Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, l'État qui décide de "porter plainte" pour "dénonciation calomnieuse" contre l'élève qui avait accusé à tort le proviseur de son lycée à Paris de l'avoir violentée après son refus d'enlever son voile.
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00:00 - Europe 1 - Pascal Prohevo
00:02 - Et avec vous de 11h à 13h, Pascal.
00:05 - Il est 11h45, en décor de recul sous la menace.
00:08 C'est la une du quotidien.
00:09 On va être tout à l'heure avec Philippe Bechot qui est proviseur à Paris.
00:12 Mais je voulais peut-être que nous écoutions Gabriel Attali, qui était hier soir sur TF1.
00:16 - J'ai décidé que l'État allait porter plainte contre cette jeune femme pour dénonciation calumnieuse.
00:22 Ça me permet de rappeler que l'État, l'institution, sera toujours aux côtés de ses agents,
00:28 de ceux qui sont en première ligne face à ses atteintes à la laïcité,
00:31 face à ses tentatives d'antrisme islamiste dans nos établissements scolaires.
00:36 Je rappelle que cet antrisme, que ces coups de boutoir,
00:39 ont fait récemment deux victimes dans la famille de l'éducation nationale,
00:43 Dominique Bernard et Samuel Paty.
00:45 Il ne faut rien laisser passer et je ne laisserai jamais rien passer en la matière.
00:49 - Jean-Pierre Robin, il est ancien inspecteur de l'éducation nationale.
00:53 Il était l'invité de Sonia Mabrouk ce matin à 8h10 sur Europe 1.
00:57 Et sur ces news.
00:58 - Je suis persuadé que pour les islamistes, c'est une victoire.
01:01 Et qu'ils la savourent comme telle.
01:04 Qu'une jeune fille, par le simple fait de provoquer un proviseur,
01:09 réussisse à le faire démissionner de son poste,
01:14 et à le faire quitter de ce poste,
01:16 est pour eux une victoire certaine.
01:19 Et pour la République, un épisode peu glorieux.
01:22 Qu'on n'ait pas réussi à retenir ce proviseur,
01:25 à le protéger,
01:27 et à faire en sorte que, dans cet affrontement,
01:30 qui avait été provoqué, qui était voulu, qui était volontaire,
01:34 ce ne soit pas l'école qui l'emporte, la République qui l'emporte,
01:37 mais ses adversaires,
01:39 c'est quand même quelque chose qu'on peut appeler,
01:42 comme certains, une capitulation, en tout cas une défaite.
01:45 - N'hésitez pas à réécouter entièrement cette interview,
01:48 parce qu'elle est sidérante, fascinante.
01:50 C'est Jean-Pierre Robin, ancien inspecteur de l'éducation nationale.
01:53 Il est sombre, également, cette interview,
01:55 parce que le diagnostic qu'il donne n'est pas optimiste.
02:01 Il dit qu'il n'y a plus aucun territoire épargné.
02:04 - Les chiffres qu'on possède aujourd'hui montrent qu'il n'y a plus aucun territoire épargné,
02:10 même l'enseignement privé, dans une certaine mesure.
02:13 Plus aucune discipline, même l'enseignement primaire,
02:16 où 25% des instituteurs disent avoir déjà vécu des contestations de cours.
02:22 - 25% ? De la part de leurs élèves ou de la part de parents d'élèves ?
02:25 - C'est effrayant et c'est un livre qui vient de sortir,
02:28 "Les profs ont peur", la culture du pas de vague, à présent.
02:31 - La culture du pas de vague est une culture qui imprègne l'éducation nationale
02:35 et contre laquelle il est très difficile de lutter, en tout cas sur le court terme.
02:40 - Je vous propose également d'écouter Didier Lemaire,
02:43 c'est le professeur de philosophie,
02:44 il était invité ce matin de Dimitri Pavlenko,
02:47 et souvenez-vous, c'est le professeur de philosophie qui avait été à Trappes
02:51 et qui avait été sorti de la ville de Trappes.
02:53 - Il n'était plus possible pour moi, étant donné le degré de menace,
02:57 - Pour raison de sécurité.
02:58 - J'ai vécu sous protection policière pendant des mois,
03:01 il n'était plus possible de me rendre dans un établissement scolaire,
03:04 je le déplore et je le regrette.
03:05 - C'est la même situation que le proviseur.
03:07 - Oui, j'ai exercé un métier magnifique,
03:09 transmettre la liberté de pensée, au fond,
03:13 c'est peut-être un des plus beaux métiers du monde.
03:15 - Ça vous manque ? - Oui, ça me manque, oui.
03:17 - Mikaël Paty, quelle a sœur de Samuel Paty,
03:19 elle était l'invitée ce matin de BFM.
03:21 - De quoi est mort votre frère ? Comment vous qualifieriez les choses ?
03:25 - D'un abandon. D'un abandon.
03:28 Le fait d'attendre, de savoir s'il allait se passer quelque chose,
03:31 c'est une somme de l'HT qui fait qu'en cumule,
03:35 donc effectivement, on a un terroriste qui va agir,
03:39 on a une mouvance islamiste derrière,
03:41 qui a activé tout ce qu'il pouvait pour faire monter la sauce,
03:45 mais on a également ceux qui auraient dû le protéger.
03:50 - Ce qui est terrible, c'est que tout ça est connu depuis des années,
03:53 le rapport Robin, il a plus de 20 ans,
03:55 et je lisais Florence Bergeau-Blaisclerc,
03:58 qui est une essayiste et qui intervient régulièrement d'ailleurs,
04:01 sur l'antenne d'Europe 1, et je lis ses tweets qu'elle a produits il y a quelques heures,
04:06 nous n'avons rien appris depuis 40 ans, c'est incontestable.
04:09 Le voile n'est que le symptôme d'une stratégie frériste
04:13 que l'on connaît bien à l'université,
04:16 et elle dit également "mais les études sur le frérisme sont devenues taboues,
04:20 ce qui ne permet plus de comprendre ce qui nous arrive,
04:23 les français ne se sentent pas protégés,
04:25 et cela veut induire des comportements de retrait".
04:29 L'islamisme a gagné, c'est la tendance ce matin de tous les journaux,
04:33 mais l'islamisme a gagné, c'est la question que je vais peut-être poser à l'instant à Philippe Bechaud,
04:40 qui est avec nous, bonjour M. Bechaud, vous êtes professeur à Paris,
04:44 vous êtes secrétaire général du syndicat national des personnels de direction,
04:48 merci d'être avec nous.
04:49 - Oui, bonjour.
04:51 - Le rectorat a expliqué que le proviseur
04:57 se retirait pour des raisons de, pour convenance personnelle,
05:01 alors qu'on sait que c'est pour des raisons de sécurité,
05:04 et madame Belloubet hier a dit cette chose invraisemblable,
05:08 il ne démissionne pas, il se met en retrait,
05:12 une manière de minimiser les choses.
05:14 Quelle est votre réaction M. Bechaud ?
05:16 - Je ne pense pas qu'on essaie de minimiser,
05:18 on a un collègue, alors je n'ai pas les détails de l'affaire,
05:21 puisque évidemment je ne suis pas dans cet établissement-là,
05:24 en revanche, le collègue a été mis en difficulté,
05:28 et c'est un sentiment personnel,
05:30 donc sa réaction et sa décision,
05:32 bon, lui appartient,
05:34 je pense que l'objet, ce qui a pu être dit par le rectorat et par la ministre,
05:39 c'est évidemment pour protéger notre collègue
05:42 qui a été mis en grande difficulté.
05:44 - C'est étonnant, parce que moi je ne l'imagine pas comme ça,
05:46 d'autant que Gabriel Attal n'est pas sur cette ligne.
05:50 - Notre collègue a quand même été en difficulté,
05:53 - Ah non, mais qu'il soit en difficulté, oui,
05:55 mais ce n'est pas pour convenance personnelle,
05:57 c'est pour des raisons de sécurité.
05:59 Les mots ont un sens.
06:01 Moi en tout cas, je l'ai interprété comme ça,
06:03 j'ai trouvé que Gabriel Attal dit plutôt des choses,
06:07 mais plutôt des mots sur la situation,
06:10 qui me paraissent correspondre à la réalité,
06:13 et j'ai le sentiment, je le répète, que quand Madame Belloubet dit
06:16 "il n'a pas démissionné, il se met en retrait et il sera payé jusqu'au mois de juin",
06:20 j'ai l'impression que c'est une manière de ne pas parler de l'essentiel.
06:22 L'essentiel, c'est quoi l'essentiel ?
06:25 C'est que vous avez une élève
06:27 qui veut entrer avec un voile dans un établissement,
06:31 vous avez un proviseur qui dit non,
06:34 et à l'arrivée c'est le proviseur qui est viré,
06:36 ou en tout cas qui s'en va.
06:38 Qui s'en va.
06:40 Et c'est pour ça que M. Aubin dit d'ailleurs
06:42 "les islamistes, ils doivent bien rigoler,
06:45 ils ont gagné !"
06:47 - Oui, mais sans doute, le problème de ce collègue...
06:50 - "Sans doute", c'est l'essentiel !
06:52 - Oui, c'est l'essentiel, mais ce qu'on n'a pas,
06:54 et on n'a pas la position de notre collègue,
06:56 c'est pourquoi à un moment donné, il a lui dit...
06:59 - Parce qu'il a peur !
07:01 - Oui, mais ça ne pouvait pas l'empêcher !
07:03 - Oui, mais personne n'a dit qu'il ne voulait plus travailler,
07:06 c'est-à-dire qu'il a dit "je ne suis plus en mesure de travailler" !
07:10 - Ça je ne sais pas, monsieur, je n'ai pas vu...
07:14 - Autrement il ne partirait pas s'il pouvait faire son travail !
07:17 - Tout à fait !
07:18 - C'est pas parce qu'il est malade !
07:21 Il estime qu'il ne peut plus travailler dans cet établissement,
07:24 il est menacé de mort !
07:26 - Tout à fait !
07:28 - Vous dites "tout à fait", mais j'ai l'impression
07:30 que vous ne partagez pas tout à fait mon analyse !
07:33 - Ce que je ne partage pas, c'est que je n'ai pas,
07:36 et vous non plus, vous n'avez pas les éléments
07:38 qui ont conduit notre collègue à prendre cette décision !
07:40 - Mais si je les ai ! Vous les avez, nous les avons !
07:43 Pourquoi vous dites que vous ne les avez pas ?
07:45 Pardonnez-moi, mais j'interprète votre attitude comme un déni !
07:48 On les a !
07:49 - Absolument pas, monsieur !
07:50 - On sait ce qui s'est passé !
07:51 - Absolument pas !
07:52 - On sait ce qui s'est passé !
07:54 Vous dites que vous n'avez pas les éléments, c'est clair !
07:57 Il a été menacé de mort, il s'est interposé avec un élève,
08:00 il est menacé de mort et il est obligé de partir !
08:02 C'est ça les éléments ! Il n'y en a pas d'autres ?
08:05 - Oui, mais je veux dire, il n'y a pas de démarche volontaire...
08:08 - En fait, ça ne s'appelle pas de vagues ce que vous êtes en train de faire, monsieur Beuchaut !
08:11 - Pardon ?
08:12 - Ce que vous êtes en train de faire, ça ne s'appelle pas de vagues !
08:14 - Absolument pas ! Non, non, il y a un vrai problème !
08:16 - Vous dites que vous n'avez pas les éléments, vous les avez les éléments !
08:20 - Le problème, c'est un vrai problème de pouvoir assurer notre mission
08:25 de défense du service public et des valeurs de la République.
08:28 Il est là le problème !
08:29 Ce n'est pas le fait que notre collègue, pour différentes raisons,
08:33 ne se sent plus capable d'assumer sa mission parce qu'il a peur,
08:36 parce qu'il a été menacé.
08:38 Et là, personne ne fait de déni, simplement,
08:40 ce n'est pas en focalisant sur ce problème-là qu'on va résoudre le problème.
08:44 - Bah si, justement, c'est en focalisant sur ce problème-là, si !
08:48 Précisément, monsieur !
08:49 - Non, je ne suis pas d'accord, monsieur !
08:50 - Mais parce que ce problème-là est un exemple qui montre l'état dans lequel
08:56 certains lycées, pas tous, je l'espère, mais certains lycées sont !
09:01 Et c'est ce que dit monsieur Aubin, tout le monde a peur !
09:04 Les profs ont peur, personne ne dit plus rien !
09:07 C'est la démission !
09:09 C'est précisément parce qu'il faut se focaliser !
09:11 C'est en fait tout le contraire !
09:13 Et quand vous dites qu'il ne faut pas se focaliser une nouvelle fois,
09:15 pardonnez-moi, je ne suis pas d'accord avec vous !
09:17 Ce n'est pas de vague !
09:20 Vous dites qu'il ne faut pas se focaliser, si, il faut se focaliser !
09:23 C'est l'exact contraire !
09:25 - Non, je ne suis pas d'accord avec vous !
09:27 - Et bien c'est pour ça que depuis 40 ans, on est là où on est !
09:31 - Alors, je ne pense pas qu'il y ait plus d'événements aujourd'hui qu'il y a 20 ans
09:35 lorsque l'on a mis en place la loi sur la LICT...
09:37 - Non mais vous n'êtes pas sérieux, monsieur Bechaud !
09:39 Il n'y a pas plus d'événements aujourd'hui qu'il y a 20 ans ?
09:41 - Non !
09:43 - Ah bon, bah tout va bien !
09:45 - Non, non, non, je ne me fais pas dire ce que je n'ai pas lu !
09:49 - C'est l'exact contraire de ce que dit monsieur Aubin !
09:51 Il suffit de parler avec un prof pour savoir que...
09:54 Vous vous rendez compte que ce matin, monsieur Aubin,
09:56 dit qu'on ne peut même plus dire à un élève, par exemple,
09:59 "tu écris comme un cochon" ?
10:01 Et vous venez me dire qu'il n'y a pas plus de problèmes qu'il y a 20 ans dans l'école de la République ?
10:05 - Il y a des problèmes très différents !
10:07 - Ça va contre tout ce que j'entends matin, midi et soir !
10:11 - Non, non, monsieur, il n'y a pas de...
10:13 Ne déformez pas mes propos !
10:15 - Bah je les répète, vous me dites qu'il n'y a pas plus de problèmes qu'il y a 20 ans !
10:18 - Non, non, non, je pense que les auditeurs entendent ce que j'ai dit...
10:20 - Vous avez dit qu'il n'y a pas plus de problèmes qu'il y a 20 ans ?
10:22 - Ils sont différents, monsieur !
10:24 C'est-à-dire que quand on regarde le nombre de faits d'atteinte à la laïcité...
10:28 - Il y a monsieur Bernard qui vient de mourir !
10:30 Il y a monsieur Paty qui vient de mourir !
10:32 Et vous me dites qu'il n'y a pas plus de problèmes qu'il y a 20 ans !
10:35 Mais vous êtes sérieux ? Pardonnez-moi de le dire comme ça !
10:38 - Mais monsieur, par exemple, on va revenir
10:41 au débat qu'il y a eu en août sur le rappel de la loi de 2004
10:46 sur le port de signes ostentatoires d'appartenance religieuse.
10:51 Il y a eu un long débat, il y a eu un rappel de l'interdiction du port de la Baïa,
10:55 il y a eu 67 cas de refus sur 12 millions d'élèves.
11:00 Ça ne veut pas dire qu'il faut négliger et ne pas régler le problème,
11:04 et là-dessus je partage totalement l'analyse sur le fait qu'il y a des choses inacceptables qui se passent,
11:09 et ce qui s'est passé au lycée Maurice-Lavelle est inacceptable.
11:13 Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de travail à faire,
11:17 que le travail n'est pas fait, mais il ne faut pas se tromper d'objet de réflexion.
11:22 L'objet est de savoir comment nous pouvons mettre en place un certain nombre de choses
11:28 pour que tous les fonctionnaires d'État puissent assurer leur mission pleinement,
11:33 sans être mis en difficulté, sans être menacés.
11:36 Et ça c'est important et c'est fondamental.
11:39 C'est-à-dire que notre collègue a été en difficulté,
11:42 et ça lui appartient de savoir pourquoi il a arrêté.
11:45 Ce n'est pas acceptable d'en arriver là, c'est scandaleux, on est d'accord,
11:49 mais ça n'empêche que le curatif n'est pas l'essentiel.
11:54 Il faut travailler en amont pour savoir comment on peut avoir un débat
11:59 en respect de la laïcité dans les établissements scolaires,
12:01 pour former des citoyens responsables qui seront capables d'avoir une analyse et un respect de chacun.
12:06 La laïcité, je rappelle son objectif de la loi de 1905,
12:09 c'est de permettre à chacun d'avoir une totale liberté de conscience, de croyance, comme il le souhaite,
12:14 et de ne pas mettre ça en avant sur le lieu de l'école et même dans le fonctionnement de la République.
12:20 - Monsieur Bouchot, je vais vous remercier.
12:22 Vous me permettrez de ne pas être tout à fait d'accord,
12:25 et ce que je trouve incroyablement étonnant et même choquant,
12:28 c'est qu'il a expliqué, après les deux morts qu'il y a eu dans les établissements scolaires,
12:32 qu'il n'y a pas plus de problèmes qu'il y a 20 ans.
12:34 Je dois dire que cette phrase-là, je n'imaginais pas que quelqu'un de l'Éducation nationale puisse me la dire.
12:39 Mais ce n'est pas grave, c'est votre avis, et c'est la liberté de parole et d'expression.
12:43 Je vous remercie beaucoup, monsieur Bouchot.
12:45 Vous êtes secrétaire, vous représentez le syndicat national unitaire des personnels de direction de l'Éducation nationale.
12:53 Il est 11h58. Merci à vous, et bonne journée.
12:56 Et pour réagir avec Pascale Pro, sur Europe 1, 0 1 80 20 39 21, 11h13, c'est Pascale Pro et vous sur Europe 1.
13:02 Que se passe-t-il, monsieur Olivier Guenec ?
13:14 Parce que notre émission n'a pas eu le temps de beaucoup échanger ensemble aujourd'hui.
13:18 La légèreté n'était pas de mise.
13:20 Pascal, on va être avec Gabriel, qui est un élève du lycée Maurice Ravel à Paris.
13:27 Et je pense que l'échange que nous avons eu avec monsieur Bouchot fera réagir nos auditeurs.
13:34 Je ne sais pas si monsieur Dona Vidal-Revel, qui vient d'entrer dans le studio, l'a entendu, mais nous étions peut-être un peu surpris.
13:40 Pour le moment, on est avec Gabriel, qui est un élève du lycée Maurice Ravel. Bonjour.
13:46 Bonjour.
13:47 Et merci d'être avec nous.
13:49 Je vous en prie.
13:51 Ce proviseur, vous le connaissiez, j'imagine ?
13:53 Très peu, finalement, très peu. On le voyait peu et moi j'ai dû échanger directement une seule fois avec lui.
14:00 Il y a combien d'élèves dans ce lycée ?
14:03 Au total, si on prend en compte tous les niveaux, on doit être à peu près 2000.
14:08 Vous, vous êtes en quelle classe ?
14:10 Je suis en terminale.
14:12 Depuis combien de temps vous êtes dans ce lycée ?
14:14 Trois ans, depuis la seconde.
14:16 Si vous deviez décrire le climat de ce lycée, vous diriez quoi ?
14:22 En général, c'est assez calme.
14:26 Ça a été un peu moins après ces événements, il y a un mois du coup.
14:31 Ça veut dire quoi en général ?
14:34 C'est qu'il ne se passait jamais rien, même en termes de blocus, etc. On était très peu actifs.
14:42 Moi je connais peu, évidemment, aujourd'hui la jeune génération, vous avez 17-18 ans.
14:48 Est-ce que par exemple dans votre classe, il y a des jeunes gens qui fument du cannabis
14:53 et qui peuvent se ravitailler dans un point de deal tout près de ce lycée ?
15:00 Pas à ma connaissance.
15:02 Peut-être, mais je n'en ai aucune idée.
15:05 Vous, vous ne fumez pas ?
15:07 Non.
15:08 On me dit qu'aujourd'hui, il y a beaucoup de jeunes gens de votre âge notamment,
15:13 dans la première terminale, quand on arrive à avoir 16, 17 ou 18 ans, qui sont des consommateurs réguliers de cannabis.
15:20 Mais vous me dites non.
15:22 Non, moi non, pas du tout.
15:24 C'est important votre témoignage, bien évidemment.
15:27 Je vous rassure, vous ne parlez pas sous serment, Gabriel.
15:32 On a le droit de garder un peu de légèreté dans nos échanges.
15:35 La troisième chose qu'on nous dit parfois, c'est la présence ou l'influence dans les lycées d'un courant islamiste.
15:44 Est-ce que vous le ressentez ?
15:46 Un courant islamiste présent dans le lycée ?
15:49 Non, je ne le ressens pas, personnellement.
15:51 Une influence des personnes qui souhaitent faire passer des idées religieuses,
15:59 et en l'occurrence, plutôt islamistes que d'autres idées.
16:03 Non, moi je ne ressens pas ça, personnellement.
16:06 Dans votre classe, par exemple, il n'y a pas eu de manifestation de demande religieuse,
16:12 ou de garçons, ou de jeunes filles.
16:15 Non, pas du tout.
16:16 Donc vous connaissiez cette jeune fille qui était entrée avec un voile dans le lycée Maurice Ravel ?
16:22 Non, je ne l'ai jamais vue, je ne sais pas qui c'est.
16:26 Bah écoutez, tout va bien alors, si je devais résumer la situation au lycée Maurice Ravel.
16:32 Donc c'est important que vous apportiez ce témoignage.
16:34 Surtout que ça s'est écalé quand même dans le lycée.
16:36 Mais avec les événements de la semaine dernière, ça a pu reprendre un peu les menaces d'attentats qu'on a reçus.
16:46 Et je rappelle que le lycée Maurice Ravel est dans le 20e arrondissement de Paris, bien évidemment.
16:51 Mais c'est important, parce que, alors il y a des témoignages parfois qui sont contradictoires,
16:55 mais c'est intéressant qu'un jeune homme vienne nous dire,
16:59 écoutez, ce n'est pas exactement la situation qui est décrite ici ou là,
17:02 parce que, alors ça n'a de valeur bien sûr que d'un témoignage, bien sûr,
17:07 mais c'est quand même intéressant.
17:09 Vous habitez où, Gabriel ? Vous habitez dans le 20e arrondissement ?
17:12 Oui, moi je suis du 20e arrondissement.
17:15 Et qu'est-ce que vous avez là ? Donc c'est l'année du bac ?
17:18 Oui.
17:19 Donc vous êtes en pleine révision en ce moment déjà, ou on va attendre un petit peu ?
17:25 Oui, un petit peu.
17:27 Les professeurs aujourd'hui, ce matin Jean-Pierre Aubin était avec Sonia Mabrouk,
17:34 et Jean-Pierre Aubin qui est un essayiste,
17:36 et un essayiste aujourd'hui, mais qui est surtout un ancien inspecteur de l'éducation nationale,
17:41 dit que les professeurs ont peur, peur d'aborder certains sujets,
17:45 peur de parler de la Shoah, peur de parler de certains thèmes,
17:48 peur également de parler de la mixité dans les classes.
17:53 Est-ce que vous ressentez cela aussi avec les professeurs du lycée Maurice Ravel ?
17:58 C'est possible, mais j'ai quelques professeurs avec qui on a pu avoir des échanges
18:04 sur ce genre de sujet plusieurs fois.
18:07 C'est-à-dire ?
18:09 Ça dépend, il y a beaucoup de sujets, des professeurs avec qui on a pu avoir des débats sur beaucoup de sujets.
18:17 Mais sur quels débats par exemple, Gabriel ?
18:20 Par exemple sur le conflit actuel en Israël-Palestine,
18:25 ou sur le port de la Baïa au tout début de l'année.
18:29 Vous avez le sentiment par exemple que certains professeurs ne défendent pas forcément le proviseur ?
18:35 Si, ça j'ai le sentiment parfois, oui.
18:39 C'est-à-dire que vous avez le sentiment qu'ils ne le défendent pas ?
18:42 En fait, il y a certains professeurs qui sont assez neutres dans l'opinion qu'ils donnent,
18:49 et d'autres qui le défendent quand même beaucoup.
18:52 Mais il n'y en a pas donc qui sont en opposition à lui, c'est important de le dire aussi ?
18:57 A priori il y en a eu, mais je n'ai pas eu de discussion avec eux,
19:03 parce que ce n'est pas forcément de mes professeurs à moi.
19:06 Écoutez Gabriel, je vais vous remercier là en ce moment, il est 12h09, vous n'avez pas cours ?
19:11 Non, du tout.
19:13 Et cet après-midi, quels sont les cours ?
19:16 Je n'ai pas de cours cet après-midi, c'est ma journée vide de la semaine.
19:21 Ah bah oui, elle est bien vide même si vous n'avez pas de cours du tout,
19:24 parce qu'en terminale, il y a des jours comme ça où on n'a pas de cours du tout ?
19:27 En fait, j'ai cours tous les jours beaucoup, sauf un jour, le jeudi,
19:32 et j'ai une seule heure dans la journée, et ma professeure a annulé l'heure en fonction du proviseur.
19:37 Donc vous avez cours lundi, mardi, mercredi et vendredi, votre emploi du temps il est joliment bas.
19:41 Et jeudi aussi, j'ai une heure.
19:43 Une heure le jeudi, donc lundi, mardi, mercredi, une heure le jeudi et vendredi.
19:47 C'est ça votre emploi du temps ?
19:49 Oui c'est ça.
19:51 Les choses ont changé quand même, parce que c'était plutôt la vie mardi.
19:55 C'était 8h-18h tous les jours.
19:57 Et quelles sont les matières dans lesquelles vous êtes le plus fort ?
20:01 L'histoire-géographie.
20:03 Ah, ça c'est bien.
20:05 Et les matières dans lesquelles vous êtes le moins fort ?
20:08 Les mathématiques, la philosophie.
20:10 C'est vrai que c'est un peu plus difficile.
20:12 Non, bah ça dépend.
20:14 Les maths, vous, quelles filières vous suivez, Gabriel ?
20:18 C'est ma spécialité, je suis en général.
20:20 Il n'y a plus de filière en fait, c'est des spécialités maintenant que les élèves choisissent.
20:24 Il n'y a plus A, B, C, D.
20:26 Non, il n'y a plus A, B, C, D, il n'y a plus L, E, S, S, c'est des spé qu'ils choisissent.
20:30 Et qu'est-ce que vous faites l'année prochaine ? Vous êtes inscrit à Parcoursup j'imagine ?
20:34 Oui, il faut que je finisse mes vœux, mais je ferai sûrement une lisson-histoire au bout du commerce.
20:41 Histoire au commerce ?
20:43 Oui.
20:44 Et vous avez envie de passer par la fac ou plutôt par une école ?
20:49 Plutôt une école, je privilégie le commerce quand même.
20:54 Bah oui, vous avez raison, parce qu'il y a plus de débouchés parfois si on est un bon commerçant que si on est un bon historien.
21:02 Quoique c'est très intéressant évidemment d'être historien.
21:05 Bien sûr, les deux sont intéressants.
21:07 Bah écoutez c'est bien et puis il faut essayer de faire ce qui nous plaît surtout, c'est ça qui est important.
21:14 Merci beaucoup Gabriel et puis bon courage à vous.
21:18 C'est un plaisir, je trouve un plaisir d'avoir des jeunes gens et de les écouter.
21:22 Il est 12h12, nous allons marquer une pause.