SMART BOURSE - Emission du jeudi 25 janvier

  • il y a 7 mois
Jeudi 25 janvier 2024, SMART BOURSE reçoit Alexandre Baradez (Chef analyste, IG) , Alexandre Taieb (Gérant-analyste, Sycomore AM) , Gilles Moëc (Chef économiste, Groupe Axa) et Nicolas Goetzmann (Responsable de la stratégie Macroéconomique, Financière de la Cité)
Transcript
00:00 *Générique*
00:08 Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bismarck pour rester à l'écoute des marchés
00:13 chaque jour à 17h en direct pour la grande édition, le soir évidemment à retrouver en replay sur Bismarck.fr
00:20 ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:23 Au sommaire de cette édition ce soir, grosse journée pour les investisseurs
00:27 entre la réunion de la BCE, la publication de la croissance américaine et les résultats.
00:32 Si on prend les choses dans l'ordre, on aura un message confirmé de la part de Christine Lagarde
00:37 cet après-midi sans grande surprise.
00:40 Les banquiers centraux se sont tellement exprimés la semaine dernière à l'occasion du forum économique de Davos
00:45 que le risque d'avoir une surprise en matière de communication était quand même très limité.
00:49 A ce stade aujourd'hui pour la Banque Centrale Européenne, il y a toujours des risques baissiers sur la croissance,
00:55 des risques toujours à la hausse peut-être sur l'inflation en raison de la géopolitique,
01:01 en raison de la dynamique des salaires.
01:05 Voilà le message qui a été à nouveau rappelé par Christine Lagarde
01:09 qui n'a toutefois pas montré beaucoup plus de ferveur pour repousser l'idée de prochaines baisses de taux.
01:16 Les baisses de taux à ce stade sont prématurées, répète la présidente de la BCE
01:21 mais elle n'a pas cherché à être beaucoup plus alente dans l'idée qu'il n'y aurait pas de baisses de taux dans un futur proche.
01:28 Ainsi les marchés conservent l'idée qu'il y aura des baisses de taux sans doute d'ici cet été
01:34 avec un calendrier de réunion bien identifié évidemment.
01:38 La prochaine réunion sera une réunion clé d'ailleurs, la réunion du mois de mars
01:42 avec les nouvelles projections économiques du staff de la BCE
01:45 et deux publications d'inflation qu'on aura eues pour le mois de janvier et pour le mois de février.
01:51 Mars pourrait donc être la réunion qui permettrait un pivot de la BCE
01:55 ou en tout cas une précision sur le calendrier des futures baisses de taux.
01:59 Voilà ce qu'on pouvait dire de ce côté-là, discussion avec nos invités évidemment dans un instant.
02:03 L'autre gros événement du jour c'est cette croissance américaine et cette économie américaine
02:08 qui est véritablement dans un sweet spot avec une croissance supérieure au potentiel
02:13 encore sur le quatrième trimestre, +3,3% en rythme trimestriel annualisé.
02:18 Sur l'ensemble de 2023 par rapport à 2022 la croissance s'établit à 2,5%
02:24 supérieur à celle de 2022, on était à moins de 2% de croissance aux Etats-Unis en 2022.
02:29 Et du côté des prix de l'inflation l'indice Corp PCE sur le quatrième trimestre
02:33 est inchangé par rapport au trimestre précédent à 2% pile.
02:38 C'est donc la Fed dans un fauteuil à ce stade avec une économie américaine
02:44 qui est parfaitement sur son train d'atterrissage et sa piste d'atterrissage à ce stade.
02:50 Les marchés réagissent plutôt positivement, on a même vu les taux se détendre un petit peu
02:55 après cette publication de la croissance américaine.
02:57 Et les actions qui continuent de progresser aux Etats-Unis et qui ont remonté très nettement en Europe
03:02 pour finir proche de l'équilibre, vous aurez le détail de cette séance dans un instant avec Pauline Grattel.
03:07 Et puis l'autre sujet du moment ce sont les résultats d'entreprises avec parmi les faits du jour
03:13 le décrochage de Tesla, un titre qui baisse de plus de 10% désormais
03:17 après l'ouverture des marchés américains, après la publication des derniers résultats du groupe.
03:32 Avant d'accueillir nos invités, les infos clés du jour sur les marchés, le détail avec Pauline Grattel.
03:38 À la une aujourd'hui, la réunion de la Banque centrale européenne et la croissance aux Etats-Unis
03:43 qui ressort plus élevée qu'attendue. Sans surprise, la BCE maintient son principal taux directeur inchangé à 4%.
03:51 Christine Lagarde a rappelé que les taux d'intérêt directeur de la BCE se situent à des niveaux
03:56 qui maintenus pendant une durée suffisamment longue contribueront à atteindre l'objectif d'inflation de 2%.
04:02 Après la réunion, on a vu les rendements obligataires reculer et l'euro se renforcer un petit peu.
04:07 Autre info importante du jour, le PIB américain ressort en croissance à 3,3% au quatrième trimestre en rythme annuel
04:14 contre 2% anticipé. On note le soutien des dépenses personnelles de consommation.
04:19 Elles augmentent de 2,8%, là aussi des chiffres supérieurs aux attentes du consensus.
04:25 Au global, la croissance américaine augmente à 2,5% en 2023 après 1,9% l'année précédente.
04:33 Du côté des résultats, Tesla, la première entreprise des 7 magnifiques à publier, sort des chiffres inférieurs aux attentes.
04:39 La marge brute de Tesla a diminué plus que prévu sur la période d'octobre à décembre en rythme annuel.
04:45 Le marché ne salue pas cette perte de vitesse. Le titre décroche de quasiment 10% à l'ouverture.
04:51 Elon Musk, lui, parle d'une entreprise entre deux vagues de croissance.
04:56 Les résultats de STMicro Electronics ressortent également inférieurs à ses propres prévisions.
05:01 En plus de cela, STMicro anticipe une baisse de plus de 15% de ses revenus sur un an.
05:07 Ces résultats n'enthousiasment pas les investisseurs et le titre perd 2%.
05:11 Publicis annonce investir 300 millions d'euros sur trois ans dans l'intelligence artificielle.
05:16 Ce nouvel investissement dans l'IA est salué par le marché. Publicis gagne 3% et c'est le leader du jour sur le CAC.
05:24 Côté chinois, les marchés poursuivent le rebond entamé en début de semaine avec une hausse encore de 2% ce matin à Hong Kong.
05:31 Demain, les investisseurs arbitreront les résultats de LVMH publiés ce soir.
05:36 Côté macro, les investisseurs prendront connaissance des revenus et des dépenses des ménages aux Etats-Unis pour décembre
05:42 ainsi que de l'indice Core PCE très regardé par la Fed.
05:46 Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse, les infos clés du jour sur les marchés avec Pauline Grattel sur Bsmart.
05:53 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
06:06 Alexandre Taieb est à nos côtés, gérant chez Sicomore Asset Management.
06:10 Bonsoir Alexandre. - Bonsoir Gaillois.
06:12 Merci d'être là. L'autre Alexandre ce soir avec nous, c'est Alexandre Baradez.
06:15 Bonsoir Alexandre. - Bonsoir Gaillois.
06:17 Ravi de vous retrouver. Vous êtes chef analyste chez IG et Nicolas Gotsman également à nos côtés.
06:21 Bonsoir Nicolas. - Bonsoir.
06:23 Merci beaucoup d'être là. Vous êtes responsable de la stratégie macroéconomique à la financière de la Cité.
06:28 Commençons peut-être avec la vraie grosse surprise du jour, à savoir la publication de ce chiffre de croissance encore très solide,
06:37 supérieur aux attentes aux Etats-Unis pour le quatrième trimestre.
06:41 On attendait 2% en rythme trimestriel annualisé. On a plus de 3%, 3,3% précisément en première estimation.
06:48 Je rappelle à chaque fois que ces chiffres seront révisés de nombreuses fois et pendant encore longtemps.
06:53 Mais ça nous donne quand même une photographie assez spectaculaire encore de l'économie américaine sur la fin de l'année 2023 Nicolas.
07:03 Est-ce que c'est le sweet spot parfait qu'on a envie de préserver pour l'avenir ?
07:09 Oui, clairement. Ce qui est remarquable c'est de voir si on reprend les projections qui avaient été faites par la Fed en fin de l'année 2022,
07:19 la croissance qui était attendue pour la totalité de l'année entre le Q4 22 et le Q4 23, c'était 0,5%.
07:24 On est 6 fois au-dessus, on est à 3,1% d'un trimestre à l'autre. Et l'inflation a été estimée à environ 3% et en fait on tombe à 2%.
07:32 C'est-à-dire qu'on a 6 fois la croissance et une inflation inférieure à ce qui pouvait être attendu à ce moment-là.
07:36 Et donc évidemment tous les scénarios qui étaient... enfin beaucoup de gens s'attendaient à une récession cette année, ça n'a pas eu lieu.
07:43 Et ce qui est tout à fait remarquable c'est que le cycle des inflations s'est fait avec une croissance qui est accélérée.
07:48 Donc on arrive à quelque chose qui est assez... enfin qui ressemble quasiment à ce qu'on avait connu à la fin des années 90.
07:52 On sent que la productivité est en train de démarrer aux États-Unis, sans doute causée par tout le boom d'investissement qu'on a eu aux États-Unis.
07:59 Et ce qu'on peut voir aussi c'est que la croissance est très forte depuis 2 trimestres, 4,9 au trimestre précédent et 3,3 sur celui-ci, avec un emploi qui décélère.
08:06 Ce qui veut dire qu'on a un décalage qui se passe entre l'emploi et la croissance, qui montre qu'on a effectivement des gains de productivité qui sont en train de se mettre en place aux États-Unis.
08:13 Ce qui est évidemment très favorable. Ce qui était étonnant effectivement c'est de voir aussi la réaction du marché avec des taux qui ont tendance à baisser.
08:19 Alors que le marché aurait pu interpréter ça comme étant une recrudescence de la croissance américaine qui pourrait appuyer sur l'inflation.
08:26 Or comme l'inflation est en dessous des attentes, en fait le marché se calque aussi sur les attentes et sur les annonces qui ont été faites par les gouverneurs.
08:33 C'est qu'on n'a pas besoin de casser quelque chose pour baisser les taux. Tout ce qu'on veut c'est voir l'inflation qui baisse, or c'est effectivement le cas.
08:38 Et donc la Fed dans cette configuration-là pourrait être amenée à baisser les taux uniquement parce que l'inflation baisse, donc de suivre l'inflation et non pas parce que quelque chose casse.
08:47 Et par contre si jamais on avait une détérioration de la croissance américaine et de l'emploi, on aurait une réaction de la Fed qui ne serait pas une gentille réaction,
08:54 mais quelque chose de sans doute très très agressif pour préserver la croissance américaine parce que contrairement à l'Europe, les Etats-Unis font attention à leur croissance.
09:01 Est-ce qu'il y a encore des barrières qui empêcheraient la réserve fédérale américaine, je ne sais pas, peut-être au cours du prochain meeting, 19 et 20 mars, d'annoncer une première baisse de taux Nicolas ?
09:16 Demain on aura les chiffres du PCE, donc de l'inflation, qui est le chiffre qui est regardé par la Fed.
09:20 A priori on devrait avoir un chiffre qui va confirmer ce qu'on a vu aujourd'hui, c'est-à-dire vraiment une décélération forte et va même envoyer le PCE Corp à des niveaux inférieurs à 2% sur toutes les mesures de court et moyen terme.
09:31 Par contre le 9 février prochain, on a la publication des révisions du CPI qui est l'autre indicateur d'inflation américain.
09:38 Et la question c'est de savoir ce que l'année dernière on avait des révisions à la hausse assez marquées.
09:42 Donc si jamais on a des révisions de niveau à la hausse, on pourrait infirmer un petit peu la tendance des inflations qu'on a eues.
09:47 Christopher Weller a parlé spécifiquement de ce chiffre-là, donc il fera attention particulièrement à cette publication du 9 février.
09:54 Par contre si on valide cette désinflation...
09:57 C'est ouvert pour mars ?
09:58 C'est ouvert. Alors, peut-être mars me semble encore tôt pour la Fed, mais ça me semble vraiment une probabilité.
10:04 Notamment si on a des chiffres de l'emploi qui ne sont pas forcément aussi forts que ce qu'on a pu avoir sur les derniers mois.
10:13 Il y aura vraiment une volonté de la Fed de préserver parce que quand on voit le résultat fabuleux qu'ils ont obtenu aujourd'hui,
10:19 ce serait dommage de venir briser tout ça avec une politique monétaire trop stricte alors qu'en fait on est rentré dans les clous sur le terrain de l'inflation.
10:26 Ce qui est fascinant, c'est ce que soulignait Nicolas Alexandre, c'est que sur la publication de ce PIB, on aurait pu se dire "ouh là là, le marché va prendre peur".
10:36 Réaccélération de l'économie avec en plus des conditions de marché, des conditions financières qui se sont assouplies comme jamais depuis bientôt 3 mois.
10:45 Le risque inflationniste est de retour ? Pas du tout. On voit les taux baisser sur cette publication de PIB américain.
10:52 Oui, on voit les taux baisser. Tout est littéralement aligné. Je reviens peut-être sur la dernière remarque qui est la baisse des taux pour mars.
11:01 Il faut quand même se rappeler que le marché avait anticipé ça. En novembre, décembre, le rallye l'est là-dessus.
11:05 Puis on s'est un petit peu ravisés en janvier et je rejoins ce qui a été dit, c'est que ça paraît encore un petit peu tôt.
11:11 Mais on sent que là, les banques centrales attendent pour voir. Ça fait très bien le lien avec l'ABCE.
11:16 Moi, ce que j'ai entendu de l'ABCE aujourd'hui, c'est que j'ai toutes les cartes en main sauf les salaires.
11:22 Il me reste juste les salaires à regarder et après j'attends la fête.
11:25 Donc là, à mon sens, quand on a un PIB en croissance plutôt forte, une inflation qui est largement sous les attentes,
11:35 parce qu'on a le PCE Price qui est sorti aujourd'hui qui est sous les 2, donc l'objectif est atteint au niveau de l'inflation.
11:42 On a eu un Powell qui avait quand même déclaré "je n'ai pas de réticence à couper les taux bien avant d'atteindre cet objectif de 2".
11:51 Bien avant, c'est quand ? Ça peut être en mars. Donc je laisserai une petite porte ouverte.
11:57 Je suis d'accord pour dire que ce sera peut-être à la réunion suivante.
12:00 La réunion suivante après mars pour la fête, c'est le 1er mai. Je précise juste.
12:04 Oui. On ne le prendra pas, c'est toujours férié.
12:08 On a un peu toutes les cartes en main. Le risque de résurgence de l'inflation est moins important aux Etats-Unis,
12:17 notamment sur le terrain des matières premières qu'il ne l'est en Europe.
12:19 Je peux comprendre aussi que sur ce terrain-là, et Christine Lagarde a beaucoup insisté sur les risques géopolitiques,
12:25 on y reviendra sûrement. Je pense que certains peuvent relancer ou faire des petits pick-up d'inflation qui peuvent faire douter le marché.
12:31 Donc il faudra suivre ça. Mais là, on est vraiment, oui, la conclusion c'est le sweet spot, il est là.
12:38 Et malgré une tension persistante sur le marché du travail, l'idée de gains de productivité important
12:47 permet à la fête de regarder à travers cette tension résiduelle qu'on peut avoir sur le marché du travail,
12:54 qu'on peut observer sur différents indicateurs de salaire, horaire moyen, etc.
12:58 On aura la semaine prochaine le prochain rapport mensuel sur l'emploi aux Etats-Unis.
13:01 C'est ça. Alors on verra l'emploi et les salaires. Ce qu'on a pu voir aujourd'hui, c'est qu'il y avait les jobless claims
13:07 qui sont sortis, là aussi un petit peu au-dessus des attentes. Ce n'est pas grand-chose, c'est toujours un marché de l'emploi qui est tendu.
13:14 Mais si on se place sur la dérivée seconde, on va dire que la tension est un peu moins tendue.
13:18 Effectivement, c'est un marché de l'emploi qui est très resserré. Mais sur la partie, comment dirais-je, emploi qui a été supprimée,
13:29 c'est moins des emplois effectifs que des emplois potentiels, en fait. On recrute un peu moins.
13:35 Donc tout ça fait qu'on a ce desserrement du marché de l'emploi qui est très progressif, mais qui ne devrait pas empêcher,
13:43 à mon sens, la Fed de commencer très progressivement à couper les taux. Et ça a été très bien dit, c'est que si jamais sur la croissance,
13:50 on a vraiment un trou d'air, elle pourra réagir beaucoup plus vite, beaucoup plus fort. Elle l'a déjà montré.
13:57 Mais sinon, elle pourra faire très régulièrement. Elle n'est même pas obligée de faire une coupe de taux à chaque réunion.
14:01 Donc là, à mon sens, on est dans un nouvel univers pour les banques centrales. Je fais le parallèle avec la Banque du Japon très rapidement.
14:10 La Banque du Japon était dans la yield curve control, le contrôle des taux. La Fed et la BCE sont plus dans un contrôle de la situation économique.
14:22 Ils vont pouvoir baisser les taux, arrêter de baisser les taux, rebaisser les taux et ainsi de suite. Mais je ne suis pas sûr qu'on rentre dans un cycle long de baisse de taux.
14:31 – Alexandre, sur ces considérations, moi je reste encore une fois sur la croissance américaine, spectaculaire.
14:39 – Alors moi je vais rester sur l'idée d'une baisse de taux plutôt T2. C'est l'idée qu'on avait déployée juste après Powell,
14:46 en considérant qu'il avait offert un cadeau qui n'était pas nécessaire à ce moment-là du cycle aux Etats-Unis,
14:50 parce qu'il a déjà eu 100 points de base d'étendue sur l'obligataire et qu'il a entraîné 30 points de base de plus quasiment dans la foulée,
14:55 que le marché d'ailleurs a récupéré derrière. Signe que c'était peut-être un peu trop tôt pour délivrer ce message.
14:59 Message qu'on peut peut-être plutôt attendre de la part de Powell, de Lagarde pardon.
15:03 Moi j'ai l'impression que le problème de la zone euro c'est le problème américain.
15:06 Et c'est toujours leur fameuse devise, une devise ancienne, le dollar c'est notre devise, c'est notre problème.
15:10 Et je pense que ça s'applique aussi à la vigueur économique parce que peut-être qu'on sous-estime encore un petit peu ce qui a été fait post-Covid.
15:15 Le bilan qui a doublé de la Fed, des déficits qui ont couru à des niveaux stratosphériques et qui courent encore à des niveaux stratosphériques,
15:21 enfin de plus de 6%, ça a créé une telle injection de dynamique dans l'économie américaine que pour faire ralentir ça,
15:30 et ces budgets qu'on a déployés dans les Etats-Unis, l'Europe en a déployé à bien plus petite échelle.
15:35 Et donc ils ont une dynamique, et on le voit bien, ça diverge clairement en termes de dynamique économique en ce moment,
15:39 et ça diverge aussi sur les anticipations d'inflation moyen terme.
15:42 On voit aujourd'hui l'anticipation moyen terme d'inflation en 5 ans, on est remonté à des 2,6, 2,7 quasiment,
15:48 la zone euro est à 2,2 ou 2,3, donc ça rediverge, et le risque qu'aurait la BCE à agir avant la Fed,
15:54 c'est que si la BCE chute la première, il peut y avoir un sentiment côté taux US du coup,
16:00 que ce soit à ce moment-là les taux US qui calquent un peu ce qui se passe sur l'état européen,
16:03 c'est-à-dire après ce rebond des taux que les taux retombent, sauf que les Etats-Unis étant encore très résilients dans leur économie,
16:09 si les conditions financières s'assouplissaient, même aux Etats-Unis, parce que l'Europe déclenchait la première,
16:13 ça pourrait du coup mettre un peu le doute de côté de la Fed sur l'obligation de baisser les taux tout de suite,
16:18 donc ça freinerait en fait finalement et ça ralentirait le combat de la Fed aussi contre sa propre inflation.
16:22 Et le problème qu'on a en Europe, c'est que la performance américaine est quand même très très domestique,
16:27 le S&P 500, il y a trois quarts du S&P 500, les chiffres se font sur le territoire américain.
16:31 Donc moi je trouve qu'on a un problème, parce qu'effectivement oui, je suis tout à fait d'accord,
16:35 la situation zone euro nécessiterait d'ajouter les taux dès maintenant,
16:38 alors qu'aux Etats-Unis, et les membres de la Fed l'ont répété, ceux qui ont un peu rajouté le tir de poêle,
16:42 ils ont dit on regarde l'ensemble des données, et même les très coulombes comme Bostick ou même Goosebee disent,
16:46 on regarde toutes les données, alors Bostick il n'a pas du T3, il a un peu révisé après, il a dit on est prêt à rajuster un peu la vision,
16:52 si les datas vont dans ce sens là, mais réviser le T3 c'est passer plutôt au T2, pour moi c'est pas de T3,
16:57 je veux bien qu'il fasse une glace de rhétorique pour repousser un peu les attentes,
17:00 mais dire alors le marché Price Mars, on lui fait croire juillet et puis on revient après,
17:06 je trouve que c'est un grand écart quand même un peu rapide.
17:09 Ensuite les données d'inflation, Nicolas parlait de l'inflation PCE qui est différente à 3,2,
17:15 le CPI CURR c'est 3,9 toujours, et depuis 4 mois consécutifs on a varié entre 4,9 et 3,9,
17:20 donc c'est toujours deux fois l'objectif, et le risque qu'on ait c'est que les datas court terme dont on va leur en parler les 3 mois ou autres,
17:26 ils les regardent, mais l'objectif c'est d'arriver à l'objectif et de s'y tenir,
17:31 moi je pense qu'ils craignent que ça ricoche et que ça reparte, pas que ça reparte sous les chapeaux de roue,
17:34 parce que d'inflation en Chine, matière première qui tire pas, il n'y a pas de vague en amont pour relancer une vague d'inflation,
17:40 mais les salaires ils sont encore à 4,1 et ils ont un poil accéléré, ils étaient à 3,9, ils sont passés à 4,1,
17:47 avant Covid, je sais que c'est pas la bonne période pour regarder ça, mais avant Covid le PCE c'était plutôt un 5 en moyenne sur 10 ans,
17:53 les salaires côté US c'était plutôt 2,5, 3 en moyenne, là c'est 4,1,
17:57 je trouve qu'on n'a pas encore assez desserré côté US pour être certain qu'on est sur les rails définitifs,
18:03 les bons rails on y est, mais les rails définitifs je suis pas certain,
18:06 donc moi je plaiderais plutôt pour un T2 et je pense que la petite détente qu'on a aujourd'hui sur les taux elle va être assez éphémère.
18:11 Sachant que c'est un point de débat qu'on a déjà eu Alexandre, je suis pas persuadé que la Fed ait envie de revenir totalement à l'antérieur,
18:20 la grande stagnation séculaire etc, ça a été aussi une forme de traumatisme aussi pour des banquiers centraux américains.
18:29 Encore une fois je pense que tu es d'accord pour dire qu'il n'y a pas de risque de deuxième baisse d'inflation,
18:34 mais c'est la vitesse à laquelle on va revenir vers les 2%, c'est ce qui sera mes derniers kilomètres,
18:38 moi je pense qu'il va être problématique pour l'Europe parce que les Etats-Unis ont un dernier kilomètre qui va être plus long à parcourir que le dernier kilomètre européen.
18:44 Est-ce qu'il faut imaginer Nicolas, je rebondis sur ce que disait aussi Alexandre Tailleb en l'occurrence,
18:49 sur comment on va pratiquer la politique monétaire dans cette phase-là et peut-être pour le futur quand on est la Fed,
18:56 si on a un risque inflationniste qui reste malgré tout présent ou en tout cas qui reste tilté à la hausse dans une économie américaine qui continuerait de bien se porter,
19:07 est-ce que ça veut dire effectivement qu'on a quelque chose de moins linéaire aussi dans la conduite de la politique monétaire ?
19:13 On n'est pas obligé de baisser les toits à tous les meetings, est-ce qu'on peut imaginer, je ne sais pas,
19:17 même des schémas où on aurait baissé les taux pour recalibrer à un certain moment la politique monétaire,
19:23 neutraliser parce que la situation économique le justifie et puis derrière ça se dire qu'il faut peut-être resserrer aussi à un certain stade la politique monétaire.
19:32 Est-ce qu'on peut imaginer ce genre de séquence sur le moyen long terme ou est-ce que pour l'instant ce n'est pas le sujet pour la Fed ?
19:38 Alors je pense qu'ils vont vouloir évidemment l'éviter.
19:41 Éviter ? Des allers-retours ?
19:43 Alors les allers-retours ça c'est clair, ils l'ont dit et ils l'ont dit et ils l'ont redit, ils veulent éviter ça.
19:46 Mais la situation actuelle c'est quand même qu'aux Etats-Unis on a des taux qui sont entre 55 et 550 avec un niveau d'inflation qui,
19:53 avec la publication qu'on a demain, qui peut être en dynamique même sur six mois, être inférieur à 2%.
19:59 Ce qui nous fait quand même un niveau de taux réel qui est très élevé, même historiquement,
20:03 et donc on a un niveau de contrainte sur l'économie qui est effectif, qui est quand même très puissant.
20:07 Et donc si simplement la Fed commence à baisser ses taux en ligne sur l'inflation, elle va garder des taux réels qui vont rester élevés.
20:14 À partir du moment où on sera revenu à un niveau un peu plus acceptable même sur l'inflation,
20:18 ils pourront aller un peu plus vite que la descente dans l'inflation,
20:21 simplement pour essayer de briser un peu l'étreinte qu'ils ont actuellement sur la situation.
20:25 Mais ça c'est le scénario où ils voudront éviter le scénario Arthur Burns, c'est-à-dire la résurgence de l'inflation en deuxième cycle.
20:33 Donc ça c'est le premier cas. Par contre, si on se retrouve dans une situation encore une fois où on a une dégradation sur l'emploi,
20:39 le scénario est plutôt au poil volé.
20:40 Là il n'y aura pas d'hésitation ?
20:41 Là il n'y aura pas d'hésitation et surtout le taux neutre qui est estimé par les gens de la Fed, c'est 2,5.
20:47 On est aujourd'hui à 5,50, ça veut dire qu'on a 300 points de base à aller chercher simplement pour revenir au taux neutre.
20:52 Donc là effectivement ça peut aller très vite.
20:54 Il y a de la réserve ?
20:55 On peut aller très vite, très très fort.
20:56 Mais je pense qu'un des objectifs prioritaires de la Fed, comme vous l'avez dit, c'est qu'ils ne veulent pas revenir à la situation qu'on avait avant.
21:04 Précédente ?
21:05 Précédente, si on reçoit la situation précédente et que dans ces conditions-là, il ne faut pas être trop restrictif non plus,
21:10 parce que sinon on peut avoir ce risque-là qui se matérialise.
21:13 Et donc ils ne veulent pas revenir à des taux faibles.
21:15 Et donc l'idée c'est de soutenir l'économie et d'avoir une réactivité qui soit plus forte que les cycles qu'on a eus précédemment.
21:21 Parce que c'est un peu une nouvelle Fed.
21:22 C'est que la partie du mandat emploi maximum est beaucoup plus prise au sérieux aujourd'hui qu'il ne l'a été lors des épisodes précédents.
21:29 Donc ça change quand même considérablement la donne, notamment s'il y a quoi que ce soit qui se passe sur le terrain du chômage.
21:34 Bon, c'est ce qu'on appelle un put.
21:36 Oui.
21:37 Oui, non mais enfin...
21:38 Mais je pense que ça a toujours été un petit peu...
21:42 Oui, enfin là il est là quoi.
21:44 Ce n'est pas un put sur le marché, c'est un put sur l'économie.
21:46 Sur l'économie, c'est ce que vous dites, c'est ça.
21:47 Un put sur la croissance.
21:49 Différent d'un put sur les marchés, même si les marchés se portent très bien.
21:54 On en parlera évidemment.
21:56 Alexandre, bon, ben venons-en à la Banque Centrale Européenne.
21:59 Je disais, ils ont tous parlé plusieurs fois, plusieurs fois par jour, la semaine dernière à Davos, à commencer par Christine Lagarde.
22:05 Il n'y avait pas de surprise à attendre.
22:07 Il n'y a pas eu de grosses surprises.
22:10 Est-ce que néanmoins on peut, je ne sais pas, imaginer que Christine Lagarde s'est montrée peut-être un peu moins dure,
22:18 notamment avec l'idée que toute baisse de taux serait totalement prématurée, impossible à imaginer, etc.
22:25 Le discours a évolué quand même.
22:27 Oui, le discours a évolué.
22:29 Elle a quand même redit prématurée, mais elle est parfaitement dans son rôle.
22:33 Il n'y a rien de choquant.
22:35 Je ne pense pas du tout que ce soit prématuré de discuter d'ailleurs de baisse de taux.
22:39 Elle ne l'a peut-être dit, mais sinon...
22:41 Ils n'ont peut-être discuté des températures, mais globalement, ils ont dû discuter de ça.
22:44 J'espère qu'ils en parlent.
22:46 Je pense qu'ils en parlent.
22:48 Encore une fois, ils ont toutes les cartes en main.
22:50 J'ai trouvé qu'elle était particulièrement satisfaite et elle a commencé son discours par ça,
22:53 en disant que l'inflation avait quand même sensiblement baissé.
22:57 Plus vite que ce qu'ils imaginaient eux-mêmes, bien sûr.
23:00 Plus vite que ce qu'ils imaginaient, qu'ils avaient prévu le rebond de l'inflation
23:02 et qu'il était moins fort que ce qu'ils avaient attendu.
23:04 Que sa politique monétaire se transmettait fortement à l'économie.
23:07 Globalement, ces critères sont remplis.
23:10 Ce qu'elle ne veut pas, c'est ce qui a été décrit par Alexandre, je crois,
23:18 c'est qu'elle annonce quelque chose, qu'il y a un rallye sur l'étau Maous,
23:23 que le marché parte dans tous les sens, et qu'elle n'ait plus besoin de baisser l'étau
23:26 parce que les conditions financières se sont déjà desserrées.
23:29 Pour moi, je ne vois que ça.
23:33 Au final, elle prévoit...
23:37 C'est la BCE qui est plus que la Fed peut-être traumatisée par le risque Arthur Berndt.
23:43 - Et en même temps... - Parce que Powell, en décembre,
23:47 il a magnifié aussi le rallye obligataire d'une certaine manière.
23:51 Un mois, deux mois après, on se retrouve avec des chiffres parfaits pour l'économie américaine.
23:57 - Je trouve quand même que La Garde a tendance à calibrer son discours
24:01 en fonction de ce qui s'est passé sur l'étau.
24:03 On a vu plutôt une rehausse de taux sur les quelques semaines avant cette réforme de la BCE.
24:09 Et là, on a eu un discours que j'ai trouvé moins au quiche par rapport à ce qu'elle sait faire.
24:15 - Si l'étau remonte un peu, elle sera un peu plus doviche.
24:17 Si l'étau est trop bas, elle sera un peu plus au quiche.
24:19 On est dans ce jeu-là pour l'instant.
24:21 - Pour moi, on est dans ce jeu-là.
24:22 Et la dernière chose que je voulais ajouter sur la BCE, peut-être,
24:25 à mon sens, c'est qu'elle a une fenêtre de tir qui n'est peut-être pas si grande que ça.
24:30 C'est-à-dire qu'on a beaucoup parlé de l'inflation transitoire.
24:34 Je dis bien peut-être que la désinflation est transitoire, qu'on peut repartir sur un cycle d'inflation.
24:40 Et comme je le disais, les risques géopolitiques auront beaucoup plus d'effet inflationniste sur l'Europe
24:44 qu'ils n'en auront aux États-Unis.
24:46 Et donc, de ce point de vue-là, elle a peut-être finalement une fenêtre de tir que de quelques trimestres
24:53 pour baisser ses taux, là où la Fed a plus de temps.
24:59 Néanmoins, là, je suis persuadé qu'elle ne peut pas agir avant la Fed.
25:03 On en a parlé, pour moi, elle ne pourra pas shooter avant la Fed, pour toutes les raisons qui ont été évoquées.
25:08 Mais il faut faire attention à ça, et il faut faire attention à une deuxième chose,
25:11 et elle l'a précisé d'ailleurs, elle a vu que les derniers PMI, quand même, montraient une espèce de petite ricoverie.
25:18 Or, France et Allemagne, en tout cas, c'est ce que nous disaient les PMI Flash.
25:25 Or, France et Allemagne, c'est reparti en croissance.
25:27 Si ça repart un petit peu, dans ce cas-là aussi, peut-être qu'il vaudrait mieux,
25:34 pendant qu'on est dans le bas de cycle, même si ce n'est pas vraiment un bas de cycle,
25:39 qu'elle puisse en profiter pour augmenter les taux.
25:41 Alexandre ?
25:43 Oui, on sent que c'est toujours cette question des salaires.
25:45 Effectivement, une fois que ça s'est dénoué, il y aura la baisse de taux.
25:48 Mais ça, les salaires, les derniers qu'on a eus, c'était encore 5,3.
25:51 En moyenne, c'est quand même beaucoup, c'est largement super encore une fois,
25:55 si l'idée n'est pas de revenir au cycle d'avant, c'est quand même pas normal ou pas contrôlable sur du long terme.
26:02 Il faut impérativement qu'on ait des bons signaux et rapidement là-dessus.
26:05 Après, là, je l'ai trouvé intéressant, c'est sûr, ce qui peut être une crainte à mon avis du marché,
26:08 et peut-être du rallye obligatoire qu'on a eu ces dernières semaines,
26:10 c'est le sur-aspect géopolitique, ce qui se passe en mer Rouge.
26:12 Elle a bien mesuré le point de coup, c'est-à-dire dire, oui, il y a effectivement des risques sur les prix énergiques,
26:16 ça se transmet au prix des transports, donc il y a une inflation qui rebondit un peu par là.
26:20 En ajoutant quand même qu'il y a aussi du coup l'aspect négatif qui est que ça impacte le moral,
26:24 ça impacte le sentiment et donc ça peut faire basculer, ralentir la croissance plus fortement.
26:28 Donc là-dessus, c'est assez bien, Hedgé, je trouve son discours,
26:31 elle ne penche pas plus du côté risque, rebond d'inflation, que du côté risque pour l'économie tout court,
26:35 supply chain ou autre. Et surtout, ce serait très, très surprenant qu'elle ne bouge pas les taux
26:40 pour des raisons géopolitiques sur lesquelles elle n'a aucun pouvoir, ce qu'on disait aussi pendant le Covid,
26:43 l'aspect géopolitique, ce n'est pas ça qui fait partir les baises de taux ou les autos,
26:46 ce n'est pas ça qui fait partir les bateaux plus vite.
26:48 Il n'y a pas de rupture, il y a des délais plus longs, mais ce ne sont pas les ruptures qu'on a vécues pendant la période Covid.
26:55 Pour revenir sur ce que vous disiez là, sur l'aspect activité, c'est vrai qu'on oublie par contre un petit peu,
27:00 c'est ça qui peut faire que la baisse de taux viendra à côté d'eux déjà par rapport à la Fed,
27:03 c'est qu'elle fait une politique pour la zone. À une époque, on se souvient qu'il y avait l'histoire
27:07 de différencier l'Allemagne et les pays du sud, là, elle fait une politique pour la zone
27:10 et même si les pays-coeur finalement et l'Allemagne sont largement impactés, d'autres le sont moins
27:14 et l'inflation coeur, globale, zone euro donnée annuelle, c'est encore 3,4.
27:20 On est d'accord qu'on n'aura pas à attendre à 2 pour baisser les taux, mais c'est encore 3,4.
27:25 Et le pic était quoi ? 5,4 et quelques.
27:27 On a vu le chemin qu'il a fallu pour parcourir 5,6, je ne sais plus exactement le niveau,
27:31 donc il y a encore le dernier kilomètre, ce n'est pas non plus la porte à côté.
27:35 Pour moi, ce n'est pas le T1, c'est ce dernier kilomètre qui nous amène plutôt au T2, quitte.
27:40 Et c'est ça, je ne sais pas si ça va m'inquiéter ou pas, mais Isabelle Schnabel,
27:44 peut-être qu'elle prendra sa veste d'ici là, mais elle semblait assez claire dans ses propos.
27:47 Et le marché a l'oreille quand même de Schnabel qui disait,
27:51 elle essaie de valider que le relancement économique fait partie des mécanismes de transmission de politique monétaire.
27:57 C'est un peu rentré dans la matrice de la BCE, on a l'impression.
28:01 Pour moi, ça repousse d'autant plus.
28:03 Elle a mangé un peu aussi son chapeau, elle a eu dans un discours en fin d'année dernière,
28:07 elle a reconnu, elle a fait un coup de pas, quand les faits changent, je change d'avis.
28:11 Elle n'est pas restée obtue non plus de ce point de vue-là.
28:14 Comme elle est souple, c'est étonnant.
28:16 Elle est intelligente et pragmatique aussi.
28:17 Donc pourquoi nous dire que le ralentissement fait partie de la transmission de la politique monétaire ?
28:21 C'est qu'on a qu'à s'y décomposer en phase un peu récessive avant de baisser les taux.
28:25 C'est ce que Pohéle pensait aussi pendant un certain moment.
28:29 Puis c'est rendu à l'évidence que non, on pouvait aussi maintenir une croissance
28:34 de 300 et bénéficier de la désinflation.
28:37 Bon, sur Christine Lagarde, Nicolas, comment est-ce que vous l'avez trouvée ?
28:40 Elle ne s'est quand même beaucoup pas pesantie évidemment sur la question des salaires.
28:45 J'ai trouvé qu'elle était assez équilibrée dans son discours.
28:48 Elle mêle en phase toujours sur les données dures salariales du premier trimestre
28:51 qu'on n'aura pas suffisamment tôt pour imaginer une baisse de taux en mars ou en avril.
28:56 Mais elle a quand même beaucoup parlé aussi des donnants en temps réel,
29:00 des watchtrackers qui ont été construits, notamment par Philippe Leynes, etc.
29:04 Elle a quand même voulu montrer que la BCE n'était pas non plus complètement sourde et aveugle
29:09 à ces données immédiates en temps réel qui selon elle, et c'est ce qu'on constate tous,
29:14 montre quand même au minimum une stabilisation des pressions salariales,
29:18 voire peut-être même une inflexion à la baisse.
29:21 Il y a eu une vraie amélioration dans ce meeting-là.
29:25 C'est assez clair. En fait, depuis le mois de mars de l'année dernière,
29:30 tous les communiqués de la BCE indiquent trois critères que vous avez rappelés aussi,
29:33 qui sont donc les anticipations d'inflation, la dynamique d'inflation sous-jacente
29:37 et la transmission de la politique monétaire.
29:39 Les anticipations d'inflation, c'est ce que fait notamment le staff de la BCE.
29:42 L'horizon de la BCE, c'est deux ans. C'est le moyen terme, deux ans.
29:46 2026, tous les trimestres sont attendus à 1,9. Donc on est légèrement en dessous.
29:50 Donc là, ce critère-là est rempli.
29:52 Le deuxième critère, c'est la dynamique d'inflation.
29:53 Philippe Leyne a eu la bonne idée en mars de l'année dernière
29:55 de donner une indication chiffrée de ce que ça veut dire dynamique d'inflation sous-jacente.
29:59 C'est ce qu'il appelle le momentum.
30:01 C'est une mesure qui est le 3 mois, 3 mois annualisé.
30:04 Le 3 mois, 3 mois annualisé de l'inflation core en zone euro, c'est 1,4.
30:07 Donc là, on est très, très en dessous, déjà de 2.
30:10 Et ensuite, dans les dernières minutes, ils ont caractérisé la transmission
30:13 de la politique monétaire comme étant exceptionnellement forte.
30:16 Donc les trois critères disent en gros qu'il faut baisser les taux.
30:19 Et là, en fait, qu'est-ce qu'ils nous font ?
30:21 Depuis le 15 décembre dernier, le papier de Reuters avec les sources anonymes
30:23 sur en fait on va attendre le mois de juin et les salaires.
30:26 Je ne savais pas que l'ABCE ciblait les salaires maintenant,
30:29 mais en fait c'est l'inflation et les critères qui étaient retenus l'année dernière
30:31 correspondent effectivement à ce qu'on voit sur les dossiers.
30:33 C'est une composante importante de l'inflation domestique quand même.
30:35 On ne peut pas leur enlever ça.
30:37 Moi, ça veut simplement dire en fait, on aimerait bien que la FED tire avant nous.
30:39 Et donc en fait, on va attendre les 6 mois. C'est très bien.
30:42 Sauf que quand je regarde les salaires aujourd'hui,
30:44 effectivement, on est à 5,3% sur la compensation par salarié.
30:46 Par contre, si je regarde depuis 2019 et que je regarde
30:48 la compensation par heure de travail ajustée de l'inflation,
30:52 je suis à -2,5%, alors que ma productivité a augmenté de 0,8%.
30:55 Ça veut dire que j'ai un décalage de 3,3%
30:57 qui permettrait, parce que si on raisonne comme ça,
31:00 c'est la capacité de consommation des gens et la capacité de production des gens.
31:03 Ils produisent 0,8% de plus, mais ils sont en capacité de consommer 2,5% de moins.
31:07 Donc pour qu'on ait une accélération de l'inflation, il faudrait qu'on ait...
31:09 L'inverse quoi.
31:10 L'inverse. L'espérance inverse.
31:12 Si on a 3,3%, on va aller chercher.
31:14 On a un peu le temps, je pense, pour aller voir ça.
31:16 Et surtout, je ne sais pas parce que les salaires européens
31:18 ont progressé de façon absolument exponentielle
31:20 depuis 20 ans sur le continent.
31:22 Je ne pense pas qu'on ait de risques inflationnistes
31:24 qui soient absolument délirants derrière.
31:25 Par contre, le risque pour la croissance à court terme,
31:27 moyen terme, il est quand même assez évident,
31:29 notamment sur les destructions qu'on peut avoir sur l'investissement
31:31 et la productivité qu'on ne voit pas en zone euro par rapport aux Etats-Unis.
31:34 Est-ce qu'on peut imaginer dans la tactique
31:37 de la gestion de la politique monétaire au sein de la BCE
31:41 qu'avant de baisser effectivement les taux,
31:44 il y aura un moment de communication important
31:46 comme ça a été le cas pour Jérôme Powell le 14 décembre dernier
31:50 et qu'envoyer un message fort à l'occasion d'une prochaine réunion,
31:54 pourquoi pas celle de mars,
31:55 en signalant effectivement un pivot,
31:58 en arrêtant de dire que c'est prématuré de parler de baisse de taux,
32:01 ça envoie un signal au marché,
32:04 ça génère un effet de marché positif
32:06 et ça permet d'une certaine manière de consommer déjà...
32:10 - Oui mais là ils ont...
32:11 - D'une certaine manière des baisses de taux
32:13 sans qu'elles aient été délivrées effectivement par la Banque Centrale Européenne.
32:16 - C'est pour ça que je pense qu'il y a eu un pivot aujourd'hui
32:18 parce qu'elle n'a pas...
32:19 On lui a répété ce qu'elle avait dit la semaine dernière à la dépo,
32:21 c'est la possibilité de joint
32:22 et elle n'est pas allée contre l'idée que ça pourrait avoir lieu plus tôt.
32:26 Ça c'était vraiment un élément
32:28 et ensuite oui, il y a vraiment un décalage
32:30 entre ce qui se passe du côté inflation et les prévisions de la BCE.
32:33 Sur le Q3 2023, ce qui est arrivé,
32:35 il y a un an la BCE estimait que ça serait 3,6,
32:37 en septembre ils estimaient que ça serait 3,3
32:39 et en décembre ils estimaient que ça serait 2,8.
32:41 On est tombé à 2,7,
32:42 c'est-à-dire qu'on est vraiment en bas de toutes les projections qui ont été faites
32:45 et sur la dynamique d'inflation core, c'est encore plus violent que ça.
32:48 Donc le cycle de désinflation a été raté en gros par la BCE,
32:51 par la Fed également, donc voilà, ok.
32:53 Mais sauf que c'est bien de...
32:54 Si on est data-diponent comme ils le disent,
32:56 et bien on suit les datas et...
32:57 - Quand les faits changent, je change d'avis quoi.
32:59 - Exactement.
33:00 - Ça prend un peu de temps.
33:05 - Oui, vous évoquez les risques géopolitiques, Alexandre.
33:09 Je ne crois pas qu'il en ait été question à l'occasion de la conférence de presse de Christine Lagarde,
33:13 mais en tout cas elle a beaucoup été interrogée sur le risque Trump depuis quelques semaines.
33:18 Bon, elle évoque Trump comme étant une menace claire pour l'Union européenne.
33:23 Moi je respecte la position de Christine Lagarde,
33:25 qui est celle de présidente de la BCE,
33:28 elle gère une institution européenne.
33:30 Donc j'essaye de comprendre ce que le risque Trump veut dire du point de vue d'une institution comme la BCE.
33:38 Et puis après il y a la question de savoir comment on peut se couvrir contre le risque Trump.
33:44 - Alors des risques géopolitiques, effectivement il y en a plein.
33:46 Sur le risque Trump, il me semble que Macron, lors de sa dernière intervention, l'a aussi évoqué.
33:53 Pour moi c'est un risque indirect en fait.
33:55 C'est-à-dire que le risque principal Trump pour l'Union européenne, c'est l'arrêt de l'aide à l'Ukraine.
34:02 Parce que vous arrêtez d'aider l'Ukraine, vous ouvrez la porte à la Russie.
34:06 On sait son éventuelle incohérence avec Poutine,
34:09 donc ce ne sera peut-être pas aussi évident d'aider l'Ukraine,
34:12 et ça peut ouvrir la porte à un conflit plus large.
34:15 C'est ça que craignent les Européens.
34:16 - Présurgence du conflit, ça nécessite évidemment des efforts et des dépenses
34:20 et des moyens encore plus importants de la part de l'Union européenne ?
34:24 - Oui.
34:25 Et autre sujet mais qui est lié de toute façon, dès qu'on a un risque géopolitique globalement,
34:31 ce qui est concerné c'est défense et matières premières.
34:34 On est très très loin des investissements ISR pour le coup.
34:37 On a un sujet sur le gaz, mais on a un sujet sur le gaz aujourd'hui,
34:45 au niveau de l'administration Biden.
34:48 Aujourd'hui, ils sont en train de reconsidérer leur exportation de gaz potentiellement,
34:53 parce que ce n'est pas très durable pour la planète, etc.
34:56 Donc on part de quelque chose de très très bien disant,
34:59 mais qui n'arrange pas du tout les Européens.
35:01 Je pense que Trump ne sera pas du tout dans la même configuration.
35:05 En revanche, il ne se gênera pas pour exporter un gaz,
35:08 si et seulement si son prix est multiplié par X.
35:11 Ça reste un âme d'affaires.
35:13 En fait, quand la BCE, de toute façon, quand la BCE parle d'un risque quel qu'il soit,
35:17 c'est un risque inflationniste.
35:19 Donc c'est ça, c'est aussi bien pour l'aide à l'Ukraine, pour le conflit généralisé,
35:23 que pour le transport de matières premières.
35:25 Il faut quand même se rendre compte d'une chose sur le gaz.
35:28 L'Europe a divisé par 3 depuis le conflit ses imports de gaz,
35:31 et elle a triplé ses imports de gaz des Etats-Unis, ses imports de LNG.
35:35 Si vous multipliez le prix par je ne sais pas combien,
35:38 forcément vous avez une inflation qui revient.
35:40 Il y a des contrats de long terme qui sont quand même fixés entre les opérateurs gaziers, etc.
35:45 Il y a des systèmes de couverture, j'imagine.
35:48 Les gens qui sont payés pour faire ces contrats.
35:51 Mais il y a aussi une question d'inflation à long terme, d'inflation à tendue, où ça peut jouer.
35:57 Et puis sur le reste, on a effectivement, ça a été mentionné, tout ce qui est prix du fret.
36:03 Il faut quand même se rendre compte que globalement dans le monde,
36:05 le prix du fret, là, depuis le début de l'année, a été multiplié par 2.
36:10 Directement en lien avec les événements en mer Rouge ?
36:14 Avec les événements en mer Rouge, plus sécheresse, canal de Panama, canal de Suez.
36:21 Et donc là, canal de Suez en particulier, on a des prix qui sont multipliés par 4.
36:26 Donc voilà, ça peut être un sujet là aussi.
36:28 Donc il y a pas mal de choses.
36:30 Et oui, le risque Trump, je vais dire, va exacerber un petit peu tout ce contexte "un peu inquiétant".
36:38 Bon, risque Trump, je ne sais pas, ça veut dire quoi du point de vue de la BCE, Nicolas ?
36:43 Je pense que c'est compliqué de voir parce qu'en fait, les équipes de Trump ne sont pas encore constituées.
36:47 Et je pense qu'il est relativement plastique sur ce qu'il peut faire aussi bien en économie.
36:54 En fait, la seule chose qu'on sait, c'est qu'il n'aime pas beaucoup les taux élevés.
36:56 On se rappelle de ce qu'il avait fait à Jerome Powell quand il était là.
36:59 Et il me semble tout à fait improbable qu'on puisse avoir un changement vers quelqu'un
37:02 qui soit beaucoup plus haut que Powell.
37:05 Et ensuite, vraiment sur le budgétaire et notamment sur la géopolitique,
37:08 on voit qu'il y a une espèce de compétition entre les différents cercles républicains qui peuvent exister.
37:12 Aujourd'hui, on n'est pas encore sûr de savoir qui va remporter le morceau.
37:16 Et que si jamais on avait une victoire, on ne sait pas qui aura les postes qui seront importants de ce côté-là.
37:21 Même sur la question sur la Russie, je pense qu'on peut avoir un doute effectivement vers une position qui soit un peu plus souple.
37:26 Mais on pourrait également, en fonction des différents cercles, avoir une position qui soit plus dure.
37:30 Et ce qui est certain, c'est que... Enfin, ce qui est certain, ce qui paraît très fortement probable,
37:34 c'est que son inamitié vis-à-vis de l'Iran soit persévérante.
37:38 Et que, vu les relations de proximité qu'entretiennent l'Iran avec la Chine et la Russie,
37:46 et on le voit d'ailleurs pour l'Europe, c'est que ce n'est pas un hasard de voir la Russie attaquer l'Europe sur le front énergétique.
37:53 Ce n'est pas un hasard de voir les outils financés par les Iraniens cibler aussi l'Europe par le biais énergétique et par le biais de ça.
37:59 C'est qu'en fait, la pression géopolitique, elle ne sort pas de nulle part.
38:03 Il y a vraiment une pression qui est là et qui est orchestrée.
38:06 Et donc, de ce point de vue-là, Trump, on peut avoir des gens autour de lui qui sont plutôt...
38:13 Enfin, vers une tendance un peu plus isolée, qui pousserait l'Europe, effectivement, vers la nécessité de s'armer davantage et de moins compter sur les Américains.
38:22 Mais on peut très bien aussi avoir quelque chose d'assez... de plus musclé aussi de la part de Trump,
38:26 notamment à l'égard de l'Iran ou de Pékin et de Moscou.
38:29 Bon, c'est encore loin, mais c'est vrai qu'en tout cas, pour l'investiture républicaine, tout semble déjà plier en faveur de Trump.
38:38 Je ne sais pas si vous voulez dire un mot de Trump, Alexandre Baradei, je voulais qu'on parle aussi des actions chinoises.
38:42 C'était la question que j'attendais de vous poser, puisque vous avez eu ce...
38:45 J'ai trouvé ce commentaire très drôle sur Twitter le jour du début du rebond des actions chinoises,
38:52 à se demander s'il y avait des chartistes au sein du parti communiste chinois.
38:56 Parce que pour vous, il y a eu une conjonction technique...
38:59 Visible.
39:00 Parfaite.
39:01 C'est visible, alors c'est vrai que c'est un indice en particulier, le CSI 300 qui est quand même très domestique.
39:05 On pourrait aussi dire, le Hongkong 5, il est au rendez-vous des Pacrades depuis 12 ans,
39:08 enfin, de plus bas depuis 12 ans, donc voilà, il y avait urgence à le faire,
39:11 mais ça montre quand même qu'il y avait quand même un petit peu de panique sous ce niveau-là,
39:14 risque d'emballement, d'ailleurs ils ont interdit les ventes à découvert,
39:17 on fait intervenir même des structures à l'étranger, de la liquidité à l'étranger,
39:20 pour venir soutenir les actions Hongkong, et ensuite on demande au fond d'État chinois,
39:24 sur la partie domestique, de soutenir, donc là on sent quand même que...
39:26 Et quand on commence à interdire les ventes à découvert, c'est ce qu'on a vu en Europe,
39:28 au moment de la crise de la dette, ou crise de la supermonnaie aux Etats-Unis,
39:31 c'est que ça sent vraiment le roussi.
39:32 C'est l'arte rouge quoi.
39:33 C'est l'arte rouge, donc là, on se disait, à un moment donné,
39:35 est-ce que finalement, Xi a quelque chose à faire des marchés,
39:37 vu qu'il a une espèce de vision peut-être du monde,
39:40 dans laquelle les marchés n'ont pas beaucoup d'importance,
39:43 on se demandait, va-t-il réagir finalement ?
39:45 Et là, on sent quand même qu'il y a une volonté de rassurer un petit peu,
39:48 donc tant mieux.
39:49 Après, est-ce que c'est suffisant ou pas ?
39:51 Moi j'ai toujours l'impression que c'est pas une question de...
39:54 Je trouve une question de risque éco.
39:56 J'ai l'impression qu'il y a le danger immobilier,
39:58 ça qu'on a tous perçu depuis des années,
39:59 c'est plus l'enchaînement depuis trois ans,
40:01 les séquences Covid, les coups de vis réglementaires très brutaux,
40:05 les PDG qui disparaissent, le rapprochement avec la Russie,
40:08 c'est l'impression que les investisseurs ne veulent pas y aller,
40:10 pour le risque russe en fait,
40:12 voir d'un seul coup s'évaporer un marché en quelques heures,
40:14 parce qu'il ferait un truc complètement délirant.
40:17 J'ai l'impression que c'est plus ça qui gêne aujourd'hui
40:19 que réellement l'aspect purement éco,
40:21 où l'économie n'est pas non plus effondrée.
40:23 On voit même des cours de matière première un peu cuivre haute
40:25 qui repartent un petit peu,
40:26 des PMI manufacturiers qui tentent de repartir un peu.
40:28 En Allemagne du coup, ça ricoche un peu aussi sur les PMI.
40:30 Donc j'ai l'impression que c'est le bon moment pour y aller,
40:33 que c'est pas cher,
40:34 mais on se dit, est-ce que dans six mois ou dans trois mois,
40:36 on va pas dans un certain temps dingue ?
40:37 Il y a un truc qui est cassé, j'ai l'impression.
40:38 - Pour les investisseurs en tout cas, il y a un truc qui est cassé.
40:40 - Question de confiance.
40:41 - Bon, est-ce qu'on a un plancher solide quand même ?
40:44 On a trois jours de rebond,
40:45 des mesures annoncées, pressenties,
40:47 pour intervenir directement sur les marchés.
40:49 - Sur les marchés, justement,
40:50 ceux qui sont facilement accessibles pour les investisseurs,
40:52 c'est le Heng 5 par exemple.
40:53 Techniquement, il y avait une zone à 18 000 points,
40:56 qu'on avait tapé à plusieurs reprises,
40:57 on est passé en dessous.
40:58 J'entendais qu'on repasse ça,
40:59 qu'on repasse ça avec une Europe qui réaccélère aussi un petit peu,
41:02 pourquoi pas un DAX qui passerait ses sommets,
41:03 un CAC qui retaperait,
41:04 ou le LUX qui repartirait un peu.
41:05 Vous voyez un enchaînement comme ça un peu vertueux.
41:07 Et là, c'est une question technique sur l'Heng 5,
41:09 ça veut dire pour le momentum court terme,
41:10 pourquoi pas y aller à ce moment-là.
41:11 Après, si on veut y aller en tant qu'investisseurs, pourquoi pas,
41:13 mais pour le trading, pour le côté un peu plus court terme,
41:15 au-dessus de 18 000, je trouve ça plus confortable,
41:17 surtout si l'Europe embarque un peu avec elle aussi ce momentum.
41:20 - Bon, comment vous regardez les marchés d'action chinoises aujourd'hui ?
41:24 Alexandre, sachant que personne n'est obligé d'aller y investir,
41:27 mais c'est quand même forcément des marchés qu'on regarde,
41:31 même vu de chez nous.
41:32 - Alors le premier point, je ne fais pas d'analyse chartiste,
41:34 mais effectivement j'ai remarqué ça aussi.
41:36 Donc vraiment, ça se voit à l'œil nu pour le coup.
41:38 - Même si Jinping l'a vu alors.
41:40 - Oui, je pense que même lui l'a vu.
41:42 Non, il y a une chose qui m'intéressait,
41:45 donc le fonds de stabilisation pour le marché actions,
41:49 finalement les montants sont moqués un peu.
41:51 - Ce n'est pas confirmé, mais c'est encore quelque chose qui est considéré, effectivement.
41:54 - Ce serait plus un pansement qu'autre chose.
41:58 Le cut de RRR.
42:00 - Oui, des réserves obligatoires des banques.
42:03 - C'est plutôt une bonne chose.
42:05 Ça reste un soutien monétaire.
42:06 On est vraiment dans le classique de ce que fait la Chine.
42:08 J'attendais plus quelque chose de budgétaire,
42:11 donc un vrai soutien plus important.
42:13 - Est-ce que ce n'est pas le risque ?
42:14 A donner ces petites mesures-là,
42:16 est-ce que ça ne fait pas grossir l'attente des investisseurs du marché
42:20 pour quelque chose de plus orienté vers la demande,
42:24 de plus approprié par rapport aux problèmes que connaît l'économie chinoise aujourd'hui ?
42:28 - À la limite en étant hors marché.
42:30 Si les investisseurs sont sortis, ils peuvent attendre, ce n'est pas très grave.
42:33 Peut-être le point important, c'est que dans ces mesures,
42:37 il y avait un retour en arrière sur une réglementation sur les jeux vidéo.
42:41 En fait, ça, j'ai trouvé que c'était un point marquant,
42:45 parce que c'est la première fois qu'il fait un retour en arrière
42:47 sur une réglementation sortie le jour le lendemain.
42:49 - Je te rappelle juste, fin décembre, c'est ça, en toute fin d'année,
42:52 le régulateur du secteur des jeux vidéo fait passer un draft,
42:56 ou en tout cas un draft sort, sur un nouveau projet de régulation des jeux vidéo.
43:01 Tencent perd, je ne sais plus combien de milliards de market cap sur la nouvelle.
43:06 Et visiblement, vous dites, ça n'a pas tellement été du goût de Pékin.
43:10 En tout cas, il y a eu un retour en arrière par rapport à ça.
43:12 - Clairement. En fait, la limite ou l'interdiction des dépenses en jeu,
43:16 ce n'est pas la mort de Tencent, mais on n'est pas loin.
43:20 - On attaque le cœur du business model.
43:22 - Et on le voit sur certaines valeurs européennes des jeux vidéo.
43:24 Typiquement, Ubisoft a baissé là-dessus.
43:26 Le fait de revenir en arrière, ça a redonné un peu de souffle à ces valeurs-là.
43:31 Ça montre que sur la réglementation, d'une part, il tâtonne.
43:35 Et deuxièmement, et ça, c'est ce qui maintient à l'écart du marché chinois,
43:40 c'est qu'il faut plus de transparence, il faut plus de visibilité sur ce qui est fait.
43:43 Une règle ne peut pas tomber du jour au lendemain comme ça.
43:46 Si on a trop d'incertitudes sur n'importe quel secteur,
43:48 on ne peut pas aller investir sur ce marché.
43:50 Enfin, ou alors très tactiquement.
43:52 - Je crois juste que celui qui avait émis le draft a été sorti d'ailleurs.
43:55 Je crois qu'il a été éjecté de l'équipe, donc c'est un signal politique.
43:58 - Bon, après, Pékin, voyant la réaction du marché, s'est dit que c'était à postériori
44:06 peut-être pas la meilleure idée à avoir pour terminer l'année 2023.
44:10 Mais on s'arrêtera là pour ce soir, messieurs.
44:12 Merci beaucoup. Il y avait beaucoup d'éléments d'analyse à apporter
44:15 au terme de cette séance et de cette journée.
44:17 Merci beaucoup d'avoir été là avec nous.
44:19 Alexandre Baradès, chef analyste chez IG.
44:22 Alexandre Taillet, gérant chez Cicomore Asset Management.
44:24 Et Nicolas Gotsman, responsable de la stratégie macroéconomique à la financière de la cité.
44:29 Le dernier quart d'heure de Smart Bourse, c'est le quart d'heure thématique.
44:42 Le thème ce soir, c'est celui de la politique monétaire et des enjeux
44:45 pour les banques centrales au démarrage de cette année 2024.
44:48 Dans le sillage de la première réunion de l'année pour la Banque Centrale Européenne.
44:52 Et c'est Gilles Mouecq qui est avec nous en visioconférence,
44:54 chef économiste du groupe AXA. Bonjour et bienvenue Gilles.
44:57 Merci beaucoup d'être avec nous.
44:59 Alors évidemment, on n'attendait pas de surprises dans les grandes lignes
45:02 de la communication de la BCE, tant les banquiers centraux européens
45:05 se sont exprimés ces derniers jours et notamment à l'occasion du Forum économique de Davos.
45:09 Mais je trouve quand même les efforts de pédagogie de Christine Lagarde
45:13 qu'il faut saluer, qui ont été assez importants au cours de cette réunion.
45:17 Elle s'est apesantie notamment sur la partie salariale
45:21 qui reste l'obsession ou la crainte obsessionnelle effectivement
45:25 de certains banquiers centraux européens.
45:27 Mais pour expliquer effectivement quelles sont les typologies de données
45:30 que regarde la BCE aujourd'hui et ce qu'il va faire à un moment
45:34 la décision de baisser les taux.
45:37 C'est vrai, on a eu des explications assez longues, assez détaillées
45:42 de la part de Christine Lagarde sur la manière dont la BCE
45:45 va faire son opposition sur le diagnostic.
45:49 Mais il y a quand même des messages intéressants et des changements
45:53 assez marquants je trouve par rapport à la toute dernière communication de la BCE.
45:58 Parce que Christine Lagarde la semaine dernière avait été quand même
46:01 assez au quiche dans ses commentaires à Davos, elle a été directement critiquée
46:06 à le pricing du marché sur les attentes de baisse des taux.
46:10 Tout le monde, y compris moi-même, s'attendait à ce qu'elle aille plus loin
46:14 en tout cas qu'elle réplique en fait cette critique des attentes du marché aujourd'hui.
46:19 Elle ne l'a pas vraiment fait, on a senti peut-être pour la première fois
46:24 depuis longtemps une BCE qui est effectivement data-dependant,
46:29 qui est effectivement dépendante du flux de données,
46:32 qui ne veut pas donner trop de guidances au marché,
46:37 qui ne veut pas être trop claire, trop précise dans le timing
46:42 de ses décisions futures, peut-être parce qu'en toute bonne foi,
46:46 la BCE aujourd'hui ne sait pas très bien ce qui va se passer dans les mois qui viennent.
46:52 Donc il y a ce message général relativement confiant sur la baisse de l'inflation,
46:59 c'était quand même assez clair et j'ai trouvé plutôt plus confortable
47:03 que ce qu'on avait eu, beaucoup plus confortable que ce qu'on avait vu au mois de décembre,
47:07 une BCE assez confiante.
47:10 Un message assez curieux, pour le coup, je n'ai vraiment pas compris,
47:13 sur des données conjoncturelles qui indiqueraient plutôt le début d'une reprise,
47:18 j'ai plutôt l'impression qu'il faut un microscope pour les trouver dans les données actuelles,
47:23 et sur les salaires, effectivement un discours très nuancé avec cette idée
47:28 que contrairement à ce qui a été dit il y a quelques semaines,
47:31 on attendra les données de la fin du printemps avant de savoir
47:34 si effectivement les salaires commencent à se stabiliser,
47:37 cette idée que non, en fait, on a tout un tas d'indicateurs, un peu en real time,
47:41 qui pourront nous permettre peut-être de prendre une décision un peu plus tôt.
47:46 Donc tout ça est oui, effectivement intéressant,
47:50 parce qu'une BCE qui regarde les données de près, c'est toujours rassurant,
47:54 mais moins au quiche quand même que ce qui était dans le tube
47:59 depuis, encore une fois, une interview à Davos qui était quand même incroyablement claire.
48:03 Est-ce qu'on a les germes d'un pivot là, Gilles, pour le dire clairement ?
48:08 Oui, très clairement, oui.
48:10 Et est-ce que l'horizon du mois de juin, effectivement,
48:12 qui semble être l'horizon a minima pour la BCE,
48:16 en tout cas pour le consensus qui semblait se dessiner au cœur du Conseil des gouverneurs,
48:22 est-ce que ça ouvre la possibilité, si nécessaire,
48:27 à peut-être raccourcir un peu ce calendrier qui était celui d'il y a quelques jours ?
48:33 Oui, peut-être.
48:35 Le Marché au mois de décembre et encore au début du mois de janvier
48:41 attendait une première baisse des taux au mois de mars.
48:44 Ça a toujours paru très irréaliste, disons.
48:48 Moi, depuis très longtemps, je suis sur juin,
48:52 et j'étais plutôt conforté dans cette idée que c'était juin
48:55 par tout ce discours de la BCE sur "on n'aura pas beaucoup de données sur les salaires,
48:59 on veut vraiment savoir ce qui se passe, on ne saura ça qu'à la fin du printemps",
49:02 donc moi, j'avais traduit ça comme "juin".
49:04 Et je pense que pour la plupart des économistes,
49:06 ce n'était pas le cas du précis du marché, mais juin, c'était juin au plus tôt.
49:09 Et aujourd'hui, j'aurais plutôt tendance à dire
49:12 "c'est peut-être plutôt juin au plus tard, et peut-être que ça vient au mois d'avril".
49:17 Pour le coup, je n'ai quand même pas envie de changer de baseline
49:20 et de dire "oui, oui, si, si, c'est avril",
49:22 parce que j'ai quand même l'impression que pour que ce soit avril,
49:27 il faudrait que le flux de données dans son intégralité soit parfait d'ici avril.
49:35 C'est-à-dire qu'on est à la poursuite du ralentissement de l'inflation sous-jacente,
49:38 s'en casse, qu'on ait effectivement ces données en temps réel sur les salaires qui aillent dans le bon sens.
49:44 Donc il faut vraiment une configuration idéale pour arriver à une baisse des taux en avril.
49:49 Mais autant, les semaines dernières, avril, n'y pensons pas, c'est vraiment totalement irréaliste,
49:54 aujourd'hui je pense que oui, effectivement, c'est possible.
49:57 Ça me paraît toujours un peu compliqué, mais ça me paraît possible.
50:00 Il y a le prochain print d'inflation, c'est la semaine prochaine je crois, Gilles.
50:05 Il y a le jeu des effets de base qui a joué dans un sens,
50:10 qui va commencer à jouer dans un sens peut-être plus favorable pour nous aussi, Gilles,
50:14 en tout cas pour la mécanique de désinflation.
50:17 Christine Lagarde le reconnaît elle-même.
50:19 On voyait venir le rebond de l'inflation en décembre, néanmoins,
50:23 le rebond qu'on a constaté était moins important que ce qu'on pouvait anticiper nous-mêmes à la Banque Centrale Européenne.
50:30 Est-ce que sur la marque du mois de janvier, la semaine prochaine,
50:34 est-ce qu'on peut avoir de vraies surprises positives, y compris sur l'inflation cœur ?
50:39 Le problème c'est qu'on va avoir énormément de bruit dans les prix à la consommation,
50:46 au moins sur le mois de janvier et probablement sur la totalité du premier trimestre,
50:49 parce qu'on a énormément de décisions prises par les États-Banques,
50:52 ce sont des décisions politiques, des décisions budgétaires,
50:54 qui vont impacter le niveau des prix à la consommation.
50:57 C'est par exemple le cas en France avec la reflexibilisation des prix d'électricité.
51:03 Tout ça va engendrer énormément de bruit dans les années,
51:05 donc ça va être extraordinairement compliqué d'extraire une tendance du CPI.
51:11 Mais si on regarde l'inflation sous-jacente, hors énergie et alimentation,
51:16 et qu'on la regarde sur trois mois annualisés, moi j'adore ça,
51:19 parce que l'inflation on regarde toujours ça sur un an, on regarde ça en dispo annuel,
51:23 et là ça embarque des effets de base sur un an, c'est parfois très inerte.
51:30 Sur trois mois annualisés, si on regarde la série désaisonnalisée,
51:34 en fait on est déjà en dessous de 2%, et ça fait deux ou trois mois qu'on est en dessous de 2%.
51:40 Donc pour moi cette question de ce qu'il y a dans le CPI,
51:44 c'est un tout petit peu, c'est pas annexe, mais on en fait un peu ce qu'on veut.
51:51 C'est-à-dire que si on voulait dire aujourd'hui déjà on est en désinflation très annuelisée,
51:54 on pourrait le faire, ce serait très facile de faire le cas en disant,
51:58 en enlevant les effets de base, en regardant l'inflation sous-jacente sur trois mois annualisés,
52:01 ça fait plusieurs mois qu'on est en dessous de 2%, objectif atteint.
52:05 Mais le problème il n'est pas là.
52:07 Le problème il est sur la possibilité qu'on ait une réaccélération de l'inflation dans les mois qui viennent,
52:13 qui serait déterminée par ce qui se passe du côté des salaires, du côté du marché du travail.
52:18 C'est ce que la BCE n'arrête pas de nous dire depuis des mois.
52:21 Et là le changement de discours est quand même intéressant,
52:24 parce que là on a l'air de dire oui, on commence à voir...
52:27 - Ça se dessert, ça se dessert.
52:29 - Ça se dessert. Donc il y a le CPI, mais ça c'est la, comment dire,
52:33 il faut que ça aille mieux, il faut que le glissement annuel de l'inflation sous-jacente continue à ralentir.
52:39 Je ne pense pas qu'il y ait énormément d'informations économiques en fait dans ce glissement annuel de l'inflation sous-jacente,
52:45 mais c'est une des conditions "techniques" ou de "com" auxquelles il faut arriver.
52:52 Et en attendant, il faut qu'on ait des bonnes nouvelles sur l'atterrissage marché du travail.
52:57 Et la suite c'est là où ça va être compliqué, parce que les données sont vraiment mauvaises en la matière,
53:01 ça c'est un gros problème des données macro en Europe.
53:05 Autant dans les USA, on a une richesse de données sur le marché du travail,
53:09 surtout sur les salaires, avec plusieurs sources différentes,
53:12 mais des vraies belles données très bien construites, et on le sait quasiment en temps réel.
53:16 Dans la zone euro, on utilise des bouts de machin quoi,
53:18 c'est-à-dire qu'on utilise des données incomplètes provenant des négociations salariales dans certains pays membres,
53:24 on obtient des choses, des sites web qui font des sites d'embauche sur le web,
53:31 tout ça est quand même assez bricolé.
53:33 Donc il y a un moment où il va falloir faire une espèce de saut dans l'inconnu.
53:39 Il y a un choix, il y a une décision qui devra être faite par les BCE,
53:42 on n'aura pas une info à 100% idéale, on vous demande comment ça prend une décision.
53:51 Il y a un problème que la BCE n'a pas aujourd'hui, c'est celui de la fragmentation financière en zone euro,
53:59 et il faut évidemment s'en réjouir.
54:02 Quand je vois la convergence des écarts de coûts de financement entre la périphérie et le cœur,
54:09 je me dis évidemment que c'est une bonne nouvelle, c'est spectaculaire,
54:13 et puis il y a même quelque chose qui est un peu le monde à l'envers,
54:16 c'est-à-dire que les meilleurs performeurs sont aujourd'hui des pays qui viennent plutôt de la périphérie
54:20 par rapport à des pays-cœurs qui souffrent et qui sont même devenus les moins bien-disants
54:26 avec des programmes d'émissions nettes qui vont être massifs pour cette année 2024.
54:31 Cette convergence et cette reconvergence sur le plan financier du coût de financement des Etats européens en zone euro,
54:39 est-ce que c'est un état de fait qui peut se prolonger encore devant nous,
54:45 pour je ne sais quelle raison, mais est-ce que c'est quelque chose qui peut s'ancrer un peu dans la durée ?
54:52 Je n'en suis pas certain que ça puisse se resserrer tellement plus,
54:56 parce qu'un élément important, comme le marché attend des baisses de taux assez imminentes,
55:05 je pense qu'en ce moment il y a une espèce de course dans le marché pour aller capter,
55:09 pour aller loquer des obligations avec des temps d'intérêt assez élevés.
55:17 Donc on va où ? On va sur l'Italie, on va sur l'Espagne,
55:20 parce qu'on est toujours sur des rendements supérieurs à 3%, etc.
55:24 Donc j'ai l'impression qu'on est dans cette espèce de course
55:29 où d'essayer dans les derniers mois avant la baisse des taux de la BCE,
55:35 d'aller remplir les bilans avec du papier qui paye.
55:39 J'ai l'impression que c'est un peu ça, alors que du côté des pays du cœur et singulièrement de l'Allemagne,
55:44 en dessous de 2,50 sur un 10 ans allemand,
55:48 alors que le marché ne pense pas que la BCE pourra raisonnablement baisser ses taux
55:52 en dessous justement de 2,5, de 25,
55:55 est-ce que ça vaut encore le coup d'aller charger les bilans avec du bount qui paye aussi peu ?
56:02 Donc je pense qu'il y a cet effet, c'est pas un effet d'aubaine,
56:05 mais c'est le dernier moment possible pour aller engranger du taux avant la baisse des taux.
56:13 - La course au rendement, la peur de manquer effectivement de taux, de rendement, de duration
56:18 effectivement chez certains intervenants de marché aujourd'hui.
56:21 - Pour conclure, le chiffre spectaculaire du jour, Gilles,
56:25 c'est la première estimation de la croissance américaine pour le quatrième trimestre,
56:28 le chiffre sera révisé de nombreuses fois et pendant encore longtemps, mais quand même.
56:33 3,3% de croissance au quatrième trimestre, ça nous donne 2,5% sur l'ensemble de 2023,
56:39 c'est plus qu'en 2022 avec un corps PCE qui est lui parfaitement à 2,
56:45 et depuis déjà deux trimestres, Gilles.
56:48 Et je veux dire, même dans les rêves les plus fous de Jérôme Pohel,
56:51 je pense que c'est quelque chose qui était impossible il y a encore quelques mois.
56:55 - C'est beau, c'est miraculeux, c'est magnifique.
57:00 Je suis toujours pas sûr de comprendre très bien, mais voilà, c'est toujours bon à prendre.
57:06 Oui, on a une croissance de l'économie américaine qui est au double du taux potentiel.
57:13 Si on regarde le niveau du taux de chômage, c'est à peu près clair
57:16 qu'il n'y a absolument aucun impôt de gap à combler,
57:19 et pourtant on a l'inflation sous-jacente qui s'est incroyablement calmée.
57:25 Ce qui est rassurant, et ce qui est un caillou dans le jardin européen,
57:30 c'est que peut-être que ce que cela reflète, c'est que les conditions d'offres aux États-Unis
57:35 sont vraiment en train de s'améliorer très vite.
57:37 Donc on peut avoir une croissance forte sans inflation parce que l'offre est en train de rattraper,
57:42 et l'un des meilleurs indicateurs de cela, c'est la très bonne tenue de la productivité aux États-Unis.
57:48 On est aujourd'hui aux USA, avec une productivité horaire qui est à peu près à 6%
57:53 au-dessus du niveau qu'on avait atteint avant le Covid,
57:56 et qui sur les trois derniers trimestres est en accélération.
58:00 Et ça, c'est l'inverse de ce qui se passe dans la zone euro.
58:04 Dans la zone euro, on a un niveau de la productivité qui est à peine supérieur
58:08 à celui que l'on avait fin 2019, normalement il ne s'est rien passé sur la productivité depuis maintenant 4 ans.
58:15 Au contraire, sur les derniers trimestres, on a une baisse de la productivité.
58:21 Donc nous, nos conditions d'offres, elles ne s'améliorent pas tant que cela.
58:25 Et pour moi, c'est ça le vrai divorce transatlantique en fait en ce moment.
58:28 C'est cette idée vraiment d'une amélioration sous-jacente, effective, encourageante aux États-Unis,
58:36 avec cette productivité très forte, alors que côté européen, c'est quand même incroyablement médiocre.
58:43 Merci beaucoup Gilles, merci pour votre éclairage sur ces différentes situations américaines et européennes,
58:49 et les enjeux en matière de politique monétaire.
58:51 Gilles Moick qui était avec nous en visioconférence, chef économiste du groupe AXA.
58:55 [Musique]