Et Si On En parlait du 27 Mars 2024 sur la CRTV

  • il y a 6 mois

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00:00 La RTI, le partenaire de la CRTV, a couvert ce grand événement avec brio et maestria.
00:06 Au menu, nous avions des selfies.
00:09 Nous avions également beaucoup de choses qu'on a pu voir sur les réseaux sociaux.
00:12 Mais cette vie de selfie qu'on nous a toujours servi,
00:15 que ce soit par les influenceurs ou par des personnes totalement anonymes,
00:19 qu'est-ce qu'elle cache derrière ?
00:21 Et si on en parlait ce soir ?
00:22 C'est tout de suite.
00:23 [Musique]
00:49 [Applaudissements]
00:53 Bonsoir très chers téléspectateurs.
00:55 Merci de nous retrouver dans l'un des magnifiques studios de la RTI,
00:59 le partenaire de la CRTV qui nous accueille.
01:02 Nous sommes à Abidjan, en Côte d'Ivoire, vous l'aurez compris.
01:05 Aujourd'hui, nous parlons de cette fameuse vie de selfie.
01:09 Tout ce qu'on mange, on met en selfie et en poste.
01:12 Tant pis pour les jaloux.
01:13 Sur le plateau, nous recevons des spécialistes des selfies.
01:17 Ce sont des stars, ce sont des influenceurs,
01:20 mais également des personnes qui veulent parfois passer de façon inanonyme et incognito.
01:25 Mais ça ne marche pas parce que le selfie, ça trahit toujours.
01:28 On va dire bonsoir à notre très chère Bouba.
01:31 - Bonsoir. - Comment vous allez ?
01:33 Très bien, merci.
01:35 Merci beaucoup d'être là, c'est un plaisir pour moi de vous recevoir.
01:38 - Plaisir partagé. - Merci beaucoup.
01:40 Alors notre très cher Michael.
01:43 - Bonsoir. - Bonsoir.
01:45 Le séjour à Abidjan se passe bien ?
01:46 - Vous allez bien ? - Ça va très bien.
01:48 Le séjour, vous demandez si ça se passe bien ?
01:49 - Ça se passe bien. - Ça ne se voit pas ?
01:52 Oui, je vois.
01:55 Merci, ça se passe super bien.
01:57 Alors j'ai un capitaine, le capitaine qui porte des vêtements qui me rassurent.
02:03 - Capitaine, bonsoir. - Bonsoir.
02:05 - Vous allez bien ? - Très bien.
02:06 - Vous êtes capitaine ? - Artiste chanteur.
02:09 Oui, mais il y a un autre nom qui accompagne "capitaine".
02:12 Capitaine Kronos, le roi des Titans.
02:14 Voilà, capitaine Kronos, le roi des Titans.
02:17 Et spécialiste forcément des selfies.
02:20 - C'est ça ? - En quelque sorte, oui.
02:23 Et on a notre célèbre Dodo, Doso ?
02:26 - Mido. - Mido.
02:28 Voilà, juste à côté. Le nom est un peu compliqué,
02:31 mais je m'y habituais de toutes les façons.
02:34 Merci beaucoup, c'est un plaisir et un honneur pour moi de vous recevoir sur ce plateau.
02:38 - Pour nous en partage. - Pour le plaisir de nos très chers téléspectateurs,
02:40 on parle effectivement aujourd'hui de quelque chose que nous tous,
02:44 on a l'habitude de faire, mais peut-être vous, un peu plus souvent.
02:47 Les selfies. Pourquoi est-ce qu'on parle tout le temps de ces selfies ?
02:51 Et pourquoi est-ce qu'on voit des personnes qui font tout le temps des selfies ?
02:54 Qu'est-ce qui se cache derrière la vie de selfie ?
02:57 Je pense que les selfies sont devenues populaires depuis les 5 dernières années.
03:04 Ça a commencé par Facebook. Facebook, Instagram, Snapchat.
03:10 Et puis après, c'est comme une drogue.
03:13 Donc, je pense que partout aujourd'hui, dès qu'on se retrouve dans un endroit public,
03:19 je pense que c'est ce que je pense, mais je pense peut-être qu'on partage tous la même opinion.
03:23 Quand on se retrouve dans des endroits publics, c'est le premier réflexe.
03:26 Faut immortaliser le moment, faut captiver le truc,
03:29 parce qu'un selfie, selfie vaut mieux qu'une vidéo.
03:34 Il vaut son peson d'or, on va dire.
03:36 Donc, pas besoin d'être long. On connaît ses angles.
03:40 On place la caméra et puis après, bon, c'est aux réseaux sociaux de faire le reste.
03:47 Donc, moi, c'est comme ça que je vois les selfies.
03:52 Mais justement, pourquoi est-ce qu'on ne garde pas les selfies pour soi-même ?
03:55 Pourquoi on est obligé de les poster tout le temps sur des réseaux sociaux ?
03:59 C'est quoi le truc derrière ?
04:00 Parce qu'il y a des clichés qui sont juste trop beaux pour ne pas partager.
04:04 Quand on connaît ses angles et tout ça, tu regardes la photo,
04:07 t'as même... Je dis, il faut que je partage ça, il faut que je partage avec le monde.
04:11 Parce qu'on est plus dans un monde où on se regarde juste dans le miroir.
04:15 On est dans un monde aujourd'hui où l'information circule rapidement.
04:18 On est dans un monde d'informations.
04:20 Il peut se passer un truc à Dubaï à la seconde et au Burkina Faso,
04:24 ils ont l'information, l'information circule très vite.
04:29 Donc, quand on prend des selfies, en le font, on le prend pour les autres.
04:34 On veut que les autres personnes voient ce qu'on dégage, où est-ce qu'on se trouve.
04:39 Parce que le selfie, c'est pas juste notre image, il y a aussi le lieu en arrière.
04:43 On voit souvent des artistes prendre des vidéos dans un stade, des joueurs de foot,
04:48 et en arrière, il y a tous les fans en arrière.
04:51 C'est un selfie, mais tu mentalises le moment,
04:53 et puis en même temps, il y a de la force derrière le selfie.
04:58 Donc, c'est un peu ça.
04:59 - Alors, on dit que les selfies, on dit certainement, l'ont sur notre personnalité.
05:05 Est-ce que cela est vrai ? Et si cette personnalité est une personnalité,
05:10 on va dire, un peu trouble, un peu déséquilibrée, un peu immature,
05:15 comment est-ce qu'on arrive à percevoir que le selfie, à ce moment,
05:18 est peut-être comme une thérapie ou alors comme un cri ?
05:22 Duba ?
05:24 - Alors... Je sais pas comment...
05:28 - Vous faites des selfies, pourquoi ?
05:30 - Moi, personnellement, c'est un truc qui est naturel en moi.
05:36 Je suis un peu, entre guillemets, la folle de la famille,
05:41 qui met la joie, qui met l'ambiance et tout.
05:44 Donc, j'aime bien partager cette ambiance, cette joie avec tout le monde,
05:48 avec tout mon entourage et tout ça, et pourquoi pas avec le monde entier.
05:52 - D'accord.
05:53 - Mais est-ce que le monde entier reçoit toujours vos selfies de façon joyeuse et gaie,
05:58 telle que vous, l'esprit du départ, vous voulez peut-être véhiculer ?
06:01 - Non, pas forcément.
06:02 - Vous avez souvent des mauvais retours ? - Oui.
06:04 - Parlez-nous de ça, s'il vous plaît.
06:05 - Bien sûr. Le premier mauvais retour, c'est...
06:09 C'est être blanche et ivoirienne.
06:12 - Oh là là ! On se demande comment une blanche peut être ivoirienne.
06:15 - Mais tout ce que je réponds, c'est...
06:18 L'équipe de France, ils sont tous noirs,
06:21 mais pourtant, c'est l'équipe nationale de la France.
06:24 - Dans l'inverse, c'est possible. - Voilà. Donc, c'est ça.
06:31 Donc...
06:33 Au début, ça me faisait mal un peu et tout, parce que...
06:37 - Qu'est-ce qu'on vous disait précisément ?
06:39 Est-ce qu'on se limitait juste à demander comment une blanche peut être ivoirienne ?
06:42 - Non, c'est que tu n'es pas ivoirienne, tu n'es pas chez toi, retourne chez toi.
06:47 Les mots comme ça.
06:49 Au début, ça me faisait mal, mais après, j'ai appris à vivre avec
06:53 et je me dis que je suis née ici, que j'ai grandi ici,
06:56 que je mets en valeur les cultures ivoiriennes,
06:59 parce que j'ai plus de cultures ivoiriennes en moi que des cultures libanaises.
07:03 - Bien sûr. - Donc...
07:05 C'est ça, en fait. J'aime bien montrer ma culture, mon pays,
07:08 parce que, pour moi, je suis née, j'ai grandi ici.
07:11 - Vous ne connaissez pas notre pays, dans tous les cas. C'est votre pays.
07:13 - Voilà. C'est chez moi. J'ai grandi ici.
07:16 C'est quelque chose de... C'est ma fierté, en fait.
07:19 Je suis fière d'être ivoirienne.
07:21 Je me suis tatouée la Côte d'Ivoire.
07:26 - Waouh ! Quelle belle preuve d'amour !
07:29 Alors, du coup, les surfis aussi ont dit que ça cache de l'immaturité.
07:33 Est-ce que c'est vrai ?
07:35 - Sur ça, je ne peux pas répondre, parce que moi-même, je suis immature.
07:39 - Ah !
07:40 Vous le dites comme on dit au Cameroun, "roha".
07:46 - Mais je ne cache pas, moi. - "Je suis immature."
07:48 - Je suis immature, je ne cache pas.
07:49 - Comment on est quand on est immature ?
07:51 - On ne vieillit pas. - D'accord.
07:54 - Et... On aime la vie, on profite de tout moment,
08:00 que ce soit en famille ou entre amis ou partout où on est.
08:06 On essaie de mettre la joie et on essaie de...
08:09 de... Positiver surtout. D'accord.
08:12 Alors, moi, j'aimerais savoir, mon capitaine,
08:15 il ne faut pas que le bateau chavire, moi, je vous fais confiance.
08:18 - D'accord. - Hein ?
08:20 Les selfies cachent quoi derrière ?
08:22 Quand vous faites des selfies, est-ce que c'est vraiment juste pour dire
08:25 "je veux partager ce moment avec des gens,
08:27 je veux montrer ce que je vis, je veux partager ma joie" ?
08:31 Est-ce que c'est vrai ? Qu'est-ce que ça cache derrière ?
08:33 - Généralement, en tant qu'artiste,
08:35 je fais mes selfies pour donner de mes nouvelles à mes fans.
08:39 - D'accord. - Déjà.
08:40 Et donner aussi de mes nouvelles aux amis, aux parents qui sont loin de moi.
08:45 Voilà.
08:46 Mais je fais pas tout le temps selfies.
08:48 - D'accord. - Y a des choses, je poste pas.
08:50 - Et si les selfies permettaient de vendre des illusions
08:54 aux âmes les plus sensibles, les plus faibles, les moins...
08:58 Enfin, qui ne peuvent pas véritablement cerner,
09:01 est-ce que vous n'êtes pas finalement des vendeurs d'illusions
09:04 pour faire des selfies ?
09:05 Parce que j'imagine que vous ne faites pas de selfies quand vous pleurez.
09:09 - Moi, perso, ça dépend.
09:12 Je suis une personne, mais en deux.
09:15 Y a Capitaine Kronos, que je suis artiste,
09:17 et puis y a Terrence, le Fred, la maison, le père de famille, et tout.
09:22 Donc, si je poste un truc qui concerne mon travail en tant qu'artiste,
09:26 je mets le décor qu'il faut, et puis bon, ça passe.
09:29 Ma vie privée, si je poste, ça dépend, c'est ma vie réelle.
09:33 Je poste pas avec des choses à côté pour essayer d'impressionner, en fait.
09:37 - Mais quand on se place derrière ou à côté d'une Lamborghini
09:41 alors qu'on l'a pas, ou on n'a même pas les moyens de se l'offrir,
09:45 mais on fait quand même un selfie, et on fait semblant...
09:48 Je veux dire, on fait semblant... On montre que ça, c'est ma voiture.
09:52 C'est quoi, derrière le projet ?
09:54 - J'ai jamais tenté. - Non, vous, peut-être pas.
09:56 - Si je le fais, c'est par rapport à mon travail,
09:58 comme je l'ai dit, mon clip, ou bien les petits trucs
10:00 pour essayer d'embellir un peu ma page, et puis voilà.
10:02 Mais sinon, moi, monsieur Terrence, que je sois à l'état civil,
10:05 je fais pas ça. - Parce qu'on voit aussi d'autres
10:08 qui sont certainement déjà rentrés dans les avions,
10:11 parce que c'est un mode de transport en commun, mais aérien.
10:15 Ils ne sont pas forcément en first class ou en business,
10:18 mais ils prennent la peine de faire le selfie
10:20 en first class ou en business, et puis postent,
10:23 et puis finalement, ils retrouvent la classe éco,
10:25 qui est leur classe, normalement, où ils ont payé.
10:27 Mais ils ne montrent pas la vraie vie, en fait.
10:31 - Dans les selfies. - Pourquoi ?
10:33 - Une fois, j'étais dans l'avion avec mon papa, même,
10:37 et lui, il est... Il est un peu âgé et tout,
10:41 donc forcément, il prend en business pour son dos et tout.
10:45 Et nous, on est derrière. Donc il me dit,
10:48 "Tu veux pas venir t'asseoir, prendre une photo et tout ?"
10:51 J'ai dit, "Je ne veux pas prendre une photo
10:53 juste pour montrer que je suis en business,
10:56 juste pour montrer que oui, moi, je peux voyager en business."
11:00 Il dit, "Moi, je peux voyager en..."
11:01 Non, je peux pas voyager, je peux pas me permettre,
11:03 donc je peux pas montrer aux gens ce que moi, je peux pas me permettre.
11:06 Donc il faut vivre naturellement, il faut montrer ce qu'on est vraiment.
11:10 Il ne faut pas vendre des illusions, comme vous dites.
11:13 C'est ça, être bon influenceur.
11:16 - Mais est-ce que vous êtes quand même d'accord
11:18 que derrière le selfie, il y a beaucoup de faux ?
11:21 - Oui. - Oui.
11:23 - Entre les photos qu'on retouche en un peu finir
11:27 et les décors qui ne nous appartiennent pas,
11:30 mais qu'on s'approprie parce qu'on décide que oui,
11:32 ça, c'est ma maison, alors qu'il n'en est rien.
11:34 Moi, je suis à la RTI, franchement, je ne suis pas ailleurs.
11:38 D'accord ?
11:39 Et je dis merci à toute la grande équipe de production de la RTI,
11:44 enfin, l'équipe qui produit cette émission à cet instant.
11:47 Merci beaucoup.
11:48 Alors, très chère...
11:50 (Applaudissements)
11:52 Très chère, Dodo, moi, j'aimerais savoir
11:55 pourquoi vouloir montrer ce qu'on n'est pas
11:59 et ce qu'on n'a pas aux yeux du monde ?
12:03 C'est quoi ?
12:04 - Moi, je pense que ça vient de...
12:08 Tout vient de l'enfance.
12:09 Je pense que quand on grandit, déjà,
12:12 on peut grandir et puis ne pas être...
12:17 Avoir tout, tout ce qu'on a souhaité avoir,
12:20 être dans la pauvreté, etc.,
12:22 mais après, on essaie de se contenir.
12:25 En grandissant, on s'adapte.
12:28 Mais il y a des personnes, par exemple, qui...
12:33 Si on revient au cas des selfies,
12:35 ont quelque chose à se prouver.
12:37 - D'accord.
12:38 - Pour moi, je vois ça comme une maladie, au fait.
12:42 Parce qu'on veut être là dans les moments clés,
12:46 on veut être là où ça se passe.
12:48 Mais on n'est pas...
12:49 Ce que les gens réalisent pas, c'est qu'ils sont pas le centre.
12:52 Aller voir un artiste dans US ou je sais pas quoi,
12:55 en train de performer,
12:56 faire un selfie avec lui ne veut pas dire
12:58 qu'on est là ou qu'en US, il est.
13:00 Donc ça, c'est...
13:01 - Ça veut pas dire qu'on est intime à lui.
13:03 - Exactement.
13:04 Mais ces gens-là vivent, au fait, dans ces moments-là.
13:08 C'est leur drogue.
13:09 Ils ont besoin de ça pour se sentir valorisés.
13:12 Donc il faut, à un moment donné...
13:15 Moi, par exemple, ce que je fais,
13:17 moi, par moment, je déconnecte au niveau personnel.
13:20 Parce qu'un peu trop de ça, un peu trop de ça,
13:24 ça donne une soupe vraiment, vraiment pas très bonne.
13:28 Donc il faut savoir alterner, au fait.
13:30 - D'accord.
13:31 - Il faut pas...
13:32 De temps en temps, je suis là-dedans.
13:34 De temps en temps,
13:35 j'ai besoin de la réalité, du monde réel.
13:37 - Oui.
13:38 - Comme voir mon papa, voir mes frères et soeurs,
13:40 ça, ça me maintient.
13:41 Parce que trop de fake, ça tue le truc.
13:45 Donc ce qui arrive, c'est vraiment ça.
13:47 Je pense qu'il y a beaucoup de personnes qui sont...
13:50 Une fois qu'on rentre dans ce milieu-là,
13:52 aujourd'hui, je peux vous rencontrer.
13:55 OK, paf, après, je vais rencontrer l'autre monsieur à côté.
13:58 OK, qu'est-ce que tu fais tout de suite?
14:00 Demain, il y a une autre personne qui t'appelle.
14:02 Donc tu te retrouves rapidement plongé dans quelque chose que...
14:05 Peut-être que tu...
14:06 Vous voyez ce que je veux dire?
14:08 - Je comprends.
14:09 - Il y a un drive.
14:11 Et après, ça n'en finit plus.
14:13 Donc il faut...
14:15 Il y aura soit un événement qui va arriver dans ta vie
14:17 qui va te marquer, qui va te faire réaliser
14:19 que tu dois ralentir.
14:21 Ou au bout d'un moment, comme on dit, c'est "rise and fall".
14:25 Tu montes et il y a un moment...
14:26 - Tu dégringoles.
14:27 - Voilà.
14:28 Donc ça, c'est la suite logique pour la plupart des gens qui le font.
14:31 Donc c'est dommage, mais c'est arrivé.
14:35 C'est un phénomène actuellement.
14:37 Et puis je dirais 95 % des gens sur Instagram, etc.,
14:42 c'est du show-off.
14:44 Tout le monde veut montrer quelque chose.
14:46 Et puis...
14:48 - Mais on veut montrer, justement.
14:50 Malheureusement, on ne montre pas la vraie vie.
14:53 C'est ça, le problème.
14:54 - Effectivement.
14:55 - Alors, vous qui êtes tous les jours au fait des choses,
14:58 dites-nous, sur les selfies,
15:00 c'est quoi le projet derrière, en général?
15:03 - OK, déjà, je tiens à le souligner, je suis...
15:06 Je me situe aux antipodes des interventions
15:10 des différentes personnes sur le plateau.
15:12 Je suis webjournaliste.
15:13 - Vous êtes journaliste, effectivement.
15:15 - Je suis webjournaliste
15:16 et je ne suis pas foncièrement attaché aux selfies.
15:18 Je n'en fais même pas.
15:19 - Mais vous êtes au fait.
15:20 C'est-à-dire que vous vivez avec des gens,
15:22 vous travaillez avec des gens qui sont accros à cela.
15:25 - Absolument.
15:26 Et dans notre métier de tous les jours,
15:28 parfois, on a recours aux selfies.
15:31 Voilà.
15:32 Lors de cette cana, on a eu recours à cette selfie
15:36 pour pouvoir véritablement faire partager des émotions
15:41 à nos internautes.
15:44 Mais moi, je ne suis pas véritablement pour cette pratique
15:47 dans la mesure où je me dis que ça ne reflète pas forcément la réalité.
15:52 Et c'est probable que c'est des illusions qu'on vend parfois
15:56 à certaines personnes qui, derrière,
15:58 essaient de ressembler à ces stars-là.
16:00 Or, ces stars, derrière,
16:02 ne nous disent pas forcément ce qui est vrai.
16:05 Et des personnes sont parfois effacées,
16:08 des personnes ont leur caractère et leur valeur morale à elles,
16:12 mais à force de suivre certaines personnes avec leurs selfies,
16:15 elles sont obligées de parfois copier ce que ces stars-là font.
16:19 Et ça nous envoie tout droit vers la perte des valeurs morales.
16:23 Et ça nous donne une société en pleine déconfliture
16:26 où les valeurs morales ont véritablement foutu le camp.
16:29 Donc c'est pourquoi, véritablement, je m'inscris en faux
16:32 face à... où j'ai dit que je ne partage pas vraiment
16:35 cette pratique-là qui est véritablement les selfies.
16:38 -Alors, moi, je suis pas contre les photos.
16:41 Je les aime beaucoup, même si j'oublie souvent d'en prendre.
16:44 Je prends très rarement les photos,
16:46 les lieux que je fréquente pour les immortaliser.
16:49 Ce serait certainement bien, mais je n'ai pas cette capacité-là,
16:52 et dommage.
16:53 Mais ce que je veux savoir,
16:55 pour vous qui, dès que vous mangez un plat de je sais pas trop,
16:59 tac, vous avez pris en photo,
17:01 vous portez une chaussure,
17:04 tac, vous prenez en photo,
17:06 c'est quoi, pourquoi ?
17:08 -Pour moi, personnellement...
17:10 -Est-ce qu'il y a encore une intimité, quand on vit comme ça ?
17:13 -Non, moi, je pense qu'il n'y a pas d'intimité quand c'est comme ça.
17:16 Tu exposes tout de suite ta vie, il n'y a plus d'intimité.
17:19 -Et c'est quoi le drame de cette surexposition, en fait ?
17:24 -Déjà, si tu exposes ce qui est vrai,
17:27 ça passe.
17:28 Si c'est pas ça, ça passe.
17:29 Mais tu exposes ce qui est faux, la vérité va te rattraper, un jour.
17:32 Parce que tu montres aux yeux des gens que, bon, voilà, je suis ça,
17:35 j'ai une grosse beignole,
17:37 et puis je mange peut-être, je sais pas où, dis, un chic-coin,
17:41 et en réalité, tu es dans un bas quartier,
17:43 en réalité, tu n'as même pas un vélo,
17:45 en réalité, tu n'arrives même pas à fêter un deux repas par jour.
17:49 Il n'y a pas de sens à ça, en fait.
17:52 -Mais est-ce qu'on existe que si on a ces mesures d'accompagnement,
17:57 on va dire, ces commodités ?
17:59 Vous avez l'impression que vous n'existez pas
18:01 si on n'est pas au courant que vous avez ces choses
18:03 que vous n'avez pas en réalité ?
18:05 -Moi, personnellement, ça me...
18:07 Déjà, naturellement, ça me dit peu, les selfies, ça me dit peu.
18:10 Si aujourd'hui, je fais les selfies, comme je vous l'ai dit au début,
18:13 c'est par rapport à mon boulot. -C'est normal.
18:15 -Voilà. Donner de mes nouvelles à mes fans, à mes abonnés,
18:18 et ça s'arrête là. C'est tout.
18:21 -Mais je veux savoir,
18:23 à quel moment est-ce que vous savez faire la différence
18:28 entre cette vie virtuelle et la vie réelle que vous vivez au quotidien ?
18:33 -Personnellement, je me retrouve un peu en chacun,
18:36 chacune des personnes ici,
18:38 parce que je viens d'un milieu quand même très humble,
18:41 le milieu de la mode, que ce soit par exemple le nightlife,
18:46 t'exposes à d'autres choses.
18:49 Donc j'ai toujours été confronté un peu à ces deux réalités,
18:52 quand je rentre à la maison, je vois ma maman qui fait ses cinq prières,
18:55 je me dis... Et quand je vois ce qui s'est passé de l'autre côté,
18:58 c'est... -C'est différent.
19:00 -C'est différent.
19:02 Donc on essaie de se manager,
19:04 mais ce que je sais, c'est que...
19:07 C'est un problème pour certains.
19:11 C'est un problème pour certains.
19:13 Certains sont coincés là-dedans.
19:15 Certains vont dans des clubs, etc.
19:18 Moi, je vis à Toronto,
19:21 et là-bas, je suis beaucoup involvé dans tout ça.
19:24 Je vois beaucoup de femmes, dès qu'elles arrivent sur la table de certains clients,
19:28 la première des choses qu'elles font,
19:30 elles vont sortir le téléphone,
19:32 elles sont assises sur la table du monsieur,
19:34 et elles dépensent, je sais pas, peut-être des milliers de dollars,
19:38 mais le monsieur n'est pas le focus.
19:40 Le focus, c'est prendre le moment.
19:42 -C'est tout ce qui est sur la table,
19:44 comme Dom Pérignon et autres.
19:47 -Exactement. Toute la garniture.
19:49 On va montrer ce que nous, on est en train de vivre en ce moment.
19:53 On va faire croire aux gens que ce sont nous qui le vivons.
19:57 Et puis, à la fin de tout ça,
20:00 on va bien se rosser avec...
20:02 On va bien prendre le champagne,
20:04 et puis après, c'est un échange, au fait.
20:08 -Et on ne se sent pas un peu ridicule, après ?
20:11 -Beaucoup de gens ne connaissent plus la honte.
20:14 Surtout quand ça gravite autour de ces choses-là.
20:18 C'est des personnes qui n'ont plus vraiment le sens de la réalité.
20:22 Donc ça, il faut le comprendre aussi.
20:25 Quand on le voit, moi, personnellement,
20:28 ça fait 28 ans, presque 29 ans, que j'ai voyagé...
20:33 Tout ce qui est événementiel, je connais,
20:35 mais j'ai toujours eu des valeurs, de bonnes valeurs, des valeurs fortes.
20:39 Heureusement que je viens du background d'où je viens,
20:42 parce que sinon, je sais que je me serais...
20:44 -L'éducation de base a été solide. -A été solide.
20:47 -A été solide. Vraiment.
20:50 -On sait qu'aujourd'hui, il y a beaucoup de parents
20:53 qui ont un peu démissionné
20:55 et qui accompagnent même leurs enfants sans le savoir
20:58 dans ces délires qui perdent finalement la jeunesse.
21:01 On a des parents, effectivement, qui, aujourd'hui,
21:04 pourraient même être, on va dire, des coachs de leurs enfants,
21:07 en disant "Viens voir, regarde telle personne".
21:10 On est sur Facebook, c'est-à-dire la maman,
21:12 elle est à la maison avec sa fille ou son fils,
21:15 elle regarde quelque chose sur Facebook qui l'a frappé,
21:18 elle aimerait que son enfant vive ça, elle lui dit "Viens voir,
21:21 "ce n'est pas ton égal qui a fait ceci, cela", alors qu'il n'en est rien.
21:25 Donc les parents, aussi, quelque part,
21:28 peut-être encouragent aussi les enfants... -Contribuent.
21:31 -...à vivre cette vie de selfie, cette vie virtuelle.
21:36 Contrairement à vos parents qui, eux...
21:38 -Si on touche l'égo d'un enfant,
21:40 la pire des choses qu'on puisse faire à un enfant,
21:43 c'est de le comparer à un autre.
21:45 Ou un frère à un autre frère.
21:47 "Lui, il est mieux que toi, il a des meilleurs notes."
21:49 Ça, ça blesse les enfants. Donc ça, c'est les choses...
21:52 Je pense qu'il y a beaucoup de parents qui s'en rendent pas compte, aussi.
21:55 Ils sont eux-mêmes portés dans ce truc.
21:59 Tout ce qui se passe à l'extérieur est tellement important
22:03 qu'ils transmettent ce...
22:05 Il y a ce cas-là, aussi, les parents transmettent ça aux enfants.
22:08 Donc...
22:10 Les enfants, même, sont là-dedans, ils viennent parler aux parents,
22:13 mais les relations sont tellement open
22:16 que papa, enfant, maman, il n'y a pas de différence, au fait.
22:21 Tout le monde sort, tout le monde fait les mêmes choses.
22:23 -D'accord. -Donc c'est vraiment important, la base.
22:27 Comment est-ce qu'on a grandi, où on a grandi, etc.
22:30 On peut se perdre en cours de route.
22:32 On peut venir d'une bonne famille, d'avoir de très bons parents.
22:35 On en voit beaucoup en Afrique.
22:37 On peut venir d'une famille très traditionnelle,
22:40 et puis on ne comprend pas d'où l'attitude de l'enfant,
22:43 d'où ça vient, tout ça.
22:44 Les parents prennent ça, même, comme une malédiction, et tout.
22:47 Parce qu'en Afrique, ça passe pas. -Exact.
22:49 -Donc, allez, voilà.
22:51 -Alors, Bouba, à quel moment est-ce que vous avez commencé à faire les selfies ?
22:55 Et aujourd'hui, qu'est-ce que vous faites ?
22:59 Je veux dire, qu'est-ce que vous pouvez prendre en selfie
23:01 et qu'est-ce qu'on ne peut pas prendre en selfie ?
23:03 Est-ce que vous avez des limites ?
23:05 -Alors, moi, je pense que c'est ma fille qui m'a mise dedans,
23:08 parce que j'ai une fille adolescente, quand même,
23:10 une fille de presque 16 ans.
23:12 Elle n'aime pas que je dise 16 ans. 15 ans.
23:15 -Elle veut rester jeune, comme sa mère.
23:18 -Donc, c'est au tour de Corona,
23:22 elle m'a mise sur les réseaux et tout,
23:25 et on a commencé ensemble.
23:27 Et elle avait encore 8, 9 ans.
23:31 Elle a grandi, elle a mûri,
23:34 elle s'est retirée et elle m'a laissée dedans.
23:37 -Ah bon ?
23:38 Et pourquoi elle s'est retirée ?
23:42 -Elle ne montre pas, elle n'aime pas se prendre en photo,
23:45 elle aime être dans son coin, elle aime être...
23:48 Pourtant, elle est très fière de moi.
23:52 Quand ses amis lui montrent,
23:54 quand ses profs lui parlent de moi à l'école,
23:56 on voit, ta maman et tout, elle vient me dire,
23:59 ça la dérange pas et tout,
24:01 les profs t'adorent, ils regardent tes vidéos,
24:04 ils te suivent et tout.
24:05 Mais elle, il faut qu'elle reste...
24:07 -Mais c'est quoi, vos limites ?
24:09 -Mes limites, c'est ma vie privée.
24:13 Ma vie privée avec mes enfants,
24:15 avec mes parents, avec mon mari.
24:17 C'est ma vie privée.
24:19 Sinon, quand je suis en dehors de ma maison,
24:22 j'ai pas forcément de limites.
24:24 Je fais ce que je veux, ce que j'ai envie de faire, et voilà.
24:28 -Et vous, en tant qu'observateur aussi,
24:31 qu'est-ce que vous observez dans la société,
24:33 surtout avec les jeunes ?
24:35 L'impact de ces selfies dans la vie des jeunes aujourd'hui ?
24:39 -Alors, c'est ce que je disais tout à l'heure.
24:43 Les jeunes, ils s'éloignent des valeurs morales.
24:47 Ils n'ont pas peut-être compris l'importance,
24:50 lorsque Dossouf fait un selfie,
24:53 il ne perçoit pas véritablement...
24:55 -Le message.
24:56 -Oui, il ne perçoit pas le message que Dossouf veut envoyer.
24:59 Mais lui, il voit peut-être la Lamborghini qui est juste derrière.
25:02 C'est en cela que je voudrais revenir sur ce que Dossouf disait tout à l'heure.
25:05 Il a parlé de base.
25:06 Moi, je parle de fondamentaux.
25:08 Moi, je parle d'éducation à la base, en fait.
25:10 Et là, la religion nous rappelle que dans 1 Corinthiens 10, verset 23,
25:15 la Bible nous dit...
25:17 -Tout est permis, mais tout n'est pas utile.
25:21 -Et tout nous est permis, mais tout n'édifie pas.
25:24 Alors, si les selfies ne nous édifient pas,
25:27 si les selfies ne nous sont pas utiles,
25:29 alors qu'est-ce qu'on y cherche ?
25:31 Donc c'est à nous, la jeunesse, de pouvoir tirer véritablement les leçons
25:34 de ce que nous sommes en train de faire.
25:36 Notre société d'aujourd'hui, est-ce que nous pouvons progresser
25:39 véritablement dans cette affaire des selfies ?
25:41 Est-ce que moi, Michael, qui me trouve juste devant vous aujourd'hui,
25:44 est-ce que j'ai construit ma vie...
25:46 Si vous voulez me prendre comme modèle demain,
25:48 est-ce que j'ai construit ma vie sur des selfies ou avec des selfies ?
25:51 C'est en cela que nous devons réfléchir et repenser notre vie.
25:55 On pourra évidemment être des personnes avec qui peut-être
25:58 on prendra des selfies demain. -C'est ça.
26:00 Est-ce que vous avez construit votre vie à partir des selfies, mon capitaine ?
26:05 -Ma vie, je suis en train de la construire toujours.
26:08 -Oui, mais vous avez déjà un nom. -Ouais.
26:10 -Vous avez déjà une adresse, on va dire. -Ouais.
26:13 -Est-ce que c'est à partir des selfies que cela s'est fait ?
26:16 -Non, pas du tout. -C'était quoi, le processus ?
26:19 -Déjà... Je peux dire quoi ?
26:22 Je faisais ma musique déjà, comme c'est ça, mon boulot,
26:25 sans même tenir compte des réseaux sociaux.
26:27 Et c'est récemment qu'on m'a imposé le réseau social.
26:31 -Qui vous a imposé ? Le producteur ? -L'entourage.
26:34 Les gens, "Voilà, tu fais des choses, il faut poster,
26:36 il faut faire ci, il faut faire ça, ça peut te créer encore plus de visibilité."
26:39 Sinon, ça m'intéressait pas.
26:41 -Moi, si on m'a proposé ça, mais j'oublie même que ça existe.
26:44 Donc du coup, je ne fais pas.
26:46 Mais j'oublie, en fait, c'est parce que j'oublie.
26:49 C'est pas que ce soit mauvais, hein. Certainement, vous trouvez votre compte.
26:52 -Ouais, mais... -Quand vous faites un selfie,
26:55 le producteur ou quelqu'un qui voudrait vous inviter,
26:58 c'est que, attention, lui, sa classe, c'est peut-être...
27:01 -Oui, mais de nos jours, ça paye. -Le hôpital.
27:04 -De quelle manière, justement ? -Si tu te montres...
27:08 Tu as la chance de rentrer dans des grands endroits,
27:11 tu fais les selfies selon ça, les gens te jugent.
27:13 On veut ou on veut pas, c'est ce qui s'impose à nous.
27:15 Les gens te jugent. "Il fréquente des grands coins, il avait telle personne..."
27:18 D'un côté, ça ouvre les portes. -D'accord.
27:21 -Peut-être c'est pour ça que d'autres le font,
27:23 pour aussi avoir des opportunités... Je sais pas.
27:26 Ca dépend de chacun. -D'accord.
27:27 Donc, en fait, c'est un outil de communication...
27:30 -Communication. -Et d'influence aussi, quelque part.
27:32 -Parfait. -Et de crédibilité.
27:34 C'est ce que vous voulez nous faire savoir. -On peut le dire.
27:36 -Donc, est-ce que cet outil, finalement, serait plus indiqué
27:40 aux personnes qui seraient dans le showbiz ?
27:42 -Je pense oui.
27:44 -M. le journaliste. -Oui.
27:46 Là, si on veut parler de façon globalisante,
27:52 on dira que les réseaux sociaux sont une mine d'or.
27:55 Pas forcément pour des personnes qui sont dans le showbiz
27:58 ou des tiktokeuses et autres,
28:00 mais pour toute personne qui veut se créer...
28:04 -Une population, une communauté ?
28:06 -Une communauté, développer des stratégies marketing,
28:09 accroître son audience, on peut passer par les réseaux sociaux.
28:13 -A ce moment, les selfies peuvent être utiles ?
28:15 -Absolument. -D'accord.
28:17 -Nous sommes dans une sorte d'ambivalence.
28:19 Il faut savoir qu'il y a toujours le bon côté et le mauvais côté.
28:22 Donc là, déjà sur les réseaux sociaux,
28:24 il y a une très bonne communauté,
28:26 et donc on peut accroître son audience à ce que je disais tout à l'heure.
28:29 Là, selon des chiffres que j'ai pu vérifier tout à l'heure,
28:33 de community managers Africa,
28:37 en 2021, la Croix d'Ivoire,
28:39 on a enregistré près de 139 % de la population ivoirienne
28:45 qui a des téléphones connectés.
28:47 Et là, on passe à 5,9 millions de personnes actives
28:54 sur les réseaux sociaux.
28:56 Voyez-vous que ça constitue véritablement une mine d'or
28:58 pour pouvoir véritablement faire des affaires,
29:00 pour pouvoir véritablement se faire connaître
29:02 et booster ces activités.
29:04 Donc, en somme, on peut dire que les réseaux sociaux
29:07 peuvent avoir forcément un danger pour nos populations,
29:10 mais en toute chose, c'est l'excès.
29:12 La façon d'utiliser et le message qu'on véhicule derrière.
29:15 Absolument.
29:16 Mais le problème, justement, c'est les personnes qui nous regardent
29:18 et qui n'arrivent pas toujours à capter le message derrière.
29:22 On a derrière nous un influenceur également.
29:24 Bonsoir dans le public et merci beaucoup d'être là.
29:27 Vous êtes aussi accro aux selfies, forcément.
29:30 Bien sûr.
29:31 Pourquoi et comment ?
29:33 Je dirais qu'au niveau des selfies, je peux dire qu'il y a deux selfies.
29:38 Il y a le selfie qu'on fait où on montre vraiment la réalité
29:43 et il y a un selfie aussi qu'on fait pour flatter.
29:46 Moi, personnellement, je dirais que je suis plus...
29:49 parce qu'il y a les selfies vidéo et il y a les selfies photo.
29:52 Moi, je suis plus selfie vidéo où j'ai ce contenu-là
29:56 dans un premier temps de valoriser les valeurs du pays
29:59 et dans le deuxième moment, aller à l'aide des personnes de Muni.
30:03 Vous voyez, comme chaque décembre, j'organise des dons et tout.
30:07 Ces trucs-là, je les poste.
30:09 Mais je peux faire une vidéo où je vais,
30:13 j'ai valorisé un pays, ça a plu à un OCAD qui va m'appeler.
30:17 Priva, viens, j'ai vu ta vidéo, je te félicite.
30:20 Dans ce lieu-là, je ne ferai jamais de selfie.
30:22 Mais une autre personne va faire un selfie là
30:26 pour montrer qu'il a été félicité par une telle personnalité
30:29 pour flatter les autres créateurs de contenu.
30:32 Mais personnellement, moi, je me dis que c'est des choses qui ferment des potes.
30:35 Parce qu'il y a aussi d'autres cadres qui vont vouloir t'appeler
30:38 mais qui n'ont pas forcément envie de montrer leur image.
30:40 - Voilà, c'est ça. - Donc ça fait que...
30:42 Je dis toujours à mes confrères créateurs de contenu,
30:46 la discrétion, c'est la clé de la vie.
30:49 Moi, je suis sur les réseaux, mais je me dis que je suis aussi discret.
30:54 - Ah, c'est bizarre. - Oui.
30:56 - On peut être sur les réseaux et être discret ? - On peut être sur les réseaux et être discret, si.
30:59 - Comment ? - Tu peux montrer...
31:02 Moi, je dis toujours sur les réseaux, on montre ce qu'on veut vous montrer.
31:05 - Ça, c'est clair. - C'est clair.
31:07 On montre ce qu'on veut vous montrer.
31:09 Moi, aujourd'hui, sur les réseaux, tu te dis, qui est la mère de Priva ? On ne sait pas.
31:12 Qui est le père de Priva ? On ne sait pas.
31:14 Parce que j'ai décidé de garder l'image de mes parents intimes.
31:17 Demain, si j'ai un problème sur les réseaux,
31:19 nul ne connaît mon père pour aller l'afficher, pour l'insulter.
31:21 Mais il y a d'autres influenceurs aujourd'hui, ils regrettent.
31:24 Parce que dès qu'ils ont un petit problème, tu es délaissé, c'est ta mère ou ton père qui est attaqué.
31:28 Qui a montré leur image ?
31:30 C'est toi, juste parce que tu n'as pas eu cette intimité de dire que ma famille m'est intime,
31:35 je reste avec ma famille, personne ne doit connaître ma famille.
31:38 Donc, il y a ce côté-là aussi qui est là.
31:40 Vous voyez, voilà pourquoi moi, je dis, il y a deux façons de selfie.
31:42 Il y a le selfie où tu montres vraiment la réalité.
31:44 Et il y a le selfie où ils vont passer tout le temps à montrer que du fait,
31:47 comme les enculés que vous avez pris.
31:49 Ils vont prendre des photos dans des business class.
31:51 Il y a les personnes que tu vois sur les réseaux, on te dit, voilà la personne qui te tourne.
31:54 Et puis tu dis, c'est la personne, on te dit oui.
31:56 Et toi-même, tu es choqué.
31:58 Par contre, nous comme cela, moi...
32:00 Pourquoi tu es choqué ?
32:01 Si, si, si.
32:02 Pourquoi ?
32:03 Moi, j'ai eu plusieurs témoignages où les gens m'ont dit, Priva, tu sais,
32:05 dans tes vidéos, tu apparaîs jeune, comme une enfant.
32:07 Mais en réalité, tu ne ressens pas ce que tu montres dans tes vidéos.
32:09 Je dis, abonnes-toi, oui.
32:10 Et moi, dans mes vidéos, je ne me mets jamais joli.
32:12 Mes contours ne sont jamais faires et tout.
32:14 Parce que je me dis, quoi, il faut être naturel, authentique, point bas.
32:19 Maintenant, d'ailleurs, si je sors, je peux mettre bling-bling là, c'est mon apparence réelle.
32:23 Sinon, sur les réseaux, je n'ai rien à prouver à qui que ce soit.
32:25 Et quiconque tente de prouver quelque chose sur les réseaux,
32:29 a forcément une frustration intérieure qu'il essaye d'évacuer
32:32 en montrant aux autres que je suis arrivé.
32:34 Je vais m'arrêter là.
32:36 Merci beaucoup.
32:37 Merci pour cette participation.
32:41 On a aussi le public de ce côté, peut-être qu'on aurait...
32:44 Oui, on a...
32:46 Merci de participer. Bonsoir.
32:48 Bonsoir.
32:49 Alors, cette fameuse vie de selfie qui est devenue notre seconde vie,
32:55 on va dire, une seconde nature même, finalement.
32:57 Qu'est-ce que c'est ?
32:58 Moi, je dis toujours que je suis responsable de ce que je poste.
33:02 Je ne suis pas responsable de comment tu le perçois.
33:05 Je suis... Ah oui, j'en viens.
33:08 Par exemple, j'adore les voyages.
33:10 Je suis une femme, mais j'adore les voitures.
33:13 Donc, quand je vois une belle voiture,
33:15 il peut m'arriver de prendre des photos à côté de la belle voiture.
33:18 Pas pour prouver que j'ai cette voiture-là,
33:20 mais je me dis que dans ma communauté entre griffes,
33:24 il y a des personnes comme moi qui sont fans de voitures.
33:26 Exact.
33:27 Voilà. Ou bien qui sont fans de telle ville.
33:29 Et j'ai eu l'opportunité d'aller dans cette ville-là ou dans ce pays-là.
33:32 Et je montre juste.
33:33 Maintenant, si toi, tu vois cela comme une opportunité pour moi
33:37 de me faire voir, libre à toi.
33:39 Voilà.
33:40 Sinon, moi, je posterai les selfies.
33:42 Vous allez sauf que supporter.
33:44 Alors, mais à quel moment est-ce que les selfies
33:52 peuvent déranger notre propre vie ?
33:55 C'est quand on se permet de montrer un peu trop son intimité.
34:00 Et je pense qu'on donne des munitions à nos ennemis entre griffes
34:05 ou à des personnes extérieures de nous attaquer
34:07 quand il y aura une situation.
34:08 Aujourd'hui, je dis n'importe quoi.
34:11 Je suis en couple avec une personne.
34:12 J'affiche cette personne-là.
34:13 Et demain, on n'est plus ensemble.
34:15 Tout de suite, on prend cette image-là.
34:17 Ah, tu t'es affichée ici.
34:18 On t'a vue avec telle personne.
34:19 Aujourd'hui, vous n'êtes plus ensemble.
34:21 Et tu deviens un tout petit peu ridicule.
34:23 Voilà. Il faut savoir aussi mettre des gardes-fous
34:26 quand on poste des selfies.
34:29 Sinon, on va toujours poster.
34:36 Alors, mon capitaine, vous avez une famille.
34:39 Vous m'avez dit que vous êtes marié.
34:41 Est-ce qu'il vous arrive aussi de...
34:42 Je ne suis pas marié, mais j'ai une famille.
34:44 Vous n'êtes pas marié, mais vous avez une famille.
34:46 C'est la famille de votre père ou la famille de votre mère ?
34:49 Non.
34:50 Bon, OK.
34:52 Votre propre famille quand même.
34:54 - J'ai des enfants. - Vos enfants.
34:56 Et viens m'aider à rester.
34:58 - C'est ça ? - Oui.
34:59 D'accord.
35:00 Alors, dans "Viens m'aider à rester",
35:02 est-ce que vous faites des selfies souvent en famille quand vous postez ?
35:05 Ça dépend.
35:06 Ça dépend peut-être de la nouvelle ou des vacances.
35:09 Voilà.
35:10 Je réjouis un peu de ce que la dame vient de dire.
35:12 Je poste pour mon propre plaisir.
35:15 C'est tout.
35:16 Je montre à la fois ma vie par moment,
35:19 ma vie privée,
35:21 pour montrer aux gens qu'on peut être comme ça,
35:23 mais avoir une vie comme ça.
35:24 - Exact. - C'est tout.
35:25 Est-ce que les selfies vous ont déjà causé des ennuis
35:28 dans le cadre de votre travail ?
35:30 C'est-à-dire, on a vu peut-être une image de vous quelque part
35:33 et ça vous a porté préjudice au point peut-être de vous faire rater un contrat.
35:37 Bon, rater un contrat, Dieu merci, j'ai pas connu ça, je sais pas.
35:42 Mais j'ai déjà eu un petit souci à cause des selfies.
35:44 Une situation que j'ai négligée, je savais pas.
35:47 Et ça m'a rattrapé après.
35:49 Ma petite amie, elle est tombée sur la vidéo et s'est fâchée.
35:52 Non, parlez-nous de ça. C'est très cool.
35:54 Elle s'est fâchée.
35:55 C'était dans le temps, une de mes danseuses.
35:59 Et on partait à un spectacle.
36:01 Et elle a fait un selfie. C'est elle qui a fait un selfie.
36:04 Elle est venue se frotter un peu devant moi.
36:06 Bon, on appelle ça des gamages dans nos jargons, nous, les jeunes.
36:09 Des gamages, se frotter un peu, voilà.
36:11 Ce soir, tout à l'heure, on va tuer sur la scène, tout et tout.
36:13 Moi, j'ai négligé cette scène-là.
36:15 Et ma petite amie est tombée dessus.
36:18 Quelques mois plus tard, elle m'a fait des histoires.
36:21 "Voilà, c'est quelle image tu montres, voilà, voilà."
36:23 Elle s'est démêlée et dit, "Ben, voilà, il y a quelque chose entre vous,
36:26 qui va croire, qui va pas croire, tout et tout,
36:28 donc il faut faire très attention à ça."
36:30 Ça m'a lavé le cerveau et dit, "Ah ben ouais, ça peut créer des problèmes."
36:33 Je pouvais la perdre comme ça.
36:35 Dans ce jour, j'ai décidé...
36:36 -Et comment vous avez fait pour la convaincre ?
36:38 -Bon, elle sait que je suis quand même sérieux.
36:40 -Ah !
36:41 -Je lui ai dit que c'est juste une erreur.
36:44 Elle savait pas, j'étais ignorant, c'était tout.
36:46 -Ah, OK.
36:47 -Donc si elle me révoit faire ça une deuxième fois,
36:49 c'est que j'ai fait à esprit.
36:50 Elle peut prendre une décision, comme elle veut.
36:52 -Et du coup, quand la danseuse, maintenant, veut faire le selfie avec vous...
36:55 -Non, ça peut plus passer. J'ai créé d'une manière stratégique
36:57 des choses qui vont plus passer.
36:59 -Ça ne peut plus passer.
37:01 Parce que monsieur a été mordu. -Ouais.
37:03 -Est-ce que quelqu'un d'autre a connu une situation désagréable
37:06 du fait des selfies postés ?
37:08 -Je dirais oui. Je dirais oui.
37:11 Prendre...
37:14 Je me retrouvais dans un endroit...
37:16 J'ai pris une photo... Un selfie.
37:19 Et puis...
37:21 C'était dans un parc.
37:25 J'ai pas dit que je passais là-bas.
37:27 J'ai posté.
37:29 J'ai posté sur Instagram.
37:32 Mais ça s'est retrouvé ailleurs.
37:34 Et j'étais un peu en...
37:37 Une situation un peu délicate.
37:39 Avec...
37:40 Avec cette dernière-là.
37:42 -Pour vous cacher un peu ?
37:44 Afin de vous mentir sur... -Non, non, non, non.
37:46 -Vos lieux de fréquentation.
37:48 -C'est juste que c'est...
37:49 Des fois, ça va...
37:51 Une journée, on peut planifier aller là,
37:54 et après, on va là-bas. -Exact.
37:56 -Ça dépend quel partenaire on a aussi.
37:58 Y a des hommes qui sont, par exemple, un peu possessifs,
38:01 y a des femmes qui veulent savoir tout ce que tu fais.
38:03 C'est comme aussi une maladie.
38:05 Donc...
38:06 Donc...
38:09 Moi, j'avais un peu ce problème-là.
38:11 Tout ce que je faisais devait être à la loupe.
38:13 Ça devait être su, etc.
38:15 Et j'essayais de faire frangeux.
38:18 Mais des fois, c'est pas facile.
38:20 Donc cette photo-là, c'est pas une photo dans un endroit...
38:23 C'était juste un parc avec un chien,
38:25 mais juste le fait que ça a pas été dit.
38:27 La photo, on imagine qu'il y a quelqu'un à côté
38:29 qui a pris la photo.
38:31 Plein de choses qui sont rentrées dedans.
38:33 En gros, j'ai eu chaud.
38:35 (Rires)
38:37 Je comprends, mon frère.
38:39 -Oui, parce que quand on est triste,
38:41 est-ce qu'on a le reflexe de faire un selfie
38:45 quand on est triste ?
38:46 -Même quand on est triste.
38:48 En tout cas, moi, ce jour-là, ça m'a vraiment dépassé
38:51 parce que c'était un ami à la fille avec qui j'étais.
38:57 Et puis souvent, comme on dit, les amis,
38:59 il y en a qui veulent ton bien,
39:00 il y en a qui veulent pas ton bien.
39:02 Donc lui, il m'a vu dans le parc,
39:04 mais le poison qu'il a envoyé était terrible pour moi.
39:07 Il allait créer une situation
39:08 alors que j'étais juste dans le parc avec une amie.
39:11 -Ah, mais c'était plus un chien, vous venez de le dire.
39:14 -Non, la photo, c'était...
39:16 Il y avait comme une statue dans un parc de chiens.
39:19 Donc j'ai demandé à une amie de prendre la photo
39:23 parce que j'aime bien les animaux.
39:25 -Ah, mais finalement, vous étiez quand même accompagné.
39:28 -Oui, oui, non, non, non.
39:29 J'étais avec des amis à moi,
39:33 mais j'ai fait un stop dans le parc.
39:35 J'étais pas dans un club, j'étais pas dans un espace...
39:38 Moi, je me suis dit, bon, en pleine journée,
39:41 un selfie, je prends le selfie avec le chien,
39:46 et je me retrouve dans des histoires.
39:49 -À n'en plus finir. -À n'en plus finir.
39:51 Donc ça, c'est un exemple, typiquement,
39:53 de ce qu'on essaie d'éviter, quoi.
39:56 Pourquoi il faut avoir... -Un peu de retenue.
39:59 -Un peu de retenue et puis bon, voilà, il faut faire attention.
40:02 -Alors, qu'est-ce qui crée, finalement, on va dire,
40:07 le désir de vouloir ressembler à l'autre
40:09 quand on regarde son selfie ?
40:11 -Ah, quelque part, c'était complexe.
40:15 C'était complexe et puis...
40:17 Et aussi, les conditions de vie sous l'eau tropique.
40:22 Voilà.
40:23 Comment est-ce que celui-là a fait pour pouvoir être tel qu'il est aujourd'hui ?
40:28 Est-ce que je peux pas lui ressembler demain ?
40:31 Toutes ces questions-là, on les pose, on se les pose,
40:35 et quelque part, on arrive souvent pas à trouver les réponses.
40:39 Et ces réponses-là, parfois, on va les chercher à travers ses selfies.
40:42 -D'accord. -Alors, si celui-là est comme ça,
40:45 peut-être qu'un jour, j'arriverai à être comme lui.
40:48 -D'accord. -Voilà.
40:49 Donc je m'identifie à cette personne-là,
40:52 pas forcément en maîtrisant les contours
40:55 de comment cette personne a procédé.
40:58 -Et si même cet instant était réel ?
41:02 -Voilà, était aussi réel que ça paraît.
41:05 Donc il faut vraiment qu'on maîtrise tous les contours
41:09 de ce que les selfies nous envoient comme message
41:13 pour pouvoir effectivement suivre ces personnes-là
41:17 à qui on souhaite ressembler un jour.
41:20 -On va recevoir sur ce plateau dans quelques secondes
41:23 notre très cher psychologue,
41:25 qui viendra nous parler justement des contours
41:28 et de tout ce qu'on ne peut pas comprendre derrière un selfie.
41:31 ...
41:40 Bonsoir, bienvenue. -Bonsoir.
41:42 -Alors, monsieur Bakayoko, vous êtes le psychologue.
41:46 Vous allez nous psychanalyser. Hein ?
41:49 C'est ça, non ? Pourquoi on fait les selfies ?
41:52 Qu'est-ce qui est caché derrière ?
41:54 Pourquoi est-ce qu'aujourd'hui, tout le monde court
41:57 après ce mode de vie ? Est-ce que c'est l'immaturité ?
42:00 Est-ce que c'est parce qu'on veut vivre
42:02 dans le regard et les yeux des autres ?
42:04 Est-ce qu'on cherche l'approbation à tout prix ?
42:07 C'est quoi l'esprit derrière les selfies ?
42:10 -Il faut dire que quand on parle de selfie,
42:14 on parle de la face pathologique du selfie.
42:17 -Oui, exactement. -Et la face pathologique du selfie,
42:20 c'est ce qu'on a appelé le "selfitis".
42:23 Voilà, le "selfitis" est un trouble psychiatrique.
42:29 C'est carrément un trouble psychiatrique.
42:31 Ça cache derrière le manque d'estime de soi
42:34 et puis le vide intérieur. -OK.
42:37 -C'est-à-dire que derrière chaque selfie qu'on va montrer,
42:41 on a besoin d'une forme d'attention,
42:45 d'une forme d'approbation pour rehausser notre estime.
42:48 Donc, on a besoin aussi de tout ça
42:51 pour combler notre vide intérieur.
42:54 Alors que derrière chaque attente, il y a une souffrance.
42:58 Parce que si les gens ne répondent pas comme on le souhaite,
43:02 l'estime baisse encore plus.
43:04 Et ça devient comme une forme d'addiction à trois niveaux.
43:08 C'est-à-dire qu'on aura tendance à faire certains selfies,
43:11 beaucoup de selfies, mais qu'on ne va pas poster.
43:13 On va juste garder pour nous, regarder, regarder, regarder.
43:17 C'est-à-dire que cette phase-là, on appelle ça la phase "borderline".
43:20 C'est-à-dire que c'est la phase "limit".
43:22 Après, on va migrer vers la phase sévère
43:25 où on va prendre plein de photos, plein de photos
43:27 et puis poster, poster, poster, poster au fur et à mesure.
43:30 Et là, on est dans la phase sévère.
43:31 Et après, on tombe dans la phase chronique.
43:33 Là, on ne peut pas s'empêcher de faire des selfies.
43:36 Et vous allez voir que, récemment, dans plusieurs pays africains,
43:40 on a vu des accidents de la route liés justement aux selfies.
43:44 Il y a eu même des arrestations liées au fait que
43:47 certaines personnes étaient malades.
43:48 On a fait un selfie pour dire que
43:50 voilà, ils sont avec cette personne, cette personne est malade.
43:52 On a eu à faire ci, on a eu à faire ça.
43:54 Mais derrière tout, tout, tout, tout cela,
43:59 se cachent un peu les souffrances de l'enfance.
44:02 Je pense qu'il avait évoqué les souffrances de l'enfance.
44:05 Parce que l'on va évoluer à travers trois filtres.
44:10 OK ? J'ai un papa qui fait Snapchat quand il dit "filtre".
44:13 Tu as dit que...
44:14 - Snapchat même.
44:16 Dans le selfie, on fait avec le Snapchat.
44:18 - Justement, je vais arriver à ce niveau-là.
44:21 L'on va évoluer, c'est-à-dire la réalité de l'être humain
44:24 va se construire à travers trois filtres.
44:26 On a d'abord le premier filtre, OK ?
44:28 Qu'on appelle le filtre neurologique sensoriel.
44:31 OK ? Ça veut dire quoi ?
44:32 C'est l'âge, le sexe et les cinq sens.
44:35 Ça veut dire que quand on est, c'est un filtre biologique,
44:37 soit on est garçon, soit on est femme, en principe.
44:40 Ensuite, on va évoluer par rapport à notre âge.
44:44 OK ? Il y a 10 ans et 5 ans,
44:46 à moins qu'on ait le sous-préfet.
44:48 Et puis enfin...
44:49 - Le policier d'état civique.
44:51 - Justement.
44:52 Après, il y a cette réalité qui va se construire.
44:55 On a ce qu'on appelle le filtre culturel.
44:57 La religion, la tradition, les histoires, les coutumes.
44:59 Vous avez remarqué, c'est des personnes
45:01 qui seront bloquées au filtre culturel.
45:03 On les appelle les conservateurs.
45:05 Et ces personnes-là auront des formes de souffrance
45:07 parce que les enfants qui sont dans ce moule-là
45:10 n'auront pas...
45:11 Comment on appelle ça ?
45:13 Cette latitude-là de pouvoir s'exprimer.
45:16 OK ? De pouvoir se déployer.
45:18 - Peut-être que je suis dans le troisième filtre.
45:20 - Non, ça, c'est le deuxième.
45:22 - Ah, le deuxième ?
45:23 - Ça veut dire pouvoir se déployer,
45:25 pouvoir faire ce qu'ils veulent.
45:27 - Ou la culture.
45:28 - La culture, tout ça, ça va vraiment bloquer certaines choses.
45:31 Du coup, on va voir que ces personnes-là,
45:35 quand elles vont grandir,
45:37 ont besoin maintenant d'exister.
45:39 Parce qu'il n'y a plus ce...
45:41 Je veux dire, ce toit-là
45:43 qui fait qu'on ne peut pas s'exprimer.
45:45 - Les parents ne sont plus derrière nous.
45:47 - Les parents ne sont plus là.
45:49 - On défie les cultures, les traditions.
45:51 - Et là, c'est dans le troisième filtre
45:53 qu'on appelle le filtre personnel.
45:55 Le filtre personnel, c'est nos propres expériences de la vie.
45:57 C'est que la vie nous a appris qu'on réussit, qu'on échecte.
45:59 Et c'est là que, depuis la base,
46:01 le rôle des parents est très important.
46:03 - Dans le troisième filtre ?
46:04 - Oui. Non, je veux dire depuis la base.
46:06 Parce que le troisième filtre,
46:07 la réalité va se construire définitivement.
46:09 Donc, depuis la base,
46:10 les parents doivent commencer à mettre des balises.
46:13 Parce que vous allez voir
46:15 qu'on a beaucoup de formes de parents.
46:17 On a le parent abusif, le parent autoritaire,
46:19 le parent démocratique, le parent débonnaire...
46:21 - Et le parent laxiste.
46:23 - Voilà. C'est ça qu'on a dit, le parent débonnaire.
46:25 Par exemple, ce type de parent-là,
46:27 l'enfant aura tendance à croire que non,
46:29 tout lui est permis. - Exact.
46:31 - Comment vous voulez que cet enfant-là, demain,
46:33 il accepte qu'on lui dise non ?
46:35 Ça peut pas passer.
46:36 On a le parent abusif qui n'est dit que par la violence.
46:38 Mais comment vous voulez que l'enfant
46:40 apprenne un autre langage qui n'est que la violence ?
46:43 - Autre que ? - Justement.
46:45 C'est-à-dire qu'on suggère plutôt
46:47 cette attitude démocratique,
46:49 comme on appelle le parent coach ou le parent entraîneur,
46:51 qui allie la rigueur et la douceur.
46:53 - C'est ça. - Donc, l'enfant développe l'estime,
46:55 mais il développe le respect pour les lois.
46:57 - C'est ça. - Donc, quand il croise Internet,
46:59 il sait ce qu'il a lieu de faire,
47:01 il sait ce qu'il n'a pas lieu de faire.
47:03 Là, il comprend le monde de l'Internet.
47:05 Voilà pourquoi, quand on parle généralement
47:07 de l'immaturité... Par exemple,
47:09 Buba, elle a dit que... Je suis ses vidéos souvent.
47:11 Elle a dit qu'elle est immature. En réalité,
47:13 elle n'est pas immature.
47:15 Pourquoi ? Parce qu'elle connaît ses limites.
47:17 - Mais si on sait qu'on est immature,
47:19 est-ce qu'on est encore réellement immature ? - Justement.
47:21 C'est ce que je lui ai dit. Parce qu'elle connaît ses limites.
47:23 Et là encore, je précise pour dire que
47:25 c'est parce qu'on est mature qu'on peut faire l'immature.
47:27 - C'est ça. - Voilà.
47:29 C'est quand on maîtrise une voiture qu'on peut
47:31 se permettre de faire des phases avec. - C'est clair.
47:33 - Voilà. Donc, il y a la maturité
47:35 et on fait l'immature. Mais par contre,
47:37 il y a d'autres qui n'ont pas la maturité
47:39 qui sont immatures. - Exact.
47:41 - Et qui se passent pour des matures. - Justement.
47:43 Et là, le selfie va venir
47:45 pour pouvoir montrer
47:47 aux yeux du monde ce que la vie
47:49 m'a refusé. Voici ce que j'ai pu
47:51 obtenir. Donc, je vais prendre des photos
47:53 devant des maisons qui ne m'appartiennent pas.
47:55 Je vais prendre des photos
47:57 devant des objets de luxe qui ne m'appartiennent pas.
47:59 Mais derrière,
48:01 on se dit qu'on s'en fout.
48:03 Mais il y a des enfants qui regardent. - Exact.
48:05 - Ça veut dire que la grande personne,
48:07 elle peut percuter. Mais l'enfant,
48:09 que ce soit ce que tu expliques,
48:11 ça ne va pas bien passer. - Ça ne va pas passer.
48:13 - Comprenez? Et puis, il y a l'usage du selfie
48:15 pour le personnage public.
48:17 Pour le personnage public, par exemple, c'est un travail.
48:19 Mais il y a vraiment
48:21 une limite entre l'addiction et le travail.
48:23 - C'est ça. - Parce que derrière ça,
48:25 il y a ce qu'on appelle la dépression du personnage
48:27 public. Ça veut dire
48:29 que je vais poster des photos, tout le monde va applaudir.
48:31 "Ah, mais c'est bien. Voilà, voilà, voilà."
48:33 Mais la vie derrière, seule face à moi-même,
48:35 comment je me ressens, comment je me retrouve.
48:37 Et c'est ça qui va créer une forme de solitude.
48:39 Voilà pourquoi on parle. "Non, mais cette personne
48:41 était sur les réseaux, elle parlait de tout ça.
48:43 On l'a retrouvée, elle s'est suicidée." En réalité,
48:45 elle faisait une dépression masquée, que personne n'a vue.
48:47 - C'est ça. - Voilà.
48:49 Donc, il y a déjà tout...
48:51 toute cette sombre histoire,
48:53 cette sombre face derrière le selfie.
48:55 Regardez même pour les enfants.
48:57 Je prends, par exemple, un réseau social
48:59 qu'on a habitué d'utiliser,
49:01 qui crèche les enfants,
49:03 ce qu'on appelle le syndrome de la sonnerie fantôme.
49:05 Et même, ça crée aussi ça
49:07 chez les adultes. Souvent, tu arrêtes,
49:09 tu penses que ton téléphone sonne. - Exact.
49:11 - Tu entends un bruit, tu penses que ça sonne.
49:13 Ça veut dire que tu n'arrives pas à être à l'aise.
49:15 - C'est ça, tu n'es pas posé. - Voilà, tu n'es pas posé.
49:17 Et cette tradition selfie
49:19 va créer ce qu'on appelle la nomophobie.
49:21 C'est-à-dire que la peur,
49:23 il résiste. - On est anxieux.
49:25 - Voilà. Pour pouvoir s'éloigner
49:27 de son téléphone. Donc, du coup, ça joue
49:29 sur notre attention, ça joue sur notre performance,
49:31 ça joue sur notre concentration,
49:33 ça joue sur nos relations sociales, et ça joue
49:35 sur notre équilibre émotionnel.
49:37 Et puis maintenant, on va parler
49:39 devant
49:41 de cette forme
49:43 d'addiction liée
49:45 à Internet qu'on appelle généralement
49:47 la cyberdébalance.
49:49 Et ça va créer encore d'autres problèmes
49:51 au niveau de la relation sociale,
49:53 de la relation avec les autres.
49:55 Donc, ça dit qu'on peut
49:57 faire les selfies,
49:59 mais il faudrait que ça soit vraiment construit.
50:01 - Cadré. - Voilà. Que ça soit vraiment cadré,
50:03 que ça soit vraiment construit et qu'il y ait
50:05 des balises. Et c'est là
50:07 qu'on sait qu'on est en train de faire quelque chose
50:09 d'équilibré. Parce que c'est comme si
50:11 on te donne un fusil
50:13 pour la chasse et que tu prends pour agresser
50:15 une personne, là, ça devient... Donc, le selfie
50:17 est un outil, et cet outil-là doit permettre
50:19 à la construction réelle de soi
50:21 et à l'expression
50:23 positive de sa personnalité,
50:25 voilà, pour le bonheur de tous, quoi. - Exactement.
50:27 (applaudissements)
50:29 Alors...
50:31 On était tout de suite,
50:33 en tout cas, moi, j'étais complètement
50:35 avec vous, en phase,
50:37 j'ai compris tout ce que vous avez dit.
50:39 Est-ce que vous, vous vous êtes retrouvés
50:41 dans une situation ou dans une
50:43 description qu'il a pu donner, que ce soit
50:45 dans le public ou sur ce plateau ?
50:47 Parce qu'on est souvent
50:49 des malades, on s'ignore, hein.
50:51 Parfois, on est malade et puis on ne sait pas qu'on est malade.
50:53 On se dit qu'on fait parce qu'on veut faire,
50:55 mais en réalité, est-ce que c'est réellement un choix
50:57 qu'on a fait ? Peut-être qu'on est malade.
50:59 - C'est la seule question
51:01 que je pose pour terminer
51:03 sur ça, c'est qu'on se pose
51:05 toutes la questions, qu'elles soient dans le public ou sur ce plateau,
51:07 à quel moment de notre
51:09 vie on pense avoir vécu ?
51:11 - À quel moment de votre vie vous pensez avoir
51:15 vécu, Bouba ?
51:17 (soupir)
51:19 Vous allez y réfléchir,
51:21 c'est sûr. - Absolument.
51:23 - Mickaël ? - Oui.
51:25 Lorsque je donne le meilleur de moi-même pour pouvoir faire
51:27 plaisir à mes parents et à mes enfants.
51:29 - Là, vous pensez que vous avez vécu. - Oui, je pense.
51:31 - Et vous faites un selfie ? - Non, je ne fais pas de selfie.
51:33 - On ne peut pas faire de selfie, malheureusement. - Absolument.
51:35 - Parce que ça ne se filme pas. - Non. - C'est ça ?
51:37 - Euh... - Dodo ?
51:39 - Je dirais peut-être
51:41 quand
51:43 j'étais peut-être plus jeune, parce que
51:45 on n'avait pas de pression,
51:47 on ne savait pas de quoi la vie
51:49 était faite et tout. Moi, je dirais peut-être
51:51 à ce moment-là.
51:53 - Hum-hum.
51:55 - Alors, dans le public,
51:57 vous êtes trop jeune pour y penser ?
52:01 - Oui, oui.
52:03 Je pense que... On ne va pas dire
52:05 qu'on est trop jeune, mais...
52:07 La question, c'est à quel moment
52:09 on pense avoir vécu. C'est ça ?
52:11 Moi, je pense que...
52:13 Moi, personnellement,
52:15 il y a des défis que je me lance
52:17 et quand j'arrive à révéler ces défis-là,
52:19 je me dis qu'à ce moment-là,
52:21 c'est un moment que je vis, quoi.
52:23 Je prends l'exemple,
52:25 comme en décembre, comme cela,
52:27 où sur les réseaux sociaux,
52:29 j'ai pas de NGO et tout.
52:31 J'ai dit aux gens, "Venez, on va aller
52:33 dans l'orphelinat à l'ouest de la Côte d'Ivoire.
52:35 Les enfants sont dans
52:37 un état là-bas bizarre.
52:39 On va faire un arbre de Noël
52:41 en même temps, donner la joie à ces petits orphelins-là."
52:43 C'était dû.
52:45 On voyait des demandes d'aide partout,
52:47 mais avec le courage et tout,
52:49 on a pu le faire et tout ça.
52:51 Avec les enfants...
52:53 On a fait des directs, des selfies aussi là-bas.
52:55 - C'est normal. Au moins, là, c'est réel.
52:57 - Voilà.
52:59 Et là, tu te dis que, par les réseaux et tout ça,
53:01 tu as pu donner de la joie
53:03 à ces enfants. Vu que c'est par les réseaux,
53:05 les dons sont venus. Là, là, tu vois
53:07 que c'est... Je sais pas, je vais dire ça comment,
53:09 mais c'est un moment que je vis, quoi.
53:11 - D'accord. Et vous, vous sentez vivre.
53:13 Merci beaucoup. C'est sur ces mots,
53:15 donc, de notre très chère
53:17 private que nous allons nous dire
53:19 merci beaucoup, très chers
53:21 téléspectateurs d'être restés des nôtres.
53:23 Merci. Mais alors un très grand merci,
53:25 un infiniment merci
53:27 à la RTI qui nous a une fois
53:29 de plus reçus pour faire cette émission
53:31 "Et si on en parlait?",
53:33 votre programme préféré. Merci beaucoup
53:35 à nos très chers invités d'être venus.
53:37 Merci à notre public.
53:39 On va donc se dire définitivement au revoir.
53:41 À très prochainement pour une autre édition
53:43 de notre programme "Et si on en parlait?",
53:45 d'ici à là, que Dieu bénisse, mais alors
53:47 très abondamment, la Côte d'Ivoire
53:49 et le Cameroun. Au revoir et à très vite.
53:51 (Applaudissements)
53:53 (Musique)
53:55 (Musique)