Anne Fulda reçoit Nathalie Rykiel pour son livre «Ce sera le bonheur» dans #HDLivres
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00:00 - Bienvenue à l'heure des livres, Nathalie Rickiel. - Merci.
00:03 - Alors vous êtes écrivain, vous avez un temps dirigé le groupe de mode Sonia Rickiel,
00:09 du nom de votre mère, celui qui a créé votre mère.
00:11 Vous avez notamment écrit "Tu seras une femme, ma fille", Sam Rickiel,
00:14 et vous venez là de publier "Ce sera le bonheur", un livre publié par Huchet Lattès.
00:19 Vous écrivez "J'ai très peur de perdre la mémoire, si je ne sais plus qui sont les autres,
00:23 ce qu'ils sont pour moi, je ne sais plus qui je suis, je suis perdue".
00:26 Est-ce que c'est parce que vous avez vraiment peur d'oublier tout cela que vous revenez ?
00:32 Ce n'est pas la première fois.
00:33 Une fois encore sur votre histoire et notamment votre histoire familiale.
00:37 - Non. La peur de perdre la mémoire, c'est une peur tout à fait contemporaine de mes amis,
00:48 c'est-à-dire "Je ne me rappelle plus le titre du film que je suis allée voir hier soir,
00:53 il faut que je relise trois pages du bouquin que je suis en train de lire".
00:56 Non, c'est quelque chose qui me semble absolument épouvantable, la perte de la mémoire,
01:01 parce que c'est la perte de la connaissance, de tout ce qu'on a, et ça me semble sidérant.
01:06 Mais ce n'est pas pour ça que j'écris, en fait je suis hantée toujours par les mêmes sujets,
01:12 et je parle de ce que je connais, et ce que je connais c'est mon environnement, c'est la famille,
01:20 et c'est comme ça que ça rencontre aussi les autres, c'est-à-dire parler de soi, c'est parler des autres.
01:27 Et le travail sur la famille, la transmission, à chaque fois est différent, à chaque fois c'est un autre angle,
01:35 et ce livre aussi démarre sur effectivement l'angoisse de perdre la mémoire,
01:41 et donc de consigner les choses, et ainsi que les photos.
01:45 Oui, alors on voit effectivement, il y a plusieurs photos, des photos de vous enfant, des photos de vous au cours de danse,
01:51 des photos de vous dans une robe de chambre rose et blanche que vous écrivez, photos du sac favori de votre mère,
01:58 mais bon, ce qu'il y a, c'est qu'il y a quand même un fil qui continue à travers les livres,
02:04 c'est cette figure de votre mère qui est là, extrêmement présente, écrasante parfois quand même.
02:11 Alors, je trouve que c'est le livre où ma mère est le moins présente.
02:15 Elle est contextualisée, si je puis dire, mais elle est toujours là.
02:18 Elle est toujours là, mais elle sera toujours là.
02:20 Mais elle a été effectivement quelqu'un de tout à fait fondamental dans la façon dont je me suis construite, regardée,
02:30 dont j'ai appris plein de choses, mais ce n'est pas du tout un livre centré sur ma mère.
02:37 Il y a un livre qui est centré sur ma mère qui s'appelle "Écoute-moi bien", que j'ai écrit et qui raconte vraiment.
02:42 Mais ensuite, si vous voulez, la façon d'aborder la famille, le cercle familial, la transmission,
02:47 les organisations de vie dans chaque livre est complètement différente et l'angle est différent.
02:52 Là, j'aborde par exemple quelque chose que je n'avais jamais abordé, qui est la sororité.
02:57 Voilà, c'est ce que j'allais dire, parce qu'effectivement, vous parlez aussi de votre père,
02:59 à qui vous avez consacré un livre, de votre frère musicien.
03:02 Et la nouveauté, c'est que vous parlez des quatre sœurs de votre mère.
03:05 Une des nouveautés.
03:06 Voilà, l'une des nouveautés.
03:08 Oui, c'est quand même...
03:10 Parce que c'était d'ailleurs, c'était amusant, ce que vous notez, c'est qu'on les appelait les sœurs Rickey.
03:14 Or, ce n'était pas leur nom.
03:16 C'était le nom de votre mère.
03:17 Pas du tout.
03:18 Parce que, si vous voulez, l'impact de leur sœur aînée, Sonia, était tellement fort, tellement emblématique,
03:27 que c'était comme une dénomination.
03:31 Et c'est comme si elles avaient toutes épousé mon père, en fait.
03:34 Alors que ce n'était pas du tout le cas.
03:35 Elles étaient, pour la plupart, heureusement mariées.
03:39 Mais c'est la façon dont ce matrimoine, la puissance de ce matrimoine a influé sur toute la famille.
03:48 Alors, vous évoquez notamment votre sœur...
03:52 Enfin non, pas votre sœur, votre tante, pardon d'ailleurs.
03:54 En plus, c'est justement votre fausse sœur.
03:56 Ce n'est pas ce que je voulais parler d'elle.
03:58 Muriel, donc de 18 ans, la cadette de votre mère,
04:02 qui a eu l'impression, lorsque vous êtes née, qu'elle a été d'une certaine façon dépossédée.
04:06 Oui, tout à fait.
04:07 Parce qu'elle avait 18 ans d'écart avec ma mère, avec sa sœur aînée.
04:12 Il y a eu les trois autres, entre, les quatre autres.
04:15 Et en fait, avant que je naisse, mes parents s'occupaient un petit peu d'elle, etc.
04:22 Et je suis arrivée, et c'était évidemment moi l'objet attendu, le bébé qui arrivait, etc.
04:30 Qui comblait. Et sur ce malentendu, c'est-à-dire qu'elle a retrouvé sa place familiale,
04:36 la place des uns et des autres, sur ce malentendu,
04:40 où elle s'est peut-être imaginée être la fille de mes parents à moi,
04:45 on a construit une relation très, très complexe, elle et moi, pendant des années.
04:51 Pendant des années, où elle m'aurait envie d'être la fille de ma mère.
04:56 Et en plus, elle me ressemblait physiquement, et au moins, je défendais ma place.
05:01 Vous avez aussi Daniel, notre sœur, qui elle est plus dans un rôle plus traditionnel,
05:06 qui est souvent consolatrice.
05:09 En fait, vous le disiez, juste, vous utilisez le mot matrimoine, pourquoi ?
05:15 Parce que d'abord, j'ai adoré "Patrimoine" de Philippe Ross,
05:22 et parce que le matrimoine, c'est l'ensemble de tous les biens culturels, émotionnels,
05:31 que m'ont layés les femmes de ma famille.
05:35 Et je ne vois pas pourquoi ce mot n'existerait pas au féminin.
05:38 Très bien. En tout cas, je vous conseille de lire "Ce sera le bonheur".
05:43 C'est un très joli livre, donc par Uché Lattès. Merci beaucoup.
05:46 Merci à vous, Anne.
05:49 [Musique]
05:52 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org