SMART BOURSE - Emission du mardi 13 juin

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Mardi 13 juin 2023, SMART BOURSE reçoit Éric Venet (Directeur de la gestion, Montbleu Finance) , Thierry Le Clercq (Président – Fondateur, Alphajet Fair Investors) , Christophe Barraud (Chef économiste et stratégiste, Market Securities) et Alexandre Zilliox (Gérant, Thematics Asset Management)

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Transcription
00:00 C'est reparti pour Smartbourse, votre double dose quotidienne de marché en direct sur
00:11 Bismarck, chaque jour à la mi-journée 12h30-13h et en fin d'après-midi la grande édition
00:15 pendant une heure à partir de 17h, rediffusée à 20h sur Bismarck TV, émission que vous
00:20 retrouvez chaque jour en replay sur Bismarck.fr et en podcast sur l'ensemble de vos plateformes.
00:26 Au sommaire de cette édition ce soir, le dernier chiffre clé qui va éclairer la décision
00:31 de la réserve fédérale américaine qui sera rendue demain soir.
00:34 Le comité de politique monétaire de la Fed a commencé aujourd'hui avec cette dernière
00:38 information sur le front de l'inflation aux Etats-Unis pour le mois de mai qui franchit
00:43 une nouvelle marche à la baisse comme l'attendait les économistes.
00:47 On passe de 5 à 4 pour dire grossièrement les choses en matière d'inflation globale
00:51 aux Etats-Unis sur un an, 4% pile pour l'inflation globale year on year aux Etats-Unis avec une
00:57 inflation core qui elle aussi est en train de décroître à un rythme toutefois moins
01:02 soutenu puisque l'inflation core mesurée passe de 5,5 à 5,3% au mois de mai.
01:09 Le marché attend une prochaine marche à la baisse.
01:12 L'inflation globale pour le mois de juin pourrait être peut-être inférieure à 3,5%.
01:17 En un an, on aurait ainsi divisé par 3 quasiment le niveau d'inflation aux Etats-Unis après
01:23 le pic du mois de juin 2022 qui était à plus de 9%.
01:26 Discussion et commentaire à suivre avec nos invités de Planète Marché dans un instant
01:30 dans une ambiance de marché positive et même très positive quand on regarde les indices
01:35 majeurs en Europe, aux Etats-Unis.
01:37 Vous aurez le détail de cette séance dans un instant avec Alex Nguyen.
01:41 Wall Street qui est en train d'établir des records de 52 semaines pour les indices S&P
01:47 et Nasdaq qui affichent donc leur meilleur niveau depuis l'été 2022 avec des rebonds
01:54 de 20% et plus par rapport aux points bas qui ont été marqués par ces indices en octobre 2022.
02:00 Techniquement, on sort d'une situation de bear market pour rentrer peut-être dans
02:04 une situation de bull market et puis on notera également en Asie le Nikkei qui poursuit
02:11 son envolée avec de nouveaux records de plus de 30 ans battus ce matin par le marché japonais
02:17 et même depuis quelques séances on peut constater que certaines parties du marché
02:21 très délaissées, très décotées tentent de rebondir.
02:25 On l'a vu notamment avec les actifs émergents sur fond de détente du dollar.
02:29 Les devises émergentes tiennent mieux et les actifs émergents dans leur ensemble confirment
02:34 également une meilleure tenue depuis quelques jours.
02:36 L'exemple que tout le monde regarde est celui des actions chinoises qui sont en train d'essayer
02:40 de rebondir après avoir lourdement rechuté depuis le début de l'année.
02:45 Voilà pour le paysage du moment sur les marchés financiers avec bien sûr un thème qui devient
02:49 un thème quasi quotidien désormais, celui de l'IA générative qui entretient bien sûr
02:54 le phénomène de prix sur les marchés actions.
02:57 Ce boom de l'IA générative, nous en parlerons spécifiquement dans le dernier quart d'heure
03:01 ce soir avec les équipes de Thematics Assets Management qui déploient une stratégie autour
03:05 de l'IA depuis plus de 4 ans maintenant.
03:07 Autant dire qu'ils sont familiers avec ce thème de l'intelligence artificielle.
03:11 Que pensent-ils de ce moment d'exubérance peut-être autour de l'IA générative ?
03:17 Nous en parlerons avec Alexandre Ziliox qui gère justement la stratégie IA chez Thematics
03:22 Assets Management et qui sera avec nous au plateau à 17h45.
03:25 Mais d'abord, tendance mon ami, comme chaque soir en ouverture d'émission, les infos
03:39 clés de marché avec vous, Alix Nguyen et les marchés européens qui poursuivent sur
03:43 leur lancée avec une nouvelle séance de hausse aujourd'hui pour ce début de semaine.
03:48 Et oui, la prudence a laissé place à l'optimisme aux Etats-Unis.
03:51 Les prix à la consommation ont ralenti et plus que prévu.
03:55 L'indice du département du travail s'est établi à 0,1% sur un mois et à 4% sur un an.
04:02 Or, élément volatil, l'inflation core est ressortie en hausse de 0,4% sur un mois,
04:08 sur un an, sa progression revient à 5,3%.
04:11 On retient un autre indicateur européen, cette fois paru ce matin.
04:16 En Allemagne, l'indice ZOO remonte plus que prévu.
04:19 Il reste cependant en territoire négatif.
04:21 Il s'est établi à -8,5%.
04:24 L'indice des valeurs technologiques est en tête du stock 600.
04:27 Il profite également des solides résultats du géant du cloud Oracle dont l'action a
04:32 atteint un pic historique hier.
04:34 Le secteur du luxe est aussi bien orienté.
04:37 Du côté des devises, le dollar accentue ses pertes face à l'euro et à la livre.
04:42 A noter que demain, nous prendrons connaissance de la décision de politique monétaire de
04:45 la Fed au sortir de deux jours de réunion.
04:48 S'agissant des matières premières, le prix du gaz européen bondit au plus haut en un
04:55 mois sous l'effet de la prolongation des arrêts de la production dans trois grandes usines
04:59 et champs gaziers norvégiens.
05:01 Et puis du côté des entreprises, la thématique M&A, à nouveau à la une de l'actualité
05:06 aujourd'hui à l'IX avec le géant américain du négoce agricole Bunge qui grossit avec
05:12 l'absorption de son concurrent Vitera.
05:14 - Et oui, un rachat pour plus de 8 milliards de dollars en numéraire et en action.
05:19 Dans son communiqué, Bunge évoque l'émergence d'une entreprise internationale de l'agroindustrie
05:25 innovante.
05:26 Dans le reste de l'actualité des entreprises américaines, l'autorité américaine de la
05:30 concurrence a demandé à un tribunal de bloquer temporairement tout accord final sur l'acquisition
05:36 d'Activision Blizzard par Microsoft.
05:38 Pour rappel, la Commission européenne avait approuvé cette opération le mois dernier.
05:42 Une opération qui ferait de Microsoft le troisième acteur mondial de jeux vidéo.
05:46 - Et puis parmi les faits marquants du jour sur le marché britannique, on peut retenir
05:52 l'envolée de l'action Manchester United.
05:54 - Et oui, l'action profite de rumeurs de rachat.
05:57 D'après le journal Qatari Al-Watan, le cher Jassim, fils de l'ancien Premier ministre
06:02 du pays, serait en pole position pour racheter Manchester United.
06:06 Et puis à Paris, Saint-Gobain est en tête du CAC.
06:10 Le groupe a conclu un accord définitif en vue de l'acquisition du fabricant Building
06:15 Products of Canada.
06:16 - Tendance mon ami.
06:18 Chaque soir, le résumé de la séance, les infos clés du jour sur les marchés avec
06:21 Alix Nguyen dans Smartbourse sur Bismarck.
06:22 - Trois invités avec nous chaque soir pour
06:35 décrypter les mouvements de la planète marché.
06:37 Thierry Leclerc est avec nous, le président fondateur d'AlphaJet Fair Investors.
06:40 Bonsoir Thierry.
06:41 - Bonsoir Grégoire.
06:42 - Merci d'être avec nous.
06:43 Merci à Eric Venet de nous accompagner également ce soir.
06:45 Bonsoir Eric.
06:46 - Bonsoir Grégoire.
06:47 - Ravis de vous retrouver.
06:48 Vous êtes directeur de la gestion de Montbleu Finance.
06:49 Et Christophe Barraud avec nous, chef économiste et stratégiste de Market Securities.
06:52 Bonsoir Christophe.
06:53 - Bonsoir Grégoire.
06:54 - Merci d'être là avec nous autour de la table.
06:56 Christophe, je commence avec vous le décryptage, la décomposition de la dynamique d'inflation
07:00 aux Etats-Unis.
07:01 Je prends un peu d'avance parce que c'est vrai qu'on a un peu de visibilité quand même
07:04 sur l'inflation du mois de juin aux Etats-Unis.
07:06 Là, elle est à 4%.
07:08 Elle sera peut-être à 3,5% voire moins au mois de juin.
07:12 Je parle de l'inflation globale sur un an, ce qui nous fait dire qu'en un an, justement,
07:17 le rythme d'inflation, le rythme de hausse des prix global aura été divisé par 3 quand
07:21 même.
07:22 - Oui, alors nous, on est plutôt sur 3, que 3,5.
07:24 - Ah oui ? Donc une sacrée marche encore.
07:26 - Oui, mais le…
07:27 - En deux mois, on n'aura jamais vu autant de désinflation comme ça en deux mois aux
07:31 Etats-Unis.
07:32 - Exactement.
07:33 Après, les effets de base sont extrêmement négatifs parce qu'on avait un prix du pétrole
07:37 très, très élevé.
07:38 Donc la contribution du pétrole en juin, contribution négative, sera très importante.
07:42 - Massive.
07:43 - Ce qui est aussi intéressant dans le rapport d'aujourd'hui, c'est de voir qu'est-ce
07:46 qui a permis au CPI d'être en territoire positif.
07:48 Alors vous avez les loyers qui ont rajouté 0,2 points à peu près et les ventes de véhicules
07:54 existants, c'est 0,1 point.
07:55 Or, on sait, via des indicateurs avancés, que ces deux composantes sont censées se
08:00 normaliser, soit le mois prochain ou soit dans les deux mois.
08:03 Donc un rapport plutôt encourageant et qui renforce l'idée qu'on sera plutôt aux
08:07 alentours des 3% au mois de juin.
08:10 Après, la vraie question, à mon sens, elle est plus qu'est-ce qui se passe de juillet
08:14 à décembre.
08:15 Et la vraie résistance, ce sera de passer de 3 à 2.
08:20 Le seuil de 3 est, à mon sens, pas forcément très important à court terme.
08:26 C'est comment on fait pour redescendre à 2%.
08:28 - Quand on regarde, très spécifiquement, ce qui est regardé aujourd'hui par la Fed,
08:32 donc l'inflation cœur dans les services en enlevant la composante logement, est-ce
08:37 que là aussi, il y a matière à encouragement, Christophe ?
08:40 - Alors ça se normalise, mais c'est la composante, toutes les composantes qui se normalisent
08:45 le plus lentement si on compare à d'autres composantes comme l'alimentation qui, pour
08:51 le coup, commence depuis quelques mois à montrer des signes de faiblesse.
08:55 Alors c'est valable aux Etats-Unis, mais c'est valable quasiment partout dans le monde.
09:00 Le vrai point, c'est celui-là.
09:02 On sait que c'est beaucoup plus dépendant du marché de l'emploi qui est encore très
09:07 résilient.
09:08 Et le couït de la Fed aujourd'hui, c'est de se dire comment on arrive à passer de
09:12 chiffres qui sont plutôt alentour des 4 et autres, à les faire revenir vers, on va
09:18 dire, 3% dans un premier temps, 2% dans un second temps.
09:21 - Et ça, c'est pas sûr qu'on puisse l'observer sur juillet-décembre, comme vous dites, Christophe.
09:26 - Non, puisque les effets de base, pour le coup, sont beaucoup moins favorables que pour
09:33 d'autres composantes.
09:34 Et on a quand même cette résilience du marché de l'emploi, même si on a, je dirais, une
09:40 certaine normalisation depuis quelques mois.
09:42 On reste sur des niveaux où on a un taux de chômage très faible.
09:45 On a des salaires qui, certes, la croissance des salaires se normalise, mais c'est encore
09:49 très lent.
09:50 On a des offres d'emploi qui sont largement, enfin, qui sont pratiquement le double du
09:55 nombre de chômeurs.
09:56 Donc, marché de l'emploi, même si c'est un indicateur retardé par rapport au cycle
10:01 macro, on est quand même sur des niveaux encore de légère tension.
10:06 Donc, sur cette composante du CPI, on sait que ça va être beaucoup plus "sticky", entre
10:13 guillemets, et que ça mettra plus de temps à se normaliser que les autres composantes
10:18 qui sont plus cycliques.
10:19 - Du coup, pour la Fed, est-ce que c'est simplement une question de maintien dans la durée du
10:26 niveau de restriction monétaire qui a déjà été atteint, ou est-ce que c'est encore
10:30 une question de niveau de restriction monétaire ?
10:33 - Ma conviction, c'est qu'aujourd'hui, la pause pourrait durer, avec un petit risque
10:41 d'avoir un dernier relèvement de taux, si les conditions le permettent à 100%, qu'il
10:46 n'y ait pas de dégâts, on va dire, sur le secteur financier, que les publications des
10:50 bancaires soient solides, etc.
10:52 Mais globalement, j'ai l'impression qu'on a atteint un seuil à partir duquel, si on
10:58 va un peu trop loin, on aura des conséquences sur le crédit, d'une part.
11:02 On sait que les conditions de crédit sont déjà dégradées très significativement.
11:05 Et ce n'est pas impossible que la croissance du crédit soit déjà très légèrement négative
11:10 aux États-Unis.
11:11 Et aller un peu trop loin, ça voudrait dire que ça deviendrait assez négatif au T3 et
11:16 potentiellement encore plus négatif au T4, avec tous les risques que ça peut impliquer
11:20 sur des secteurs comme l'immobilier commercial et autres.
11:23 À mon avis, on est à la limite du taux optimal.
11:29 Maintenant, il ne faudra pas aller trop loin, à mon sens.
11:34 – Je pense qu'ils en ont bien conscience.
11:36 On a déjà ralenti le rythme.
11:37 La pause est plutôt dans les tuyaux pour cette semaine, au moins, avec peut-être toujours
11:43 un petit risque à la hausse derrière.
11:45 L'idée de la pause, qu'est-ce que ça vous inspire à ce stade ?
11:48 On a déjà beaucoup parlé, Eric, mais c'est vrai que le marché, là, pour le coup, est
11:52 de manière assez immédiate, très focalisée sur cette question.
11:54 – Ça veut dire que jusqu'ici, tout va bien ?
11:56 En fait, elle a réussi sans pari ?
11:58 C'est-à-dire que si on arrive à 3,5 ?
12:02 – 3, nous dit Christophe, même.
12:04 – Même 3, ça serait…
12:06 Alors, ça voudrait dire aussi que…
12:08 – Il faut se remettre un an en arrière.
12:10 Si en juin 2022, à plus de 9% d'inflation, où tout accélérait aux États-Unis,
12:16 si on vous avait dit "vous verrez, dans un an, on sera à 3",
12:20 je ne suis pas sûr qu'il y en ait beaucoup qui l'auraient dit.
12:22 Il faut juste mettre à côté qu'on n'a pas de chute de la croissance.
12:25 On pouvait faire 3 si on avait explosé un laiteau,
12:29 mais on n'a pas cassé la machine.
12:31 Ce que j'avais peur, c'est qu'en remontant aussi rapidement,
12:33 on casse la machine, et apparemment, on ne la casse pas,
12:36 puisque la consommation est toujours là, les emplois sont toujours là,
12:42 et la demande est encore soutenue.
12:46 Donc, pour moi, la très bonne nouvelle, c'est qu'on ne casse pas les anticipations.
12:51 Alors après, ce qui me perturbe un petit peu,
12:54 c'est que comme on a accumulé tellement de stocks départs un peu partout,
12:58 ou de liquidités dans les entreprises,
13:01 est-ce qu'on n'a pas épuisé, qu'il n'y a pas eu un effet de retardement
13:07 de l'utilisation de l'application monétaire,
13:10 ce qui ferait que d'un seul coup, d'ici quelques mois,
13:13 on se retrouve avec complètement une rupture forte.
13:17 C'est juste, et on se poserait dès lors la question,
13:20 ce risque, on se le pose depuis un an.
13:23 Vu la vitesse et l'intensité de la remontée des taux,
13:25 on se l'est posé à chaque hausse de taux,
13:27 cette idée de la rupture, du truc qui s'arrête d'un coup.
13:31 Je pense que la question ne se pose pas pour l'instant,
13:34 mais c'est toujours la petite crainte, on n'est jamais content.
13:41 En tout cas, bravo, puisqu'en fait, on ne pensait pas qu'il y a un an,
13:45 qu'on aurait ces conditions-là.
13:47 – Bon, Thierry, il est temps pour la fête de prendre le temps
13:51 d'observer ce qu'il se passe.
13:52 – Oui, c'est pas que nous qui le disons,
13:53 le marché n'attend plus vraiment de hausse sur les prochains trimestres.
13:58 Donc oui, le chemin est fait, je suis assez d'accord.
14:03 On a souvent tendance à taper sur les banquiers centraux,
14:07 parce que, pour plein de raisons qui appartiennent à chacun qui pratique ça,
14:13 mais finalement, ils ont plutôt bien piloté, comme vous dites.
14:18 Il y a un an, personne ne… enfin personne !
14:22 On avait à peu près compris les raisons,
14:24 on avait dit que c'était… enfin, il y avait la guerre en Ukraine,
14:28 le fait que les goulets d'étranglement liés au Covid se débouclent tout d'un coup,
14:34 et qu'en même temps, la demande est présente.
14:37 Donc on avait à peu près compris,
14:38 après, le scénario, il est impossible à prévoir.
14:41 On avait les éléments, il y avait un chemin, effectivement,
14:43 pour que ça ne se passe pas si mal que ça,
14:45 que les chaînes d'approvisionnement se remettent à fonctionner,
14:49 que la demande se stabilise un petit peu,
14:51 et c'est ce qui semble se produire,
14:53 enfin c'est ce qui s'est produit depuis un an,
14:55 et les banquiers centraux, enfin américains,
14:57 et aussi côté européen, je pense, ont été plutôt bons.
15:00 Après, ils inventent rien, ils suivent des datas toute la journée,
15:04 ils ne se mouillent pas trop,
15:06 ils essayent de donner une guidance au marché pour que tout le monde s'y retrouve.
15:10 Et finalement, ça se passe plutôt pas mal,
15:14 donc chapeau, effectivement, je rejoins ce qu'il a dit.
15:17 - Petite nuance, le plein impact de ce choc monétaire,
15:21 il est encore à venir, c'est juste maintenant qu'on commence à ressentir
15:24 les pleins effets de cette...
15:26 - Oui, mais il fallait déjà, pour les marchés,
15:29 à la hagueur, j'aurais tendance à dire que c'est plutôt cette phase
15:32 qui est très perturbante, stressante.
15:34 Effectivement, pour l'économie réelle, là, on va voir ce qui a été dit précédemment,
15:40 l'impact sur l'immobilier, etc.
15:44 Donc là, on est vraiment dans le cœur du sujet,
15:46 mais le marché, c'est vrai qu'il se focalise vraiment énormément
15:50 sur les banquiers centraux, ce qu'ils disent,
15:53 et ça, le plus dur, pour le coup, est derrière nous.
15:55 Et après, on peut même aussi aujourd'hui avoir,
15:58 enfin, je ne veux pas paraître suroptimiste,
15:59 mais finalement, ça se passe quand même pas si mal que ça,
16:02 un chemin sur lequel le PIB ne s'écroule pas complètement.
16:06 Enfin, 2023, on attendait une année difficile
16:08 en termes de croissance, voire de décroissance.
16:11 Finalement, ce n'est pas fantastique, ce n'est pas du tout mon propos,
16:15 mais en tout cas, ce n'est pas non plus catastrophique.
16:18 Donc, à nouveau, ça rejoint ce qui a été dit précédemment,
16:22 chapeau les banquiers centraux,
16:24 qui ont réussi à faire baisser l'inflation.
16:26 Alors, il y avait des éléments exogènes qui ont disparu,
16:29 donc ça, c'est normal.
16:30 L'inflation core, c'est vraiment ça, le nerf de la guerre.
16:35 Donc, est-ce que les salaires sont impactés ?
16:37 Est-ce qu'on est dans des boucles ?
16:40 Et là, pour le moment, ça n'a pas l'air de se mettre en place.
16:43 La preuve, c'est que l'inflation core baisse,
16:46 donc c'est quand même plutôt positif.
16:48 Et puis, sur la croissance, ça ne se passe pas non plus.
16:51 Il n'y a pas d'élément catastrophique aujourd'hui,
16:53 avec quand même une Chine qui n'est pas forcément au rendez-vous,
16:57 une Europe qui est moribonde.
16:58 Donc, ce n'est pas si mal que ça, je trouve, ce qu'on a sous les yeux.
17:02 C'est quoi les indicateurs clés à suivre pour une banque centrale,
17:05 selon vous, aujourd'hui, Christophe ?
17:07 Qu'est-ce qui fait la décision de Politique Monétaire à ce stade ?
17:10 Ils sont sortis de l'idée un peu automatique des hausses
17:14 de 115 points de base qu'on a enquillées pendant des mois.
17:16 Donc, on est dans autre chose.
17:18 En même temps, ils veulent rester très dépendants aux données.
17:21 On constate tous, et eux les premiers, j'imagine,
17:23 l'écart qu'il y a entre les données d'enquête, d'un côté,
17:27 les données réalisées, les données dures, de l'autre.
17:31 Les écarts entre enquête manufacturière et services,
17:35 tout ça donne une lecture très, très compliquée.
17:37 Et, vous l'avez dit, il y a l'idée de regarder ce qui se passe
17:40 dans les services-coeur et donc de s'intéresser au marché du travail,
17:44 dont on nous dit que c'est toujours une variable un peu retardée,
17:48 qui n'est peut-être pas la variable forcément la plus pertinente
17:50 si on veut faire de la Politique Monétaire en regardant devant.
17:54 Je pense que déjà, les banquiers sont trop, regardent tout.
17:57 Ça, je suis même certain.
17:59 Maintenant, si je devais donner mon avis sur ce qu'il faut regarder,
18:03 c'est aux États-Unis, du moins, conditions de crédit T2, T3.
18:08 D'accord. Donc les enquêtes de crédit,
18:10 distribution, conditions de crédit, ça, ça devient clé pour les banquiers.
18:13 Taux d'intérêt sur quart de crédit,
18:15 il faut savoir qu'on est à plus de 20% quand même,
18:17 qu'une grosse partie de la croissance des 4 T1 sur la conso
18:21 se fait sur les ménages à faible et moyen revenu
18:24 qui ont rechargé à mort les quarts de crédit.
18:27 Donc là, on a eu des taux de défaut qui sont montés T4, T1.
18:31 Je pense que la clé, elle va être sur le taux de défaut sur les quarts de crédit
18:36 qui sera un très bon indicateur de la conso.
18:39 Provision mise en place par les banques au T2,
18:43 parce qu'on sait que sur les, par exemple, quarts de crédit au T1,
18:46 on était en hausse de 73% pour les 4 grosses banques
18:49 par rapport au T1 de l'année passée.
18:51 Donc la clé sur les États-Unis, la conso, elle est là.
18:54 On sait que si la conso flanche, tout le reste suivra.
18:58 Et éventuellement, ce qui peut se passer sur l'immobilier commercial et les ricochets,
19:02 parce que les données sont très opaques,
19:04 généralement quand on a un événement de crédit, c'est du jour au lendemain.
19:08 Et c'est là où on est toujours surpris parce qu'on ne peut pas vraiment le suivre.
19:12 Sur une année où il y a à peu près 450 milliards de prêts à refinancer,
19:17 250 milliards dans les bureaux et où on sait que les maturités sont de plus en plus courtes,
19:23 avec des crédits plus difficiles à obtenir, des taux d'intérêt plus élevés,
19:27 je pense que là, la clé, c'est les conditions financières
19:31 et ce qui se passe vraiment sur le crédit conso.
19:35 Le reste, bon, marché de l'emploi, c'est retardé.
19:38 Généralement, ça, 9 mois, mais je pense que dans ce cycle-là, ce sera encore plus.
19:43 Parce qu'il y a une dichotomie très forte entre l'hospitalité,
19:47 donc tourisme, restauration, etc., qui est en plein boum et qui explose,
19:53 d'autres secteurs, tech, manufacturier, qui pour le coup sont à l'inverse.
19:59 Il y a sûrement un rattrapage encore sur l'hospitalité.
20:02 Ce qui fait que le marché de l'emploi, il y a un bout en rattrapage,
20:05 un bout un peu plus cyclique qui a tendance à être sous pression.
20:11 Le marché de l'emploi, je ne suis pas forcément certain que ce soit un bon indicateur
20:15 pour se projeter à très long terme, mais on est obligé de regarder les salaires
20:18 et de voir s'il n'y a pas une boucle.
20:20 Et après, la clé, c'est ce que j'ai tendance à répéter depuis 3 ans aux USA,
20:25 c'est là où je serai beaucoup plus critique sur les politiques monétaires.
20:28 C'est que quand les loyers sont montés en 2021 sur les market rents de 18%,
20:34 personne ne les a regardés alors que c'était la clé.
20:36 Quand ils sont encore montés de 10% en 2022,
20:39 c'est-à-dire que les loyers ont pris 25% aux États-Unis en 2 ans.
20:42 C'est aussi pour ça que les ménages demandent des hausses de salaire.
20:45 – Oui, bien sûr.
20:46 – Aujourd'hui, ça tend à se normaliser, les market rents.
20:49 On est d'ailleurs en contraction au rythme annuel sur certains indices.
20:54 – Mais ça ne se voit pas encore.
20:56 – Le cycle traditionnel, c'est 9 à 12 mois de décalage,
21:01 mais je pense que dans ce cycle-là, ce sera peut-être un peu plus, 12 à 15 mois.
21:05 Mais ça veut aussi dire que la composante Shelter du CPI a fait son pic
21:09 et qu'il y a 18 mois de baisse potentielle ou 18 mois de normalisation sur le CPI.
21:15 Ça, c'est plutôt un bon point.
21:17 Il faut le regarder, mais la Fed aujourd'hui a aussi créé ses propres mesures sur les market rents.
21:23 Je ne sais plus si c'est celle de Cleveland, mais à vérifier quand même.
21:28 – Oui, mais enfin, ils ont créé leur propre tableau dedans là-dessus.
21:34 – Oui, Powell a fait un speech fin novembre dans lequel il disait
21:38 "Toute cette composante, ça commence à se normaliser".
21:41 Je pense que c'est quand même un point clé dans la dynamique de salaire.
21:44 – Je comprends.
21:45 – Mais à l'inverse, si ça, ça repart à la hausse, là, ce sera très problématique par la suite.
21:50 – Oui, bon, toutes ces tendances vont devoir être confirmées dans le temps,
21:54 effectivement avec un décalage et un temps de décalage
21:56 peut-être un peu plus long que d'habitude pour ces variables
22:00 sur l'immobilier, le logement, les loyers et sur le marché du travail.
22:04 Si on en vient au marché, peut-être…
22:07 – Juste avant, je crois que l'accès au crédit financier est la question maintenant.
22:14 On est d'accord, globalement, on a stabilisé l'offre et la demande
22:17 à des niveaux relativement optimaux pour avoir une inflation correcte.
22:23 Ça s'est juste fait avec une rapidité extraordinaire
22:27 et qu'il y a des secteurs qui vont s'offrir plus que d'autres
22:30 de renouvellement d'accès au marché financier.
22:32 Je crois que c'est là où ça peut…
22:35 – D'ailleurs, si le crédit bancaire est important aux États-Unis,
22:37 j'imagine qu'il l'est x10 en Europe
22:40 où l'intermédiation bancaire reste quand même la clé
22:44 pour beaucoup de financements de ménage, de logement, etc.
22:47 – Donc je pense que c'est ça qu'il faut surveiller.
22:49 C'est plus l'accès au liquide, au renouvellement, au marché financier, etc.
22:55 – Bon, sur les marchés, l'événement de la semaine,
22:59 c'est quand même ces situations techniques sur le marché américain
23:03 qui sont en train d'évoluer avec des rebonds
23:06 par rapport au point bas d'octobre 2022 de 20% et plus désormais
23:10 pour le S&P 500 qui reste l'indice mondial de référence de ce point de vue-là.
23:14 Est-ce que c'est la fin d'un énorme bear market rally ?
23:17 Est-ce que c'est le début d'un bull market ?
23:21 On ne peut pas balayer cette situation technique d'un revers de main quand même.
23:25 Ça marque les esprits, ça fait les gros titres
23:28 et puis on voit quand même la dynamique du marché américain de toute façon.
23:31 – Après, c'est la conséquence de ce qu'on vient de dire.
23:34 C'est-à-dire qu'à partir du moment où on est passé d'un secteur de déflation
23:40 et après surchauffe excessive où on essaye de politique désinflation
23:46 sans casser la machine, c'est le meilleur des mondes.
23:50 Si on a toujours accès à la liquidité, on revient à la même chose.
23:54 Donc dans l'absolu, oui, je ne vois pas pourquoi on ne justifierait pas ça.
24:01 Après, il y a les faits un peu moutonniers ou comportementales.
24:08 Bon, d'un seul coup on n'en veut pas, puis après on en veut.
24:12 Ça s'est fait par des très grosses entreprises, la remontée, où on était sûr.
24:18 On achetait la sécurité en fait.
24:20 – C'est-à-dire prise de risque minimale quand même.
24:24 – Oui, mais du coup ça a renforcé le sentiment de sécurité
24:28 puisque les valeurs sécures continuaient de monter.
24:32 Donc au fur et à mesure que le scénario macroéconomique redevenait intéressant,
24:38 on a diffusé cet optimisme dans l'ensemble de partie des autres secteurs.
24:44 Tout n'est pas remonté en fait.
24:45 – Ah non ?
24:46 – On est d'accord, il y a encore de la place.
24:49 Mais il y a eu un effet d'entraînement psychologique.
24:54 – C'est un scénario encore devant nous que vous décrivez possible, j'entends Éric.
24:58 – Oui, parce qu'il y a encore des...
25:01 Les investisseurs se sont focalisés sur des secteurs bien précis.
25:05 Et là il y a encore des idées de secteur qui n'ont pas participé à ce renouvellement de hausse.
25:14 Donc oui, ça peut durer encore.
25:16 Mais en fait c'est juste normal qu'on...
25:20 – Non mais attends Éric, on ne peut pas dire que c'est normal.
25:22 – Mais non, on se pose la question depuis 6 mois, on est toujours au même...
25:25 – Mais je sais bien, nous-mêmes on est surpris, moi-même je suis le premier surpris.
25:29 Pourtant je suis positif depuis le rallye d'automne, je trouve que c'est normal effectivement.
25:34 Mais c'est vrai qu'au fur et à mesure, personne n'a vu le S&P à 4 300.
25:38 Maintenant Goldman est obligé de remonter sa target fin d'année à 4 500.
25:42 Tous les stratégistes se sont fait surprendre quand même.
25:44 – Oui alors...
25:45 – Non mais je veux dire, les gens qui écoutent, ils doivent se dire
25:48 "c'est qui cette bande de dingues qui pensent que c'est normal qu'on ait 30% de hausse comme ça ?"
25:53 – Mais le Nasdaq a perdu combien ?
25:54 – Mais oui, il a perdu 30% l'an dernier.
25:55 – En dédice quoi.
25:56 – Oui, oui, non mais je suis d'accord.
25:57 – C'était à la ramasse en fait.
25:58 – D'accord.
25:59 – Oui, enfin...
26:00 – Non mais en tout cas on arrive à justifier cette situation, à la comprendre en tout cas.
26:04 – Oui, voilà.
26:05 – Oui.
26:06 – Après, est-ce que ça va se poursuivre ?
26:12 Pour l'instant il n'y a pas de raison que ça ne se poursuive pas.
26:14 Parce qu'on ne va pas changer de mood de marché,
26:18 ni de changement de stratégie économique, qu'on veut dire,
26:23 donc sauf accident de liquidité.
26:27 – Bon, est-ce que c'est normal que vous inspire la situation des marchés Thierry ?
26:31 Les records américains, le VIX qui est tombé à moins de 14 quand même ces derniers jours,
26:35 donc des niveaux quand même de volatilité qui commencent à être assez bas,
26:39 plus du tout dans des zones de pessimisme, ça c'est sûr.
26:42 Et puis ce phénomène de concentration, est-ce que c'est un signe de fragilité
26:46 ou est-ce que c'est au contraire l'idée que justement il y a de la place
26:50 pour que la participation s'élargisse ?
26:53 – En fait je pense qu'il y a eu une petite confusion qui s'est faite
26:57 là à la fin de l'année dernière sur la tech.
27:01 Parce que la tech en fait s'est renouvelée,
27:05 il y a eu, même il y a des banques, là vous citiez une grande banque américaine
27:10 qui aujourd'hui envoie des paniers à leurs clients, ils appellent ça "new tech".
27:14 Donc on est toujours dans la tech, mais il y a une new tech dans la tech.
27:18 Et en fait, vous savez le marché c'est toujours pareil,
27:21 donc là est-ce que je suis surpris ? Non, par le déroulement de ce qui se passe,
27:25 après évidemment personne ne peut savoir exactement comment ça va se passer,
27:30 mais le marché a besoin d'un leader pour sortir de son marasme,
27:34 donc le leader c'est la new tech.
27:37 Et donc comme c'était le leader précédent qui s'est cassé la figure,
27:41 et c'est très rare que le nouveau leader soit le même que l'ancien leader,
27:45 mais, alors attendez je ne veux pas être trop confusant,
27:48 mais il se trouve que c'est toujours dans le secteur de la tech,
27:50 mais il y a eu une prise de relais qui s'est faite
27:54 donc entre l'ancienne tech et la nouvelle tech.
27:57 – Je comprends.
27:58 – Et donc c'est ça qui a drive la croissance qu'on a eue depuis novembre,
28:02 et on a dit que le marché autre que cette partie,
28:06 donc les méga cap, les très grandes capitalisations slash tech,
28:11 a porté le marché, a tiré le marché très fort,
28:14 donc je voyais l'indice par exemple,
28:16 c'est un indice qui est à New York, le NICE, FANG+,
28:20 donc il y a 10 boîtes là-dedans,
28:23 il a fait 67% depuis le début de l'année,
28:26 donc le S&P on est à +9%,
28:29 et le S&P Equal Weight on est à 2%,
28:32 donc il y a ce leader de marché qui est apparu,
28:35 il se trouve que ça a créé, et moi le premier je disais,
28:38 "ben attendez la tech ça peut être difficile pour eux".
28:40 – Oui c'est ça, c'est les mêmes noms d'entreprises,
28:42 mais on les retrouve leaders pour d'autres raisons,
28:44 qui ne sont pas les raisons du passé.
28:46 – Alors voilà, on mentionnait…
28:47 – C'est ça la new tech.
28:48 – Exactement.
28:49 – Mais c'est les mêmes boîtes quand même.
28:50 – C'est plus ou moins les mêmes boîtes,
28:51 il y en a quelques qui apparaissent, qui se…
28:53 – Oui, oui, mais ça amorte la force de ces entreprises,
28:56 d'être capable, l'agilité qu'elles peuvent avoir à ces niveaux,
28:59 et ces tailles d'entreprises qu'elles ont atteintes aujourd'hui.
29:02 – Parce que c'est des boîtes qui sont, enfin désolé pour le jargon,
29:04 mais c'est des boîtes qui sont "asset light",
29:06 c'est-à-dire qu'elles ont la capacité à se réinventer,
29:11 comme ça, dans une très courte période de temps,
29:13 c'est des boîtes qui génèrent beaucoup de cash,
29:16 et donc voilà, après c'est…
29:20 à nouveau c'est toujours très facile, quelques mois plus tard,
29:23 mais elles ont fait du bon boulot, elles ont coupé les coups,
29:26 elles étaient dans une spirale aussi très…
29:30 d'embaucher, de partir sur tout,
29:32 enfin voilà, elles voulaient conquérir le monde,
29:34 là elles ont trouvé un chemin.
29:35 – Il y a un thème là.
29:36 – Il y a un thème, elles savent sur quoi se focuser, se concentrer,
29:40 – On ne se disperse plus.
29:41 – On ne se disperse plus, elles se sont reconcentrées,
29:45 elles ont du cash pour faire tout ça, et on est reparti pour un cycle,
29:48 et donc pour déboulonner ça, c'est impossible,
29:51 aujourd'hui il n'y a que le régulateur…
29:53 – Même la politique monétaire n'y arrive pas,
29:55 même la remontée des taux ne casse pas cet enthousiasme pour le thème New Tech.
30:00 – Mais parce que ça a été fait en 2022,
30:03 surtout les plus 75 points de base dont on parlait,
30:07 là ça fait quand même très mal au marché,
30:09 mars, tous les 6 semaines on se prenait 75,
30:12 à partir de l'automne on a vu effectivement que l'inflation avait atteint un pic,
30:17 alors à nouveau, c'est toujours pareil,
30:19 c'est très malin de dire qu'aujourd'hui on allait être à 3,
30:22 ça c'était assez compliqué à prédire,
30:24 mais en tout cas on avait vu qu'on avait un pic d'inflation,
30:26 c'était en train de décélérer,
30:28 et donc on avait les composantes pour repartir sur un boule market,
30:33 il ne manquait plus qu'un leader,
30:34 et il se trouve que le leader…
30:35 – C'est Apple.
30:36 – Renouveleur.
30:37 – Et en plus c'est la boîte qui parle le moins d'IA je trouve, Apple.
30:41 – Après on a besoin d'un fournisseur, d'un équipementier,
30:45 je ne sais pas si vous avez regardé,
30:47 je suppose quand même que le Apple Vision Pro…
30:51 J'ai écouté la radio le matin, oui 3 500 euros c'est cher,
30:57 quand on regarde ce que c'est, on se dit waouh, quand même,
31:00 là il y a quelque chose,
31:01 moi je ne croyais pas avoir un joint à masque sur la tête pour faire plein de trucs,
31:05 je me disais non mais ça c'est des trucs californiens, on n'y sera jamais,
31:09 honnêtement moi en tout cas j'avais envie de l'acheter,
31:11 je trouvais que le prix était…
31:12 quand on voit la tech qu'il y a là-dedans, c'est hallucinant quand même,
31:16 donc on peut tout faire avec ça aujourd'hui,
31:19 et là où je pense que c'est très fort, c'est pour ça que ça s'appelle Pro,
31:22 c'est pour le business, là on pourra faire des meetings dans des conditions,
31:27 vraiment toutes les histoires de télétravail,
31:29 peut-être que c'est un catalyseur, l'histoire le racontera,
31:33 le dira plus tard en disant que c'était ce qu'on attendait pour valider le méta,
31:38 donc le métaverse peut-être que oui, il y en a qui étaient un peu trop tôt,
31:41 on va repartir sur une nouvelle…
31:43 donc voilà, ça se passe plutôt bien pour le monde de la tech,
31:46 la performance est très bonne, c'est des boîtes qui sont très bien gérées,
31:50 on a du vent dans les voiles, +6% de croissance attendue sur cette année
31:56 pour le chiffre d'affaires, +11% sur les IPS, le bénéfice par action,
32:01 donc il y a de l'effet de levier, du vent dans les voiles,
32:04 ça crache de l'argent, c'est…
32:06 - Il y a des bonnes raisons quoi !
32:07 - Voilà, il y a des bonnes raisons, c'est un peu chéreau,
32:09 mais quand on regarde, ça a pu être beaucoup plus cher,
32:13 et donc aujourd'hui, en tout cas moi je serais pas…
32:17 j'irais pas du tout contre ça, je vais me dire plus positivement,
32:21 je vais… je continue d'aller avec ces acteurs-là,
32:24 et puis après, est-ce que ça va s'écarter au reste du marché ?
32:28 Oui, je pense qu'on a aussi un marché qui n'a pas fait grand-chose
32:32 hors tout ça depuis ces derniers mois,
32:35 donc, je sais pas, peut-être les small cap par exemple,
32:39 qui sont quand même un vecteur de croissance extraordinaire…
32:42 - On a vu les cars Russell 2000 Nasdaq atteindre des niveaux spectaculaires !
32:46 - Jamais vu, et donc je pense que ça interpelle un peu tout le monde,
32:49 tous les professionnels, et c'est un gisement extraordinaire
32:53 pour faire du choix de titres, du stock picking,
32:56 donc je suis assez confiant aussi que ça, ça commence à embrayer,
32:59 et il y aura, je pense, des bonnes performances à faire
33:02 dans les prochains trimestres sur cette classe d'actifs-là,
33:05 donc là, oui, ça peut… - C'est pas l'un contre l'autre en tout cas ?
33:08 - Non, non, non, voilà, c'est ça mon message, exactement Grégoire,
33:11 vous avez très bien résumé, c'est pas l'un contre l'autre,
33:14 on a un leader qui tient le marché, et aujourd'hui,
33:17 une diffusion plus large me semble tout à fait possible.
33:20 - On est porté par les performances qu'on a, comme on a quand on a du Apple,
33:23 après on est capable de prendre un peu plus de risques ailleurs en fait,
33:26 et c'est pour ça que je pense que cette confiance,
33:29 auto-entretenue par effectivement des leaders
33:32 qui ont amené le marché là où il est,
33:35 peut après se diffuser sur d'autres secteurs,
33:38 et d'autres niveaux de marché, alors on le sent, enfin moi je…
33:43 - Qu'est-ce qui manque ? Qu'est-ce qui manque pour que ça se développe plus vite peut-être ?
33:48 - Il faut que cette confiance se… on l'est pendant plusieurs semaines,
33:52 là c'est… quoi, 15 jours, 3 semaines ? Enfin je sais pas, hein ?
33:57 - Moi j'ai vu pour la première fois le Russell superformer le Nasdaq la semaine dernière, voilà.
34:02 - Voilà, donc… mais on s'était posé la question, il y a… moi j'ai dit non, non, c'est…
34:06 - Et vous étiez beaucoup plus frais sur les small cap, il y a encore un mois ou deux.
34:10 - On le fera que lorsque on aura une pérennité, et on commence à l'avoir en fait,
34:14 donc si on a quelques semaines comme ça, avec ce maintien de confiance,
34:20 pas forcément que les nattes se montent, mais bon, le marché est confiant,
34:24 elle va se divulguer au marché, au reste du marché.
34:27 Et on voit sur les small, en française, vous avez davantage de spéculateurs qui arrivent.
34:33 - Vous l'avez constaté, ouais ? - Ouais. - Ouais, c'est vrai.
34:35 - Donc c'est… - Le Russell est petit parce que justement,
34:38 vous allez sur les moyennes pour rattraper lorsque vous avez pas fait beaucoup de pertes,
34:45 vous croyez pas que le marché va monter. Le marché est monté sans vous,
34:48 donc vous vous rattrapez sur les mid. Mais lorsque vous avez pris confiance
34:53 parce que vous étiez dans les grosses, vous allez aller chercher les toutes petites.
34:56 - Je sais pas, Christian, vous disiez tout à l'heure, les banquiers centraux,
34:59 ils regardent tout et ils doivent bien regarder le Nasdaq, j'imagine ?
35:02 Non mais à un moment, ça a été vraiment un sujet, c'est-à-dire qu'à un moment,
35:05 à l'été dernier, on se disait, non mais attends, le Nasdaq qui rebondit,
35:09 qui reprend 20% comme ça en plein milieu d'été, d'où Jack Sono derrière,
35:13 d'où le coup de poing sur la table de Jérôme Poel pour dire non, non, non,
35:16 les conditions financières, c'est pas ça, resserrer les conditions financières,
35:19 c'est pas emmener le Nasdaq 20% plus haut. Bon.
35:21 Là, il y a d'autres facteurs qui jouent en ce moment.
35:23 Non mais sur les marchés et le thème de l'IA, est-ce que c'est pour vous un thème macro aussi ?
35:27 Est-ce qu'il y a une lecture macro de ce thème aujourd'hui ?
35:30 - Alors, sur la partie Nasdaq et tech en général, je pense qu'il faut distinguer effectivement
35:36 les grosses techs du reste de la tech. Pourquoi les grosses techs surperforment ?
35:42 Première chose, elles ont beaucoup baissé l'année dernière, ça c'est un fait.
35:46 Donc il y a un effet rattrapage.
35:48 D'un point de vue purement facteur qui détermine ça, il n'y a pas affecté les grosses par les conditions de crédit.
35:55 Donc capacité à se financer, personne n'a. C'est pour ça que les grosses ont rebondi, pas du tout les petites.
36:00 Deuxièmement, il y a le phénomène croissance mondiale.
36:03 Croissance mondiale, tiens, alors qu'aux États-Unis, on a un gros ralentissement.
36:08 On peut dire que la Chine n'est pas à la hauteur des attentes,
36:11 mais la croissance double et toutes les boîtes qui ont des points de vente en Chine...
36:16 Constate.
36:18 ...arrivent à convertir. On le voit très bien dans le luxe, mais on le voit dans tout un tas de domaines.
36:22 Et après, il y a deux autres facteurs.
36:25 Cost-cutting, je rejoins beaucoup ce qui a été dit sur le fait qu'ils ont mis en place des plans extrêmement lourds sur la deuxième partie de 2022.
36:35 Et on voit que la finalité des lay-offs, donc des licenciements, c'est encore aujourd'hui.
36:41 Donc il y a un potentiel et surtout il y a une capacité à exécuter ce qu'ils ont annoncé.
36:46 Donc ça, ça se retrouve dans les EPS.
36:49 Et après, il y a aussi une capacité d'exécution de l'intelligence artificielle dans ces boîtes-là
36:53 que, à mon avis, les petites et les moyennes n'auront pas.
36:56 Et ça, l'air de rien, c'était pas attendu. L'explosion de l'AI, c'est tout récent.
37:02 Mais non, au tout début, on se disait « Oh là là, Google, c'est fini ! ».
37:05 C'est ce qu'on se disait quand même il y a six mois quand Chadwick est sorti.
37:08 Et en termes très concrets, par exemple de codeurs, on avait quatre codeurs.
37:12 Là, on peut en virer un sur quatre et demander à une AI de couper le code et d'être beaucoup plus efficace.
37:17 Et ça, c'est du réel.
37:18 Tous les parents depuis deux ans, ceux qui sont... Non mais c'est terrible !
37:22 Tous les parents les plus éclairés depuis deux ans essayent de pousser leurs enfants en disant
37:27 « Apprends à coder ! Tiens, t'apprends l'anglais, t'apprends l'allemand, le latin, le grec.
37:31 Essaye d'apprendre le code, tu verras, ça te servira, ça te servira ! »
37:34 C'est un peu ça, mais surtout ce qui est impressionnant dans les grosses boîtes de la tech,
37:38 pour leur parler, c'est que l'AI vous en parle depuis un paquet de temps.
37:41 Sauf que là, pareil, l'exécution, elle n'a pas commencé en avril.
37:45 Et puis là, c'est un usage. C'est l'IA génératif, c'est les modèles de langage statistique, large, etc.
37:51 C'est un domaine de l'AI qui explose aux yeux du grand public avec la révélation de Chadwick Petty.
37:57 C'est ce que je disais en introduction.
37:59 Il y a des stratégies d'investissement sur l'IA, il y en a depuis peut-être dix ans, évidemment.
38:04 Donc ça, c'est pour la partie, l'explication peut-être des grosses techs.
38:08 Maintenant, sur l'impact de l'AI sur la macro, à mon sens, c'est potentiellement le choc le plus déflationniste.
38:15 Ce sera beaucoup plus fort que l'économie collaborative, ce sera beaucoup plus fort que les Amazons, etc.
38:21 Parce qu'il y a des applications très concrètes.
38:24 Je pourrais vous citer des gérants qui avaient embauché des traducteurs, qui les ont supprimés.
38:30 Je pourrais vous citer des gens qui avaient, comme je disais, quatre codeurs qui n'en ont plus trois.
38:36 Et ça, à un moment ou à un autre, ça va révolutionner plusieurs secteurs.
38:41 Donc la presse, à mon avis, il y aura d'un côté les journalistes, les vrais investigateurs, de l'autre côté l'AI.
38:48 C'est un exemple.
38:50 Sur la santé, on voit que ça peut produire des effets.
38:53 Mais sur tout un tas de secteurs, ça peut déjà avoir un impact "général".
38:58 Et après, il y a de plus en plus d'AI spécialisé.
39:01 Et ça, à la fin, ce sera ultra destructeur de job, qu'on le veuille ou non.
39:06 Ce sera une source de gain de productivité pour certaines boîtes.
39:10 Mais il y aura ceux qui mettent en place l'AI, qui savent l'utiliser, et ceux qui ne le savent pas.
39:16 Et ça, potentiellement, pour moi, ce sera extrêmement déflationniste à bien des niveaux.
39:23 Et on a, voilà, vous avez le FMI, la patronne du FMI, qu'on a parlé.
39:27 Mais pour eux, je pense que c'est très abstrait encore aujourd'hui,
39:32 alors qu'on a déjà des cas concrets qu'on peut observer au jour le jour.
39:37 Ce qui n'était pas le cas d'autres "bulles" comme la blockchain.
39:43 - Oui, je comprends. - C'est difficile à appréhender.
39:46 Alors que l'AI, ça a apporté tout le monde, mais d'une manière vraiment très simple.
39:54 - Oui, oui. Et puis, la vitesse d'adoption d'un outil comme ChatGPT ou les autres GPT,
40:01 c'était quoi ? 100 millions en quelques mois, c'est ça ?
40:04 Jamais un outil digital n'avait été adopté aussi vite, aussi fort par autant de personnes dans le monde.
40:09 - Ça montre bien, effectivement, l'engouement et la démocratisation du phénomène.
40:15 C'est juste un thème tech à ce stade. En tout cas, le marché est assez, je trouve, "clairvoyant",
40:21 dans le sens où, qui sont les grands gagnants de l'IA aujourd'hui ?
40:25 Les fabricants de puces, à commencer par Nvidia, et puis on déroule un peu le fil.
40:30 Mais dès qu'on veut aller un peu plus loin, le marché est quand même très divergent.
40:37 Est-ce qu'une boîte de software va être gagnante ? Oui, peut-être.
40:41 Mais est-ce qu'elle ne commencera pas par, peut-être, devoir réviser son business model, son staff, etc. ?
40:47 Est-ce qu'il n'y a pas une phase douloureuse, quand même, avant, qui mériterait une sanction boursière ?
40:52 Enfin, sur le moyen-long terme, le marché a beaucoup plus de mal, je trouve, à jauger les gagnants et les perdants.
40:58 - Vous avez tout à fait raison. Le bon terme, c'est "clairvoyance".
41:01 Donc là, les leaders sont apparus. Vraiment, le phénix est rené de ses cendres en quelques semaines, quelques mois.
41:12 C'est assez fabuleux à voir. Et après, c'est vrai que les répercussions, par exemple, pour donner un exemple concret,
41:19 téléperformance, je ne sais pas si vous pensez à ça. - Oui, entre autres.
41:23 Non, mais dans la pub, c'est pareil. Les acteurs de la pub vous dites "ça va être génial pour nous",
41:27 et puis les cours de bourse ne montrent pas tout à fait de la même histoire.
41:30 - Exactement. Donc là, il y a un manque de visibilité. Donc, manque de visibilité, des ratings.
41:39 Je continue sur mon exemple de téléperformance. C'était vraiment la "Darling" absolue x 38, je crois, en un peu plus de 10 ans.
41:49 Et puis là, elle a perdu pratiquement 67% par rapport aux plus hauts. Elle se reprend depuis quelques jours.
41:55 - Oui, mais c'est un choc plus dur que l'affaire Colombienne d'il y a un an. - Exactement.
41:58 - Le cours de bourse de téléperf est plus bas avec la montée de l'IA qu'avec le truc du vice-ministre du travail Colombien.
42:04 - Non, mais c'est pour ça. C'est assez symptomatique de la question. Quel est l'impact de l'IA pour des boîtes qui sont vraiment à la frontière ?
42:13 Donc, ils disent "nous, vous savez quoi, ça va nous aider. On va pouvoir apporter des services en plus à nos clients, avec moins de personnes.
42:22 Donc, on va enrichir notre contenu sans pénaliser nos marges." Et pour le moment, le marché dit "non, vous allez tout simplement disparaître.
42:32 On ne va plus forcément avoir besoin de passer par vous. On va vous squeezer et puis directement utiliser l'IA parce que si vous utilisez l'IA vous-même,
42:40 à la régale, on sait le faire nous-mêmes." Donc là, il rame vraiment téléperformance. Alors à nous, c'était vraiment la "Darling".
42:47 Comme de la vie de la société, ils ont eu des petits sujets et je pense qu'ils les ont plutôt bien traités.
42:54 Donc, ils font un "investor day" dans quelques jours, une dizaine de jours, pour essayer d'expliquer la téléperformance, de prouver au marché le bien-fonder de leur utilisation.
43:03 Mais aujourd'hui, en tout cas, à part les quelques jours où ça semble se stabiliser, on ne sait pas.
43:10 Et donc, pour le coup, là, je serais prudent sur ces acteurs-là. Il y en a une multitude qui essaye d'embrayer sur la vague IA mais qui n'y arrive pas, qui ne convainc pas.
43:18 Et le marché est vraiment clairvoyant. C'est vraiment le juste terme que vous avez utilisé, Grégoire.
43:23 Clairevoyant. Moi, j'utilisais l'impossibilité en fait parce que l'exemple du téléperformance, je trouve un superbe exemple.
43:29 C'est-à-dire que ça se trouve dans quelques jours que le patron va nous montrer qu'il peut utiliser l'intelligence artificielle.
43:37 Non seulement il peut l'utiliser, mais que ça va lui permettre de changer beaucoup de choses et de gagner en productivité.
43:43 Et le marché peut repartir dans l'autre sens, mais en vitesse grand V. Pourquoi ? Parce qu'on ne peut pas savoir.
43:49 Aujourd'hui, si le patron déjà, lui, le patron de la boîte peut déjà avoir une idée, mais on ne peut pas demander aujourd'hui au marché.
43:57 C'est trop disruptif, en fait. C'est facile d'acheter la boîte qui est dedans.
44:03 Mais c'est pas une technologie qui existe. C'est dans ces boîtes-là où Capgemini vous dit "mais attendez, l'IA, on ne découvre pas ça depuis ChatGPT.
44:10 On a déjà des outils qui sont basés sur des intelligences artificielles".
44:14 Sauf que l'ampleur, elle est générable. Tout le monde s'appropriait. Donc en fait, c'est différent.
44:20 Là, ce n'est pas le passage au passage d'Internet. C'est simplement un outil qui est en train d'exploser.
44:26 Et il est difficile d'appréhender ce que ça va donner pour la boîte. Est-ce que ça va lui faire chuter ses bénéfices ou les faire exploser ?
44:34 Donc la première étape, c'était de prendre des boîtes qui sont directement... Les pelles et les pioches. Et puis après, on verra.
44:43 On ne peut pas demander autre chose au marché.
44:45 Non, non. Mais c'est là où je dis qu'il est clairvoyant. C'est-à-dire qu'il prend un risque limité.
44:49 On ne peut pas s'appeler sur les pelles et les pioches. Et puis pour le reste de la rue et vers l'or, on a le temps de voir.
44:56 Et pardon, je rajoute juste un petit truc. On a déjà eu des profit-warnings liés à l'IA dans l'éducation aux Etats-Unis.
45:03 Ils sont arrivés en disant "nos élèves, visiblement, ils font moins appel à nous. Ils se débrouillent, ils se dépatouillent pour préparer leur exam etc.
45:11 Ils vont sur ChatGPT. Je ne dis pas qu'ils trichent, mais bon, en tout cas, c'est une aide comme un pro.
45:18 Mais en tout cas, ils ont dit "nous, on manque complètement de visibilité. On est obligés de couper notre guidance".
45:23 Donc il y a déjà des répercussions concrètes dans certains secteurs.
45:27 Il faut qu'on s'arrête là, messieurs, parce qu'on va continuer de parler d'IA dans le dernier quart d'heure.
45:32 Merci à vous trois, en tout cas, d'avoir été des invités de Planète Marché en chair et en os ce soir.
45:37 Eric Venet, Montbleu Finance, Christophe Barraud, Market Securities et Thierry Leclerc, Alpha Jet Fair Investors.
45:42 Le dernier quart d'heure de Smartbourse, c'est le quart d'heure thématique.
45:55 Le thème ce soir, c'est celui de l'IA générative et du boom de l'IA générative.
45:59 On continue d'en parler avec un vrai spécialiste du sujet, Alexandre Zilioc, gérant chez Thématiques, Asset Management.
46:05 Bonsoir Alexandre. - Bonsoir Guillaume.
46:07 - Merci d'être là. Oui, vous avez forcément constaté que ça, et tout le monde parle de l'IA, y compris ceux qui ne sont pas spécialistes du sujet,
46:12 qui étaient déjà une mesure du niveau d'engouement qu'on a atteint sur cette thématique.
46:17 Je le disais dans la partie précédente de l'émission, le fond AI et Robotics que vous gérez, que vous co-gérez chez Thématiques,
46:24 il existe sous cette forme depuis décembre 2018, depuis plus de 4 ans.
46:27 Mais la stratégie, elle, on ne va pas refaire l'histoire, mais elle existait auparavant,
46:31 et elle a même été montée il y a peut-être une dizaine d'années de ça, Alexandre.
46:36 Ça m'intéresse beaucoup, vous êtes familier de ce thème de l'IA, vous avez bien conscience que le Chad J. Petit n'a pas inventé l'IA,
46:43 évidemment, et que l'IA, la robotique et tout ce qui va avec, existe depuis de nombreuses années maintenant.
46:49 Partant de là, comment vous regardez le moment particulier, peut-être paroxystique,
46:56 autour du battage médiatique que représente le phénomène de l'IA générative, quel est le niveau de hype qui a été atteint dans le marché ?
47:03 Beaucoup de choses dans cette question, mais c'est vrai qu'on peut considérer qu'on est malgré tout sur un point d'inflexion.
47:09 On va peut-être nuancer le propos un petit peu après, mais si on prend ne serait-ce que la dernière saison de résultats,
47:14 aux Etats-Unis comme en Europe, on a un nombre de sociétés qui parlent de l'IA.
47:18 Certains, ce sont des vieux pieux, ils espèrent développer quelque chose, ou tourner autour du sujet, et d'autres investissent réellement.
47:24 Mais on voit dans tous les secteurs, dans toutes les industries, on identifie des gens qui vont aller investir,
47:29 qui vont aller découvrir ce que ces technologies peuvent amener.
47:31 C'est quelque chose qui est vraiment global.
47:33 Après, il va falloir nuancer sur la rapidité de diffusion, d'adoption, sur la manière dont on va monétiser ces produits.
47:40 Il y a beaucoup de sujets qui ne sont pas encore très clairs, quels vont être les modèles d'affaires.
47:43 Il y a plusieurs choses qui existent aujourd'hui dans le marché, et on peut en discuter évidemment.
47:47 On a un effet qui est direct, qui est mesurable, qui est tangible sur les semi-conducteurs, qui est assez évident,
47:52 qui sont évidemment l'infrastructure nécessaire pour alimenter ces algorithmes.
47:56 Mais après, sur le logiciel, on va avoir des acteurs qui peuvent être aujourd'hui identifiés comme perdants par le marché ou gagnants,
48:03 mais qui à horizon 6 mois, 1 an, 2 ans, peut-être que la trajectoire changera complètement.
48:08 Donc il y a encore beaucoup d'incertitudes, mais c'est vrai qu'on voit une effervescence, et des investissements réels aussi.
48:13 C'est ça qui est intéressant. On pourra parler des résultats d'NVIDIA, par exemple, où ça a été quelque chose d'extrêmement impressionnant.
48:19 Mais on a quelque chose de tangible qu'on peut mesurer un petit peu quand même.
48:22 Commençons par là, parce que des thèmes de marché, des modes, on en a tous connu quelques-uns, sans remonter 150 ans en arrière.
48:30 Il y a des thèmes qui s'épuisent assez vite d'ailleurs, qui sont très vite déceptifs.
48:36 Là, on a l'impression qu'on est sur quelque chose de très différent.
48:39 C'est un thème très tech aujourd'hui, mais on comprend bien que c'est un thème qui va bien au-delà de la tech.
48:44 Mais si on se concentre sur l'immédiat, oui, c'est déjà une réalité en termes de chiffre d'affaires et d'investissement pour un bon nombre d'entreprises.
48:53 On peut l'illustrer encore une fois par ce poster child qu'est NVIDIA.
48:58 Les résultats du premier trimestre étaient bons, mais pas extraordinaires.
49:02 Ce qui a été intéressant, c'est les perspectives pour le second trimestre, donc le trimestre en cours actuellement.
49:06 NVIDIA, c'est une boîte qui faisait 500-600 milliards de capitalisation au moment des résultats.
49:11 Ils ont sorti une perspective de croissance du chiffre d'affaires, un chiffre d'affaires qui était supérieur de 50% aux attentes du marché.
49:18 On n'est pas sur une petite boîte qui est couverte par trois analystes.
49:20 C'est un niveau de surprise qui, à ma connaissance, n'a jamais été vu, sur mon expérience personnelle en tout cas.
49:25 Tout ça est complètement lié à l'IA.
49:27 Si je lis ça même à des résultats tout frais, ceux d'Oracle hier, Oracle mentionne cette explosion de la demande d'IA.
49:35 Ils ont revu leur CAPEX à la hausse. Les CAPEX même publiés de l'année dernière ont été plus hauts que ce qu'attendait le marché.
49:42 C'est uniquement ou quasiment dans son intégralité lié à cette demande incrémentale qui est liée à l'IA.
49:47 On voit où partent les dollars d'une certaine manière, où vont les investissements.
49:52 Et ça se concrétise déjà aujourd'hui, ce qui peut être très différent, comme vous l'avez souligné, de thèmes typiquement, on peut citer le Métaverse.
49:58 NVIDIA le vendait beaucoup d'ailleurs à l'époque, en 2021.
50:00 Ce n'est pas pour autant qu'on a vu une concrétisation dans les chiffres de l'entreprise de cette tendance, qui peut être sa meilleure rapporteuse à long terme.
50:07 Mais à ce stade, en tout cas, ce n'est pas le cas.
50:09 NVIDIA, c'est intéressant parce que c'est vrai que ça a été les rois de la carte graphique.
50:12 Ils ont surfé sur tous les thèmes tech parce qu'ils sont au cœur de tout, la puissance de calcul, etc.
50:17 On a SML, on a des boîtes comme ça, critiques.
50:20 Quelle que soit la révolution tech, ils seront là à un moment ou à un autre.
50:24 C'est qui les clients de NVIDIA qui font que le chiffre d'affaires va être 50% supérieur aux estimations au deuxième trimestre ?
50:32 C'est des nouveaux clients ?
50:34 C'est des clients solides qui donnent des indications aussi sur le niveau d'investissement qu'on va avoir sur cette thématique ?
50:40 Oui, alors quand on exclut, puisque NVIDIA a une activité qui est liée au gaming, notamment, aux jeux vidéo.
50:46 Donc si on exclut ça et qu'on regarde vraiment la partie Data Center, qui représente 50-55% du chiffre d'affaires,
50:51 on a grosso modo 50% du chiffre d'affaires de cette division qui est réalisé auprès de fournisseurs cloud,
50:58 ou ce qu'ils appellent Consumer Internet Services, des CSI, des Cloud Service Providers.
51:03 Donc on va avoir des gens comme Oracle, on va avoir des gens comme Amazon Web Services, comme Microsoft Azure,
51:08 même Google qui a ses propres puces, achète des puces NVIDIA.
51:11 Et puis après, on va avoir les grosses entreprises internet, des gens comme Meta, donc Facebook,
51:15 des gens comme Oracle aussi sur la partie cloud, aussi, Cloud Hosting.
51:18 Donc ce sont les principaux clients d'NVIDIA sur cette partie-là.
51:21 De manière assez anecdotique aussi, on va avoir, mais ce n'est pas le gros du chiffre d'affaires,
51:25 des laboratoires de recherche typiquement, des gens qui ont des super ordinateurs
51:28 et qui créent de nouveaux modèles, etc., qui vont à la marge contribuer au chiffre d'affaires d'NVIDIA.
51:32 Mais ce que je veux dire, c'est que ce sont des clients qui ont une vision quand même de ce que l'IA va apporter à terme.
51:37 Et sans doute que cette vision, elle était développée avant même l'arrivée de l'IA générative de l'ATGPT.
51:42 Les commandes qui passent à NVIDIA, ce n'est pas qu'ils ont bien en tête ce qui va se passer derrière.
51:48 Absolument, et on peut même élargir ça avec leur plan technologique interne.
51:52 Ces gens-là se mettent à développer leur propre puce.
51:54 Elles viennent ou pas en concurrence avec NVIDIA, ce n'est pas le sujet,
51:56 mais ça veut bien dire qu'ils ont une trajectoire à long terme qui est assez identifiée en interne.
52:01 Pour vous donner un exemple, il faut entre 2 et 3 ans pour développer une puce.
52:04 Donc ce n'est pas des investissements de court terme.
52:06 Donc effectivement, ils estiment et on est évidemment convaincu que l'attendance est porteuse à long terme.
52:12 En tant que spécialiste, et avec l'expérience et le track que vous avez sur ce thème de l'IA,
52:20 Alexandre, est-ce que la partie du thème semi-conducteur, hard tech, est-ce que c'est déjà trop tard ?
52:28 En tout cas sur des horizons d'investissement de fin d'année, est-ce que c'est déjà trop tard ?
52:33 Ou est-ce que c'est encore un moment pour y être ?
52:35 C'est difficile de faire une réponse générale parce qu'on va avoir des acteurs qui vont en bénéficier plus que d'autres.
52:40 Si on essaie de faire dans les grandes masses, on peut voir aujourd'hui que le SOX, l'indice des semi-conducteurs,
52:47 est en hausse de 45% depuis le début de l'année.
52:50 Il y avait des bases de comparaison 2022 qui étaient aussi compliquées,
52:53 donc on a un phénomène de rattrapage aussi sur les valorisations.
52:55 Mais c'est vrai qu'il est difficile d'estimer que les fondamentaux de l'ensemble des sociétés de ce secteur
53:01 vont bénéficier d'une révision fondamentale des bénéfices de 45% si on veut schématiser ça, de la performance boursière.
53:08 Donc là, il va falloir faire le tri.
53:10 Nvidia va en profiter d'une manière différente qu'Intel,
53:13 même si on remonte un peu plus en amont dans la chaîne de valeur chez les équipementiers.
53:16 On a des acteurs qui sont beaucoup plus exposés à ces activités data center
53:20 ou en tout cas à ces workloads d'intelligence artificielle qui sont très intenses en puissance de calcul.
53:24 On a des gens qui vont être beaucoup plus exposés aux smartphones et dont les cours de bourse se sont envolés.
53:28 Est-ce que c'est justifié à court terme ? Notre point de vue est que non.
53:31 Donc il faut faire le tri, avoir une certaine connaissance à la fois du positionnement actuel d'une société
53:36 mais aussi des opportunités que vont offrir cette thématique.
53:39 Donc si je dois faire court, je pense qu'il faut faire attention là où on met son histoire actuellement.
53:44 Il faut être sélectif, mais je pense qu'il n'est pas trop tard, en tout cas dans un horizon toujours plutôt long terme.
53:48 Il y a encore des retards à la terre, des oubliés dans cette partie semi-hard tech.
53:52 Des gens mal identifiés derrière la fusée Nvidia que tout le monde a vu décoller.
53:55 Je comprends. Comment on va au-delà ? Comment on réfléchit ?
53:59 Et forcément, comme le fond existe depuis plus de 4 ans, vous y avez réfléchi.
54:03 Mais comment on tire le fil de la pelote IA au-delà de la hard tech, au-delà même peut-être de la tech ?
54:09 Comment on voit l'évolution de ce thème de marché dans le moyen terme, dans les prochains mois, les prochains trimestres ?
54:16 Alexandre, moi on m'a raconté des brokers qui fabriquent des paniers, les gagnants de l'IA.
54:22 Et puis en fait, les clients regardent le panier et disent "bah non, en fait, c'est des perdants pour moi ça".
54:27 On voit très bien, c'est ce qu'on disait tout à l'heure, le marché est très sûr que Nvidia va gagner sur l'IA.
54:33 Il y a très peu de doute là-dessus. Au-delà, beaucoup de questions quand même.
54:37 C'est hyper intéressant. On a, nous, au sein de Thematics, des sociétés qui ont été impactées dans les autres stratégies négativement.
54:42 Alors qu'on a plutôt une vision positive sur ce que ce phénomène technologique peut apporter.
54:47 Si j'illustre un petit peu mon propos, on a des fournisseurs de données qu'on détient dans d'autres stratégies.
54:51 Des gens qui vont fournir des données financières, des données sur l'immobilier par exemple.
54:56 On pense que ces gens-là ont énormément de valeur dans cet écosystème parce qu'ils ont des données propriétaires qui ne sont pas accessibles publiquement.
55:02 On ne va pas pouvoir entraîner des modèles sur ces données-là.
55:05 Donc finalement, la valeur qu'ils vont avoir en apportant ces données aux gens qui veulent développer des modèles, elle est énorme.
55:10 Parce que sans données, on ne fait pas de modèles d'intelligence artificielle globalement.
55:13 Ça donne l'idée un peu du business model qu'on va pouvoir trouver derrière ces IA, puisqu'il y en aura plusieurs, qu'on aura des IA sur mesure,
55:19 des IA plus ou moins ouvertes, etc.
55:22 Ça c'est très compliqué aussi en termes de modèles d'affaires.
55:24 Si on regarde aujourd'hui ce qu'il existe un petit peu dans le marché chez des acteurs privés ou principalement privés,
55:29 si on prend le cas d'OpenAI, ces gens-là ont commencé avec une architecture plutôt open source.
55:33 C'est-à-dire qu'on pouvait aller chercher leur modèle gratuitement, les utiliser et les bidouiller, entre guillemets, pour passer l'expression.
55:38 Ils sont revenus de ça. Est-ce que Microsoft a mis un petit peu de pression pour s'accaparer ou pour monnayer un petit peu cette technologie ?
55:44 Probablement, on ne sait pas.
55:46 Mais si on regarde d'autres acteurs, si on prend Meta encore une fois, eux ont fait le choix sur leur dernier large language model qui s'appelle Lama,
55:52 ils ont fait le choix de le donner en accès libre, en open source.
55:55 Si on regarde d'autres acteurs, des gens comme Hugging Face, qui est une société privée cofondée par des Français d'ailleurs,
56:00 ces gens-là ont différents modèles de pricing.
56:03 Ils vont avoir d'ailleurs une partie en open source, donc gratuitement vous pouvez accepter certains de leurs modèles.
56:08 Vous avez des limitations en termes de capacité technique de ce que vous pouvez faire et de customisation aussi.
56:12 Et vous allez avoir ensuite un modèle qui va être plutôt à l'heure.
56:15 Ensuite, un autre modèle qui va être la consommation, grosso modo, de puissance de calcul que vous avez en fonction du nombre de requêtes,
56:20 de la complexité, etc. de votre workload.
56:22 Et vous allez avoir aussi un modèle d'abonnement.
56:24 Donc même en termes de pricing, de modèle d'affaires, c'est pas encore certain vers quelle direction on va s'orienter.
56:30 Je ne donnerai pas de prévision là-dessus parce que c'est très difficile de le savoir.
56:36 Et encore une fois, au sein de l'industrie même, il y a des débats sur la manière dont ça doit être fait.
56:39 Intuitivement, je dirais qu'un modèle basé sur la consommation me paraît plus logique vu l'intensité de calcul qu'on a aujourd'hui autour de ces modèles.
56:45 Mais la vérité sera peut-être ailleurs dans quelques années.
56:47 Pour conclure, Alexandre, je ne l'ai pas dit, mais j'ai repris depuis la création, donc il y a un peu plus de 4 ans, décembre 2018,
56:53 la valeur du fonds de la part a plus que doublé.
56:56 Alors j'ai regardé, oui.
56:58 On a une performance annualisée depuis la création qui est de 18%.
57:01 Oui, c'est ça.
57:02 Est-ce que le fonds est plus cher que d'habitude en termes de valo ?
57:06 C'est assez intéressant. Il est, je dirais, 5-10% en termes de multiples si on prend une valeur d'entreprise sur les bid/dow,
57:13 sur un price warnings.
57:15 Elle est 5% au-dessus de la moyenne qu'on a depuis la création du fonds.
57:20 Donc ce n'est pas finalement énorme, alors que la performance est de plus de 25% depuis le début de l'année.
57:24 Donc on pourrait dire que ça s'est fait uniquement par une revalorisation du prix.
57:27 Non, on a aussi la révision fondamentale qui accompagne ce phénomène.
57:30 Et quand on se compare au marché, c'est intéressant de voir la prime relative finalement,
57:35 en fait on est sur la moyenne aussi.
57:36 Donc on est dans un moment qui est assez intéressant pour nous en termes de valorisation.
57:40 Merci beaucoup Alexandre.
57:41 Merci de nous avoir éclairé spécifiquement sur ce thème de l'IA générative,
57:45 qui devient un thème générique aujourd'hui,
57:47 mais il reste quand même des spécialistes de cette thématique depuis de nombreuses années
57:51 chez Thematics Assets Management, notamment Alexandre Zioks qui était avec nous,
57:55 l'invité du quart d'heure thématique de Smartboard ce soir.
57:57 Voilà pour cette édition, on se retrouve demain 12h30 en direct sur Bsmart.
58:00 [Musique]

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