Les 4V - Christophe Béchu

  • il y a 6 mois
Du lundi au jeudi, rendez-vous, dès 6h30 avec Thomas Sotto et Marie Portolano. Et du vendredi au dimanche, c'est au tour de Damien Thévenot et Maya Lauqué de dynamiser le réveil.

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00:00 Bienvenue dans les 4V, Christophe Béchuet.
00:03 Alors on a appris hier soir le décès de l'ancien ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand.
00:06 Qu'est-ce que vous retiendrez de lui ?
00:09 Une anecdote personnelle, arrangée au musée de la tapisserie contemporaine,
00:15 Jean Lursa, où j'avais eu l'immense joie de pouvoir échanger avec lui
00:20 et où son élégance, sa culture avait illuminé le moment.
00:29 Il y a comme ça des gens qui, pas simplement par ce qu'ils disent,
00:33 mais par la manière dont ils disent, par la façon dont ils vivent,
00:35 par ce qu'ils incarnent, font partie de notre paysage, de notre quotidien.
00:42 Et Frédéric Mitterrand a été de cela.
00:44 Alors vous êtes le ministre de la Transition écologique.
00:46 Il y a un an, vous avez lancé le plan Eau.
00:48 Un an après, c'est l'heure du premier bilan.
00:51 Où est-ce qu'on en est ?
00:52 L'objectif, c'est de faire 10% d'économies à horizon 2030.
00:55 53 mesures, elles sont toutes engagées.
00:58 À des degrés, pour certaines c'est voté, fini, budgété.
01:02 Pour d'autres, c'est en cours.
01:03 On va aujourd'hui, avec Roland Lescure,
01:05 braquer les projecteurs sur la partie industrielle du plan.
01:07 Vous êtes venu avec une carte d'ailleurs ce matin.
01:09 Je vous confirme.
01:11 On va essayer de voir si on réussit à la diffuser.
01:13 Vous nous l'avez amené.
01:14 Et c'est celle qu'on va rendre publique aujourd'hui.
01:16 Ce sont les 51 sites industriels qui représentent à eux seuls
01:19 25% de la consommation d'eau de toute l'industrie française.
01:23 Et ces 51 sites, ils se sont engagés à baisser de plus de 10%
01:27 leur consommation avant 2030 et puis davantage au-delà.
01:31 Et on va aller avec le ministre de l'Industrie,
01:33 Roland Lescure, aujourd'hui, visiter l'un de ces sites
01:35 parce que ça fait aussi partie de la manière de produire
01:38 de manière écologique.
01:38 Qu'est-ce qu'il y a comme grandes entreprises, par exemple,
01:39 qui sont concernées ?
01:41 On va, typiquement, aujourd'hui, dans une entreprise
01:42 qui n'est pas forcément très connue du grand public,
01:44 mais qui s'appelle Noacarb, qui fait des produits qui sont cruciaux,
01:47 en particulier pour l'industrie automobile ou pour la pharmacie.
01:50 Vous avez un site qui s'appelle Aperam,
01:52 qui travaille dans le domaine de l'acier, dans le Nord.
01:55 Vous avez des quantités de sites, pas tous,
01:58 qui s'adressent directement aux consommateurs,
02:00 mais tous qui ont un impact sur notre souveraineté
02:02 et sur notre capacité à produire dans notre pays.
02:05 Le deuxième chiffre que je veux vous donner,
02:06 parce que pour moi, il est crucial,
02:07 c'est qu'il y a un an, on avait insisté sur le fait
02:09 qu'il y avait deux sources de gaspillage principales.
02:11 Les fuites d'eau, notamment.
02:12 Les fuites et le fait qu'on réutilisait pas l'eau en France.
02:14 Les fuites d'eau, on en est où ?
02:15 Les fuites, on avait identifié 171 communes
02:19 où les taux de fuite étaient supérieurs à 50%.
02:22 C'est-à-dire que 50% de l'eau était perdue dans les tuyaux.
02:24 Entre l'usine d'eau et le consommateur,
02:28 on avait plus d'un litre sur deux qui partait dans la nature.
02:30 On en est où ?
02:31 On a 93 de ces 171 sites où le problème est réglé
02:36 et on en a 80 sur lesquels on est en train de continuer à faire les travaux.
02:40 Et puis, il y a la réutilisation des eaux usées.
02:42 On n'était pas très bon en France là-dessus.
02:43 On était très mauvais.
02:44 Moins de 1% de notre eau seulement en France était réutilisée.
02:48 On n'avait que 33 stations d'épuration qui réutilisaient l'eau d'une manière.
02:52 On est à plus de 700 en seulement un an alors qu'on s'était fixé un objectif.
02:57 Le président de la République avait dit qu'il en faut 1000 dans les 4 ans.
03:01 700 en une seule année,
03:03 ça c'est vraiment un chiffre qui montre une prise de conscience et d'investissement,
03:06 notamment de la part des collectivités territoriales sur le sujet qui est assez spectaculaire.
03:10 Alors on a parlé des industries,
03:11 l'un des gros consommateurs d'eau c'est aussi le secteur de l'agriculture.
03:14 Est-ce que vous êtes favorable à la construction de nouvelles bassines ou méga-bassines ?
03:18 C'est ce que demande notamment la FNSOA qui doit revoir le Premier ministre
03:21 et le président de la République dans les jours à venir.
03:22 Oui ou non à des nouvelles méga-bassines pour stocker l'eau ?
03:26 Rien que la manière dont vous me posez la question,
03:28 en disant est-ce que vous êtes favorable à des méga-bassines ?
03:30 Des bassines.
03:31 Oui, la FNSOA elle demande des retenues.
03:33 Ce que je veux dire c'est que derrière le débat sémantique,
03:35 il n'est pas du tout anodin.
03:37 On a des centaines de milliers de points d'eau dans ce pays,
03:40 plus de 300 000 qui font plus de 1000 m²
03:43 et qui servent à l'agriculture.
03:45 Qu'on en ait besoin de nouveau au moment où les scientifiques nous disent
03:49 vous aurez plus d'eau l'hiver, vous aurez moins d'eau l'été,
03:51 c'est une évidence.
03:52 Ensuite, il faut projet par projet regarder ce sur lequel il y a matière à accélérer
03:57 et ce sur lequel il peut y avoir des débats.
03:59 Et pour être clair, nous avons besoin de davantage de retenues.
04:02 C'est en particulier vrai dans les zones de montagne
04:06 parce que la diminution de la neige menace à terme les troupeaux
04:10 et l'abreuvement des troupeaux en montagne
04:12 et ça participe à nos équilibres écologiques.
04:13 Les Pyrénées-Orientales, c'est le département le plus touché par la sécheresse en France.
04:16 Vous y étiez hier, il y a notamment un projet de golf qui fait polémique
04:19 à Villeneuve de la Rao, c'est près de Perpignan.
04:22 Vous avez dit hier que c'était un peu anachronique.
04:24 Très concrètement, est-ce que le gouvernement est favorable ou non à ce projet ?
04:28 Très concrètement, c'est un projet communal.
04:30 C'est un projet sur lequel un préfet, il y a dix ans,
04:33 avait fait part de l'opposition de l'État et sur lequel le juge
04:35 a donné raison à l'aménageur et à la maire.
04:38 Aujourd'hui, vous êtes favorable ou défavorable ?
04:40 Aujourd'hui, dans quinze jours,
04:42 la maire de Villeneuve de la Rao et l'aménageur seront dans mon bureau
04:46 pour que je leur fasse part de mon analyse, de mes critiques
04:50 et des points sur lesquels j'attends des explications.
04:52 Vous êtes favorable ou défavorable à ce projet, le gouvernement ?
04:55 Guillaume Darré, quand je dis quelque chose,
04:58 c'est parce que non seulement je le pense, mais je sais ce que je vais faire.
05:01 Ce que je vous dis ce matin sur un projet sur lequel
05:04 la première responsabilité est communale,
05:06 c'est que la maire de Villeneuve de la Rao est convoquée dans mon bureau
05:09 avec l'aménageur dans quinze jours et je m'exprimerai.
05:12 Après, ce n'est pas...
05:13 Donc vous ne soutenez pas ce projet ?
05:14 Je ne soutiens pas ce projet.
05:16 Ça mérite d'être clair.
05:17 Justement, sur cette question des réserves d'eau, on disait,
05:20 il y a les soulèvements de la terre qui ont annoncé de nouvelles mesures
05:24 et de nouvelles actions à partir d'aujourd'hui.
05:25 Qu'est-ce que vous leur répondez ?
05:27 Ils veulent mener de nouvelles actions sur le plan de l'écologie.
05:29 Si leur enjeu, c'est de sensibiliser l'opinion, super.
05:35 Si c'est de recommencer une partie des débordements extrêmement violents
05:39 qu'ont conduit à blesser des dizaines de femmes et d'hommes
05:42 qui travaillent pour la police ou pour la gendarmerie
05:44 en venant avec des cocktails Molotov ou des boules de pétanque,
05:46 comme ça a été le cas il y a quelques mois,
05:48 qui s'abstiennent parce qu'ils ne rendent pas service à l'écologie.
05:51 La situation des finances publiques est bien plus mauvaise
05:53 que ce qu'on pensait encore il y a quelques semaines.
05:54 Vous étiez autour du chef de l'État, mercredi soir, à l'Élysée,
05:58 pour réfléchir sur cette question des finances publiques.
05:59 Il va falloir faire des économies, probablement plus de 20 milliards l'an prochain.
06:03 Est-ce que ça veut dire que le budget de l'écologie va être sacrifié ?
06:07 Est-ce que vous allez devoir faire de nouvelles économies ?
06:10 Un, nous commençons cette année 2024, malgré les coupes budgétaires,
06:14 avec 7 milliards d'euros de plus pour la transition écologique
06:18 que l'année dernière à la même époque.
06:21 Deux, quand j'entends parler d'austérité dans un pays
06:25 qui a un niveau de dépense publique parmi les plus élevés au monde
06:27 et qu'on fait comme si on était sur le point d'arrêter des choses
06:30 qui étaient essentielles pour la nation tous les matins,
06:33 je pense qu'il faut raison garder.
06:34 Est-ce qu'il y aura des coupes budgétaires dans le budget de l'écologie ?
06:37 Il y a eu 10 milliards d'euros de coupes budgétaires
06:40 qui ont été rendues publiques il y a quelques jours.
06:43 Dont 2 milliards chez vous ?
06:44 Dont 2 milliards chez moi, que j'assume,
06:46 parce qu'il n'y a pas de chez moi ou de chez nous.
06:48 Il y a un chez nous tous.
06:49 On est tous contribuables de ce pays, on est tous citoyens.
06:52 Il faut investir dans la transition écologique pour les générations futures,
06:55 mais il ne faut pas non plus laisser aux générations futures une dette
06:58 qui se traduirait de l'un par l'autre.
06:59 Est-ce que l'écologie est survectuée à Paris ou non, ce budget ?
07:01 Quand je vous dis qu'on est à plus 7 milliards sur le budget de l'écologie,
07:05 ce n'est pas que c'est sanctuarisé,
07:06 c'est que c'est le budget qui progresse le plus.
07:08 Mais vous n'excluez pas qu'on vous demande de nouvelles économies ?
07:11 Pas sur l'année 2024.
07:12 Peut-être sur l'année 2025 ?
07:14 On travaillera sur un budget 2025 de manière collective,
07:17 mais sur l'année 2024,
07:18 les sommes que nous avons déjà rendues, de mon point de vue,
07:21 elles doivent être à peu près à la hauteur de l'effort dont on a besoin.
07:23 Pourquoi ne pas augmenter les impôts ?
07:26 C'est ce que demandent certains, y compris dans votre majorité,
07:28 la présidente de l'Assemblée nationale, Yael Bourne-Puivet.
07:31 Vous savez, à ce stade,
07:34 le sujet, ce n'est pas le concours Lépine de comment on fait face à un chiffre
07:37 que nous connaîtrons que mardi.
07:39 C'est, un, nous avons une situation budgétaire qui s'est dégradée,
07:42 et deux, on n'a pas attendu la publication des chiffres de l'INSEE
07:45 puisqu'il y a déjà eu 10 milliards d'euros de coupes budgétaires
07:48 qui précisément ont été engagés à l'instant où on a appris
07:52 qu'on ne tiendrait pas le déficit prévu en 2024.
07:56 Mais augmenter les impôts, c'est tabou ?
07:58 Ça ne l'est pas.
07:59 Vous savez très bien qu'il y a sur le sujet des discussions à l'intérieur de la majorité.
08:03 Ensuite, le simple fait de venir sur un plateau de télé pour dire
08:07 si on augmentait les impôts dans tel domaine, si on baissait les dépenses dans tel autre,
08:10 vous alimentez un espèce de truc qui fait qu'à la fin,
08:13 vous avez un débat budgétaire sur les plateaux,
08:15 alors qu'un débat budgétaire, ça se fait d'abord de manière sérieuse
08:18 en regardant la réalité économique et les mesures,
08:21 parce qu'y compris quand vous parlez d'impôts,
08:23 selon que vous jouiez sur le flux ou sur le stock,
08:25 pour être clair, ce n'est pas la même chose de dire
08:28 pour les gens qui vont acheter quelque chose de nouveau,
08:30 on va modifier les paramètres ou on va changer les règles fiscales
08:35 sans que vous puissiez vous-même tenir compte de ces évolutions budgétaires.
08:39 Est-ce que vous allez demander aux collectivités locales et territoriales
08:42 de faire des efforts budgétaires elles aussi ?
08:44 Il y aura dans quelques jours, au début du mois d'avril,
08:47 au Conseil des finances publiques locales,
08:49 qui sera l'occasion de faire avec elles le bilan comptable de l'année écoulée.
08:52 Elles ont été confrontées, comme tous les acteurs économiques,
08:55 à une explosion des dépenses énergétiques,
08:58 à une augmentation liée à l'inflation des charges de personnel,
09:01 à une augmentation des frais liés à leurs dettes financières.
09:04 C'est tout ça qu'on doit regarder avec elles,
09:06 parce qu'on a, quand on regarde, des mauvaises nouvelles du côté de l'État,
09:10 et puis on a du côté des collectivités locales plus de dépenses
09:12 que ce qui avait été anticipé au budget il y a un an.
09:14 Vous dépensez trop ou pas ces collectivités ?
09:15 Je ne dis pas ça, je dis, on a dans quelques jours
09:18 un moment de faire un point global.
09:19 On est en train de parler de 36 000 collectivités différentes.
09:23 Vous avez des départements qui sont confrontés à l'explosion des dépenses de la ZEUV,
09:27 vous avez des communes qui, dans certains endroits,
09:29 se retrouvent à dépenser plus d'argent alors qu'elles ont moins d'habitants,
09:32 et que ça peut sembler étonnant, et puis vous en avez d'autres
09:34 qui ont investi dans la transition écologique.
09:36 Donc il nous faut le bilan consolidé,
09:38 et le bilan consolidé pour les collectivités locales,
09:41 il n'arrive qu'au début du mois d'avril,
09:42 quand tous les budgets sont votés à la fin du mois de mars,
09:45 et quand on a un recul sur l'année écoulée, qui est de l'ordre d'un trimestre.
09:47 Merci beaucoup Christophe Béchut, c'est à vous Maya et Damien.
09:50 Christophe Béchut, dont on aura donc connu les goûts musicaux également ce matin.
09:54 Et collectifs, tout à fait.
09:55 Merci beaucoup à tous les deux, merci à Jérôme Bourgeois
09:57 qui a traduit cette interview en langue des signes.
10:00 On voulait vous mettre le "get lucky"
10:01 pour qu'après l'entrée de votre mariage, vous fassiez une sortie d'interview.
10:04 Et la prochaine fois, je rentre au son de cette musique.
10:06 Alors là, c'est noté.
10:08 Vous comptez sur nous.
10:09 Avec plaisir.
10:09 Voilà pour la petite pause, et on revient tout de suite.
10:12 *musique d'outro*