Mardi 26 mars 2024, SMART IMPACT reçoit Vincent Rousselet (directeur, Bio Équitable en France) , Christelle Garnier (paysanne administratrice, Biocoop) , Charles Passereau (cofondateur et codirigeant, Eversun) et Anthony Briant (directeur, École des Ponts ParisTech)
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00:08 Bonjour, bonjour à toutes et à tous. Bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission des entreprises à impact positif.
00:13 Et voici notre sommaire du jour.
00:15 Mon invité, c'est Anthony Briand, directeur de l'école des ponts Paris Tech, qui vient de renouveler pour 5 ans la chaire consacrée à la logistique du futur.
00:25 On fera le bilan du partenariat avec les groupes industriels, on posera les enjeux de cette supply chain au cœur, évidemment, de la transformation environnementale de notre économie.
00:34 Dans notre débat, on parlera du label Bioéquitable, créé par l'association du même nom.
00:41 128 filières agricoles représentées pour favoriser des produits 100% origines France et qui garantissent une rémunération équitable aux producteurs.
00:50 Et puis dans notre rubrique Start-up, je vous présenterai Eversun qui lance un abonnement solaire à grand public pour rendre les panneaux solaires encore plus accessibles.
01:00 Logistique, agriculture, photovoltaïque, 3 univers, 30 minutes pour les explorer. C'est parti.
01:06 [Musique]
01:13 L'invité de Smart Impact, c'est Anthony Briand. Bonjour.
01:16 Bonjour.
01:17 Bienvenue. Vous êtes le directeur de l'école des ponts Paris Tech. On va parler de cette chaire supply chain du futur que vous avez renouvelée en janvier pour 5 années supplémentaires.
01:26 Elle avait donc été créée en 2019. Si on remonte à l'origine, c'était quoi votre idée de départ ? Pourquoi vous l'aviez créée ?
01:32 L'idée de départ, c'est comme dans notre école d'ingénieurs, c'est de mettre au contact nos étudiants avec les professionnels.
01:38 Cette chaire, c'est d'offrir des opportunités à la fois pour nos étudiants d'aller au contact des industriels de la supply chain et pour les industriels de la supply chain de venir au contact de nos étudiants et de nos chercheurs pour réfléchir à ce qui fera la supply chain du futur.
01:54 Effectivement. On va voir déjà comment ça a pu évoluer en 5 ans et puis ce que vous imaginez pour la suite.
02:00 Mais les partenaires, effectivement, c'est important. Qui sont les partenaires historiques et les nouveaux pour ce renouvellement ?
02:06 On a quelques partenaires historiques qui nous font confiance et qui renouvellent. Renaud, Michelin et Louis Vuitton sont des partenaires qui étaient dans la première chaire et qui poursuivent avec nous.
02:17 On avait Cédis Kunt dans la première version. C'est Decathlon qui vient dans cette nouvelle chaire.
02:23 Et puis, on a le cabinet Argon & Co qui est un spécialiste du conseil sur les enjeux d'opération et de supply chain qui nous accompagne pour densifier notre discussion et notre partage.
02:32 Qu'est-ce que vous avez identifié pendant ces 5 premières années et quel enseignement vous avez pu partager ?
02:39 Ce qui est intéressant avec cette chaire, c'est qu'en gros, ça tourne autour de 3 objets. Le premier, c'est innover.
02:44 C'est donc se poser la question à partir des problèmes réels rencontrés par les industriels vers où il faut aller.
02:51 Et là, il y a un gros enjeu lié aux données, à l'intelligence artificielle et à la numérisation.
02:56 Il y a partagé ces problématiques-là, les mettre devant nos élèves, offrir des opportunités d'enseignement.
03:04 Et puis, la recherche, c'est-à-dire mettre au service de ces industriels les capacités de recherche de l'école pour les aider à lever les verrous scientifiques.
03:12 Innover, former, partager. Sur l'innovation, vous nous avez dit la data, l'intelligence artificielle.
03:18 Est-ce que les innovations sont aussi majoritairement ou très majoritairement tournées vers la décarbonation ?
03:25 Alors, Smart Impact, effectivement. On est au cœur de ces enjeux.
03:28 Le point d'entrée de la réflexion, c'est ça. C'est comment on décarbone le transport routier de marchandises.
03:36 Quelques chiffres. Le transport, c'est 30% de nos émissions de gaz à effet de serre. 95%, c'est le transport routier.
03:44 Et dans ces 95%, un quart, c'est le transport de marchandises.
03:47 Donc, en fait, notre capacité à réduire le déplacement de marchandises et donc à une course le moindre kilomètre a un impact direct sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
03:56 Et c'est au cœur de la réflexion.
03:58 Je ne sais pas s'il y a déjà des innovations qui ont été identifiées lors de ces cinq premières années et puis que vous avez vu grandir.
04:05 Vous voyez ce que je veux dire ?
04:06 Exactement. Peut-être le meilleur exemple que je peux vous donner, c'est les projets de recherche qui ont été construits et qui, aujourd'hui, sont en plein épanouissement.
04:12 La recherche, ça prend du temps. Ça prend trois ans pour faire un doctorat.
04:15 Et en fait, aujourd'hui, et c'est pour ça que pour l'école des ponts, c'est important, c'est de mettre au cœur, par exemple, tous les enjeux de mathématiques et d'intelligence artificielle,
04:23 qui sont des vrais murs scientifiques, au service des industriels, pour optimiser, par exemple, le chargement de leur camion, optimiser leur route et donc faire moins de déplacement.
04:32 Et en fait, ça paraît très simple comme problème. Ça devient très vite technologiquement et scientifiquement compliqué. Et c'est ça qui est en jeu dans la machine.
04:40 Je me souviens effectivement de discussions avec Cédis Kunt, qui était partenaire de la première chaire sur... C'est du Tetris, quoi.
04:47 Comment faire entrer tous les colis dans un camion, le fait d'avoir réduit la quantité de carton utilisé pour emballer les produits.
04:57 Tout ça, ça passe par, effectivement, de l'innovation et de la recherche.
05:02 Je reviens vraiment en arrière sur ces enjeux. Est-ce que vous diriez pour les grands groupes qui sont vos partenaires, mais d'une manière générale pour les entreprises,
05:12 que la crise du Covid-19 a marqué une rupture en matière d'enjeux de logistique et de réflexion sur ce que peut devenir la supply chain ?
05:20 Oui. En tout cas, ça a rééquilibré un certain nombre d'enjeux dans la chaire. On parlait de décarbonation. Ça reste au cœur de l'enjeu de la chaire.
05:28 Il y en a peut-être un autre auquel nos industriels sont très sensibles. C'est la gestion des risques.
05:32 Le Covid-19 a mis au cœur la résilience de nos chaînes logistiques. Il y a le risque sanitaire, mais il y a bien entendu le risque climatique.
05:40 Adapter les chaînes logistiques à toutes les catastrophes diverses et variées qui arrivent, en plus sur des réseaux logistiques qui sont par essence très européens,
05:48 voire très internationaux. Ça, c'est peut-être la deuxième dimension sur laquelle nos partenaires industriels sont très importants.
05:53 C'est comment aussi on arrive à mieux gérer un risque qui devient de plus en plus fréquent.
05:59 On peut rajouter à ce que vous avez cité celui des conflits et de la guerre depuis plus de deux ans en Europe.
06:05 Exactement. Le risque climatique, c'est des choses qu'on peut, avec des modèles, essayer de mieux l'anticiper, de mieux adapter la chaîne logistique.
06:14 Les risques géopolitiques, c'est parfois un peu plus dur à anticiper.
06:17 Évidemment. On est beaucoup plus dans l'urgence. Si vous deviez définir aujourd'hui, puisqu'on a beaucoup parlé de ce qui a évolué depuis 5 ans,
06:29 la supply chain, le futur, qu'est-ce que vous voyez poindre comme nouveauté, comme avancée technologique ?
06:35 Je pense que c'est vraiment l'enjeu, et ce n'est pas propre à la supply chain, mais c'est très fort dans la supply chain, c'est vraiment comment on optimise l'utilisation de la donnée.
06:44 En fait, ce qui a aussi beaucoup évolué dans ces cinq dernières années, c'est que de la donnée qui n'était pas utilisable hier, le devient aujourd'hui.
06:51 Et comment on la valorise et comment on l'utilise à meilleur escient ? Encore une fois, pour décarboner, donc réduire l'impact.
06:56 Mais derrière, c'est de la création de valeur. Il n'y a pas d'opposition entre chercher un moindre impact environnemental et optimiser les flux.
07:04 Et là, je parle de la partie déplacement, mais c'est vrai aussi dans les entrepôts. C'est aussi comment on pense des entrepôts qui sont mieux harmonieusement inscrits dans leur territoire,
07:14 le lien entre ces entrepôts, comment il est optimisé. Donc comment les opérations, par cette utilisation au maximum de l'information qui est générée, sont coordonnées.
07:24 Donc ça permet quoi ? Ça permet d'affiner, c'est vraiment l'enjeu principal de la supply chain, évidemment, le suivi d'un produit tout au long de son trajet.
07:36 Évidemment, je pose des questions un peu de Béotien, mais ça, c'est l'objectif. Et avec des outils d'intelligence artificielle, notamment, de blockchain,
07:46 qui permettent d'être encore plus efficaces là-dessus ? C'est ça, mais ce n'est pas uniquement d'optimiser la route. C'est dans l'entrepôt, d'optimiser le process pour, à la sortie de l'entrepôt,
07:56 savoir exactement comment on remplit le camion. Vous parliez de Tetris. Ça se joue des fois sur des choses qui paraissent des détails, mais un carton qui, à un moment donné,
08:03 fait qu'on a une nouvelle route qui s'ouvre ou pas. Et puis ensuite, effectivement, dans le trajet aller, mais aussi dans le trajet retour, la manière dont on va optimiser et optimiser les flux.
08:12 Donc, c'est vraiment toutes les opérations de la chaîne logistique et pas seulement la partie déplacement qui sont au cœur de la réflexion avec ces données.
08:18 Alors, on a parlé de vos partenaires, des partenaires de cette chaire, Supply Chain du futur à l'École des Ponts. Leur objectif, c'est quoi ? C'est de toucher des étudiants, évidemment,
08:30 de mettre en valeur leur marque employeure. Qu'est-ce qui les amène là, en quelque sorte ? Alors, c'est plusieurs choses. Et puis, c'est plusieurs choses aussi pour l'École des Ponts.
08:39 Le premier, c'est effectivement d'un point de vue purement industriel. C'est qu'aujourd'hui, les objets sur lesquels on travaille, ils ne le trouvent pas sur le marché.
08:47 Il n'y a pas un logiciel qui leur permet de trouver la valeur que l'on crée avec les recherches que l'on fait. Pourquoi ? Parce que, comme je le disais,
08:53 c'est des problèmes scientifiques qui sont encore complexes. Tout ce qui est lié à la comptabilité, à la gestion, ils n'ont pas besoin de recherche. Sur ces sujets-là, ils n'ont encore besoin de recherche.
09:01 Mais c'est ça qu'ils viennent chercher. Et puis, effectivement, la marque employeure est importante parce qu'on parle d'entreprises qui ont bien compris que leur modèle de croissance,
09:08 leur modèle de développement devait se transformer. Et donc, c'est aussi de les mettre au contact d'élèves ingénieurs. Et pour nous, c'est important parce que c'est de montrer
09:15 et d'expliquer par l'exemple à nos élèves ingénieurs que ces industries-là sont en train de se transformer et que ce qu'on essaie de leur enseigner,
09:21 les outils qu'on essaie de leur donner, sont au service de cette technologie.
09:24 Ça veut dire que plusieurs de vos élèves ingénieurs ont trouvé des débouchés dans des entreprises qui étaient partenaires de cette chaire ou alors,
09:33 ça, c'est un premier modèle entre guillemets, ou alors certains se disent « Mais là, je suis en train de créer un business. Et donc, est-ce que je ne vais pas créer mon entreprise en quittant l'école ? »
09:42 Il y a deux possibilités, effectivement. Alors déjà, il y a des offres de stage. L'année dernière, on a 4 étudiants sur des sujets très différents.
09:50 Il y en a certains qui s'occupaient de « super-e-chains » proprement dit, d'autres plus sur des modèles économiques, d'autres plus sur des sujets d'urbanisme,
09:55 qui sont intéressés à l'entrepôt du futur, ce que je vous ai expliqué sur comment fonctionne un entrepôt.
09:59 Ça leur offre des possibilités de fin d'études et de premier emploi. Et puis après, comme on est sur des objets très innovants et où, encore une fois,
10:05 les verrous scientifiques sont importants, effectivement, ça permet de développer des business qui, à un moment donné, peuvent donner de l'entreprenariat à des startups.
10:12 Alors là, quand on reprend la liste de vos partenaires, chacun est dans un domaine d'activité. Mais est-ce qu'il y a une approche collective ?
10:19 Est-ce qu'on peut trouver sur ces questions-là des entreprises qui, par ailleurs, sont concurrentes et qui vont finalement mettre des moyens communs pour trouver une solution plus efficace ?
10:27 Je pense qu'une des forces de la chaire d'enseignement et de recherche sur le « super-e-chain », c'est qu'on a des entreprises qui ne sont pas en concurrence directe.
10:34 Elles ne sont pas sur les mêmes marchés. Mais par contre, elles partagent la même complexité de comment on optimise, comment on décarbone la « super-e-chain »,
10:42 comment on fait face aux risques et comment on améliore sa résilience. Et vraiment, les trois mots de la « super-e-chain », c'est l'innovation, le partage et l'enseignement et la recherche.
10:52 Et donc le partage, c'est ça qu'elles viennent chercher, parce qu'elles peuvent mettre au pot commun des choses où elles ne sont pas directement en concurrence,
10:57 mais où les problématiques, qu'on soit décathlon, qu'on soit michelin, qu'on soit dans l'équipement sportif ou qu'on soit dans le pneu, à un moment donné, les problèmes peuvent être...
11:05 – Il faut les transporter. – Exactement. – Merci beaucoup, Anthony Brion. Et à bientôt sur Bsmart.
11:10 On passe à notre débat, la découverte du label Bioéquitable.
11:14 [Musique]
11:20 C'est le débat de ce Smart Impact. Je vous présente tout de suite mes invités. Vincent Rousselet, bonjour.
11:25 – Bonjour. – Bienvenue. Vous êtes le directeur de l'association Bioéquitable en France.
11:29 À vos côtés, Christelle Garnier. Bonjour. – Bonjour.
11:31 – Bienvenue à vous aussi. Vous êtes vice-présidente du label, paysanne également, administratrice de Biocop.
11:38 On trouve des produits du label chez Biocop. On peut faire ce lien d'ores et déjà.
11:42 Quelques questions de présentation. L'association Bioéquitable en France, en quelques mots.
11:46 – L'association Bioéquitable en France est née il y a à peu près 4 ans et réunit un certain nombre d'acteurs
11:53 qui ont voulu rendre leur démarche de commerce équitable origine France visible et cohérente
12:00 avec la loi sur le commerce équitable. Peut-être qu'on pourra en reparler parce qu'il y a une loi
12:05 sur le commerce équitable origine France. On connaît peut-être un petit peu plus le commerce équitable
12:09 sur les bananes, le café, le cacao. Eh bien le commerce équitable maintenant existe sur des produits français
12:15 comme le blé, le lait, les pois chiches, la viande, etc.
12:21 – Avec ce label Bioéquitable en France, 128 filières agricoles, plus de 650 références commercialisées.
12:28 L'association s'est créée pour créer le label ? Juste pour faire le lien bien comprendre ?
12:32 – Oui exactement. L'association porte le label. Elle a élaboré un cahier des charges très strict
12:39 pour préciser quels sont les engagements de commerce équitable.
12:42 C'est donc un prix équitable basé sur les coûts de production pour les producteurs,
12:47 une relation équitable dans la durée, 3 ans minimum, entre les producteurs et leurs acheteurs,
12:54 et un fonds de développement qui est un complément de prix qui est versé aux producteurs
12:58 pour mettre en place leurs projets collectifs. Parce qu'on s'adresse à des collectifs de producteurs
13:03 qui s'organisent pour mettre en marché, pour vendre leurs produits, leurs marchandises,
13:08 et avoir des discussions équilibrées avec leurs partenaires commerciaux.
13:12 – C'est au cœur des enjeux dont on parle depuis des semaines avec la crise du monde paysan.
13:18 Christelle Garnier, en quelques mots, Biocop c'est une marque, une démarche
13:22 que pas mal de gens connaissent, mais expliquez-nous c'est quoi Biocop ?
13:25 – Biocop c'est une marque mais avant tout c'est une coopérative, une coopérative multi-sections,
13:29 c'est-à-dire qu'il y a une section magasins, évidemment ça on le voit puisqu'elle enseigne sur les magasins.
13:34 Il y a 739 magasins aujourd'hui répartis sur tout le territoire français et en Corse même.
13:40 Et puis il y a une section groupements de producteurs,
13:44 donc il y a 22 groupements de producteurs aujourd'hui dans plusieurs filières,
13:47 les fruits et légumes, le lait, la viande, les céréales et le miel, c'est quelque chose de nouveau,
13:53 premier groupement de producteurs de miel.
13:55 Et puis donc il y a aussi des sociétaires salariés qui peuvent être des salariés des services centraux,
13:59 mais des salariés de magasins ou de groupements de producteurs,
14:02 donc qui peuvent participer à la vie politique, et puis des associations de consommateurs.
14:06 Donc tout ça, ça représente à peu près 1200 sociétaires,
14:09 et donc toutes ces personnes participent à la vie politique de Biocop.
14:13 Votre objectif, comment je vais vous poser la même question, je commence avec vous Christelle Garnier,
14:16 c'est de mettre en avant, de promouvoir, de partager les principes d'une agriculture différente ?
14:22 Vous dites agriculture paysanne, ça veut dire quoi ?
14:24 En fait, chez Biocop, le projet politique, la charte, n'a pas changé depuis la création en 1986,
14:31 et donc le début de la charte, c'est développer l'agriculture biologique dans un esprit d'équité et de coopération.
14:37 Donc là, tout est dit en fait.
14:39 C'est le collectif qui prime avant tout pour développer l'agriculture biologique,
14:44 mais évidemment sur des petites fermes.
14:47 L'idée, ce n'est pas l'industrialisation de l'agriculture, c'est bien des fermes à taille humaine,
14:52 donc avec évidemment plus de personnes qui y travaillent, le respect du vivant via le bio, etc.
14:58 Oui, donc l'enjeu de la rémunération des agriculteurs, je le disais, ça fait des mois que c'est au cœur des manifestations.
15:07 Comment vous garantissez finalement, j'ai bien compris le système, le contrat sur trois ans,
15:11 je pense que ça permet finalement de garantir, de sécuriser,
15:17 mais comment vous faites, c'est quoi le modèle économique en quelque sorte ?
15:20 C'est le fait d'avoir moins d'intermédiaires par exemple ? Comment vous y arrivez ?
15:23 Alors, le fait d'avoir moins d'intermédiaires fait partie effectivement du modèle.
15:27 Il y a un nombre maximum, 4 exactement, dans nos chaînes d'approvisionnement,
15:32 mais la plupart du temps on est sur des chaînes plus courtes.
15:35 On a même des groupements qui ont utilisé le label pour valoriser leurs propres produits, leurs propres marques.
15:43 Donc ça c'est un modèle aussi plus court, effectivement.
15:48 L'idée effectivement, et je reviens sur ce que vous disiez tout à l'heure,
15:51 nous notre souhait c'est effectivement de défendre un certain modèle d'agriculture,
15:56 un certain modèle d'agriculture bio paysanne,
15:59 et donc de rémunérer les paysans au juste niveau,
16:06 avec effectivement un modèle paysan qui parfois a des coûts de production plus élevés.
16:11 En bio on a des rendements qui sont quand même inférieurs aux conventionnels,
16:14 eh bien il faut le prendre en compte dans le coût de production.
16:17 C'est pour ça qu'on a ce commerce équitable qui défend ces prix et cette rémunération des producteurs bio sur des modèles de fermes familiales.
16:27 Ça veut dire que les produits sont forcément plus chers pour les consommateurs ?
16:31 C'est aussi un acte engagé ou militant de la part des consommateurs ?
16:36 Vous pouvez commencer.
16:38 Alors ça dépend parce que nous ce qu'on essaye de faire effectivement c'est de rendre ces produits équitables,
16:44 accessibles au grand nombre. Ce qu'on privilégie par exemple beaucoup c'est les produits en vrac.
16:49 Donc on va trouver beaucoup de nos produits labellisés bioéquitables en France dans les céréales en vrac par exemple.
16:55 On va aussi mettre en avant les fruits et légumes qui sont des produits non seulement accessibles mais en plus bons pour la santé.
17:03 Et puis il peut y avoir aussi une réduction de l'ultra transformation que Biocop fait très bien,
17:08 qui permet d'avoir des produits aussi à des prix beaucoup plus abordables et meilleurs pour la santé.
17:14 Et puis après il peut y avoir des produits qui sont certes un petit peu plus chers.
17:18 Et là c'est un acte militant des consommateurs.
17:21 Tout le monde ne peut pas le faire mais certains peuvent le faire de temps en temps et ça aide beaucoup les producteurs.
17:27 Je vous pose cette question aussi Christophe Guarnier parce que le bio en général, je ne parle pas de votre modèle,
17:34 mais le bio en général a quand même beaucoup souffert depuis deux ans avec l'inflation.
17:37 A quel point vous l'avez vous ressenti et est-ce que c'est un peu derrière vous ou derrière nous cette crise du bio ?
17:45 On pense que c'est derrière nous. En tout cas on a l'espoir que ça va continuer à être derrière nous.
17:51 Après c'est vrai qu'il y a eu un moment difficile parce qu'il y a eu les consommateurs qui se sont un petit peu détournés du bio.
17:56 Mais ça aussi via le fait de le label HVO, de valeur environnementale,
18:02 ou les allégations sans résidus de pesticides, pas de traitement après la récolte,
18:07 qui a fait croire aux consommateurs que c'était des produits bio moins chers.
18:10 Alors que ce n'était pas du tout le cas, ce n'est pas du tout le même modèle.
18:15 Alors effectivement on a dû faire des efforts sur nos prix, y compris en commerce équitable.
18:20 C'est-à-dire que pour ne pas être complètement décorrélés du marché, il a fallu qu'on fasse attention et que tout le monde fasse des efforts.
18:26 Et aujourd'hui je pense que ce qui serait vraiment important c'est que les pouvoirs publics puissent accompagner l'ensemble de la chaîne.
18:32 Parce que pour qu'un produit soit labellisé, il faut que le groupement de producteurs soit labellisé,
18:37 mais aussi le transformateur, le groupement de producteurs céréales, celui qui fait la farine, celui qui fait le biscuit, et ensuite le porteur de marque.
18:46 Et en fait ce qui serait important c'est que l'État puisse accompagner les différents acteurs de la chaîne
18:51 pour que le prix équitable à la fin ne soit pas discriminant pour le consommateur,
18:56 pour qu'il puisse arbitrer son choix, pas avec le prix, mais avec évidemment ce que porte le label bioéquitable en France.
19:05 Tout est dit en fait, c'est bio, c'est équitable et c'est français.
19:08 Et c'est des produits français. Vous l'avez évoqué Vincent Rousselet, il y a cette idée de financer des projets collectifs.
19:15 De quoi on parle précisément ?
19:17 Alors oui, c'est le fonds de développement, c'est le troisième pilier du commerce équitable.
19:21 Chez nous c'est 1% des ventes du groupement de producteurs à son acheteur,
19:27 et qui permet effectivement de financer des actions collectives des groupements de producteurs.
19:33 Alors qu'est-ce que ça peut être ?
19:34 Ça peut être, pourquoi pas, un système informatique qui permet de planifier les récoltes
19:39 pour avoir une meilleure coordination des livraisons pour l'acheteur.
19:44 Ça peut être aussi, c'est le cas de notre président, d'avoir des meilleures mesures agroécologiques
19:50 pour aller au-delà du cahier des charges, par exemple sur les fruits rouges et sur les fraises.
19:56 Malheureusement en bio on utilise encore du plastique pour éviter le développement des mauvaises herbes.
20:01 Et bien là, le groupement développe des nouvelles méthodes de paillage
20:05 qui sont à la fois bonnes pour l'environnement, bonnes pour la plante et bonnes pour le consommateur.
20:12 Et puis ça peut être aussi des formations pour les dirigeants des coopératives,
20:18 les administrateurs, les agriculteurs eux-mêmes,
20:21 qui ont envie de se former à la gouvernance, au développement de leur propre structure,
20:27 pour prendre en main leur destin.
20:28 Est-ce qu'il y a trop de labels, Christelle Garnier ?
20:30 Parce que je pensais en préparant l'émission, il y a le label français AB,
20:34 il y a l'Eurofeuille qui est le label bio de l'Union Européenne,
20:37 on peut s'y perdre un peu quand on est consommateur.
20:40 Est-ce qu'il y a trop de labels ?
20:41 C'est vrai qu'aujourd'hui, pour faire ses courses, il faut être un expert quelque part.
20:45 Après, s'il y a une multitude de labels, en tout cas beaucoup de labels,
20:50 c'est parce qu'en fait ils sont différents.
20:54 Donc je pense que ce qui est aussi important, c'est de s'approprier comment on veut consommer
21:01 pour pouvoir aller dans un endroit.
21:03 C'est vrai que tous les labels ne se valent pas, sinon il n'y en aurait qu'un.
21:08 Parlons des prix planchers. J'ai bien envie de vous entendre là-dessus, Vincent Rousselet.
21:13 Comment vous avez réagi quand vous avez entendu le président de l'AIP public
21:16 chahuter au Salon de l'Agriculture, dire "Tiens, moi aussi je me convertis aux prix planchers" ?
21:22 On a dit enfin des prix planchers.
21:25 Oui, on est pour les prix planchers, mais tout dépend comment ils sont calculés.
21:31 C'est vraiment la question, évidemment.
21:34 Et je le disais, le mode de production biologique n'est pas le même que le mode de production conventionnel.
21:40 Les rendements sont différents, on est plus intense en main d'oeuvre,
21:43 moins en intrants chimiques, forcément.
21:46 Mais ça a un coût.
21:48 Et nous ce qu'on souhaite, c'est que ce coût de production, de la bio, de la biopaysanne,
21:52 soit pris en compte, qu'on intègre bien entendu le travail du producteur,
21:57 sa juste rémunération, et que ce soit ça, le prix plancher.
22:00 Nous, c'est ce qu'on appelle le prix minimum équitable.
22:03 C'est ce qu'on souhaite, c'est ce qu'on porte, c'est ce qu'on met en oeuvre,
22:06 et on pense que c'est possible.
22:08 Et quand vous voyez finalement, et c'est sans doute caricatural,
22:11 que ce mouvement des agriculteurs est réduit à une critique de, notamment,
22:19 le pacte vert européen dans son volet agricole, l'excès de normes, notamment européennes,
22:27 et finalement, qu'est-ce qu'on retient au bout de la chaîne ?
22:29 L'Europe est en train de revenir en arrière sur ses ambitions environnementales.
22:34 Comment vous réagissez à ça ? Je vous pose la question à tous les deux,
22:36 vous pouvez commencer rapidement, Vincent Roussel.
22:38 Nous, on pense qu'on se trompe de problème.
22:41 Le problème, il n'est pas sur l'excès des normes ou le respect de l'environnement.
22:46 D'ailleurs, l'utilisation de pesticides nuit à la santé même des producteurs eux-mêmes,
22:52 et nuit à l'ensemble de la société.
22:55 C'est un faux problème. Le vrai problème, c'est la juste rémunération des producteurs,
23:00 et c'est un changement de modèle agricole.
23:02 20 secondes pour répondre à cette question, c'est compliqué.
23:05 Ça vous a un peu désespéré à un moment ?
23:07 Oui, moi je trouve ça désespérant.
23:09 Je pense qu'aujourd'hui, on est quand même à un moment de la vie de notre planète,
23:13 de la vie du vivant, en fait, qui est préoccupante,
23:16 et je pense que c'est vraiment des retours en arrière.
23:18 Mais j'ai le sentiment que les consommateurs en prennent acte,
23:22 et peut-être c'est aussi pour ça qu'ils vont revenir vers le bio
23:25 et vers les choses plus vertueuses pour tout le monde.
23:28 On l'espère pour vous. Merci beaucoup. Merci à tous les deux et à bientôt sur Bismarck.
23:31 On passe à notre héroïque start-up tout de suite.
23:34 Smart Ideas avec Charles Passereau. Bonjour, bienvenue.
23:43 Bonjour Thomas.
23:44 Vous êtes le cofondateur, le président d'Eversun, créé en 2023, l'an dernier, avec Rémi Milgram.
23:49 Et avec quelle idée de départ ?
23:51 Alors en fait, j'ai fondé plusieurs sociétés dans la tech,
23:54 et comme beaucoup de gens de ma génération, j'ai voulu donner plus de sens dans les projets que je porte.
23:58 Et je me suis intéressé aux photovoltaïques en faisant le constat que le taux d'équipement en France est encore extrêmement faible.
24:04 On est en retard.
24:05 Devant, il y a l'Allemagne avec plus de 7% ; derrière, le UK puis l'Italie.
24:10 Et la question, c'est pourquoi ? Parce que les prix d'électricité flambent,
24:14 donc la rentabilité des panneaux solaires est accrue, forcément.
24:18 Et la réponse est simple, c'est que ça coûte très cher, l'installation photovoltaïque.
24:22 Donc notre postulat de départ, c'est de permettre à tous de consommer cette énergie décarbonée locale et bon marché.
24:28 Et comme on le fait, la première innovation d'Eversun, c'est un business model d'abonnement.
24:33 C'est aussi simple que de souscrire un forfait téléphonique, zéro coût de départ pour le client.
24:37 Maintenance, entretien compris, on s'occupe de toutes les démarches administratives, mais pas que.
24:42 L'idée, c'est que nos clients s'engagent sur 15 ans, et on sépare le hardware et le software.
24:47 C'est-à-dire ?
24:48 En plus, ce qu'on vend, c'est des systèmes photovoltaïques. Donc panneaux, batterie et un Energy Manager.
24:54 Rémi Milgram, mon associé, lui vient de l'univers de la GTB et de l'Energy Management.
24:59 Un Energy Manager, c'est en fait la colonne vertébrale de la gestion de l'énergie dans le foyer.
25:04 On va venir connecter les panneaux, la batterie, mais aussi les radiateurs, le ballon thermodynamique, la pompe à chaleur ou le chargeur de voiture.
25:10 Et notre techno, notre application, va permettre de répartir de manière intelligente l'énergie produite par les panneaux solaires.
25:17 Et peut-être de donner des conseils pour utiliser ces machines au bon moment, quand les panneaux solaires tournent à plein, en quelque sorte.
25:25 Exactement. Donc d'abord, le business model d'abonnement qui va nous permettre d'aller chercher des parts de marché beaucoup plus rapidement que nos concurrents.
25:31 Un client préférera toujours un abonnement à Credit Cetelem.
25:34 Pluguer avec nos systèmes notre Energy Manager, qui permet de réaliser 20% d'économies supplémentaires grâce à notre techno.
25:42 Et ça, ça va assurer une rentabilité extrêmement rapide pour nos clients. C'est généralement inférieur à 3 ans, ce qui est complètement nouveau sur ce secteur-là.
25:51 La rentabilité, elle est de plus en plus rapide, parce qu'à la fois les prix de l'électricité augmentent et parce que le prix des panneaux solaires baisse.
26:00 Exactement. Et aussi un ensoleillement qui est de plus en plus important chaque année.
26:05 Ça veut dire qu'on peut s'équiper partout ?
26:06 On peut s'équiper partout. Aujourd'hui, c'est rentable partout d'installer des panneaux solaires.
26:11 Et après, l'idée de l'Energy Manager, ça va être aussi de pouvoir nous donner la supervision sur notre parc d'abonnés.
26:19 Et on va venir agréger toutes ces centrales solaires pour devenir une centrale électrique virtuelle et permettre de réguler le réseau d'EDF, de devenir ce qu'on appelle un opérateur d'effacement.
26:28 Donc c'est Monsieur Tout-le-Monde qui va produire de l'énergie et effacer de la demande pour EDF.
26:33 Donc on est vraiment dans la démocratisation de l'autoconsommation grâce à ces panneaux solaires, ces panneaux photovoltaïques.
26:39 Est-ce qu'on est en train de rattraper le retard avec les pays que vous avez cités, l'Allemagne, l'Italie ? Ou alors est-ce qu'ils vont aussi vite ou encore plus vite ?
26:47 Ils vont encore plus vite, notamment en Allemagne où il y a déjà des gros acteurs en place.
26:53 On n'est pas en train de les rattraper. La RTE prévoit 4 millions d'installations d'ici 2030. Aujourd'hui on est à 200 000. 4 millions, c'est monstrueux.
27:00 Pour arriver à faire ça, ce qu'il va nous falloir, c'est des capacités de déploiement.
27:04 Pour devenir catégorie leader sur ce marché, vendre du photovoltaïque, la demande est forte.
27:12 Surtout avec un business model d'abonnement, c'est pas compliqué.
27:15 En revanche, déployer, c'est le sujet.
27:17 Pour répondre à cette problématique, on lance notre organisme de formation. Dès cette année, d'abord en Ile-de-France, puis on va déployer la Everson Academy dans toute la France
27:26 pour nous permettre de former nos installateurs et s'assurer des plus grosses capacités de déploiement du marché.
27:31 Avec, quand on parle photovoltaïque, on ne peut pas ne pas poser cette question-là, des panneaux qui viennent forcément d'Asie ou de Chine.
27:38 C'est aujourd'hui la filière française-européenne, elle est quasiment en train de disparaître.
27:43 Exactement.
27:44 Et puis, il casse les prix du marché en plus. C'est de moins en moins cher.
27:47 C'est de moins en moins cher. C'est de moins en moins cher.
27:49 Et puis, malheureusement, même les acteurs qui disent "made in France", les cellules sont faites en Chine.
27:55 Les factories sont là-bas. Donc, pour l'instant, on n'a pas le choix.
27:58 Merci beaucoup Charles Passereau.
28:00 Merci Thomas.
28:01 Et à bientôt sur Bsmart. Merci d'être venu nous présenter Everson avec ce système d'abonnement.
28:06 Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
28:09 Merci à toutes et à tous de votre fidélité à Bsmart, la chaîne des audacieuses et des audacieux.
28:15 Je vous dis à demain. Salut !
28:16 [Musique]