En ce Vendredi Saint, la procession de la Sanch démarre à 15 heures depuis l'église Saint-Jacques à Perpignan. Elle sillonnera les rues du centre-ville, sous le regard de milliers de personnes. 800 pénitents participent à cette tradition vieille de plus de 600 ans.
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00:00 L'invité du 6/9
00:02 Et ce sera l'image du jour en pays catalan. Vendredi saint, jour de procession de la Sanc.
00:06 607 ans maintenant que cette tradition est respectée dans les Pyrénées-Orientales
00:11 et en particulier à Perpignan avec la fameuse Caparucci, les mystéries aussi.
00:16 Le centre-ville de Perpignan sera totalement bloqué aujourd'hui pour en parler.
00:21 Il est venu sans sa Caparucci. Nous recevrons le président de l'archiconfrérie de la Sanc, Suzanne Chaudjahi.
00:26 Bonjour, c'est Drake Blanc.
00:27 Bonjour.
00:28 Alors dans quelques heures, les 800 pénitents partiront depuis l'église Saint-Jacques à Perpignan.
00:33 Départ à 15h. Vous êtes un peu stressé ou pas ?
00:36 Il y a toujours un petit peu de stress, toujours de l'émotion chaque année de pouvoir revenir porter notre témoignage.
00:42 Un témoignage de foi, de culture, de patrimoine.
00:45 Voilà, tout le monde peut se reconnaître à travers la Sanc.
00:48 C'est une longue histoire et on a toujours hâte de pouvoir partager ce moment
00:52 avec les personnes qui viennent sur Perpignan pour la voir et prier avec nous.
00:57 Ça fait combien de temps que vous travaillez sur cette édition en 2024 ?
01:00 Ça fait 7 ou 8 mois déjà qu'on y travaille.
01:02 C'est quelque chose qui se prépare longtemps à l'avance pour les questions de sécurité,
01:06 les questions matérielles, les relations entre les confréries, etc.
01:10 C'est toujours quelque chose d'assez long, mais quand après on voit le résultat, on est toujours heureux.
01:15 Il y a peut-être des nouveaux arrivants qui nous écoutent ce matin dans le département.
01:18 Est-ce qu'on peut peut-être réexpliquer cette tradition en quelques mots ?
01:22 Qu'est-ce que c'est la Sanc ? Qu'est-ce que c'est que ces Caparucci et ces mystéries ?
01:26 La Sanc trouve son origine en 1416 lors du schisme.
01:31 Il y a eu un grand rassemblement de l'Église lors du schisme d'Occident.
01:36 Avec le pape Benoît XIII qui était venu ici à l'Église de la Réal,
01:41 il y avait saint Vincent Ferrier qui était un moine dominicain.
01:44 Il a vu que justement quand il y avait des condamnés à mort, des condamnations à mort,
01:48 ça ne se faisait pas de manière très élogieuse et très humaine par rapport aux condamnés.
01:52 Et donc il a incité, on va dire, il a insufflé un esprit au berpignanais
01:56 pour qu'il y ait une association de charité qui puisse également les accompagner
02:00 et leur donner une sépulture des saintes.
02:03 La confrérie, elle a traversé le temps avec les aléas de l'histoire, etc.
02:07 Et elle existe encore aujourd'hui. Elle participe à des œuvres sociales.
02:12 C'est vraiment quelque chose de vraiment marqué dans nos traditions.
02:16 Et la partie visible de son activité était justement de montrer de manière ostentatoire son culte
02:23 qui est celle de la Passion du Christ.
02:26 Aujourd'hui, on continue. La mission a évolué.
02:29 On retrouve les confrères de la Seng dans les nombreuses associations caritatives du département,
02:34 également dans les pastorales des funérailles, en paroisse, au crématorium, etc.
02:39 - Et chaque année, il y a des milliers de personnes qui assistent à la procession de la Seng à Perpignan.
02:43 Il y a des Catalans du Nord, des Catalans du Sud.
02:46 Certains sont des fidèles, mais d'autres sont simplement curieux.
02:49 Et certains trouvent ça un peu étrange, une tradition qui interroge.
02:53 Est-ce que vous comprenez ça ?
02:55 - Bien sûr, on le comprend. On va dire qu'aujourd'hui aussi, malheureusement,
02:58 tous les repères culturels, etc. sont un petit peu faussés.
03:04 Nous, on a à cœur de pouvoir transmettre, de pouvoir faire perpétuer nos traditions.
03:12 Attachement à la culture catalane, attachement à notre tradition, à notre foi.
03:16 - Pourquoi vous dites que les repères sont faussés ?
03:18 - Eh bien, parce que ce sont des images qui sont de moins en moins léguées,
03:23 dans certaines familles, dans certains milieux.
03:27 Ici, en Catalogne Nord, on sait que le vendredi Seng, la procession de la Seng,
03:33 les caperuts, cette silhouette, c'est quelque chose de traditionnel.
03:37 - Qui est une cagoule pointue.
03:39 - C'est la tenue traditionnelle du pénitent depuis le 15e siècle.
03:43 On n'a jamais changé de tenue et on est fiers de pouvoir encore la porter.
03:48 On est les seuls maintenant en France à pouvoir porter avec la cagoule bien pointue.
03:52 D'autres confrères portent simplement qu'une capuche.
03:55 - Il est 7h50 sur France Bleu Roussillon.
03:58 Suzanne Chaudjahi, notre invité, Cédric Blanc, président de l'archi-confrérie de la Seng.
04:02 - Alors, l'année dernière, une étape importante a été franchie pour la Seng,
04:05 puisqu'elle a été inscrite au patrimoine culturel immatériel de la France.
04:08 Est-ce que c'est un pas de plus vers l'UNESCO pour vous ?
04:11 - Oui. On commence petit à petit à monter vers cette reconnaissance de l'UNESCO.
04:16 On ne la cherche pas forcément, mais c'est sûr que c'est important pour nous,
04:19 cette reconnaissance au point de vue mondial.
04:22 Ce qui nous importait, c'était vraiment cette reconnaissance au point de vue national.
04:26 Parce que ça place justement les processions des pénitents du vendredi Seng en Roussillon
04:31 au plan des plus authentiques, on va dire, et relevantes manifestations culturelles.
04:39 - De toute façon, c'est la France qui doit proposer votre candidature à l'UNESCO.
04:44 Est-ce que vous avez d'ailleurs des nouvelles du ministère de la Culture ?
04:47 - Actuellement, sur le projet UNESCO, non. Parce qu'on s'est donné un petit moment de répit.
04:51 On a travaillé pendant 10 ans à cette reconnaissance auprès du ministère de la Culture.
04:56 Mais les confrères vont emboîter le pas, et petit à petit, on va se mettre au travail
05:00 pour qu'il y ait cette reconnaissance UNESCO.
05:02 - Quels sont les critères à respecter pour cette reconnaissance si jamais elle arrive ?
05:06 - Bien sûr, les critères, c'est toujours que les manifestations soient toujours authentiques,
05:12 la transmission, les valeurs qui sont véhiculées également.
05:16 Ici à Perpignan, on appuie justement sur cette tradition de la transmission.
05:23 On a les petits pénitents, la section des petits pénitents de petite Madeleine.
05:26 On en a une cinquantaine, 50 à 60. Il y en a certains qui l'ont quitté, d'autres arrivent chaque année.
05:31 Et en fait, on les retrouve plusieurs années après en tant que pénitents pour le vendredi 5
05:36 et même des fois pour s'engager à l'année.
05:39 - Et puis c'est la première fois cette année que le régidor, c'est-à-dire celui qui est en tête de la procession,
05:45 est une regidora. C'est vous qui l'avez choisi ?
05:48 - On va rectifier. La régidore sera la présidence de la procession.
05:54 En tête de procession, il y aura toujours le régidor de procession
05:57 qui lui, sa mission est vraiment de réguler la marche de la procession.
06:02 Mais la régidore, elle fait partie d'un collège de cinq personnes
06:05 qui justement sont les garants de la spiritualité dans la confrérie.
06:09 - C'est une mission très précise ?
06:11 - C'est une mission très précise, bien sûr, à l'année, qui est un engagement, on va dire, spirituel, de foi, de culture, etc.
06:18 - Et c'est vous qui l'avez choisi ?
06:20 - C'est le collège des régidores en place qui a coopté, on va dire, la régidore
06:26 et qui a été validée par le conseil d'administration de l'archiconfrérie.
06:29 - Et c'est symbolique que ce soit une femme ?
06:31 - C'est hyper symbolique. L'archiconfrérie est une archiconfrérie mixte depuis le début.
06:38 On retrouve la trace des conseurs déjà au 19e siècle, avec leur bannière, dans la procession.
06:45 Et dans le collège des régidores, il n'y avait jusqu'à présent que des hommes.
06:48 - C'est peut-être un peu tard, finalement, qu'une femme fasse son entrée ?
06:51 - Peut-être tard, mais voilà. On évolue. C'est un signe également d'évolution, de modernité de la confrérie,
06:56 de toujours être, de s'adapter, on va dire, aux besoins de la société.
07:00 En même temps, des directives, il y a eu un synode sur la synodalité dans l'église,
07:05 qui a été ouvert il y a peu de temps. La place des laïcs dans l'église,
07:09 et également dans les mouvements diocésains.
07:11 Il était tout à fait normal qu'une femme prenne cette place de régidore, on va dire,
07:16 pour pouvoir représenter toute la gente féminine dans l'archiconfrérie.
07:20 - Et donc à Perpignan, la procession de la 5 démarre à 15h, depuis l'église Saint-Jacques de Perpignan.
07:24 Ça va peut-être bouchonner dans le centre-ville de Perpignan,
07:27 puisqu'on attend des milliers de personnes comme chaque année.
07:29 On sera en direct, Sébastien, cet après-midi ?
07:32 - Absolument, entre 16h et 19h, sur France Bleu Océan, avec Arnaud Habel.
07:35 - Et ce soir aussi, notez les processions nocturnes à Arles-sur-Tec et à Collioure.
07:40 Merci beaucoup, Cédric Blanc, d'avoir été avec nous ce matin.
07:43 vous êtes le président de l'archiconfrérie de la SANC.
07:45 Très bonne journée à vous !