Jeudi 28 mars 2024, SMART BOURSE reçoit Dominique Ceolin (Président et directeur général, ABC arbitrage) , Benoit Peloille (CIO, Natixis Wealth Management) , Zakaria Darouich (Responsable des solutions d’investissement Taux/Crédit, CPR AM) et Etienne de Marsac (Directeur, Maunakea Capital)
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00:00:08 Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bismarck pour rester à l'écoute des marchés chaque jour du lundi au vendredi à 17h pour la grande édition si vous nous suivez en direct sur Bismarck TV, émission que vous retrouvez chaque soir en replay sur Bismarck.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées.
00:00:24 Au sommaire de cette édition ce soir, nous allons pouvoir tirer les enseignements de cet excellent trimestre pour l'ensemble des actifs risqués et notamment pour les marchés actions avec des indices majeurs pour les marchés développés en tout cas qui tournent autour de 10% de performance et même plus d'ailleurs pour les actions de la zone euro qui font partie des actions ou des marchés leaders sur ce premier trimestre.
00:00:47 On notera également encore la performance stellaire du marché japonais à +20%. Les Etats-Unis sont sur un bon +10% au terme de ce premier trimestre et les enseignements nous allons les tirer dans quelques instants avec nos invités.
00:01:00 La question étant de savoir si les tendances qu'on a vu se développer au cours des derniers mois sont des tendances qui ont encore de l'avenir, du vent dans les voiles pour les prochains mois à l'aube de quelques baisses de taux de la part des banques centrales.
00:01:13 Ça reste en tout cas une conviction forte aujourd'hui de la part des investisseurs au tournant du mois de juin notamment qui semble être un point de rendez-vous consensuel pour beaucoup de banques centrales majeures à commencer par la Fed et la Banque Centrale Européenne.
00:01:26 Dans ce contexte les marchés sont prêts à attaquer un long week-end de pause avec effectivement demain une journée qui sera fermée sur l'ensemble des places financières.
00:01:36 Notez que lundi restera un jour férié pour beaucoup de places financières mais pas pour les marchés américains qui seront quand même ouverts lundi.
00:01:43 Néanmoins ce sera quand même globalement un week-end de 4 jours pour les investisseurs même si la journée de demain sera une journée à suivre d'un oeil au moins avec la publication statistique du Corp PCE, l'indice des prix des dépenses de consommation des ménages pour le mois de février qui sera suivi effectivement demain par les investisseurs.
00:02:04 Discussion à suivre avec nos invités et puis dans le dernier quart d'heure nous parlerons également du régime de marché actuel à travers les résultats d'ABC arbitrage société cotée en bourse sur Euronext à Paris spécialiste des stratégies quantitatives d'arbitrage et son président Dominique Céolin qui sera avec nous en plateau à l'issue des résultats annuels qui ont été publiés cette semaine.
00:02:24 [Générique]
00:02:34 Mais d'abord avant d'accueillir nos invités de Planète Marché les infos clés du jour, c'est tendance mon ami, chaque soir une ouverture de Smart Bourse avec Pauline Grattel.
00:02:42 Nouveau record à Paris à la veille du grand week-end de Pâques et des chiffres de l'inflation PCE de février aux Etats-Unis. Le CAC inscrit un nouveau plus haut à plus de 8250 points au cours de cette dernière séance du premier trimestre qui se termine avec un gain de 9% pour le CAC.
00:03:02 Du côté US le S&P 500 pourrait clôturer son meilleur premier trimestre depuis cinq ans à plus 10%. Du côté des indicateurs commençons tout de suite avec la troisième estimation du PIB des Etats-Unis pour le quatrième trimestre qui est révisée et à la hausse à 3,4% alors que les analystes tablaient sur une confirmation de +3,2%.
00:03:26 Côté allemand les ventes de détails se replient de 1,9% en février sur un mois là où les économistes attendaient un rebond de 0,4%. Toujours en Allemagne le taux de chômage ressort à 5,9% en mars conforme aux attentes et identique au mois précédent.
00:03:45 Du côté des actualités des sociétés aujourd'hui commençons avec Vusion Group, ex-SES ImagoTag, le spécialiste des étiquettes numériques dans les magasins qui publie des résultats meilleurs que prévu.
00:03:58 L'entreprise fait état d'un bénéfice net en hausse de 328% à quasiment 80 millions d'euros et d'une génération de trésorerie nette de 68 millions d'euros. En 2022 la trésorerie était négative à -49 millions.
00:04:13 Le groupe versera ainsi son premier dividende à ses actionnaires, des résultats salués par les investisseurs puisque le titre gagne 18% au cours de la séance et est en tête du SBF 120.
00:04:25 L'autre forte hausse du jour c'est Trigano, le constructeur de camping-car qui est en hausse de 10% aujourd'hui après avoir publié ses résultats trimestriels.
00:04:35 Trigano affiche un chiffre d'affaires en hausse de plus de 18% à 2 milliards d'euros. Le constructeur indique également que son carnet de commandes est toujours élevé.
00:04:45 A l'opposé au sein du SBF 120 c'est Soitec dans le secteur des semi-conducteurs aujourd'hui qui signe la plus forte baisse de l'indice à -16%. Le cours de bourse est à son plus bas depuis 2020.
00:04:59 L'objectif de chiffre d'affaires pour l'exercice en cours déçoit les investisseurs.
00:05:04 C.G. Dime, spécialiste des logiciels de santé, publie des résultats annuels en dessous des attentes des analystes.
00:05:10 Par exemple il tablait sur un résultat opérationnel de 35 millions d'euros. Sauf que C.G. Dime n'atteint que les 20 millions.
00:05:18 Le groupe plonge de 20% à Paris, son plus bas niveau depuis 1996. Demain et lundi la plupart des grands marchés resteront fermés pour le grand week-end de Pâques.
00:05:29 Malgré tout on attend la publication d'indicateurs majeurs. Comme je vous le disais en intro, les chiffres de l'inflation PCE aux Etats-Unis pour février sont très attendus par le marché.
00:05:39 Les revenus et les dépenses des ménages américains sont aussi au programme. Jérôme Powell, le président de la FED, s'exprimera également demain.
00:05:46 Côté français, la première estimation d'inflation et la consommation des ménages sont attendus dans la matinée.
00:05:53 Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smartbourse, le résumé du jour sur les marchés avec Pauline Grattel sur Blissmart.
00:05:59 Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
00:06:13 Etienne de Marsac est avec nous, le directeur de la CICAV Monaché à Capitale. Bonsoir Etienne.
00:06:18 Merci d'être là, merci à Zacharia Darouiche d'être à nos côtés également.
00:06:21 Bonsoir Zacharia, vous êtes le responsable des solutions taux et crédits de CPR Asset Management.
00:06:26 Et Benoît Pelloy, nous accompagne également. Bonsoir Benoît.
00:06:28 Ravi de vous retrouver. Vous êtes directeur des investissements de Natixis Wealth Management.
00:06:33 Le bulletin de note des marchés boursiers pour le premier trimestre est un très bon bulletin.
00:06:37 Encouragement, effort à poursuivre.
00:06:41 Si je redonne juste quelques mesures de ce qui s'est passé sur les marchés actions, notamment au cours de ce premier trimestre.
00:06:46 L'Eurostock 50, les actions de la zone euro sont à +13%. Grosso modo, le S&P 500 américain est à +10%.
00:06:52 Le Nasdaq est un petit peu en dessous, +9%. Ça reste une excellente performance.
00:06:56 Les actions mondiales à travers le MSCI World sont autour de +8%.
00:07:02 Et seul le Japon fait mieux que les actions de la zone euro avec un effet de vise toujours important.
00:07:07 Le Japon qui est à +20% pour le Nikkei.
00:07:10 Que vous inspire ce tableau d'honneur Benoît ?
00:07:12 Mon point étant, comment est-ce qu'on explique la surperformance des actions de la zone euro qui s'est fait avec des secteurs leaders
00:07:18 comme la banque, l'assurance, l'automobile, l'industrie ou encore les médias ?
00:07:24 Ça montre qu'il y a de l'appétit pour le risque.
00:07:27 En fait, quand on voit l'Europe qui surperforme, en même temps les valeurs cycliques dans le rensemble qui surperforment très nettement.
00:07:34 Ça montre qu'effectivement il y a de l'appétit pour le risque.
00:07:37 Donc il y a un message qui est envoyé par les marchés qui est très positif sur la croissance.
00:07:42 Les banques également qui sont dans ce panel de secteurs qui progresse et qui tirent les indices.
00:07:49 Ça montre que le message qui est envoyé par les marchés c'est de dire que on achète le cycle.
00:07:53 Donc le cycle va plutôt aller bien.
00:07:56 Et en même temps, on joue une reportification des courbes de taux.
00:08:00 Donc en fait le message qui est envoyé par les marchés, c'est ce qu'on voit dans les niveaux d'indices.
00:08:03 Quand on regarde les niveaux d'indices par rapport au niveau de taux d'intérêt et de prime de risque,
00:08:07 ils vous disent qu'il n'y a pas d'atterrissage de l'économie.
00:08:10 En réalité, les économies ont déjà plutôt tout atterri.
00:08:13 Il n'y a que les Etats-Unis qui n'ont pas atterri.
00:08:15 Et donc en réalité, le marché nous dit que les Etats-Unis sont sur une trajectoire de no landing.
00:08:19 Donc ça, c'est vraiment un message qui est assez clair qui est envoyé par les marchés.
00:08:22 Maintenant, est-ce que ce scénario est réalisable ? Est-ce qu'il est probable ?
00:08:26 Est-ce qu'il est même souhaitable dans la mesure où est-ce qu'il permet de ramener l'inflation durablement sur son objectif ?
00:08:31 La question n'est pas encore tranchée en réalité.
00:08:35 Quand on regarde dans ce rallye, il y a aussi une nette surperformance des valeurs de croissance par rapport à la value.
00:08:41 Ce qui est quand même assez surprenant parce qu'on avait normalement un cocktail qui était parfait pour voir la value surperformer sur ce trimestre.
00:08:47 C'est-à-dire visibilité super bonne sur les résultats.
00:08:51 L'écart type dans le consensus sur les résultats était quasiment un plus bas depuis plusieurs années.
00:08:55 C'est généralement un boulevard pour la surperformance des thématiques value.
00:08:58 C'est-à-dire qu'on a confiance dans les résultats, donc il n'y a pas besoin d'une prime à la qualité de façon importante.
00:09:03 Les small caps surperforment pas non plus, elles restent à l'écart.
00:09:08 Ce cocktail qui était normalement bon pour la value ne fonctionne pas malgré cette visibilité.
00:09:12 Ce n'est pas complètement cohérent quand on regarde le tableau du marché.
00:09:17 Il manque des pièces du puzzle pour être totalement cohérent par rapport aux signaux qui sont envoyés par ces indices actions au terme du premier trimestre.
00:09:27 C'est ça. Et quand on voit un tel mouvement en faveur des valeurs cycliques et qu'en comparaison on regarde les soft data,
00:09:33 surtout celles qui sont aux Etats-Unis, parce que c'est vrai qu'on peut le voir en Europe, il y a un peu de mieux.
00:09:38 On a une économie encore une fois qui a déjà atterri.
00:09:40 Mais aux Etats-Unis, les soft data ne pointent pas vers une accélération de l'activité.
00:09:45 Au contraire, les indicateurs des fêtes régionales ont plutôt montré que ce n'était pas l'accélération mais plutôt l'inverse qui se profilait.
00:09:52 On a le taux de chômage aux Etats-Unis qui a commencé à remonter.
00:09:57 On a un tiers des Etats, même plus de la moitié des Etats américains qui ont un taux de chômage qui accélère sur 12 mois.
00:10:02 Certains ont déclenché des niveaux qui sont un peu inquiétants.
00:10:05 Ce qu'on voit dans ces soft data macro et dans le taux de chômage, ce n'est pas véritablement le message qui est envoyé par le marché.
00:10:15 En tout cas, ça ne corrobore pas le message qui est envoyé par le marché.
00:10:17 Pour ceux qui voient ça, face à ça, la réserve fédérale américaine nous dit qu'on sera là.
00:10:22 Je pense que c'est ça le message qui est retenu par le marché.
00:10:25 En réalité, on a un cocktail très étonnant. On resserre la politique monétaire d'un côté.
00:10:30 On dit qu'on la resserre, mais on fait tout pour annihiler tous les effets négatifs d'une politique monétaire resserrée.
00:10:35 On met des conditions de financement sur les marchés qui sont super bonnes.
00:10:38 On a resserré que pour Monsieur Tout-le-Monde la politique monétaire.
00:10:41 On protège de tous les effets négatifs de ce resserrement sur le secteur bancaire.
00:10:45 On maintient sa capacité de prêt de façon fondamentale.
00:10:49 On dépense aussi. Il y a le budgétaire. Aux Etats-Unis, on dépense comme on a rarement dépensé.
00:10:53 Au final, le message est contradictoire. On resserre la politique monétaire pour amener l'inflation à l'équilibre.
00:10:59 Mais en même temps, on fait tout pour ne pas subir ces effets négatifs.
00:11:01 C'est une très bonne nouvelle. Ça nous évite une crise.
00:11:03 Je ne sais pas si c'est cette stratégie qui a permis, mais en tout cas, avec cette stratégie, on voit l'inflation revenir à 3% aujourd'hui aux Etats-Unis.
00:11:11 On va voir. C'est plus compliqué le retour pour l'instant.
00:11:15 Encore une fois, l'objectif, c'est de la stabiliser durablement sur ces niveaux-là.
00:11:18 C'est ça l'enjeu. Et encore une fois, quand on regarde la dynamique des salaires, quand on regarde le coût du travail aux Etats-Unis,
00:11:23 il n'est pas fondamentalement compatible avec une inflation stabilisée durablement autour de 2.
00:11:27 Il y a encore un effort à faire de ce point de vue-là.
00:11:29 C'est pour ça que ça explique la volonté de certains de commencer à temporiser sur le discours sur les baisses de taux.
00:11:34 Mais c'est vrai que ce discours où on dit qu'on resserre la politique monétaire,
00:11:37 mais en même temps, on explique qu'on est là pour baisser les taux très très rapidement,
00:11:41 le message est reçu par les marchés de cette façon-là.
00:11:43 Très rapidement, ils le disent moins ouvertement.
00:11:46 Exactement.
00:11:47 C'est en train, justement, peut-être d'être un peu recalibré.
00:11:49 Ça a été fondamental parce que les anticipations très agressives de baisses de taux...
00:11:54 De fin d'année dernière.
00:11:56 Elles se sont en partie corrigées. Ensuite, une Fed qui a de nouveau abondé, a confirmé.
00:12:00 C'est très rare d'avoir une Fed qui confirme les baisses de taux attendues
00:12:04 en remontant sa prévision de croissance de façon significative
00:12:07 et en remontant l'inflation core dans ses projections.
00:12:10 C'est un message qui est quand même assez difficile à lire.
00:12:12 La Fed est prête à tolérer plus de croissance nominale pour plus longtemps.
00:12:18 Est-ce que c'est un mal et est-ce que ce serait anormal que les marchés ne se réjouissent pas de cette situation
00:12:25 et du message qui a été envoyé et confirmé encore lors des derniers meetings ?
00:12:30 Je pense que ce n'est ni un mal et cette hausse des progressions des indices n'est pas non plus irrationnelle.
00:12:36 Si on regarde les classes d'actifs, de manière universelle, assez homogène, tout monte.
00:12:43 Que ce soit les actifs financiers, les actifs risqués, les matières premières, les denrées alimentaires, l'énergie...
00:12:51 Tout monte de manière inconditionnelle.
00:12:53 Et ça, ça nous dit quelque chose qui est de l'ordre du concours de beauté, si on reprend l'analyse keynésienne,
00:13:00 c'est-à-dire du beauty contest, du beauty parade.
00:13:02 C'est, me semble-t-il, très exactement ce qui se produit.
00:13:05 Et dans l'analyse keynésienne, cet univers où tout accélère, il est lié à la stimulation de la demande et à la stimulation de l'investissement.
00:13:14 Stimulation de l'investissement, d'où ça vient ?
00:13:16 Ça vient effectivement de politiques budgétaires qui sont ultra expansives.
00:13:21 Et si on regarde notamment la progression des déficits aux Etats-Unis, on sait que le déficit ou l'investissement fédéral,
00:13:31 il est en hausse depuis un an de 14%, donc mi-mars, une progression de la dépense fédérale de 14% par rapport à l'année dernière,
00:13:40 quand les recettes publiques, elles, n'augmentent que de 7%.
00:13:44 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que la dépense publique augmente deux fois plus vite que n'augmentent les recettes.
00:13:49 Ça augmente dans quels postes ? Les postes de l'éducation, les postes des services, les postes de la défense, avec les multiples dont on parlait tout à l'heure,
00:13:59 et qui donc, du coup, viennent nourrir cette embellie et cette phase d'accélération haussière, qui donc n'est pas complètement irrationnelle.
00:14:08 D'autant plus qu'à mes yeux, ce produit, ou du moins ce que est en train de célébrer le marché, c'est des changements de paradigme.
00:14:14 Quel changement de paradigme ?
00:14:16 Alors, ce n'est pas forcément durable.
00:14:19 Pardon, mais reprenons un tout petit peu de la distance.
00:14:23 On est passé de hausses de taux assurancielles, quel que soit le niveau de croissance, à baisses de taux assurancielles, quel que soit le niveau d'inflation.
00:14:30 C'est quand même un gros changement.
00:14:32 C'est-à-dire qu'il y a un an ou même deux, les hausses de taux étaient inconditionnelles, quelle que soit l'éventuelle récession.
00:14:40 Aujourd'hui, on a le sentiment que la pyramide s'est inversée et que les baisses de taux sont inconditionnelles, quel que soit l'atterrissage de l'inflation.
00:14:47 Ça a été très bien dit lors du dernier FOMC.
00:14:51 On a une révision haussière de la croissance, une révision haussière de la cible d'inflation à la fin de l'année, donc croissance 2,1, ce qui est quand même au-dessus de la croissance durable, du potentiel qui est 1,8.
00:15:03 Core PCE, vu à 2,6, ce qui est quand même largement encore au-dessus du niveau de 2%.
00:15:11 Ce qui amène à dire aussi que, me semble-t-il, ce qu'on est en train de célébrer, peut-être de manière un peu fluide ou pas très bien encore assimilée, c'est le renoncement à la cible d'inflation de 2%.
00:15:24 À partir du moment où vous avez une Fed qui annonce une baisse de taux.
00:15:27 Il y a une tolérance plus importante qui s'installe.
00:15:29 La tolérance, exactement. Et le message, en tout cas, il est donné et il est en train de se diffuser dans la sphère des investissements.
00:15:36 On ne peut pas le dire, mais on le fait.
00:15:38 Exactement. Alors on le dira peut-être plus tard, mais on commence à le faire et c'est très sensible dans cette accélération des prix.
00:15:45 On n'a jamais vu une banque centrale, en tout cas américaine, aussi peu orthodoxe, baissant les taux ou annonçant des baisses des taux de manière assez consensuelle, puisque vous avez plus de 50% du FOMC qui rejoint...
00:15:57 Ça s'est resserré et les dots se sont resserrés encore.
00:15:59 Les dots se sont resserrés, donc c'est consensuel. On arrive à un consensus de trois baisses de taux, alors même que l'inflation n'est pas arrivée à sa cible et qu'au contraire, on produit des révisions qui sont haussières sur la croissance.
00:16:12 C'est-à-dire qu'on n'est pas non plus dans un univers turc. Ce n'est pas une banque centrale turque, pas Erdogan. On n'est pas en train de baisser les taux en pleine réaccélération de l'inflation.
00:16:21 Mais il y a quelque chose d'un changement de curseur dans le niveau d'orthodoxie du FOMC.
00:16:29 Depuis que je suis les marchés, la Fed a toujours été perçue comme une banque centrale structurellement de Vich.
00:16:34 Oui, mais alors elle ne l'était plus.
00:16:36 Il y a eu la parenthèse "il faut réancrer les anticipations d'inflation", évidemment.
00:16:40 Mais là, c'est quand même un peu différent puisqu'on accepte de prendre le risque de désancrer les anticipations d'inflation de sorte d'assurer un atterrissage qui, pour l'instant, n'est ni soft ni hard.
00:16:54 Ça a bougé les breakeven 5 en 5 ans ?
00:16:56 Les breakeven, pas tellement. Non, mais les taux réels baissent. Les taux réels baissent de 80 BP. Vous êtes passé de 2,8 à 1,6.
00:17:04 Et donc ça aussi, ça nourrit les achats de protection. On voit bien ce soucis de l'inflation dans les achats de protection sur le gold, sur le bitcoin, sur les matières premières, sur le cuivre, etc.
00:17:16 Après, en parallèle de ça, quand on prend les anticipations d'inflation des ménages, on vient d'avoir la deuxième estimation de l'enquête auprès des ménages réalisée par l'université du Michigan.
00:17:24 Un an, c'est à moins de 3% maintenant.
00:17:27 C'est-à-dire les anticipations des ménages. Ça fait partie des anticipations qui sont regardées par la Fed. Il n'y a pas que celles des ménages, bien sûr.
00:17:34 Mais elles sont en train quand même de converger vers l'idée d'une inflation plus stable et inférieure à 3%.
00:17:40 Votre regard sur cette situation de marché, la question étant, est-ce que la Fed joue un peu trop avec le feu des marchés aujourd'hui, Zakaria ?
00:17:49 Je ne le pense pas, justement, pour plusieurs éléments qui ont été évoqués.
00:17:54 Le premier, c'est que les anticipations d'inflation n'augmentent pas.
00:17:58 L'objectif principal de la Fed, c'est qu'il n'y ait pas de désancrage de ces anticipations-là.
00:18:03 Et on voit dans les différentes enquêtes, on les voit sur les break-even d'inflation, on est sur un atterrissage à la cible.
00:18:10 De ce point de vue-là, le pari de la Fed est gagné ?
00:18:12 De ce point de vue-là, le pari de la Fed est gagné.
00:18:14 Le deuxième, c'est qu'on a tendance à pèser un peu plus sur l'inflation et là, on pèse un peu plus sur la croissance.
00:18:23 C'est que le mandat dual de la Fed.
00:18:27 Et donc sur la partie croissance, on sait que l'impact, c'est 12 à 18 mois d'un changement de politique.
00:18:33 Il n'y a pas de débat aujourd'hui sur le fait que le niveau des taux de la Fed est restrictif.
00:18:39 Alors très restrictif, un peu restrictif, il y a débat, mais on est en territoire restrictif.
00:18:44 Et là, on est en train de parler pour éliminer le côté restrictif de la politique monétaire.
00:18:50 On n'est pas en train de dire on va revoir les taux à zéro.
00:18:53 Ce n'est pas du tout le cas.
00:18:54 Le taux terminal, il est à 3 si je m'abuse.
00:18:57 D'ailleurs, en Europe, c'est la même situation.
00:19:00 Une politique monétaire de soutien à l'activité.
00:19:03 On gomme le niveau restrictif, en tout cas c'est l'enjeu, les baisses de taux.
00:19:07 Exactement, et donc on veut le faire en anticipation parce que, effectivement, la croissance tient.
00:19:13 Mais on a plusieurs indicateurs qui nuancent cette image complètement rose de la croissance américaine.
00:19:20 Je pense notamment au PMI, je pense à l'ISM, sur le secteur immobilier, les pandémies.
00:19:26 Il y a plusieurs éléments qui font nuancer cette image complètement positive sur la croissance américaine.
00:19:34 Donc on peut imaginer que la FED, c'est dans cette optique-là qu'elle annonce ce début de la baisse des taux.
00:19:43 Et puis il y a aussi un élément qui est très pragmatique, c'est qu'il y a le calendrier des élections.
00:19:49 Et finalement, la baisse c'est maintenant ou un peu plus tard.
00:19:53 Il y a un enjeu tactique aussi pour placer une première baisse de taux.
00:19:57 Est-ce qu'on le fait cet été ? Si on le fait plus tard ?
00:20:00 Oui, soit ça rentre en collision avec le calendrier politique, soit ça reporte à décembre.
00:20:06 Donc finalement, ce n'est pas choquant.
00:20:09 Ce qui était choquant, c'était le pricing de baisse des taux alors que l'inflation était encore très élevée.
00:20:17 Là, on voit que la trajectoire d'inflation, elle descend.
00:20:19 Oui, ce sera un chemin un peu compliqué avec différents changements de méthodologie.
00:20:23 Ce qui remet un peu de doute ou d'incertitude autour de cela.
00:20:27 Mais globalement, c'est mission accomplie.
00:20:30 Disons les choses telles qu'elles le sont, c'est vraiment mission accomplie.
00:20:33 It's a good economy.
00:20:35 C'est ce que Jérôme Pau et le répètent.
00:20:38 C'est une bonne économie.
00:20:39 Moi, je comprends qu'ils ont envie d'essayer de préserver cet état au maximum.
00:20:43 Mais bien sûr, Benoît.
00:20:45 Je pense que là-dedans, c'est en partie une raison de célébrer pour les marchés.
00:20:49 Faites-nous redescendre sur terre.
00:20:51 De la part des banques centrales, une bien plus grande maîtrise, et on le voit dans leur changement de comportement,
00:20:55 une bien plus grande maîtrise des effets décalés des politiques monétaires.
00:20:59 Le comportement des banques centrales, auparavant, c'était de monter les taux jusqu'à ce que quelque chose explose.
00:21:04 Aujourd'hui, on voit qu'on prend d'infinies précautions en montant les taux,
00:21:07 qu'on maîtrise beaucoup mieux les effets de lague de la politique monétaire.
00:21:11 Et on prendra d'infinies précautions en baissant les taux également, du pas à pas.
00:21:16 Une baisse, deux baisses, et on regarde, on verra.
00:21:19 C'est ce que plaident beaucoup de banquiers centraux américains aujourd'hui.
00:21:22 Donc justement, le fait de confirmer ces baisses de taux à venir, c'est aussi confirmer que le ralentissement est devant.
00:21:29 C'est justement pour piloter ce ralentissement.
00:21:31 Je pense qu'il faut, encore une fois, on parle souvent de changement de paradigme sur les marchés,
00:21:36 c'est quelque chose d'un bien, on en voit souvent à l'issue du Covid, etc.
00:21:39 Et c'est vrai qu'il y a...
00:21:40 C'est vendeur !
00:21:41 Non mais il y a une question à se poser !
00:21:43 Est-ce qu'au final, moi je suis assez convaincu, je rejoins Etienne là-dessus,
00:21:47 que l'outcome final de cette situation est d'aboutir à une économie plus forte, en moyenne,
00:21:53 au prix d'une inflation un peu plus élevée que ce qu'on a connu alors qu'on était sous la menace déflationniste permanente.
00:22:00 C'est fondamentalement une bonne nouvelle sur les années qui viennent.
00:22:03 C'est-à-dire qu'il vaut mieux avoir une croissance qui menace d'avoir un petit peu d'inflation,
00:22:06 qu'une croissance trop molle, qui menace toujours de déflation.
00:22:10 Entre temps, je pense que ça passe malgré tout par ce freinage de l'économie
00:22:15 qui est nécessaire pour reprendre la maîtrise de cette inflation,
00:22:18 que si on ne passe pas par cette case, on va avoir du mal à stabiliser cette inflation durablement.
00:22:22 Et donc, voilà, encore une fois...
00:22:24 Et le marché ne price pas ce moment, ne veut pas voir ce moment où intégrer ce...
00:22:30 On voit pas le bon côté, on voit l'outcome positif.
00:22:32 Et encore, même là-dessus, j'ai des doutes, puisque là-dedans c'est soutenu par ce rebond de la productivité aux Etats-Unis.
00:22:37 Alors c'est vrai, ce rebond de la productivité est très encourageant.
00:22:39 La productivité rebondit.
00:22:40 Si c'est structurel, c'est génial.
00:22:41 Ça veut dire que la croissance potentielle sera plus forte.
00:22:43 Il y a énormément de conjoncturel là-dedans.
00:22:45 La productivité rebondit, parce qu'elle était même négative il y a encore quelques temps,
00:22:50 à cause des perturbations du Covid.
00:22:51 Les entreprises se sont assises sur leur productivité, en gardant leurs salariés,
00:22:55 parce que c'était très dur de les remettre au travail.
00:22:57 Le rebond de la productivité en qui on assiste aujourd'hui, c'est la correction de cet effet.
00:23:01 Pour l'instant, il ne dit absolument rien de structurel.
00:23:04 - C'est pas trois trimestres qui font une tendance sur la productivité.
00:23:07 - Exactement. Encore une fois, je pense que derrière la hausse du marché qu'on vient de voir,
00:23:10 plus que cet outcome très positif qu'on peut espérer à long terme,
00:23:14 qui serait un vrai fondement d'un bull market sur probablement plusieurs années,
00:23:18 il y a simplement cette idée de voir des banques centrales qui prennent plus de précautions
00:23:23 et elles préviennent que le freinage est devant nous.
00:23:26 Elles s'apprêtent justement à le contrer et à ajuster leur politique monétaire.
00:23:30 - Zakaria, vous voulez réagir ?
00:23:32 - Ça me fait penser aussi à un discours qu'on a beaucoup entendu
00:23:35 quand il y a eu le narratif de l'inflation transitoire en 2021.
00:23:39 C'est que les banquiers centraux, dorénavant, par rapport à leur cible d'inflation,
00:23:43 sont complètement symétriques.
00:23:45 On pourrait réentendre ces discours-là, peut-être d'ailleurs a posteriori,
00:23:48 une fois qu'on aurait une modération de l'inflation.
00:23:50 Mais c'est quelque chose qui n'est pas choquant, on va dire,
00:23:54 en termes de projections de paradigmes dans le futur.
00:23:57 - Pourquoi le marché est aussi... Je vous laisse réagir, mais ma question est quand même...
00:24:00 Pourquoi est-ce que le marché est aussi bienveillant vis-à-vis des déficits
00:24:04 et de larmes budgétaires telles qu'elles sont utilisées aujourd'hui,
00:24:07 que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe ?
00:24:10 On a passé une semaine sur le déficit français, là.
00:24:13 Bon, le spread ne bouge pas, il s'est même resserré par rapport à la dégradation de Fitch
00:24:17 il y a quelques mois, etc.
00:24:19 Comment on explique cette situation de marché ?
00:24:21 - C'est une très bonne question, parce que, à mon sens,
00:24:25 on est très clairement rentrés dans un univers de fiscal dominance
00:24:29 pour les banques centrales.
00:24:31 C'est-à-dire que la politique monétaire de la Fed n'est pas conduite
00:24:34 par le policy mix croissance et inflation.
00:24:37 Un peu croissance, mais beaucoup moins inflation.
00:24:40 Et à ce titre-là, je ne suis pas complètement à l'aise avec l'idée
00:24:43 que la politique monétaire américaine soit restrictive ou suffisamment restrictive.
00:24:46 On ne voit pas trop comment elle pourrait être restrictive
00:24:49 avec l'emballement des marchés actions, la baisse des conditions,
00:24:52 la détente des conditions financières, le rallye des spreads de crédit...
00:24:56 - L'emballement... Les marchés actions, ils sont sur leur niveau d'il y a deux ans.
00:24:59 Ils viennent de dépasser leur niveau d'il y a deux ans, Etienne.
00:25:02 - Oui, mais entre... - On n'est pas en hyperbole.
00:25:05 - Depuis deux ans, vous avez quand même eu des hausses de taux.
00:25:08 - Oui, ça rebondit depuis six mois.
00:25:10 - Donc, ça veut dire que ces hausses des taux n'ont pas d'impact
00:25:12 sur les actifs risqués qui rebondissent et qui continuent à rebondir.
00:25:15 - Il y en a eu. - Premièrement.
00:25:16 Deuxièmement, vous êtes sur des conditions financières
00:25:18 qui sont extrêmement contractées, donc extrêmement favorables.
00:25:21 - C'est vrai.
00:25:22 - Troisièmement, vous avez de la relance qui est visible dans le crédit,
00:25:26 notamment banque régionale ou banque d'affaires aux États-Unis.
00:25:31 Donc, vous étiez en 2023 sur une inflexion de l'offre de crédit.
00:25:36 L'offre de crédit et la demande de crédit, du coup, visiblement,
00:25:39 est en train de se retilter progressivement à la hausse.
00:25:43 Et le taux de chômage est de 4 %.
00:25:45 Donc, si vous voulez, vous avez tous les signaux
00:25:47 qui démontrent que la politique monétaire n'est pas restrictive.
00:25:49 Je suis plutôt... - Pas suffisamment restrictive.
00:25:52 - Si elle l'était, on ne serait pas dans cet emballement.
00:25:57 - Il y a une fiscale aussi.
00:25:59 Je suis désolé, mais il y a une relance fiscale qui est énormissime,
00:26:03 des chèques de Trump, puis après, il y a les chèques de Gomelier.
00:26:06 - Qui, comme lui, n'est pas restrictive de la politique monétaire.
00:26:08 - On est en train de parler de 10 % du PIB.
00:26:10 - Vous-même, vous le disiez, Étienne, c'est 6 % de déficit américain.
00:26:12 - Exactement. Donc, à la fin, le taux d'équilibre...
00:26:14 - C'est le policy mix qui n'est pas restrictif.
00:26:16 - Absolument. Je voudrais bien corriger ça et l'admettre.
00:26:18 Mais ça veut dire qu'à la fin, le niveau de taux d'intérêt lui-même,
00:26:21 compte tenu de la relance fiscale, il n'est pas suffisamment...
00:26:24 - Pourquoi les marchés sont bienveillants vis-à-vis de l'actualité des déficits ?
00:26:29 Le CBO a remis à jour ses projections. En France...
00:26:32 - Fiscale de minance. Alors, qu'est-ce que c'est ?
00:26:34 C'est pourquoi le trésor US se refinance sur les 10 billes à court terme.
00:26:41 La Banque centrale, qu'est-ce qu'elle fait ?
00:26:43 Elle participe à ce refinancement sur la partie courte
00:26:48 en faisant en sorte de maintenir les taux bas.
00:26:51 Donc les trois baisses de taux qui sont annoncées, à mon sens,
00:26:54 elles ont quelque chose de la dominance fiscale,
00:26:57 du fait que la politique monétaire devient dépendante de la trajectoire de la dette.
00:27:04 Et donc ça, c'est le premier point. Et le deuxième...
00:27:08 - C'est une variable qui va être de plus en plus importante.
00:27:10 C'est un facteur prédominant, même, vous dites, aujourd'hui.
00:27:12 - Je pense que les taux d'intérêt seraient, à mon sens, plus élevés au moins les taux longs.
00:27:17 Et deuxièmement, vous avez un phénomène, quand même, post-SVB, post-crédit suisse
00:27:23 et post-budget en Grande-Bretagne,
00:27:26 qui est qu'aujourd'hui, les autorités, qu'elles soient monétaires ou fiscales,
00:27:30 réagissent en 24 heures.
00:27:32 En 24 heures, le sujet crédit suisse a été réglé.
00:27:34 En une semaine, le sujet SVB a été compartimenté.
00:27:38 On a racheté de la dette, réouvert la manne du RIPO
00:27:41 et permis la stabilisation des taux.
00:27:44 La question du dérapage budgétaire du UK a eu un impact pendant une semaine.
00:27:50 Et donc, les crises, aujourd'hui, sont équipées, si vous voulez,
00:27:54 les Etats et les financiers sont équipés d'outils extrêmement puissants,
00:27:58 ce qui n'était pas le cas à l'époque...
00:28:00 - Ce n'est pas pour ça qu'on a envie de contempler ce genre d'événement en permanence.
00:28:04 Je ne crois pas qu'aucun gouvernement dans le monde a envie de se retrouver à la place de l'East Trust
00:28:09 comme elle l'était en octobre 2022.
00:28:11 Pour autant, Etienne.
00:28:12 - Oui, ça c'est un souhait.
00:28:14 Ça me paraît un souhait de votre part.
00:28:18 Mais on ne voit pas d'effort de consolidation en France,
00:28:23 on n'en voit pas aux Etats-Unis.
00:28:25 Donc, ça me paraît autrement...
00:28:27 - Et donc, il y a un risque de moment à la trosse, comme le dit le patron du CBO,
00:28:31 si ça continue comme ça ?
00:28:32 - Oui, c'est-à-dire qu'en fait, les taux américains sont du coup assez sensibles à un choc exogène.
00:28:39 C'est certain, on est quand même dans un univers qui n'est pas sans.
00:28:43 - Je rejoins totalement Etienne sur cette idée qui est à mon sens fondamentale.
00:28:49 C'est que, effectivement, la politique monétaire est resserrée à travers les taux.
00:28:52 Les taux, c'est ce qu'on voit.
00:28:55 Mais il y a tous les effets du resserrement monétaire à travers la pression qu'on met sur le bilan des banques.
00:28:59 En remontant les taux, on dégrade le bilan des banques.
00:29:01 Ça fait partie de la politique monétaire.
00:29:03 C'est l'exercice normal de la politique monétaire.
00:29:05 La différence d'auparavant, et c'est exactement ça, on fait tout pour éviter ces effets négatifs-là.
00:29:09 Ça a pour conséquence, à mon sens, extrêmement positif.
00:29:12 C'est de dire que, probablement, on enlève les risques de crise de liquidité.
00:29:16 C'est-à-dire que les récessions qui dérapent complètement, comme on les a vues en 2008, etc.,
00:29:21 c'est probablement du tout scénario, c'est fini, c'est du passé.
00:29:24 En revanche, ça pose quand même un problème de savoir, est-ce que c'est suffisant,
00:29:28 et ça va être l'objet de la discussion, est-ce que ça va être suffisant pour stabiliser sur l'objectif d'inflation ?
00:29:33 Et c'est là où la politique budgétaire entre en ligne de compte.
00:29:35 Est-ce que c'est possible, avec de telles politiques budgétaires,
00:29:38 de ramener une économie avec une inflation durablement stabilisée ?
00:29:42 Et j'ai envie de dire, même si elle est prête à tolérer une inflation un petit peu plus élevée qu'auparavant,
00:29:46 je doute qu'avec un tel rythme de dépense, notamment aux États-Unis,
00:29:50 on soit capable de stabiliser l'inflation sur un niveau souhaitable pour la banque centrale.
00:29:53 Comment vous expliquez que le marché obligataire n'est pas mis de stop encore à ces questions-là ?
00:29:58 Pourquoi les banques diligentes ne sont pas là, tous dehors, sortis, à demander des prix plus élevés pour chaque émission, etc. ?
00:30:06 Parce que les conditions de liquidité sont encore extrêmement bonnes.
00:30:09 Etienne l'a mentionné, les conditions de financement sur le marché sont extrêmement bonnes.
00:30:12 Vous avez en plus le facteur technique, encore une fois, aux États-Unis.
00:30:16 Il y a cette facilité de dépôt nouvelle depuis 2019.
00:30:20 Si on regarde pourquoi les réserves des banques ont été préservées,
00:30:23 et qui contribuent de façon fondamentale à maintenir un bon niveau de liquidité dans le marché,
00:30:27 elles ont été préservées parce que c'est cette nouvelle facilité de dépôt qui a été absorbée.
00:30:32 On arrive à la fin. D'ici cet été, il n'y a plus rien dans cette facilité de dépôt.
00:30:36 Si on prélève justement sur les réserves des banques, les conditions de liquidité seront moins bonnes dans le marché.
00:30:41 Ça aura des implications sur le cycle, ça aura des implications éventuellement également sur les questions budgétaires.
00:30:47 On peut mentionner la fin, ou en tout cas la diminution du rythme du quantitatif taïtonique.
00:30:52 Bien sûr, mais il fait partie aussi de la gestion des questions de liquidité.
00:30:55 Ils n'ont pas envie de reproduire ce qu'il s'est passé fin 2018,
00:30:59 où il y avait quand même des petits sujets de plomberie sur les marchés monétaires ou de ripots aux États-Unis.
00:31:05 Comment vous expliquez la bienveillance des marchés, des marchés obligataires à ce stade,
00:31:09 sur la question des déficits en général ?
00:31:12 Je ne veux stigmatiser personne, évidemment, comme pays, bien sûr.
00:31:15 Si on parle des États-Unis, en fait c'est très spécifique.
00:31:20 Justement, si on regarde un peu la tuyauterie du marché obligataire américain,
00:31:24 pour simplifier, il y a la partie courte et la partie longue.
00:31:28 Le déficit, on va le voir sur une prime sur la partie longue.
00:31:32 Ce qui se passe aujourd'hui, c'est qu'il y a un excès de liquidité.
00:31:35 Les fonds monétaires, leur encours, c'est au plus haut depuis très très longtemps.
00:31:40 C'est quoi, 6, 7, 8 trillions peut-être ? C'est cet ordre-là, non ?
00:31:44 J'avais en tête 9, mais…
00:31:46 Oui, c'est ça, mais c'est peut-être 8. Moi j'avais 8, mais je ne voulais pas…
00:31:49 Ce cash-là était déposé principalement dans cette facilité de reverse repo.
00:31:55 Donc ce qui se passe aujourd'hui, le Trésor doit émettre pour financer ce déficit.
00:32:01 Ce qu'ils avaient fait, en fait, c'est un équilibre complexe
00:32:05 entre la demande qu'on va avoir sur le long et ce qu'ils vont émettre sur le court.
00:32:10 Ce qui se passe aujourd'hui, et c'est ce qu'on a vécu en novembre,
00:32:14 ce qui a encore plus alimenté le déclenchement de la baisse des taux,
00:32:17 c'est que finalement le Trésor voit que la prime sur le long est trop élevée.
00:32:20 Donc on fait le court.
00:32:22 Et ça tombe bien, j'ai deux gros acheteurs.
00:32:25 J'ai la Fed qui est en train de réduire la partie longue pour augmenter la partie courte.
00:32:29 Et j'ai aussi ces fameux fonds monétaires.
00:32:32 Ces fameux fonds monétaires, il y a un prix de marché en fait à cela.
00:32:35 Si on paye quelques points de base, mais vraiment pas beaucoup de plus,
00:32:38 les fonds monétaires viennent et vous financent vos débiles.
00:32:41 Et donc il n'y a pas de sujet de financement à aujourd'hui.
00:32:44 Mais il y a une pression sous-jacente.
00:32:47 C'est-à-dire qu'on ne peut pas émettre n'importe quel montant sur la partie longue.
00:32:51 Donc il y a quand même des contraintes fiscales.
00:32:54 Mais l'équilibre est quelque part, on va dire qu'il est toujours implicite.
00:32:59 Et au final, le gouvernement ne pourra pas...
00:33:02 On verra ce que donnera le calendrier, enfin les résultats électoraux.
00:33:05 - Oui, le 5 novembre, bien sûr.
00:33:07 - Mais le gouvernement ne pourrait pas faire de façon continue n'importe quoi
00:33:11 sur la partie déficit.
00:33:14 - Pour traiter quelques autres sujets, un mot alors je ne sais pas, du yéne, du yuan.
00:33:20 On voit quand même des pressions qui s'exercent.
00:33:23 Le yuan est pris entre la force du dollar et la faiblesse du yéne aussi,
00:33:27 qui est la grosse devise concurrente pour les économies expertatrices en Asie.
00:33:32 Alors je ne sais pas ce qu'on peut dire sur ces sujets, Benoît.
00:33:34 - Justement, il y a une chose à surveiller.
00:33:37 La faiblesse du yéne, à ce titre, sur les conditions de liquidité en marché,
00:33:42 plutôt rassurante en l'occurrence, parce qu'une remontée du yéne
00:33:45 avec une remontée des taux au Japon, un changement de statut, là pour le coup,
00:33:49 de paradigme où le yéne ne serait plus une monnaie de carry trade,
00:33:52 mais une monnaie, une vraie devise comme les autres.
00:33:55 - Il y a encore un pourvoyeur de liquidité dans le monde, ça s'appelle le Japon.
00:33:58 - Un économiste chez nous avait estimé que c'est entre 2500 et 3000 milliards
00:34:04 qui seraient rapatriés avec une remontée en continu du yéne.
00:34:08 Les conditions de liquidité deviendraient un petit peu plus compliquées
00:34:11 dans les autres zones géographiques si le yéne changeait de statut.
00:34:15 Donc à ce titre, effectivement, c'est plutôt rassurant.
00:34:17 Mais attention, parce que ce qui se passe au Japon va indirectement avoir des conséquences
00:34:21 partout dans le monde, justement, sur ces conditions de liquidité.
00:34:23 Il faut vraiment très surveiller ce qui se passe là-bas,
00:34:26 parce que si on ne pilote pas avec d'infinies précautions la politique monétaire du Japon,
00:34:30 on le fait déjà parce qu'on considère qu'on a maintenu dans les pays développés
00:34:34 des conditions monétaires trop accommodantes trop longtemps.
00:34:37 Au Japon, ça fait 20 ans, ça fait plusieurs décennies,
00:34:40 on maintient des conditions monétaires aussi accommodantes.
00:34:42 Donc les précautions sont encore plus importantes à prendre là-bas.
00:34:45 Donc il faut surveiller. Je pense que c'est un des éléments,
00:34:48 un des vrais facteurs de risque, justement, à ces conditions de liquidité qui sont bonnes.
00:34:51 Il est là-bas, justement, au Japon.
00:34:53 - Ils s'en sont bien tirés, là, sur la sortie des connexions.
00:34:56 - Pour l'instant, effectivement, et c'est très rassurant.
00:34:58 - Bien précipité, bien anticipé. - Même recette.
00:35:01 - Et pour l'instant, on n'ira pas plus loin. C'est un peu le message qui est ressorti de tout ça.
00:35:04 - Je veux être plus restrictif, mais je reste quand même accommodant.
00:35:07 C'est un peu la même recette.
00:35:10 - Oui, sur les marchés émergents, Etienne, je ne sais pas.
00:35:13 Est-ce que...
00:35:15 Beaucoup de banques centrales émergentes partaient billes en tête en anticipation
00:35:18 que la Fed allait pouvoir baisser assez rapidement ses taux,
00:35:21 et de nombreuses fois en 2024.
00:35:23 Est-ce que le fait que le calendrier de la Fed soit peut-être un peu décalé,
00:35:26 un peu amoindri, est-ce que ça pose des problèmes
00:35:29 pour d'autres marchés dans la sphère émergente ?
00:35:32 - Dans la sphère émergente, pour le moment, en fait,
00:35:35 on vit plutôt un moment qui est assez favorable,
00:35:38 puisque si vous prenez, ne serait-ce que la corrélation
00:35:42 entre les taux souverains émergents
00:35:46 et les tibons de US,
00:35:49 dans un univers de taux stables, voire baissiers taux de la part de la Fed,
00:35:53 en général, vous créez des conditions qui sont plutôt favorables
00:35:56 pour les pays émergents. C'est-à-dire qu'on a l'habitude de dire que
00:35:59 l'achat de dette émergente, c'est un bet, un pari,
00:36:02 sur la baisse du taux directeur américain.
00:36:05 Deuxièmement, vous sortez d'une longue période,
00:36:08 depuis 2022, d'outflow.
00:36:11 Outflow historique sur la classe d'actifs,
00:36:14 donc 120 milliards de dollars d'outflow
00:36:17 de la part des institutionnels, c'est-à-dire que c'est un niveau de sortie.
00:36:21 - D'accord. Sur les derniers temps, c'est dette, actions, tout confondu ?
00:36:24 - Non, sur la partie dette. Un niveau de sortie
00:36:27 qui n'a jamais été aussi élevé. Ce qui veut dire qu'on a
00:36:30 vraisemblablement, et c'est plutôt ce qu'on voit,
00:36:33 un effet a contrario d'inflow
00:36:37 et d'un retour sur les taux émergents,
00:36:40 d'autant plus que le niveau des taux d'intérêt est élevé,
00:36:44 et d'autant plus qu'en ce moment, ça ne vous a pas échappé,
00:36:47 vous en avez parlé, on en a parlé, Benoît en a parlé,
00:36:50 les matières premières, comment subissent
00:36:54 un retour d'intérêt, et ce retour d'intérêt
00:36:58 n'est pas seulement lié, si vous voulez, à un univers
00:37:01 de croissance élevé, mais il est lié à
00:37:04 une recherche de protection contre l'inflation.
00:37:07 Les matières premières, elles sont cotées via des dérivés,
00:37:10 via des futurs. Donc ce qu'on achète, en fait, dans le prix d'une matière
00:37:13 première, c'est l'idée que ce prix potentiellement
00:37:16 peut augmenter par la suite, et donc, en général,
00:37:19 le complexe des matières premières est un complexe de "edge",
00:37:22 et donc de protection contre le risque d'inflation,
00:37:25 beaucoup plus efficient, d'ailleurs, que ne le sont les "bric-even",
00:37:28 pour rappel. - Les instruments financiers...
00:37:31 - Donc, du coup, vous avez des cas,
00:37:34 effectivement, d'investissement qui sont très intéressants.
00:37:37 Donc l'Argentine, du fait de la levée des sanctions,
00:37:40 non mais bon, un cas assez intéressant,
00:37:44 le Venezuela, le Ghana, du fait de la hausse des prix
00:37:48 du cacao, la Côte d'Ivoire, vous avez des cas
00:37:51 spécifiques sur lesquels sont en train de se pencher
00:37:54 les investisseurs, et je note que vous avez certains fonds
00:37:57 qui travaillent sur des dossiers spécifiques,
00:38:00 donc Egypte, comme en Ghana,
00:38:03 Côte d'Ivoire, Argentine, Venezuela,
00:38:06 qui tirent très très bien leur épingle du jeu,
00:38:09 aussi bien l'année dernière que depuis ce début de l'année.
00:38:12 Donc la classe d'actifs émergente, c'est une classe d'actifs
00:38:15 qui fait du sens quand on travaille les dossiers
00:38:18 de manière spécifique. - Ah oui, je comprends.
00:38:21 Sur les marchés de crédit en général,
00:38:24 Zacharia, on va redire un mot des marchés d'action,
00:38:27 mais est-ce qu'il y a des niveaux de surchauffe,
00:38:30 est-ce qu'il y a des éléments d'exagération, d'exubérance
00:38:33 qu'on peut relever aujourd'hui ?
00:38:36 - En fait, justement, tout découle de ces conditions
00:38:39 de liquidité qui sont plutôt favorables,
00:38:42 parce que vraiment sur la classe d'actifs,
00:38:45 on voit des compressions, des spread de crédit,
00:38:48 de ces primes de risque de crédit,
00:38:51 que ce soit d'ailleurs sur les émetteurs les mieux notés
00:38:54 ou sur les émetteurs les moins bien notés,
00:38:57 ce qu'on appelle le "haïl". Sur les deux segments,
00:39:00 on voit vraiment un resserrement depuis le début de l'année,
00:39:03 même dans un contexte de hausse des taux.
00:39:06 Ce n'est pas la configuration normale d'habitude.
00:39:09 Mais en fin de compte, il y a deux éléments.
00:39:12 On pense que la baisse des taux arrive pour aller acheter
00:39:15 du "credit investment grade" aujourd'hui à ce niveau de prix-là.
00:39:18 On pense qu'on veut quand même loquer vers lui
00:39:21 un certain niveau de rendement, pour des investisseurs
00:39:24 ou même des investisseurs institutionnels.
00:39:27 Et sur la partie "haïl", on pense qu'il n'y a pas de récession.
00:39:30 - On ne regarde plus les spread ?
00:39:33 - On regarde les spread pour aller chercher un "pick up",
00:39:36 pour aller chercher un niveau de rendement d'autant plus...
00:39:39 - C'est le taux qui compte ?
00:39:42 - Voilà, exactement. Mais on voit que ce qui s'est passé,
00:39:45 pour parler du restrictif et non-restrictif,
00:39:48 et de la transmission de la politique monétaire aux Etats-Unis,
00:39:51 on parle des taux très élevés. Ce qui s'est passé
00:39:54 sur ces deux dernières années, le marché du "haïl",
00:39:57 les émetteurs les plus risqués aux USA,
00:40:00 ils avaient une maturité moyenne des titres de 4 ans.
00:40:03 Ils n'ont pas subi cette hausse de financement.
00:40:06 Aujourd'hui, les émetteurs qui avaient des émissions
00:40:09 les plus longues, ce sont les émetteurs sur lesquels
00:40:12 les spread de crédit sont très resserrés, puisqu'on dit
00:40:15 qu'il n'y a toujours pas de problème de financement.
00:40:18 Les autres qui viennent aujourd'hui, ils payent un peu plus cher.
00:40:21 Donc il y a une prime. Et ça explique pourquoi,
00:40:24 dans un contexte où la liquidité est positive,
00:40:27 ça explique ce resserrement des primes de risque.
00:40:30 C'est le même signal que ce qu'on voit
00:40:33 sur le marché d'action aujourd'hui.
00:40:36 - Si on revient sur la fin du trimestre, est-ce que ce qu'on a observé
00:40:39 des tendances et des performances, notamment des actifs risqués,
00:40:42 des marchés d'action, est-ce que ça va générer
00:40:45 des rebalancements importants chez les fonds de pension
00:40:48 ou dans des grands investisseurs équilibrés ?
00:40:51 - Oui. On a une performance sur les marchés d'action
00:40:54 en gros de plus de 10. Alors que sur le marché du crédit,
00:40:57 sur l'investment credit, c'est négatif de la part de la hausse des taux.
00:41:00 Et sur le high yield, c'est de +1,5 à +2 en fonction des segments, des zones.
00:41:03 Donc on va avoir cette réallocation.
00:41:06 - Donc certains vont être obligés de vendre un peu,
00:41:09 alléger un peu la poche action et de remettre sur de la poche taux.
00:41:12 - D'autant plus que la saisonnalité en avril
00:41:15 sur le marché du crédit est assez positive.
00:41:18 Mais ce que l'on voit aussi, c'est qu'il y a déjà pas mal d'acheteurs
00:41:21 quand on voit les émissions sur le marché de prix maximum,
00:41:24 même sur le mois de mars.
00:41:27 On a eu beaucoup d'émissions en janvier et février.
00:41:30 En mars, ça a été un peu plus léger.
00:41:33 Mais la demande est toujours aussi importante.
00:41:36 On a vu l'Allemagne émettre, il y a eu 12 fois la demande.
00:41:39 On a vu l'Union Européenne émettre, il y a eu 11 ou 12 fois la demande également.
00:41:42 Donc on parle en dizaines de milliards.
00:41:45 40 et quelques milliards pour l'Allemagne
00:41:48 et plus de 80 milliards pour l'Union Européenne.
00:41:51 Donc on se rend compte qu'il y a vraiment beaucoup de liquidités à investir
00:41:54 sur le segment. C'est ce qui fait que les spreads de crédit,
00:41:57 même les jours où on voit un peu de fébrilité
00:42:00 sur les autres actifs risqués,
00:42:03 on n'a pas de stress sur le crédit.
00:42:06 - Comment vous voyez le trimestre à venir, Benoît ?
00:42:09 Est-ce que les grandes tendances
00:42:12 qu'on a observées au T1,
00:42:15 est-ce qu'il y a des raisons d'imaginer qu'elles s'arrêtent
00:42:18 dans les prochaines semaines ou des prochains mois ?
00:42:21 - Sur le directionnel de marché, il va falloir que,
00:42:24 pour qu'il y ait effectivement un changement qui génère
00:42:27 justement des prises de profit après ce qu'on vient de voir,
00:42:30 il faut qu'on ait des nouvelles macros qui soient moins bonnes.
00:42:33 Ça semble quand même s'orienter vers ça. C'est-à-dire que les indicateurs
00:42:36 de surprise, je parle aux Etats-Unis, en gros on s'oriente vers
00:42:39 des surprises moins bonnes sur la croissance
00:42:42 et également sur l'inflation dans ce qui est devant nous.
00:42:45 Donc il faut suivre ça avec beaucoup d'attention.
00:42:48 Attention aussi aux rotations à l'intérieur des secteurs.
00:42:51 Nous, beaucoup d'hypothèses d'une poursuite de ce rallye
00:42:54 reposent sur un élargissement à l'ensemble des boîtes,
00:42:57 que la value va progressivement décoller.
00:43:00 Notre scénario plaide quand même pour que l'économie ralentisse,
00:43:03 qu'on passe quand même par la case d'un landing
00:43:06 qui prenne une forme ou une autre.
00:43:09 Et ça, ça plaide plutôt pour une rotation à l'intérieur
00:43:12 de la climatique croissance.
00:43:15 Les valeurs de la technologie, on se concentre essentiellement là-dessus.
00:43:18 C'est la moitié des valeurs de croissance aux Etats-Unis.
00:43:21 C'est beaucoup moins vrai en Europe. Malgré tout cela,
00:43:24 la prime des valeurs de croissance dans leur ensemble est sur la moyenne
00:43:27 des dix dernières années. Nous, c'est plutôt un accroissement
00:43:30 de cette prime qui est plutôt en vue. Si la croissance se met
00:43:33 à se tasser un peu, qu'on perd un peu de visibilité sur le résultat,
00:43:36 on sera incité à mettre cette prime à la qualité. Il faut bien voir
00:43:39 que les entreprises qui en plus profitent des baisses de taux
00:43:42 et de ce contexte-là sont quasiment les pires performeurs de ce trimestre.
00:43:45 Justement, Food & Beverage, etc.
00:43:48 On pourrait un peu avoir de la rotation comme ça,
00:43:51 qui se comprendrait aussi avec des prises de bénéfices sur la tech.
00:43:54 Il faut bien avoir en tête que ce n'est pas que la tech deviendrait
00:43:57 un très mauvais secteur. On pense qu'il n'y a pas de bulles.
00:44:00 On y croit fondamentalement à long terme. Mais à un moment,
00:44:03 des boîtes comme Nvidia ne vont pas non plus battre les attentes
00:44:06 et les petites déceptions. C'est là où, d'un point de vue macro,
00:44:09 c'est important. Parce que c'est ce qui peut générer une correction
00:44:12 sur le marché. C'est ce qui peut générer des effets richesse négative.
00:44:15 C'est plutôt des rotations vers des choses un peu plus visibilité-qualité
00:44:18 qui se profilent pour nous.
00:44:21 Merci beaucoup messieurs. Merci d'avoir été avec nous pour cette
00:44:24 dernière séance du premier trimestre 2024.
00:44:27 Benoît Pelloy, Natixis Wealth Management, Etienne Demarsac,
00:44:30 Monakéa Capital et Zachariah Darwish, CPR Asset Management.
00:44:33 [Musique]
00:44:42 Le dernier quart d'heure de Smart Bourse, c'est le quart d'heure thématique.
00:44:45 Le thème ce soir, c'est celui des marchés et des résultats
00:44:48 d'ABC Arbitrage qui ont été publiés cette semaine en sept fin mars.
00:44:51 C'est son président qui est avec nous, Dominique Céollin, en plateau.
00:44:54 Bonsoir Dominique. Bonsoir Grégoire. Merci beaucoup d'être là.
00:44:57 Toujours intéressant de regarder les résultats de votre société.
00:45:00 Je le rappelle, vous êtes spécialiste des stratégies quantitatives
00:45:03 d'arbitrage sur l'ensemble des classes d'actifs que le marché peut proposer.
00:45:09 Et donc, vos résultats sont intéressants parce qu'ils reflètent aussi
00:45:13 l'activité des marchés au sens large, Dominique.
00:45:16 Pour se focaliser sur les résultats annuels que vous avez publiés
00:45:19 cette semaine, en sept fin mars, pour l'exercice 2023,
00:45:23 je comprends que la dynamique d'activité, la dynamique de résultats
00:45:26 d'ABC Arbitrage s'est normalisée en 2023 pour revenir sur les niveaux
00:45:31 de 2019 qui reste pour beaucoup l'année de référence avant Covid.
00:45:35 C'est ça, Dominique ? Je ne parlerai pas de normalisation,
00:45:38 je parlerai plutôt de points bas par rapport à des paramètres
00:45:41 qui sont au point bas. Parce que si on regarde un petit peu
00:45:43 les paramètres de marché 2023, vous savez que nous, on est sensible
00:45:46 à trois paramètres, mais je pense qu'on n'est pas les seuls d'ailleurs.
00:45:48 La volatilité, les opérations sur le capital des émetteurs,
00:45:52 donc type M&A, fusion acquisition, ou même des augmentations de capital,
00:45:56 et troisième paramètre, les volumes traités par les marchés,
00:45:59 sur ces trois paramètres-là, ces trois paramètres sont en dessous
00:46:02 de leur moyenne historique depuis dix ans.
00:46:04 C'est-à-dire, la moyenne historique depuis dix ans,
00:46:06 ces trois paramètres sont sensiblement en dessous de cette moyenne.
00:46:08 Et donc c'est clair que dans ces situations-là, je dirais qu'on a
00:46:11 un peu de vent contraire, c'est clair que pour nous, c'est moins facile
00:46:14 de faire des résultats et on revient finalement à des exercices
00:46:17 comparables en termes de paramètres et donc en termes de résultats.
00:46:20 - Mais ce n'est pas une année normale, ça ne doit pas être
00:46:23 une référence normale pour vous ?
00:46:24 - Non, on n'aimerait pas, pour être honnête, mais il y a des questions
00:46:27 intéressantes autour de justement cette normalité, ou cette nouvelle normalité.
00:46:30 Nous produisons un Return on Equity, une rentabilité sur fonds propres
00:46:34 de près de 11 %, donc on est au-dessus de notre point bas des 10 %,
00:46:39 donc ça c'est bien, mais notre moyenne historique, nous,
00:46:42 elle est au-dessus de 15, donc en ça, on n'est évidemment pas content,
00:46:45 on a envie de faire mieux en tout cas, mais par contre,
00:46:48 on a tenu le contrat moral des 10 %, et ça c'est déjà très bien
00:46:50 dans la situation des marchés qu'on a rencontrés.
00:46:52 - Qu'est-ce que vous comprenez du régime de marché ?
00:46:56 Celui dans lequel on a évolué en 2023, puis celui dans lequel
00:47:00 on évolue aujourd'hui et dans lequel on va évoluer dans les prochains mois,
00:47:03 c'est-à-dire que le marché factorise l'idée qu'il n'y a plus de hausse
00:47:06 de taux de la barre des banques centrales, qu'il y aura sans doute
00:47:09 quelques baisses de taux sur ces trois grands paramètres
00:47:12 qui sont votre matière première pour l'activité d'ABC arbitrage,
00:47:16 volatilité, M&A, volume, qu'est-ce que vous dites du régime de marché actuel ?
00:47:21 - Je pense que déjà factuellement, ce qu'on peut voir, c'est que les indices
00:47:24 battent des records, ce n'est pas une surprise, c'est déjà connu,
00:47:29 les indices battent des records, on est sur des +15 % en 6 mois,
00:47:34 des choses un peu impressionnantes, on est sur des volatilités
00:47:37 encore sensiblement en dessous de leur moyenne historique.
00:47:40 - Sur les marchés actions. - Sur les marchés actions,
00:47:41 je parle exactement, excusez-moi, vous avez raison,
00:47:43 la précision est importante, et on a une activité sur les fusions-inquisitions
00:47:49 qui commence à redémarrer au mois de mars, mais c'est peut-être un petit peu tôt
00:47:51 pour parler d'un redémarrage, mais enfin il y a quand même des signaux positifs
00:47:55 qui viennent un peu compenser ce qu'on appelle l'expectation gap,
00:47:58 c'est-à-dire en fait l'année dernière les prix étaient très élevés,
00:48:01 les taux très élevés, donc il faut que les investisseurs,
00:48:03 les acheteurs et les vendeurs se réajustent.
00:48:06 Donc pour l'instant en tout cas, il est clair que les marchés sont optimistes,
00:48:10 il est clair qu'ils pensent que les banques centrales vont baisser les taux,
00:48:14 mais plus que ça, je pense qu'ils ont la sensation que le risque n'existe plus,
00:48:18 ou que la prime de risque n'existe plus.
00:48:20 Et à juste titre, si on considère que le passé récent est le meilleur prédicteur
00:48:24 du futur proche, en février 2023, la banque centrale américaine
00:48:29 est intervenue immédiatement et pour des montants importants,
00:48:32 et en garantissant les gens qui avaient le dépôt des personnes...
00:48:36 - Vous disiez des SVB. - Voilà, SVB, merci.
00:48:38 - On en parlait dans l'émission, on faisait le bilan du trimestre
00:48:40 avec les invités précédents.
00:48:42 Mais oui, on a tous oublié SVB, non, les intervenants de marché
00:48:46 n'ont pas oublié ce qui s'est passé et la manière dont la Fed a pu réagir à ce moment-là.
00:48:50 - Je vous rappelle en particulier, ils ont garanti les dépôts,
00:48:52 mais surtout ils ont autorisé les retraits sans pénalité,
00:48:54 et donc ça ce n'est pas un jeu capitaliste,
00:48:57 certains parlent d'économie administrée, le terme est sûrement un petit peu fort,
00:49:00 mais en tout cas, ils sont là, et la taille des banques centrales
00:49:03 est encore très significative, ça veut dire qu'elles ont finalement
00:49:07 autorisé des hausses de prix, parce qu'elles-mêmes ont servi
00:49:11 d'apport de liquidité et de carburant à cette hausse de prix.
00:49:15 - Donc le poudre des banques centrales, la croyance,
00:49:18 même plus que la croyance dans le poudre des banques centrales,
00:49:20 est toujours solidement ancrée aujourd'hui dans les marchés ?
00:49:22 - De la part des investisseurs, oui.
00:49:24 Je l'ai dit l'an dernier et je le répète,
00:49:27 on a quand même un grand nombre d'éléments géopolitiques et économiques
00:49:31 qui devraient amener de la volatilité, sauf si les banques centrales,
00:49:35 à chaque fois qu'il y a un jeu capitaliste qui se met en place,
00:49:40 que moi je trouve sain pour différentes raisons, y compris des raisons sociales,
00:49:43 si un jour vous avez envie, on pourrait en parler,
00:49:45 mais en fait, tu ce jeu capitaliste, exactement, votre expression est tout à fait correcte.
00:49:49 À ce moment-là, évidemment, ces problèmes économiques que nous pouvons avoir,
00:49:53 en particulier, ce que j'appelle un peu de manière caricaturale,
00:49:56 le mur de la dette qui est devant nous, si on regarde les graphiques,
00:49:59 des dettes à rembourser, et donc les probables refinancements à avoir,
00:50:02 sachant que les taux vont peut-être baisser, mais jamais revenir aux taux précédents,
00:50:06 il est clair que ces dettes vont poser un problème.
00:50:08 Donc soit ça va créer des refinancements en equity, donc en action,
00:50:11 et donc ça c'est plutôt bon pour nous, et on va y trouver aussi notre part à jouer,
00:50:16 soit il y aura des problèmes de refinancement, et donc des revalorisations
00:50:19 ou des corrections de valorisation qui vont se mettre en place fin 2024 et début 2025.
00:50:24 Mais allons-y quand même, parce que la question qu'on se pose,
00:50:26 est-ce que la fête joue avec le feu ?
00:50:28 Avec une croissance nominale qui est révisée à la hausse,
00:50:31 qui va être plus forte pour encore plus longtemps,
00:50:34 la fête nous dit qu'il y aura quand même quelques baisses de taux assurantielles.
00:50:38 Les marchés applaudissent des deux mains, des deux pieds, avec tout ce qu'ils peuvent.
00:50:43 Mais quand on essaye de réfléchir un peu au-delà, vers quoi,
00:50:47 ou vers quel type de risque ça nous emmène, Dominique ?
00:50:50 S'il faut réfléchir au risque !
00:50:52 Oui, c'est ce que j'aime faire, c'est le métier, bien sûr !
00:50:55 C'est gentil de m'amener sur ce terrain-là !
00:50:58 Évidemment, si vous voulez, que personne, aucun d'entre nous en tant que citoyen,
00:51:03 n'ait envie d'une crise financière ou économique, c'est une évidence.
00:51:06 Donc évidemment, tant qu'il y a de la musique et qu'on peut danser, dansons !
00:51:10 Mais quand même, ça pose des questions, vous avez tout à fait raison,
00:51:13 sur la crédibilité à terme sur les monnaies souveraines,
00:51:16 et sur la capacité finalement à continuer à avoir cette crédibilité
00:51:19 sur l'ensemble des citoyens du monde occidental,
00:51:22 j'allais dire des démocraties en tout cas.
00:51:25 On sait que les déficits américains sont très significativement constants,
00:51:29 donc on est au-dessus de 6% pour 10 ans maintenant,
00:51:32 c'est ce qu'on dit, le CBO américain...
00:51:34 On voit bien qu'en Europe, certains pays ont des difficultés pour ne pas nommer la France,
00:51:37 et c'est logique, vu les dépenses qu'on met en place,
00:51:40 et donc ça pose des questions sur notre capacité à financer ça à long terme.
00:51:44 Bon, moi je pense qu'en tout cas, c'est un acteur central,
00:51:47 ce sont des acteurs centraux, les banques centrales, c'est le cas de le dire,
00:51:50 mais clairement, il y a quand même des risques géopolitiques,
00:51:53 on devrait retrouver un peu de volatilité,
00:51:55 et s'il n'y a pas de volatilité et que tout le monde est heureux,
00:51:57 on devrait retrouver des opérations sur le capital et des fusions inquisitives.
00:52:00 - Sur le M&A, ça c'est sûr. - Exactement.
00:52:02 - Ça a l'air prometteur, j'ai l'impression qu'on voit passer beaucoup de papiers, de deals, etc.
00:52:06 - Oui, exactement, on l'a vu, avec des grosses market cap
00:52:10 qui sont concernées par du M&A, listés et non listés, c'est les deux,
00:52:13 et puis un rebond en nombre en tout cas qui existe et qui est intéressant.
00:52:18 - Comment vous regardez les développements du moment,
00:52:21 de ce que j'appelle l'ingénierie financière,
00:52:23 c'est aussi bien l'avènement des "Zero Day Options",
00:52:26 donc ça a été à Wall Street et ça arrive désormais sur les marchés d'Euronext,
00:52:31 les ETF Bitcoin également, qui ont été des marqueurs, j'allais dire, des derniers mois,
00:52:36 comment vous regardez cette ingénierie financière ?
00:52:39 Toujours infinie bien sûr.
00:52:41 - Voilà, c'est ça qui est intéressant,
00:52:43 pour la petite anecdote, je la raconte régulièrement,
00:52:46 donc il y a 25 ans on m'avait dit que notre métier était fini,
00:52:49 parce que bon, les produits ceci, les produits cela,
00:52:51 donc la compétition augmente, mais le nombre de produits à traiter aussi,
00:52:54 et ça c'est très excitant d'un point de vue intellectuel, j'allais dire,
00:52:57 ou d'un point de vue business, et on se dit qu'il y a des choses sympas à faire.
00:52:59 Maintenant on peut se poser quand même des questions
00:53:01 d'un point de vue économique ou d'un point de vue citoyen,
00:53:03 là encore, si je me remets un peu, je me décale de mon intérêt premier,
00:53:06 et puis je regarde un peu ça en tant que citoyen,
00:53:08 c'est vrai que ce sont des produits qui posent question,
00:53:10 ce sont des produits dont la plupart sont ultra spéculatifs,
00:53:13 le Zero Day Option qui a un énorme succès à Wall Street.
00:53:17 Donc c'est des options qui ont expiration sur un jour.
00:53:19 Dans la journée, ça s'appelle le Zero Day T.E.,
00:53:21 c'est Zero Day to Expiration,
00:53:23 Zero Day to Expiration, avec mon accent,
00:53:25 et donc en fait l'option existe le matin et elle finit le soir,
00:53:29 et donc effectivement ça peut être très intéressant pour couvrir des news dans la journée,
00:53:33 La publication d'une stat par exemple.
00:53:35 Par exemple, ça peut être intéressant,
00:53:37 il se trouve que 40% quand même de ces options là sont traitées par des particuliers,
00:53:40 et qu'on ressent...
00:53:43 On peut imaginer qu'ils n'ont pas besoin de se couvrir sur la publication d'une stat.
00:53:45 On peut imaginer que pour certains d'entre eux, en tout cas,
00:53:47 il y a un aspect un peu casino, un peu jeu qui peut se mettre en place.
00:53:49 Et ce qui est très intéressant, c'est qu'il y a eu des études par des banques américaines
00:53:52 qui ont démontré qu'en cas de forte volatilité,
00:53:54 ces options pourraient, à plus de 1000 milliards d'encours,
00:53:58 pourraient générer un excès de volatilité supplémentaire,
00:54:01 enfin en tout cas un surplus de volatilité,
00:54:03 significatif sur le S&P si on devait avoir retrouvé des situations type 2020,
00:54:09 ou type 2016, des choses comme ça.
00:54:11 Non mais typiquement, ça veut dire que c'est des développements qui sont importants,
00:54:14 structurants peut-être pour l'activité, enfin structurant Jean-Sylvain,
00:54:17 mais qui sont des facteurs nouveaux, importants à prendre en compte.
00:54:20 On ne le compte pas, nous ne sommes pas là-dessus directement pour l'instant,
00:54:23 peut-être qu'un jour, mais en tout cas c'est intéressant.
00:54:25 Si ça accroît structurellement la volatilité du marché, c'est aussi un paramètre pour...
00:54:29 C'est prévu, l'étude ne dit pas des niveaux de volatilité comme aujourd'hui,
00:54:33 mais sur des niveaux de volatilité supérieurs à 20 par exemple,
00:54:36 ça pourrait générer des choses.
00:54:37 Mais encore une fois, cette dimension de casino me paraît très intéressante,
00:54:40 dimension de casino qu'on retrouve aussi sur les plateformes crypto,
00:54:43 avec des produits à gros effet de levier,
00:54:46 sur des paris que vous pourrez prendre sur un range du bitcoin pendant deux jours,
00:54:50 le bitcoin va rester entre tel point bas et tel point haut pendant deux jours,
00:54:53 tac, vous touchez 1000 fois votre mise ou 100 fois votre mise.
00:54:56 Donc cet aspect un peu du développement du pari en général,
00:55:00 que ce soit les chevaux, le tennis, le tiercé, je ne sais pas trop quoi,
00:55:04 et d'autres paris,
00:55:05 finalement on a l'impression qu'il y a une porosité,
00:55:09 il y a une contagion sur les produits financiers qui aujourd'hui sont développés
00:55:12 pour faire du business, si on ne se cache pas la vérité.
00:55:15 Assez trivialement, c'est une des caractéristiques de la nouvelle génération,
00:55:18 d'une génération Z, ce côté, on aime l'émotion, l'excitation, le côté pari...
00:55:24 Alors on ne va pas tout leur mettre sur le dos,
00:55:26 mais c'est vrai qu'on peut dire que la génération actuelle d'investisseurs,
00:55:29 peut-être, déjà, quel que soit leur âge,
00:55:31 peut-être pas les très anciens qui sont plus dans les fondamentaux,
00:55:35 aiment bien ce côté un peu pari, ce côté réactivité,
00:55:40 en tout cas dire "bon voilà, si c'est pour gagner 3 euros en 3 mois,
00:55:44 ça ne m'intéresse pas, donc je vais vraiment vouloir jouer le pari".
00:55:46 Moi je dis que c'est une porte d'entrée.
00:55:47 J'ai l'impression que pour une nouvelle génération, c'est peut-être la porte d'entrée,
00:55:50 il faut accepter que ce soit la porte d'entrée vers les marchés financiers.
00:55:53 Oui, complètement.
00:55:54 J'ai l'idée que derrière, on peut aussi transformer son attitude d'investisseur,
00:55:58 et la faire évoluer.
00:55:59 Je n'ai pas de jugement par rapport à ça.
00:56:01 Je n'ai pas de jugement moral, je constate factuellement quelque chose qui se passe,
00:56:06 et je n'ai pas de jugement moral du tout par rapport à ces investisseurs.
00:56:08 Est-ce que vous êtes toujours satisfait d'être le patron d'une société cotée en bourse ?
00:56:13 Dominique, ça fait quoi, 20 ans qu'ABC arbitrage est cotée ?
00:56:15 Ça fait un peu plus de 20 ans.
00:56:17 Je voyais que le 1er mars, vous avez communiqué,
00:56:21 parce que vous avez reçu beaucoup de questions de vos actionnaires
00:56:24 sur la baisse du cours de bourse, qui était tombée je crois au plus bas,
00:56:27 depuis de nombreuses années.
00:56:28 En tout cas, pas agréable.
00:56:30 Qu'est-ce que vous leur avez répondu ?
00:56:33 Et encore une fois, ma question, j'y reviens,
00:56:35 est-ce que vous êtes toujours satisfait d'être une société cotée aujourd'hui
00:56:38 sur des marchés d'entreprises de petite et moyenne capitalisation boursière ?
00:56:42 C'est une bonne question.
00:56:43 Je pense qu'on peut répondre pour ABC arbitrage,
00:56:45 puis on peut élargir le scope.
00:56:46 Vous avez été président de Middle Next, l'association du secteur,
00:56:49 qui représente les intérêts des petites et moyennes valeurs cotées sur la place de Paris.
00:56:52 C'est un sujet qu'on travaille et qu'on essaye de bien connaître,
00:56:55 en tout cas, même si c'est toujours complexe.
00:56:57 Sur ABC arbitrage, ce n'est pas un moment agréable.
00:57:00 Et franchement, je suis désolé pour nos actionnaires
00:57:03 qu'ils aient vécu une situation comme celle-ci.
00:57:06 C'est une situation qui vient, on l'a compris un peu ex post,
00:57:09 parce que c'est un mécanisme un peu compliqué,
00:57:11 qui vient de la sortie de l'indice MSCI d'ABC arbitrage,
00:57:16 qui avait déjà subi une flue vendeur par les ETF de réplication de ces indices.
00:57:22 Et ces ETF détiennent finalement des quantités trop importantes
00:57:26 au regard de la liquidité des mid-small en ce moment.
00:57:29 C'est un sujet intéressant.
00:57:31 Il y a des effets multiplicateurs en plus.
00:57:33 Tout à fait. En l'occurrence, les ETF de réplication du MSCI mid-small
00:57:37 détenaient un peu plus d'un million de titres à ABC arbitrage,
00:57:40 alors que la liquidité des titres à ABC arbitrage se situe plutôt autour de 50 000 titres par jour,
00:57:45 un peu plus.
00:57:46 Donc, évidemment, vous voyez le gap accompli.
00:57:48 Quand ça sort, c'est des effets très importants.
00:57:50 Voilà, exactement.
00:57:52 Evidemment, si on avait produit un résultat dix fois supérieur à celui qu'on vient de produire,
00:57:55 je pense qu'on aurait eu un effet de compensation positif.
00:57:57 Ce n'était pas le cas.
00:57:58 Et donc, l'objectif de la communication du 1er mars,
00:58:01 ce n'était pas de juger ce que faisait l'ETF,
00:58:03 ce n'était pas de dire si le cours de bourse était au bon prix,
00:58:05 mais de rappeler factuellement notre activité,
00:58:07 les éléments de cette activité et les éléments de risque de notre métier
00:58:10 que les actionnaires puissent juger en âme et conscience
00:58:12 de leur envie de rentrer ou de sortir en fonction du prix,
00:58:15 qui peut être aussi une bonne opportunité,
00:58:17 puisqu'on distribue un dividende significatif,
00:58:19 ce qui fait qu'au cours actuel, on doit être sur un rendement de près de 8%.
00:58:22 Donc, ça peut être aussi une bonne opportunité.
00:58:24 Est-ce que vous êtes toujours satisfait d'être...
00:58:26 Alors voilà, on vient au sujet suivant.
00:58:29 Donc, moi, j'allais dire oui.
00:58:31 Oui, parce qu'on ne peut pas s'arrêter à un épiphénomène
00:58:33 qui est un phénomène dans lequel on a pris un peu d'énergie,
00:58:36 si je suis honnête, c'est sûr.
00:58:38 Mais bon, quand même, on a plus de 20 ans de cotation
00:58:40 avec des belles histoires et des actionnaires fidèles
00:58:43 qui sont là depuis plus de 20 ans et qui ont des prix de revient négatifs.
00:58:46 Donc, ce n'est quand même pas non plus rien.
00:58:48 C'est plutôt bien.
00:58:50 Néanmoins, c'est vrai que si on élargit un peu le scope,
00:58:53 on peut quand même regarder l'environnement mid-small coté,
00:58:55 qui est un environnement problématique aujourd'hui.
00:58:57 L'écosystème, si on ne se cache pas les yeux, est en souffrance.
00:59:00 Il y a de très belles histoires dans les bois de côté.
00:59:02 J'ai eu la chance de côtoyer le patron d'Interparfums,
00:59:05 le patron de WaveStone, Thermador.
00:59:07 Il y a de très, très belles histoires.
00:59:09 J'espère que le baisse arbitrage sera classé dans ces très belles histoires.
00:59:11 Mais quelque part, il y a un problème.
00:59:13 Ce problème, il vient de quoi ?
00:59:15 Un manque d'introduction en bourse sympathique.
00:59:17 Des sorties importantes en nombre.
00:59:21 Une attrition de la cote.
00:59:23 Et donc une attrition de la cote et une attrition de la liquidité.
00:59:25 De moins en moins de ce qu'on appelle du buy-side.
00:59:27 Donc des gens qui achètent des mid-small.
00:59:29 Et donc, il est plus que temps de se réunir autour d'une table
00:59:31 et de trouver des solutions pour rendre ce marché plus attractif.
00:59:35 En gros, le cas que depuis le début de l'année, je crois, a fait +15.
00:59:38 Et les mid-small ont fait +4.
00:59:41 En tout cas, beaucoup moins.
00:59:43 C'est sûr que c'est un sujet très intéressant.
00:59:46 On entend parler de plus en plus à nouveau du marché de capitaux.
00:59:50 Relancer la structure des marchés cotés en Europe et en France.
00:59:54 Merci beaucoup Dominique.
00:59:56 Dominique Séolin qui était avec nous.
00:59:57 Président d'ABC Arbitrage, invité de ce dernier quart d'heure de Smartbourse ce soir.
01:00:00 [Musique]