SMART BOURSE - Emission du jeudi 22 février

  • il y a 7 mois
Jeudi 22 février 2024, SMART BOURSE reçoit Sophie Chauvellier (Gérante allocation d'actifs, Dorval AM) , Jean-Marc Peter (Directeur général, Sofidy) , Christian Parisot (Président, Altair Economics) et Julien-Pierre Nouen (Directeur des études économiques et de la gestion diversifiée, Lazard Frères Gestion)

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00:00 [Musique]
00:08 Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart pour rester à l'écoute des marchés chaque jour du lundi au vendredi à 17h si vous nous suivez en direct sur Bsmart TV,
00:17 à retrouver bien sûr chaque soir en replay sur bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:23 Au sommaire de cette édition ce soir, les records boursiers qui tombent comme des dominos.
00:28 On a vu un nouveau record pour les actions européennes à travers le stock 600 à 495 points et au-delà.
00:35 Record pour le Nikkei japonais qui revient sur les niveaux de décembre 1989, dépassant même ce précédent record datant de plus de 34 ans à plus de 39 000 points ce matin en clôture pour le marché japonais.
00:51 Tout cela est permis en partie avec l'envolée spectaculaire de Nvidia qui dope l'ensemble de la planète marché, pas uniquement le segment technologique.
01:03 Nvidia qui s'envole de 14% au moment où on se parle et qui voit sa capitalisation boursière bondir d'un l'oréal environ autour de 230-240 milliards de dollars de gains de capitalisation boursière sur une seule journée, sur une seule séance de trading.
01:17 C'est évidemment un record Nvidia qui a déjà accumulé 700 milliards de capitalisation boursière depuis le 1er janvier uniquement, après un gain en 2023 qui aura été de près de 250% pour le titre Nvidia.
01:31 On y reviendra, ce sera bien sûr le sujet à la une de planète marché dans un instant.
01:36 Et puis du côté macro, la livraison des enquêtes de conjoncture PMI pour le mois de février confirme ce qu'on observe déjà depuis quelques temps en zone euro, à savoir que la zone euro est en train de réaccélérer ou de renforcer sa croissance.
01:51 Je parle bien sûr de la zone euro hors Allemagne qui reste elle plombée avec même une aggravation conjoncturelle si on regarde les derniers PMI.
01:58 Mais du côté français, on parle d'une forme de stagnation en dessous du niveau de zéro peut-être.
02:04 Mais pour le reste et la périphérie notamment, c'est un nouveau renforcement de la croissance qui est signalé par ces enquêtes au mois de février.
02:12 Voilà donc pour le panorama des marchés et de la macro dont on va discuter dans quelques instants.
02:17 Et puis dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse, le quart d'heure thématique, nous parlerons d'immobilier. Et là aussi, comme sur les marchés, le timing est crucial.
02:26 2024 sera l'année du démarrage d'un nouveau cycle immobilier.
02:30 Comment s'y préparer ? Nous en parlerons avec le directeur général de Sofidi, Jean-Marc Petter, qui sera avec nous au plateau à partir de 17h45.
02:38 (Générique)
02:48 Des records partout sur les marchés. C'est le thème de cette séance. Le résumé du jour, c'est avec Pauline Grattel.
02:55 Plus de records sur le monde de la bourse. Le CAC bat à nouveau son plus haut niveau aujourd'hui pour aller chercher les 7 900 points au cours de la séance.
03:06 Le Stoxx 600 atteint les 495 points, un plus haut historique dépassant son précédent record de janvier.
03:13 Côté japonais, le Nikkei bondit de plus de 2% pour signer un nouveau record en clôture, au-delà des 39 000 points.
03:20 L'indice nippon dépasse ainsi son précédent plus haut, atteint en 1989.
03:25 Un tel engouement est rendu possible en partie grâce à Nvidia, qui publie des résultats records.
03:31 Multiplication par 6 de ses profits à près de 30 milliards de dollars. 22 milliards de dollars de chiffre d'affaires, plus 265% par rapport à l'an dernier.
03:41 12,3 milliards de dollars de bénéfices nets sur le trimestre novembre-janvier.
03:46 Le fabricant de puces anticipe un chiffre d'affaires de 24 milliards de dollars pour le trimestre en cours.
03:52 Bref, c'est largement supérieur aux attentes du marché et à ses propres prévisions.
03:57 Ces nouveaux records sont salués par les investisseurs et le titre bondit de 15% à l'ouverture de Wall Street.
04:04 Du côté des entreprises, Dukak a se prêté à l'exercice de la publication des résultats.
04:09 Engie était au programme malgré un chiffre d'affaires en baisse.
04:13 Engie fait état d'un résultat net à 2,2 milliards d'euros au titre de l'exercice 2023.
04:19 Le titre est en hausse de plus de 2% à Paris.
04:22 Du côté d'Axa, malgré un bénéfice net en dessous des attentes, le marché salue l'annonce d'un nouveau plan stratégique
04:29 avec un objectif de taux de distribution aux actionnaires de 75%.
04:34 Danone présente un chiffre d'affaires de 27,6 milliards d'euros en progression de 7% sous l'effet des hausses des prix.
04:42 Ses résultats sont conformes aux attentes.
04:45 En revanche, pour 2024, Danone s'attend à un ralentissement de la croissance organique de ses ventes.
04:50 Ses publications ne suscitent pas d'enthousiasme particulier des investisseurs.
04:54 Le titre de Danone est proche de l'équilibre aujourd'hui.
04:58 Or, un disfarc. On note la forte progression de Soprasteria.
05:02 Le groupe fait état de résultats annuels solides.
05:05 Mais la grosse nouvelle du jour, c'est l'annonce du projet de cession de sa branche Sopra Banking Software à Axway.
05:12 Cette branche représente environ 340 millions d'euros de chiffre d'affaires.
05:16 Des annonces saluées par le marché. Le titre bondit de plus de 10% et se négocie ainsi à ses plus hauts sommets, autour de 230 euros.
05:25 Les hôtels Accor font état de résultats supérieurs aux attentes pour l'année 2023.
05:30 Et surtout d'un excédent brut d'exploitation qui atteint pour la première fois le milliard d'euros, en hausse de 55%.
05:37 Et ça, c'est un record pour le groupe.
05:40 Ses résultats sont salués et le titre est en hausse de 5%.
05:43 Demain, les investisseurs prendront connaissance de la deuxième estimation du PIB et de l'indice IFO du moral des chefs d'entreprise en Allemagne.
05:52 Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smartbourse, les infos clés du jour sur les marchés avec Pauline Grattel qui nous accompagne sur Bsmart.
06:09 Trois invités chaque soir avec nous pour décrypter les mouvements de la planète marché.
06:13 Sophie Chauveli est avec nous, gérante allocataire chez Dorval Asset Management. Bonsoir Sophie.
06:17 Bonsoir Grégoire.
06:18 Merci d'être là. Merci à Julien Piernouan de nous accompagner également. Bonsoir Julien Pierre.
06:22 Bonsoir Grégoire.
06:23 Vous êtes directeur des études économiques et de la gestion diversifiée de Lazare.
06:26 Frère gestion et avec nous également Christian Parizeau. Bonsoir Christian.
06:29 Bonsoir.
06:30 Ravi de vous retrouver. Vous êtes économiste et président d'Altair Economics.
06:33 Donc NVIDIA, l'action la plus importante du monde telle que l'ont décrété hier les traders de Goldman Sachs.
06:40 Et vous écriviez ce matin dans votre morning "Quand les arbres montent jusqu'au ciel", Christian.
06:46 C'est la question que soulève NVIDIA. Est-ce que NVIDIA est un arbre qui peut encore monter plus haut dans le ciel ?
06:53 Les résultats sont impressionnants. Pauline citait quelques chiffres.
06:56 Moi je retiens aussi la marge brute de NVIDIA qui est passée en un an de 66 à 76%.
07:02 Tout est impressionnant dans cette publication, il faut le reconnaître.
07:05 C'est une société qu'on pourrait appeler une société en hyper croissance.
07:08 C'est-à-dire qu'aujourd'hui quand vous avez un chiffre d'affaires qui fait 200%,
07:12 que l'activité propre, vraiment les puces pour les serveurs qui sont dédiés à l'intelligence artificielle, c'est 409% de croissance.
07:19 Alors voilà, c'est impressionnant. Donc toute la question aujourd'hui c'est combien de temps ça va durer.
07:24 Parce que si vous me faites 409% sur les cinq prochaines années, il n'y a pas de problème, elle n'est pas chère.
07:29 Il faut aller l'acheter parce qu'aujourd'hui elle n'est pas chère.
07:32 Mais toute la problématique est là, c'est combien de temps ça va durer.
07:35 Alors après on va se débattre, il y a de la concurrence qui va venir,
07:38 ce n'est pas possible de conserver un rythme de croissance comme ça.
07:41 Mais c'est vrai qu'il nous a fait une petite promesse quand même le patron de NVIDIA.
07:45 Il nous a dit sur les deux prochaines années on peut rester sur ce rythme-là.
07:49 De croissance ?
07:50 Voilà, il ne s'est pas mouillé, il n'a pas dit "je vais faire 400%".
07:53 Ce n'est pas la virgule près, ce n'était pas une guidance précise.
07:56 Il a dit "on fait une guidance à un trimestre, mais sur les deux prochaines années on peut rester sur ce rythme-là".
08:04 Ce qui est quand même assez impressionnant et ce qui donne quand même un peu de marge pour la valorisation de l'action.
08:09 Forcément, on peut dire "oui c'est délirant, elle prend 14% sur une société qui est déjà chère".
08:14 Mais il y a quand même cet élément-là qui a pas mal rassuré.
08:17 Après on l'a titillé un petit peu, on lui a dit "mais attention, est-ce que vos fournisseurs vont suivre ?"
08:23 Ils ont réglé leur problème de fournisseurs sur le dernier trimestre, ils ont réussi à gérer ça.
08:26 C'est quand même une belle performance.
08:28 Et puis il a surtout voulu montrer qu'il offrait une offre pas seulement de puces,
08:32 il offre un ensemble de composants qui permettent véritablement plus de calculs.
08:39 Il a un peu défendu, alors ça c'est un peu tiré par les cheveux,
08:42 mais il a dit "comme on a une puissance de calcul beaucoup plus forte, on est moins consommateur d'énergie".
08:47 Puisque comme on calcule très vite, même si on consomme de l'énergie,
08:51 mais on consomme de manière optimisée très très vite,
08:53 on est finalement beaucoup plus compétitif que d'avoir trois serveurs qui sont beaucoup plus lents,
08:59 qui vont consommer beaucoup plus d'énergie pour faire le même nombre de calculs.
09:02 Donc il a défendu très clairement le fait qu'il a une avancée technologique,
09:06 que c'est pas qu'une simple histoire de taille de processeur,
09:11 que c'est vraiment un ensemble complet qui vraiment optimise ça,
09:15 et que ça c'est une avancée très importante.
09:17 Alors après je dirais, on peut le croire, on va dire, il connaît bien son industrie.
09:22 Il commence à avoir un petit track record de PMG & Seine-Montgomery.
09:25 Je dirais que la vraie question que moi pose aujourd'hui les résultats d'NVIDIA,
09:30 c'est combien de temps ils vont garder cette croissance.
09:32 Alors lui-même il le dit, mais il n'en sait pas plus que nous, il faut être honnête.
09:36 Là il y a un emballement de l'investissement,
09:38 et ça est finalement la vraie question qu'il faut se poser si on investit dans NVIDIA,
09:41 c'est est-ce que les investissements que l'on fait aujourd'hui dans l'économie,
09:45 tous les investissements que font les gros GAFA,
09:47 que font toutes les entreprises pour développer l'intelligence artificielle,
09:51 est-ce que ça va avoir la rentabilité escomptée ?
09:53 Et c'est ça la clé, parce que si oui, si ça révolutionne,
09:56 si ça permet des gains de productivité, les entreprises seront prêtes à payer,
09:59 elles sortiront le carnet de chèque, elles investiront,
10:01 elles paieront à n'importe quel prix parce que ça sera un avantage compétitif,
10:04 et donc NVIDIA sera le gagnant.
10:06 Mais si on s'aperçoit que derrière,
10:08 l'intelligence artificielle coûte beaucoup plus cher,
10:10 n'apporte pas les gains de productivité attendus,
10:13 ou a un coût de développement et un coût finalement de gains
10:17 qui met beaucoup plus de temps qu'on l'a anticipé,
10:19 là, à ce moment-là, on aura véritablement un retour de balancier de la part des entreprises.
10:23 Donc la vraie question, c'est pas de dire est-ce que NVIDIA est trop cher en bourse,
10:28 c'est pas de dire est-ce qu'il y a une bulle sur NVIDIA,
10:30 la réponse c'est non, aujourd'hui il n'y a pas une bulle sur NVIDIA,
10:32 c'est est-ce qu'il y a une bulle sur l'investissement autour de l'intelligence artificielle.
10:35 C'est ça la vraie question aujourd'hui,
10:37 et elle n'est pas facile à répondre, je l'avoue, c'est pas la question facile,
10:40 mais c'est là où vous avez le risque,
10:41 c'est pas dans NVIDIA en tant que tel, en tant que société,
10:43 qui profite actuellement à plein de ces, alors je pourrais presque qualifier de surinvestissement,
10:48 on ne sait pas.
10:49 On le saura dans 5 ans.
10:51 On aura le retour sur l'investissement et voir si c'est vraiment une déception ou pas.
10:55 Il décrit quand même ce qui se passe pour son business,
10:58 et notamment la manière dont sa clientèle est en train de s'élargir,
11:01 il parle de tipping point, c'est le point de bascule
11:04 qui fait sortir l'IA et les puces, les GPU NVIDIA,
11:09 du seul cercle des big tech et des techies.
11:12 Alors certes, les GAFA c'est encore 40% de ces facturations de son chiffre d'affaires,
11:17 mais il dit j'ai des clients maintenant dans les services financiers,
11:20 dans la santé, dans l'automobile,
11:22 qui dépensent plusieurs milliards pour eux-mêmes s'équiper en puissance de calcul,
11:27 et des états.
11:28 Il cite le Japon, la France,
11:30 comme étant des clients de plus en plus importants des équipements NVIDIA.
11:35 Après, il faut reconnaître qu'il y a une demande qui explose,
11:38 à tort ou à raison, mais tout le monde se sent qu'on ne peut pas louper.
11:44 Il y a un faux mot.
11:45 On ne peut pas être le dernier, mais c'est sur l'économie réelle,
11:48 ce n'est pas la bourse qui a adapté la différence par rapport aux autres.
11:51 Parce que quand on a eu la bulle sur les télécoms,
11:53 on a acheté le devenir des télécoms, mais ça ne s'était pas réalisé.
11:56 Là, il y a quand même de la rentabilité, il y a du chiffre d'affaires.
11:58 On ne peut pas dire que les boursiers sont complètement délirants.
12:01 J'entends souvent ça, mais non, ils ne sont pas délirants.
12:04 Ils ont raison, ils prennent en compte cette hyper croissance.
12:06 Mais la vraie question, c'est plutôt, est-ce que l'économie réelle est délirante ou pas ?
12:11 C'est là où est véritablement aujourd'hui la question.
12:13 Après, lui, naturellement, il voit quand même une diversification de ses clients,
12:18 il voit un potentiel énorme, et de toute façon, aujourd'hui, il faut payer pour voir.
12:22 Quoi qu'il arrive, c'est le fabricant de pelle qui gagne pour l'instant.
12:25 Après, est-ce qu'on trouvera de l'or ? Ça, ce sera l'autre question.
12:28 Mais il y aura le fabricant de pelle, les gros acteurs comme Microsoft, Amazon Web Services,
12:34 la partie cloud d'Amazon.
12:37 Il y aura ceux-là qui vont en profiter.
12:39 Et la troisième phase, c'est les retours sur l'investissement.
12:42 C'est là qu'on verra s'il y a une vraie révolution dans l'économie ou pas.
12:45 Et l'impact sur l'emploi, l'impact sur votre boursier, c'est là qu'on le verra.
12:48 Mais pour l'instant, on a fait la première étage.
12:51 On va avoir bientôt le deuxième étage qui va s'allumer,
12:53 mais le troisième étage est un peu plus long, il va falloir attendre.
12:56 Comment vous regardez cette affaire, Sophie ?
12:58 Nvidia, je disais, ce n'est pas une boîte qui est inconnue.
13:01 Nvidia, c'est une boîte qui a une franchise et une marque déjà historiquement très forte
13:06 parce que les cartes graphiques, parce que les gamers, depuis peut-être plus de 10 ans maintenant,
13:11 connaissent tous Nvidia comme on connaît Intel Inside.
13:14 Néanmoins, il y a encore 12-18 mois, Nvidia, c'était une action tech parmi d'autres.
13:19 Là, c'est devenu un animal à part.
13:22 Comme l'a été Apple en son temps.
13:25 Alors, un animal à part, oui, sur l'impulsion.
13:28 C'est vrai que c'est Nvidia qui, en mars de l'année dernière,
13:31 lors de la publication de ses premiers résultats explosifs,
13:34 a donné l'impulsion à réveiller l'animal spirit sur l'intelligence artificielle.
13:38 Après, c'est une valeur qui représente toute une chaîne de valeurs.
13:43 C'est-à-dire que Nvidia entraîne derrière elle toute une chaîne de valeurs
13:48 qui va, même en Europe, on a des moyens de s'exposer à cette chaîne de valeurs
13:53 au travers des ASML, SAP, etc.
13:56 Nous, on le considère effectivement plus en termes de chaîne de valeurs.
14:01 On est aujourd'hui, et je pense que c'était très bien dit par Christian,
14:06 c'est impossible de dire aujourd'hui si c'est une révolution ou une spéculation.
14:11 Il y a un phénomène, pas une spéculation boursière, mais une spéculation presque économique.
14:17 Il y a un aspect très tangible.
14:21 C'est-à-dire qu'effectivement, c'est des choses qui sont commandées.
14:24 C'est quelque chose qu'on peut quantifier.
14:26 C'est tangible.
14:27 C'est très tangible.
14:28 Après, effectivement, sur quoi ça va déboucher ?
14:31 Quels sont les verticaux ?
14:32 C'est-à-dire, quelles sont les industries où ça va produire de la productivité ou non ?
14:36 C'est vrai que ça trouve un écho chez nous et chez beaucoup d'investisseurs
14:40 parce que ça intervient aussi dans un contexte où l'économie a besoin de gains de productivité.
14:45 Dans un contexte notamment dans les pays développés d'économies vieillissantes,
14:49 avec des marchés du travail qui sont finalement plutôt assez tendus.
14:53 Donc, ça paraît intéressant de se dire qu'on va pouvoir améliorer la productivité
14:58 et on est en train d'assister à une nouvelle révolution technologique.
15:02 Maintenant, effectivement, là, pour le coup, on est dans le domaine de la spéculation puisqu'on n'en sait rien.
15:07 Mais alors, le marché, par contre, lui, est plutôt assez rationnel puisqu'il est en train d'acheter les carnets de commande.
15:13 Il est en train d'acheter les ventes, effectivement.
15:16 Il est en train d'acheter dans toute la chaîne de valeur les entrées de carnets de commande.
15:22 Chez les gens qui fournissent des services informatiques, les commandes des entreprises
15:27 qui ne veulent surtout pas rater les opportunités qui pourraient se présenter dans leur industrie.
15:32 Et c'est vrai qu'on a un petit peu le sentiment d'une précipitation
15:36 parce que c'est un problème de données concurrentielles.
15:39 C'est-à-dire que si trois entreprises d'une industrie donnée commencent à aller là-dedans et obtiennent des résultats satisfaisants,
15:45 l'entreprise qui n'y est pas allée va rester sur le bord de la route.
15:49 Donc, il y a un petit peu cette... il y a cette impression qui crée un peu un phénomène d'emballement.
15:55 Donc, nous, on l'appréhende en se disant "OK, comment ?"
15:58 Alors, vous parliez de... Christian parlait de la fusée.
16:01 Il y a les semi-conducteurs, ça fait déjà un an qu'on joue cette partie-là.
16:05 Semi-conducteurs, fournisseurs de semi-conducteurs, machines pour faire des semi-conducteurs...
16:10 Et puis maintenant, on est en train de descendre dans la fusée.
16:13 C'est-à-dire qu'il y a semi-conducteurs, il y a bien entendu les softs,
16:16 mais les softs, on en parlait hors antenne tout à l'heure, il y a du plus et il y a du moins.
16:19 Parce que tous les CTO de la planète, tous les responsables informatiques de la planète
16:26 sont en train de regarder leur budget et de dire "Ah ! Donc, il faut que je libère X milliards pour faire de l'Aiba.
16:32 Alors, du coup, il faut que je réduise tout le reste."
16:34 Alors là-dedans, il y a déjà un jeu... Dans les softs, il y a un gros jeu d'arbitrage.
16:40 Nous, on ne regarde que les masses qui sont dédiées à l'IA, mais vous dites,
16:42 derrière, il y a des masses qui sont en train de se réduire, dédiées à d'autres types d'investissements technologiques historiques.
16:47 Dans les softs, il va y avoir des gagnants et des perdants aussi.
16:50 Parce que pour l'instant, tout a été emmené et puis on va commencer à voir qui dans ce jeu-là perd-gagne,
16:55 voit ses revenus soi-disant récurrents, revisaient à la baisse, etc.
16:59 Donc là, il y a déjà des choses qui ne sont pas évidentes.
17:02 Et puis, il y a de façon assez certaine, tous les gens qui fournissent un service de conseil
17:07 autour de l'adaptation dans les différentes industries.
17:11 Qu'est-ce qui est faisable dans la santé ? Qu'est-ce qui est faisable dans l'auto ?
17:14 Donc, tout là, il y a tout un tas de gens qui travaillent autour de ça
17:17 et qui vont aider les industries à s'approprier les éventuels solutions avec des succès ou des échecs.
17:24 Mais là, on en est vraiment là.
17:26 On peut déjà aller travailler toute cette chaîne de valeur avec pas mal de possibilités.
17:32 Est-ce que ça en fait déjà un vrai thème de marché, Julien Pierre ?
17:36 Au sens de la profondeur, de l'univers d'investissement, de la diversité aussi de l'univers d'investissement
17:44 qui ne serait pas que réduit à quelques fournisseurs de matériel ou de hardware.
17:49 J'entends, est-ce qu'on appréhende ça comme un vrai thème profond et de long terme ?
17:53 En tout cas, le marché, clairement, depuis quelques mois, il attache beaucoup d'attention à ce thème.
18:01 Clairement, c'est l'histoire des 18 derniers mois.
18:08 C'est toute cette… si on regarde la séquence de boursière,
18:13 ça a commencé avec la première sortie publique de ChadGPT qui arrive en novembre 2022
18:21 et qui a aidé le marché, les valeurs de la technologie,
18:25 de sortir un peu de leur relation avec les taux d'intérêt qui avaient été très pénalisantes pour elles sur l'année de 22.
18:33 Et aujourd'hui, on a effectivement, on l'a dit, des choses tangibles par rapport à une période comme 2000
18:42 où valoriser des choses très très lointaines.
18:46 Là, on a des entreprises qui gagnent beaucoup d'argent.
18:49 Après, la question, effectivement, c'est celle du prix et c'est aussi se dire qu'on est quand même dans une industrie de CAPEX.
18:57 Et on sait que sur les CAPEX, il y a du cycle.
19:00 À un moment, tout le monde aura…
19:03 Les phénomènes de surcapacité, de boom and bust dans le secteur des semi-conducteurs,
19:07 c'est quand même quelque chose auquel on a été largement habitué.
19:10 Et qui probablement se reproduira aussi dans ce secteur.
19:12 Après, à savoir à quel niveau, quand ?
19:15 Effectivement, là, il y a peut-être d'autres personnes que les acheteurs habituels qui prennent le relais.
19:21 Mais voilà, c'est des choses qu'il faut toujours avoir à l'esprit.
19:24 Est-ce qu'on voit en dehors de ces secteurs tech, déjà des retombées ou l'anticipation de retombées ?
19:33 C'est ce qu'il nous dit, Jiancian Wang.
19:34 Moi, j'ai des nouveaux clients dans le secteur de la santé, dans le secteur des services financiers, dans le secteur de l'automobile.
19:40 Est-ce que c'est quelque chose qu'on va observer dans ces secteurs ?
19:43 Est-ce que le marché anticipe quelque chose dans ces secteurs liés au développement d'usage d'intelligence artificielle ?
19:51 Alors, on l'a vu dans les... Vous aviez des graphiques sur le nombre d'occurrences du terme "intelligence artificielle" dans les confs co-op des entreprises.
20:00 On a l'impression de passer un peu au-delà. Après, effectivement, c'est des choses qui vont mettre du temps.
20:06 Lorsque vous regardez l'histoire des innovations, vous avez une espèce de courbe en J
20:11 qui peut être plus ou moins étalée dans le temps. Au début, on découvre une nouvelle technologie.
20:18 On se dit que ça peut changer les choses. On essaie. Au début, ça prend beaucoup de temps à trouver les utilisations.
20:25 Et après, sur les années suivantes, se diffuse l'utilisation réelle. Et ça, c'est quelque chose qu'on verra.
20:34 On l'a dit, il y a encore beaucoup d'incertitudes là-dessus sur ce que ça va vraiment changer quelque chose en termes de productivité agrégée.
20:43 On a des petites études micros sur certains secteurs, mais des petites choses comme les call centers, où effectivement, ça aide, ça améliore un peu la productivité.
20:54 Après, de là en tirer quelque chose sur la productivité agrégée générale, c'est encore autre chose.
21:03 Et après, il faut encore raisonner en termes d'équilibre général.
21:06 C'est-à-dire que, est-ce qu'on est sur vraiment que du complément des gens qui sont en poste et que grosso modo, tout le monde gardera son emploi ?
21:14 Ou est-ce qu'il y aura à un moment des postes qui seront supprimés parce que l'intelligence artificielle fait le travail tout aussi bien, voire mieux ?
21:23 Et donc là, vous retrouvez avec une augmentation de votre chômage structurel à traiter.
21:29 Donc, c'est un sujet extrêmement complexe qui jouera sur les années à venir.
21:33 L'enjeu énergétique, vous en parliez tout à l'heure, mais ça va devenir forcément un facteur stratégique chez Nvidia, mais aussi peut-être chez des concurrents
21:42 qui vont pouvoir jouer sur la question énergétique que demande cette puissance de calcul.
21:51 Hier, on en parlait avec un spécialiste dans l'émission.
21:54 Je redonne la perspective parce que moi, je ne les avais pas en tête, ces chiffres.
21:57 Le téléphone smartphone d'Apple, c'est 5 Wh de consommation d'énergie.
22:04 Le cerveau humain, c'est 300 Wh, une barre de céréales.
22:08 Ça fonctionne.
22:10 Le data center de 30 000 GPU dédié à seulement ChatGPT, ça peut varier de 500 MWh à peut-être jusqu'à 1 GWh
22:22 quand toute la planète est connectée sur ChatGPT en même temps.
22:25 Oui, on comprend bien qu'une optimisation, ce serait 5 % de la consommation d'énergie.
22:30 On s'inquiétait du mining du bitcoin il y a encore quelques années.
22:33 Là, on est dans quelque chose de complètement différent.
22:36 Oui, parce qu'il faut bien comprendre que l'intelligence artificielle va rentrer en concurrence, entre guillemets en concurrence.
22:41 Mais il faut bien comprendre le terme, c'est surtout par rapport à un coût humain.
22:45 Aujourd'hui, quel est le coût humain de faire le travail comme on le fait aujourd'hui avec l'efficience ou l'efficience qu'on connaît ?
22:52 Face à ça, j'ai un nouveau outil.
22:55 Mais ce nouvel outil coûte de l'argent.
22:58 Un humain, ça coûte cher en termes de travail, mais ça coûte aussi de l'argent parce qu'il y aura la facture énergétique.
23:03 Il y aura le fait qu'il faut adapter l'outil à l'entreprise.
23:06 Et ça, c'est un coût informaticien avec des gens.
23:09 C'est-à-dire que la massification, c'est le sujet, ne passera que par une amélioration du profil énergétique de cette technologie.
23:15 C'est ce qu'a dit le patron de Chartes GPT.
23:17 Il a dit qu'il veut investir dans une énergie illimitée et propre.
23:21 On parle de fusion nucléaire.
23:24 On est preneur.
23:25 Si ça se trouve, on est tous preneurs.
23:27 Tout le monde est preneur.
23:28 Mais il a très bien compris qu'il a deux choses qu'il veut.
23:30 C'est augmenter les puissances de calcul et trouver une énergie pas chère.
23:35 Il sait que ces modèles vont très vite se heurter à cet élément-là.
23:39 La vraie barrière au développement de l'intelligence, si vous voulez mettre de l'intelligence artificielle partout, vous ne pouvez pas.
23:45 La réponse est claire.
23:46 Ce n'est pas possible.
23:47 Il y a peut-être deux combats qui se profilent en ce moment.
23:51 Soit on fait l'intelligence artificielle au niveau de l'ensemble des serveurs, soit on le déporte au niveau de l'utilisateur.
23:56 C'est pour ça qu'aujourd'hui, vous avez les fabricants de PC qui vont vous sortir, entre guillemets, c'est très marketing ce que je dis là,
24:02 les PC intelligence artificielle avec des puces qui seront dédiées à l'intelligence artificielle
24:06 et les fameux smartphones.
24:08 Samsung a ouvert la porte avec ces derniers modèles dans lesquels une partie, pas tout, mais une partie de l'intelligence artificielle est localisée au niveau du smartphone.
24:17 On va transférer une partie de la puissance de calcul des serveurs vers les équipements.
24:21 Voilà.
24:22 Et ça, c'est quand même important parce que ça permettrait d'alléger la pression.
24:26 Donc, ça prouve que c'est quand même les acteurs spécialisés là-dessus.
24:29 C'est maintenant qu'ils y pensent.
24:30 Ils y pensent, oui.
24:31 Ils ont conscience que très vite, si tout le monde commence à vraiment utiliser l'intelligence artificielle, on va exploser au niveau de la consommation énergétique.
24:39 Donc, ça sera une vraie barrière.
24:40 Il ne faut pas la sous-estimer en termes de coûts, en termes de rentabilité et en termes de, finalement,
24:45 à terme, on va se dire est-ce que c'est la peine d'utiliser l'intelligence artificielle juste pour gérer une vidéo rigolote sur TikTok ?
24:51 On va peut-être garder cette puissance de calcul pour faire des choses un peu utiles.
24:55 Donc, voilà, il y a ça qui, à mon avis, à prendre en compte.
24:58 Et puis, dernière chose que je voulais signaler, c'est que l'intelligence artificielle, c'est intéressant,
25:02 mais je pense que les gains de productivité vont être dans les services et non dans l'industrie.
25:05 C'est-à-dire que, grosso modo, pour fabriquer une voiture, il y a déjà des robots.
25:09 L'intelligence artificielle peut jouer sur la conception, mais elle ne va pas jouer sur la production même du véhicule.
25:15 Alors que dans les services, s'il y a une explosion de la productivité, c'est peut-être là qu'il est intéressant.
25:20 Et donc, c'est intéressant parce que quand on parle d'inflation, on a été longtemps avec le secteur industriel qui a généré la déflation
25:27 parce que c'était la distribution en partie de gains de productivité.
25:30 Et demain, est-ce qu'on ne va pas avoir une déflation liée au secteur des services qui va distribuer des gains de productivité
25:36 lié à l'intelligence artificielle ?
25:38 Donc, vous voyez que ça touche beaucoup de choses.
25:40 Ça peut jouer aussi sur, y compris, nos perspectives de long terme.
25:43 Vous savez, on nous a tous prédit le retour de l'inflation et tout ça.
25:46 Mais attention, si on est sur un vrai secteur des services qui a un poids beaucoup plus important que l'industrie,
25:50 qui, grâce à l'intelligence artificielle, génère des gains de productivité,
25:55 il va peut-être les distribuer, alors peut-être à ses salariés, on l'espère,
25:58 mais aussi peut-être aux consommateurs via une baisse des prix.
26:00 Et à ce moment-là, on aura peut-être une surprise aussi sur ça.
26:04 Quand Goldman Sachs disait hier que c'était l'action la plus importante du monde,
26:08 Nvidia, les traders faisaient référence notamment à des corrélations très fortes qui ont pu se créer,
26:13 du point de vue indiciel, factoriel, etc.
26:16 Et donc, ce n'est pas anodin de voir, après la publication d'Nvidia et l'envolée de 15% en ce moment à Wall Street,
26:22 de voir d'autres indices en Europe, au Japon, atteindre de nouveaux records.
26:27 Alors, c'était 2% pour le Nikkei ce matin, pour lui permettre de revenir au-delà de son top du 28 décembre 1989, je crois,
26:35 j'ai regardé la date, 39 000 points sur le Nikkei.
26:38 C'est l'occasion de saluer le comblement d'un gap qui aura pris quand même 34 ans sur le plan boursier, Julien Pierre.
26:44 Alors, quelle est l'histoire devant nous pour le Nikkei, puisqu'il y a quand même un momentum très fort
26:51 et qu'est-ce qu'on peut dire des moteurs qui ont permis, justement, de combler ce gap,
26:55 qu'on n'imaginait peut-être pas avoir comblé un jour, en tout cas en 2024 ?
27:00 Oui, alors, ça rappelle aussi qu'il faut toujours faire attention à quel prix on achète les actifs financiers,
27:05 parce qu'on peut mettre de nombreuses années avant de retrouver son prix d'achat.
27:09 Ceci dit, en fait, l'histoire japonaise est quand même intéressante.
27:14 Lorsqu'on regarde l'évolution de la profitabilité des entreprises au Japon, il y a quelque chose qui s'est passé.
27:20 C'est une des fameuses flèches des Abenomics, ce qui a mis du temps à un peu se diffuser,
27:26 mais on commence à voir quand même des entreprises japonaises qui sont plus soucieuses de retour aux actionnaires,
27:31 de discipline financière. Donc, clairement, ça, ça a aidé.
27:35 Je pensais aussi un peu de déport des investisseurs qui n'avaient plus joué la Chine
27:40 et qui se disent "on va rester en Asie, mais on va aller sur le Japon".
27:45 Un pays du G7, c'est bien aussi.
27:47 On a un respect du droit des actionnaires qui est un peu plus important.
27:53 Il y a l'yen aussi qui a beaucoup aidé.
27:56 Il ne faut pas oublier que le yen s'est énormément déprécié sur les deux dernières années.
27:59 Et donc, ça, c'est toujours favorable au résultat des entreprises japonaises.
28:06 Et puis, c'est vrai que c'est un marché qui attire des investisseurs après avoir longtemps été délaissé.
28:14 Maintenant, c'est vrai que lorsqu'on regarde l'évolution récente, les PE ont bien progressé,
28:19 les multiples de valorisation ont bien progressé.
28:21 Donc, une respiration, ça pourrait largement se produire.
28:28 Mais il y a quand même cette histoire fondamentale.
28:30 Il y a quelque chose de structurel qui a changé quand même.
28:32 Il y a des entreprises japonaises qui sont plus soucieuses de retour à l'actionnaire
28:36 et de faire croître leur cours d'action.
28:40 C'est un double top là, ou pas ? Les 39 000 dk, 34 ans après.
28:45 Pour parler un peu comme un analyse technique.
28:49 C'est un plafond de verre ?
28:51 En fait, je n'aime pas trop cette idée du niveau d'indice parce que ça ne dit rien du tout en réalité.
28:57 Alors, c'est visuel.
28:58 Ça raconte quand même quelque chose.
29:00 Non, ça ne raconte pas grand-chose.
29:03 Ce qui compte, c'est la valorisation de l'indice lui-même.
29:05 Entre-temps, en 34 ans, effectivement, il y avait probablement une bulle au Japon qui a explosé, etc.
29:12 Et donc, on peut d'ailleurs questionner cette histoire-là sur la trajectoire chinoise.
29:16 Maintenant, on peut faire plein de parallèles.
29:17 Mais par contre, entre-temps, les entreprises ont souffert énormément.
29:22 Puis, progressivement, ont reconstitué leur performance, leur résultat, etc.
29:28 Et on est parti d'un marché qui était extrêmement cher, qui s'est écroulé,
29:32 qui pendant très longtemps s'est payé très peu cher, qui n'intéressait pas grand monde.
29:36 Il y avait des rallies de temps en temps très fortes, 50% d'un coup, ça retombait derrière,
29:40 mais ça n'intéressait pas grand monde.
29:42 Et puis, progressivement, avec l'amélioration de la gouvernance,
29:46 il y a eu un gros travail fait, et notamment par les autorités boursières,
29:49 qui portent tout un programme d'amélioration de la gouvernance.
29:51 Ils sont allés jusqu'au name and shame pour pointer du doigt des entreprises,
29:55 laisser traîner leur boucle via le value, etc.
29:58 Déboucler les participations croissantes.
30:00 Il y a eu un travail colossal qui a été fait.
30:02 Et puis, il ne faut pas oublier qu'au Japon, il y a vraiment des très belles entreprises
30:06 avec des technologies de pointe dans les secteurs de la technologie,
30:09 dans les secteurs industriels extrêmement créatifs,
30:12 dont on connaît plein de noms, les Nintendo de ce monde.
30:16 Je suppose que la plupart des enfants de la plupart des auditeurs,
30:19 voire les enfants auditeurs, ont une Switch.
30:22 Donc, il ne faut pas oublier qu'effectivement, il y a des très belles entreprises au Japon,
30:26 qu'elles sont toutes membres, ou pratiquement toutes membres du Nikkei,
30:29 et que c'est ça qui a attiré le Nikkei à la hausse,
30:31 avec, vous le mentionniez, un Yen au tapis.
30:34 Oui, oui, on est à 150, encore.
30:36 C'est-à-dire qu'en fait, la Banque Centrale Japonaise est la seule à ne pas avoir monté cet eau à ce jour.
30:41 Donc, le Yen est au tapis.
30:42 La majeure partie de ces entreprises sont très exportatrices
30:45 parce que le Japon lui-même est un petit marché, d'accord ?
30:48 Donc, elles vendent tout à l'international.
30:50 Donc, les entreprises japonaises exportatrices se portent très bien.
30:53 Et puis, on m'a expliqué que...
30:55 Et le marché japonais n'est pas particulièrement cher.
30:57 Je n'ai pas le niveau du Nikkei en tête, mais le Topix, il y a 15 fois.
31:02 On se paye moins cher que les États-Unis en agrégé.
31:05 Alors, on se paye plus cher que l'Europe, mais pendant longtemps, on se payait moins cher.
31:09 Donc, en fait, on ne peut pas...
31:11 Pour moi, le niveau du Nikkei ne me dit rien.
31:14 Et des entreprises japonaises globalisées qui profitent vraiment de ce cycle d'investissement, de Capex.
31:20 L'ARA américain est fondé sur des partenariats stratégiques très importants
31:25 avec le Japon et la Corée également.
31:28 Absolument.
31:29 Donc, non, le niveau ne me dit pas grand-chose, il ne me dérange pas.
31:33 Le niveau peut être enfoncé.
31:35 Il suffit que les entreprises révisent en haut leur perspective de résultat
31:38 parce que, justement, l'activité est meilleure et le niveau va sauter.
31:41 Et c'est bien la difficulté qui est en train de se jouer en ce moment.
31:44 C'est que...
31:45 Il y a...
31:47 On n'en a pas parlé parce qu'on a décidé que ce n'était plus la peine,
31:50 mais le pouls de Banque Centrale...
31:51 Donc, en gros, on n'a plus peur.
31:53 On n'a plus peur des Banques Centrales, quelque part, même si elles reculent un peu.
31:56 Bon, le mouvement est là.
31:57 Et puis, il y a un nouvel animal spirit qui s'est réveillé dans le marché.
32:00 Donc, maintenant, la peur, c'est un petit peu celle, effectivement,
32:03 qu'à un moment, on va partir dans une bulle.
32:05 Et le problème qu'on a, c'est qu'il y a beaucoup de gens qui étaient très prudents sur ces marchés,
32:09 qui disent "ça a beaucoup monté", puis la croissance économique va ralentir.
32:13 Donc, il y a encore un contre-pied majeur qui est en train de se matérialiser sur les marchés.
32:17 Et donc, là, on est en train de voir un FOMO, en fait.
32:19 Le fameux FOMO qui est en retour avec beaucoup de gens qui, finalement, étaient un peu en dehors
32:23 et qui se disent "ben tant pis, il faut que je rentre dedans, je ne sais pas..."
32:25 Voilà. Et avec un effet Rital assez fort...
32:28 Donc, c'est plus ça qui devient inquiétant, maintenant.
32:31 Sur le Japon, spécifiquement, est-ce que ce qu'on raconte là,
32:33 ça veut dire que le Japon est sorti de la déflation une bonne fois pour toutes, là, Christian ?
32:37 On peut pas aller jusque là.
32:38 Ah ben...
32:39 Non, mais après...
32:40 Tout est possible, désormais.
32:42 Juste pour compléter, juste un tout petit point aussi un peu technique,
32:44 n'oubliez pas que les indices vivent.
32:46 Oui !
32:47 Ça rentre, ça sort.
32:48 Oui, c'est important, parce que les mauvais élèves, celles qui chutent,
32:52 qui sont vraiment en difficulté, sortent de l'indice en 34 ans.
32:56 Structurellement, c'est plutôt les meilleurs qui restent.
32:58 Oui, on est d'accord.
32:59 Attention, on peut pas comparer...
33:01 Amazon rentre au Dow Jones, par exemple.
33:03 Mais on compare à des entreprises qui ne sont pas identiques.
33:05 Donc, il faut quand même attention, je sais, psychologiquement, mais attention à ça.
33:09 Sorti de la déflation, hausse de taux au Japon, c'est une histoire de 2024 ?
33:13 Hausse de taux très limitée, puisqu'ils ont dit qu'ils sortiraient des taux négatifs.
33:16 Mais ils ne veulent pas aller beaucoup plus loin.
33:18 Donc, c'est ça qui a vraiment rassuré en janvier.
33:20 Tout le rallye depuis janvier, c'est le fait qu'en décembre, on avait une communication assez dure
33:25 de la part de la Banque Centrale du Japon, notamment de son nouveau gouverneur,
33:28 qui disait, en gros, il va falloir un moment monter les taux,
33:31 il y a une sorte de boucle prix-salaire qui est en train de s'initier, on va sortir.
33:34 Et puis là, depuis quelques semaines, surtout depuis début janvier,
33:38 on a vraiment mis un coup de frein là-dessus, en disant, non, non, on sort juste des taux négatifs,
33:42 qui sont vraiment une erreur.
33:43 Et puis, derrière, alors ils ne disent pas que c'est une erreur, mais en gros...
33:45 Oui, oui, oui.
33:46 On comprend bien qu'ils ont envie de sortir de ça, parce qu'ils ont un petit peu plus...
33:49 Il y a l'occasion, il y a l'occasion de le faire.
33:51 Voilà, il y a un peu plus d'inflation, mais sur le fond, ils n'y croient pas.
33:54 Ils n'y croient pas.
33:55 Et le gros problème qu'ils ont, c'est qu'il pourrait y avoir un début de boucle prix-salaire
33:59 qui alimente l'inflation au Japon, au niveau des grandes entreprises, celles qui performent bien.
34:03 Mais ils ont des retours statistiques sur les derniers mois, sur les dernières négociations professionnelles,
34:08 on n'a pas tous les résultats, mais sur les petites et moyennes entreprises, c'est la cata.
34:12 Les Japonais ont des hausses de salaire nettement inférieures à l'inflation,
34:15 donc là, il n'y a vraiment pas de boucle prix-salaire, parce que les petites entreprises,
34:19 elles sont pressurées par les grandes entreprises japonaises,
34:21 et donc elles n'ont aucune marge de manœuvre, elles n'ont pas la profitabilité pour augmenter les salaires.
34:25 Donc vous avez beau avoir de l'inflation, c'est les grandes entreprises qui en ont vraiment profité,
34:29 et ce n'est pas le tissu des petites et moyennes entreprises.
34:32 Donc il n'y a pas vraiment de boucle prix-salaire qui semble se dessiner.
34:35 Alors après, on est toujours sur la même chose, on a le gouvernement qui aide un peu les Japonais
34:39 avec différentes aides pour un peu soutenir la consommation et compenser cette inflation,
34:44 mais on se dit que si on envoie un chèque aux Japonais pour qu'ils consomment,
34:47 ce n'est pas ça qui a fait qu'on a de nouveau de l'inflation qui revient.
34:50 Donc il y a un vrai risque quand même que l'inflation reste particulièrement basse au Japon,
34:54 et qu'on n'ait pas ce grand retour.
34:56 Et une fois qu'on aura fini avec l'inflation importée, essentiellement liée à l'énergie,
35:00 une fois qu'on a fini avec ça, on ne va pas avoir véritablement de dynamique profonde de l'inflation au Japon.
35:05 Donc on n'est pas sorti sur le fond, l'histoire n'est pas réécrite,
35:08 mais ça fait plaisir au marché parce qu'encore une fois,
35:11 on n'a plus joué les valeurs exportatrices que les valeurs domestiques.
35:14 Et donc finalement, on se dit que le Yen va rester indéfiniment faible.
35:17 Je grossis le trait, mais on l'a vu rebaisser.
35:21 Si tous les ans, le Yen baisse un petit peu, ça booste les résultats des entreprises exportatrices.
35:25 Et donc voilà, on valorise plutôt ça les marchés étrangers et la faiblesse du Yen qui reste un soutien.
35:32 Du Yen, venons-en au dollar.
35:34 Julien Pierre, assez intéressant de noter que le marché a complètement repricé le calendrier des baisses de taux de la Fed
35:40 et semble parfaitement aligné désormais sur la dernière projection qui a été faite par le dot plot en décembre dernier.
35:46 Je crois qu'on est sur départ en juin avec moins de 4 fois 25 baisses de taux,
35:53 donc plutôt autour de 3 comme signalé par la Fed.
35:56 Et on se demande même si juin, ce n'est pas juin au plus tôt pour baisser les taux.
36:03 Et potentiellement, pourquoi pas juillet, voire septembre.
36:07 Effectivement, le marché s'est bien ajusté avec assez peu d'impact sur les autres classes d'actifs.
36:12 C'est assez intéressant la devise ou évidemment le marché action qui vit sa vie différemment du marché obligataire.
36:20 On n'est plus dans le métaverse, on est dans l'intelligence artificielle.
36:24 Mais sur la Fed, évidemment, il y a quand même des questions
36:29 parce que les derniers chiffres d'inflation de janvier étaient quand même assez forts,
36:36 que ce soit les prix à la consommation ou les prix à la production.
36:40 Et lorsqu'on regarde dans les enquêtes les composants de prix,
36:44 on a un signal que le mouvement de désinflation est peut-être interrompu.
36:51 De toute façon, je pense que ça va être la question des années à venir en Europe, aux États-Unis aussi.
36:58 On a eu ce mouvement de ralentissement de l'inflation.
37:04 Aujourd'hui, on n'est pas normalisé.
37:06 Lorsqu'on regarde l'inflation, on a plutôt des prix qui sont tirés à la baisse par les biens encore.
37:10 Mais une inflation des services qui est liée au salaire qui reste trop forte,
37:15 est-ce que toute reprise de l'activité économique au niveau agrégé
37:21 ne risque pas d'amener une réaccélération des salaires et donc une inflation qui repartirait à la hausse
37:27 et donc là, pour les banques centrales, c'est un vrai sujet.
37:31 Sachant qu'effectivement, jusqu'à présent, et c'est ce qu'on comprend quelques trimestres après,
37:35 il y a eu ces gains de productivité qui se sont matérialisés pendant plusieurs trimestres aux États-Unis
37:40 qui ont aidé, j'imagine, ce phénomène de désinflation immaculée.
37:44 Sur la productivité américaine, je ne reprends pas l'exemple de Nvidia,
37:49 mais il y a une limite aussi au gain de productivité d'une économie comme l'économie américaine
37:54 malgré tout ce qui a été mis dedans, des dépenses de CapEx, etc., de nouvelles technologies qui arrivent.
38:00 Est-ce qu'on peut quand même prolonger un peu la trajectoire de la productivité américaine ?
38:05 Ça va être intéressant de voir un petit peu comment ça se passe dans les prochains mois.
38:10 Si on regarde la trajectoire de la productivité américaine,
38:14 on avait eu dans le Covid une nette accélération, puis on avait rebaissé
38:19 et là, on est un peu revenu sur la tendance des dix dernières années.
38:23 La question, c'est est-ce qu'on reste sur cette tendance qui n'était pas une tendance extraordinaire
38:27 ou est-ce qu'on est effectivement, grâce à toutes ces nouvelles technologies,
38:30 dans une nouvelle phase d'accélération de la productivité ?
38:34 Et ça, malheureusement, il y a très peu d'indications pour répondre à cette question.
38:40 Et après, on peut aussi parler de la productivité dans le reste du monde
38:43 avec, pour le coup, en Europe, une situation très compliquée.
38:46 Oui, ce qu'on décrit sur la productivité, c'est pour l'instant un phénomène très centré américain.
38:52 Ce n'est pas autre chose, enfin quelque chose qu'on retrouve ailleurs dans le reste du monde.
38:57 Sur ces questions de banque centrale, est-ce qu'il faut commencer à imaginer des scénarios alternatifs
39:01 où la Fed, j'allais dire baisserait passé tôt, c'est un peu provocant de le dire comme ça,
39:05 mais sérieusement, Sophie ?
39:08 Là, ça renvoie au scénario de Sommers, qui est l'idée qu'on pourrait même avoir l'inverse,
39:14 c'est-à-dire finalement une activité qui réaccélère avec des tensions inflationnistes
39:19 et une Fed qui non seulement ne les baisse pas, mais les monte.
39:22 Alors ça, c'est vraiment le scénario inverse ultime.
39:25 Et d'ailleurs, on reverrait peut-être la valorisation d'NVIDIA à l'occasion.
39:29 Ce sera l'occasion d'avoir à montrer.
39:31 Mais pour l'instant, ce n'est pas le cas.
39:34 En tout cas, effectivement, il y a un léger inconfort.
39:40 Moi, je dis un léger parce que ce n'est vraiment pas le scénario central.
39:43 Il y a un léger inconfort lié au fait que l'NBA,
39:48 que les derniers chiffres d'inflation étaient un petit peu plus soutenus que ce qu'on aurait aimé.
39:52 C'est que ça se stabilise à un niveau un peu trop élevé.
39:54 Et puis que l'activité reste forte, reste vraiment plutôt soutenue aux États-Unis.
39:59 On n'est pas arrivé à un point qui remettrait en question le fait qu'on va rentrer dans une phase de baisse de taux.
40:05 Et le taux d'équilibre, alors, ce qu'il est, le taux qui équilibre, entre guillemets,
40:11 ce qu'on appelle le taux d'équilibre qui va équilibrer l'emploi et l'inflation,
40:18 est plus bas que les taux réels actuels aux États-Unis et encore plus en Europe.
40:22 - Au niveau de la marge, oui.
40:23 - Donc on est de toute façon, effectivement, ils espèrent, on va vers une normalisation.
40:29 Après, est-ce que ça commence là au mois de mai ?
40:32 On a repoussé d'avril à fin de mars, avril, mai.
40:35 Est-ce qu'on commence à mai ? Est-ce qu'on commence cet été ?
40:37 Ce n'est plus vraiment un problème.
40:39 - Mais déjà, c'est une séquence de normalisation, ce n'est pas une séquence d'accommodation.
40:42 Le marché ne se met pas dans l'idée que la Fed va redevenir accommodante en 2024.
40:49 - Elle n'aurait, pour l'instant, aucune raison de le faire.
40:53 Elle aurait des raisons de normaliser, mais elle n'a aucune raison d'accommoder.
40:58 Sauf parce qu'il y a un choc financier inédit qu'on n'a pas vu encore.
41:01 - Ah bon, on a eu des petits chocs financiers.
41:04 - Ok, il y en a eu.
41:05 Ça a essaimé des chocs, mais il peut se passer plein de choses qu'on n'aurait pas pu prévoir avec Chad J. Petit.
41:12 - Le traitement du cas SVB, finalement, j'ai l'impression, a plutôt rassuré les investisseurs sur la capacité de la Fed à gérer des petits maillots faibles comme ça.
41:22 Je n'entends pas le big, le gros truc systémique.
41:26 Christian, sur la Fed, je veux bien qu'on dise un mot du "Policy Mix US vs zone euro".
41:32 Qu'est-ce qu'on préfère ? Est-ce qu'on préfère ce qui se passe aux Etats-Unis avec une politique budgétaire qui reste débridée, qui restera sans doute débridée ?
41:41 Ou est-ce qu'on aime bien voir un discours qui vise à ramener un peu d'orthodoxie dans les politiques budgétaires comme on le sent en zone euro aujourd'hui ?
41:51 - Après, il faut reconnaître peut-être quelque chose, c'est que l'IRA, certes, ça coûte cher aux finances publiques,
41:57 mais ça semble quand même générer pas mal de croissance, enfin entre guillemets de la "bonne" croissance, c'est pas de la dépense, c'est de l'investissement.
42:04 Après, on le sait très bien, dans les comptes publics, qu'est-ce que vous préférez ?
42:08 Vous préférez prêter à quelqu'un qui est sur-endetté mais qui va avoir une très forte croissance de ses revenus,
42:12 ou prêter à quelqu'un qui est très fortement endetté, qui va avoir son revenu qui se taille, voire qui va baisser dans les dix prochaines années ?
42:17 Donc forcément, en termes de risque, crédit, vous préférez encore aujourd'hui investir, mais ça a des limites.
42:23 Parce que si c'était aussi simple, si c'était facile de dépenser de l'argent et d'investir et de créer de la croissance comme ça,
42:29 je crois que tout le monde le ferait dans le monde.
42:31 Donc, il faut reconnaître que pour l'instant, au regard des retours que l'on a et au regard de l'IRA,
42:36 a été vraiment un moteur, et plutôt un moteur de stimulation de l'investissement privé dans le secteur privé.
42:42 Donc, c'est vraiment, entre guillemets, une "bonne" loi pour les Américains, une "mauvaise" loi pour nous, mais en termes de concurrence,
42:49 mais une "bonne" loi pour les Américains, et pour l'instant, on ne peut pas lui reprocher ça.
42:53 Donc, je comprends la relative indifférence des marchés au creusement du déficit budgétaire,
42:58 parce que si derrière, on a cette économie américaine qui continue et qu'on révise à la hausse la croissance potentielle américaine,
43:05 le vrai problème viendrait, c'est si on va commencer à avoir des signaux négatifs, si la productivité américaine s'effondrait,
43:13 si le consommateur américain, qui est aujourd'hui très endetté avec des crédits à consommation,
43:16 n'arrivait plus à rembourser ses crédits à consommation, je vous fais un petit exemple comme ça,
43:20 ça peut rouger pour vous en faire des milliers, des comme ça.
43:23 Donc, si d'un seul coup, on a des mauvais chiffres, là, on commence à dire "ah oui, mais il y a un gros déficit,
43:28 il y a une récession et on ne peut pas mener une politique contra-cyclique parce qu'ils sont déjà très déficitaires".
43:33 Donc là, il y aura peut-être un peu de sueur froide vis-à-vis de l'économie américaine, mais pour l'instant, ça marche,
43:38 donc on peut dire que c'est positif.
43:41 Alors après, moi, je dirais qu'il y a un petit élément qui m'a un peu choqué dans les dernières minutes, mais qui est assez récurrent,
43:46 c'est le manque de visibilité qu'ont les membres de la Banque Centrale sur l'économie.
43:51 C'est-à-dire que quand on regarde les débats, ils nous disent tout et son contraire, ils ne savent pas où va l'économie américaine.
43:57 - Vous avez de confiance, c'est ce que nous disait Powell au dernier FNC, on a besoin d'une plus grande confiance encore.
44:02 - Oui, mais ça, en gros, on ne sait pas où va l'inflation, on ne sait pas où va la croissance,
44:07 on a eu des bons chiffres, mais on ne sait pas si c'est récurrent, on a des problèmes statistiques,
44:12 on ne sait pas la fiabilité des statistiques, et là-dessus, je devrais vous dire ce que je vais faire sur mes taux sur les deux prochaines années.
44:19 Non, je ne peux pas, donc je suis data dépendante, mais en gros, on est toujours sur un très très fort manque de visibilité sur l'économie.
44:27 Alors, ça peut paraître paradoxal au moment où les indicateurs de volatilité sont au plus bas,
44:31 mais moi, je trouve que quand on lit ça, ce n'est pas très rassurant de la part de gens qui sont professionnels,
44:35 qui ont des équipes d'économistes, et qui nous disent "c'est très très dur aujourd'hui de prévoir où va l'économie américaine".
44:41 - Des changements très forts, les taux de réponse des enquêtes, emploi, etc., ont énormément baissé par rapport au niveau pré-Covid,
44:49 ça rend la statistique moins idéale, ça c'est sûr.
44:53 - Il y a plein d'éléments qui rentrent en compte, donc là, vraiment, c'est un facteur qu'on ne prend pas assez en compte.
44:59 Alors, ils le disent dans leur façon, en parlant d'incertitude économique, mais c'est là où on est un peu étonné quand on voit le VIX, par exemple,
45:05 l'indicateur de volatilité, qui reste quand même extrêmement bas, même s'il est un petit peu remonté dernièrement.
45:10 On peut se dire qu'il y a une prise de risque, qu'il y a un risque qui est perçu par les banquiers centraux, qui ne l'est pas par les marchés.
45:17 Et là, ça, c'est peut-être un petit élément quand même à surveiller pour les prochains mois.
45:20 - Un mot rapide, tour de table, positionnement actuel et notamment le risque, jusqu'où on est pro-risque, là, en ce moment, Julien Pierre ?
45:29 - Nous, ce qu'on fait, c'est qu'actuellement, on remonte nos expositions, on était très prudents l'année dernière, sans doute à tort,
45:36 mais on augmente nos expositions aux crédits offensifs parce qu'on trouve qu'on est très bien rémunérés aujourd'hui.
45:43 - C'est un sweet spot, là.
45:45 - On est sur des niveaux de rendement attractifs et, effectivement, je suis d'accord, beaucoup d'incertitudes macroéconomiques.
45:51 Les marchés actions sont un peu dans une logique très tirée par toutes ces histoires d'intelligence artificielle, par des résultats des entreprises qui ont été bons aussi.
46:01 Mais c'est vrai que lorsque vous regardez des choses comme l'immobilier commercial aux États-Unis, on n'est peut-être pas au bout de cette histoire.
46:09 Christian parlait des consommateurs américains, c'est vrai que vous avez une remontée progressive des taux de retard de paiement.
46:16 On sent que la dynamique a été un facteur important dans le rebond de la croissance au deuxième semestre 2023.
46:24 Le consommateur américain, il est peut-être un peu au bout de son mouvement.
46:29 - Oui, un petit choc à retardement, quand même, oui.
46:31 - On sait que la politique monétaire, ça joue avec des effets longs et variables.
46:36 Cette bonne dynamique économique, elle a aussi pour effet de faire remonter les taux longs.
46:41 Donc, ça a un impact aussi sur l'économie.
46:45 Tout un tas de secteurs sont financés sur des taux très bas et doivent se refinancer sur des taux plus élevés.
46:51 Donc, on n'est sans doute pas au bout de nos surprises.
46:54 Et donc, on pense qu'on préfère être un peu plus offensif tout en restant assez prudent.
47:01 Et le crédit, aujourd'hui, c'est une classe d'actifs intéressante.
47:04 - Sophie ? - Nous, on était toujours assez positif.
47:08 Notre scénario est plutôt un scénario positif sur l'activité économique.
47:12 Donc, on est plutôt long des actions, d'une façon générale.
47:16 Mais c'est vrai que là, on cherche aussi.
47:19 Alors, on prend aussi des protections optionnelles.
47:22 C'est-à-dire qu'effectivement, la volatilité étant très peu chère, on garde des expositions importantes.
47:27 Mais avec des structures optionnelles qui, non pas qui nous protégeraient de petits mouvements, de petits à-coups,
47:33 mais qui nous protégeraient d'une cassure qu'on n'aurait pas vu venir.
47:36 Donc, un peu des protections optionnelles, un petit peu en dehors.
47:39 Ce qui nous permet de rester exposés et donc d'essayer d'accompagner aussi loin que possible,
47:45 pour nos porteurs, effectivement, ce mouvement.
47:49 Et c'est vrai que c'est très très délicat parce qu'on a cet effet d'emballement et très inconfortable, on le sait bien.
47:55 - Et oui, c'est un peu la course aux GPU et la course aux actions en ce moment sur les marchés.
48:00 Merci à vous trois d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
48:03 Sophie Chauvelier, d'Orval Asset Management, Julien Pierre-Nouan, Lazare Frère Gestion et Christian Parizeau, Altair Economics.
48:08 - Le dernier quart d'heure de Smart Bourg, chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
48:22 Le thème ce soir, c'est celui de l'immobilier et comment se préparer au nouveau cycle immobilier qui va démarrer en cette année 2024.
48:31 Je prends les devants pour accueillir Jean-Marc Paeter. Bonsoir Jean-Marc.
48:34 - Bonsoir, Olivier.
48:35 - Vous êtes directeur général de Sofidi. L'actualité qui vous porte et vous amène ici aujourd'hui, c'est le lancement d'une nouvelle stratégie SCPI High Yield qui s'appelle Sofidynamic.
48:44 On va en parler.
48:45 Mais ce qui m'intéresse, c'est que le contexte dans lequel vous lancez cette nouvelle stratégie dédiée à l'immobilier en Europe, c'est parce que 2024 va être le démarrage d'un nouveau cycle immobilier.
48:57 Qu'est-ce qui va se passer là devant nous qui vous permet de dire que c'est le point d'entrée, que c'est le timing et que c'est le moment ?
49:04 - Alors 2024, d'après nous, va être une année bizarroïde parce qu'il va y avoir concomitamment la coexistence de deux choses.
49:15 Un, des très clairs signes de reprise de l'immobilier avec des taux qui baissent, avec un marché de l'immobilier qui recommence à fonctionner.
49:25 Donc des signes d'espoir qui nous semblent justifiés et au même moment, sans doute beaucoup d'opérations immobilières qui vont se faire à des prix assez faibles
49:35 parce qu'un certain nombre de propriétaires d'immobilier n'auront pas d'autre choix parce qu'ils seront endettés que de céder dans des conditions sans doute un peu dégradées.
49:45 - Ce qu'on appelle les vendeurs forcés.
49:47 - Les vendeurs forcés, tout à fait.
49:49 - Et là, si on en a vu quelques-uns, vous dites le gros des vendeurs forcés est peut-être encore devant nous de ce point de vue-là.
49:54 - En France, oui. Je pense que le gros des vendeurs forcés dans les pays anglo-saxons, notamment au UK et en Allemagne, ont été vus.
50:05 Mais en France, c'est sans doute en 2024 que cela se manifesteront à la vente.
50:11 - Comment on se prépare et comment on s'expose à cette opportunité qui va être à la fois celui de vente avec peut-être des décotes importantes et le redémarrage d'un cycle immobilier ?
50:22 La stratégie, je le dis, c'est appelée "Sophie Dynamique". Vous qualifiez cette SCPI comme une SCPI high yield. Qu'est-ce que cela veut dire, Jean-Marc ?
50:31 - High yield, cela veut dire deux choses pour nous. C'est un, profiter de la conjoncture, profiter de ces opérations qui vont peut-être arriver en 2024 à des prix décotés de vendeurs distress.
50:42 Et deux, se positionner sur une classe d'actifs que l'on connaît bien, mais que pour l'instant on n'a pas encore utilisé dans nos fonds traditionnels, que sont les SCPI immorants et éphimaux.
50:53 L'idée, si vous voulez, c'est alors que l'immorant et l'éphimau se positionnent à l'intérieur des grandes métropoles françaises et notamment à Paris.
51:02 L'idée pour Sophie Dynamique, c'est de se positionner en périphérie de ces grandes métropoles françaises. Et aussi de se positionner, non dans des villes A, mais dans des villes B.
51:14 Mais évidemment, en étant convaincu que ces villes B ont elles-mêmes une dynamique de croissance, parce que tourisme, parce que aussi pour des raisons de services et d'industrie qui se développent peut-être plus que dans d'autres villes.
51:28 Donc ça c'est le premier point. Et le deuxième point, c'est aussi d'acheter des actifs qui seraient loués à des preneurs qui ne seront pas des preneurs AAA, qui auront donc moins de garantie financière,
51:43 mais dont on sera convaincu, nous, qu'ils ont quand même une histoire à écrire et de la richesse à créer.
51:50 Plusieurs décennies d'expertise sur le sujet immobilier, mais quand même ce que vous décrivez là, Jean-Marc, c'est l'idée de faire un petit pas de côté par rapport à la qualité intrinsèque, historique que vous portez dans vos véhicules cœur.
52:05 Absolument. C'est un petit pas de côté. En fait, nos CPI principales sont un peu "investment grade". Et l'idée, c'est de faire un produit un peu "high yield".
52:17 C'est 7% ? L'espérance que vous affichez, c'est ça ? Pour donner un niveau de haut rendement ?
52:26 L'objectif, c'est 7% de fiscalité. Donc on profitera de cette situation conjoncturelle et aussi de ce pas de côté où on va s'intéresser à d'autres endroits et d'autres locataires.
52:34 L'idée aussi, c'est d'apporter un discours aux futurs investisseurs et aussi aux conseillers en gestion de patrimoine qui souvent conseillent d'investir au SCPI.
52:48 De leur expliquer que l'idée, ce n'est pas de cesser de mettre un investissement dans une SCPI, je dirais fonds de portefeuille, pour tout mettre dans une SCPI à haut rendement.
53:01 L'idée, c'est d'avoir une logique d'allocation, c'est-à-dire qu'on est prudent, c'est des investissements à long terme.
53:08 On tapisse son fonds de portefeuille avec des SCPI diversifiés "investment grade" et on va chercher un peu de "spicy", un peu d'excitation, un peu de rendement un peu plus élevé sur ces SCPI "high yield".
53:26 Il y a une recherche de risque que vous assumez ?
53:29 On est très clair, on est très clair. De toute façon, pour les SCPI, on est obligé d'indiquer quel est le niveau de risque.
53:36 Il y a une échelle, généralement les SCPI sont à un niveau 3, donc non seulement cet SCPI affiche un niveau de risque qui est de 4, mais on dit clairement que...
53:44 4 sur 7, c'est l'échelle.
53:45 4 sur 7, exactement. On dit clairement qu'il y a sans doute un peu plus de risque que dans des SCPI, je dirais, de fonds de portefeuille.
53:51 Concrètement, dans quel type d'immobilier vous envisagez de déployer cette stratégie ?
53:59 Évidemment, l'immobilier, comme tout investissement financier, est risqué.
54:03 Une façon d'amoindrir ce risque, c'est de diversifier.
54:07 On est fidèle à nos convictions, c'est-à-dire qu'on va essayer de diversifier au maximum ce risque immobilier,
54:14 aussi bien en termes géographiques, France bien entendu, mais aussi des pays européens, en type d'actifs.
54:21 Ce sera principalement des commerces, de l'activité, mais on peut aussi être contrariant, regarder des bureaux.
54:28 Parce que la décote du bureau est allée extrêmement loin, à un certain point ?
54:36 La décote des bureaux est allée extrêmement loin, et on voit bien par exemple que le bureau qui est bien placé reste quand même très demandé.
54:43 Pas celui qui est excellemment bien placé, mais celui qui est encore très bien placé lui aussi reste demandé ?
54:50 Exactement. On va continuer à regarder des lots de copropriétés dans des villes,
54:56 peut-être pas Paris, puisque ce sera sophie dynamique, mais dans des villes limite off de Paris,
55:00 comme Boulogne, Levallois-Perey, Neuilly-sur-Seine, des choses comme ça.
55:03 Il faut être contrariant, et on va aussi diversifier par nombre de locataires,
55:07 parce qu'on ne veut pas que la performance du fonds dépend d'un nombre limité de locataires.
55:12 Donc diversification géographique, diversification par type d'actifs,
55:16 essentiellement en commençant par du commerce, qui fonctionne aujourd'hui très bien,
55:20 de l'activité, mais aussi pourquoi pas du bureau, des résidences gérées, de l'hôtellerie,
55:25 et diversification par nombre de locataires, pour ne pas dépendre d'un nombre limité de locataires.
55:30 Vous disiez tout à l'heure qu'on va sortir aussi des locataires uniquement triple S,
55:34 c'est quoi des bons locataires qui ne soient pas forcément triplés aujourd'hui,
55:38 pas dans le commerce ou ailleurs Jean-Marc ?
55:41 Ce sont des locataires qui... parce qu'on a en interne une capacité de juger de la qualité des locataires,
55:47 donc évidemment on regarde les comptes des locataires, mais on peut aussi être convaincu
55:51 que telle ou telle activité a un avenir et est amené à se développer, à créer de la valeur.
55:58 Donc on va peut-être considérer des locataires qui ont moins d'historique en termes de compte,
56:05 mais dont on est convaincu que leur activité a vocation à se développer et à créer de la valeur.
56:11 Sur les marchés hors France, puisque c'est une des pays à vocation européenne,
56:16 là aussi est-ce qu'il y a des marchés particuliers qui vous intéressent, dans le cadre de cette stratégie ?
56:22 Oui, bien sûr. Alors on parlait de ce moment un peu distresse pour l'immobilier,
56:28 donc clairement aujourd'hui les marchés où on fait les meilleures affaires,
56:32 contre-intuitivement ce n'est pas l'Europe Club Med, c'est l'Europe du Sud, c'est plutôt l'Europe du Nord,
56:38 et donc on va regarder en priorité sans doute les marchés anglais, irlandais, allemands, hollandais,
56:45 pour essayer de trouver des bonnes affaires.
56:48 Oui c'est intéressant, l'Europe est un peu à front renversé en ce moment.
56:50 Ça va bien dans la périphérie, c'est ce que nous disaient les enquêtes de conjoncture encore aujourd'hui,
56:54 c'est plus compliqué dans les pays-coeur et des pays du Nord, qui restent solides bien sûr,
56:59 mais qui ont plus souffert peut-être sur la partie immobilière que d'autres,
57:03 par rapport à la crise précédente des dettes souveraines.
57:06 Merci beaucoup Jean-Marc, merci d'être venu parler de ce moment important, 2024, avec une année bizarroïde,
57:12 comme vous dites, il y aura plusieurs phénomènes immobiliers qui vont coïncider,
57:16 mais il y a la conviction quand même que c'est un nouveau cycle qui va démarrer au cours de cette année 2024,
57:21 et qu'on peut aller chercher du risque et du rendement dans ces marchés immobiliers en France et en Europe.
57:28 Jean-Marc Petter, directeur général de Sofidi, et le lancement de cette nouvelle stratégie SCPI High Heal, baptisée Sofi Dynamique.
57:35 Merci d'avoir été l'invité du dernier quart d'heure de Smart Bourse, ce soir sur Bsmart.
57:39 [Musique]

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