En 2023, le déficit public de la France a été de 154 milliards d'euros. Le montant de la dette représente plus de 110% de notre PIB. La France est sous la menace d’une nouvelle dégradation de sa note financière.
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/dominique-reynie-en-toute-subjectivite/dominique-reynie-en-toute-subjectivite-du-mardi-09-avril-2024-6286284
Retrouvez "En toute subjectivité" sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/dominique-reynie-en-toute-subjectivite
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00:00 En toute subjectivité avec le directeur de la Fondation pour l'innovation politique, bonjour Dominique Reynier.
00:06 Bonjour Simon Le Baron.
00:07 Vous nous parlez ce matin finance publique.
00:09 Oui, Simon est de recomposition politique. En 2023, le déficit public de la France a été de 154 milliards d'euros.
00:16 Le montant de la dette représente plus de 110% de notre PIB et la France est sous la menace d'une nouvelle dégradation de sa note financière.
00:24 Nous allons devoir renoncer à 20 ou 30 milliards d'euros de dépenses par an d'ici 2027.
00:29 La Cour des comptes estime qu'il faudrait 50 milliards d'euros.
00:33 Pour le moment, une hausse des impôts est exclue.
00:35 Dans un pays qui détient le record mondial des prélèvements obligatoires et qui a vu des gilets jaunes succéder aux bonnets rouges, la crainte est compréhensible.
00:43 Mais le gouvernement est alors contraint d'engager un programme de réduction des dépenses,
00:47 suitant aussitôt un front d'opposition jusque dans son propre camp.
00:51 Donc on ne peut pas augmenter les impôts, on ne veut pas réduire les dépenses et il faut cependant sortir de la crise budgétaire.
00:57 Depuis plus de 40 ans, gouvernement après gouvernement, nos comptes publics ne cessent de se dégrader.
01:03 Il faut y voir le témoignage d'un consensus politique.
01:06 Tous nos gouvernants successifs ont préféré augmenter les dépenses publiques, malgré l'absence de ressources suffisantes,
01:12 en choisissant d'accroître la pression fiscale, le déficit et l'endettement.
01:16 Ce ne sont pas les oppositions qui les en ont dissuadées, elles ont même systématiquement réclamé une augmentation des dépenses.
01:23 La vie politique française repose sur un refus de la contrainte financière,
01:27 au point qu'il nous arrive de débattre de la possibilité de ne pas rembourser tout ou partie de la dette publique.
01:33 Alors si vous nous dites, Dominique, que le problème est identifié depuis longtemps, comment en est-on arrivé là ?
01:38 Je crois, Simon, que c'est notre système politique, et plus particulièrement l'élection présidentielle au suffrage universel,
01:44 qui nous a enfermés dans cette fuite en avant.
01:47 Pour avoir une chance d'être élu, les candidats renoncent à proposer un programme de rigueur budgétaire pourtant nécessaire.
01:53 Le problème est que l'élection présidentielle revient à demander aux français de décider eux-mêmes la rigueur budgétaire, ce qu'ils ne feront jamais.
02:02 Ils ne pourront qu'y consentir indirectement, dans le cadre d'un système parlementaire qui désignerait des représentants
02:09 chargés de concevoir et de mettre en œuvre un programme d'économie.
02:13 C'est pourquoi la recomposition politique post-Macron dont on va tant parler ne changera rien à notre problème de fond.
02:20 C'est une illusion de le croire. Cette recomposition ne fera que modifier les rapports de force entre les partis.
02:26 La véritable recomposition politique implique non seulement une profonde révision doctrinale en faveur d'un redressement budgétaire
02:34 de la part de tous les partis qui prétendent gouverner, mais également une réflexion sur notre système institutionnel,
02:40 et en particulier sur la pertinence de notre élection présidentielle, largement responsable de notre situation financière.
02:47 Régné en toute subjectivité.