Le "8h30 franceinfo" de Marine Tondelier
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00:00 *Générique*
00:05 Ravie de vous retrouver. Pour les informer, on est ensemble en direct jusqu'à 9h30 sur France Info Radio
00:10 et sur le canal 27 de la TNT, la France Info Télé, avec Renaud Delis évidemment. Bonjour Renaud.
00:15 Bonjour Salia.
00:15 Et autour de la table ce matin, nos superbes informés.
00:18 Alex Bouillague, éditorialiste politique à France Info Télé, donc le canal 27.
00:22 Et on vous retrouve tous les jours, tous les matins pour l'interview politique à 7h45.
00:26 Bonjour Alex.
00:27 Bonjour Salia.
00:27 A vos côtés Étienne Girard, rédacteur en chef à L'Express.
00:30 Bonjour Salia.
00:30 Bienvenue Étienne. Renaud, on s'y attendait, les chiffres dévoilés par l'INSEE ce matin ne sont pas bons,
00:35 les finances publiques sont dans le rouge.
00:36 Et oui, on l'attendait ce fameux chiffre du déficit public.
00:39 Rappelons que le gouvernement s'était fixé un objectif déjà bien modeste, celui de 4,9% du PIB de déficit.
00:46 Et l'INSEE a donc dévoilé ce matin le chiffre final pour l'année 2023 et on est loin, très loin de cet objectif.
00:52 5,5% du PIB de déficit, un dérapage spectaculaire de l'ordre de 15 milliards d'euros.
00:59 Un dérapage qui inquiète au premier chef Pierre Moscovici, le premier président de la Cour des comptes,
01:03 qui dresse un tableau assez apocalyptique de l'état des finances publiques en France.
01:08 Non seulement on a 5,5% de déficit, mais on a aussi plus de 110% de dettes publiques.
01:14 Et si vous cumulez le fait que nous avons la dépense publique la plus élevée d'Europe,
01:18 et elle a augmenté de 2 points depuis la crise Covid,
01:20 que nous avons le taux de prélèvement obligatoire le plus élevé d'Europe,
01:23 que nous avons une des dettes publiques les plus élevées d'Europe,
01:25 nous sommes troisième sur le podium derrière les Italiens et les Grecs,
01:28 et en plus nous sommes les seuls dont la dette publique ne baisse pas.
01:31 Et enfin, que nous avons un des déficits, sinon le déficit le plus élevé de la zone euro,
01:36 nous sommes dans une posture qui nous oblige maintenant à des rectifications de trajectoire
01:41 et qui nous oblige à dire la vérité aux Français.
01:44 Et cette vérité elle est donc catastrophique.
01:46 Rappelons que la moyenne du déficit de la zone euro se situe à 3,2% du PIB.
01:51 La France est donc vraiment un cancre, vraiment dans le queue de la classe européenne.
01:57 L'objectif de râner le déficit à 3% en 2027 est toujours brandi par l'exécutif,
02:01 mais on voit mal comment l'atteindre.
02:03 Et Bruno Le Maire réagissait ce matin, évidemment, en pointant la chute des dépenses,
02:09 enfin les moindres recettes fiscales qui expliquent ce déficit qui s'est creusé.
02:14 Et pour autant d'ailleurs, même si les rentrées fiscales sont bien moindres qu'espérées,
02:18 le ministre de l'économie et des Finances répète qu'il est hostile à toute augmentation d'impôts.
02:22 Alex.
02:23 La question qu'on peut se poser c'est est-ce qu'effectivement on a atteint la cote d'alerte ?
02:27 Alors il y a les plus pessimistes qui disent que c'est un drame,
02:31 qu'on perd en crédibilité au niveau européen,
02:34 qu'on risque d'être déclassé sur les marchés financiers.
02:38 Si on entend la droite aujourd'hui, on va droit à la faillite,
02:42 puisque nous sommes dans un scénario à la grecque,
02:45 et qu'on perd effectivement totalement notre acquis.
02:49 Et puis si on entend les plus optimistes,
02:51 les plus optimistes disent que finalement ce n'est pas si grave,
02:54 que la France est quand même extrêmement solide,
02:56 que la France justement ce n'est pas la Grèce,
02:58 qu'il n'y a pas de faillite en vue, qu'un coup de croissance ça repart.
03:03 La vérité elle est sans doute un petit peu au milieu.
03:05 C'est vrai que ce déficit ce n'est absolument pas un bon signal,
03:08 parce que la France sans dette ce n'est pas pour faire des investissements,
03:13 c'est juste pour financer son train de vie.
03:15 Et donc ça forcément ce n'est pas bon,
03:17 et puis la dette un jour il faut la rembourser,
03:19 et on est à ce niveau-là.
03:21 Et si on veut la rembourser, ça veut dire des hausses d'impôts,
03:25 ça veut dire un pays plus pauvre, un pays moins compétitif.
03:28 Donc oui, ça va finir mal, ça va finir très mal,
03:32 mais est-ce qu'on en est là aujourd'hui ? Je ne suis pas certaine.
03:38 - Ah, vous n'êtes pas pessimiste aussi ?
03:41 - Voilà, moi j'ai envie de voir le verre à moitié plein.
03:45 - Bon, en tout cas, où trouver des économies ?
03:46 Parce que c'est bien ça l'objectif du gouvernement,
03:48 où trouver des économies, où trouver de nouvelles recettes ?
03:51 On continue d'en parler juste après le Fil info à 9h10 de Claire Chicaglini.
03:54 - Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée à l'Agriculture,
03:59 se dit ouverte au débat sur la taxation des super-profits
04:02 pour Bruno Le Maire.
04:03 La question est tranchée, il n'y aura pas de hausse d'impôts
04:05 malgré le déficit budgétaire de 2023.
04:08 Il se monte à 5,5% du PIB.
04:10 Deux suspects dans l'attentat de Moscou
04:12 voyageaient librement entre la Russie et la Turquie,
04:15 c'est ce qu'annonce un responsable d'Ankara ce matin.
04:17 Hier, le Kremlin a reconnu que l'attaque avait été perpétrée par des islamistes,
04:22 mais Vladimir Poutine persiste à pointer la responsabilité in fine de l'Ukraine.
04:26 Emmanuel Macron sur la base spatiale de Kourou en Guyane ce matin.
04:30 Le chef de l'Etat se rendra ensuite pour trois jours au Brésil.
04:33 Une visite pour renforcer la coopération environnementale
04:36 avec ce géant sud-américain.
04:38 Sept personnes sont portées disparues après l'effondrement
04:41 d'un pont à Baltimore aux Etats-Unis.
04:43 La structure a été percutée par un cargo il y a quelques heures.
04:58 Les informés sont de retour avec Alex Bouyaga,
05:00 éditorialiste politique à France Info TV,
05:02 avec Renaud Dely aussi,
05:04 et Étienne Girard, rédacteur en chef à L'Express.
05:06 Il y a un chiffre qui circule dans l'opposition.
05:08 900 milliards de déficits supplémentaires depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron en 2017,
05:14 à l'arrivée au pouvoir du président de la République.
05:17 Comment on en est arrivé là ?
05:20 Procrastination.
05:21 Vous savez, ce phénomène psychologique qui consiste à remettre au lendemain
05:25 ce qu'on pourrait faire le jour même.
05:28 Mais moyennant un effort et moyennant une confrontation publique
05:33 quand on est une personnalité politique.
05:36 Et on voit bien en France qu'il y a un problème d'acceptation.
05:39 Non seulement d'une hausse supposée des impôts,
05:43 mais d'une baisse supposée de la dépense publique.
05:48 Dès qu'on annonce qu'on va moins rembourser tel ou tel frais,
05:52 qu'il va falloir faire des économies sur tel ou tel poste de dépense,
05:56 dès qu'on annonce une taxe, c'était quand même juste le sens de la crise des gilets jaunes.
06:01 On sent bien que le corps social réagit extrêmement mal
06:04 et que dans la population, on n'a pas du tout atteint ce niveau de maturité
06:09 qui fait dire "bah oui, il va falloir se préoccuper de cette dette".
06:13 Vous citez ce chiffre de 900 milliards depuis qu'Emmanuel Macron est président de la République.
06:18 On peut citer le chiffre global, plus de 3 000 milliards d'euros de dettes.
06:25 Et on en est à parler de postes de dépense, de baisse de tel ou tel poste de 2 ou 3 milliards
06:32 qui constituerait des potions amères extrêmement difficiles pour la population.
06:37 On voit bien qu'on a un mur face à nous et un de ces jours, on finira bien par le prendre.
06:43 On a énormément d'atouts, la France.
06:45 Effectivement, on n'est pas au bord du défaut parce que la France a beaucoup de ressources.
06:52 Néanmoins, ces dettes, ces 3 000 milliards, ne serait-ce que pour en rembourser la moitié,
06:58 il faudrait 30 milliards d'économies par an pendant 50 ans.
07:04 Rendez-vous compte, on va laisser aux générations futures une situation désastreuse.
07:09 Là, ce qui est sur le papier, c'est 50 milliards d'économies d'ici à 2027.
07:12 C'est ce que dit le président de la Grande Economie, Pierre Moscovici.
07:14 C'est l'objectif.
07:15 Comment on y arrive ?
07:16 C'est l'objectif minimal.
07:17 Il va falloir couper effectivement un certain nombre de dépenses publiques.
07:19 Il va falloir probablement en un autre augmenter un certain nombre d'impôts,
07:22 même si le taux de prélèvement obligatoire est le plus élevé de la zone euro.
07:25 Mais il y a peut-être des impôts sur les sociétés, sur des super profits, etc.,
07:30 qui sont envisageables.
07:31 Avant d'en arriver là, effectivement, Etienne Girard a raison de remettre en perspective.
07:35 Si on en est arrivé là, je pense qu'il y a d'abord un grand mensonge collectif
07:38 des responsables politiques depuis des décennies.
07:41 Pas de budget en équilibre depuis 50 ans.
07:44 Pas de budget en équilibre depuis 50 ans et une dette publique qui n'a cessé de se creuser,
07:47 des déficits publics qui n'ont cessé de se creuser.
07:49 Et effectivement, depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron,
07:52 la situation est de plus en plus catastrophique.
07:54 Alors, le gouvernement évoque effectivement un certain nombre de crises qui existent,
07:58 qui a commencé par la crise du Covid, mais le Covid a bon dos, si j'ose dire.
08:02 On sait bien que le premier responsable de cette situation aujourd'hui,
08:04 c'est Emmanuel Macron, qui a toujours fait preuve d'une forme de dilettantisme
08:07 en matière de finances publiques, y compris d'ailleurs même lorsqu'il était à l'économie,
08:12 sous le mandat de François Hollande.
08:14 Ce n'était pas sa principale préoccupation et tous ceux qui le connaissent bien le racontent.
08:18 Il a toujours pensé qu'avec deux, trois additions par-ci, par-là, justement,
08:21 parce que la France est la France, qu'elle est la grande France, etc.,
08:24 on s'en sortirait, y compris devant les agences de notation financière.
08:27 Ce n'est plus le cas.
08:28 La dégradation de la note financière de la France, elle est quand même très probable,
08:30 y compris en pleine campagne européenne,
08:32 d'ailleurs ce qui ne va pas arranger davantage les affaires de la majorité.
08:34 Et elle serait logique au vu de cette situation calmiteuse.
08:36 Et puis, globalement, indépendamment de ce pouvoir-là,
08:40 il y a un grand mensonge collectif qui fait que les candidats, en règle générale,
08:44 dépensent, dépensent, dépensent dans leur promesse de campagne,
08:46 parce qu'évidemment, ce n'est pas aujourd'hui le programme du Rassemblement national
08:49 ou celui de la gauche ou des insoumis, etc.,
08:52 qui sont en mesure de résorber cette situation.
08:55 Au contraire, ils creuseraient encore davantage, évidemment, cette situation.
08:59 Et tout un tout dernier point, d'un point de vue politique aussi,
09:02 c'est quand même un échec terrible pour Bruno Le Maire.
09:05 Sept ans à Bercy pour en arriver à cette situation, à cet état des finances publiques.
09:12 Bruno Le Maire, depuis déjà d'ailleurs, c'est vrai,
09:14 pendant des mois tire la sonnette d'alarme en disant "attention, les temps sont durs
09:17 et il va falloir se serrer la ceinture", sans aucun effet.
09:19 Au contraire, d'ailleurs, l'effet est contraire, l'effet est exactement inverse.
09:24 Et donc, c'est vrai que ça remet en cause son bilan.
09:25 Et au-delà, donc, évidemment, le bilan global des deux mandats d'Emmanuel Macron,
09:29 parce que les résultats économiques étaient supposés être figurés
09:35 en tête de la colonne crédit dans le bilan du macronisme.
09:38 Ce n'est plus le cas.
09:38 – Il y a la question, Bruno Le Maire le disait ce matin,
09:41 il faut chercher des économies.
09:42 Mais sur la question des recettes, pas question d'augmenter les impôts.
09:46 Il s'oppose à un moment.
09:47 – Ça reste effectivement encore un tabou, un totem.
09:50 C'est vrai que c'est le marqueur d'Emmanuel Macron qui répète ça depuis 2017.
09:55 C'est vrai que la priorité aujourd'hui, c'est de relancer la croissance,
09:59 effectivement de diminuer aussi la dépense publique.
10:01 Mais on a un petit peu du mal où il va pouvoir vraiment faire la différence.
10:05 On parle des collectivités locales, mais alors on imagine la bronca déjà
10:08 quand on touche à un budget de ces collectivités-là.
10:12 On parle des services, des dépenses sociales avec les affectations longues durées,
10:16 les transports sanitaires, etc.
10:19 Après, moi je ne veux pas être alarmiste au sens où,
10:22 et je vais me faire à nouveau l'avocat du diable,
10:24 où la France n'est pas la Grèce, c'est-à-dire quand la droite utilise ce scénario-là,
10:29 ce n'est pas la droite, ce n'est pas la Grèce.
10:31 Quand on voit que la France reste quand même la deuxième puissance économique
10:35 de l'Union Européenne, qu'il y a une épargne considérable,
10:37 qu'on a un recouvrement de l'impôt, on est hors catégorie,
10:40 c'est-à-dire qu'on recouvre très bien l'impôt en France,
10:44 qu'on continue de bénéficier, et c'est aussi le plus important,
10:48 de la confiance des investisseurs internationaux.
10:50 Donc c'est vrai qu'on a quand même des atouts.
10:53 – Mais on ne peut pas s'empêcher, Alix, de repenser à la fameuse phrase
10:56 de François Fillon à l'époque quand il était Premier ministre.
10:58 – 1000 milliards de déficit en 2007, quand François Fillon prononce cette phrase,
11:02 je suis à la tête des États entre faillite, 3000 milliards.
11:05 Je suis d'accord.
11:06 – La situation s'est aggravée.
11:08 – La situation s'est aggravée, mais on n'est pas la Grèce.
11:11 – Oui, mais on n'est pas la Grèce pour une raison qui me semble
11:13 un petit peu perverse en quelque sorte, c'est que si jamais effectivement
11:16 la France faisait faillite, pour utiliser cette expression
11:18 qui est un peu, c'est plus compliqué que ça, mais était effectivement
11:21 en situation de défaut, de cessation de paiement,
11:22 y compris au niveau européen, etc., les conséquences seraient telles
11:26 pour l'Union Européenne, ce serait évidemment la fin de l'Union Européenne,
11:28 que la France joue de cet argument-là.
11:29 C'est-à-dire qu'on ne peut pas être lâché parce que, en gros,
11:32 c'est le fameux argument "too big to fall", voilà,
11:34 on est trop gros pour chuter, donc on nous viendra en aide
11:37 à un moment ou à un autre.
11:37 Donc c'est ça qui est extrêmement pervers, parce que la Grèce ou l'Italie
11:41 font des efforts aujourd'hui en matière de réduction de dépense publique
11:44 et d'assainissement de la gestion de leurs finances,
11:48 bien supérieurs à ceux de la France justement, parce qu'effectivement
11:50 la Grèce d'ailleurs n'a pas été loin à un moment de sortir de la zone euro,
11:53 donc elle connaît cette menace-là.
11:54 Et la France et les responsables français continuent de vivre dans l'idée
11:58 que de toute façon, la France étant la grande France encore une fois,
12:01 elle est trop forte et trop puissante pour être lâchée un jour ou l'autre.
12:04 C'est extrêmement dangereux comme rhétorique.
12:06 – Donc il faut une prise de conscience générale, parce qu'on l'a dit,
12:08 c'est difficile de faire passer la pilule aux Français
12:11 de réduire les dépenses publiques, d'autant plus que la dépense publique
12:14 pour la moitié c'est de la dépense sociale, pour 50%,
12:17 et donc il va falloir chercher des recettes.
12:19 Et là aussi, pour les impôts, ça bloque.
12:21 Mais est-ce qu'il y a une partie des Français qu'on peut viser particulièrement ?
12:25 – La taxe sur les super-profits, elle est critiquée par la majorité
12:31 sous l'aspect "ce qui plaît aux investisseurs",
12:34 "ce qui nous permet de dégager de la croissance supplémentaire",
12:38 c'est la stabilité fiscale.
12:39 Alors ça c'est la thèse contre, la thèse pour,
12:43 c'est que même si au niveau de la dette publique, de ces immenses chiffres,
12:47 c'est pas par la taxe sur les super-profits qu'on va sauver la France,
12:50 au niveau de l'acceptation sur le corps social,
12:52 vous pouvez plus facilement faire accepter des choses à la population
12:56 si vous leur dites "ben regardez, on fait quand même aussi payer les riches
13:01 à la mesure de, et des grandes entreprises, à la mesure de ce qu'ils gagnent".
13:05 Donc c'est moins une mesure économique qu'une mesure politique et psychologique.
13:11 Maintenant il y a un autre sujet,
13:12 il va falloir qu'on le pose quand même tous collectivement,
13:15 vous citiez François Fillon, je vais citer une autre penseuse, Jacqueline Mouraud,
13:20 au début de la crise des Gilets jaunes,
13:22 "mais qu'est-ce que vous faites du pognon ?"
13:24 – Elle était à la tête des Gilets jaunes, effectivement.
13:26 – Mais c'était un propos brutal, voilà, assez familier,
13:30 mais qui pose une vraie question de politique publique,
13:34 de déficience de la dépense publique dans notre pays.
13:37 Ce n'est pas normal d'être un des pays qui met le plus d'impôts,
13:41 d'être un des pays qui a le plus de dépenses publiques,
13:44 et cette impression que pour autant tout se dégrade.
13:47 – Allez Renaud ?
13:48 – Justement, je reviens d'un mot sur la formule que j'ai utilisée
13:50 pour pointer cette rhétorique dangereuse,
13:52 je pense que ma langue a fourché, mais vous qui êtes bilingue,
13:54 vous aurez corrigé, je voulais dire "too big to fail",
13:55 qui est effectivement la logique.
13:57 – Ah oui, moi je dis "too fall", "tomber", je sais pas si…
14:00 – "Too big to fail", voilà.
14:01 – On a compris, c'est bon là, maintenant.
14:03 – Vous dites "bilingue", vous avez corrigé.
14:04 – Il a oublié de faire une traduction, il en est là.
14:07 – Les Alloïcs, tout le monde, ils respectent.
14:10 – Les informés continuent dans un instant, parce qu'il est 9h20,
14:12 et à 9h20, c'est le fil info de Claire Cheikh-Languigny.
14:14 La répression, ça ne marche pas, et ça monopolise les forces de police.
14:19 L'avis de Marine Tondelier au sujet des opérations anti-drogue XXL.
14:24 La secrétaire nationale des Verts plaide pour la légalisation du cannabis.
14:28 Depuis une semaine, près de 500 personnes ont été interpellées
14:31 lors de ces interventions appelées "places nettes".
14:34 Ouverture du congrès de la FNSEA à Dunkerque.
14:36 Pendant ce temps, à Bruxelles,
14:37 les 27 discuteront allègement des règles environnementales pour les agriculteurs.
14:42 Pierre Moscovici s'alarme de l'ampleur du déficit budgétaire pour 2023.
14:46 Il s'élève à 5,5% du PIB.
14:49 Ce dérapage place la France dans une situation fâcheuse,
14:51 estime le président de la Cour des comptes.
14:54 En tennis, au Master 1000 de Miami,
14:56 élimination de Gaël Monfils par Carlos Alcaraz.
14:59 Mais billet validé pour les quarts de finale pour Caroline Garcia.
15:04 La française est venue à bout de la numéro 3 mondiale Coco Gauffe.
15:08 Coco Gauffe pardon, 6-3-1-6-6-2.
15:10 Les informés avec Étienne Girard, rédacteur en chef à L'Express,
15:25 avec Alix Bouillaguet, éditorialiste politique à France Info TV, Canal 27.
15:29 Renaud Delis, on en vient à ce deuxième thème de ces informés,
15:33 le gouvernement se remobilise contre la menace terroriste.
15:35 Et oui, après l'attentat de Moscou, il y a quatre jours,
15:39 la France a donc rehaussé hier le plan Vigipirate à son niveau maximal,
15:42 le niveau urgence attentat.
15:44 Le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé le déploiement de moyens exceptionnels,
15:46 dit-il, avec notamment 4000 militaires supplémentaires,
15:49 déployés devant tous les lieux sensibles.
15:51 Et le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
15:53 était hier l'invité du 20h de France 2 pour pointer cette menace terroriste.
15:59 La menace est très élevée et nous devons nous armer face à cette menace
16:03 qui a touché aujourd'hui la Russie.
16:06 Je veux, comme l'a fait le président de la République,
16:08 apporter mon soutien et mes condoléances au peuple russe.
16:11 Mais elle touche toute l'Europe et tout l'Occident cette menace.
16:14 Nous déjouons beaucoup d'attentats en France,
16:16 un tous les deux mois, organisés.
16:18 Et nous pensons que l'attention des services de renseignement
16:22 et de la population française doit être réveillée.
16:25 Parce que la menace est forte, mais on n'a jamais été autant armés,
16:28 je veux le dire en français, contre le terrorisme.
16:30 Et on n'a jamais autant déjoué d'attentats.
16:33 Et depuis la Guyane où il était en visite hier,
16:35 Emmanuel Macron lui a fait savoir que la branche de l'État islamique
16:38 qui a revendiqué l'attentat de Moscou avait, selon le chef de l'État,
16:41 déjà essayé d'agir en France à plusieurs reprises.
16:44 Alors pourquoi est-ce que l'exécutif a choisi de communiquer autant hier
16:48 et puis de rehausser le niveau de protection ?
16:51 Pourquoi est-ce que l'inquiétude a-t-elle grimpé à ce point
16:55 au lendemain de l'attentat de Moscou ?
16:57 Etienne Girard ?
16:58 C'est plus politique que sécuritaire là aussi.
17:01 La menace, elle ne change pas par nature parce qu'il y a eu un attentat à Moscou.
17:06 Les menaces, on les reçoit, on les recevait ces derniers mois,
17:10 de branches d'Al Qaïda, de Daesh, de Daesh au Corasan.
17:14 Elles existent aussi sur le plan intérieur,
17:15 ce qu'on appelle le djihadisme de proximité,
17:18 c'est-à-dire quelqu'un qui n'est pas téléguidé de l'extérieur
17:20 et qui tout seul parce qu'il s'est radicalisé dans son coin
17:23 va prendre un couteau ou une arme et va essayer de tuer des gens.
17:27 On le sait, on n'est pas surpris.
17:29 En revanche, le seul point nouveau qui reste à craindre,
17:33 c'est un effet galvanisateur sur les personnes radicalisées des attentats.
17:39 Évidemment, parce qu'on en parle dans les médias,
17:43 ça laisse entendre aux terroristes qu'ils ont le vent en poupe,
17:46 qu'il y a une fenêtre de tir particulière
17:49 qu'un attentat maintenant marquerait probablement encore plus l'opinion publique.
17:55 Et c'est le but, terroriser le plus possible la population.
17:59 Donc, il y a un risque dans les jours, les semaines à venir,
18:02 de copycat terroriste sur le modèle de ces tueurs qui imitent les tueurs en série.
18:08 C'est pour ça que Gérald Darmanin dit "la population doit être réveillée".
18:11 Oui, en fait, il y a une petite ligne de crête pour le gouvernement sur ce dossier-là.
18:15 On est quand même à quatre mois des Jeux olympiques.
18:18 Donc, il faut à la fois ne pas être dans le déni,
18:20 donc exposer clairement les choses, dire les choses.
18:23 Et c'est vrai qu'on a vu quand même hier une opération commando
18:25 qui a commencé le matin avec Emmanuel Macron de Guyane,
18:28 ou même la veille au soir,
18:30 ensuite Gabriel Attal, Garcin Lazare,
18:32 et qui finit avec, sur le pateau du 20 heures de France 2 hier, Gérald Darmanin.
18:37 Et c'est vrai que Gérald Darmanin, et comme les deux autres d'ailleurs,
18:40 dit que cette menace est très élevée.
18:42 Et il va assez dans le détail sur comment cette menace a évolué.
18:46 Il nous expliquait qu'effectivement, il y a 14 attentats qui ont été déjoués depuis 2020.
18:50 Ça veut dire que c'est un tous les deux mois.
18:52 Donc, ce n'est pas juste un effet de manche pour faire de la com'.
18:56 Je pense qu'il y a une vraie préoccupation.
18:58 Je disais pas de déni et pas non plus d'affolement.
19:00 L'idée, ce n'est pas de paniquer les Français, mais c'est plutôt de leur dire,
19:04 "Soyez-vous aussi vigilants à nos côtés parce que la menace est là,
19:08 et la menace, elle évolue aussi,
19:10 ce qui fait qu'on a peut-être de plus en plus de mal à la contrôler".
19:12 Avec une menace effectivement tous azimuts et puis de différents ordres,
19:15 comme l'a dit aussi Gérald Darmanin hier, puisqu'il parle d'une menace endogène,
19:18 et c'est celle à laquelle faisait allusion Étienne Girard à l'instant,
19:21 et on l'a connue, y compris encore ces derniers mois d'ailleurs.
19:24 Donc, des individus qui se radicalisent et qui agissent et qui tuent
19:29 sans organisation, on va dire, préalable, collective,
19:32 sans qu'un commando ait été monté.
19:33 Et puis, la menace exogène.
19:36 Et évidemment, l'attentat de Moscou réveille ce spectre-là
19:39 et a rappelé à tout le monde les attentats du 13 novembre 2015 à Paris,
19:43 et en particulier l'attaque du Bataclan.
19:46 Et donc, l'État islamique qui est à l'origine de la plupart,
19:50 de la totalité je crois d'ailleurs, des attentats déjoués de ces dernières années,
19:54 selon le ministère de l'Intérieur.
19:55 Et puis le fait qu'à Moscou, c'est visiblement l'envoi de terroristes
20:00 venus de l'étranger qui agissent dans un autre pays.
20:04 Donc, une organisation, une préparation minutieuse, etc.
20:07 Et c'est ce spectre-là aussi qui, me semble-t-il, attise cette vigilance,
20:13 cette crainte, à fortiori bien sûr, à l'approche des Jeux olympiques.
20:17 Donc, c'est à la fois un message à destination de l'opinion,
20:19 qui est à la fois rassurant et anxiogène, ce message.
20:21 Mais c'est aussi la peur qui peut conduire à se montrer plus vigilant, bien sûr.
20:25 Et puis aussi, je pense aussi indirectement à l'attention du monde politique,
20:28 parce que c'est vrai que c'est un sujet sur lequel, en tout cas,
20:31 avant qu'une éventuelle catastrophe ne soit produite,
20:34 il est difficile de polémiquer le renforcement du plan Vigipérate,
20:37 le déploiement de renforts policiers ou militaires.
20:41 – On ne peut pas critiquer…
20:42 – Enfin, Marine Le Pen a vaguement quand même commencé,
20:44 il me semble que sur Twitter, elle disait que ce n'était pas
20:47 4 000 soldats dans les rues qui allaient changer les choses.
20:49 – Oui, c'est vrai.
20:50 Et étonnamment, Marine Le Pen a déjà commencé à critiquer,
20:53 vous avez raison de le rappeler, Alex Béguel.
20:54 – Qui relie le risque terroriste toujours à cette immigration
20:57 qu'elle juge incontrôlée.
20:58 – Oui, et puis c'est vrai que c'est le talon d'Achille d'Emmanuel Macron,
21:01 même si depuis 2017, il y a eu la loi séparatisme,
21:04 il y a eu quand même un certain nombre de choses qui font
21:06 qu'on a quand même le sentiment qu'on est mieux protégé aujourd'hui qu'avant.
21:08 – Et même si, sur un point bien précis,
21:10 on le voit avec ce qui s'est produit à Moscou,
21:12 et là, les démocraties en règle générale,
21:14 et toutes les démocraties européennes d'ailleurs,
21:16 et même au-delà, ont été frappées par le terrorisme islamiste
21:19 ces dernières années, ne sont pas plus mal armées finalement
21:22 pour se défendre qu'un régime dictatorial comme celui
21:25 qui est au pouvoir en Russie et qui vient de subir cette tragédie.
21:28 – Oui, merci beaucoup, merci à tous les trois,
21:31 Alex Bouyaga, éditorialiste politique, à France Info TV,
21:34 je le rappelle, on vous retrouve tous les matins à 7h45
21:36 pour l'interview politique sur le Canal 27.
21:39 Etienne Girard, merci à vous, rédacteur en chef à l'Express.
21:41 Allez vite, on profite pour jeter un coup d'œil sur la Une de cette semaine.
21:45 Comment le 7 octobre a changé le monde ?
21:48 Comment les équilibres géopolitiques ont changé depuis l'attaque du Hamas ?
21:51 C'est la Une de l'Express, gros dossier à lire.
21:55 – À l'acheter dans tous les bonkiots de France et de Navarre,
21:58 d'urgence !
22:00 – Tant pis pour les mauvais !
22:02 – Merci beaucoup Renaud, les informés sont de retour ce soir.
22:06 – C'est un peu récurrent, c'est vrai.
22:08 – À 20h, avec Béranger en vente.
22:10 Les bon kiosques, c'est ça.
22:11 – Merci.
22:12 *musique*