Les 4V - Benjamin Haddad

  • il y a 5 mois
Du lundi au jeudi, rendez-vous, dès 6h30 avec Thomas Sotto et Marie Portolano. Et du vendredi au dimanche, c'est au tour de Damien Thévenot et Maya Lauqué de dynamiser le réveil.

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00:00 [Musique]
00:02 Bonjour Benjamin Haddad.
00:03 Bonjour Jean-Baptiste Marteau.
00:04 Merci d'être l'invité des 4V ce matin, surtout vous revenez tout juste d'Ukraine il y a quelques heures.
00:08 Vous étiez notamment avec une délégation de parlementaires français.
00:11 Vous avez rencontré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, on va le voir sur cette photo.
00:15 Après ce voyage Benjamin Haddad, est-ce que vous ne vous dites pas quand même que l'Europe, que la France,
00:19 pourrait, devrait faire plus pour aider les Ukrainiens ?
00:22 On doit tous, collectivement, faire plus.
00:24 La guerre est à un tournant. Aujourd'hui les Russes frappent 10 fois plus d'obus que l'Ukraine dans cette guerre.
00:30 Parce que l'Ukraine est à court de munitions, à court d'armes,
00:32 notamment parce qu'il n'y a plus d'armes qui viennent des Etats-Unis depuis le mois de décembre,
00:36 parce que le congrès aujourd'hui est bloqué.
00:38 Et on connaît les incertitudes qu'il y aura après l'élection de novembre si Donald Trump était réélu.
00:43 Cette guerre, elle engage notre sécurité.
00:46 Aujourd'hui les Ukrainiens se battent pour la sécurité des Européens face à une Russie qui est de plus en plus agressive.
00:52 On a pu le voir sur le terrain, qui cible directement les villes Kiev, Odessa,
00:56 les infrastructures civiles, l'énergie, l'eau, pour terroriser la population
01:00 et qui montre bien que les objectifs de Poutine sont toujours les mêmes,
01:03 c'est-à-dire mettre la main sur l'Ukraine et puis demain, pourquoi pas menacer l'Europe.
01:07 Il faut donc faire plus. Mais on va prendre un exemple.
01:09 C'était Sébastien Lecornu, ministre des Armées, qui disait hier dans la tribune, dimanche,
01:12 qu'on va livrer des véhicules de transport de troupes âgés de plus de 40 ans à l'Ukraine dans les prochains mois.
01:18 C'est vraiment avec ça qu'on va mettre l'armée de Vladimir Poutine à genoux ?
01:21 Cette annonce de Sébastien Lecornu, elle est bienvenue, elle est importante
01:24 parce qu'on continue à livrer du matériel, que ce soit les véhicules blindés.
01:28 Il a aussi annoncé, c'est très important, des missiles Aster,
01:31 c'est-à-dire les missiles qui sont utilisés pour protéger le sol ukrainien face à ces bombardements.
01:35 Ça, ça a été une des demandes principales de nos interlocuteurs.
01:38 Face aux bombardements, il faut des défenses antimissiles.
01:41 La France en a, comme les Américains et d'autres. Donc, on en livre.
01:44 Et puis, le ministre des Armées a aussi dit qu'il allait mettre plus de pression sur les industriels
01:48 pour qu'ils puissent livrer plus rapidement. Parce qu'aujourd'hui, il y a les commandes.
01:52 On a en France augmenté les moyens militaires.
01:55 Le budget de l'armée a doublé dans les deux mandats d'Emmanuel Macron.
01:58 Et bien maintenant, on charge à nos industriels de produire plus et plus vite.
02:01 C'est ce que le ministre demande, quitte à réquisitionner, effectivement,
02:04 pour pouvoir faire des priorités vers le militaire.
02:07 Et donc, je crois que ce ton de fermeté aussi, il est bienvenu.
02:09 Donc, un changement de ton. Vous l'avez trouvé dans quel état d'esprit, Vladimir Zelensky ?
02:12 Un peu abattu, toujours combatif ou un peu réaliste quand même face à la situation militaire sur le terrain ?
02:18 Moi, depuis deux ans que je vais en Ukraine durant cette guerre,
02:21 je suis toujours frappé par le courage, par la fermeté, la résilience des Ukrainiens.
02:26 Et à commencer par le président Zelensky.
02:29 Il a salué la fermeté de la France et celle d'Emmanuel Macron.
02:33 Il nous a demandé plus d'armes, de munitions.
02:35 Et puis, il a dit, j'ai trouvé intéressant, que c'était l'heure de l'Europe.
02:39 Il voit bien ce qui se passe aux États-Unis.
02:41 Il a dit que c'est le moment pour les Européens de prendre en charge leur sécurité
02:45 et donc de continuer à défendre l'Ukraine.
02:47 Pourtant, d'un moment, on a l'impression que l'Europe, la France, en tout cas, est un peu isolée en Europe.
02:50 Quand on voit Emmanuel Macron qui dit qu'on pourrait éventuellement envoyer des troupes au sol dans quelques mois,
02:54 on va dire qu'il n'a pas reçu un accueil extrêmement chaleureux de la part de ses homologues européens.
02:59 Je crois qu'il fait bouger les lignes.
03:00 Il a appelé Emmanuel Macron un sursaut collectif des Européens.
03:04 Et déjà, je crois que ses propos étaient importants parce que,
03:07 depuis deux ans, fondamentalement, on se fixe des limites, des lignes rouges à nous-mêmes.
03:11 On négocie avec nous-mêmes parce qu'on a peur d'une escalade de Poutine.
03:14 Mais qu'est-ce que ça a fait ?
03:15 Au contraire, ça n'a fait qu'attiser l'agressivité de Poutine qui y voit de la faiblesse.
03:19 Je crois que c'est le moment, au contraire, de ne rien exclure et de mettre des lignes rouges et des limites à Vladimir Poutine.
03:25 Et ce qu'on voit, au contraire, c'est que dans les jours et les semaines qui ont suivi ses déclarations,
03:28 nos partenaires nous ont rejoints, notamment ceux d'Europe centrale et orientale,
03:32 les Polonais, les Baltes, les Tchèques, qui depuis des décennies nous mettent en garde contre le régime de Vladimir Poutine,
03:38 qui se sent peut-être un peu abandonné et qui, là, salue le leadership de la France sur les questions de défense et de sécurité.
03:44 C'est notre responsabilité à nous, Français, de mener la réponse de l'Europe.
03:48 Benjamin Haddad, en tant que parlementaire, vous serez amené dans quelques mois, probablement, à la rentrée,
03:52 à voter une nouvelle réforme de l'assurance chômage.
03:54 Le Premier ministre veut, peut-être, a dit le dit, réduire de nouveau la durée d'indemnisation maximale des chômeurs.
03:59 Évidemment, cette annonce, elle n'a pas convaincu tout le monde, y compris au sein même de la majorité.
04:03 On a vu des parlementaires, comme le président de la Commission des lois, Sacha Houlié, qui représente plutôt l'aile gauche,
04:08 dire qu'il ne fallait pas faire d'économie sur le dos des chômeurs.
04:11 On se retrouve avec une majorité un peu divisée, avec un sujet qui divise un petit peu la majorité ?
04:16 C'est ça d'avoir des débats. On nous disait qu'on était des Playmobil.
04:20 On voit depuis des années que sur beaucoup de sujets, on a des débats riches et intéressants au sein de la majorité.
04:24 Je suis favorable à cette réforme de l'assurance chômage.
04:27 Le plein emploi, la baisse du chômage, c'est un objectif fondamental de notre majorité.
04:32 On l'a fait baisser à son niveau le plus faible depuis 40 ans. On doit continuer.
04:36 Et effectivement, il faut trouver tous les mécanismes incitatifs pour faire retourner à l'emploi.
04:41 C'est ce qu'on a fait avec déjà une première réforme de l'assurance chômage, avec la réforme du RSA et le travail minimum de 15 heures.
04:47 Quand on se compare à nos voisins, fondamentalement, on voit que sur des critères comme la durée d'indemnité
04:52 ou le temps de cotisation pour pouvoir troucher l'assurance chômage, il est souvent plus faible, par exemple en Allemagne.
04:59 Mais pour autant, réduire l'assurance chômage, ce n'est pas ça qui va faire des économies.
05:02 Ça va au mieux économiser un milliard l'année prochaine.
05:04 Mais il ne s'agit pas de faire des économies. Il s'agit, encore une fois, de promouvoir le travail,
05:07 de faire en sorte que les gens puissent retrouver un travail le plus rapidement possible,
05:10 ce qui créera aussi de la croissance, de l'innovation et donc des recettes fiscales.
05:15 Mais fondamentalement, là, on n'est pas en train de parler de faire des économies sur la question du chômage.
05:19 Le but, c'est d'envoyer un signal.
05:21 Mais le but, c'est le plein emploi.
05:22 Le but, c'est d'en finir avec ce qui a été la plaie pendant des décennies de notre pays, c'est le chômage de masse.
05:28 Il y a tellement de gouvernements de gauche comme de droite qui avaient baissé les bras.
05:31 Et nous, on ne baisse pas les bras.
05:32 On a aujourd'hui le chômage le plus faible depuis 40 ans, mais il faut continuer.
05:35 Il faut aller plus loin.
05:36 Et à cet égard, en ce moment, il y a une négociation, vous le savez, des partenaires sociaux.
05:40 Donc le Premier ministre a demandé aux partenaires sociaux de se mettre d'accord sur ces paramètres,
05:44 en particulier sur la question de la durée de cotisation et de la durée d'indemnité.
05:49 Et puis sinon, nous nous emparerons effectivement de ce sujet,
05:52 comme on l'a fait à de nombreuses reprises sur la question du travail.
05:55 Mais Benjamin Haddad, vous qui venez de la droite, vous ne vous dites pas qu'on ne peut plus continuer comme ça,
05:58 vivre largement au-dessus de nos moyens ?
05:59 On le fait depuis 30 ans, et là, c'est de pire en pire.
06:01 3 000 milliards de dettes.
06:02 C'est vrai qu'on est face à ce mur de la dette.
06:05 Il faut faire des économies.
06:07 Il faut maîtriser la dépense publique.
06:09 On l'a fait là avec 10 milliards d'euros d'économies.
06:12 On va continuer à aller chercher des économies partout où on doit le faire.
06:15 On doit le faire aussi en créant de la croissance, puisque c'est la croissance aussi économique.
06:19 Donc, continuer à réformer en profondeur notre pays pour pouvoir créer des recettes fiscales.
06:24 Fondamentalement, on avait déjà cette situation de dette et de déficit élevé
06:28 lorsque nous sommes arrivés au pouvoir en 2017.
06:30 Et puis après, on a fait face à des crises historiques.
06:32 La crise du Covid, où on a protégé les Français et les entreprises plus qu'ailleurs.
06:36 La crise énergétique était liée à la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine,
06:40 où là aussi, on a protégé le pouvoir d'achat des Français.
06:43 Mais aujourd'hui, effectivement, il faut avoir un discours de vérité et de responsabilité,
06:46 de dire que le quoi qu'il en coûte qu'on a appliqué lors de ces crises, c'est terminé.
06:50 Qu'il faut absolument maîtriser la dépense publique.
06:52 Mais absolument pas augmenter les impôts.
06:54 C'est la condition de notre souveraineté.
06:56 Mais fondamentalement, les impôts, on a fait baisser les impôts depuis 6 ans.
07:02 On a maintenu une trajectoire fiscale stable,
07:04 qui est aussi un message qui est envoyé aux entreprises ou aux investisseurs étrangers.
07:07 Là, on pourrait augmenter peut-être certains prix électionnels.
07:09 Mais ils sont toujours plus élevés en France qu'ailleurs.
07:11 On a toujours les impôts les plus élevés de l'OCDE ou de la zone euro.
07:15 À un moment, ce n'est pas comme ça en réalité qu'on va créer de la croissance
07:18 et qu'on va faire venir les investisseurs.
07:20 On a besoin de continuer à être attractif,
07:22 précisément aussi pour pouvoir maîtriser nos dépenses publiques.
07:24 Un mot pour finir, le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau,
07:27 qui menace clairement le gouvernement désormais de voter une motion de censure
07:30 si la situation des finances publiques ne s'améliore pas d'ici le vote du budget,
07:34 donc probablement à l'automne.
07:35 C'est donc probablement possible que le gouvernement soit censuré à l'automne,
07:39 grâce à la droite. Si la droite vote une motion de censure,
07:41 le gouvernement risque de tomber.
07:43 Mais quelle hypocrisie de la part des LR.
07:45 Les Républicains qui se font les parangons de la vertu fiscale
07:49 sont les premiers à chaque débat budgétaire à nous proposer des augmentations de dépenses.
07:53 120 milliards d'augmentation de dépenses qui ont été proposées par les LR
07:57 à l'Assemblée nationale depuis deux ans.
07:58 Moi, j'ai dit aux Républicains, plutôt que de faire des menaces,
08:01 venez travailler avec nous, mettons-nous autour de la table
08:03 et trouvons des endroits où on peut faire des économies,
08:06 où on peut maîtriser la dépense publique et travailler ensemble
08:09 pour l'intérêt général du pays.
08:10 Mais pas voter une motion de censure.
08:11 Mais travaillons pour l'intérêt général du pays.
08:13 Encore une fois, nous sommes en majorité relative à l'Assemblée nationale,
08:15 donc on a besoin de partenaires.
08:17 Et là-dessus, on a besoin de partenaires,
08:18 mais pour faire des choix responsables et co-construire.
08:20 Et ce n'est pas le cas, encore une fois, avec les Républicains,
08:22 depuis deux ans, qui ne font que proposer des augmentations de dépenses.
08:25 Merci, Benjamin Haddad, député Renaissance de Paris,
08:27 d'être venu dans les 4V en ce moment.
08:28 Merci.
08:29 Pâques, bonne journée.
08:30 Merci à tous les deux et merci également à Vivien Fonvier
08:32 pour la traduction en langue des signes.
08:34 Dans un instant, on retrouvera Marc-Antoine Lebrême.
08:37 Et d'abord, une petite pause.
08:38 A tout de suite.
08:39 *musique*