SMART BOURSE - Emission du mercredi 31 janvier

  • il y a 8 mois
Mercredi 31 janvier 2024, SMART BOURSE reçoit Gilles Guibout (Responsable des actions européennes, AXA IM) , Léa Dauphas (Chef économiste, TAC Economics) , Etienne de Marsac (Directeur, Maunakea Capital) et Nicolas Kieffer (Gérant de portefeuille actions, Montpensier Finance)

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00:00 Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart pour rester à l'écoute
00:13 des marchés chaque jour du lundi au vendredi à 17h.
00:16 Si vous nous suivez en direct pour la grande édition, à retrouver bien sûr en replay
00:20 chaque soir sur bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:25 Au sommaire de cette édition ce soir, le fait du jour, le fait marquant qui est, je
00:30 vais le dire comme ça, l'emblème du renouveau boursier de l'Europe avec Novo Nordisk qui
00:36 devient l'une des rares, l'une des seules exceptions européennes à franchir la barre
00:42 des 500 milliards d'euros ou de dollars de capitalisation boursière.
00:46 L'exploit avait été réussi dans le passé par LVMH seulement jusqu'à présent et Novo
00:52 Nordisk à la faveur des résultats publiés ce matin qui montrent toujours une croissance
00:56 et des perspectives très solides pour ces médicaments dans le diabète et dans l'obésité
01:01 aujourd'hui.
01:02 Novo Nordisk a donc franchi lui aussi ce cap symbolique, historique des 500 milliards de
01:08 capitalisation boursière en Europe, ce qui équivaut à quelques trillions de couronnes
01:12 danoises puisque Novo Nordisk est principalement coté à Copenhague sur le marché danois.
01:18 Novo Nordisk donc en vedette en Europe, face à cela on voit la tech américaine qui ne
01:24 démérite pas, disons les choses clairement, mais qui temporise peut-être un petit peu
01:28 quand on a vu les résultats de Microsoft, d'Alphabet, Google ou encore d'AMD hier soir
01:33 et des réactions de marché plutôt à prendre des profits sur ces valeurs-là après les
01:39 résultats publiés pour ces grands groupes dans l'attente des suivants nous aurons demain
01:45 soir après la clôture de Wall Street les résultats encore d'Apple et d'Amazon dans
01:49 ce groupe des GAFAM.
01:50 La situation de marché reste donc plutôt positive avec ces résultats d'entreprises
01:56 qui soutiennent la tendance.
01:58 On a vu un nouveau record historique ce matin marqué par différents indices boursiers
02:02 et notamment le CAC à Paris, vous aurez les détails dans un instant avec Pauline Grattel.
02:06 Du côté des banques centrales, les premières réunions de l'année se poursuivent avec
02:10 la décision attendue ce soir de la réserve fédérale américaine.
02:14 Est-ce que Jérôme Poel gérera les attentes du marché sachant que la Fed n'a plus touché
02:19 assez tôt depuis le mois de juillet dernier ? Est-ce que la pause touche bientôt à sa
02:24 fin ? Est-ce que Jérôme Poel tentera encore de repousser les attentes des investisseurs
02:30 ou est-ce qu'il faut garder désormais les options ouvertes sur la table notamment pour
02:34 les prochains meetings et pour le prochain qui se déroulera les 19 et 20 mars de cette
02:39 année ? Voilà donc pour les sujets dont nous discuterons dans quelques instants avec
02:42 nos invités de Planète Marché et puis dans le dernier quart d'heure, quart d'heure
02:45 thématique, nous parlerons climat, stratégie climat et c'est Nicolas Kieffer, gérant
02:49 chez Montpensier Finance, notamment gérant du fonds M-Climate Solutions qui sera avec
02:53 nous en plateau à partir de 17h45.
02:55 Avant d'accueillir nos invités, les infos clés du jour sur les marchés, c'est avec
03:09 Pauline Grattel.
03:10 Le CAC signe un nouveau plus haut historique à plus de 7700 points au cours de la séance.
03:17 Les investisseurs saluent le ralentissement de l'inflation en France à 3,4% sur un
03:23 an, en données harmonisées.
03:25 En décembre, elle s'élevait à +4,1%.
03:29 Côté allemand, l'inflation ralentit plus que prévu à 3,1% en rythme annuel contre
03:35 3,8% le mois précédent, à noter également une faiblesse persistante de la consommation
03:41 en Allemagne avec des ventes au détail qui reculent d'1,6% en décembre sur un mois.
03:47 Aux Etats-Unis, avant la décision de la Fed, les investisseurs ont pris connaissance des
03:51 créations d'emplois dans le secteur privé qui ressortent à 107 000 contre 150 000
03:57 attendus selon le cabinet ADP.
03:59 L'autre grosse info du jour se passe du côté des résultats d'entreprises.
04:03 Le groupe pharmaceutique Novo Nordisk dépasse les 500 milliards d'euros de capitalisation
04:09 boursière.
04:10 Seul LVMH avait franchi ce cap en Europe.
04:13 L'entreprise publie un bénéfice net supérieur aux attentes en hausse de 51% et prévoit
04:19 des chiffres encore meilleurs pour 2024.
04:21 Le chiffre d'affaires de Novo Nordisk bondit de 31% grâce à ses produits contre le diabète
04:27 et l'obésité.
04:28 Des annonces saluées par le marché, le titre gagne autour de 5%.
04:32 A Wall Street, parlons tech.
04:35 Alphabet déçoit les investisseurs malgré des revenus et bénéfices supérieurs aux
04:40 attentes.
04:41 Les ventes publicitaires de Google sont elles ressorties inférieures aux estimations.
04:46 Le titre perd 5%.
04:47 Microsoft publie des résultats trimestriels supérieurs aux attentes mais la hausse des
04:52 investissements liés à l'intelligence artificielle freine les investisseurs.
04:56 Le titre cède 1%.
04:58 A noter également dans le secteur des semi-conducteurs, déception sur AMD avec une prévision de
05:05 chiffre d'affaires inférieur aux attentes pour le prochain trimestre.
05:08 Le titre ouvre en baisse de 2,5%.
05:11 En France, pour Seb, c'est bien.
05:14 L'entreprise relève ses perspectives de croissance pour 2023 et anticipe une progression
05:19 de plus de 15%.
05:20 Seb gagne plus de 6% au cours de la séance.
05:23 Côté prêt-à-porter, H&M change de directeur général après un ralentissement des ventes
05:29 dans un marché très concurrentiel.
05:31 L'action chute de 9% à Stockholm.
05:34 Demain, en zone euro, les investisseurs prendront connaissance du taux de chômage en décembre
05:39 ainsi que de l'estimation rapide de l'inflation pour janvier.
05:42 Côté banque centrale, la décision de la Banque d'Angleterre est attendue demain.
05:46 Enfin, les résultats d'entreprises Apple et Amazon seront publiés demain soir.
05:52 Tendance mon ami, chaque soir les infos clés de marché avec Pauline Grattel en ouverture
05:57 de Smartbord sur Bismarck.
05:59 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
06:12 Léa Dauphaz nous accompagne ce soir, chef économiste chez TAC Economics.
06:15 Bonsoir Léa.
06:16 Bonsoir Grégoire.
06:17 Merci d'être là.
06:18 Merci à Gilles Guiboud de nous accompagner également.
06:20 Bonsoir Gilles.
06:21 Merci à vous d'être responsable de la gestion actions européennes d'AXA-IM et
06:25 Etienne de Marsac à nos côtés également ce soir.
06:27 Bonsoir Etienne.
06:28 Bonsoir Grégoire.
06:29 Vous êtes désormais directeur de la SICAV Monachéa Capital qui est spécialisé dans
06:36 la dette émergente.
06:37 Mon père sur la dette émergente.
06:38 La dette émergente.
06:39 Etienne de Marsac donc avec nous également.
06:43 Quelques sujets globales macro peut-être effectivement pour commencer avec notamment
06:47 la décision de la Fed ce soir.
06:50 La question étant, est-ce que Jérôme Poel, jusqu'où Jérôme Poel ira dans l'idée
06:57 de repousser les anticipations de marché ? Est-ce que tous les meetings à partir de
07:01 celui de ce soir seront des meetings ouverts, live comme on dit dans le jargon des banquiers
07:06 centraux pour une première baisse de taux ? Léa.
07:10 Alors en tout cas, ça appuierait le message que les banques centrales sont désormais
07:14 data-dependent.
07:15 Quand on a des chiffrages d'inflation, d'accélération, de croissance qui se tiennent et qu'on sait
07:21 qu'on a aujourd'hui des banques centrales qui sont sur-restrictives, nous on a une
07:25 sorte de taux neutre en fait.
07:26 La Fed devrait retourner à 4%.
07:28 On est à peu près à 150 BP de marge.
07:32 Donc dans ce contexte-là et dans ce sens-là, oui, tous les meetings hormis celui de ce
07:38 soir sont à peu près ouverts pour des premières baisses de taux.
07:40 On a quand même plutôt un scénario de baisse de taux sur le Q2 pour principalement deux
07:45 raisons.
07:46 La première, c'est qu'on a quand même une forte résilience encore de la macro-américaine
07:52 qui continue de nous surprendre avec le risque qu'on ait du sous-jacent avec une inflation
07:57 qui certes décélère mais reste quand même inerte sur certains types de biens dans un
08:01 environnement en plus qui est assez volatile avec des problématiques plutôt haussière
08:06 inflation que baissière inflation.
08:07 Le risque qu'on baisse trop tôt aujourd'hui et on doit à un moment ou à un autre arrêter
08:12 ou remonter parce que les pressions inflationnistes reviennent, parce que l'économie se tient
08:16 en fait beaucoup mieux que ce qu'on attendait.
08:18 Et ça, le scénario stop and go, c'est ce qu'ils veulent absolument éviter.
08:22 Exactement.
08:23 Donc c'est plutôt l'idée, est-ce qu'on est aujourd'hui à deux mois près pour entamer
08:28 une première baisse, sachant que de toute manière une grosse partie de la baisse est
08:31 déjà anticipée si on regarde la courbe de taux.
08:34 Et que, est-ce qu'on fait une baisse en mars ou en mai, on sera en fait fixé au mois
08:40 de février et que le jour des deux meetings, le mouvement c'est toujours pareil.
08:45 Ce soir, ils ne savent pas, ce soir les membres de la FED, s'ils vont baisser en mars, en
08:50 mai ou plus tard.
08:52 La logique moyen terme et ce côté prudence en même temps que le data des plans de la
08:56 FED voudrait dire, on n'est pas à deux mois près et attendons d'avoir un Q2 dans
09:01 lequel on ait une vision un peu plus forte des tensions inflationnistes sous-jacentes
09:04 et de la dynamique macro.
09:05 Le risque quand même qu'on a, c'est avec 200 000 créations d'emplois en continu,
09:09 on ait une croissance via la conso qui reste toujours éveillante, un effet revenu qui
09:13 s'entretienne et donc au final une surchauffe de l'économie, enfin une surchauffe en tout
09:18 cas, une reprise de l'économie en sous-jacent alors qu'on n'a pas assez assoupli la politique
09:23 monétaire.
09:24 Donc c'est un peu ce côté-là qui fait dire aujourd'hui, attention à de la prudence
09:28 et c'est un peu le même discours qu'on peut avoir sur l'ensemble des banques centrales.
09:31 Oui, les portes de Mars sont ouvertes pour la Fed et pour la BCE parce qu'effectivement
09:37 l'inflation décélère plus vite qu'attendue et que les situations macro pour la Fed permettent
09:42 d'avoir de la marge parce que ça tient et pour la BCE c'est suffisamment à tône et
09:47 anémique pour qu'on puisse mettre un petit soutien monétaire.
09:50 Maintenant, il y a quand même beaucoup d'incertitudes encore dans les scénarios et dans une logique
09:55 de data dependence et dans une logique de prudence, ça paraît aussi plus cohérent
09:58 d'attendre un Q2 plutôt que d'accélérer vite au Q1, quitte à créer ensuite les conditions
10:03 d'une retour de l'inflation sur 2025.
10:05 La Fed, comment vous regardez ça ? Évidemment, Étienne, quel est le niveau de confiance
10:11 qu'on peut percevoir du côté de la Fed et de la BCE dans l'équilibre des risques
10:16 notamment ? Et est-ce que Jérôme Powell doit tenter de fermer le plus possible la
10:22 porte à une baisse de taux dès le prochain meeting du mois de mars ? Ou est-ce que la
10:27 communication peut être beaucoup plus ouverte encore de ce point de vue-là ?
10:30 Je pense que la Fed a démontré une certaine flexibilité dans sa communication et peut-être
10:34 que ce soir on peut au moins attendre une légère altération de son expression et de
10:40 son wording dans le sens d'un équilibre de la balance des risques.
10:44 C'est-à-dire que globalement, la politique monétaire est à un niveau neutre, ce qui
10:48 pourrait être dit ou en tout cas sous-entendu dans l'emploi des mots de ce soir, ce qui
10:55 permettrait au marché de continuer à anticiper sans pour autant sur-anticiper cette logique
11:00 dans laquelle le marché s'est inscrit, à savoir l'anticipation d'entre 130 et 160
11:04 basis points de baisse de taux d'ici à la fin de l'année.
11:10 Néanmoins, les risques, notamment les risques d'une baisse des taux de manière beaucoup
11:17 trop anticipée existent et à ce titre-là, je trouve que le mantra de soft lending est
11:22 un mantra qui a du mal à décrire l'état actuel du cycle US qui n'est ni en train
11:30 d'atterrir ni en train d'être sorti.
11:32 Il part sur la lune quoi ?
11:33 On continue à être dans une logique d'expansion au regard d'un certain nombre de critères
11:39 qui sont des critères qui sont tangibles et qui sont quantitatifs.
11:42 23 a été une année d'accélération de la croissance américaine.
11:45 Là on est encore sur des niveaux de croissance, de croissance de +3,3 trimestre après trimestre
11:52 et on est surtout au plein emploi, c'est-à-dire un taux d'emploi ou un taux de chômage qui
11:57 est de 3,70.
11:58 Et d'ailleurs, je note que dans les chiffres récents, l'indicateur de est-ce qu'il est
12:05 facile ou compliqué de revenir à l'emploi, donc l'indicateur "Jobs Hard to Get", cet
12:10 indicateur il baisse brutalement et il est extrêmement bien corrélé avec le taux de
12:13 chômage américain.
12:14 Ce qui peut vouloir dire que dans les semaines et les mois qui viennent, attention, on ne
12:18 va pas avoir une remontée progressive du taux de chômage mais une poursuite de sa
12:23 baisse ou pourquoi pas une stagnation sur les niveaux qui sont des niveaux de 3,70,
12:28 qui ne sont pas du tout compatibles avec des niveaux de récession ni avec des niveaux
12:31 de soft lending.
12:32 Donc vous avez un taux de chômage qui est le signe, finalement quand même, c'est le
12:39 signe qui emporte tous les débats, c'est-à-dire que vous n'avez pas de remontée du taux
12:42 de chômage ou en tout cas toujours pas.
12:44 Vous avez des excess savings qui sont bien plus élevés qu'on ne le pensait, c'est-à-dire
12:50 les économistes et les stratégistes et moi-même on pensait en fait que la récession elle
12:53 serait atteinte fin 2023 sur fond d'épuisement des excess savings.
12:58 En réalité il y en a beaucoup plus et ils baissent avec une vitesse qui est plus lente.
13:02 Donc en fait vous pouvez reporter d'un an l'atterrissage vers un niveau de zéro des
13:06 excess savings qui sont de l'ordre de 500 milliards, le consommateur américain a l'air
13:09 de les épuiser à une vitesse de 50 à 75 milliards par mois.
13:14 Donc vous continuez à avoir du potentiel de consommation et je pense que la Fed doit
13:18 faire très attention au niveau de liquidités investies en monnaie market fund, investies
13:24 en déposits de bancaire, investies en treasuries court terme qui sont sensibles à la baisse
13:28 de taux et je termine, c'est-à-dire que si vous baissez les taux de 100 BP ou de 75
13:33 BP, vous pouvez parier sur le redéploiement soit dans la consommation, soit dans la sphère
13:37 réelle effectivement de ces liquidités et là vous avez une vague d'inflation de deuxième
13:42 tour, un deuxième effet potentiel.
13:44 J'entends le point, j'entends les risques et on est tous...
13:47 Ce qu'a délivré l'économie américaine en 23 est spectaculaire tant sur le plan de
13:52 la croissance que sur le plan de la désinflation parce que tout ce que vous dites là c'est
13:56 quand même accompagné par une désinflation beaucoup plus rapide encore que ce qui était
14:00 prévu par la réserve fédérale américaine.
14:03 Le but, c'est ce que j'ai compris des derniers discours de Jérôme Poel, de ces premières
14:08 baisses de taux en tout cas et pas de venir soutenir une économie qui serait au bord
14:13 du gouffre.
14:14 Ce n'est pas du tout ça, c'est juste se réadapter à la situation de l'inflation aujourd'hui
14:19 qui n'est plus celle d'il y a 12 ou 18 mois, que ce soit en niveau et que ce soit même
14:24 en termes de dynamique.
14:25 Oui, effectivement, mais vous êtes quand même dans une sphère de réactivité ou de
14:32 circularité très élevée entre la baisse des taux, le pricing des marchés financiers
14:37 et la consommation.
14:39 Ça c'est le premier point.
14:40 Et le deuxième point, c'est effectivement cette forme d'altération de ce qu'on appelle
14:45 la fonction de réaction de la Fed.
14:46 Donc qu'est-ce que c'est ? C'est effectivement la Fed qui dit "job is done" sur l'inflation
14:49 en gros.
14:50 Donc on adapte nos niveaux de taux qui sont probablement un peu trop restrictifs compte
14:57 tenu de l'inflation et on se recale sur la haute poudre de gappe.
15:00 On regarde la haute poudre de gappe et on se dit "ben tiens, finalement, on est peut-être
15:03 dans une forme de décélération de la haute poudre de gappe, mais ce n'est pas sûr".
15:06 Et le point c'est attention à ne pas trop recalibrer sa fonction de réaction sur la
15:11 haute poudre de gappe compte tenu d'un cycle qui pour le moment continue, se prolonge et
15:15 ne montre aucun signe de faiblesse.
15:17 Et donc cette recalibration de la formule de Taylor est vraisemblablement peut-être
15:21 un petit peu trop tôt dans le temps.
15:23 Bon, on est toujours là à débattre du calendrier des baisses de taux, Gilles.
15:28 Est-ce que c'est encore un sujet pour vous, les investisseurs actions, ou est-ce que c'est
15:33 un facteur désormais qui s'estompe un petit peu puisque tout le monde a en tête, je le
15:37 disais que la Fed n'avait pas bougé ses taux depuis juillet, tout le monde a en tête
15:40 que le prochain mouvement, que ce soit mars, mai ou plus tard, sera un mouvement à la
15:43 baisse ?
15:44 Alors, effectivement, tout le monde a en tête que ce sera un mouvement à la baisse.
15:47 Néanmoins, ce que disait précédemment Léa, c'est qu'effectivement on est dans une
15:52 situation potentiellement de 150 BP cette année.
15:54 Et moi ce qui m'intéresse c'est de voir quel est l'impact en fait sur les marchés
15:57 actions.
15:58 Et en réalité ce qu'on a pu voir c'est que le marché actions il a déjà assez largement
16:02 réagi, on l'a vu avec le rebond qu'on a pu observer à partir de l'annonce de la
16:06 stabilisation du pic sur les taux à partir du mois de fin octobre en fait.
16:10 Le marché s'est forgé sa conviction là-dessus, bien sûr.
16:12 On a eu une remontée absolument phénoménale des marchés actions pour retrouver des plus
16:16 hauts et continuer à faire des plus hauts tous les jours.
16:18 Donc le risque à mon sens, il est plus potentiellement à la baisse pour les marchés actions dans
16:24 le sens où effectivement on a anticipé une baisse de 150 BP cette année.
16:29 Si on devait repousser la baisse des taux de un ou deux mois, peut-être que les marchés
16:33 pourraient être déçus en se disant finalement il y a un peu moins de baisse de taux que
16:36 ce qu'on avait anticipé et qu'on avait pricé dans le rebond des marchés actions.
16:40 Alors on peut le dire de deux manières, soit parce que ça a un impact négatif sur le
16:47 multiple de valorisation, mais à l'inverse, ça peut être en partie compensé en réalité
16:54 par des résultats d'entreprise qui seraient meilleurs.
16:57 Ça entretient l'illusion nominale, ça entretient un peu d'effet inflationniste supplémentaire
17:02 sur les chiffres d'affaires et in fine sur les marges de certaines entreprises et de
17:05 certains secteurs.
17:06 Et ça traduit en fait aussi, c'est aussi l'illustration qu'en fait on a des résultats
17:10 d'entreprise et ce qu'on a commencé à avoir avec un certain nombre de résultats
17:13 qui sont, malgré quelques petites déceptions, qui sont quand même encore de très bonnes
17:17 factures et quand on écoute le ton des entreprises, on a commencé à avoir des conférences,
17:22 on a pu rencontrer plusieurs entreprises depuis le début du mois de janvier, le ton reste
17:29 quand même étonnamment confiant, je voulais dire, y compris pour des boîtes européennes.
17:33 Donc c'est là où on se dit, finalement si on reste confiant et que l'économie semble
17:40 bien tenir, il est peut-être un peu tôt pour baisser les taux, mais là-dessus moi
17:44 je ne suis pas économiste, je ne me prononcerai pas, je dis juste que si on ne les baisse
17:47 pas, ça peut créer une déception et avoir un impact sur notamment les titres qui avaient
17:52 le plus profité de cette anticipation qui étaient les titres à duration longue, en
17:57 tout cas sur la partie la tech, où on avait eu cette inflation de multiple qu'on avait
18:00 vu se mettre en place depuis deux mois et demi.
18:04 Maintenant, sur les résultats d'entreprise, ce n'est pas nécessairement la politique
18:10 de taux qui va avoir un impact.
18:12 Donc la réaction à court terme, elle est à mon avis plus potentiellement légèrement
18:16 à la baisse qu'à la hausse parce qu'on a déjà anticipé beaucoup de choses.
18:18 Léa, je comprends si Jérôme Powell, franchement l'économie américaine encore une fois est
18:24 dans un fauteuil aujourd'hui, le soft lending, le no lending c'est maintenant, le no soft
18:31 no lending c'est maintenant.
18:33 La situation est forcément et est toujours différente pour la banque centrale européenne.
18:38 Si Powell n'a pas d'urgence à baisser les taux, on a quand même le sentiment que pour
18:42 la BCE, plus le temps passe et plus les données tombent, plus on se dit le plus tôt sera
18:47 le mieux quand même.
18:48 Alors moi, je n'ai pas cette sensation sur l'Europe.
18:51 Il y a deux choses.
18:53 Le premier, c'est que tout le monde s'attend à ce que la situation se dégrade nettement
18:57 en Europe par rapport à ce qu'on connaît aujourd'hui.
18:59 Alors qu'en réalité, si on prend le sous-jacent de la zone euro, on a plutôt un effet de désinflation
19:06 qui va se mettre en place, une banque centrale qui dans tous les cas arrête d'augmenter
19:10 avec un passage de la politique monétaire qui est plus rapide en zone euro qu'aux États-Unis.
19:15 Et nous, on a des arbres et des modèles de décision, donc on ne fait pas d'hypothèse.
19:19 Ce qu'indiquent les arbres de décision, c'est qu'effectivement à court terme, tant qu'on
19:23 est dans une dynamique de confiance faible en zone euro, on ne va pas avoir d'impulsion
19:27 et ce qui manque à la zone euro, c'est l'impulsion globale du commerce mondial des États-Unis.
19:32 Donc on est plutôt dans une année où effectivement à court terme, c'est plutôt médiocre
19:35 et ça tourne autour de la situation actuelle.
19:38 Les chiffres du Q4 montrent effectivement une baisse de la demande domestique qui est
19:41 un sujet, mais on peut espérer que quelque part au premier semestre, la baisse de l'inflation
19:47 et encore une fois un marché du travail qui se tient en Europe, n'emmène pas l'Europe
19:51 vers des niveaux de récession très forts.
19:53 On resterait plutôt sur des seuils de récession technique une bonne partie du premier semestre.
19:57 Et au deuxième semestre, on est plutôt impulsion, commerce mondial, reprise extérieure, rebond
20:02 américain et dynamique globale qui là aussi soutiennent la zone euro.
20:09 Donc certes, on a des données d'enquête qui ne sont pas bonnes, il y a une forte hétérogénéité
20:14 des pays, je n'aurais pas le même scénario zone euro qu'Allemagne ou Espagne, mais je
20:19 pense qu'il y a quand même un bashing zone euro assez fort, alors que c'est plutôt
20:24 une situation qui est certes médiocre, mais dans laquelle les facteurs d'amélioration
20:28 sont plus présents en ce début d'année 2024 que ce qu'on a connu en 2023.
20:32 C'est pour ça que je suis un peu plus "positive".
20:35 Nous on a un scénario de 0,5% de croissance en zone euro cette année et on est plutôt
20:41 autour de 1,5%-2% aux Etats-Unis, donc c'est un grand différentiel.
20:45 Et ça c'est une situation qui peut justifier le maintien d'un taux de dépôt directeur
20:50 effectif à 4% ?
20:52 Aux Etats-Unis, on a à peu près 150 BP de décalage entre là où ça devrait être.
20:57 En zone euro, on a à peu près 50 BP de décalage entre le trop restrictif de la BCE et là
21:02 où ça devrait aller.
21:03 Donc c'est certes trop restrictif, mais pas de beaucoup.
21:06 En tout cas, nettement moins que ce qu'on voit aux Etats-Unis.
21:08 Avec là aussi, si on se fie au discours de Christine Lagarde, on a quelque chose qui
21:14 est beaucoup plus clair en zone euro, dans lequel on s'attend à avoir une décélération
21:18 au moins visible dans les datas, des salaires, du coût du travail, etc.
21:25 Donc en zone euro, ouvrir la porte pour mars, ça voudrait dire qu'effectivement on a
21:30 une poursuite de la décélération de l'inflation, on a une situation conjoncturelle qui continue
21:36 de se dégrader et on voit tout un sous-jacent qui entretient la décélération de l'inflation.
21:45 Si tous ces phénomènes-là se mettaient en place, pourquoi pas avoir une baisse ?
21:50 Ça paraît compliqué et ça paraît compliqué sur un décalage BCE-FED.
21:57 Traditionnellement, la séquence FED-BCE serait assez logique, d'autant plus là avec le
22:02 calendrier qui est un peu à part, mais nous on garde la porte ouverte, donc c'est plutôt
22:05 juin pour la BCE.
22:06 Si effectivement on avait un couloir de bonnes nouvelles, pourquoi pas l'avancer, d'autant
22:11 plus si la FED l'avance, mais on reste encore pour l'instant, en tout cas faisons le pari
22:15 du data dependence, attendons de voir les données sur la désinflation avant de pricer
22:20 trop tôt la BCE.
22:21 C'est ce que vous disiez sur les entreprises européennes cotées, on parle de cet univers-là
22:24 avec vous Gilles, il y a encore une relative confiance.
22:29 Qu'est-ce qu'on peut dire peut-être des secteurs ou des entreprises qui commencent
22:34 quand même à être confrontées à un problème de demande ? Est-ce qu'à l'inverse il y
22:38 a encore des secteurs qui sont encore dans des questionnements sur l'offre, que ce soit
22:43 en termes d'offres de travail, de main-d'oeuvre, que ce soit sur des chaînes logistiques,
22:48 etc.
22:49 Ce qu'on a pu voir c'est que là où on avait des points de faiblesse, y compris
22:52 aux Etats-Unis, c'était ce qui était exposé aux consommateurs et on va dire aux consommateurs
22:58 le moins aisés.
22:59 Là où on retrouve un consommateur aisé, on n'a qu'à regarder les chiffres de Richemont,
23:06 de LVMH ou de Xenia ce matin, on a beaucoup moins de sujets.
23:13 Les chiffres de Starbucks étaient quand même d'un peu moins bonne facture.
23:17 Donc sur la consommation, on voit bien qu'on a des messages qui ne sont pas très nets.
23:23 En revanche, là où...
23:26 Et en fait la France, l'Europe, la zone euro sur la partie consommation, surtout à l'international,
23:33 elle est beaucoup plus positionnée sur la partie haut de gamme.
23:35 Et là où elle est sur la partie bas de gamme, on a vu Puma, c'était pas terrible.
23:42 En revanche, là où l'Europe est assez présente, c'est sur la partie industrielle.
23:47 Et en fait, la partie industrielle, on s'aperçoit que celle-là bénéficie en Europe, mais
23:54 également aux Etats-Unis, de tous les plans de relance, de tous les plans de soutien.
23:59 On avait aux Etats-Unis pour 1 700 milliards de plans d'investissement entre le Build Back
24:05 Better America, le Chipsack, l'ARA.
24:09 Mais là maintenant, on parle d'un nouveau plan pour soutenir les semi-conducteurs aux
24:14 Etats-Unis.
24:15 En Europe, même si c'est compliqué la mise en place, j'étais la semaine dernière
24:20 en Italie, on voit qu'ils ont quand même retravaillé tout le programme de Repower
24:25 You et des soutiens européens pour essayer de flécher les dépenses d'investissement
24:32 en Italie beaucoup plus rapidement, en les confiant beaucoup plus aux entreprises qui
24:37 étaient capables de les gérer, donc essentiellement aux entreprises d'infrastructures, que ce
24:43 soit RFI, que ce soit Terna.
24:44 Et donc, on voit quand même tout ça, ça vient soutenir l'activité.
24:49 Et en réalité, les messages qu'on a pu avoir de ces entreprises qui sont liées au
24:53 CapEx sont encore finalement assez constructifs.
24:58 Alors bien sûr, on peut avoir ici et là des signes de relâchement, mais dans le même
25:04 temps, ce qu'on peut voir, c'est qu'un certain nombre de secteurs qui avaient souffert
25:07 notamment des phénomènes de déstockage tout au long de l'année dernière, en réalité,
25:12 on arrive au bout du déstockage et donc on a une normalisation de la demande.
25:15 Et donc, en fait, le réalignement entre le sell-in, ce qu'on appelle le sell-in, et
25:21 le sell-out provoque en fait une amélioration.
25:24 Et donc, tous ces éléments qui se mettent en place font qu'en fait, on a des perspectives
25:30 pour l'année qui ne sont pas si mauvaises que ça, d'autant que si je comprends bien
25:35 ce que me disent les économistes chez moi, et ce n'est pas forcément quelque chose
25:40 que j'avais en tête, c'est qu'en réalité, même en Europe, la situation du consommateur
25:44 s'améliore puisqu'en fait, on va retrouver au cours de l'année une hausse du pouvoir
25:49 d'achat.
25:50 - Alors, est-ce que ça suffit ? Est-ce que ça suffit à changer la perception et à
25:53 modifier la psychologie et à refiner les comportements des consommateurs ?
25:57 - Mais la perception finalement, elle n'est pas si mauvaise que ça.
25:59 - Parce que là aussi, il y a beaucoup de stock d'épargne, mais on est en train de
26:02 se demander si ce n'est pas du patrimoine figé maintenant, d'une certaine manière.
26:05 - Alors, pour la consommation, mais en attendant, on a quand même, ce qu'on peut voir, c'est
26:09 que cette réligion de l'économie, elle provient aussi de ces plans d'investissement qui font
26:13 que s'ils continuent à se développer, ça devrait permettre de redonner peut-être
26:17 un peu de confiance.
26:18 Il y a sans doute un cas particulier pour l'Allemagne, qui est effectivement sur un
26:22 modèle d'économie qui n'est sans doute pas forcément le plus en ligne avec les besoins
26:27 du moment.
26:28 - C'est bien dit.
26:29 - Mais c'est un problème spécifique à l'Allemagne.
26:32 - Oui, je comprends.
26:33 Qu'est-ce que ça implique pour la sphère émergente ? Si on revient à l'idée quand
26:37 même de baisse de taux devant nous, notamment par la Fed, au-delà du calendrier.
26:41 Etienne, qu'est-ce que ça implique pour des grandes économies émergentes ? C'est
26:47 un soulagement qui est attendu.
26:49 Est-ce que des grandes banques centrales émergentes ont déjà pris les devants en anticipant
26:53 ce qu'allait faire la réserve fédérale américaine ?
26:56 - C'est une très bonne question.
26:58 Déjà, on peut rappeler que les points de départ en termes de niveau d'inflation ne
27:03 sont pas les mêmes.
27:04 La synchronisation dans la désinflation n'est pas la même.
27:07 Le mouvement de baisse de taux est déjà enclenché dans certains pays d'Amérique
27:11 latine, par exemple le Brésil, pour ne pas le citer.
27:14 Ce qui déjà alimente ou peut potentiellement alimenter des inflows, donc des flux porteurs,
27:21 ou en tout cas donner l'impression d'un univers qui serait plus intéressant.
27:25 Le deuxième point, c'est qu'effectivement on a tendance à lier dette des pays émergents
27:29 et activité de la Fed.
27:31 Des débats que l'on a entre nous, on comprend que les baisses de taux de la Fed de grande
27:38 ampleur ne sont pas imminentes.
27:40 C'est plutôt sur des baisses de taux de faible amplitude ou en tout cas une forme
27:44 de stabilité qui pourrait continuer.
27:46 Et ça c'est très porteur pour le refinancement, notamment le refinancement des pays émergents.
27:52 Et les pays émergents qui ont déjà très largement entamé ou diminué leur dépendance
27:57 aux taux américains.
27:58 Et le troisième point, c'est qu'il y a des histoires qui sont spécifiques, comme
28:02 celle de l'Argentine par exemple.
28:04 L'Argentine qui subit un véritable choc de libéralisme, choc de libéralisme qui
28:10 pourrait inspirer certains pays comme le nôtre, notamment récemment.
28:15 Et qui sont des cas d'investissement, d'autant plus que depuis les deux dernières
28:19 années vous avez eu 120 milliards de sorties d'investisseurs dans les dettes émergentes,
28:25 ce qui correspond à un extréma depuis 25 ans.
28:29 Et donc finalement vous vous retrouvez avec un univers qui est peut-être un peu porteur.
28:32 Des cas spécifiques qui sont intéressants et dignes d'études.
28:36 Et puis un univers qui est en bonne santé et sous-investi en flux.
28:43 Et donc là ça crée un cas d'investissement qui est, me semble-t-il, favorable pour les
28:48 mois et peut-être les années à venir.
28:50 Sur l'Argentine spécifique, on est déjà convaincu qu'il y a de la valeur intéressante
28:56 dans des obligations argentines, sur ces marchés argentins.
29:00 Il vient d'arriver quand même Ravir Millei.
29:03 Et bon, il peut être un peu surprenant dans la méthode, etc.
29:08 Et puis surtout, est-ce qu'il pourra délivrer autant que ce qu'il montre à l'image avec
29:14 le symbole de la tronçonneuse ?
29:15 Non mais il y a quand même derrière lui, il n'y a peut-être pas grand monde.
29:21 Parce que le monde retient le symbole de la tronçonneuse pour en faire un clown ou quelqu'un
29:26 de...
29:27 Pas du tout.
29:28 La question étant, est-ce qu'il aura les moyens et le soutien pour délivrer ce qu'il
29:33 affiche au visage du monde ?
29:35 Déjà, il a le soutien des États-Unis, ce qui est quand même un soutien qui est de
29:38 bonne ampleur.
29:39 Et deuxièmement, pour répondre à votre question de la solvabilité, vous touchez des bonds,
29:46 des obligations qui valent 40% du paire et qui payent régulièrement leurs coupons.
29:50 Ce qui veut dire que pour l'investisseur, vous avez un taux de rendement actuariel qui
29:55 est très élevé et en tous les cas, dans cet univers où finalement on cherche à trouver
30:00 le potentiel haussier des marchés à action, le potentiel baissier des taux d'intérêt,
30:04 qu'ils soient des taux d'intérêt d'État dans les économies développées ou les taux
30:08 d'intérêt du secteur privé qui sont très largement contractés, notamment au dernier
30:13 trimestre de 2023, et bien peut-être que les pays émergents bien gérés peuvent apporter
30:20 une réponse à ce souci de "Où est-ce que je fais du...
30:25 Où est-ce que je trouve du coupon ?"
30:26 - Les 40% du paire sur une obligation argentine, c'est un plancher.
30:27 - Ah bah oui, enfin ça peut...
30:28 - Oui, non parce que je n'en sais rien.
30:29 - Ou alors on va tomber dans des logiques de restructuration et pour l'instant c'est...
30:33 - Ce n'est pas le sujet.
30:34 Ce n'est pas encore à nouveau le sujet pour l'Argentine.
30:36 - Pas du tout.
30:37 - Pas du tout.
30:38 Pas du tout.
30:39 De l'Argentine à la Chine, il faut qu'on en dise un mot, Léa.
30:42 Bon, sur l'Argentine, si vous avez un commentaire, vous suivez la sphère émergente toujours
30:46 très précisément.
30:47 - Je dirais qu'il faut faire attention au risque pays au-delà des niveaux de paire
30:50 ou autre et qu'il y a une forte logique risque pays à prendre en plus du potentiel, notamment
30:54 pour l'Argentine.
30:55 - Sur la Chine, qu'en est-il justement du risque chinois à ce stade ? Est-ce qu'il
31:01 y a l'idée d'un plancher, un plancher macro, un plancher de marché également avec des
31:06 efforts continus ?
31:08 - Ceci étant dit, pardon, c'est très exactement le risque pays qui rend les obligations attractives
31:12 sur ces niveaux.
31:13 - Intéressant.
31:14 - C'est le code postal effectivement qui fait qu'elles sont à ces niveaux de valeur
31:18 intéressants pour vous aujourd'hui.
31:19 Je continue sur la Chine, est-ce qu'il y a un plancher macro et pour les marchés chinois
31:25 également ?
31:26 - En soi, je vais faire la même réponse que sur la zone euro.
31:30 Pareil, pas si surprise que ça de ce qui se passe aujourd'hui en Chine.
31:33 On est dans la décroissance structurelle de l'économie chinoise avec une forte volatilité
31:39 sur la logique conjoncturelle.
31:41 On avait une problématique 2023 de surcapacité de production face à une faiblesse de la
31:46 confiance et du consommateur qui met du temps à être établi dans un environnement qui
31:50 en plus est compliqué avec l'ajustement qu'on connaît de toute la logique immobilière.
31:54 Donc c'est une année qui va être compliquée.
31:56 On est plutôt, nous, sur une croissance qui est autour de 4,5% sur 2024, qui est située
32:03 autour du consensus.
32:04 Voyons le chiffre que les autorités émettent sur cette année.
32:09 Pour nous, c'est vraiment ce qui s'est passé l'année dernière et la poursuite de ce qui
32:12 se passe cette année.
32:13 C'est une ligne de crête.
32:14 On est sur un désengagement, un démantèlement du secteur immobilier et du "deleveraging"
32:20 de ce secteur-là, qui implique nécessitement des défaillances, des défauts en chaîne
32:25 dans un secteur bancaire qui est fragile, qui a en tout cas une propension à intégrer
32:33 un choc fort sur l'économie de manière complexe.
32:38 Donc les autorités sont sur une ligne de crête.
32:41 Ça avait été le cas l'année dernière, c'est encore le cas sur cette année.
32:44 Elles ont normalement les capacités à la fois politiques et financières de le régler,
32:49 mais c'est une année qui va être compliquée et que de toute manière il y a un sous-jacent
32:52 déjà structurel qui est fort.
32:55 On rajoute du conjoncturel avec un choc immobilier.
32:57 On sait que de toute manière on coche des situations qui sont compliquées, mais encore
33:03 une fois les autorités ont la capacité de contrôle suffisante pour réussir cet
33:06 apprentissage.
33:07 J'entends ici et là certains investisseurs qui commencent à rêver d'une espèce de
33:11 panique stimulus.
33:12 C'est-à-dire que ça va tellement mal, y compris sur le plan boursier, qu'il faut
33:15 quand même à un moment mettre des interventions un peu plus massives pour stopper l'hémorragie
33:22 et peut-être ramener un filet de croissance supplémentaire.
33:26 Ça fait combien de temps qu'on discute de la Chine ?
33:30 Depuis 2008.
33:31 Depuis 2008 on a cette idée en tête que la Chine pourrait relancer massivement si
33:37 nécessaire à chaque crise.
33:39 Elle a toujours tenu cette ligne de crède et cette ligne de contrôle.
33:44 Il doit y avoir ce "deleveraging" quel que soit l'ajustement conjoncturel.
33:49 La conjoncture va diminuer parce que ce délégement n'est plus voulu et on gère cette ligne
33:54 de crède de cette manière-là.
33:55 Là où il y aura un stimulus significatif, c'est effectivement si on dégénère sur
34:00 un risque bancaire où là il y aura un soutien.
34:03 Pour l'instant entre les effets d'annonce, la réouverture aux investisseurs étrangers
34:08 ou autres, on est déjà dans une approche où on ouvre un peu.
34:11 Il y a eu des sujets sur les logiques locales dans lesquelles là aussi on ajuste.
34:17 Donc il y a du stimuli à droite, à gauche qui se met en place.
34:21 Pour l'instant il est suffisant pour mettre ça.
34:24 S'il y a besoin, oui il y aura, mais on est sur cette ligne de crède.
34:27 On n'attend pas une impulsion majeure à arriver à court terme qui va repartir sur
34:31 des chiffres forts de l'accrochement, de toute manière elle est dans une logique
34:33 structurelle de décélération.
34:35 Que disent les entreprises à ce stade, sur celles qui opèrent en Chine bien sûr, et
34:39 qu'est-ce que la situation macroéconomique chinoise implique pour des secteurs qui sont
34:43 très liés peut-être aussi encore à cette dynamique chinoise ?
34:46 Alors aujourd'hui la thématique chinoise, on la voit surtout pour les sociétés européennes
34:53 au travers des discussions sur notamment la concurrence chinoise, puisque effectivement
35:02 cette baisse d'utilisation des capacités de production en interne fait qu'il y a
35:05 une velléité à exporter pour maintenir les niveaux de capacité de production à
35:08 des niveaux élevés, et donc sur les sujets de concurrence déloyale ou pas...
35:14 Pour saturer notre capacité de production il faut qu'on exporte nos voitures.
35:17 Et donc on est prêt à le faire, y compris à vil prix.
35:21 Donc là il y a des sujets auxquels il va falloir répondre pour savoir si c'est des
35:25 conditions ou pas.
35:26 Maintenant sur l'activité en Chine, il y a effectivement des signes de ralentissement,
35:32 mais c'est pas non plus complètement le désastre quand on regarde, je pense à des sociétés
35:35 comme Schneider, qui sont, quand on est exposé aux bons segments, qui sont toujours ceux
35:43 de l'électrification, de la digitalisation, on a quand même des besoins qui sont...
35:47 C'est le pays dans le monde qui investit le plus dans ce sens-là.
35:50 Et donc effectivement ces sociétés-là continuent à bien se porter.
35:56 Sur le luxe, on a eu effectivement des rebonds qui étaient moins importants peut-être qu'attendus,
36:02 mais néanmoins on retrouve des niveaux de croissance, des niveaux de vente absolue qui
36:07 sont intéressants.
36:08 C'est ce qu'on voyait également ce matin chez Xenia.
36:12 Et donc la Chine n'est pas morte.
36:16 Hier soir, il y avait beaucoup d'inquiétude sur les résultats de Cèbre, en fait la bonne
36:22 surprise venait justement de la Chine, notamment sur le marché du café professionnel.
36:28 Donc il y a encore de la vitalité.
36:31 Maintenant ce qui est vrai, c'est que vu qu'il n'y a pas de système de protection sociale
36:34 ou de retraite, une partie des économies sont liées au secteur immobilier, et forcément
36:41 ça pèse sur le sentiment.
36:43 Oui, avec en plus un marché boursier qui pouvait aussi servir de petite cassette pour
36:50 la retraite.
36:51 Donc il y a des freins, mais c'est en ça que, d'une manière plus générale, c'est
36:55 en ça que nous on aime bien le marché des actions européennes, parce que quasiment
37:01 de manière structurelle, c'est un marché qui est très diversifié.
37:04 Donc on a un peu d'exposition en Chine, mais on n'a pas que de la Chine, parce que quand
37:10 on a de l'exposition en Chine, on a généralement aussi de l'exposition américaine, parce
37:14 que, et ça c'est à mon sens le point fort des sociétés européennes, c'est que le
37:17 fait d'avoir dû aller chercher des marchés à l'export pour essayer de grandir, en réalité
37:24 ça les a obligés à avoir des produits qui soient concurrentiels, compétitifs, et que
37:28 là où elles sont encore actives, en réalité on a des sociétés qui sont souvent très
37:34 efficaces, très efficientes.
37:35 Et cette diversification, c'est exactement ce qu'on recherche quand on veut investir
37:39 en actions.
37:40 Et par nature, les sociétés européennes, pour moi, offrent un attrait qui aujourd'hui
37:45 n'est certainement pas reconnu quand on regarde leur niveau de valorisation.
37:49 Et c'est assez marrant, c'est que la décote du marché européen par rapport au marché
37:53 américain n'a jamais été aussi importante, alors même que la part de chiffre d'affaires
37:57 des sociétés européennes n'a jamais été aussi importante, on est à 55%, on était
38:01 à moins de 40 il y a 15 ans.
38:03 Donc là aussi, on parlait de l'Argentine, mais elles sont victimes aussi du code postal
38:09 européen.
38:10 En partie, oui.
38:11 Parce que l'écart, le gap entre la croissance américaine, le potentiel américain et le
38:16 potentiel économique européen, de ce point de vue-là, il est indéniable.
38:20 Mais on associe ces entreprises à la fragilité économique de l'Europe alors que ce n'est
38:26 pas leur sujet pour beaucoup d'entre elles.
38:27 Ce n'est pas le sujet.
38:28 En ouverture, vous parliez des résultats de Novo Nordisk.
38:31 On va en parler, oui.
38:32 Vient, Novo Nordisk, ils ne vendent pas le GLP1, que ce soit le Wigowi ou l'Olympique,
38:37 ils ne le vendent pas en Europe.
38:38 Leur premier marché, c'est le marché américain.
38:39 Mais ils le produisent chez nous.
38:40 C'est bien.
38:41 Ils le produisent chez nous.
38:42 C'est pour ça que je décrète que c'est l'emblème du renouveau boursier européen.
38:45 Mais c'est la même chose pour LVMH qui vend aujourd'hui plus de 30% sur le marché américain.
38:52 Donc ces sociétés-là, aujourd'hui, elles profitent de ces débouchés-là.
38:56 Ce qui est intéressant, c'est que…
39:00 Et donc, il y a une partie de leur décote qui est liée au fait qu'elles sont cotées
39:04 sur des places boursières européennes.
39:06 Où elles sont localisées…
39:08 L'évidence…
39:09 La meilleure preuve, c'est ce qui s'est passé cette année.
39:13 On a eu un certain nombre de sociétés qui ont décidé de se délister du marché européen
39:17 pour aller se coter aux États-Unis.
39:18 Je pense à l'INDE.
39:19 Il y a l'INDE, on a eu CRH.
39:21 Et systématiquement, ça s'est traduit par un re-rating.
39:25 On a eu CRH dans le ciment, on a eu CNH plus récemment dans les tracteurs.
39:30 Et une des questions qui se pourraient se poser, c'est que des sociétés qui sont
39:36 très largement exposées, ou pour lesquelles le marché américain est le premier marché…
39:39 On pourrait prendre le cas de Stellantis.
39:41 Aujourd'hui, c'est un groupe qui est en bien meilleure forme que Ford et GM.
39:46 Il a une décote de 30% !
39:47 Sans raison !
39:49 Donc ça doit, à mon sens, soulever des questions.
39:56 Et la réalité, une des raisons pour lesquelles aujourd'hui on a cette décote, c'est
40:01 parce qu'en Europe, on n'a plus d'actionnaires de long terme.
40:04 C'est un vrai sujet.
40:07 On n'a plus d'investisseurs de long terme.
40:08 On a des actionnaires de passage.
40:11 On a des actionnaires de passage, on répond et on n'a qu'à voir la volatilité des
40:16 cours sur les annonces de résultats.
40:18 On est aux mains des Hedge Funds, ce qui est un bon sens.
40:21 Donc aujourd'hui, il serait urgent de pouvoir se poser la question de savoir s'il faut
40:26 des fonds souverains, des fonds de pension, ou revoir la régulation d'un certain nombre
40:31 d'industries qui, aujourd'hui…
40:32 Il y a des efforts permanents qui sont faits, il y a des efforts de place qui sont faits,
40:38 des initiatives type J-Wald pour soutenir certains secteurs tristypiques avec des investisseurs
40:42 cornerstone, comme on dit, etc.
40:44 Mais ça ne sert à rien !
40:45 Si vous n'avez pas la main mise sur votre passif…
40:49 Oui, j'entends.
40:50 Si vous gérez des fonds pour compte de tiers et que vos porteurs peuvent partir le jour
40:55 le lendemain, en aucun cas vous ne pouvez devenir actionnaire de long terme, ou en tout
40:59 cas sur une très petite portion.
41:00 Novo, est-ce que c'est cher ou pas ? Et si oui, de combien ?
41:05 On a eu un parcours boursier qui était effectivement très surprenant.
41:11 Oui, en absolu, à l'instant T, c'est cher.
41:13 Maintenant, si la croissance continue sur le rythme qui sont annoncés, ils ont annoncé
41:19 pour les perspectives pour 2024, c'est une croissance des résultats opérationnels entre
41:24 23 et 28%.
41:25 Je rappelle, ils sont contraints dans leur croissance.
41:27 Ils n'arrivent pas à servir toute la demande et tout le marché adressable sur leurs nouveaux
41:31 produits.
41:32 Le titre, à l'instant T, est sans doute un peu cher.
41:35 Moi, ce qui aurait tendance à m'alerter sur un titre comme Novo Nordisk, c'est un
41:43 titre qu'on regarde depuis longtemps, qu'on a pu avoir dans les portefeuilles depuis
41:45 longtemps, c'est qu'un peu avec un bon sens paysan, c'est que quand c'est un titre
41:52 dont tout le monde vous parle et qui était dans les titres des journaux de 20h, je me
42:01 dis qu'il y a un tout petit peu d'excitation pour des bonnes raisons.
42:05 Le marché est énorme.
42:06 Mais que du coup, si on regarde les flux, en fait aujourd'hui, on peut se demander
42:09 qui n'a pas de Novo Nordisk en portefeuille.
42:11 Le point c'est lequel ? C'est-à-dire, à partir du moment où tout le monde en a déjà,
42:17 en réalité, vous êtes plus sensible marginalement à la mauvaise nouvelle qu'à la bonne nouvelle.
42:21 Et donc, c'est plus une position tactique qu'une position fondamentale.
42:26 Si la question c'est à 3-5 ans, pour l'instant, il n'y a pas de concurrent véritable, on
42:31 pourra se poser la question de savoir s'il ne va pas y avoir un moment des baisses des
42:33 prix et du coup pour la collectivité de ce type de traitement.
42:36 Mais voilà, il y a quand même aujourd'hui une convergence des flux sur ce type.
42:42 Peut-être un pic de hype quoi.
42:43 Comme pour Nvidia, on parle beaucoup de LVMH aussi, toujours.
42:47 Mais oui, on a vu que LVMH a pu connaître un petit coup d'air.
42:53 Dernière question, Étienne.
42:55 Est-ce qu'il y a un avant, un après la baisse de taux de la Fed pour les marchés ? Comment
42:59 se comporte le marché jusqu'à la première baisse de taux de la Fed et comment il se
43:03 comporte ensuite ?
43:05 Ça c'est une question que je n'avais pas réfléchie.
43:08 Alors attendez.
43:09 Ah bon ?
43:10 Non mais c'est…
43:11 Bah non mais je… c'est bon.
43:12 C'est-à-dire qu'en fait vous avez deux choses.
43:13 Vous avez la baisse de taux et est-ce que la baisse de taux annonce des baisses de taux
43:15 supplémentaires ? Donc ce n'est pas juste un one-off 25 BP.
43:18 Tout dépend de la nature de la baisse de taux alors.
43:20 Voilà, c'est le signe de…
43:22 Mais tel qu'on l'imagine aujourd'hui.
43:24 C'est le détente.
43:25 On est dans des marchés qui sont extrêmement digitaux, c'est-à-dire qui s'emballent
43:29 à la moindre nouvelle sans rationalité ou sans modération.
43:32 On peut parier que 25 BP serait dans le mindset des investisseurs le signe d'un démarrage,
43:39 d'un long signe de baisse de taux, enfin signe de baisse de taux qui sera amené à
43:44 être violemment corrigé par la suite.
43:46 D'accord.
43:47 Vous voyez donc on peut très bien avoir une phase d'emballement au début avant une
43:51 brutale prise de conscience que ça n'est pas du tout le cas.
43:54 Merci à vous trois.
43:56 Merci pour vos éclairages apportés à la situation des marchés aujourd'hui.
44:00 Étienne Demarsac, Monaco et la capitale, Gilles Guibou, AXA-IM et Léa Dauphaz, Stacks
44:05 économiques, c'était les invités de Planète Marché.
44:06 Le dernier quart d'heure de Smartboard, c'est le quart d'heure thématique.
44:20 Le thème ce soir, c'est celui du climat.
44:22 Comment investir dans une stratégie climat dédiée au climat et à l'amélioration ?
44:28 On l'espère du climat.
44:31 Nicolas Kieffer est avec nous en plateau, gérant chez Mon Pensier Finance et gérant
44:34 notamment chez Mon Pensier du fonds M-Climate Solutions.
44:37 Bonsoir Nicolas.
44:38 Bonsoir Grégoire.
44:39 Merci beaucoup d'être avec nous.
44:40 Bon, le fonds a marqué ses quatre ans en toute fin d'année dernière, c'est ça Nicolas ?
44:44 Je voulais qu'on revienne à travers l'existence du fonds sur comment cette thématique climat
44:50 a été chahutée quand même ces dernières années.
44:52 Il y a eu 2020, 2021 alors qui ont été des années extrêmement porteuses pour la thématique
44:58 climat et le fonds en avait particulièrement bien profité.
45:02 Et puis bien sûr le contre-coût notamment 2022, une partie de 2023 sans doute également.
45:09 Qu'est-ce qu'on peut dire de cette séquence de quelques années et où est-ce qu'on en
45:14 est aujourd'hui quand vous regardez votre univers d'investissement et la valorisation
45:18 de cet univers d'investissement Nicolas ?
45:20 En effet, c'est vrai qu'on a eu quatre ans de recul, ça permet quand même d'avoir
45:25 une bonne image.
45:26 Effectivement, une année 2020 formidable, un début 2021, je dirais même 15 jours en
45:32 2021 qui ont été encore formidables.
45:34 Puis à partir de là, des discours sur les taux des banques centrales qui étaient plutôt
45:39 en notre défaveur.
45:41 Si je dois résumer, parce que c'est très long quand même, trois ans à résumer, donc
45:46 deux-trois années compliquées pour la thématique.
45:51 Deux éléments, deux explications.
45:54 Le premier élément, je dirais que c'est les taux évidemment sur beaucoup de variables
46:02 s'ajouent sur les valorisations des sociétés qui sont profilées croissance évidemment.
46:07 On actualise les flux futurs donc forcément la valeur présente diminue.
46:11 Opérationnellement, ça s'est vu un petit peu plus tard, je dirais même 2023 sur les
46:19 sociétés, sur les projets puisque les financements étaient plus difficiles à avoir, sur les
46:25 taux de rendement qui étaient moins intéressants que dans le passé.
46:27 Donc ça, ça a joué énormément sur la thématique et on le voit, on a une corrélation qui est
46:31 parfaite avec l'inverse des taux.
46:33 Deuxième élément, ça c'est également plutôt sur l'année 2023, un IRA, un Inflation
46:41 Reduction Act aux Etats-Unis qui prend un peu plus de temps que prévu avec des éléments
46:49 qui sont difficiles à avoir pour les sociétés, pour même les particuliers.
46:54 Et donc forcément, même effet que les taux, des décalages de projets puisque les sociétés,
46:59 en attendant plus de visibilité sur les subventions, sur les crédits d'impôt, ont décidé de
47:06 décaler leurs...
47:07 Ce n'est pas aussi fluide que ça, vous dites, parce qu'on regarde les Etats-Unis pour suivre
47:12 la boussole américaine.
47:13 C'est vrai qu'une des caractéristiques quand même du plan, c'est de fonctionner avec des
47:17 incentives, on loue la fluidité, la vitesse, la rapidité de déploiement du plan IRA qui
47:23 a d'ailleurs dépassé les dimensions qu'on pouvait imaginer au départ.
47:27 Mais quand on regarde un peu dans le détail et au cas par cas, il y a quand même des
47:31 histoires de friction, il y a quand même des décalages, vous dites, de projets et
47:35 de l'argent qui n'arrive pas tout de suite, aussi vite que ce qu'on pouvait imaginer pour
47:38 certaines entreprises en tout cas.
47:39 Et on parle d'entreprises de taille mondiale, je ne parle pas de la PME du coin qui se battrait
47:43 face à l'administration américaine.
47:45 Exactement, c'est en fait, puisque le déploiement, il est principalement fiscal.
47:50 Et le problème, c'est qu'on a un RSI, donc une administration fiscale aux Etats-Unis
47:54 qui est très lente, très compliquée.
47:57 C'est vraiment une black box.
48:00 Et c'est cette administration qui met beaucoup de temps à déployer justement les différents
48:07 éléments du fameux Green Deal de Biden.
48:12 Si on revient sur les valorisations, donc effectivement, je ne parlerai pas des valorisations
48:17 de 2020, on en est très très loin.
48:19 Mais si on prend, donc pour être extrêmement concret, je ne vais pas prendre le fond, mais
48:23 je vais prendre un indice que tout le monde regarde qui est le S&P Global Clean Energy,
48:27 qui est celui que tout le monde regarde, qui rassemble, on va dire, toutes les grandes
48:30 thématiques qu'on peut aborder.
48:32 Et cet indice se paye aujourd'hui aussi cher que le MSCI World, 18 fois les BPA 12 mois.
48:40 Ce qui est quand même historique, on n'a pas vu ces niveaux depuis 2018.
48:44 En face de ça, on peut mettre la croissance des BPA attendus sur les 12 prochains mois.
48:49 Le MSCI World, on est autour de +6%.
48:51 Sur cet indice, en moyenne, on est à +16%.
48:54 Donc on se paye le même prix pour une croissance attendue qui est deux fois et demie, voire
48:59 trois fois supérieure à celle de l'indice global.
49:01 Clairement, il y a quelque chose.
49:03 À côté de ça, donc maintenant, les perspectives éventuellement.
49:07 Donc on est, je pense, à un point d'inflexion assez important.
49:11 Qu'est-ce qui se passe ? Les taux, je pense que le consensus de marché, je pense qu'il
49:18 est dans le même sens.
49:19 On est sur six baisses de taux, je crois, attendues en moyenne, autour de 130-140 BP
49:26 de baisses des taux.
49:27 Une première baisse des taux qui pourrait arriver en juin.
49:30 Donc clairement, autant c'était un frein sur les dernières années.
49:35 Vous dites, comme on a eu la séquence de hausse des taux et comme on a vu l'impact
49:39 d'abord à travers les valorisations, ensuite sur les résultats opérationnels des entreprises,
49:43 en tout cas à travers le coût de financement des projets, notamment d'infrastructures,
49:47 etc.
49:48 Vous dites, là, on va avoir la même séquence en sens inverse.
49:50 Il n'y a pas de raison.
49:52 Mathématiquement, c'est ce que nous disent sur le terrain tous les acteurs.
49:56 Clairement, boursièrement d'abord, puis opérationnellement ensuite, on va avoir un
50:00 effet.
50:01 C'est évident.
50:02 Ça, c'est un premier point.
50:03 Je reprends le point des US, de l'ARA et des élections, parce que forcément, on va
50:10 avoir de la volatilité autour des différentes campagnes, autour des différents sondages,
50:16 etc.
50:17 Le scénario de base aujourd'hui, c'est que la feuille de route de l'ARA ne devrait
50:22 pas énormément changer de celle qu'on a vue en 2022.
50:25 Maintenant, si on regarde un peu sur le terrain, évidemment, les Républicains ont beaucoup
50:30 parlé de « on va supprimer ça, on va supprimer ça, etc.
50:32 » Si on regarde la section 45X, qui est justement le crédit d'impôt, les subventions
50:40 pour les sociétés qui vont produire sur le sol américain, etc., plus de 60% des
50:47 États qui ont ratifié ces lois sont Républicains.
50:51 25% sont des swing states.
50:53 Donc, le reste, c'est démocrate.
50:54 Près de 90%, c'est Républicain ou swing state.
50:58 Je pense que pour un Républicain, il n'y a pas intérêt à faire machinerie.
51:02 C'est sûr.
51:03 Une des caractéristiques du fonds et de la stratégie, je reviens à votre fonds M Climate
51:10 Solutions, c'est toujours l'idée que ce qui est important dans la stratégie que vous
51:14 menez, c'est la part verte du chiffre d'affaires généré par l'entreprise et ce n'est pas
51:21 tant la dimension de CAPEX vert ou de CAPEX dédié au vert.
51:25 Et ça, c'est une ligne de conduite qui tient depuis le début, Nicolas.
51:28 On a lancé ce fonds il y a 4 ans autour d'un label qui est extrêmement strict, qui est
51:34 structurant pour le fonds, qui s'appelle le label Greenfin.
51:36 C'est un label français qui introduit un certain nombre de notions.
51:40 Le ministère de la Transition, c'est ça ?
51:42 Exactement.
51:43 Ce n'est pas le ministère de l'Économie comme le label ISR.
51:45 Il y a une bataille, effectivement.
51:46 Il y a deux labels.
51:47 Un hébergé par le ministère de la Transition et un hébergé par Vertic et le label ISR.
51:51 Et donc, dans les multiples notions que ce label introduit, on a cette fameuse part
51:56 verte qui est en fait le pourcentage de chiffre d'affaires dans des activités qui contribuent
52:02 à la transition écologique et énergétique.
52:04 Elles sont en nombre de 8 au niveau du label.
52:07 On en a identifié plusieurs.
52:09 Et donc, cette part verte, c'est vraiment structurant pour le fonds.
52:13 Pourquoi ? Puisqu'on vise clairement les sociétés qui apportent aujourd'hui des
52:18 solutions au reste du monde pour aider les autres entreprises à se décarboner.
52:23 La notion de CAPEX, ça va plutôt être pour les stratégies qui visent la transition,
52:28 des acteurs qui sont dans une optique de transition, ce qui n'est pas notre cas.
52:32 Nous, on va vraiment investir dans les solutions d'aujourd'hui.
52:35 C'est extrêmement important.
52:36 Ensuite, dans la façon dont on aborde cette thématique, il y a souvent le plus évident,
52:42 c'est vraiment l'énergie, sauf que c'est qu'une partie de la problématique.
52:47 Donc déjà, on va avoir évidemment un segment sur l'énergie, la production et la consommation.
52:53 La production va accompagner le développement du renouvelable à travers toute la chaîne
52:58 de valeur, que ce soit les développeurs opérateurs, les producteurs de matériaux, etc.
53:06 Dans la consommation, on va être surtout tous les acteurs dans l'efficience énergétique,
53:12 le bâtiment, qui, je le rappelle, c'est 30% quand même des émissions de gaz à effet de serre.
53:17 Ensuite, on va avoir un deuxième segment qui va être sur le transport alternatif,
53:23 donc le véhicule électrique en partie.
53:25 Mais évidemment, le plus évident, on va parler des fabricants de véhicules électriques,
53:30 sauf qu'aujourd'hui, on l'a vu...
53:32 L'écosystème, bien sûr.
53:33 Voilà.
53:34 Et je pense que boursièrement, dernièrement, il valait mieux être plutôt sur l'écosystème
53:38 que sur le producteur, on l'a vu avec Tesla, avec BYD, etc.
53:43 Et donc, nous, notre notion de transport, ça va plutôt être sur l'infrastructure
53:47 que sur le producteur de véhicules électriques, qui est une notion assez compliquée en tant
53:53 que stock picker, en tant que gérant, d'investir dans le leader de demain.
53:58 C'est très compliqué.
54:00 Autant investir sur l'infrastructure, qui sera obligatoire sur les prochaines années.
54:05 Et donc, on a un certain nombre d'acteurs qui vont s'occuper des solutions de recharge,
54:10 de borne de recharge pour véhicules électriques, ou tout ce qui est câblage, électrification,
54:14 par exemple.
54:15 Et il y a déjà, sur la partie borne, notamment, pour un investisseur coté, en action coté,
54:21 il y a déjà un marché, il y a déjà un peu de profondeur, il y a déjà des entreprises
54:25 cotées avec un track record de la rentabilité, en tout cas, dans lesquelles on peut investir
54:30 en tant qu'investisseur professionnel de l'univers boursier.
54:34 Oui, bien sûr.
54:35 Alors, on a plusieurs acteurs dans notre univers.
54:38 Nous, on a investi dans un acteur qui s'appelle Alfen, une entreprise néerlandaise qui n'est
54:44 pas un pur player des bornes de recharge.
54:47 Historiquement, ils étaient dans les smart grids.
54:48 C'est une société qui existe depuis des dizaines d'années, qui était dans les smart
54:51 grids, donc la gestion intelligente des réseaux électriques, et qui a justement profité
54:57 de cette expertise sur les smart grids pour développer une expertise dans les solutions
55:03 de borne de recharge et dans le stockage d'énergie.
55:06 Donc nous, évidemment, ce système de borne de recharge, ça nous intéresse particulièrement.
55:10 C'est un métier qui représentait à peine 10% du chiffre d'affaires il y a quelques
55:14 années, qui a aujourd'hui dépassé le métier historique de smart grids et qui est aujourd'hui
55:19 le métier principal de la société.
55:21 Et c'est une société qui était historiquement leader aux Pays-Bas et qui est aujourd'hui
55:26 en train de manger tous les marchés en termes de parts de marché européens.
55:31 Donc ça, c'est une société qui peut reposer sur le côté défensif des smart grids, même
55:37 avec un peu de croissance, et le potentiel très fort sur le stockage d'énergie et sur
55:43 la recharge de véhicules électriques.
55:45 C'est un potentiel leader européen sur le déploiement de borne de recharge, c'est ça ?
55:49 Oui, c'est ça.
55:50 Et puis, troisième vecteur, c'est la préservation du capital terrestre.
55:54 La préservation du capital terrestre, où on va s'intéresser particulièrement aux
55:57 solutions innovantes, notamment sur l'eau et les déchets.
56:00 Et donc, par exemple, l'eau, on va investir dans Xylem, qui est une société américaine
56:06 qui est le leader dans toutes les solutions innovantes sur énormément de secteurs, que
56:12 ce soit le traitement d'eau municipale, que ce soit l'industrie ou l'agriculture, par
56:19 exemple.
56:20 Je rappelle, c'est 70% de la consommation d'eau mondiale, c'est l'agriculture.
56:23 Et clairement, investir dans ces solutions innovantes, c'est clairement un vrai levier
56:28 pour nous.
56:29 Et dans les déchets, par exemple, on va s'intéresser non pas à la collecte de déchets municipaux,
56:34 mais plus à des acteurs qui vont faire de la revalorisation énergétique des déchets,
56:38 qui vont prendre une matière peu noble pour en faire une matière première pour l'industrie
56:42 pharmaceutique, pour les biocarburants, etc.
56:45 Merci beaucoup, Nicolas.
56:47 Merci d'être venu nous parler de la stratégie climat que vous défendez depuis 4 ans maintenant
56:51 chez Mon Pensier Finance.
56:52 Le fonds s'appelle M-Climate Solutions.
56:54 Nicolas Kieffer, gérant chez Mon Pensier, était avec nous.
56:57 L'invité de ce quart d'heure thématique de Smart Bourg ce soir sur Bsmart.
57:01 Bonne soirée.