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Luc Smessaert, éleveur laitier dans l’Oise et vice-président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles, répond aux questions de Lionel Gougelot à l'occasion du Congrès national de la FNSEA.

Retrouvez "L'invité éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-eco

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Transcription
00:00 Bon réveil, vous écoutez Europe 1, il est 6h44.
00:02 En pleine crise du secteur agricole et alors que les mesures promises par le gouvernement tardent à se concrétiser,
00:07 le congrès de la FNSEA s'ouvre ce matin à Dunkerque dans un climat toujours tendu.
00:12 Votre invité pour en parler sur Europe 1 Lionel, c'est Lux Messard, éleveur laitier dans l'Oise,
00:17 vice-président de la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles.
00:21 Bonjour Lux Messard.
00:22 Bonjour Lionel.
00:23 Bonjour, merci d'être en ligne ce matin sur Europe 1.
00:26 Votre syndicat a été reçu à Matignon hier par le Premier ministre.
00:30 Votre président Arnaud Rousseau avait annoncé la semaine dernière le report de la réunion prévue à l'Elysée avec le chef d'État,
00:36 expliquant que les conditions pour sortir de la crise agricole n'étaient pas réunies.
00:40 Alors est-ce qu'elles le sont un peu mieux, un peu plus aujourd'hui ces conditions ?
00:44 Au sortir de la réunion d'hier soir à Matignon, on peut dire que ça avance,
00:49 mais ça met du temps et qu'aujourd'hui ça a du mal à transpirer dans nos fermes
00:54 et que sur les 62 propositions que a posées Gabrielle Attal,
01:01 aujourd'hui il y a besoin vraiment de mettre du concret, de mettre des engagements en pratique
01:08 et c'est ce qui a été redit hier par Arnaud Rousseau.
01:12 On est aujourd'hui trois jours à Dunkerque.
01:14 Il est important que l'ensemble de notre réseau puisse justement quantifier toutes ces avancées
01:22 pour que vraiment ça prenne vie et que ça s'est attendu
01:28 et qu'on montre bien qu'aujourd'hui le gouvernement a compris.
01:32 En tout cas moi ce que je peux vous affirmer aujourd'hui,
01:34 c'est que les agriculteurs n'accepteront plus de travailler comme avant le mois de janvier,
01:40 c'est-à-dire qu'ils n'accepteront plus une agriculture administrée.
01:43 Il y a besoin de redonner tous les moyens de production pour produire chez nous en France.
01:48 Alors on rappelle que depuis le début de cette crise agricole,
01:52 400 millions d'euros d'aides d'urgence ont été débloqués par le gouvernement.
01:57 On ne peut pas dire que rien n'a été fait, Lux Messard.
02:00 Donc vous le disiez, ça avance, mais peut-être que effectivement comme vous le sentiez,
02:06 ça n'est pas encore concrètement visible sur les exploitations.
02:11 Exactement. Il y avait un engagement par exemple de verser les aid-packs au 15 mars,
02:16 tout n'a pas été versé. Les agriculteurs en agriculture biologique aujourd'hui attendent le solde,
02:22 et c'est important, ils ont besoin de trésorerie.
02:24 Des agriculteurs qui se sont engagés dans les transitions agro-écologiques également,
02:28 c'est ce qu'on appelle les mesures agro-environnementales.
02:31 On a besoin d'avoir des signes.
02:33 On a l'élevage aujourd'hui qui est plutôt dans une période difficile de décapitalisation.
02:38 Comment on fait pour accompagner, éviter cette décapitalisation ?
02:43 Le Premier ministre avait annoncé des mesures fiscales et sociales,
02:47 on va bientôt faire notre déclaration d'impôts.
02:49 Qu'est-ce qu'on déclare ?
02:51 Donc ça c'est des questions où finalement ces fameuses réunions c'est comment et quand ?
02:56 Et donc on a besoin de savoir comment vont se décliner ces 62 engagements,
03:01 quand vont-elles se mettre en place ?
03:03 La même chose sur tout ce qui est la partie dignité du métier.
03:07 On voit qu'aujourd'hui on a du mal à avancer sur le fait de mettre enfin,
03:12 pour nos retraites agricoles, les 25 meilleures années.
03:16 Ça a été voté à l'unanimité par le Sénat et l'Assemblée,
03:20 et aujourd'hui on nous dit "Oh, au lieu de mettre ça en place en 2026,
03:23 on le mettra en place en 2028."
03:25 Ça c'est pas possible, il faut que ce gouvernement vraiment passe des paroles aux actes.
03:31 Donc vous attendez de pied ferme, si je peux me permettre l'expression,
03:35 le ministre Feuneau, jeudi, qui vient vous rendre visite,
03:40 il va avoir un bon accueil ou alors au contraire,
03:43 ça continue de grogner avec la menace peut-être d'une relance du mouvement des agriculteurs ?
03:49 En tout cas un ministre de l'Agriculture qui va venir au nom du gouvernement,
03:55 il va falloir qu'il rende quelques comptes quand même.
03:57 Il ne peut pas simplement dire "Depuis le 31 janvier, ça fait deux mois,
04:03 on a écouté, on a travaillé, aujourd'hui par exemple,
04:08 et sans remonter de nos départements, 3000 propositions de simplification."
04:14 On veut simplement dire à Marc Feuneau "Maintenant comment on fait pour décocher ?
04:19 Comment on fait pour qu'on arrête de vouloir tout réglementer ?"
04:22 Quand vous savez par exemple que le tas de fumiers aujourd'hui est réglementé à 2,52 mètres de haut,
04:27 on marche sur la tête.
04:28 Quand on sait qu'on a 14 réglementations pour gérer l'entretien des haies,
04:33 ce n'est pas possible.
04:34 Il faut simplement ramener du bon sens dans nos fermes
04:37 et je peux vous dire que l'écologie s'en portera nettement mieux demain.
04:40 - Luc Smessard, je vous rappelle que vous êtes vice-président de la FNSEA
04:45 à propos de ce congrès de la FNSEA qui s'ouvre aujourd'hui à Dunkerque.
04:49 Au-delà de la visite du ministre Marc Feuneau jeudi,
04:53 le gouvernement va présenter vendredi son projet de loi agricole.
04:57 Vous attendez également des mesures sur les problèmes de succession et de renouvellement des générations ?
05:04 - C'est important.
05:05 On a une loi d'orientation agricole qui va être annoncée par ce gouvernement,
05:10 qui va être présentée en Conseil des ministres.
05:13 Oui, il y a un socle fort sur le renouvellement des générations.
05:17 On a aujourd'hui énormément de jeunes qui veulent faire ce métier,
05:20 mais il faut que ce métier soit capable de sortir du revenu
05:24 parce que quand on veut faire ce métier, il est important de pouvoir se rémunérer,
05:28 mais aussi d'avoir un métier qui soit vivable.
05:30 On fait aujourd'hui plutôt 60 à 70 heures par semaine dans nos fermes.
05:34 Il faut que demain ces jeunes puissent vivre comme tout le monde,
05:38 puissent prendre des congés et avoir aussi la possibilité d'innover, d'investir.
05:44 Et c'est ça qu'il faut accompagner les jeunes et surtout aussi qu'on aide les gens qui vont transmettre.
05:49 On a 160 000 agriculteurs qui vont pouvoir demain prétendre à une retraite.
05:54 Ces personnes qui vont transmettre, finalement, on leur donne du sens.
05:59 Ils n'ont pas travaillé toute une vie pour rien.
06:01 Ils ont bien sûr la retraite, mais surtout c'est de passer le flambeau à des jeunes,
06:05 leur donner l'envie d'entreprendre.
06:08 Et je pense que c'est ce qu'on va porter nous à Dunkerque,
06:10 c'est cette envie d'accompagner finalement tous ces femmes,
06:13 toutes ces agricultrices, ces agriculteurs qui veulent faire ce métier,
06:17 mais vraiment qu'on leur fasse confiance, qu'on retrouve cette dignité,
06:20 ce sens à ce beau métier qui est finalement de nourrir les gens.
06:24 Le congrès de la FNSEA qui se tient donc à partir d'aujourd'hui à Dunkerque.
06:28 Merci Luc Smessard, je vous rappelle que vous êtes vice-président de cette FNSEA.
06:32 Merci d'avoir été en ligne ce matin sur Europe 1.

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