenir cette consommation.
14:20 Maintenant, la question qui se pose, eu égard à cette thésaurisation massive,
14:24 donc une épargne des ménages qui est assez conséquente, il y a quand même un frein à la désépargne.
14:29 Donc ça, on sait bien que le consommateur européen, allemand qui plus est français par ailleurs,
14:34 ont une espèce de réticence à aller piocher dans la répargne.
14:37 Alors peut-être que ça va effectivement changer.
14:39 Et finalement, on se dit que, bon, bah oui, il y a les moteurs qui sont...
14:44 Enfin, tous les voyants sont au vert pour que cette croissance économique européenne
14:48 qui a fortement déçu l'an dernier, en 2023, puisse effectivement rebondir.
14:52 La question de la stabilisation de la croissance était pour moi acquise, en fait, finalement, en 2024.
14:56 On ne pouvait pas plonger plus bas.
14:58 C'est-à-dire qu'en gros, avec une Allemagne qui était en pseudo-récession quasiment,
15:01 c'était quand même difficile d'imaginer avec la Chine qui se stabilisait par ailleurs,
15:05 de voir la situation se dégrader encore.
15:07 Bon, pour moi, la question était acquise de la stabilisation.
15:09 Celles et ceux qui prétendent effectivement que l'Europe est en récession depuis je ne sais pas combien de temps
15:13 sont dans l'erreur, à mon sens.
15:15 Et donc, in fine, aujourd'hui, on ne peut avoir que des surprises positives.
15:18 En fait, la question, c'est de savoir, on a été quand même négativement surpris,
15:22 vous avez cité l'indice de surprise de Citigroup,
15:24 qui n'était pas bien orienté depuis plusieurs semaines.
15:27 La tendance est positive et on revient faire des territoires qui sont, on va dire, proches,
15:31 voisins de zéro, voire même légèrement positifs.
15:33 Et donc, en dynamique, c'est quand même beaucoup mieux.
15:35 Et donc, il y a des bonnes raisons d'espérer d'être même surpris positivement,
15:39 avec quand même, il faut le garder à l'esprit, une hétérogénéité forte au sein de la zone euro.
15:42 On a quand même des pays qui, comme l'Espagne, continuent de croître à un niveau qui est plutôt bon, clairement.
15:47 Donc, on a eu une croissance l'an dernier qui était au supérieur de 2%,
15:50 qui devrait effectivement être autour de 1,5, 1,7 cette année.
15:53 La France qui est toujours un peu au milieu, et puis l'Allemagne qui, on va dire, se reprend, on va dire, timidement.
15:57 Et donc, in fine, oui, la consommation pourra être le moteur de la croissance européenne.
16:02 Maintenant, sur la question de la Chine, juste une petite parenthèse.
16:04 Ça va être, on va dire, un peu plus délicat, à mon sens,
16:07 parce que la question, il me vient, n'a pas du tout été réglée.
16:09 Et je pense que ça va être un peu encore...
16:12 Compter sur un rebond de la Chine me paraît, effectivement, avec une hypothèse relativement forte.
16:16 Encore une fois, je parle plus de stabilisation de la Chine.
16:19 Aujourd'hui, Xi Jinping n'a pas indiqué, effectivement, lors des différentes réunions du Congrès,
16:24 qu'il y avait aujourd'hui une impulsion forte attendue sur la croissance chinoise en 2024.
16:30 Ça a pu être quelque chose de mesuré.
16:31 Il ne s'agirait pas, effectivement, de, peut-être, retomber dans les travers du passé,
16:35 avec cette capacité qui engendrerait des tensions déflationnistes en Chine,
16:39 qui est le plus gros problème que la Chine doit gérer pour le moment.
16:42 Ils sont déjà un peu dans cette ornière, quand même.
16:44 Alors oui, bien sûr.
16:45 L'idée, c'est de ne pas aggraver cette situation.
16:48 Et la tentation est très forte, finalement, de dire "bon ben très bien, on va construire,
16:52 je ne sais pas encore combien de milliers de kilomètres d'autoroute ou un énième aéroport,
16:56 pour pouvoir encore donner de l'emploi".
16:57 Non, ce n'est pas comme ça qu'il faut faire.
16:59 Et je pense que l'administration chinoise le sait, ça va demander du temps.
17:02 Et par contre, moi, je souscris à cette idée.
17:04 Par contre, là, c'est quand même un véritable défi pour l'Europe.
17:06 Ça veut dire qu'à la fois la Chine se restreint,
17:08 et la Chine est de plus en plus protectionniste sur des industries clés,
17:12 en tout cas pour lesquelles on l'est livré jusqu'à présent.
17:14 Je pense notamment à l'automobile allemande.
17:16 L'Allemagne doit aujourd'hui faire des pieds et des mains pour parvenir à vendre ses automobiles.
17:19 Avec des décotes, je pense notamment aux véhicules Volkswagen électriques en Chine,
17:22 où il y a des décotes tout à fait massives aux prix qui sont pratiqués en Occident.
17:25 Mais je crois qu'ils sont sortis du marché.
17:27 Enfin, je pense que c'est quand même le...
17:29 Ils sont en train de se faire sortir du marché chinois.
17:31 Je veux dire, c'est...
17:32 Très clairement.
17:33 Je ne sais pas si c'est un baroud d'honneur ou si c'est la dernière...
17:36 Par rapport au potentiel de la France en Europe, ça fait la confirmation,
17:38 et certainement des éléments d'espoir.
17:40 Par contre, c'est vrai que...
17:41 Est-ce que l'Europe peut se sortir de cette période de stagnation par les exportations ?
17:45 Là, ça devient quand même un petit peu...
17:47 C'est tendu, là.
17:48 Ce n'est pas la meilleure stratégie pour pouvoir effectivement sortir de ce...
17:51 André, d'une croissance en soi, mais on ne compte pas sur les exports.
17:53 Donc, c'est un autre moteur qu'il faut en tirer et activer.
17:56 C'est le moteur de l'investissement.
17:57 Et là, effectivement, il faut avoir soit une incitation, on va dire, monétaire,
18:01 en baissant les taux d'intérêt, mais ça, ce n'est pas pour tout de suite,
18:03 ou bien une incitation budgétaire.
18:05 Les Américains ont parfaitement maîtrisé en fait cette affaire-là
18:08 dès 2022, et ça s'est bien vu en 2023.
18:11 Et, comme vous le dites, par ailleurs, le point le plus important, c'est
18:14 la Chine fait du protectionnisme, mais les États-Unis ne s'en cachent absolument pas,
18:17 ils le font également, et nous, on n'en fait pas.
18:19 Bon, écoutez...
18:20 Vous dites la détente monétaire en Europe, en zone euro, ce n'est pas pour tout de suite.
18:23 On est au premier jour du printemps.
18:25 La baisse de taux aura lieu au printemps.
18:27 Non.
18:28 Non ?
18:29 Non, pas pour moi.
18:30 Ah ! Vous contredisez un message, un signal,
18:33 explicite, envoyé par certains banquiers centraux...
18:36 Christine Lagarde n'a pas dit qu'elle baisserait les taux au mois de juin,
18:38 donc elle a clairement dit, mais je pense que ce qu'elle fait,
18:41 Christine Lagarde...
18:42 D'autres se sont avancés un peu plus précisément.
18:44 Vile-Roi de Gallo, c'est quand même pas n'importe qui au sein du Conseil des Gouverneurs.
18:47 Quelqu'un d'assez dovige, structurel.
18:49 Donc lui, il a toujours effectivement prôné la baisse des taux...
18:52 Ouais, ouais, ouais, ouais...
18:53 Ce que je veux dire, c'est qu'en termes de communication,
18:55 je pense que la BCE a un peu répliqué, finalement, la stratégie de la Fed.
18:58 On se souvient, le 14 décembre dernier, ça a été abondamment commenté,
19:01 y compris sur ce plateau.
19:03 Jérôme Powell, finalement, a laissé entendre que les taux allaient baisser,
19:07 et on se rend compte que la première baisse de taux n'interviendra pas,
19:10 finalement, avant le mois de juin, a priori.
19:13 Et donc, la BCE, c'est juste acheter une option gratuite,
19:16 en donnant rendez-vous au marché, en disant "au mois de juin, on regarde, et puis on voit".
19:20 Et donc, il n'y a aucune garantie, finalement, que les preuves de la désinflation...
19:24 Oui, qui a besoin de plus d'évidence et de preuves, ça, je le comprends.
19:28 Moi, j'ai quand même entendu qu'il y avait un signal,
19:31 et que Christine Lagarde allait au plus loin de ce qu'elle pouvait signaler au marché,
19:35 pour indiquer que juin était peut-être, sans doute, quand même un bon moment pour...
19:40 Pour encadrer les anticipations, on voit bien les détentes qui sont fortes des marchés.
19:43 Cette semaine, il y a eu des publications sur les salaires négociés zone euro,
19:47 et connu travail pour... C'est très lag, c'est des chiffres T4,
19:50 mais il y avait quand même une sacrée baille d'euros entre le T3 et le T4.
19:53 Sur la partie salaire négocié, enfin, wage and salaries zone euro,
19:56 on était à 5,2,5,3 le trimestre T3,
19:59 le mois de janvier revenu, si je ne me trompe pas, 3,4, 3,3,3,3,4,
20:01 et coûts de travail aussi qui diminuent.
20:03 Donc ça, selon moi, c'est déjà des données qu'eux avaient aussi,
20:06 sur des datas plus hautes fréquences récentes,
20:09 et qui selon moi, vont quand même un peu se confirmer.
20:11 Donc, l'option de juin, par contre, je mets une pièce dessus,
20:13 c'est plus, est-ce que la Fed fera juin ?
20:16 C'est vrai que déjà, la réunion de la BCE, et une dizaine de jours avant,
20:19 donc bon, ça, c'est pour le fun...
20:20 - Oui, techniquement, si les deux baissent en juin, la BCE baissera avant la Fed.
20:23 - Voilà ! La BCE a toutes les chances de baisser avant la Fed.
20:26 - Le vrai débat, c'est ça.
20:27 Est-ce que, si on écoute, et lui, je trouve qu'il a,
20:30 enfin, encore une fois, c'est Raphaël Bostic de la Fed,
20:32 il a pris une carrière au sein de la Fed,
20:34 et on l'a beaucoup entendu, juste après la fameuse intervention de décembre,
20:37 où moi, j'avais estimé, effectivement, que c'était une erreur de communication,
20:39 peut-être comme toi, où à ce moment-là, que les taux étaient déjà détendus,
20:42 les marchés étaient déjà assez hauts,
20:44 il a fait une erreur, finalement, de dire "on va baisser les taux",
20:47 alors qu'il n'y avait aucune urgence à ce moment-là de le faire,
20:49 par rapport aux conditions financières ou autres.
20:51 Bostic avait dit, tout de suite après, "attention, moi, je ne vois pas de baisse de taux".
20:57 Enfin, avant la deuxième semaine, ça avait déjà commencé.
20:59 C'est-à-dire que ce discours, il l'a gardé mois après mois,
21:02 et il l'a encore tenu, il y a quelques semaines, il dit "je vois ça au S2,
21:05 et je vois une hausse et espacée, une baisse et une pause".
21:10 Et ça, ça va être une...
21:12 - Oui, je veux bien une cut en juin ou juillet, et après, c'est une pause.
21:15 Et on voit, il a peur, c'est intéressant,
21:17 il a peur, son grand argument, c'est de dire les effets de marché, justement.
21:21 On a déclenché, et Powell, en décembre, a magnifié des effets de marché
21:25 qui ont conduit à une détente spectaculaire des conditions financières.
21:28 Tout ça est un vent porteur pour la croissance et pour l'inflation.
21:31 Et il y a un risque, effectivement, alors il appelle ça "pent-up exuberance",
21:35 l'exubérance refoulée des investisseurs,
21:37 qui sortirait de sa boîte, d'une certaine manière,
21:40 dès que la première baisse de taux serait délivrée.
21:42 Et il a très peur de ça, Raphaël Bostic.
21:44 - Oui, et encore une fois, il a eu un pluralité marché,
21:46 le marché obligataire, en tout cas, il n'était pas le seul à le parler,
21:48 le marché obligataire a corrigé le tir,
21:50 on était à 3,80, on est remonté à des 4,30, donc 50 points de base,
21:53 le dollar aussi, entre quelques petites couleurs,
21:55 et, bon, ce qui me fait m'étrangler, c'est que le marché action, lui,
21:59 est totalement sans nuances par rapport à ça.
22:01 Alors, on comprend bien qu'il y ait des résultats ou autres,
22:03 mais 29 fois les bénéfices sur le SP500, 26 fois les bénéfices réalisés,
22:06 c'est les zones de cherté, c'est les zones un peu de frottement,
22:09 et un analyste, je crois, de Société Générale a dit ça il y a quelques jours,
22:12 qu'on est déjà dans une bulle, la question c'est est-ce qu'on va encore progresser dans cette bulle ?
22:15 - Est-ce qu'on est en 1997 ou en 1999 ?
22:17 Ou est-ce qu'on est début 1999 ou fin 1999 ?
22:19 - C'est très le rôle, selon moi, alors ça fait débat,
22:22 mais selon moi, c'est là que les régulateurs américains,
22:24 la Fed, le Trésor, la SEC ou autres,
22:26 peuvent, sans dire "le marché est hors de prix,
22:28 il ne dérangeront jamais un truc comme ça",
22:29 mais orientent un peu les anticipations quand même,
22:31 pour éviter d'aller trop haut trop vite,
22:33 parce que derrière, on sait comment ça se termine à chaque fois.
22:35 Donc, ce serait peut-être le moment, ce soir, par exemple,
22:38 de faire des projections, un peu réviser, un peu moins de baisse de taux,
22:41 en anticiper peut-être deux baisses de taux, deux, trois, ce genre de choses,
22:43 pour que le marché action commence à intégrer la trente-huit.
22:46 - Je rappelle juste, et je me souviens très bien de l'histoire du FOMC 13,
22:49 le 14 décembre dernier, où Powell nous fait son pivot d'anthologie,
22:52 en disant qu'effectivement, ils ont bien conscience que
22:55 de maintenir les taux aussi élevés pendant trop longtemps,
22:57 c'est un risque, et qu'il y aura effectivement un moment d'accommodation,
23:00 mais qui sera juste une recalibration de la politique monétaire,
23:03 c'est un peu le sens du discours.
23:05 Il avait été interrogé aussi sur les dots, évidemment,
23:08 la projection des niveaux de taux directeurs pendant la conférence de presse,
23:12 et il avait expliqué que la séquence voulait que les prix à la production
23:16 étaient tombés, je crois, le jour même, le matin même,
23:20 que les prix à la production entrent dans la composition du PCE,
23:23 qui devait suivre quelques jours plus tard,
23:25 PCE qui référait au mois de novembre, à l'époque,
23:28 et comme le PPI avait créé une très grosse surprise à la baisse,
23:31 beaucoup de banquiers centraux avaient anticipé que le PCE
23:33 allait être là aussi plus bas que ce qu'ils imaginaient pour le mois de novembre,
23:37 et donc Powell avait dit "oui, certains ont pu modifier leurs dots
23:41 jusqu'à la fin de la journée, jusqu'à la dernière minute d'une certaine manière".
23:45 Et donc on arrivait avec ces trois cuts signalés par le dot plot de la Fed.
23:50 Mais les trois cuts ne sont pas non plus complètement aberrantes
23:52 quand on regarde un peu le cycle américain.
23:54 Si on estime par exemple qu'il y a une croissance qui va rester forte
23:58 au premier semestre et que ça va commencer à faiblir au second semestre,
24:02 globalement, juillet c'est le bon moment, on laisse,
24:04 effectivement on saute à chaque fois un meeting pour en faire une autre après,
24:07 on a nos trois baisses de taux, 75 points de base,
24:10 et en fait moi je pense qu'il y a une symétrie,
24:12 parce qu'on a beaucoup parlé des délais de transmission de la politique monétaire,
24:16 ça a pris beaucoup de temps avant de se diffuser sur l'économie américaine,
24:19 et là finalement on va y avoir également le même problème.
24:22 Donc les trois baisses de taux ne vont pas avoir un impact immédiat,
24:24 ça va ralentir, et l'économie américaine va ralentir d'elle-même.
24:27 Donc le timing est quasiment parfait pour le second semestre,
24:29 il n'y a pas besoin d'en faire plus, finalement aux Etats-Unis, tout est sous contrôle.
24:33 Donc le but de Powell ce soir, pour conclure la discussion avec vous,
24:36 c'est d'essayer de préserver cet équilibre que le marché semble avoir trouvé.
24:40 Le marché se stabilise autour de 4,30,
24:42 alors qu'on sent que ces niveaux d'équilibre, on a 2,40 en Europe,
24:45 on a 4,30 aux Etats-Unis.
24:46 Donc sur les taux longs, 10 ans.
24:47 Exactement, sur les taux d'intérêt à long terme.
24:49 Ça ne bouge pas, on revient sur ces niveaux-là.
24:51 Il faut dire que Powell a bien fait le job ces trois derniers mois,
24:53 entre l'erreur de décembre et la situation d'aujourd'hui,
24:56 que de travail pour ramener les marchés, finalement,
24:58 à des attentes un peu plus réalistes sur ce second semestre.
25:00 Et en effet, je pense que là, ces trois baisses de taux sur le second semestre,
25:03 c'est un peu plus réaliste et plus en ligne avec la ligne de l'économie américaine à l'heure actuelle.
25:08 C'est juste qu'il l'a dit trop tôt ?
25:10 Il me semble, je pense qu'on est tous tombés dans le chat.
25:12 D'autant plus qu'on a une situation de conditions financières
25:18 qui est tout à fait favorable pour l'instant,
25:21 qui est même surprenante à nombre d'égards,
25:23 qui traduit évidemment l'appétit pour le risque d'un certain nombre d'acteurs,
25:26 pour les marchés de crédit, pour les marchés equity,
25:28 et que ce n'était vraiment pas nécessaire à ce moment-là.
25:30 Donc, quelque part, cette annonce,
25:32 alors si les baisses de taux sont peut-être légitimes pour le second semestre,
25:34 elle aurait pu venir aujourd'hui, par exemple.
25:36 Je pense qu'avoir la discussion de décembre aujourd'hui
25:39 aurait eu plus de sens.
25:41 C'est de le sentir à l'école.
25:43 Il faut quand même se souvenir aussi,
25:45 quelques semaines avant, le disant américain commençait à passer au-delà des 5 %,
25:49 enfin, je veux dire, ça pouvait aussi créer.
25:51 On était quelques mois après SVB.
25:53 Enfin, il y avait aussi peut-être des raisons d'essayer de calmer un peu,
25:56 peut-être, l'envolée des primes de termes.
25:59 - On cabrerait vraiment les anticipations, c'était important.
26:01 On ne pouvait pas laisser non plus dérailler le marché,
26:03 avec des taux, finalement, qui montent trop,
26:05 et qui pourraient porter préjudice à des banques régionales, peut-être.
26:07 On le voit, il y a eu quelques petites faillites cet été,
26:09 qui sont passées, on va dire, comme une lettre à la poste,
26:11 de toutes petites banques.
26:13 Mais là, on sent bien que le dossier n'était pas clos,
26:15 et il fallait quand même un peu calmer les choses.
26:17 Sans doute, peut-être, le propos de Powell.
26:19 - Vous imaginez la communication des banques centrales,
26:21 de la Fed et de la BCE,
26:23 une fois la première baisse de taux délivrée ?
26:25 C'était le sujet du discours de Christine Lagarde, aujourd'hui,
26:29 qui le dit, alors là, de manière très explicite,
26:32 la BCE ne s'engagera pas, une fois la première baisse de taux délivrée,
26:35 sur un chemin ou un rythme,
26:37 on ne donnera pas de guidance sur le rythme de baisse de taux.
26:41 Est-ce que ça peut être différent du côté de la Fed ?
26:43 Est-ce qu'on va avoir une nouvelle forward guidance ?
26:45 Est-ce qu'ils vont communiquer, quand même,
26:47 sur un objectif de recalibration de la politique monétaire ?
26:51 - Pour moi, la crise énergétique a marqué, finalement,
26:53 la fin de la forward guidance.
26:55 Elle est quelque part morte et enterrée à nombre d'égards.
26:57 Je pense qu'il faudra du temps pour reconstruire, quelque part,
27:00 une crédibilité dans ce scénario-là.
27:02 Je pense que c'est le moment de la data dependence,
27:04 et qu'on a vu, a vu, dans pas mal de domaines,
27:07 face à ce phénomène inflationniste qu'on a redécouvert,
27:09 qui nous accompagne encore un petit peu maintenant,
27:11 dont on sait qu'il nous accompagne vraisemblablement plus longtemps.
27:14 Moi, je m'attends à deux discussions dans les mois à venir.
27:17 D'abord, une discussion sur le bilan,
27:19 dont il sera peut-être question cet après-midi.
27:21 - Ah oui, ce soir, normalement. Oui, oui.
27:22 Ils doivent nous en parler, ce soir. Oui, oui.
27:24 - Je pense qu'on a tous un petit peu cette idée
27:26 que la taille de bilan des banques centrales en 2024 et au-delà,
27:29 c'est nécessairement plus élevé que ce qui prévalait en 2006-2007.
27:33 Et pourtant, évidemment, enfin, et voilà.
27:36 Après, grande crise financière, ça, c'est un premier aspect
27:39 qui, je pense, est important.
27:40 Et puis, voilà quel est le niveau neutre de taux d'intérêt
27:43 que la Banque centrale envisage aujourd'hui.
27:45 Il y a un débat académique assez important autour de celui-ci.
27:48 Et quelque part, ça laisse supposé aussi
27:50 quelle est la trajectoire qu'on estime pertinente
27:52 pour l'inflation dans ces deux économies.
27:54 Donc, pour moi, data dépendance et deux débats un peu plus philosophiques
27:58 sur quelle est la taille du bilan de la Banque centrale
28:00 qui est normale dans le contexte actuel.
28:02 D'autant plus que, comme disait Mabrouk,
28:04 finalement, on a aujourd'hui une dépense publique
28:06 qui est un des moteurs de croissance,
28:08 que certains activent à l'envie.
28:10 Donc, finalement, il serait faux de penser que ça peut fonctionner
28:14 sans soutien monétaire de la Banque centrale.
28:17 Les choses vont de pair.
28:19 Aujourd'hui, c'est absolument nécessaire.
28:21 Il faudra que, face aux défis auxquels l'humanité est confrontée,
28:24 que ce soit le vieillissement, que ce soit la transition énergétique,
28:27 que ce soit, finalement, notre déficit structurel,
28:30 qu'il y ait une répression financière continue
28:33 et que les banques centrales restent de manière continuelle
28:36 à la manœuvre par leur bilan, j'en suis conscient.
28:38 On parle beaucoup de transition énergétique en Europe.
28:41 La BCE avait ouvert la porte à cette idée
28:44 d'utiliser son bilan pour soutenir les acteurs de ce mouvement.
28:48 Je pense qu'on aura des QI verts en Europe, certainement.
28:52 Aux États-Unis, ça fera davantage débat, éventuellement.
28:55 Mais en Europe, ça me semble une évidence.
28:57 Il faut utiliser le bilan de la BCE
29:00 pour, finalement, encourager les entreprises
29:02 qui sont plus vertueuses en cette matière,
29:05 pour aider l'État dans les investissements qu'il doit faire en la matière.
29:08 Parce qu'on sent bien que les seuls deniers publics ne suffiront pas.
29:11 On a des discussions budgétaires qui sont ardues,
29:13 et nécessairement ardues en France,
29:15 puisqu'aujourd'hui, pour les budgets de la pas mal d'États membres,
29:18 le premier budget, c'est le remboursement de la charge d'intérêt sur la dette,
29:21 ce qui est quand même un peu frustrant.
29:24 Oui, frustrant et inquiétant.
29:26 Inquiétant, voilà.
29:28 Dommage, en tout cas, pour l'utilisation des deniers publics.
29:30 Ce n'est pas.
29:31 Alors, si on doit ranger les pays en deux camps,
29:33 ceux qui utilisent bien la dépense publique,
29:35 je trouve que consacrer l'essentiel de son budget à rembourser des intérêts,
29:39 ce n'est pas la bonne dépense publique.
29:41 Sur l'aspect dépenses d'investissement face au challenge de l'humanité,
29:45 comme vous dites, Vincent,
29:47 la position d'Isabelle Schnabel, qu'elle rappelle aujourd'hui,
29:49 c'est de dire, oui,
29:51 déluge d'investissement pour financer les transitions énergétiques, etc.
29:54 Pour elle, ça veut dire Airstar plus élevé.
29:56 Ça veut dire taux neutre, taux d'équilibre plus élevé dans ce monde-là.
30:00 Évidemment, ça suppose plus d'inflation.
30:03 Donc, en effet, dans les deux cas,
30:05 je pense que ce débat, en tout cas,
30:06 est relié sur un Airstar plus élevé.
30:07 J'aurais juste peut-être rajouté un dernier point.
30:09 Moi, je crois beaucoup sur l'aspect pour...
30:12 Forward guidance est fini.
30:13 Par contre, fiscal guidance, pour moi,
30:15 ça, c'est vraiment quelque chose qui est partiellement important.
30:18 Et qu'est-ce que vous attendez comme guidance du point de vue de la politique budgétaire ?
30:21 Le sens de la guidance que vous attendez ?
30:23 Donner le cap pour les investissements.
30:25 Et quelque part, ce qu'a fait Jean-Claude Juncker à l'époque,
30:27 vous savez, je vous l'ai évoqué tant de fois sur ce plateau,
30:30 tout le monde s'en tousait pour le fonds Next Generation EU.
30:32 Est-ce que le plan Juncker a été délivré ou pas, au final ?
30:36 Mais oui, à tel point que...
30:37 Il ne reste plus d'argent ? Tout a été dépensé ?
30:39 C'est finalement la base de ce qu'aujourd'hui,
30:41 du Next Generation EU Fund,
30:42 on a eu 500 milliards au total avec 500 milliards...
30:44 On n'a pas réussi à dépenser, Jean-Claude ?
30:46 Non, non.
30:47 Alors, là, je vous mets au défi de regarder.
30:48 C'est vrai ?
30:49 Plan Juncker, 500 milliards...
30:50 Il n'y a que vous qui m'en parlez, donc...
30:51 Ah oui, le plan Juncker, mais pas le plan, par exemple, le Next Generation EU.
30:53 Ah non, mais Juncker a été dépensé.
30:56 Le Next Generation EU s'est greffé sur le plan Juncker.
30:59 Parce qu'il y a encore quelque temps, vous me disiez que...
31:00 Le plan Juncker, 500 milliards de capitaux levés et dépensés.
31:04 Et dépensés, d'accord.
31:05 Avec le chiffre disponible sur le...
31:06 Ça se plante d'être de combien de temps ?
31:08 Ah oui, ben 10 ans !
31:09 Ben voilà, mais donc, en 10 ans, 500 milliards, c'est quand même ridicule.
31:13 Quand on regarde finalement ce que les autres États,
31:16 en prenant les États-Unis,
31:17 parce que finalement, c'est là à qui on doit se comparer,
31:19 c'est quand même, on va dire, relativement faible.
31:21 Next Generation EU n'a pas été utilisé...
31:23 Ah mais après, il y a tous les efforts nationaux aussi, en plus...
31:25 Mais 500 milliards, c'est toujours...
31:26 Non, mais on ne va pas faire calcul ici, en fait.
31:28 Non, Next Generation EU, c'est 750.
31:30 Pas dépensé.
31:31 Oui, non, mais d'accord, mais bon, l'enveloppe...
31:32 Ici, dépensé dans le cadre de partenaires à public-privé,
31:35 avec très peu d'argent public,
31:36 qui est le défi actuel, c'est réellement donner un cap,
31:39 voilà les secteurs dans lesquels on va investir,
31:40 on vous, quelque part, on vous garantit une certaine rentabilité dans ce secteur, allez-y.
31:44 On dit la même chose, moi, je suis keynésien dans l'âme,
31:46 donc je prône pour la dépense budgétaire,
31:48 qu'elle soit verte ou haute, peu importe.
31:50 Non, pas "peu importe", justement, c'est bien le sujet, Mabrouk.
31:54 On est en train de se demander quelles sont les dépenses
31:56 qu'il va falloir réaliser par rapport à celles qu'il va falloir couper.
31:59 Et donc, si on revient sur cette histoire de R*,
32:01 le R*, effectivement, sera plus élevé,
32:03 parce que notre potentiel de croissance sera, en principe, plus élevé.
32:06 Donc là, effectivement, c'est cohérent,
32:07 et ce que dit Madame Schnabel est absolument, effectivement, vrai.
32:09 Il n'y a pas le choix.
32:10 Donc, on va émettre plus d'obligations, la croissance est plus élevée,
32:14 et le potentiel sera plus élevé,
32:16 donc, mécaniquement, un taux d'intérêt plus élevé.
32:18 Mais là, globalement, j'ai presque envie de dire,
32:20 il faut réfléchir sur le sens de la causalité,
32:22 c'est en ayant une croissance plus forte
32:24 qu'on sera plus à même, effectivement, de rembourser,
32:26 de faire face à la charge de la dette.
32:28 Le problème, c'est là où il y a un lien, effectivement, causal,
32:31 et là, on rentre dans de l'économie politique, en quelque sorte.
32:34 Moi, je pense qu'effectivement, il vaut mieux avoir
32:36 une croissance potentielle plus élevée,
32:37 quitte à payer des charges d'intérêt beaucoup plus élevées,
32:39 mais être capable, effectivement, de produire plus,
32:42 et de manière plus vertueuse.
32:44 - C'est le choix que font les Etats-Unis.
32:46 - Alors, oui, il manque un peu la partie verte.
32:48 - Vous avez dit, ils dépensent dans ce qu'ils veulent.
32:50 - D'accord, mais bon, globalement,
32:52 rénover une infrastructure, on peut le faire de manière plus vertueuse, également.
32:54 Mais globalement, aujourd'hui,
32:56 ce sens de causalité n'est, à mon sens, pas le bon,
32:58 puisqu'on est en train de prendre le problème par le mauvais côté.
33:00 On ne regarde que la dette, et qu'est-ce qu'on fait pour la réduire ?
33:02 Non, ce n'est pas comme ça qu'on fait.
33:04 Qu'est-ce qu'on peut faire pour, effectivement,
33:06 produire plus de richesses, pour réduire notre endettement ?
33:10 - On parle des marchés, peut-être, Alexandre.
33:12 Est-ce que la diversification
33:14 commence à payer, là, au-delà des
33:16 Magnificent 7, au-delà de Nvidia ?
33:18 Je vois, quand même,
33:20 le marché américain ne fait plus rien depuis deux semaines.
33:22 Voilà.
33:24 - Oui, mais il reste collé au plein.
33:26 - Il reste au sommet, mais il n'y a plus d'eau.
33:28 Ça ne monte plus depuis deux semaines.
33:30 Est-ce que d'autres marchés,
33:32 ou d'autres segments de marché, justement,
33:34 prennent la relève, un peu comme vous le disiez ?
33:36 Est-ce que la diversification paye, aujourd'hui ?
33:38 - Je pense que la thématique "small"
33:40 est, quand même, je pense, bien repartie.
33:42 - Ah bon ?
33:44 - En tout cas, on s'est extrait des zones basses.
33:46 Je veux dire, repartie en relatif par rapport à ce qu'on a vu sur trois dernières années,
33:48 où on était en souperve totale par rapport au large-scale depuis 2021.
33:50 - D'accord.
33:52 L'écart arrête de s'élargir.
33:54 - Voilà. On a fini les dégâts.
33:56 Et c'est reparti, mais avec toujours
33:58 l'œil noir qui surveille ça,
34:00 que sont les banques régionales américaines.
34:02 Pour moi, s'il y a un risque qui pèse sur les "small" US,
34:04 il viendra de là.
34:06 - Ce que j'ai remarqué de la dernière intervention de Powell devant le Congrès,
34:08 c'est que, je trouve que, pour une fois,
34:10 les questions autour de l'inflation
34:12 ou autre, il y en a eu quelques-unes un peu pour la forme, on a l'impression.
34:14 Les sénateurs posaient beaucoup de questions,
34:16 à la fois sur les questions de prudentiel banque ou autre,
34:18 mais beaucoup sur les banques régionales.
34:20 Comme si c'était un sujet qui les préoccupait, eux,
34:22 d'un point de vue politique,
34:24 que se passe-t-il s'ils demandent un SBBB,
34:26 ce qu'il y en a dans notre État, par exemple.
34:28 Et ça, c'est assez intéressant.
34:30 Powell était assez précis dessus.
34:32 Il dit que des équipes de la Fed sont mobilisées continuellement
34:34 en contact permanent avec les banques les plus sensibles
34:36 pour estimer les stocks de dettes à risque, etc.
34:38 Donc, voilà, pour moi,
34:40 le risque de ralentissement aussi économique
34:42 à un moment donné ou autre, il peut passer par là
34:44 et c'est peut-être ça qui fait que les smalls
34:46 à un moment donné, ils ne rentrent peut-être pas aussi vite que ce qu'on a vu
34:48 sur les derniers mois. Pour autant, je pense
34:50 que, et ça c'est aussi un thème pour l'Europe,
34:52 on a, et si on revient un peu sur l'Europe, on parlait tout à l'heure
34:54 de la diversification de ce rallye,
34:56 qui est plutôt sain et plutôt tenable pour le moyen-terme.
34:58 Il y a aussi la question de la chèreté européenne
35:00 par rapport au marché américain,
35:02 qui justement n'est plus très chère depuis un petit bout de temps
35:04 et ça je pense avec un euro toujours
35:06 assez moyen, finalement il n'est pas cher
35:08 par rapport au dollar, avec
35:10 des bottoms sur la dynamique
35:12 où les PMI commencent à se redresser un petit peu ou autre,
35:14 un euro qui n'est pas très cher,
35:16 des valeurs européennes qui, même si le CAC
35:18 est cher par rapport aux autres indices européens,
35:20 en global le stock 600, les ratios cours-bénéfices
35:22 par rapport au PE du S&P 500,
35:24 on est à 0,6, et on est au-delà
35:26 des 0,5 et quelques, donc c'était des plus bas historiques.
35:28 Donc, à un moment donné, la diversification
35:30 va se faire aussi, va s'opérer par les investisseurs étrangers
35:32 sur la partie européenne, donc je pense que ça
35:34 ça va être un moteur assez puissant pendant pas mal de temps.
35:36 Si en plus, la BCE
35:38 s'étouffe un peu avant la Fed, ça peut
35:40 tirer un petit peu l'euro à la baisse encore, donc rendre
35:42 aussi ces valeurs européennes un peu plus attractives par ce biais-là.
35:44 Plus la Chine, effectivement je suis d'accord,
35:46 il n'y a pas de redémarrage vertical à avoir,
35:49 mais si on attend, on prête des noirs sur la Chine
35:52 de trois ans, que la tech chinoise
35:54 se fasse -80%, ça va éclater une bulle internet,
35:56 on va toujours,
35:58 après tout, on se stabilise, les signaux faibles,
36:00 donc on va y aller et on va aussi acheter l'Europe un peu,
36:02 je dirais presque comme proxy, pas comme le Japon
36:04 ne t'a fait, mais comme proxy un peu par rapport
36:06 à la dynamique chinoise, donc je trouve qu'il y a beaucoup
36:08 de bons arguments pour l'Europe, alors qu'aux Etats-Unis,
36:10 pour en venir à ça, je ne dis pas qu'il n'y en a pas,
36:12 mais qu'est-ce qu'il n'y a pas de JT Price ?
36:14 - Et puis tout le monde est déjà investi comme ça
36:16 sur la partie américaine, tout le monde est au max,
36:18 le retail est au max, est-ce qu'on peut en mettre
36:20 beaucoup plus ? - Ça, c'est la question, est-ce qu'on peut
36:22 en mettre beaucoup ? Si on reformait les Etats-Unis,
36:24 ça s'est déjà vu dans l'histoire, dans la fête de reprise,
36:26 mais ce n'était pas les très gros surclaves
36:28 pour s'élire, c'est-à-dire 1% par ci,
36:30 c'est de 3% là-dedans. - Le rallye d'octobre
36:32 22, il commence avec l'Europe, c'est ça !
36:34 Et l'enquête de BOFA,
36:36 qu'ils font tous les mois auprès des grands
36:38 gestionnaires d'actifs, donc le sondage de mars,
36:40 montre qu'on a le plus gros retour
36:42 sur des allocations
36:44 en actions européennes, sur ce mois
36:46 de mars, depuis juin 2020.
36:48 - Et on a fait un coup il y a plusieurs mois,
36:50 sur l'Italie, quand on disait,
36:52 on pense que l'Italie, ça va vraiment repartir,
36:54 il n'y a plus de question d'auto ou autre,
36:56 les spreads étaient bien placés,
36:58 c'est des valeurs qui sont peu chères, toujours à 10 fois les bénéfices,
37:00 l'IBEX c'est pareil, donc c'est des bons,
37:02 même si je suis sur le risque politique ou autre,
37:04 les spreads sont bien maîtrisés pour l'instant,
37:06 les pays du Sud jusqu'à présent, ceux qui ont tenu la baraque
37:08 finalement, dans la croissance ces derniers mois,
37:10 les pics ont disparu depuis quelques années,
37:12 tant mieux, donc je ne vois pas,
37:14 je pense qu'il y a encore du potentiel, simplement,
37:16 la seule chose que j'aimerais voir un peu,
37:18 mais encore une fois, entre le souhait et la réalité,
37:20 on verra ce qui se passe, mais c'est des US
37:22 qui latéralisent un peu, parce que je pense que le risque de bulles
37:24 va s'accroître, et que ce n'est pas le meilleur cadeau
37:26 pour l'élection américaine, il faudrait que ça
37:28 se calme un peu maintenant, pour que la Fed n'ait pas
37:30 besoin d'agir, s'il y a un mouvement de marché un peu brutal,
37:32 si on monte comme ça encore une fois pendant 4 mois de plus,
37:34 vous êtes à des 60% de rallye en 7-8 mois,
37:36 c'est des exagérations qui finiront
37:38 par des -15, -20, voire plus,
37:40 et la Fed devrait intervenir à ce moment-là, mieux vaut calmer
37:42 les choses maintenant, par une guidance, alors une guidance,
37:44 par des propos de la Fed adaptés,
37:46 et donc toujours un peu de rotation,
37:48 l'Europe qui tient pas mal, mais si les US
37:50 venaient à corriger ce que je souhaite, 5-10%
37:52 dans les semaines qui arrivent, il me semble que l'Europe
37:54 devra quand même aussi accuser un peu le coup,
37:56 mais moins fortement, et ça qu'on pourrait avoir des pull-back
37:58 du cas, que sur des niveaux à 8000, 7800,
38:00 mais je pense qu'on a une vraie logique de buy the dip,
38:02 tout creux sur l'Europe, 5-10%,
38:04 et une super opportunité,
38:06 plutôt qu'un sell the rip,
38:08 c'est buy the dip jusqu'à des, je pense,
38:10 aux 10 000, on peut y aller, je ne dis pas facilement,
38:12 mais le buy the dip, ça va être un moteur,
38:14 et une croyance forte, macro
38:16 et micro, sur l'Europe.
38:18 Pour donner un petit peu la mesure
38:20 de ce qu'est la dernière phase d'une bulle,
38:22 du 1er janvier
38:24 99 à mars 2000,
38:26 le Nasdaq prend 126%.
38:28 Voilà. Donc oui,
38:30 en un an, ça devient quand même parabolique,
38:32 vertical, tout ce que vous voulez.
38:34 Sur le plan de l'investissement, qu'est-ce qui vous intéresse
38:36 aujourd'hui, est-ce que oui, on a envie
38:38 d'investir dans la diversification,
38:40 et quand je dis diversification, c'est en dehors des US,
38:42 et donc en dehors de la tech
38:44 américaine, qui est le poids et le
38:46 contributeur majeur à la performance
38:48 du marché américain.
38:50 Oui, évidemment, sans pour autant jeter
38:52 l'oprop sur le secteur de la tech américaine,
38:54 dont, en effet, il a tiré
38:56 la performance du S&P 500, il a tiré
38:58 sa valorisation à la hausse,
39:00 mais pour autant, si on fait référence à 2000,
39:02 on est à des niveaux de valorisation qui sont
39:04 sans commune mesure à ce que nous avions alors.
39:06 Je prends le PE de Microsoft à 2 ans,
39:08 on était à 52 à 2000, on est à 27
39:10 aujourd'hui, enfin, voilà, sur le plan...
39:12 Toutes les Macs 7 sont à moins de 30 de PE, je crois.
39:14 Voilà, donc, quelque part, au vu
39:16 en tout cas du potentiel qu'elles offrent,
39:18 je ne dirais pas qu'il faut être sûr de ce secteur-là.
39:20 Par contre, c'est vrai qu'il faut se rendre compte que ce secteur-là
39:22 est pricé pour la perfection, et qu'on n'est
39:24 pas à l'abri de prise de bénéfices, et que dès lors,
39:26 il faut le chercher ailleurs. Alors, on avait fait le choix, nous,
39:28 des États-Unis, dans l'ensemble, depuis le début de l'année,
39:30 large cap, mais un disque large, du Japon
39:32 depuis le début de l'année, on n'en a pas encore parlé, on en va en parler dans un instant.
39:34 Et comme marché,
39:36 potentiellement, en thème de rattrapage,
39:38 on avait, en tout cas, émis une opinion positive
39:40 sur la Chine, en tout cas qu'il fallait au minimum
39:42 revenir à neutre. J'avais pu en discuter
39:44 sur ce plateau-même, au début du mois de février.
39:46 C'est à près 10% depuis. C'était un bon mouvement.
39:48 Alors, il n'y a pas de catalyste pour aller au-delà,
39:50 mais je pense qu'en effet, on est tous d'accord
39:52 sur le fait que la Chine était quand même
39:54 excessivement bon marché en début d'année,
39:56 et que même en l'absence de catalyste, là, c'était quand même
39:58 le moment de revenir à neutre. Donc ça, très très bien.
40:00 Alors, je note, small cap, Europe, ce sont des
40:02 tentations qu'on peut avoir.
40:04 Des tentations sont aussi, quelque part, de prendre un peu
40:06 de bénéfice sur les actions, et de les réallouer
40:08 en marché de crédit. On a des marchés
40:10 de crédit, certainement en Europe,
40:12 qui sont, pour moi, particulièrement attractifs.
40:14 Et quelque part, la tentation est un petit peu
40:16 là aussi, c'est de revenir peut-être sur... - On ne trouve pas le même
40:18 niveau de cherté sur le marché de crédit
40:20 qu'est-ce qu'on peut décrire parfois sur certains segments
40:22 du marché d'action ? - Sur les crédits, si, mais vous allez avoir quand même...
40:24 - C'est très serré, quand même, sur le crédit. - Sur le dynamique
40:26 aujourd'hui, vous savez, on a des questions
40:28 sur le potentiel de performance des marchés d'action
40:30 à juste titre, compte tenu des performances réalisées
40:32 actuellement. Sur le marché de crédit, vous avez
40:34 celui à Yves d'Europe 1, avec des durations de 4-5 ans,
40:36 vous avez 6-7, 7,5%
40:38 de rendement aujourd'hui. - Donc en bas, il y a une hausse...
40:40 - Avec une baisse qui baisse au second semestre.
40:42 Donc, cette année, à coup sûr,
40:44 vous achetez aujourd'hui, vous avez de très très bons rendements.
40:46 Alors, sur le CAC, peut-être, je ne parierai
40:48 pas dessus, enfin voilà, c'est
40:50 plus compliqué. Marché d'action,
40:52 j'irais à ma proche,
40:54 aborder les marchés avec ce prisme
40:56 génération de revenus, et là, c'est quelque
40:58 chose qui sera peut-être favorable à l'Europe, pas favorable au Japon.
41:00 Oublions cette idée que les marchés
41:02 ont encore du potentiel cette année, on est, on est
41:04 objectivement avec des valeurs, enfin, on peut dire,
41:06 j'achèterais plutôt sur baisse
41:08 qu'acheter à ces niveaux actuels.
41:10 Vous avez pas mal d'actions aujourd'hui
41:12 en Europe, aux Etats-Unis, avec des dividendes élevés.
41:14 JP Morgan a augmenté son dividende.
41:16 - Oui, oui, de manière un peu surprise, d'ailleurs.
41:18 - Vous avez également des augmentations
41:20 de dividendes significatives. Aujourd'hui, le rendement
41:22 du dividende, il oscille entre 3,5 et
41:24 5,5 selon les marchés.
41:26 C'est aussi une belle thématique pour le reste
41:28 de l'année. Si on n'a pas trop confiance dans le
41:30 potentiel d'appréciation des marchés, vous avez
41:32 à coup sûr entre 3,5 et 5,5 sur les dividendes.
41:34 - Et j'impose en 15 secondes, parce qu'on a déjà
41:36 beaucoup parlé hier, on ne pourra pas avoir le temps
41:38 d'en parler, mais ça peut continuer ?
41:40 On reste positif Japon ?
41:42 - En tout cas, l'autre marché qui bénéficie
41:44 de pas mal de flux pour l'instant, c'est le Japon.
41:46 C'est la même dynamique de flux qui est incontestable.
41:48 Et les fondamentaux, je pense que si dix dernières années,
41:50 tous autour de ce plateau, on était conscient
41:52 que les fondamentaux étaient plutôt encourageants,
41:54 mais là, tout le monde semble le redécouvrir, et je pense
41:56 qu'il faut aller un peu avec les flux pour l'instant.
41:58 - Sur la logique d'investissement, qu'est-ce qui vous intéresse ?
42:00 - Tout a été à peu près dit.
42:02 - Vous êtes d'accord avec tout ?
42:04 - Pas tous les small caps, non, parce que globalement,
42:06 la situation n'est pas encore
42:08 suffisamment bonne du point de vue des conditions
42:10 financières. Globalement, c'est le...
42:12 Aujourd'hui, il y avait deux facteurs
42:14 qui poussaient finalement
42:16 les prix des small caps.
42:18 C'était bien sûr la croissance et
42:20 évidemment des taux d'intérêt très faibles.
42:22 La croissance aujourd'hui, finalement, on voit bien que
42:24 ça se stabilise, soit sur des niveaux
42:26 qui ne sont pas très bons en Europe, mais bon, ça se stabilise quand même
42:28 et puis ça a tendance à ralentir aux US.
42:30 Avec des conditions monétaires, on l'a
42:32 déjà dit, effectivement, qu'ils ne vont pas se détendre,
42:34 on va dire, avant juin ou le second semestre
42:36 de cette année.
42:38 Donc, il faut encore attendre. Il faut encore se montrer patient
42:40 sur la partie petite capitalisation.
42:42 Alors, je suis d'accord
42:44 effectivement sur la partie taux,
42:46 notamment les périphériques,
42:48 le spread, donc l'écart de taux
42:50 entre eux, le rendement des obligations
42:52 italiennes et allemandes se réduit
42:54 encore. Donc, on était... Nous, on vise
42:56 par exemple un écart de taux de 100 points de base.
42:58 - Ah oui ! On a plus de 150 là,
43:00 aujourd'hui, encore. - Non, ça a
43:02 vivote, ça a baissé. - 130 ?
43:04 - 130. - 130, ouais, d'accord. - Et il n'y a pas
43:06 finalement que l'Italie... - C'est pas encore le plancher, quoi.
43:08 - Oui, non. On peut encore
43:10 baisser à notre avis. Donc,
43:12 il y a encore de la marge. Donc, la croissance
43:14 se situe dans les périphériques, globalement,
43:16 aujourd'hui. Et, mis à part
43:18 le risque politique, parce qu'il y a les élections européennes
43:20 qui sont peut-être, à un moment donné,
43:22 qui peuvent être un pivot sur la partie
43:24 obligataire, on va voir.
43:26 Mais on a le sentiment que sur, effectivement,
43:28 les pays périphériques, la situation est
43:30 plutôt saine. Et puis, sur le Japon, bon là,
43:32 effectivement, ça a été dit. Mais pour moi, le mouvement
43:34 de la Banque Centrale est très clair.
43:36 Ça reflète la normalisation de la situation.
43:38 On valide, effectivement, que maintenant,
43:40 il y a une espèce de bouclage salaire-prix
43:42 qui est en train de se mettre en place. Et que donc,
43:44 bon, bah oui, on sort de l'ornière.
43:46 Et c'est encore beaucoup plus facile pour une entreprise japonaise
43:48 de monter ses prix, lorsqu'il y a de l'inflation, plutôt que
43:50 lorsque il n'y en a pas. - C'est un ajustement unique ?
43:52 Ou c'est un ajustement qui peut se prolonger
43:54 à travers d'autres décisions ?
43:56 - On a vu la réaction de l'Yen. Donc, le Yen se déprécie.
43:58 Donc, parce que le marché a entendu,
44:00 on fait ça, et on s'arrête. Pour vous dire
44:02 qu'ils ont quand même "beaucoup donné", entre guillemets.
44:04 Donc, la réaction centrale a été généreuse.
44:06 On abandonne le contrôle de la courbe.
44:08 Ça, on ne s'y attendait pas non plus. Enfin, moi, personnellement,
44:10 mis à part le "movemento",
44:12 l'abandon du YCC,
44:14 le "deal of control",
44:16 ce n'était pas non plus attendu. - Mais on continuera
44:18 à racheter les obligations. - Ah bah...
44:20 - Mais on n'achète plus d'actions. - Masse, oui !
44:22 On achètera tout ce qui passe s'il faut.
44:24 - Non, donc, le Japon, oui, on reste,
44:26 effectivement, le Japon, c'est le retour.
44:28 - C'est une histoire...
44:30 très structurelle. - Très structurelle.
44:32 - Il y a une histoire structurelle, et le Japon
44:34 joue sur les devoirs de la Chine par ailleurs.
44:36 - Oui ! On m'a expliqué qu'il y avait pas mal
44:38 d'argent qui sortait par Hong Kong pour s'investir
44:40 au Japon, parce qu'ils n'ont pas 36 000 possibilités
44:42 pour investir les Chinois en dehors de Chine,
44:44 évidemment. - Oui, les flux internationaux
44:46 d'investisseurs qui veulent
44:48 être investis, effectivement, en Chine, ils ne vont plus.
44:50 Ils vont au Japon.
44:52 - Alexandre, je vous pose, dans tout ce qu'on a dit,
44:54 je voulais qu'on dise un mot du complexe matière première,
44:56 si peut-être ça se réveille, ça repart,
44:58 il y a la fin d'une tendance baissière,
45:00 au moins, sur... - En tout cas, une stabilisation.
45:02 Je pense qu'on est revenu, finalement, à des niveaux largement d'avant
45:04 Ukraine, et même un peu des niveaux encore d'avant,
45:06 même le gaz européen, par exemple, c'est
45:08 22, 23, 25, 30 €/MWh,
45:10 ce sont des niveaux qu'on avait en 2017, 2018,
45:12 donc bien avant tout le Covid et la partie
45:14 Ukraine. Il y a eu deux constats, quand même, récemment,
45:16 on a eu depuis 10 jours un rallye de près de 5%
45:18 en moyenne sur les matières premières, si on prend un indice
45:20 synthétique, agriculture,
45:22 métaux et énergie, 5%.
45:24 Ça a quand même contribué aussi au fait que
45:26 les taux restent un peu élevés,
45:28 mais cela a des aspects PPI, CPI ou autre,
45:30 les matières premières ont un peu contribué,
45:32 et parce qu'on se dit
45:34 aussi, peut-être, sur l'inflation, que l'aspect
45:36 effet de base qui va jouer vraiment
45:38 négativement, une contribution négative à l'inflation,
45:40 désormais, quand on vendait le pétrole 12 mois auparavant,
45:42 il était plutôt à 70, maintenant on est à 80.
45:44 - On a mangé les effets de base favorables, ça peut...
45:46 - Ça peut avoir que le service est en train d'atterrir tranquillement,
45:48 pour compenser un peu le risque
45:50 de recontribution positive à nouveau,
45:52 des biens peut-être pas, mais des énergies dans le premier temps.
45:54 Ça, mais c'est quand même un très bon signe, je pense,
45:56 et je pense que c'est ça que le marché a acheté, sur le cuivre ou autre,
45:58 ce qu'on a dit, c'est la Chine, c'est des signes au fait,
46:00 mais que le marché... - L'amélioration de la...
46:02 - La musique, souvent, et la tradition, c'est des choses non-termes,
46:04 donc il semble que c'est des bons points
46:06 d'entrée pour des gens, pas forcément pour des rallies de 15%,
46:08 mais peut-être un aspect un peu bottoman
46:10 qui peut être un peu large quand même, mais c'est des niveaux
46:12 pas inintéressants, je pense, pour se remettre sur les
46:14 métaux industriels, et même les métaux
46:16 semi-précieux, type argent par exemple,
46:18 la zone des 20-22, elle tient bien sur l'argent,
46:20 ça a des gros gros bonnes... - Il y a un ratio or/argent
46:22 qui est très très tendu aujourd'hui, par exemple,
46:24 un ratio qui est beaucoup rien... - Je pense que là, c'est un bon call,
46:26 30 un peu au-delà, sur les 6-12 mois, c'est un bon call.
46:28 - Merci beaucoup messieurs, merci d'avoir
46:30 été les invités de Planète Marché ce soir,
46:32 Alexandre Baradez, IG, Vincent Juvins,
46:34 JP Morgan, Asset Management,
46:36 Emma Brogshetouane, Natix, ICM.
46:48 Le dernier quart d'heure de Smart Bourse, chaque soir,
46:50 c'est le quart d'heure thématique,
46:52 le thème ce soir, c'est celui des
46:54 inégalités patrimoniales, nous sommes en plein
46:56 dans la semaine consacrée à l'éducation
46:58 financière, et nous allons évoquer
47:00 ce sujet des inégalités patrimoniales
47:02 entre hommes et femmes, avec Anne-Laure Frischlander-Jacobson,
47:04 qui est à mes côtés en plateau,
47:06 aujourd'hui consultante indépendante.
47:08 Bonsoir Anne-Laure. - Bonsoir Grégoire.
47:10 - Ravie de vous retrouver pour parler
47:12 de ce sujet d'éducation financière avec vous,
47:14 on s'est parlé longuement autour de cette table
47:16 ou sur d'autres plateaux,
47:18 on parlait des marchés,
47:20 généralement avec vous, vous avez une longue expérience,
47:22 25 ans d'expérience professionnelle dans
47:24 l'industrie de l'Asset Management, vous avez été
47:26 dirigeante Europe, puisqu'il n'y a encore pas très longtemps,
47:28 d'un gros Asset Manager américain,
47:30 et le sujet de l'éducation financière
47:32 vous intéresse, à travers ces questions
47:34 d'inégalités entre hommes et femmes,
47:36 le sujet des inégalités hommes-femmes
47:38 est très vaste,
47:40 si on parle des salaires, des revenus,
47:42 etc., il y a le parcours de vie professionnel,
47:44 il y a plein d'histoires,
47:46 l'histoire là qui nous intéresse, c'est de savoir
47:48 pourquoi est-ce que l'épargne
47:50 qui est détenue par les hommes
47:52 est mieux gérée ou plus performante
47:54 que l'épargne qui est détenue par les femmes,
47:56 parce qu'il y a un vrai écart aussi de ce point de vue là,
47:58 c'est ça alors le constat.
48:00 - Oui, vous avez bien introduit
48:02 le sujet, et puis
48:04 c'est effectivement la semaine
48:06 de l'éducation financière, et c'est un enjeu
48:08 sociétal qui est très important, puisqu'aujourd'hui
48:10 les inégalités
48:12 entre hommes et femmes n'ont pas
48:14 cessé de se creuser ces 20 dernières années,
48:16 contrairement à ce que l'on
48:18 peut penser, malgré les bonnes initiatives,
48:20 et aujourd'hui
48:22 le patrimoine médian
48:24 des femmes est autour
48:26 de 100 000 euros, quand il est
48:28 à 266 000 euros
48:30 pour celui des hommes.
48:32 - Ça c'est un chiffre français ça ?
48:34 - Ça c'est en France. - C'est français, d'accord.
48:36 Donc il y a déjà effectivement
48:38 un écart de montant de patrimoine
48:40 entre hommes et femmes.
48:42 - Et c'est un enjeu qui est
48:44 majeur, puisqu'on le sait,
48:46 les femmes vivent plus longtemps,
48:48 et il y a cette
48:50 risque de
48:52 précarité, si vous voulez, si on
48:54 ne gère pas, et si
48:56 on ne prépare pas bien sa retraite.
48:58 Alors, pour
49:00 comprendre un petit peu
49:02 les raisons, vous l'avez
49:04 cité aussi, outre
49:06 les raisons qui sont dues
49:08 à l'emploi même
49:10 des femmes,
49:12 souvent sur des emplois précaires,
49:14 où la gestion d'actifs finalement a peu
49:16 de rôle
49:18 à jouer là-dessus,
49:20 il y a toute une partie
49:22 de ces inégalités qui est directement
49:24 due au fait
49:26 que les femmes n'investissent pas
49:28 ou peu leur épargner.
49:30 Alors, qu'est-ce que ça veut dire
49:32 en fait entre investir
49:34 et épargner ? Puisque finalement
49:36 si on regarde sur un plan
49:38 du marché français, le taux d'épargne
49:40 il est bon en France.
49:42 Il est très élevé même.
49:44 Tout les économistes le rappellent.
49:46 Il a une énorme taux
49:48 disponible, mais il est peu investi.
49:50 Très peu investi, et par rapport
49:52 à nos voisins européens, on est
49:54 par exemple sur deux fois et demi moins
49:56 que les voisins européens
49:58 en termes d'investissement en bourse. On est quand même sur
50:00 Smart Bourse. Oui, oui, mais il n'y a pas que la bourse.
50:02 Non, non, mais on peut investir dans plein
50:04 de classes d'actifs différentes.
50:06 C'est un placement financier. C'est épargne qui n'est pas placée.
50:08 Ou sur des comptes courants, ou sur du livret
50:10 lambda. Ou sur du livret
50:12 sur des comptes à terme.
50:14 Il y a eu plusieurs études
50:16 qui ont été faites. L'AMF notamment avait
50:18 sorti une étude où seulement
50:20 30% des femmes
50:22 investissaient leur argent
50:24 contre 46% pour les hommes.
50:26 Et l'AFG a même cité également
50:28 le fait que seulement
50:30 16% des femmes investissaient en
50:32 bourse. Donc, aujourd'hui
50:34 un taux
50:36 d'investissement qui est très faible
50:38 et qui crée finalement
50:40 cette inégalité
50:42 qui est due tout simplement au fait
50:44 que le manque
50:46 à gagner par la non création
50:48 de richesses. D'accord ?
50:50 Oui, bien sûr, mais c'est très très clair.
50:52 Très très clair. Il y a une déperdition
50:54 de création de richesses parce que l'épargne
50:56 n'est pas suffisamment investie
50:58 autrement que
51:00 sur des comptes courants ou sur des livrets
51:02 sans risque.
51:04 Alors maintenant, on peut essayer de comprendre
51:06 pourquoi finalement
51:08 ces femmes n'investissent pas ?
51:10 Qu'est-ce qui les retient ?
51:12 Là encore, on a
51:14 beaucoup regardé les
51:16 causes avec plusieurs études
51:18 qui ont été faites et beaucoup de sondages qui ont été faits
51:20 auprès de ces femmes.
51:22 Finalement, elles ne s'intéressent pas
51:24 ou très peu aujourd'hui à la planification
51:26 financière. Alors là encore,
51:28 il y a toute une raison
51:30 qui est d'analyse
51:32 sociologique
51:34 du fait que finalement
51:36 elle a une charge mentale propre à la femme
51:38 avec les charges
51:40 familiales qui font que finalement
51:42 elle ne se préoccupe pas
51:44 de gérer
51:46 cette planification financière.
51:48 On peut dire que la gestion du quotidien
51:50 l'emporte sur
51:52 la projection et la capacité
51:54 à se projeter
51:56 sur des objectifs patrimoniaux futurs.
51:58 Il y a un vrai enjeu de société là-dessus
52:00 qu'on peut développer
52:02 mais ce n'est pas tellement
52:04 encore le sujet aujourd'hui.
52:06 Mais la raison
52:08 principale aujourd'hui qui nous
52:10 intéresse, c'est le fait
52:12 qu'il y a un vrai fossé
52:14 de confiance
52:16 sur les investissements.
52:18 Alors,
52:20 et notamment
52:22 par méconnaissance financière.
52:24 Donc les femmes
52:26 se sont finalement désengagées
52:28 ou ne se sont pas du tout engagées sur l'aspect
52:30 financier parce qu'elles ont ce manque de confiance.
52:32 Je ne comprends pas
52:34 donc j'y vais pas.
52:36 Je ne comprends pas donc j'y vais pas.
52:38 Et j'ai aussi des mythes là-dessus
52:40 qui se sont créés,
52:42 qui ont créé des freins d'investissement.
52:44 On va en citer quand même quelques-uns parce qu'ils sont vraiment
52:46 intéressants. Là tout d'abord la perception
52:48 qu'il faut avoir
52:50 un certain niveau de revenu
52:52 ou de
52:54 richesse disponible pour
52:56 commencer à investir. Donc ça c'est un.
52:58 Alors que les hommes finalement vont commencer
53:00 à investir plus tôt avec un petit peu
53:02 d'argent, boursicoter.
53:04 La deuxième c'est
53:06 la perception du risque
53:08 qui est très intéressante
53:10 puisqu'il y a une perception
53:12 qu'investir est risqué, ce qui est vrai.
53:14 Ah oui.
53:16 Tout rendement supérieur au rendement
53:18 sans risque, oui, implique un risque
53:20 pour l'investisseur.
53:22 Mais il est amplifié
53:24 par une méconnaissance financière.
53:26 Et c'est là où je pense qu'il faut vraiment pointer,
53:28 décortiquer un petit peu.
53:30 Il est amplifié
53:32 par méconnaissance des mécanismes
53:34 eux-mêmes qui sont,
53:36 il y en a deux principalement,
53:38 d'une part celui des intérêts composés,
53:40 savoir que finalement quand on investit
53:42 on va générer des intérêts, ces intérêts
53:44 vont être réinvestis, qui vont eux-mêmes
53:46 générer des intérêts et qu'il va y avoir
53:48 un effet boule de neige.
53:50 Et à l'inverse, s'il y a une baisse
53:52 de marché,
53:54 les intérêts composés permettent
53:56 de lisser, d'amortir le choc.
53:58 D'où l'intérêt
54:00 de s'intéresser aux actions individuales, notamment.
54:02 Et l'autre,
54:04 donc les intérêts composés et l'inflation
54:06 d'une part. L'inflation,
54:08 les femmes,
54:10 je ne vais pas généraliser non plus
54:12 parce que ce n'est pas que des femmes d'ailleurs,
54:14 mais
54:16 c'est ce manque
54:18 d'investissement, alors qu'une
54:20 inflation augmente,
54:22 crée une baisse de pouvoir d'achat.
54:24 Si aujourd'hui
54:26 l'inflation est à 3 et que j'investis
54:28 sur quelque chose qui est garanti à 2,
54:30 je ne gagne pas 2, je perds 1.
54:32 Donc c'est deux
54:34 concepts simples qu'il faut
54:36 remettre en place.
54:38 Est-ce que sur la question spécifique
54:40 effectivement de cet écart
54:42 patrimonial entre hommes et femmes,
54:44 au-delà des caractéristiques
54:46 sociologiques ou autres,
54:48 est-ce que l'industrie de la gestion
54:50 d'actifs a aussi
54:52 des questions à se poser
54:54 par rapport à ça, Anne-Laure ?
54:56 Vous en sortez tout juste, donc
54:58 j'ai très envie d'avoir votre avis
55:00 là-dessus. - J'en sors pas complètement.
55:02 Mais ce qui est, c'est que l'industrie
55:04 de la gestion d'actifs
55:06 effectivement a un rôle à jouer.
55:08 On voit des initiatives
55:10 et on ne peut que s'en réjouir, mais c'est vrai
55:12 que les femmes
55:14 ne se sentent pas finalement
55:16 visées par cette industrie-là.
55:18 Et pour cause, finalement,
55:20 le segment marketing
55:22 cible par défaut
55:24 de la plupart des sociétés de gestion
55:26 et des gestionnaires de patrimoine,
55:28 c'est un homme, c'est ASP+.
55:30 Là, on voit quand même certaines
55:34 initiatives, mais c'est vrai
55:36 qu'aujourd'hui,
55:38 c'était, je crois, JP Morgan
55:40 ou Finility qui avaient fait cette étude
55:42 sur le fait que
55:44 finalement, que 26% des femmes
55:46 sont confiantes
55:48 dans leur connaissance financière.
55:50 C'est rien du tout.
55:52 C'est rien du tout.
55:54 Et
55:56 malheureusement, il faut vraiment
55:58 faire ce travail en amont
56:00 d'accompagner, d'aller vers la connaissance.
56:02 Plus de connaissances financières.
56:04 Pour justement
56:06 aider ces femmes
56:08 à prendre confiance
56:10 et à gérer leur épargne.
56:12 - Mais il n'y a pas de raison, même encore une fois,
56:14 avec toutes les caractéristiques... J'ai toujours en tête la grande phrase
56:16 de Christine Lagarde, "Si les Man Brothers avaient été
56:18 les Man Sisters, il n'y aurait pas eu
56:20 ce qui s'est passé en 2000."
56:22 L'idée étant de dire qu'il y a aussi
56:24 une approche d'investissement qui est différente
56:26 en fonction du genre. Vous disiez
56:28 les hommes boursicotent avec 30 euros,
56:30 etc. On aime bien le côté
56:32 gambling, spéculation.
56:34 C'est pas sans doute la porte
56:36 d'entrée que recherchent les femmes pour investir
56:38 leur épargne.
56:40 - Non, elle a une perception du risque qui est complètement différente.
56:42 Elle a une vision de l'outcome
56:44 aussi qui est différente.
56:46 - Mais ça ne justifie pas
56:48 le fait que leur épargne soit au moins bien placée
56:50 ou au moins bien rémunérée que celle des hommes.
56:52 - Ça ne justifie pas complètement.
56:54 Il y a une part de cela, mais ça ne justifie pas
56:56 complètement. Il faut mettre en place
56:58 plusieurs initiatives. Moi, c'est quelque chose
57:00 qui me tient particulièrement à cœur et je travaille
57:02 vraiment sur un projet actuellement
57:04 pour permettre d'apporter
57:06 des solutions concrètes
57:08 aujourd'hui qui vont être d'une part
57:10 la sensibilisation.
57:12 Il faut sensibiliser l'importance
57:14 d'investir tôt
57:16 même un petit peu
57:18 et arriver à
57:20 prendre un peu de risque, de faire comprendre
57:22 cette prise de risque
57:26 et donner des outils vraiment clairs
57:28 en décortiquant chaque mythe,
57:30 chaque frein et d'apporter vraiment
57:32 des réponses pour aider et accompagner
57:34 ces personnes
57:36 à construire ce patrimoine
57:38 parce que c'est important.
57:40 Ce n'est pas simplement de l'artifice.
57:42 - C'est de l'autonomie.
57:44 - C'est de l'autonomie.
57:46 - Et le risque diminue avec le temps,
57:48 d'où la question des horizons de temps sur le marché action.
57:50 À un jour, c'est très risqué.
57:52 Vous pouvez toujours perdre 20 ou 50 %.
57:54 À 15 ou 20 ans,
57:56 l'investissement en action
57:58 est un des plus rentables.
58:00 Et à 20 ans, le risque est éteint.
58:02 - Il y a beaucoup d'interrogations actuellement
58:04 sur l'évaluabilisation des marchés.
58:06 Est-ce que c'est intéressant d'investir maintenant ?
58:08 Ce n'est pas la question.
58:10 La question, c'est est-ce qu'on prépare ou pas son investissement
58:12 de bon terme ? Il faut le préparer maintenant.
58:14 - Vous reviendrez nous parler des solutions
58:16 quand elles seront là,
58:18 sur le marché, devant nous, Anne-Laure.
58:20 Merci beaucoup, Anne-Laure Frischlander-Jacobson,
58:22 consultante indépendante
58:24 qui s'empare du sujet
58:26 de l'éducation financière et de l'autonomie
58:28 notamment des femmes épargnantes
58:30 et investisseurs.
58:32 Merci d'avoir été avec nous l'invité du quart d'heure thématique
58:34 de Smart Bourse, ce soir, sur Bsmart.
58:36 [Musique]
58:38 [Musique]
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