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Mardi 20 juin 2023, SMART BOURSE reçoit Ouissem Barbouchi (Président Fondateur, Obafrica AM) , Alain du Brusle (Directeur de la gestion, Claresco) , Michel Martinez (Chef économiste Europe, Société Générale Investment Banking) et Hervé Goulletquer (Senior Economic Advisor, Accuracy)

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00:00 [Musique]
00:07 Bonjour à tous et bienvenue dans Smart Bourse. Smart Bourse, votre rendez-vous
00:11 bourse deux fois par jour en direct sur Bismarck. À midi et demi tout d'abord, une
00:14 demi-heure pour prendre le pouls de la séance boursière à la mi-journée, avant
00:18 la grande édition du soir. Une heure cette fois-ci pour revenir sur les
00:22 actualités politiques, économiques et surtout financières sur le plateau de
00:25 Smart Bourse. Et au sommaire de cette édition, les dernières statistiques
00:29 immobilières montrent que l'immobilier américain, le secteur immobilier
00:33 américain pourrait s'avérer plus résistant que prévu au resserrement
00:36 monétaire opéré par la Fed ces derniers mois. En effet, après un mois d'avril où
00:39 les mises en chantier de logements individuels avaient reculé de 2,9% et
00:43 face aux anticipations des économistes qui attendaient un nouveau repli de 0,1%
00:49 pour le mois de mai, ce mois de mai aura finalement vu rebondir les mises en
00:53 chantier de logements individuels de 21,7%, le nombre de permis de
00:57 construire a lui aussi progressé de 5,2% dépassant là aussi les attentes des
01:03 analystes. Nous reviendrons sur le plateau de Smart Bourse sur la réaction
01:06 de l'économie américaine au resserrement monétaire de la Fed en lien
01:10 notamment avec les dernières prévisions économiques de l'institution qui semble
01:13 écarter l'hypothèse d'une récession sur le sol américain.
01:16 Nous évoquerons également les perspectives de croissance de l'économie
01:19 chinoise alors que la Banque Populaire de Chine a procédé cette nuit à de
01:24 nouvelles baisses de taux. Le taux préférentiel à un an passe ainsi de
01:27 3,65% à 3,55% tandis que le taux préférentiel à cinq ans passe lui de
01:33 4,3% à 4,2%. Une décision de soutenir l'économie chinoise mais sans en faire
01:39 trop. Le consensus des économistes anticipait lui de son côté une baisse
01:43 plus conséquente notamment pour son taux à cinq ans qui sert de baromètre pour
01:48 les prêts hypothécaires. Nous commenterons également donc la réaction de
01:52 l'exécutif chinois face aux prévisions de croissance du pays alors que
01:56 les analystes revoient les uns après les autres leurs scénarios à la baisse en
01:59 ce qui concerne l'économie chinoise. Et enfin dans le dernier quart d'heure de
02:03 Smart Bourse dans Marché à thème nous ferons un focus sur les bourses
02:07 africaines avec Wissem Barbouchi président fondateur d'Aubafrica AM.
02:11 Ce sera l'occasion de regarder ensemble les performances des places boursières
02:15 africaines sur le premier semestre mais aussi de faire un focus plus spécifique
02:19 sur le marché coté en Côte d'Ivoire. On se retrouve tout de suite sur le plateau de Smart Bourse.
02:24 Et nous commençons tout de suite avec Tendance mon ami, le résumé complet de
02:37 l'actualité boursière du jour proposée par Alix Nguyen. Alix, les marchés
02:41 européens évoluent actuellement en légère baisse. Oui le marché dans son
02:44 ensemble est toujours sous l'effet des prises de bénéfices sans compter la
02:48 déception autour de la Banque Populaire de Chine.
02:50 Elle n'assouplit pas sa politique monétaire aussi fortement qu'attendue
02:54 dans un contexte de ralentissement de l'économie chinoise. Sur le plan des
02:58 indicateurs on retient qu'aux Etats-Unis les mises en chantier de logement ont
03:02 bondi de 27,1%. Le nombre de permis de construire délivrés a augmenté de 5,2%.
03:08 S'agissant des valeurs à suivre à Wall Street, les constructeurs automobiles sont en baisse.
03:14 Et oui sous l'effet d'informations Reuters selon lesquelles un groupe
03:18 bipartite de parlementaires américains va demander à l'occasion d'une
03:23 rencontre ce mardi aux dirigeants de Ford et de General Motors de réduire leur
03:27 dépendance aux pièces chinoises et plus particulièrement aux batteries de
03:31 voitures électriques. KKR a accepté d'acheter jusqu'à 40
03:35 milliards d'euros de prêts à remboursement différés de Paypal dans le
03:40 cadre d'un accord visant à libérer Paypal pour lui permettre de racheter
03:44 davantage d'actions. Adobe recule après des informations du
03:48 Financial Times selon lesquelles le régulateur européen de la concurrence
03:51 va lancer cette année une enquête sur le projet de rachat à 20 milliards de
03:56 dollars de la plateforme Figma. Le PDG d'Alibaba Daniel Zang va quitter ses
04:02 fonctions pour se concentrer sur la division cloud de l'entreprise.
04:05 Et puis Spotify prévoit un abonnement plus cher, le nouveau niveau appelé
04:11 Supremium sera l'option la plus chère de la société.
04:14 L'objectif pour Spotify est d'augmenter ses revenus et d'apaiser les
04:18 investisseurs ayant demandé à la société suédoise d'augmenter ses prix.
04:22 Du côté des matières premières, les exportations de pétrole russe vers la
04:27 Chine sont au plus haut depuis l'invasion de l'Ukraine. Selon des
04:30 chiffres officiels publiés par les douanes chinoises, la Chine a acheté le
04:34 mois dernier à la Russie quelques 9,71 millions de tonnes de pétrole.
04:40 Dans le reste de l'actualité, la Banque des Règlements Internationaux est
04:43 favorable à un registre unifié pour accélérer la tokenisation du système monétaire.
04:48 L'institution plaide en faveur de la création d'un registre unifié
04:53 permettant d'accélérer la tokenisation du système monétaire sous l'égide des
04:58 banques centrales. Une démarche que la Banque centrale des banques
05:02 centrales justifie par un système monétaire allouré d'un autre bon
05:07 majeur et qui considère la tokenisation comme la prochaine étape logique.
05:11 Tendance mon ami, donc le résumé complet de l'actualité boursière du jour
05:15 proposé par Alex Nguyen.
05:18 Et c'est parti pour Planète Marché, nous avons une quarantaine de minutes
05:30 ensemble pour tenter de décrypter la riche actualité politique économique et
05:34 surtout financière sur le plateau de Smart Bourse. Ce soir nous avons le
05:37 plaisir d'être accompagnés par Michel Martinez. Tout d'abord bonjour Michel
05:40 Martinez, vous êtes chef économiste pour l'Europe chez Société Générale CIB.
05:44 A vos côtés nous avons le plaisir d'être accompagné également par Hervé
05:47 Goulettequer. Bonjour Hervé Goulettequer. Bonjour Nicolas. Vous êtes senior
05:50 économique advisor d'Accuracy et nous avons le plaisir d'être accompagné
05:53 également par Alain Dubrulle. Bonjour Alain Dubrulle. Bonjour Nicolas.
05:55 Vous êtes directeur de la gestion chez Claresco. On peut peut-être commencer
05:58 avec vous Alain. La semaine dernière était une semaine cruciale en matière de
06:03 décision de banque centrale, décision monétaire de banque centrale même si
06:07 les décisions étaient globalement en attente avec ce qui en était attendu.
06:11 Si on regarde du côté de la Fed, on a tout de même une réserve fédérale
06:16 américaine qui marque une pause dans son resserrement monétaire. On pourrait
06:22 l'interpréter peut-être un petit peu caricaturalement, mais on pourrait
06:25 l'interpréter comme le constat d'effet sur l'économie américaine suffisant de
06:30 son resserrement monétaire et donc peut-être valider l'idée d'un
06:34 scénario récessif sur le sol américain alors même que justement la réserve
06:39 fédérale américaine nous dit ce scénario récessif s'éloigne, ça n'est
06:42 pas dans nos prévisions économiques. Alors nous nous attendions effectivement
06:45 à ce que la Fed ne monte pas ces taux. La principale raison c'est les signes
06:49 plutôt encourageants qu'on voit du côté de l'inflation et qui se confirment de
06:53 jour en jour donc ça c'est quand même une bonne nouvelle aux Etats-Unis mais
06:56 également en Europe peut-être à l'exception du Royaume-Uni mais bon il y a
06:59 le Brexit qui explique certains éléments. En revanche même si la Fed n'a pas
07:04 monté ses taux elle a quand même parlé d'un consensus de taux qui restait à 5-6
07:07 sur la fin de l'année donc elle n'écarte pas encore
07:11 complètement la possibilité de hausses de taux supplémentaires sachant qu'en
07:14 Europe la BCE a clairement dit qu'il y en aurait encore une ou deux d'ici la
07:19 rentrée. Donc oui pause ça c'est très bien, amélioration sur l'inflation moi je
07:24 trouve ça très bien aussi mais attention le moment à partir duquel on
07:28 pourrait envisager une véritable baisse des taux n'est pas encore tout à fait
07:32 arrivé et pourquoi parce qu'effectivement les statistiques de
07:35 court terme sur la macroéconomie pour l'instant restent quand même assez
07:39 résilientes. On voit même avec les mises en chantier aux Etats-Unis aujourd'hui
07:42 mais les chiffres qu'on a eu plus récemment sont quand même dans l'ensemble
07:46 montrent que l'emploi ça tient à peu près, les salaires ça tient enfin on ne
07:51 sent pas encore... tout le monde craint un véritable ralentissement qui devrait
07:55 être logique vu la hausse des taux qu'on a enregistré autant aux Etats-Unis mais
07:59 aussi en Europe mais pour l'instant ça n'est pas le cas. Et la Fed a pas l'air
08:03 de le craindre en tout cas au vu de ses prévisions économiques alors à pas l'air
08:06 de le craindre c'est peut-être un petit peu fort mais elle ne l'anticipe pas pour
08:09 2023. Disons pour l'instant je pense qu'elle
08:11 enregistre les bonnes nouvelles du côté de l'inflation ce qui veut dire qu'à taux
08:16 constant on repasserait en taux réel positif donc finalement un effet
08:20 ralentisseur quand même mais pour l'instant une prudence quand même du
08:24 fait que justement l'économie pour l'instant ne ralentit pas autant que je
08:28 sais pas si on peut le souhaiter mais en tout cas qu'on pourrait le craindre.
08:30 Donc à partir de là deux solutions soit la capacité de l'économie à ne pas
08:36 ralentir et on est en bout de course et on aura un moment quand même de mauvaise
08:40 nouvelle au deuxième semestre. Aux Etats-Unis il y a quand même un certain
08:44 nombre d'éléments qui plaident pour que le ralentissement se traduise par des
08:48 chiffres moins bons. Et puis en revanche le point
08:54 positif qu'on peut attendre c'est que si jamais ça décroche à un moment côté
08:58 activité là moi je reste convaincu que les banques centrales seront capables
09:02 d'avoir un discours plus offensif en termes de baisse de taux.
09:05 Donc pour l'instant le marché oscille un petit peu entre les deux on voit bien
09:08 qu'il sait pas trop quoi penser il n'y a pas beaucoup de nouvelles du côté des
09:11 sociétés quelques petits profit warning par-ci par-là quand même ce matin
09:15 l'anxèse dans la chimie, hier Sartorius dans les diagnostics médicaux
09:20 on voit qu'il y a un peu de stock par-ci par-là les ventes sont un petit
09:23 peu en retard bon alors il ya des éléments qui peuvent s'expliquer là dans
09:26 ces deux secteurs en particulier il n'y a pas de signaux généralisés mais il
09:30 faudra quand même être attentif avec les résultats du deuxième trimestre à
09:33 savoir si ça reste solide ou si le ralentissement commence à devenir plus
09:37 visible. Faut-il s'attendre à un ralentissement de l'économie
09:42 américaine dès cette année Alain Dubruel alors effectivement on a dit qu'on ne le
09:46 souhaitait pas mais est-ce que dans vos scénarios c'est quelque chose
09:49 que vous anticipez ? En toute rigueur le scénario devrait arriver bien avant
09:54 le ralentissement on le verra bien avant la fin de l'année il devrait être dès
09:58 la rentrée. La difficulté c'est qu'on voit avec cette résilience de l'économie
10:02 d'une part un indicateur sur les taux qui est plus encourageant on sent qu'on
10:06 est proche du sommet que ça va probablement se détendre après on
10:12 pourrait avoir une inflation surtout qui donne des signes de ralentissement ça
10:15 pourrait apporter un petit peu d'oxygène pour faire en sorte que le
10:19 ralentissement soit uniquement un soft landing donc soit modéré.
10:23 Ça reste un scénario. Que boursièrement oui on aura probablement quand même des
10:28 révisions de résultats à la baisse parce qu'il y aura un ralentissement mais si
10:31 c'est dans un contexte où l'inflation ralentit assez vite et où on est assez
10:36 constructif sur le fait que les taux vont finir par baisser ou du moins se
10:39 tasser il n'est pas exclu que d'un point de
10:41 vue boursier les actions finalement n'est pas le trou d'air que certains
10:45 craignent. On parlait hier de consolidation vous
10:48 nous parlez de trou d'air effectivement on verra effectivement quels sont
10:51 vos scénarios de marché on va continuer peut-être sur la Fed avec vous
10:54 Hervé Goulet-Dekker est-ce que vous êtes en phase avec ce que vous avez
10:58 entendu la semaine dernière de Jerome Powell et les prévisions économiques de
11:02 la réserve fédérale américaine ? Premier point la pause en fait la pause
11:08 tout le monde s'est dit c'est la pause c'était comme attendu
11:11 en fait la question importante pour les marchés c'est la durée de la pause si on
11:16 fait une pause de trois mois c'est une vraie pause si on fait une pause jusqu'au
11:21 prochain comité de politique monétaire c'est pas une vraie pause et je pense
11:24 que au moins historiquement ce qu'on peut dire c'est que la réaction des
11:28 marchés est pas la même selon qu'on est sur une longue pause ou une courte pause
11:33 et comme on nous dit qu'il va avoir 50 centimes à venir devant d'ici à la fin
11:39 de l'année en termes de remontée du taux directeur américain j'ai plutôt
11:43 envie de dire qu'on est sur une courte pause et donc moi je
11:47 m'enthousiasmerai pas trop avec le terme pause
11:51 deuxièmement sur... Donc ces deux futurs hausses de taux de la fête ne sont pas
11:56 des hausses de taux annoncées pour se laisser des marges de manœuvre si ça ne
12:00 suffit pas aujourd'hui mais il faut compter effectivement sur ces futurs
12:03 hausses de taux à partir de la rentrée ? Moi je pense que oui parce que
12:08 contrairement à Alain je crois que les signes... Je pense que c'est se garder la
12:13 marge de manœuvre mais je pense que ces hausses de taux n'interviendront pas.
12:16 C'est bien ce que j'avais compris. Moi je pense que sur l'inflation les
12:22 signes que l'on a sont bien ténus et en fait certes on a tous la conviction que
12:29 ça va ralentir les deux points auxquels on sait pas répondre c'est l'ampleur et
12:36 le calendrier du ralentissement et alors on peut regarder les chiffres dans
12:42 tous les sens qu'on veut on reste avec cette double question et moi il y a
12:46 quelque chose qui me chiffonne vraiment c'est que les coûts salariaux unitaires
12:50 la dynamique des salaires moins la dynamique de la productivité c'est pas
12:55 bon sur la productivité il se passe des choses vraisemblablement
12:59 elle avait... c'était très bien tenu au début de la Covid puis après il y a une
13:04 correction qui est une correction oui mais la correction elle dure en fait et
13:09 donc avoir une tranquillité d'esprit sur les prix à la consommation leur
13:15 noyau dur donc hors énergie hors produits alimentaires dans un contexte où sur les
13:20 coûts salariaux unitaires ça continue on doit être autour de 5%
13:25 aujourd'hui voilà il y a une difficulté je pense qu'elle a été repérée par la
13:30 Fed et c'est pour ça que à mon avis la Fed elle est dans une logique à se dire
13:36 inflation d'Hélène d'Ahest faudra bien que j'arrive à réduire cette foutue
13:41 inflation et donc oui on est sans doute proche de la fin mais on n'est pas à la
13:47 fin et le marché a quand même des pudeurs sur le sujet il y a deux mois le
13:51 pari encore regarde les futurs trois mois où les futurs sur les fonds fédéraux
13:56 c'était 4% en fin d'année aujourd'hui on est au delà de 5% donc il s'est même
14:02 passé des choses que les marchés ont dû accepter
14:05 alors après on peut dire bon maintenant qu'on est à 5% on est tranquille mais
14:08 voilà on a quand même remonté et... - Attention au fait que ça passe à 5,5%
14:12 c'est ce que vous nous dites ? - Je pense que là on risque bien d'être à 5,5% et en fait
14:18 il y a une étude de la BRI c'est Alice qui nous parlait de la BRI et en fait
14:25 la BRI s'est posé la question mais qu'est ce qu'il faudrait faire pour que
14:29 l'inflation revienne sur la cible ou autour de la cible
14:33 c'est pas compliqué la BRI dit il faut que les prix à l'importation reculent
14:37 alors là on y est avec les matières premières mais l'environnement
14:43 international est compliqué, c'est durable ou pas, il faudrait que la
14:46 productivité reparte à la hausse il faudrait que le marché de l'emploi se
14:51 calme et en fait la productivité je pense ça tient du mystère
14:56 le marché de l'emploi se calme c'est d'ailleurs dans les prévisions dans les
15:01 projections plutôt de la Fed je crois qu'il y a 0,5 points de hausse du taux de
15:06 chômage d'ici à la fin de cette année quoi c'est ce que j'ai retenu c'est
15:10 quand même relativement violent cela et en fait moi j'ai l'impression que la
15:14 Fed nous dit l'inflation j'aurai sa peau et on prend un risque sur
15:20 l'activité économique et le marché lui est dans une logique
15:25 - Un risque qu'elle a pas l'air de voir aujourd'hui, enfin si qu'elle voit mais en tout cas le scénario de
15:29 récession en tout cas les prévisions de croissance de l'économie américaine
15:32 sont revues à la hausse donc... - C'est très très très mou je dirais comme
15:39 croissance économique à regarder devant la Fed a un discours je crois au soft
15:47 lending et le marché le marché des actions est prêt à le suivre là dessus
15:51 quand on voit le marché des taux et quand on voit la pente de la courbe
15:55 l'inversion entre le 2 ans et le 10 ans voilà c'est moins net du côté des taux
15:59 que du côté des actions moi j'aurais plutôt envie de me ranger en termes
16:04 d'expression du risque du côté du marché obligataire en disant que tout ça
16:08 n'est pas gagné - Michel Martinez vous allez peut-être du coup avoir une
16:13 position de plutôt d'un côté ou de l'autre ces deux hausses de taux prévues
16:19 anticipées du côté de la Fed vont-elles selon vous être actionnées ou est-ce que
16:27 cela reste simplement une marge de manœuvre que se laisse la Fed mais les
16:32 hausses de taux pourraient s'arrêter depuis cette dernière décision de
16:35 politique monétaire avec un plateau qui pourrait durer quelques mois
16:38 - Nous on voit plutôt comme un risque mais pas avec un fort degré de conviction
16:43 ça va dépendre beaucoup des données en particulier de l'inflation
16:47 moi je ferai écho à ce qu'a dit Hervé à l'instant quelle est la situation
16:53 on a finalement une économie avec un marché du travail qui reste très tendu
16:58 on a une inflation qui recule mais qui recule par ses composantes les plus
17:04 volatiles énergie, l'alimentation, l'inflation des prix des biens et
17:11 revenus à la normale mais en fait la question de savoir si on veut une
17:15 banque centrale l'objectif c'est d'avoir l'inflation à 2%
17:18 et question peut-être un peu naïve mais quelle est la part qui est la plus
17:26 domestique qui fait peser le plus de risques de dévier de cette cible c'est
17:31 l'inflation des prix des services et donc c'est les salaires c'est les
17:35 gains c'est les productivités et quand on regarde salaire et gains de
17:38 productivité la tendance est très loin de 2% aujourd'hui très très loin même
17:45 pas en 2024. Vous répondez à ma question est-ce que c'est plausible 2% ?
17:50 Même pas en 2024 aujourd'hui ou alors il faut un
17:53 écroulement de l'inflation salariale ou une exposition des gains de
17:59 productivité mais pour avoir l'un ou l'autre
18:05 l'exposition des gains de productivité je sais pas d'où ça peut sortir et un
18:09 écroulement de l'inflation salariale ça voudrait dire un taux de chômage qui
18:12 remonte et probablement beaucoup plus que les 0,5 points qu'on a en tête et
18:16 donc ça veut dire que et ça en fait cette configuration avec des marchés du
18:19 travail très tendu qui vont jouer des hausses de salaire qui vont jouer
18:25 la fin de l'année 2024 elle concerne toutes les banques centrales.
18:30 Quand vous regardez les prévisions ou les derniers chiffres d'inflation
18:33 salariale au Royaume-Uni on est à 7, 6, 7 quand vous regardez les dernières
18:39 prévisions de la Banque Centrale Européenne sur les prévisions d'inflation
18:43 salariale on est à plus de 5% et on est à plus de 4% sur trois ans 2024-2025
18:49 donc avec ce type d'inflation salariale ça va extrêmement compliquer pour
18:56 l'inflation totale de revenir à 2% et donc le message que les banques
19:00 centrales nous disent oui on est proche des taux terminaux on peut peut-être
19:03 remonter un petit peu ou non peu importe mais après il faudra qu'on
19:08 reste vraiment très longtemps sans baisser les taux à moins qu'il y ait un
19:13 choc majeur qu'on ne prévoit pas aujourd'hui pour être sûr que la
19:18 croissance soit très molle que les tensions sur le marché du travail se
19:22 détendent. Je crois que c'est ça vraiment le message que les
19:25 banques centrales nous disent c'est que l'idée que les taux puissent baisser
19:29 rapidement fin d'année ou l'an prochain oublié.
19:35 Ça ne fait pas partie du scénario. Voilà, c'est le message qu'elles nous véhiculent.
19:39 Et est-ce qu'il faut entendre dans ce message oublier aussi le fait d'arriver
19:42 à une inflation à 2% à moyen terme ? Elles ne peuvent pas nous dire ça.
19:46 Votre interprétation ? Non non c'est pas possible, c'est leur mandat principal,
19:52 elles n'ont plus de rôle d'existence si elles dévient de cette cible.
19:59 Mais ce sera compliqué donc les taux resteront élevés ? Les taux resteront élevés,
20:02 le risque il est plutôt que les taux remontent, on est proche des taux
20:05 terminaux donc effectivement c'est plutôt pour la banque d'Angleterre
20:10 proche de 5 ou plus, pour la Fed plus que 5, pour la BCE plus que 3,75.
20:15 Le risque il est là et puis après il y a d'autres risques dont on parle peu
20:19 aujourd'hui mais qui est l'accélération du quantitatif tightening.
20:22 On voit bien qu'on se rapproche des taux terminaux mais après si on
20:27 s'aperçoit que l'impact sur la croissance, et on conjugue la croissance,
20:30 l'impact sur le marché du travail, sur le chômage est pas assez fort, le chômage
20:35 remonte pas assez pour que les salaires baissent bien sûr ou arrêtent d'augmenter,
20:42 il faudra aussi peser sur toute la cour des taux.
20:47 Donc alors si là on parle plus de la BCE, donc il y a eu une hausse de taux qui a été actée,
20:54 peut-être une deuxième en juillet qui a l'air d'être plus ou moins actée,
20:57 à partir de septembre il faut s'attendre plutôt à une reprise du quantitatif tightening pour la BCE ?
21:02 Alors nous on le voit plutôt en 2024.
21:04 D'accord.
21:05 Effectivement il y a des séries de pauses, il y a plusieurs outils de politique monétaire
21:09 mais aujourd'hui la Banque Centrale Européenne nous dit qu'elle a déjà commencé à faire du
21:12 quantitatif tightening donc ne réinvestit plus les achats au titre du programme APP.
21:18 Pour l'instant elle nous donne un guidage de politique monétaire,
21:23 c'est que l'autre gros programme PEPP qui a été lancé pendant le Covid,
21:28 lui il continuera d'être réinvesti jusqu'à la fin 2024.
21:32 On pense que cette forward guidance va devoir tomber et donc elle va devoir accélérer.
21:39 Je rappelle le Bound il est à 2,40 aujourd'hui.
21:42 Si vous prenez des entreprises bien cotées, WA, elles empruntent à 3 ans, à 3,5.
21:53 Est-ce que c'est vraiment très restrictif ?
21:55 Moi je ne pense pas.
21:57 Je ne pense pas que ce soit un frein, ce n'est pas le sujet.
22:01 Les entreprises WA empruntent comme des états sûrs, c'est ce qu'il faut comprendre ou presque ?
22:05 Pas loin, c'est peu.
22:10 Une façon de dire c'est que vous regardez les taux d'intérêt réels,
22:15 à plusieurs maturités, ils sont peut-être restrictifs mais pas beaucoup.
22:20 Ça ne joue pas beaucoup.
22:23 Donc ça va être l'autre sujet après.
22:26 Si la Banque Centrale est vraiment déterminée à infléchir les décisions d'investissement,
22:31 ça va être vers ce canal.
22:34 Alain Dubrul, alors effectivement si on peut rebondir sur cet objectif d'inflation à 2%,
22:39 qu'à l'air effectivement complexe à atteindre,
22:42 est-ce qu'il faut s'attendre à un environnement de taux élevés long ?
22:48 Par rapport à votre question, d'abord 2% n'est pas exclu qu'avec la baisse des facteurs énergie, alimentation.
22:55 Même si l'inflation sur les services va mettre du temps à revenir en arrière,
22:59 la conjugaison de ces éléments de court terme, on voit que les prix et la production sont déjà stabilisés,
23:04 ça pourrait aider peut-être à se retrouver dans un corridor entre 2 et 3, notamment aux Etats-Unis au deuxième semestre.
23:09 Pour autant c'est vrai que l'inflation sous-jacente,
23:14 celle qui préoccupe la Banque Centrale, celle qui est liée au salaire et à l'emploi,
23:17 pour l'instant elle est beaucoup plus vigoureuse, c'est certain.
23:20 Et en ce sens je ne crois pas à ce qu'on retrouve très vite l'objectif de 2%
23:26 tant qu'il n'y a pas des signes sur l'emploi.
23:28 Pour autant sur le deuxième semestre, si les chiffres absolus sont aidés par le reflux,
23:34 qui est réel, de l'énergie, des matières premières et de l'alimentaire,
23:40 ça pourra apporter un peu d'oxygène quand même.
23:42 Mais je pense qu'à moyen terme on est plutôt orienté vers des inflations qui seront plus proches de 3 que de 2.
23:49 Et le vrai facteur c'est l'emploi.
23:52 Alors pourquoi ? Peut-être qu'il y a moins de gens qui travaillent, nos sociétés vieillissent,
23:58 donc les personnes plus âgées ont une productivité théoriquement moindre, elles sont plus souvent malades.
24:04 Dans une phase de reprise, on va chercher les gens à la marge,
24:08 pour les faire venir il faut soit les payer plus,
24:10 mais c'est peut-être pas forcément les plus dynamiques qui étaient déjà là.
24:14 Donc quelque part, quand on va chercher des unités marginales pour travailler,
24:19 il ne faut pas être surpris non plus que ces travailleurs marginaux,
24:22 - marginaux pas au sens péjoratif -
24:24 ces nouveaux travailleurs ne soient pas forcément les plus productifs.
24:27 C'est un peu logique, là actuellement on voit bien que dans l'hôtellerie et restauration on ne trouve pas de gens.
24:31 Donc si on va chercher des gens, il faut aller chercher...
24:33 Oui c'est eux qui ont le choix plus que les entreprises qui ont le choix.
24:35 On peut imaginer qu'à la fin les dernières arrivées ne sont pas forcément les plus motivées,
24:39 donc en termes de productivité ça se ressent.
24:41 On parle aussi de productivité aujourd'hui, où est-ce qu'il y a la création d'emplois ?
24:43 Précisément dans l'hôtellerie et restauration,
24:45 qui sont par nature des secteurs où la productivité du travail n'est pas extraordinaire.
24:50 Donc en termes d'unité marginale,
24:53 ce n'est pas anormal qu'on soit un peu déçu du facteur de productivité.
24:57 Maintenant on survient sur les Etats-Unis,
24:58 il y a des statistiques démographiques assez abominables sur la mortalité,
25:02 l'espérance de vie qui est en baisse,
25:05 le fait qu'énormément de gens souffrent de drogue,
25:08 la mortalité par accident des jeunes générations est assez élevée.
25:13 Je ne sais pas si on a mesuré l'impact que tout ça a sur l'offre de travail,
25:17 mais peut-être aussi que cette détérioration du mix de travailleurs
25:23 est une condition qui pèse un peu sur l'offre de travail
25:26 et du coup entretient une forme de rareté des travailleurs
25:29 qui pèse sur l'emploi et donc sur la productivité.
25:31 Ça c'est un phénomène qui a été un peu révélé par le Covid.
25:35 On pourrait imaginer que le vieillissement structurel de la population
25:38 n'est pas une bonne chose de ce point de vue,
25:40 en tout cas pour les métiers qui nécessitent un petit peu d'énergie,
25:42 mais en tout cas c'est un problème qui n'est pas résolu aujourd'hui.
25:45 Et donc en ce sens je ne suis pas sûr qu'on atterrira à 2%
25:47 si les gens n'ont pas envie de travailler ou s'il y a une rareté du travail,
25:51 quelles qu'en soient les raisons en fait.
25:53 - Michel Martinez, vous souhaitez réagir ?
25:56 - Je partage en fait, la population en âge de travailler,
26:03 sa croissance diminue très rapidement.
26:05 J'aime bien citer un chiffre, c'est pour la France par exemple.
26:08 Selon l'INSEE, l'INSEE fait régulièrement des prévisions de population,
26:12 de tendance de la population en âge de travailler.
26:16 Avant le Covid, pour que le chômage baisse,
26:20 il fallait créer 180 000 emplois par an en France.
26:24 Aujourd'hui on est descendu à 80 000.
26:27 Et la France est pour moi un des pays en Europe les plus dynamiques
26:30 en termes de population en âge de travailler.
26:32 La population en âge de travailler avait plutôt tendance à baisser
26:35 en Allemagne, en Italie.
26:37 - Donc on a perdu 100 000 emplois en quelques années à créer
26:39 pour que le chômage recule.
26:40 - En fait, le chômage en France va baisser cette année,
26:45 même s'il n'y a pas de croissance, ou très peu.
26:47 - Ça ne veut pas dire qu'on aura embauché plus ?
26:49 - Il suffit d'embaucher 80 000 personnes.
26:51 - C'est l'offre d'emploi.
26:52 - Oui bien sûr, c'est l'offre.
26:53 - C'est le travail qui baisse.
26:54 - C'est dû à la démographie.
26:57 En plus si on rajoute des problèmes de réallocation, de la manœuvre etc.
27:00 Mais ça c'est très inflationniste, je ne veux pas dire.
27:03 Et la Banque centrale, soit on ne croit pas qu'elle veuille
27:06 obéir aux 180 000 chiffres, soit elle est déterminée
27:09 et elle va vouloir aller contre ce phénomène.
27:12 - Et ce n'est pas pour rien qu'en France, on prolonge l'âge des retraites.
27:14 Il y a un aspect équilibre des retraites,
27:17 mais c'est aussi qu'on manque de gens qui travaillent.
27:19 Et on aimerait inciter les 54-65 ans,
27:21 on a le taux d'activité le plus faible d'Europe.
27:24 Et là, il y a des réserves de gens qui sont quand même assez bien portants
27:27 et qui manquent sur le marché du travail d'une certaine façon.
27:29 Alors ça ne plaît pas, mais c'est aussi une façon de répondre
27:32 à ce manque d'offres de travail.
27:34 - Avec des entreprises qui doivent en revanche les payer plus cher,
27:38 est-ce que ça aura un impact sur les résultats du troisième trimestre
27:44 ou du quatrième trimestre, Hervé Goulet-Dekker ?
27:46 - Écoutez, ce qu'on voit aujourd'hui quand on regarde les earnings per share,
27:52 c'est que d'ici à la fin de l'année, ce n'est pas bon, ça baisse.
27:56 Et puis, il y a l'espoir que ça s'améliore.
27:59 Alors, dès la fin de l'année aux États-Unis, si je me souviens,
28:02 et puis un peu plus tard en Europe,
28:05 non, on reste dans un contexte de croissance molle.
28:10 Donc ça, évidemment, pour la formation des profits, ce n'est pas très bon.
28:16 Donc à ce titre-là, il ne faut pas s'attendre à grand-chose,
28:19 au moins dans la dimension volume.
28:21 Ce qui est intéressant, en fait, dans l'approche sur les profits,
28:26 bon, on prend la croissance économique,
28:28 qu'est-ce que ça va nous dire sur les profits ?
28:30 Et là, assez naturellement, surtout avec des gains de productivité faibles,
28:35 ça ne nous construit pas une croissance forte des profits.
28:40 Après, il y a ce qui se passe sur les prix, les fameux mark-up,
28:43 les prix de vente par rapport à la formation des coûts.
28:46 Et là, on entre dans quelque chose de compliqué.
28:50 Si on prend prix de la valeur ajoutée par rapport à coût salarial
28:56 par unité produite,
28:57 - bien sûr - salarial unitaire dont on parlait tout à l'heure,
28:59 on a l'impression, aux États-Unis, en zone euro,
29:03 qu'en fait, il y a eu des profits unitaires
29:07 qui ont augmenté sur la période récente.
29:10 Alors, c'est un peu bizarre de se dire qu'en période de faible croissance économique,
29:15 les entreprises ont eu un pouvoir de marché qui leur a permis de faire cela.
29:19 Je pense qu'il y a trois éléments dans cette histoire.
29:24 Le premier élément, c'est qu'on résonne au niveau du prix de la valeur ajoutée
29:31 et pas au niveau du prix de vente.
29:33 Et en fait, on n'embarque pas tout ce qui est prix des consommations intermédiaires,
29:38 prix des matières premières.
29:40 Et dans ce cas-là, je pense qu'on a quelque chose qui n'est quand même pas parfait.
29:44 Donc ça, il faut le prendre en compte.
29:46 - D'accord. - Le deuxième élément,
29:48 c'est qu'en fait, il y a des pouvoirs de marché.
29:51 Et on voit bien qu'aux États-Unis, il y a sans doute plus de pouvoirs de marché
29:56 qu'en France ou en Italie, par exemple.
29:58 Et donc, ça profite aux entreprises américaines
30:01 par rapport à une partie des entreprises européennes.
30:06 Sachant qu'en Allemagne, ce n'est pas trop mal.
30:08 Il y a plus de pouvoirs de marché en Allemagne qu'en Italie.
30:10 Et le troisième élément, c'est en fait, c'est une économiste allemande
30:15 qui a mis ça sur la table en disant, finalement, avec tous les chocs qu'on s'est produit,
30:21 il y a finalement des espèces de pouvoirs de marché ponctuels qui se sont mis en place.
30:27 Il y a la demande qui se réveille.
30:30 L'offre, elle n'est pas entièrement là.
30:32 Ceux qui sont capables de répondre, ils en profitent pour augmenter leurs prix.
30:36 Donc, sur les prix et sur les différences de prix de vente par rapport à coût,
30:42 il s'est passé des choses.
30:44 Est-ce extrapolable ? Est-ce pas extrapolable ?
30:47 J'aurais envie de dire, si on fait le pari d'une normalisation de l'économie
30:50 à l'horizon de quelques trimestres, ce n'est pas extrapolable.
30:53 Mais les entreprises ont eu une capacité à protéger leurs marges
30:57 qui, objectivement, a été meilleure sur le passé que ce à quoi on s'attendait.
31:02 Durable ou pas, j'aurais envie de dire, avec une croissance faible,
31:05 une productivité qui n'est pas terrible, ce n'est pas durable dans une logique de normalisation.
31:10 Mais aura-t-on cette normalisation ?
31:12 Michel Martinez, faut-il s'attendre à une résistance encore forte des entreprises
31:16 vis-à-vis de la conservation de leurs marges ?
31:18 Alors, oui.
31:20 [Rires]
31:22 Non, je pense qu'on peut arriver à comprendre ce qui s'est passé de façon finalement assez simple.
31:28 Pourquoi est-ce que les entreprises ont un pouvoir de fixation des prix élevés ?
31:32 Tout simplement parce qu'on sort avant le Covid de décennies où la demande était inférieure à l'offre.
31:40 Donc, dès qu'il y avait un choc sur l'offre, ça entraînait une baisse d'activité,
31:45 une baisse du PIB, hausse du chômage, désinflation.
31:50 Mais là, on a eu une série de chocs sur l'offre,
31:55 accompagnés de politiques de stimulation budgétaire et moderne extraordinaires.
32:00 Je rappelle, aujourd'hui, aux États-Unis, on a un taux de chômage à 3,7.
32:06 On a un déficit public à 5,5.
32:09 Et je rappelle qu'il a été encore plus élevé avant.
32:11 Au Royaume-Uni, pareil, taux de chômage en dessous de 4, déficit 5,5.
32:16 En France, on a un taux de chômage le plus bas à 4,3 et déficit 5.
32:20 Donc, il faut avoir ça en tête.
32:22 Et donc, si on fait le diagnostic que la demande dans les économies avancées est très supérieure à l'offre,
32:33 c'est l'offre qui a le pouvoir de fixation des prix.
32:35 Et donc, capacité d'augmenter ses marges, même si...
32:41 Et on peut aussi comprendre pourquoi la croissance est très molle.
32:43 Parce que si une activité dépend de l'offre et pas de la demande,
32:49 l'offre, c'est difficile à recruter.
32:51 Voilà, si le taux de croissance de la population active, c'est 0,4 par an,
32:57 ça va être difficile de faire plus de croissance que 0,4 par an si on ne fait pas de gain de productivité.
33:01 Donc, on a une croissance très molle, voire pas de volume,
33:03 mais ça ne peut pas empêcher les entreprises de garder des marges élevées.
33:08 Surtout s'il n'y a pas de choc sur la demande.
33:11 Et là, on parlait de la désinflation, et pour moi, le fait que l'inflation est baissée,
33:16 elle était presque à deux chiffres, elle va être retombée à quatre.
33:18 Mais vu la hausse des salaires, ça va faire du revenu disponible qui va augmenter partout.
33:24 - Parce que les salaires augmentent plus que l'inflation ?
33:26 - Oui, ces années, les salaires vont augmenter partout plus que l'inflation, en moyenne sur l'année.
33:30 Déjà, en tout cas, le revenu disponible va augmenter partout.
33:34 - Mais ce que vous nous décrivez là, est-ce que c'est tenable pour les entreprises sur le long terme,
33:36 sur les trois prochains trimestres par exemple ?
33:39 - Ce n'est pas tenable indéfiniment, mais ça peut durer suffisamment longtemps pour préoccuper les banques centrales.
33:47 Les taux de marge ont commencé à baisser.
33:51 Ils vont probablement continuer à se détériorer parce que maintenant, il y a la hausse de salaire qui arrive.
33:57 Mais aux Etats-Unis, le taux de marge a baissé.
34:01 Quand vous regardez, il y a toutes les marges brutes, nettes, tout ce que vous voulez.
34:03 Mais on reste encore très proche des plus hauts depuis la Seconde Guerre mondiale.
34:09 Pour moi, ça reflète simplement le fait que dans l'économie américaine, l'offre est très inférieure à la d'Andes.
34:17 Je pense que c'est le cas aussi beaucoup en Europe et en particulier dans les secteurs qui ont été mentionnés, le tourisme.
34:22 En France, le salaire moyen par tête dans les activités de tourisme est augmenté de 60 % depuis 2019. 60 %.
34:33 Ça reflète cet écart entre l'offre et la demande.
34:35 Mais il n'y a pas tellement de mystère à ça.
34:38 Si les gens ont envie d'aller au restaurant et de voyager, il y a plus de demande que l'offre.
34:45 Donc le pouvoir de marché est du côté de l'offre.
34:50 Alain Dubrul, sur ce sujet de résistance des entreprises et de conservation des marges.
34:54 Effectivement, ce qui a été dit, c'est que l'année dernière, on a eu une situation assez incroyable où finalement, il n'y avait pas pour tout le monde.
35:01 Ce qui n'était pas le cas des deux dernières décennies.
35:02 On l'a vu dans l'automobile en particulier.
35:04 Donc quand il n'y en a pas pour tout le monde et quand vous ne voulez pas augmenter vos prix de manière trop visible parce que c'est choquant,
35:10 quand vous commandiez une machine à laver en plein Covid à Paris, bizarrement, il n'y avait que les machines ultra haut de gamme, les plus chères,
35:16 qui étaient disponibles, comme par hasard.
35:18 Mieux margé. Parce que pareil pour les voitures.
35:20 Donc d'une certaine façon, l'année dernière, les volumes étaient médiocres du côté des entreprises, mais les marges, extraordinaires.
35:26 La question, c'est dans quelle mesure aujourd'hui, alors que maintenant, les chaînes de production, tout le monde vous dit qu'elles sont revenues à la normale,
35:32 que la logistique fonctionne quasiment comme avant, donc la disponibilité est là.
35:37 Donc on voit certains secteurs où les distributeurs ont fait beaucoup de stock et commandent moins, par exemple dans les smartphones.
35:45 On sent bien que ça se vend moins. Donc en amont, ça se répercute.
35:49 On voit aussi que... Mais par exemple, dans le cas du tourisme, je pense qu'une des raisons qui expliquent que bien que la coule à manœuvre
35:56 soit plus élevée, comme la demande est là, ils sont tous pris quand même deux années épouvantables.
36:00 Ils ont tous des BGE à rembourser. Et donc, d'une certaine façon, même si les comptes de résultats sont très bons,
36:04 les bilans ont quand même souffert depuis deux ans. Donc tous les acteurs sont disciplinés parce qu'ils ont quand même...
36:11 Il faut qu'ils se refassent tous. Donc on sent aussi une sorte de discipline de prix. Là où je me pose la question, et ça sera intéressant de voir,
36:16 c'est dans l'automobile, où on a vu quand même des baisses de prix massives de Tesla. On voit les Chinois qui arrivent avec des prix extrêmement agressifs.
36:24 Et toute la question de l'automobile, c'était que les volumes devraient revenir puisqu'il y a un retard accumulé considérable.
36:30 Mais est-ce qu'au niveau des marges, ça va tenir ? Parce que là, on sent que pour l'instant, les constructeurs européens ont dit qu'ils voulaient pas baisser leur prix.
36:39 Mais combien de temps ça va tenir ? Parce qu'à un moment, là, dans l'auto, ça va finir par... En plus, on emprunte...
36:44 Beaucoup d'automobiles sont achetées à crédit, que le crédit est plutôt à 4, 5, 5, 3. — Bien sûr, oui, oui. Donc ça a un impact, effectivement, sur cette consommation.
36:50 — On va voir les résultats. Et là, je n'exclus pas que sur ce secteur-là, on retrouve la concurrence pure et dure telle qu'on l'a vécue dans le passé.
36:57 — Mais qui serait pas en lien direct avec les hausses de salaire, mais avec un contexte économique plus global, spécifiquement, à cette industrie.
37:04 — Dans l'auto, de toute façon, la composante salaire, notamment chez un assembleur, elle est pas considérable. Et ça serait plus tout simplement un retour à une concurrence normale.
37:13 — Je vous propose de parler un peu marché, à présent, messieurs. On peut peut-être continuer avec vous, Alain Dubruel. Alors effectivement, on parle souvent
37:21 de la concurrence de plus en plus accrue vis-à-vis des actifs risqués, quand on regarde ces investissements, notamment vis-à-vis de l'obligataire ou du non-coté.
37:31 Moi, j'ai envie de vous poser la question de but en blanc. Quand on veut investir aujourd'hui, est-ce qu'il faut se cantonner à l'intelligence artificielle
37:36 ou au marché obligataire ? — Ah ah. Bon, quand vous parlez du non-coté, il faut voir de quoi on parle, parce que les nouveaux investissements...
37:42 Enfin la liquidité du non-coté est quand même beaucoup plus faible. Et je pense qu'entre les excédents de cash qui ont été levés auparavant
37:49 et la timidité de certains acteurs aujourd'hui, je suis pas persuadé qu'il faille forcément se ruer pour un investisseur particulier dans du non-coté maintenant.
37:58 Maintenant, en ce qui concerne les marchés, la difficulté, c'est que les marchés cotés, on sent que ça va ralentir. Mais on est sur des multiples de valorisation
38:05 qui sont quand même très bas. L'Europe, on est à 13 fois 2024, si on prend les résultats. Aux États-Unis, on est à 18 fois. Mais on a beaucoup plus
38:11 de valeur technologique. Donc au final, sur une période de long terme, on n'est pas sur des multiples très élevées. Donc d'une certaine façon,
38:18 les actions pourraient résister à une baisse des résultats, à condition que cette baisse soit raisonnable mais pas massive, et que derrière,
38:28 on anticipe que l'environnement de taux commence à s'améliorer. Donc en effet, depuis quelques semaines, il y a une sorte d'environnement
38:36 un peu favorable où on se dit « Tiens, les taux, ça commence à se calmer. L'inflation, ça se calme. On va avoir un soft landing. Mais finalement,
38:42 vu les multiples, ça va tenir », en tout cas pour les actions plutôt de qualité, plutôt croissance, qui ont un peu de pricing power et qui bénéficieront
38:52 de l'amélioration à moyen terme de l'environnement de taux. Donc effectivement, le marché est en train de se dire « Est-ce qu'il y aura vraiment
39:00 une récession ? Est-ce que les actions vont souffrir ou pas ? ». Maintenant, du côté de l'obligataire, c'est un peu le revers de la médaille.
39:06 C'est-à-dire normalement, si l'environnement de taux se tasse, si l'inflation se calme, le souverain italien a 4 et quelques.
39:13 Mais il y a probablement des opportunités très intéressantes de ce côté-là. Maintenant, on voit que depuis quelques semaines, pour autant,
39:19 les taux longs ne baissent pas, partant de l'idée effectivement que l'économie va peut-être pas ralentir aussi vite que prévu et que l'inflation
39:26 va faire de la résistance. Mais pour autant, si on fait la somme de tout ça, je reste convaincu que l'économie va ralentir et que les taux longs
39:33 aujourd'hui offrent des opportunités intéressantes dans le cadre d'un ralentissement. Le seul point, c'est que selon l'ampleur de la récession
39:42 ou du ralentissement économique attendu sur les 6 prochains mois, dépendra le dosage à avoir entre actions et obligations. Si ça ralentit fort,
39:50 je pense qu'il y a beaucoup d'argent à gagner sur les obligations plutôt souveraines de longue duration, parce que les banques centrales
39:58 vont être amenées rapidement à adoucir leur discursion toujours sur les taux. À l'inverse, si l'inflation reste élevée et que l'économie
40:06 ne veut pas ralentir, du coup, les taux longs vont pas faire grand-chose. Cela dit, ils ont déjà des rendements relativement élevés.
40:12 Donc dans le pire des cas, quand vous achetez des papiers qui rapportent du 4, 5 %, pour ne rien gagner, il faudrait qu'il y ait une hausse de taux
40:21 d'entre 0,5 et 1 point. Donc d'une certaine façon, ça se tente quand même.
40:26 — Hervé Goulet-Decart, même question. On lit de plus en plus que les marchés, notamment américains, pourraient être amenés à consolider
40:35 sur le second semestre de cette année. Les marchés obligataires, eux, pour le coup... Je parlais des marchés actions, mais les marchés obligataires,
40:42 eux, pour le coup, offrent des opportunités liées à ce contexte de marché assez particulier. Comment est-ce qu'on navigue entre tout ça ?
40:48 — Moi, j'ai l'impression que les éléments, marché par marché, sont assez contradictoires. Et je pense que, voilà, le marché, il tire un peu à E.U. et à Dia.
41:00 Sur les marchés de taux, si on voulait avoir un élément qui nous inciterait à rentrer, c'est la volatilité. On a une volatilité obligataire très forte.
41:12 Là, la volatilité obligataire baisse bien. C'est un bon signal. On a l'impression que le marché nous dit : « Je comprends ce qui se passe ».
41:20 Bon, d'un autre côté, on voit bien que le marché exprime une inquiétude. On parlait de l'inversion de la courbe des taux. On en est là.
41:28 Donc alors si on prend les deux éléments ensemble, inversion de la courbe des taux et puis volatilité plus faible, dans ce cas-là, il faudrait – c'est vrai –
41:37 investir sur la partie longue de la courbe en se disant « Bon, ben, finalement, l'activité va pas tenir. L'inflation va être tuée comme cela. Et c'est ce qu'il faut faire ».
41:47 Bon, le point, c'est qu'on n'est pas complètement sûr. Et dans ce cas-là, moi, j'aurais envie de dire sur les marchés de taux à aujourd'hui,
41:55 je préférais la partie courte de la courbe avec une sensibilité plus faible en me disant « Bon, on est quand même déjà à des niveaux relativement élevés sur du 2 ans, 2 ans américain par exemple ».
42:06 Et donc voilà. Mais je trouve que le marché obligataire envoie un message de moindre nervosité qu'auparavant. Et ça, c'est quand même un sacré changement.
42:15 Alors après, ben oui, il y a un intérêt pour ce marché. Il faut savoir si on se met long ou pas trop long. Sur les marchés d'action, c'est un peu pareil.
42:23 On voit que les indices sont très bien performés, mais qu'il y a quand même une concentration de la performance en fait aux États-Unis sur la tech et que le reste était en retard.
42:34 — Et sur quelques valeurs en plus de la tech, oui. — Mais le reste est en train de rattraper. Aujourd'hui, si on prend les dernières semaines, ça va plutôt mieux.
42:42 Donc c'est comme si le marché se disait « Bien, finalement, on aura le soft lending et l'économie repartira en 2024 ».
42:52 Moi, je trouve que c'est un peu... Enfin c'est allé un peu vite en besogne. J'ai l'impression que les choses ne sont pas encore là.
42:58 Et puis il y a ce que vous dites sur l'intelligence artificielle. Voilà. En fait, la réponse du marché à la non-compréhension de ce qui se passe sur la productivité,
43:12 c'est dire « Mais tout ça n'est pas grave. L'intelligence artificielle va nous faire de la productivité ». — L'intelligence artificielle. (Rires)
43:17 — Et c'est vrai. Par exemple, il y a McKinsey, une maison sérieuse, qui a sorti un rapport – c'était, je crois, le week-end dernier – qui nous dit
43:26 « Eh bien l'intelligence artificielle, ça peut nous ajouter 3 points de productivité par an entre maintenant et 2040 ».
43:35 — Et ça réglerait le problème de l'inflation, du coup. C'est ce qu'il faut comprendre. — Exact. Et ça réglerait tout. Et j'ai l'impression que le marché
43:41 croit en cela, même si en fait McKinsey dit « L'amélioration sera entre 0,2 et 3 points ». Donc 3 points, c'est vraiment si tout va bien.
43:50 0,2, ça serait bien d'avoir 0,2 en plus. Mais si on voit – et je terminerai comme ça – l'impact sur la productivité des vagues précédentes de la tech,
44:01 que ça soit le micro-ordinateur, que ça soit Internet, on peut dire que c'est plus proche et beaucoup plus proche de 0,2 que de 3.
44:10 — Michel Martinez. — Voir de zéro. — Michel Martinez, très rapidement, qu'est-ce que vous regardez dans le contexte actuel ?
44:16 Effectivement, c'est du côté d'obligataire qu'il faut se positionner ? — Non, pas forcément. Non. Alors nos stratégistes, sur les actions,
44:25 ils ont plutôt une position prudente sur les indices en général et donc préfèrent mettre en avant des thématiques. Donc il y a le tourisme,
44:33 il y a les bancaires, il y a la transition climatique, l'intelligence artificielle, ce type de panier, quoi. Et puis du côté obligataire, pareil,
44:42 on n'est pas très directionnel. C'est un peu l'idée que les banques centrales sont hésitantes. Et donc c'est plutôt des stratégies de spread.
44:50 Et alors pareil, on peut recommander certains spread. Je pourrais vous rentrer dans les détails ou vous demander à nos stratégistes tôt
44:58 et de rentrer dans les détails. Mais c'est... Voilà, il n'y a pas de vue directionnelle forte.
45:04 — Merci beaucoup, messieurs. Merci à Michel Martinez. Merci à Hervé Goulet-Dekker. Et merci à Alain Dubruy de nous avoir accompagnés
45:10 dans Planète Marché. Et quand à nous, on se retrouve tout de suite dans Marché à thème.
45:13 (Générique)
45:23 Et nous enchaînons avec le dernier quart d'heure thématique de Smart Bourse avec Marché à thème, où nous avons le plaisir de retrouver
45:30 au téléphone Wissem Barbouchi. Bonjour, Wissem Barbouchi. — Bonjour, Nicolas.
45:34 — Vous êtes président fondateur d'Aubafrica AM. Vous allez nous accompagner dans cette dernière partie de Smart Bourse pour regarder
45:42 un petit peu les performances des places de marchés africaines. Avant de regarder les performances donc des bourses africaines,
45:49 peut-être un petit mot sur ce premier semestre, sur les économies africaines au premier semestre, Wissem Barbouchi.
45:56 — Oui. Alors un premier semestre qui a été riche d'informations aussi bien sur le plan économique que sur le plan politique.
46:05 Sur le plan économique, alors il y a le SMI qui a revu un petit peu à la baisse les taux de croissance des économies d'Afrique subsaharienne.
46:11 En avril dernier, le taux de croissance a été revu à 3,6 %, avec toujours beaucoup de disparité selon les pays, puisqu'on a toujours
46:19 des pays comme la Côte d'Ivoire ou le Sénégal qui sont à des niveaux supérieurs à 6 %. Ce qu'il faut noter, c'est que cette revue à la baisse,
46:26 elle a eu lieu dans un environnement où l'inflation reste quand même proche de 10 % dans de nombreux pays, mais aussi et surtout
46:33 dans un contexte où les taux de financement ont fortement augmenté ces derniers mois. Et donc on voit bien qu'en Afrique,
46:39 depuis quelques mois, il n'y a plus que beaucoup de pays qui émettent des eurobonds, ce qui a été le cas de nombreux pays africains
46:45 avant le printemps 2022. On voit aussi que dans ce contexte-là, beaucoup de pays comme l'Égypte poursuivent leur politique
46:52 de réservement monétaire, avec des taux qui, dans le cas de l'Égypte, sont aujourd'hui autour de 18 %, et d'autres comme le Maroc,
46:59 qui, malgré une inflation qui reste à des niveaux historiquement élevés, marquent une pause. Ce qu'il faut aussi noter dans ce premier semestre,
47:09 c'est qu'on a eu une élection présidentielle majeure en Afrique, avec l'élection d'un nouveau président au Nigeria, Volodymou Bou,
47:16 qui est du même parti que l'ancien président Buhari. Volodymou Bou a été élu au premier tour, et c'est un président qui, dès son arrivée,
47:27 a voulu réformer très rapidement. Et donc il a mis notamment fin aux subventions pour l'essence, et il a mis fin au mandat du gouverneur
47:35 de la Banque centrale, et plus récemment, il a annoncé la fin de l'intervention de la Banque centrale pour maintenir le NERA contre les autres devises étrangères,
47:42 ce qui a entraîné une baisse du NERA de l'ordre de 35 % contre l'euro, mi-juin, à un niveau où on n'avait pas...
47:49 Enfin, une fluctuation de la devise nigerienne qu'on n'avait pas observée depuis de nombreuses années. Donc ces décisions difficiles sur le court terme
47:57 pour le Nigeria, mais qui de mon point de vue doivent permettre aussi de retrouver une certaine sérénité sur le moyen long terme, et surtout d'attirer
48:04 des capitaux étrangers. – Dans ce contexte, Wissam Barbouchi, qu'est-ce que vous constatez en matière de performances sur les différences
48:12 places de marché côté africaines ? – Alors, les performances de la plupart des bourses africaines sont relativement bonnes, depuis le début de l'année.
48:19 Quasiment toutes sont dans le vert, en devise locale, à l'exception du Kenya, de la Tanzanie, d'Ile-Maurice ou de la BRVM.
48:25 Si on prend l'exemple, par exemple, de la bourse égyptienne, elle a fortement rebondi depuis le début de l'année et depuis la nouvelle dévaluation
48:33 qui avait lieu en janvier. Donc à mi-juin, la bourse égyptienne est à +20% en devise locale. Et au-delà des problématiques liées au change,
48:43 elle a quand même été significativement soutenue par des publications trimestrielles qui ont montré que les entreprises égyptiennes étaient capables
48:49 de maintenir, voire d'augmenter leur niveau de marge dans un environnement marqué par la hausse des coûts de production.
48:54 C'est ce qu'on a vu pour des entreprises comme Cairo Poultry ou MMGroupe que nous suivons depuis plusieurs années.
48:59 Je pense que ce qu'il faut aussi avoir probablement en tête, c'est que ces performances boursières qu'on observe depuis le début de l'année,
49:08 sur certains marchés, elles sont souvent le résultat de performances opérationnelles de certaines entreprises.
49:14 Et parfois, ce qu'on a pu observer dans le cas du Zimbabwe depuis de nombreuses années, aussi un moyen de se réfugier contre des économies
49:23 qui parfois sont particulièrement instables et des devises qui le sont également.
49:27 Il existe également des ETF qui permettent de suivre la performance des marchés cotés africains dans leur ensemble, comme le MSCI Africa.
49:36 Quelle performance pour le premier semestre, Wissam Barbouchi ?
49:39 Alors le MSCI Africa, hors Afrique du Sud, en dollars, est à plus 1,1% à fin mai dernier.
49:46 Donc il est, on va dire, tiré vers le haut par les performances de certains marchés comme le marché égyptien,
49:54 mais tiré vers le bas par la performance du marché kényan qui est à -18% depuis le début de l'année
49:58 et qui est tiré vers le bas notamment par la mauvaise performance de Safaricom.
50:03 Un mot, peut-être un focus spécifique sur la Côte d'Ivoire où vous vous êtes rendu récemment, je crois, Wissam Barbouchi.
50:11 Que peut-on en dire sur les performances boursières, sur l'activité économique au premier semestre ?
50:17 Oui, alors la Côte d'Ivoire et la Bourse régionale des valeurs mobilières de manière générale,
50:21 c'est un territoire que nous apprécions et que nous apprécions depuis longtemps.
50:23 D'une part parce que ce sont des économies en forte croissance,
50:28 d'autre part parce que ce sont des démographies également qui sont en forte croissance avec des classes moyennes qui sont en train d'émerger.
50:34 Alors c'est vrai que nous avons été ravis de retourner physiquement en Côte d'Ivoire.
50:40 Nous n'avons pas pu le faire depuis le Covid et nous avons participé à une conférence organisée par un broker qui s'appelle Hudson à Abidjan
50:47 pour rencontrer une dizaine d'entreprises cotées sur la Bourse régionale des valeurs mobilières.
50:52 On a été relativement rassurés par rapport aux entreprises dans lesquelles nous sommes investis.
50:59 En l'occurrence, nous sommes investis dans des entreprises du secteur de la télécommunication comme la Senatel qui opère majoritairement au Sénégal.
51:07 Nous sommes également présents dans le secteur bancaire avec une société qui s'appelle SGBCI qui est une filiale de la Côte d'Ivoire.
51:13 Ce qu'on constate, et ça c'est un élément positif pour le moyen long terme,
51:18 c'est que dans un marché où les performances sont relativement moins bonnes que les autres marchés africains,
51:27 et une des raisons principales de mon point de vue c'est lié au flux,
51:30 puisque les flux sont moins élevés que sur les autres marchés africains, sur la BRDM,
51:35 on constate que les niveaux de valorisation restent quand même très attractifs,
51:39 beaucoup plus attractifs que dans beaucoup de marchés puisqu'on a un niveau de price-earning ratio aujourd'hui qui est de l'ordre de 8 fois,
51:44 contre de nombreux marchés qui sont plutôt autour de 14-15 fois.
51:48 Et on voit à travers l'application aussi des résultats du premier trimestre que la croissance est toujours là,
51:55 qu'on a des entreprises qui sont capables de manière générale de maintenir leur niveau de marge
52:00 et qui annoncent des perspectives moyen-long terme qui sont très positives pour notre gestion.
52:06 – Donc ça c'était effectivement un focus sur le spécifique au pays de la Côte d'Ivoire
52:12 et à la place de marché en Côte d'Ivoire,
52:14 si on rentre un peu plus dans le détail et si on fait un point de gestion sur le fonds Africa Picking Fund,
52:22 que peut-on dire Wissem Barbouchi ?
52:26 – Alors ce fonds Africa Picking Fund, la nouvelle importante c'est qu'il a,
52:32 vous savez historiquement c'est un fonds qui était sous l'égide de la financière de l'échiquier
52:36 depuis sa création en novembre 2014.
52:39 En mai dernier il a été transféré vers une autre société de gestion qui s'appelle HFG Finance,
52:43 société de gestion qui connaît bien les marchés africains,
52:47 qui est présente historiquement à travers plusieurs fonds, notamment le fonds HFG Globetrotter.
52:51 Et c'est d'ailleurs avec le gérant de ce fonds-là que je me suis rendu en Côte d'Ivoire
52:55 pour rencontrer les entreprises de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières.
52:59 Ce qu'il faut avoir en tête c'est que dans la manière dont les entreprises sont sélectionnées dans ce fonds,
53:04 il n'y a pas de changement fondamental, c'est-à-dire que les entreprises qui sont regardées
53:10 sont toujours des entreprises qui sont en croissance,
53:13 qui doivent bénéficier de l'émergence de la classe moyenne,
53:15 qui sont capables de créer de la valeur sur le moyen et long terme.
53:19 Et puis aussi dans ce transfert chez HFG Finance,
53:27 l'idée aussi c'est de pouvoir bénéficier de la connaissance des marchés africains
53:35 pour pouvoir aussi défléchir ou rencontrer de nouvelles entreprises
53:38 qui à terme pourraient entrer dans le fonds Africa Financial.
53:42 Et pour finir Wissem Barbouchi, alors effectivement quand on veut investir en Afrique sur une place de marché,
53:48 on peut investir dans un certain nombre de pays,
53:51 on peut investir en Côte d'Ivoire, on en a parlé, ou en Égypte,
53:53 vous nous en avez parlé plusieurs fois.
53:55 Quand on est investisseur et qu'on est intéressé par un investissement sur le sol africain,
54:00 sur une des places de marché cotée,
54:02 quelles sont les grandes questions qu'il faut se poser selon vous,
54:04 que ce soit en matière de performance, de contexte économique ou de liquidité ?
54:08 Alors c'est vrai que nous on suit ces marchés-là depuis presque 10 ans
54:11 et évidemment il y a plusieurs éléments qui sont des éléments macroéconomiques
54:15 qu'il faut toujours regarder, la perceptive de croissance des marchés dans lesquels il y a un intérêt,
54:21 évidemment sur le moyen long terme, les sujets liés à la géographie et l'émergence de la classe moyenne,
54:27 mais il faut aussi et toujours regarder les valorisations des entreprises.
54:31 Alors nous depuis le début, c'est vrai que ça a toujours été un cléneau pour nous
54:34 que de s'intéresser aux multiples de valorisation,
54:37 c'est-à-dire qu'on voit bien que dans certains marchés,
54:40 il y a vraiment des anomalies en termes de valorisation,
54:42 c'est encore une fois le cas de la Bourse nationale des valeurs mobilières,
54:45 et peut-être marginalement le cas de la Bourse égyptienne,
54:48 et donc toujours peut-être s'intéresser plutôt aux entreprises qui sont dans le secteur de la consommation,
54:54 parce que c'est elles qui vont bénéficier justement de cette rigueur que j'évoquais à l'instant,
54:58 et peut-être également regarder des entreprises dans le secteur du BTP,
55:03 dans le secteur de la santé, dans le secteur de l'éducation,
55:06 tous ces secteurs-là sont aujourd'hui représentés dans Africa Picking Fund,
55:09 et ce sont des secteurs auxquels nous croyons de manière importante dans la gestion
55:16 qu'il peut y avoir au sein des marchés africains.
55:18 – Alors effectivement, vous avez mentionné un certain nombre de secteurs,
55:21 vous constatez des grandes tendances sur le premier semestre par exemple,
55:24 qui se répliqueraient d'une place de marché à l'autre sur le sol africain ?
55:29 – Alors, les grandes tendances, disons que,
55:31 je ne sais pas si on peut parler de grandes tendances seulement sur le premier semestre,
55:34 il y a certains marchés qui vont par exemple avoir une dynamique assez forte sur les travaux publics,
55:42 je pense encore une fois à la Côte d'Ivoire par exemple,
55:45 qui prépare la Coupe d'Afrique des Nations pour la fin d'année,
55:47 donc c'est vrai que quand vous vous baladez en Côte d'Ivoire, à Bidjan en particulier,
55:51 vous voyez que c'est un pays qui est en chantier,
55:53 avec des ponts qui se construisent, de nouvelles routes qui se construisent,
55:55 donc un dynamisme certain sur des sujets en rapport avec les travaux publics.
56:01 De manière plus générale, j'évoquais la santé ou l'éducation,
56:03 c'est vrai qu'aujourd'hui on constate qu'en Afrique, sur ces deux segments-là,
56:08 il y a encore beaucoup de chemin à parcourir,
56:10 aussi bien dans la construction d'hôpitaux que dans la construction d'écoles privées,
56:14 parce qu'il y a quand même beaucoup d'acteurs dans le secteur privé aujourd'hui,
56:17 dans le secteur de l'éducation, en Afrique du Sud, en Égypte, au Maroc,
56:19 il y a des acteurs qui sont de côté,
56:21 donc il y a encore beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre des niveaux proches
56:26 de ceux que nous pouvons observer dans les économies matures que nous connaissons bien.
56:31 Merci beaucoup Wissem Barbouchi de nous avoir accompagné dans Smart Bourse, dans Marché à Thème.
56:36 Je rappelle que vous êtes président fondateur d'Aube Africa AM.
56:40 Merci beaucoup, merci à vous également de nous avoir suivis.
56:43 Je vous rappelle que vous pouvez retrouver Smart Bourse en replay sur bsmart.fr,
56:46 mais aussi en podcast sur toutes les plateformes de podcast.
56:48 Et quant à moi, je vous donne rendez-vous demain en direct sur Bsmart à midi et demi.
56:52 [Musique]