• il y a 7 mois
Depuis ce matin et désormais chaque jour, le journal le plus vendu de France mentionnera sous son logo qu’il appartient à une association à but non lucratif. Une garantie d’indépendance éditoriale vis-à-vis des pressions politiques et économiques.

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00:00 Votre invité Média, Céline Baillard-Court, préside le Directoire de West France, dont
00:04 il est également directeur de la publication Le Quotidien Régional, et le titre le plus
00:08 vendu de la presse française, 600 000 exemplaires par jour.
00:12 Titre qui affiche une nouveauté depuis aujourd'hui sur sa une.
00:15 Bonjour François-Xavier Lefranc.
00:16 Bonjour.
00:17 Cette nouveauté, c'est la mention qui sera désormais chaque jour inscrite sous le logo
00:21 du journal.
00:22 Une publication de l'association pour le soutien des principes de la démocratie humaniste.
00:27 C'est une rareté dans le monde de la presse écrite en Europe.
00:30 West France dépend d'une association à but non lucratif, c'est-à-dire qu'elle
00:33 n'appartient à aucun groupe industriel, qu'elle ne verse pas de dividendes à des
00:37 actionnaires, à des personnes.
00:38 Pourquoi avez-vous décidé de le rappeler en une alors que ce statut pour West France
00:42 existe depuis plus de 30 ans ?
00:43 Alors ça existe depuis 30 ans.
00:44 Il faut rappeler qu'à l'époque, il y avait un patron à West France qui s'appelait
00:46 François-Régis Hutin et qui a décidé, avec les dirigeants de l'époque, de soustraire
00:50 ce grand journal aux appétits financiers qui tournaient autour.
00:54 A l'époque, il y a M.
00:55 François qui était… et il y en avait d'autres.
00:57 Et donc le journal s'est en quelque sorte racheté à lui-même, une association a été
01:00 créée.
01:01 Ce qui fait qu'aujourd'hui, 30 ans après, il n'y a pas une personne privée qui touche
01:05 un centime des bénéfices de West France.
01:07 Il y a un seul actionnaire qui est une association à but non lucratif.
01:11 Elle n'est pas là pour gagner du fric, cette association, elle est là pour défendre
01:14 la démocratie.
01:15 Et donc autant le dire…
01:16 Et l'indépendance éditoriale ?
01:17 Et l'indépendance éditoriale.
01:18 Et comme on ne le disait pas assez, selon nous, on a décidé de le mettre à la une
01:22 et ce sera à la une tous les jours.
01:23 Alors la contrepartie de cette indépendance éditoriale, c'est que c'est plus compliqué
01:26 de survivre alors que le lectorat globalement rétrécit, que les marques préfèrent de
01:30 plus en plus faire de la pub avec les GAFA, Amazon, Google, Facebook, que les coûts de
01:34 fabrication flambent.
01:35 Comment West France arrive à maintenir un équilibre économique ?
01:38 On a fait le choix du journalisme de qualité.
01:41 On a fait le choix de l'éditorial.
01:43 Il y a aujourd'hui 700 journalistes en équivalent temps plein à West France par rapport à
01:48 il y a 10 ans, c'est 42 de plus.
01:49 On fait le choix d'investir dans le reportage, dans l'enquête, dans la vérification de
01:54 l'info.
01:55 C'est ça.
01:56 Il n'y a pas d'autre secret.
01:57 On pense que ce qui sauvera les médias, c'est le journalisme.
01:58 Ce n'est pas autre chose.
01:59 Mais avec des revenus qui baissent ?
02:00 Alors avec des diffusions papier qui baissent parce que beaucoup de gens vont sur le numérique.
02:05 Mais je rappelle que nous avons une plateforme numérique qui est extrêmement puissante.
02:08 Elle est, à l'heure où je vous parle, la deuxième en audience plateforme numérique
02:11 de France.
02:12 Donc on est très présent sur les supports numériques et nous voulons aller chercher
02:15 nos lecteurs et nos lectrices là où ils sont.
02:17 Votre équilibre à West France, il n'est pas menacé, il n'est pas fragilisé ?
02:20 Écoutez, il faut se battre.
02:22 C'est à nous de le construire.
02:24 Aujourd'hui, la publicité représente à peu près 20% de nos revenus.
02:27 Nous avons 600 000 abonnés.
02:29 Donc c'est un socle d'abonnés extrêmement puissant.
02:32 Et nous devons, puisque nous n'avons pas d'actionnaires, et tant mieux, et puisque
02:35 nous ne ferons pas appel à des milliardaires parce que nous n'en voulons pas, nous devons
02:39 avoir une politique vertueuse.
02:40 On a remarqué depuis quelques temps un nouveau positionnement de West France.
02:44 Il se revendique davantage comme un quotidien national et pas régional.
02:48 J'ai le souvenir par exemple qu'au moment assez récent où on parlait de la bataille
02:52 du dimanche, vous savez, entre le JDD, la Tribune, le Parisien, West France rappelait
02:56 que c'était lui qui était le plus vendu le dimanche.
02:59 Vous estimez que vous jouez dans la même cour que les nationaux ?
03:02 Alors oui, bien sûr.
03:04 Alors en fait, la nation, ce qu'on dit souvent, c'est que la nation elle rayonne
03:07 sur tous les territoires français.
03:08 Notre audience numérique, je rappelle, c'est 190 millions de connexions par mois.
03:14 80% de cette audience, elle se fait hors de l'Ouest, c'est-à-dire hors de notre zone
03:17 historique.
03:18 Donc ça, c'est une réalité.
03:19 Notre quotidien du dimanche, c'est quatre fois le JDD en diffusion.
03:22 Enfin, j'aurais pu en citer d'autres.
03:23 Je cite le JDD parce que vous en parlez.
03:24 Et surtout, nous avons aujourd'hui des correspondants journalistes professionnels, bien sûr, dans
03:29 toutes les régions françaises, dans tous les territoires ultramarins.
03:32 Je dis bien dans tous les territoires ultramarins puisque nous, comment vous dire, on va beaucoup
03:38 parler, j'aime bien prendre cette image, de la qualité de l'eau de la Seine au moment
03:42 des Jeux Olympiques.
03:43 Ce qu'on pense à Ouest France, c'est qu'il faut en même temps parler de la qualité
03:46 de l'eau qui coule des robinets à Mayotte.
03:48 C'est ça, Ouest France.
03:49 Ne jamais oublier la diversité française, la diversité des gens qui vivent sur les
03:55 territoires.
03:56 François-Xavier Lefranc, votre forme juridique, elle change quoi au quotidien dans le travail
03:58 des journalistes ? En quoi votre journalisme que vous revendiquez est différent d'autres
04:02 groupes de médias, d'autres quotidiens ?
04:04 Écoutez, déjà le fait d'avoir un actionnaire à but non lucratif et qui affiche vouloir
04:10 défendre la démocratie humaniste à condition de partager ces valeurs-là, c'est plutôt
04:15 un luxe aujourd'hui de se lever le matin en se disant "je travaille".
04:17 Ça veut dire que les autres le font moins ?
04:18 Non, non, non, ça ne veut pas dire que les autres le font moins.
04:22 Je suis ici dans une maison ce matin où on défend le journalisme de qualité et on
04:25 n'est évidemment pas les seuls à le faire.
04:26 Mais en tout cas, il y a des engagements très forts que j'ai rappelés ce matin à la
04:29 une de Ouest France dans un éditorial où je rappelle ce qu'on défend, le respect des
04:34 personnes, l'information de qualité, l'information vérifiée, la lutte contre la manipulation.
04:39 Je ne sais pas si on pourra parler des réseaux numériques, mais nous menons une bataille
04:43 acharnée contre la manipulation et contre la non-régulation des réseaux numériques.
04:47 Au passage, merci l'Europe, on parlait de l'Europe tout à l'heure, merci l'Europe.
04:50 Cette bataille-là, c'est une bataille pour la qualité de l'information.
04:53 On va parler de l'Europe avec les élections européennes qui arrivent au mois de juin.
04:57 Vous avez décidé de ne pas publier de sondage à Ouest France, comme vous l'aviez décidé
05:00 pour la dernière présidentielle.
05:02 Vous n'avez pas confiance dans les instituts ?
05:04 Alors, pas de sondage, d'intention de vote.
05:06 Trois mois avant l'élection.
05:09 Parce que nous considérons que le temps de journalisme passé à commenter les sondages
05:13 qui vont nous dire la même chose jusqu'au moment du vote va contribuer à donner un
05:17 temps de présence médiatique tout à fait artificielle aux personnes qui sont en tête.
05:22 Ça s'était passé comme ça au moment des élections présidentielles.
05:25 Parlons de l'Europe, parlons des vrais sujets.
05:27 Ça a été évoqué tout à l'heure, la sécurité, l'économie, les questions d'immigration,
05:32 les questions d'alimentation.
05:33 Vous estimez qu'un sondage, ça manipule l'opinion ?
05:35 Ce qui manipule l'opinion, c'est la multiplication des sondages du matin au soir, jour après
05:40 jour et qui finit par expliquer aux citoyens que de toute façon tout est fait d'avance.
05:44 Absolument rien n'est fait d'avance.
05:46 Ça se décidera chez nous en France le 9 juin.
05:48 Et bien c'est ce jour là que les gens voteront et c'est le soir du 9 juin qu'on regardera
05:51 ce qui s'est passé.
05:52 Mais là, c'est le temps du débat, c'est le temps des idées, c'est le temps de la
05:57 réflexion sur des sujets qui sont extrêmement importants.
06:00 Donc ne détournons pas l'attention sur des histoires de concours de petits chevaux franco-français
06:04 qui n'ont strictement aucun intérêt.
06:05 Comment Ouest France va s'emparer des Jeux Olympiques ? Quel sera votre plus-value ?
06:08 Alors, on a une trentaine de journalistes qui seront mobilisés.
06:12 Je vous l'ai dit tout à l'heure, nous rappellerons aussi comment cet événement résonne dans
06:18 les territoires.
06:19 C'est un grand événement sportif.
06:20 Mais nous, alors au passage, il y a 80 journalistes sportifs à Ouest France, une grosse rédaction
06:24 sportive.
06:25 On défend l'éthique du sport.
06:27 On défend le sport et les valeurs du sport.
06:30 Donc on sera attentifs à rappeler ça.
06:32 Mais c'est un événement mondial.
06:35 On va évidemment le suivre avec passion parce que nous avons la passion du sport à condition
06:39 qu'il ne se fourvoie pas.
06:40 Ouest France s'associe à France Info pour lancer l'opération "L'info et vous".
06:44 Ça va démarrer le 2 avril, donc mardi prochain avec une grande consultation en ligne pour
06:48 connaître l'opinion et les attentes des Français sur les médias et l'information.
06:53 Que ferez-vous des résultats, François-Xavier Lefranc ? Parce qu'on a déjà mis en place
06:56 ce genre de questionnaire et on n'a pas l'impression que ça change grand-chose.
06:58 En tout cas, les Français sont toujours très critiques vis-à-vis des journalistes.
07:02 Dites à ceux qui nous écoutent pourquoi ils doivent participer à cette consultation.
07:05 D'abord, on est très fiers de le faire avec France Info.
07:07 Je pense que les uns et les autres, on partage la bataille de l'information de qualité.
07:11 Mais surtout, on veut être en conversation permanente avec les citoyens et les citoyennes
07:15 qui nous lisent, qui nous écoutent, qui nous regardent.
07:16 On pense que les journalistes doivent se rapprocher, expliquer comment ils travaillent, expliquer
07:22 leur choix, expliquer leur éthique, expliquer leur déontologie, expliquer les choix pour
07:27 que les gens comprennent comment se fait l'information et que la confiance remonte,
07:32 la confiance dans les journalistes remonte.
07:33 Au passage, la conscience, ça se mérite.
07:34 Donc cette consultation, elle démarre mardi le 2 avril sur les sites de France Info et
07:39 de West France.
07:40 Et puis, il y aura un grand débat le 16 mai à Rennes.
07:43 Le 16 mai à Rennes, un grand débat avec des citoyens et des citoyennes qui viendront
07:47 rencontrer des journalistes et ce sera très ouvert.
07:50 Il n'y aura pas de questions tabou.
07:51 Merci beaucoup François-Xavier Lefranc.
07:52 Merci à vous.
07:53 Et merci Céline Baillard-Court.
07:54 Vous receviez le président du directoire et directeur de la publication de West France.

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