SMART SPACE - AsterX, 4ème édition de l’exercice militaire

  • il y a 6 mois
Organisée au sein du Centre national d’études spatiales à Toulouse, la quatrième édition de l’exercice militaire AsterX s’est tenu du 04 au 15 mars. Son objectif ? Reproduire dans un cadre réaliste une série de menaces spatiales auxquelles doivent faire face les participants et ainsi renforcer la solidarité entre les armées françaises et alliées. Un exercice d’envergure auquel a pu assister en tant qu’observateur Jean Daniel Testé, président d’Agena Space et consultant en sécurité dans l’espace.
Transcript
00:00 La fusée Starship de SpaceX est envolée jusque dans l'espace pour sa troisième tentative.
00:10 Le vol d'essai sans équipage a décollé le matin du jeudi 14 mars dernier depuis
00:15 la Starbase de SpaceX à Boca Chica au Texas.
00:18 L'étage supérieur de 50 mètres de haut, rappelons-le de la méga fusée, s'est séparé
00:23 avec succès de son étage inférieur de propulsion avant de s'élancer direction l'espace.
00:29 Mais le retour sur Terre s'est avéré, lui, un tout petit peu plus critique.
00:34 Malgré une résistance à la chaleur impressionnante lors de sa réentrée dans l'atmosphère,
00:40 Starship n'a pas survécu à cette étape cruciale et n'est donc pas pu amérir dans l'océan.
00:46 Pour rappel, c'est ce vaisseau qui doit transporter des humains vers la Lune pour le compte de
00:51 la NASA en 2026, a priori une date qui a déjà été reportée une première fois.
00:57 Une bonne nouvelle tout de même, au cours de sa traversée de l'espace, le vaisseau
01:01 Starship a testé une nouvelle manœuvre qui consistait à transférer 11 tonnes d'oxygène
01:07 liquide froid entre deux réservoirs intérieurs.
01:10 Un système de transfert qui sera indispensable lors du voyage vers la Lune programmé par
01:15 la NASA.
01:16 En résumé, une journée plutôt réussie si l'on en croit la déclaration officielle
01:20 de l'entreprise.
01:21 Autre actualité, la start-up toulousaine Zephalto se prépare pour son tout premier
01:28 vol habité.
01:29 Un vol stratosphérique à bord d'un ballon pour une expérience touristique hors norme
01:33 à 25 km d'altitude.
01:36 L'opération se déroulera depuis le circuit automobile de Nogaro dans le Gers.
01:40 A son bord, deux pilotes d'essai dont le fondateur de Zephalto, Vincent Faredastier.
01:45 La date exacte n'est pas encore fixée.
01:47 En attendant, on a notamment un meilleur créneau météorologique.
01:52 Si ce vol réussit, l'entreprise pourra mettre en branle ses vols touristiques.
01:57 La nacelle pourra embarquer jusqu'à 6 passagers pour un ticket d'entrée autour de 120 000
02:03 euros par personne.
02:04 Dernière actualité, la quatrième édition de l'exercice militaire spatial Asterix
02:11 vient de se dérouler à Toulouse.
02:13 Un exercice d'envergure auquel a pu assister en tant qu'observateur.
02:17 Jean-Daniel Testet est président d'Agena Space et consultant en sécurité dans l'espace.
02:22 Bonjour Jean-Daniel, bienvenue dans Smart Space.
02:25 Quel était l'objectif principal de cet exercice d'envergure ?
02:28 Il y a plusieurs objectifs bien entendu parce que c'est un exercice d'envergure.
02:34 Je dirais que si aujourd'hui je devais en sortir un en particulier, c'est un objectif
02:39 international.
02:40 Chaque année il y avait des participants de nombreux pays alliés qui participaient
02:44 mais cette année c'était vraiment un record, on n'en est plus d'une quinzaine.
02:46 Donc c'était un gros challenge d'internationaliser à ce niveau-là cet exercice et c'était
02:52 vraiment une réussite.
02:53 Quel était le scénario global cette année ? Je sais qu'il y a peut-être plusieurs
02:57 scénarios mais il y a quand même une ligne générale qui s'est dessinée.
03:00 Alors la ligne je dirais qui est toujours la même c'est la préservation des capacités
03:07 spatiales des pays alliés dans le cadre d'une crise terrestre puisque c'est bien logique
03:13 et je l'ai dit à plusieurs reprises, il n'y a pas de crise spatiale sans crise terrestre.
03:18 C'est-à-dire qu'aujourd'hui il y a un contexte qui se passe sur la Terre, des événements,
03:22 une crise géopolitique et dans ce cadre-là les moyens spatiaux sont utilisés en soutien.
03:26 Et on l'a déjà dit aussi à plusieurs reprises au sein de notre antenne, le spatial est un
03:32 soutien essentiel aux opérations, que ce soit pour le renseignement, que ce soit pour
03:35 les télécommunications et bien entendu la navigation et la synchronisation des événements.
03:40 Donc le soutien spatial est indispensable et donc il faut le protéger, il faut le préserver.
03:44 Et bien entendu si l'adversaire est conscient de notre besoin de soutien spatial, il a tendance
03:50 à essayer de nous supprimer soit brouiller les télécommunications, soit perturber les
03:54 signaux GNSS que ce soit sur radio, que ce soit sur GPS, en tout cas ce qu'on utilise,
03:59 soit empêcher les satellites d'observation ou d'écoute de faire le recueil d'informations
04:04 au-dessus de la zone de crise.
04:06 Donc dans ce scénario global qui est une continuité entre un scénario conventionnel
04:11 aéroterrestre on va dire et puis ce qui se passe en espace, il y aura toute une série
04:16 d'événements.
04:17 Alors de mémoire au sein de l'Astérix 2024, il y en a eu plus d'une vingtaine,
04:21 23 d'événements de toute nature parmi tout ce que je viens de citer, c'est-à-dire
04:25 du brouillage de télécommunications, de l'illumination de satellites d'observation,
04:30 du brouillage de vidéo, de GPS et aussi de l'action dans l'espace pour aller intimider
04:37 nos satellites et faire peser une menace directement dans l'espace sur nos satellites qui rendent
04:42 tous ces services pour nous intimider et éventuellement si la manœuvre va jusqu'à son terme essayer
04:49 de faire cesser les services qu'ils rendent.
04:52 Donc un scénario très compliqué, très complexe, comme je l'ai dit tout à l'heure
04:56 avec en soutien une participation de beaucoup de pays alliés, donc une communauté internationale
05:02 très consciente de ces besoins.
05:06 Vous pouvez nous donner quelques exemples peut-être de ces partenaires qui ont participé,
05:10 on compte quoi, des acteurs privés, des institutions, d'autres agences spatiales ?
05:14 Non très bien, vous avez raison de me rappeler, il n'y a pas que des acteurs.
05:18 Quand j'ai cité des acteurs internationaux, c'est essentiellement des services homologues
05:23 au commandement de l'espace, soit des Space Force, soit des bureaux espace, soit carrément
05:27 aussi des commandements de l'espace des pays alliés comme les Américains, les Allemands,
05:33 les Britanniques.
05:34 Donc il y a un peu de tout, mais j'avais oublié de citer aussi, parce que c'est très
05:37 important et en particulier pour Asterix, la participation de tout un panel de services
05:43 industriels puisque nos industriels ont en orbite des capacités qui sont selon dit duales,
05:51 vocation civile et militaire, dont l'objet, la mission peut nous aider à compenser éventuellement
06:00 une perte dans un domaine.
06:01 Donc cette participation industrielle est essentielle et fait complètement partie depuis
06:07 le début des exercices de l'ASERIX.
06:09 Est-ce qu'on pourrait dire que l'exercice a été une réussite ? Est-ce qu'à la fin
06:13 il y avait un échec possible dans cet exercice-là des équipes du commandement de l'espace ?
06:19 L'exercice est tellement complexe que des sources d'échecs, il y en a un peu partout.
06:24 Alors je peux vous dire que tout a été parfait, même si c'était le commandement de l'espace
06:29 qui en parlait, il y a toujours des petits bugs, mais globalement c'est une réussite.
06:33 Quand on voit les enjeux que j'ai détaillés au début de l'interview, pour moi c'est
06:40 une réussite phénoménale.
06:41 Et si je peux donner une petite touche personnelle, parce que je suis des Asterix depuis quasiment
06:45 le début, ce qui m'a le plus impressionné c'est la maturité des opérateurs.
06:50 Au tout début, il y a quatre ans, lorsque le premier fait, c'était la découverte,
06:56 donc effectivement il y avait un peu de bain du ciment.
06:59 Quand les opérateurs pris sur leur métier étaient interrogés sur ce qu'ils faisaient,
07:05 il n'y avait pas beaucoup d'assurance, il y avait quelques doutes, ils regardaient
07:09 toujours et ils jetaient un coup d'œil vers leur chef pour vérifier qu'ils ne faisaient
07:12 pas de béguines, etc.
07:13 Là ce que j'ai vu c'est une prise de compétence vraiment manifeste et une assurance
07:20 de tous ces opérateurs qui a vraiment grandi par rapport à l'exercice de 2021.
07:26 Et puis j'imagine que le contexte actuel, vous avez parlé de contexte tout à l'heure,
07:31 n'était pas sans raisonner dans cet exercice.
07:34 Au même moment, il y a eu une situation géopolitique assez intense entre notamment Emmanuel Macron
07:41 et le président Vladimir Poutine par échange indirect.
07:45 Est-ce que c'était assez palpable pendant cet exercice-là ? Est-ce que ça résonnait
07:50 directement sur ce conflit en Ukraine ?
07:52 Directement, je ne pense pas parce que le président a placé le débat dans un autre
07:58 contexte.
07:59 Le spatial forcément est en background de toute crise, comme je l'ai dit tout à l'heure,
08:03 mais en fait les discussions et les prises de position du président vis-à-vis de la
08:09 Russie, elles étaient indépendantes et c'est normal.
08:12 Donc l'exercice, il n'y avait pas à en tenir compte puisque l'exercice était
08:16 dans un scénario, je dirais fictif mais pas tant que ça, mais globalement dans un scénario
08:20 qui était complètement indépendant de la situation.
08:22 Ce que je peux dire par contre, c'est qu'au quotidien aujourd'hui, on retrouve des morceaux
08:29 du scénario Asterix.
08:30 Plus de moi, j'ai parlé des brouillages de télécommunications, des brouillages des
08:33 signaux GNSS, Galileo, GPS.
08:35 C'est du quotidien.
08:36 On va regarder aujourd'hui des compagnies aériennes qui continuent à faire des vols
08:39 réguliers vers les Pays-Baltes et au-dessus des Pays-Baltes.
08:46 Ils remontent quasiment tous les jours des pertes de signaux et de signaux de navigation
08:50 qui sont dus à des brouillages réalisés par les Russes depuis le centre.
08:54 Merci beaucoup Jean-Daniel Tessé.
08:55 On comprend l'importance de cet exercice qui fait figure d'entraînement pour préparer
09:01 notre commandement de l'espace aux situations à venir.
09:03 Je rappelle que vous êtes président d'Agenaspace et consultant en sécurité dans l'espace.
09:07 On enchaîne avec notre talk tout de suite sur Bismarck.

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