Avec Julien Schenardi, secrétaire national délégué Île-de-France Alliance Police Nationale, Eric de Caumont, avocat spécialisé délits routiers et Victor Lefebvre journaliste enquêteur
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NewsTranscription
00:00L'heure libre, Sud Radio, parlons vrai.
00:04Bonjour à tous, très heureux de vous retrouver pour une nouvelle heure libre sur Sud Radio.
00:09Pendant une heure, on va décrypter ensemble l'actualité des faits divers et des faits de société.
00:13Et en cette rentrée, l'actualité est marquée par deux affaires dont nous allons parler avec nos invités.
00:19Il y a d'abord la mort de l'adjudant Eric Comine, tué par un chauffard repris de justice qui a refusé d'obtempérer et a percuté le gendarme.
00:26On se souvient des déclarations de sa femme à Harmonie qui ont marqué l'opinion « la France a tué mon mari par son laxisme ».
00:34Est-ce le résultat donné de laxismes politiques ? Nous allons en discuter.
00:38Autre actualité marquante, la mort de la petite Camilia à Valoris, percutée par un chauffard en plein rodeo urbain.
00:47Alors que la fillette plongée dans le coma décédait finalement de ses blessures,
00:50on apprenait que le chauffard, lui, était remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire.
00:55Faut-il une tolérance zéro face aux rodeos urbains, aux délinquants de la route ?
00:59Nous allons en parler, nous sommes en compagnie de la belle voix des matinales de Sud Radio, Jean-Marie Bordry.
01:04Bonjour Jean-Marie.
01:05Bonjour mon cher Stéphane Simon, bonne rentrée d'abord.
01:08Merci, vous avez eu un été très studieux de votre côté puisqu'on vous a retrouvé au mois d'août.
01:13Vous comme moi nous faisons partie de la France qui travaille, effectivement.
01:16Je n'aurais pas osé.
01:17Bonjour Jean-Marie et donc bonjour Victor Lefebvre, journaliste, spécialiste de l'investigation qu'on est ravi de retrouver.
01:24Avant de parler des rodeos urbains, je voudrais partager ce chiffre avec vous.
01:28En 2015, il y avait à peu près 3000 refus d'obtempérer par an.
01:33Aujourd'hui, près de 30 000, soit un refus d'obtempérer toutes les 20 minutes.
01:38Que s'est-il passé ? On va y réfléchir, on va en parler.
01:42Mais tout de suite, un nouveau rendez-vous en cette nouvelle saison.
01:46Victor Lefebvre, vous tenez notre agenda judiciaire.
01:49En d'autres mots, vous allez nous dire quels sont les grands procès qui ont commencé et qui sont attendus cette saison.
01:54C'est autant d'enjeux pour la société et d'intérêts pour nos auditeurs.
01:57Et aujourd'hui, vous allez nous parler en particulier du procès des viols de Mazarin.
02:02Oui, effectivement, il y a plusieurs procès à suivre d'ici la fin de l'année.
02:05Deux procès politiques.
02:06D'abord, le procès de Marine Le Pen et de 26 membres du RN dans l'affaire des faux assistants d'eurodéputés au Parlement européen.
02:12Ça commence le 30 septembre.
02:14Egalement le procès de Nicolas Sarkozy dans l'affaire du financement libyen de la campagne en 2012.
02:20C'est le 6 janvier 2025.
02:22Et en procès plus lourds, plus chargés, le procès de l'assassinat de Samuel Paty qui va commencer le 5 novembre.
02:28Que l'on couvrira, bien sûr.
02:30On peut citer aussi le procès de Gérard Depardieu à partir du 28 octobre
02:35dans une affaire de deux agressions sexuelles commises sur le tournage du film Les volets verts.
02:39Et là, vous allez nous parler en particulier des viols de Mazarin.
02:42Voilà, l'affaire des viols de Mazarin qui fait les gros titres.
02:46Cette histoire de Dominique Pellicot.
02:4850 hommes qui ont été recrutés sur internet via le forum coco.fr qui est désormais fermé.
02:52Une vingtaine de suspects.
02:54D'ailleurs, on n'a toujours pas été identifiés ou retrouvés.
02:56Parmi les profils, on trouve des sapeurs-pompiers, des journalistes, artisans, retraités, chauffeurs-livreurs, gardiens de prison,
03:01âgés de 30 à 74 ans.
03:03Deux sont décédés.
03:05Des gens très ordinaires.
03:07Des gens profils assez ordinaires.
03:09Certains sont venus jusqu'à 6 fois au domicile des Pellicot.
03:11Et chacun des 51 accusés encourt une peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle.
03:16Alors, qu'est-ce qui se passait exactement ?
03:18Monsieur Pellicot était animé de drôles d'intentions pour sa femme.
03:24Donc, Dominique Pellicot a enrôlé ses hommes.
03:28Ensuite, il droguait sa femme avec des anxiolytiques, des tranquillisants.
03:31Ce qui fait qu'elle était totalement inconsciente.
03:33Je l'ai dit, même 70 individus sont passés à son domicile.
03:38Elle était ensuite violée dans son sommeil.
03:41Dans un état comateux, d'ailleurs.
03:43Elle était totalement inconsciente.
03:45Et Dominique Pellicot a été interpellée en septembre 2020
03:48pour une histoire relativement anodine au départ.
03:51Même si ça reste grave.
03:53C'est le fait d'avoir filmé sous les jupes de trois femmes
03:55dans un centre commercial de Carpentras.
03:57Et c'est ce qui va permettre la découverte de toute cette affaire.
04:00Ça commence comme ça.
04:01Les policiers l'interpellent.
04:02Le vigile du centre commercial l'arrête.
04:05Il appelle les policiers.
04:07Et les policiers vont investiguer, enquêter,
04:10retrouver sur son ordinateur énormément de documents,
04:13de vidéos qui montrent sa femme violée.
04:18Entièrement nue sur le lit du domicile conjugal.
04:21Au total, près de 4000 photos et vidéos ont été retrouvées
04:24sur les divers ordinateurs, clés USB, disques durs de son mari.
04:27Les images de quelques 200 viols qu'elle a subis en l'espace de 10 ans.
04:31D'abord en région parisienne, mais surtout à Mazan,
04:33cette commune du Vaucluse de 6000 habitants
04:35où le couple avait déménagé en 2013.
04:37Mais cette femme ne se rendait compte de rien pendant 10 ans.
04:41Elle ne se rendait compte de rien.
04:42Elle était totalement inconsciente.
04:43Son mari abusait d'elle et ses individus, ses inconnus.
04:47Elle n'en connaissait aucun.
04:48C'était la plupart des gens qui habitaient à proximité.
04:51Recrutés sur Internet.
04:52Recrutés sur ce forum coco.fr.
04:55Certains disent qu'ils pensaient jouer à un jeu libertin
04:59dans le cadre d'un consentement total entre les différents participants,
05:02ce qui n'était évidemment pas le cas.
05:04Le procès a lieu jusqu'en décembre.
05:06Le verdict tombera en décembre.
05:08Quand même, organiser le viol de sa propre femme,
05:11est-ce que c'est le goût de l'argent qui a mobilisé cet homme
05:15ou est-ce que c'est la perversion seule ?
05:18Les participants n'étaient pas rémunérés.
05:22Il n'y avait pas d'argent en jeu dans cette affaire.
05:24Ils ne payaient pas.
05:26Les experts psychiatriques qui ont investigué sur le profil de Dominique Pellicot
05:30parlent d'un individu extrêmement pervers et dangereux.
05:34Ce procès est en cours et va durer plusieurs semaines.
05:38Le verdict tombera normalement fin décembre.
05:41L'enquête sera extrêmement longue.
05:43Le procès sera long.
05:44Petite question.
05:45Orantenne, vous me disiez qu'aujourd'hui, vendredi,
05:48c'est-à-dire hier,
05:50la fille de cette femme commençait à se demander
05:56si elle n'avait pas été droguée.
05:59Elle a été auditionnée hier au tribunal du Vaucluse à Avignon.
06:03Ça fait partie des zones d'ombre de cette enquête puisqu'elle dit avoir été droguée.
06:07On a retrouvé des images d'elle dénudées, photographiées par son propre père.
06:11Nous suivrons ce procès évidemment.
06:16Nous ont rejoint Julien Chénardy, secrétaire national délégué Ile-de-France,
06:20Allianz, police nationale.
06:22Merci d'être là, Julien Chénardy.
06:24Et Maître Éric Decommon, avocat spécialisé dans la défense des automobilistes,
06:29des spécialistes des délits routiers.
06:32Bonjour messieurs.
06:33Bonjour.
06:34Alors avec vous, on va parler des rodéos urbains qui ont pris un tour particulier
06:38après l'accident qui a tué la petite Camilia à Valoris il y a quelques jours.
06:42C'était la semaine dernière.
06:44J'aimerais vous entendre d'ailleurs, pour commencer,
06:47à propos de cette question.
06:49Vous dites quoi ?
06:50C'est marginal les rodéos urbains ?
06:53Ou au contraire, c'est devenu un véritable fléau ?
06:56Julien Chénardy.
06:58Pour répondre très clairement, c'est un véritable fléau.
07:01C'est un fléau parce que c'est quelque chose qui s'est développé maintenant
07:05de manière systématique.
07:07Avant, c'était même saisonnier, c'est-à-dire qu'on en avait plus l'été et au beau jour.
07:14On en a même aujourd'hui, à l'automne, même en hiver,
07:18on a régulièrement des rodéos et des rodéos urbains.
07:21C'est quelque chose aujourd'hui qui pourrit la vie des gens.
07:25On l'a vu lors de mariages communautaires,
07:28où on a souvent des véhicules assez puissants
07:33qui circulent pendant plusieurs minutes ou parfois plusieurs heures
07:37en plein centre-ville.
07:39Là où on a des passants, des piétons, des poussettes
07:42et qui mettent bien évidemment la vie des gens en danger.
07:45Donc oui, c'est un vrai fléau auquel il faut s'attaquer,
07:48auquel il faut mettre tous les moyens pour stopper,
07:52parce qu'on le voit bien, ça met la vie des gens en jeu
07:56et on a des drames.
07:58Et si on n'agit pas, si on ne donne pas les moyens,
08:01que ce soit judiciaire ou que ce soit technique,
08:04pour permettre à mes collègues, parce qu'on en parlera,
08:07mais ça finit souvent en refus d'obtempérer,
08:09si on ne permet pas à mes collègues de pouvoir interpeller ces individus,
08:13et bien à ce moment-là, on n'arrivera pas à faire régner l'ordre
08:16dans ces centres-villes.
08:18Maître Common, vous pensez que c'est un fléau ou c'est marginal ?
08:22C'est quelque chose qui est monté en puissance
08:25et qui existe très clairement de façon très typée.
08:29Vous ne verrez pas ça dans le centre-ville de Paris ou de Toulouse,
08:32vous voyez ça effectivement dans certains quartiers.
08:35Et il y a une réponse pénale qui a été mise en oeuvre,
08:40c'est-à-dire que la législation a évolué,
08:42le rodeo motorisé S-qualité, défini comme tel,
08:46est réprimé depuis 2018,
08:48donc vous voyez que ça ne remonte pas au code Napoléon.
08:50Vous nous direz tout à l'heure qu'est-ce qu'on risque ?
08:52Ça a été mis en place.
08:54Maintenant, ce qui rend la chose et le travail des policiers
08:58et des gendarmes extrêmement difficile,
09:00c'est une conjonction de circonstances,
09:02parce que la plupart du temps, ce genre de rodeo est effectué
09:06par des gens qui n'ont pas toujours le permis,
09:08donc déjà, ils ne s'inquiètent pas trop qu'on leur suspende le permis,
09:11qui sont parfois mineurs,
09:12donc il y a des excuses de minorité,
09:14les sanctions pénales seront forcément atténuées.
09:16Les motos n'ont pas de plaque la plupart du temps
09:18parce que ce sont des motos de crosse en général,
09:20donc très difficile à identifier,
09:22et souvent, elles ne leur appartiennent pas,
09:24donc on ne peut même pas les confisquer.
09:26J'ajoute que, et là, à la limite,
09:28c'était peut-être plutôt aux représentants du syndicat Allianz
09:33de le signaler, mais moi, je le confirme,
09:36parce que je le vis aussi,
09:38c'est que très souvent, il y a des instructions
09:41de la salle de commandement, en termes de police,
09:44qui dit, vous ne lancez pas les poursuites,
09:48sauf si vraiment, il n'y a aucun risque à le faire,
09:51parce que ce qu'on redoute, c'est un problème politique.
09:55On verra que c'est différemment interprétable à Paris.
09:58C'est très dangereux pour la personne poursuivie,
10:00voire, plus important encore à mon avis,
10:02pour les autres personnes qui circulent,
10:04et il n'est pas question d'ajouter du danger au danger,
10:06et donc, on abandonne très souvent la poursuite,
10:09ce qui fait que c'est un sentiment total d'impunité,
10:12qui évidemment, conduit à leur itération.
10:14On va voir dans un instant comment va finir,
10:16mais Jean-Marie Bordry, vous lui ai posé une question.
10:18Une question de vocabulaire.
10:19Le rodeo motorisé, vous dites, escalité,
10:21c'est un terme légal.
10:22C'est un terme du code.
10:23C'est quoi la définition du rodeo motorisé ?
10:26Je vous la livre pour le même prix immédiatement.
10:29C'est le fait d'adopter, au moyen d'un véhicule terrestre à moteur,
10:32une conduite répétante de façon intentionnelle,
10:35des manœuvres constituant des violations d'obligations particulières de sécurité.
10:40Ça, c'est une terminologie qui remonte
10:42à la mise en danger délibérée de la vie d'autrui,
10:44qui pourrait aussi être retenue comme qualification,
10:46d'ailleurs, en tout cas, qu'il l'était avant.
10:48D'obligations particulières de sécurité,
10:50des ajouts de prudence prévus par des textes,
10:52et qui compromettent, dans des conditions qui compromettent
10:55la sécurité des usagers de la route,
10:57ou, simplement, qui troublent la tranquillité publique.
11:01À la clé, un an d'emprisonnement et 15 000 euros d'amende,
11:04au maximum, bien entendu, si c'est un rodeo.
11:07C'est-à-dire, on y pense tout de suite, à plusieurs.
11:10Maxi deux ans, maxi 30 000, on double les peines.
11:13Et c'est porté, bien entendu, à trois ans d'emprisonnement,
11:1745 000 euros d'amende, si c'est fait en plus,
11:19sous effet de stupéfiants ou d'alcool.
11:21Bon, eh bien, on va se demander, avec nos invités,
11:24comment finir avec ces rodeos urbains devenus de véritables fléaux.
11:28À tout de suite, sur Sud Radio, avec nos invités.
11:36De retour dans l'heure libre, votre rendez-vous du samedi midi
11:39pour décrypter l'actualité judiciaire sur Sud Radio,
11:42avec Jean-Marie Bordry.
11:43Toujours présent.
11:44Et Victor Lefebvre, journaliste spécialisé dans l'investigation.
11:47Bonjour, rebonjour à vous tous les deux.
11:49Bonjour Stéphane.
11:50Avec nous, Julien Chénardy, secrétaire national délégué
11:52Île-de-France, Alliance Police Nationale,
11:54et Maître Éric Decommon, avocat spécialisé dans les délits routiers,
11:59dans la défense des automobilistes.
12:01Enfin, quelqu'un qui va nous éclairer sur le code pénal prévu.
12:06Car nous, nous demandons comment finir ce matin
12:09avec les rodeos urbains et les chauffeurs meurtriers
12:12après la mort de la petite Camilia,
12:147 ans, fauchée par un moteur, à Valoris la semaine dernière.
12:18Alors, avant de vous donner la parole, messieurs,
12:20je voudrais demander à Victor Lefebvre de nous rappeler les faits.
12:23Qu'est-ce qu'il s'est passé exactement avec la petite Camilia la semaine dernière ?
12:27Oui, donc c'était le jeudi 29 août.
12:29Camilia est une fillette de 7 ans,
12:30elle est accompagnée de son frère de 11 ans,
12:32elle traverse un passage piéton à Valoris,
12:34une petite commune des Alpes-Maritimes,
12:36et elle est fauchée par un motard
12:38qui remonte une file de voiture en roue arrière,
12:40ce qui n'est, je parle sous votre contrôle,
12:42pas techniquement un rodeo urbain,
12:44mais en tout cas, voilà ce qu'il a fait.
12:46Et le motard, qui n'était pas connu des services de police et de la justice,
12:49et dont les tests d'alcoolémie et de détection de stupéfiants
12:51se sont avérés négatifs,
12:52a été placé sous contrôle judiciaire
12:54par un juge des libertés,
12:55et doit se présenter une fois toutes les deux semaines au commissariat d'Antibes
12:58pour ne pas entrer en contact avec la famille de la victime.
13:02Il a dû remettre son permis de conduire au greffe du tribunal.
13:06Il lui est interdit de quitter le département des Alpes-Maritimes,
13:09mais il n'a pas été placé en détention provisoire,
13:11ce qui était la demande de la famille de la victime et de l'avocat.
13:15Compte tenu du fait, j'imagine, de son relatif passé,
13:20qui n'est pas à Lourdes, qui n'a pas de condamnation,
13:22il n'a pas d'inscription à son casier judiciaire,
13:24c'est pour ça qu'on lui fait le crédit
13:26de pouvoir se présenter au contrôle judiciaire régulièrement.
13:30En tout cas, ça a suscité l'émotion du père de Camilia,
13:32qui a fait un post sur Facebook.
13:34Et j'ajoute juste qu'avec la mort tragique de Camilia,
13:37l'enquête sera requalifiée en homicide involontaire.
13:39Alors, Julien Chénardi, je rappelle que vous êtes secrétaire national délégué
13:42île de France Allianz, police nationale.
13:44Je voudrais vous demander, pour que les auditeurs
13:46mesurent l'ampleur de ce phénomène de rodéos,
13:48est-ce que vous avez une idée précise du nombre de rodéos
13:51qui se déroulent chaque jour en France,
13:53dont les rodéos dangereux, qui finissent sur des accidents,
13:57comme avec la petite Camilia ?
13:59Je n'ai pas de statistiques précises sur ce nombre de rodéos.
14:03Peut-être que M. De Caumont en a, d'ailleurs.
14:05Non, très sincèrement, je n'en ai pas non plus.
14:07Et puis je vous dirais, encore une fois,
14:09compte tenu du fait que ce sont souvent des infractions,
14:11qui sont signalées,
14:13mais dont la poursuite, pour des raisons de sécurité,
14:16est abandonnée, je ne sais pas.
14:18Je ne suis pas au cœur des salles de commandement,
14:20mais je ne sais pas si, dans les statistiques,
14:22on rend tous les signalements,
14:24ou seulement les poursuites qui aboutissent à des interpellations.
14:27Après, sur les rodéos, on intervient, en fait.
14:29C'est-à-dire qu'on intervient systématiquement.
14:31Ça, par contre, c'est, j'ai envie de dire, obligatoire.
14:34Mais après, c'est le refus d'obtempérer
14:36qui est là, M. De Caumont l'a bien signalé.
14:39Effectivement, il nous est empêché,
14:41alors, il y a une petite particularité,
14:43mais il nous a empêché, sur une partie du territoire,
14:46de poursuivre les auteurs de refus d'obtempérer.
14:50Et il faut faire le distinguo,
14:52c'est peut-être un petit peu compliqué pour les auditeurs,
14:55mais pour schématiser,
14:57vous avez la préfecture de police
14:59qui gère Paris et sa petite banlieue,
15:01qui dispose d'une note du préfet Lallement
15:03qui, elle, nous permet d'avoir la possibilité
15:05de poursuivre ces véhicules
15:07tout en ayant un discernement.
15:09Et ensuite, par contre, sur le reste du territoire,
15:11en province, on a une note,
15:13ce que j'appelle la note 89,
15:15qui, elle, est une compilation
15:17de tout un tas d'instructions hiérarchiques
15:19depuis 1999
15:21et qui nous empêche de poursuivre
15:23en dehors des crimes de sang.
15:25Ça veut dire que, sincèrement,
15:27à moins de poursuivre quelqu'un qui vient de tuer sa femme,
15:29tous les autres, on ne peut pas les poursuivre.
15:31Or, c'est la majorité des refus d'obtempérer.
15:33La majorité des refus d'obtempérer,
15:35ce sont des gens qui, soit s'amusent
15:37avec la police, soit ont une barrette de shit,
15:39soit ils n'ont pas le permis,
15:41il y a plein de cas particuliers,
15:43mais c'est souvent
15:45pas pour des crimes de sang.
15:47Mais, par contre, ça peut le devenir le jour où il percute quelqu'un.
15:49Justement, je voulais vous demander,
15:51est-ce qu'on a une idée de la proportion de ces
15:53rodéos qui sont dangereux et qui finissent
15:55par attenter
15:57à la vie des personnes ?
15:59Par rapport aux rodéos,
16:01comme on peut voir, peut-être vous me parliez,
16:03Jean-Marie, tout à l'heure, de rodéos à la campagne.
16:05Les incivilités des deux roues à la campagne,
16:07qui font 15 fois le tour du pâté de maison en faisant du bruit,
16:09ça existe aussi, ça fait moins de problèmes,
16:11parce que c'est moins dense à la campagne,
16:13donc il y a moins d'habitants qui sont impactés que dans une tour
16:15où vous avez 200 habitants, donc il y a moins de risques
16:17d'accidents aussi, mais en revanche, les incivilités
16:19à deux roues, ça c'est un phénomène national.
16:21Oui, c'est un phénomène national, et vous parlez
16:23des incivilités à la campagne, c'est
16:25malheureusement aussi, souvent,
16:27des jeunes qui viennent de l'urbain,
16:29c'est-à-dire des cités, qui viennent en campagne
16:31parce qu'ils savent qu'en campagne,
16:33ils seront moins kikinés par la police.
16:35Souvent, c'est en zone gendarmerie,
16:37vous avez des territoires qui sont très étendus,
16:39vous avez une patrouille de gendarmerie
16:41pour X kilomètres carrés,
16:43et à ce moment-là, ils vont se mettre dans un coin
16:45où ils vont être moins embêtés, parce que du coup, ça va
16:47un peu moins embêter les gens, mais ça peut quand même
16:49générer du trouble,
16:51des nuisances sonores, etc.
16:53Mais ça existe quand même, en campagne.
16:55Ensuite, la majorité, encore,
16:57des rodéos et des refus d'obtempérer,
16:59ça reste en milieu urbain,
17:01ça reste des gens qui sont
17:03issus des cités, ce sont des jeunes
17:05des quartiers, c'est quand même majoritairement
17:07le travail de nos collègues,
17:09il ne faut pas se voiler la face.
17:11Il y a donc une sociologie des rodéos urbains,
17:13maître De Caumont.
17:15Vous pouvez en dire un peu plus
17:17sur l'âge des conducteurs ? Tout à l'heure, vous parliez
17:19souvent des jeunes, aussi, qui n'ont pas
17:21de permis, c'est incroyable.
17:23Tout à fait. Alors, si vous voulez, pour ce qui est des rodéos
17:25urbains, avec toujours cette réserve
17:27du fait qu'encore faut-il que
17:29ça ne se termine pas par un refus d'obtempérer
17:31qu'on n'a pas le droit de poursuivre, et donc, pour
17:33les statistiques, c'est difficile de savoir
17:35le profil de la personne en question,
17:37alors qu'on a des statistiques, on peut en parler très
17:39précises, sur les sociologies
17:41des gens qui commettent des refus
17:43d'obtempérer et qui ont été interpellés,
17:45mais pas forcément, et en général,
17:47pas à la suite d'un rodéo urbain.
17:49C'est le refus d'obtempérer plus banal, plus classique.
17:51Est-ce qu'on peut dire, je vous interromps, pardonnez-moi,
17:53mais est-ce qu'on peut dire que rodéos urbains
17:55et refus d'obtempérer sont
17:57souvent liés ?
17:59Disons que, comme le disait
18:01le représentant du syndicat Alliance tout de suite,
18:03et je suis entièrement d'accord avec lui,
18:05les rodéos urbains se poursuivent
18:07et, j'allais dire, se terminent, parce que
18:09en général, par abandon des poursuites
18:11compte tenu des instructions,
18:13très souvent, donc, c'est effectivement
18:15le rodéo urbain qui se termine
18:17en refus d'obtempérer. Mais, le refus
18:19d'obtempérer n'est pas toujours
18:21très loin de là, consécutif à un rodéo
18:23urbain, comme par exemple dans le cas
18:25tragique de la mort
18:27de cette adjudant, où là, il n'y avait évidemment
18:29pas de rodéo urbain préalable, il y avait
18:31le comportement d'un automobiliste.
18:33Et ça, c'est quelque chose qui est très
18:35fréquent, qui n'est pas propre aux cités, même
18:37s'il y a des sociologies très particulières.
18:39On dit qu'il y a près de 500
18:41rodéos dangereux qui mettent la vie
18:43des personnes en danger
18:45sur ces 30 000
18:47chaque année
18:49de refus d'obtempérer.
18:51Il y a à peu près 30 000
18:53refus d'obtempérer, et il y aurait
18:55un peu moins...
18:57Les statistiques les plus récentes
18:59du ministère parlent de
19:0123 000 pour la dernière année
19:03qui a été relevée. Enfin, c'est
19:05colossal, et comme vous le disiez très bien tout à l'heure,
19:07ça n'a rien à voir
19:09avec les chiffres d'il y a 30 ans.
19:11Une question pour notre invité policier,
19:13M. Scannardi. Vous disiez,
19:15normalement, on intervient, mais
19:17en dehors de Paris et la Petite Couronne,
19:19on ne poursuit pas. C'est-à-dire que vous faites
19:21quoi, en général ? Vous dispersez simplement
19:23ceux qui se livrent aux rodéos,
19:25vous y mettez fin, en quelque sorte, et ensuite vous laissez repartir ?
19:27Vous êtes obligé de faire ça ?
19:29Alors, en fait, lorsque vous voyez un véhicule
19:31qui circule, et qui soit commis
19:33une infraction, ou soit vous avez juste envie de le
19:35contrôler parce que c'est comme ça
19:37les collègues ont le droit de contrôler,
19:39simplement sur
19:41l'article du contrôle routier,
19:43eh bien, ils actionnent
19:45les gyrophores, ils actionnent le deton,
19:47et à ce moment-là, on voit si le véhicule
19:49s'arrête. Et à quel moment commence
19:51le refus d'obtempérer ? C'est quand on voit
19:53que l'individu ne s'arrête pas, continue
19:55ou accélère. Et là, où vous arrêtez ?
19:57Eh bien là, il y a plusieurs possibilités.
19:59Soit on essaie de le
20:01coincer lorsqu'il est, s'il est par
20:03exemple coincé dans un fluide circulation,
20:05ou là, il n'y a aucun risque,
20:07bien évidemment, soit effectivement,
20:09on nous ordonne de cesser la chasse. C'est-à-dire que
20:11les collègues ne peuvent pas faire leur travail.
20:13Le travail, quand même, d'un policier de base,
20:15c'est quand même d'arrêter les délinquants, d'arrêter les
20:17criminels. C'est de les interpeller, de les remettre à la justice.
20:19Nous, ce qu'on dénonce à l'Alliance Police
20:21Nationale, c'est qu'on empêche
20:23aujourd'hui aux fonctionnaires de police
20:25de faire ce qui est la base même de leur travail,
20:27c'est-à-dire d'aller les interpeller.
20:29Et l'on voit que cet excès
20:31de précaution que l'on a aujourd'hui
20:33à ne pas vouloir,
20:35on pourrait dire vulgairement, chasser
20:37ces véhicules-là, eh bien, ça peut mener
20:39à une culture de l'impunité,
20:41parce que ces jeunes, aujourd'hui, ces gens,
20:43ces délinquants, et voire ces criminels,
20:45aussi on peut les appeler aussi comme ça,
20:47à un moment donné, se sentent tout puissants
20:49et continuent jusqu'à ce qu'il y ait des morts.
20:51Maître De Caumont, vous vous en rencontrez
20:53de ces chauffards qui regrettent leurs gestes
20:55parfois, puis qui viennent vous voir parce que
20:57ils aimeraient qu'on les aide dans
20:59leurs difficultés judiciaires.
21:01Est-ce qu'ils ont conscience de
21:03mettre en danger
21:05la vie d'autrui ? Est-ce qu'ils ont des
21:07regrets ? Comment ça se passe ?
21:09Pour vous dire très clairement, ce n'est pas
21:11la majorité de ma clientèle.
21:13Ceux qui, effectivement,
21:15font des rôdeux urbains, je ne me
21:17rappelle pas, si j'en ai défendu 4 ou 5
21:19en 40 ans de carrière, c'est le bout du monde.
21:21Le refus d'obtempérer, plus.
21:23Et là,
21:25effectivement, moi, je suis
21:27tout à fait d'accord avec vous, c'est toujours important d'essayer de comprendre
21:29pourquoi les gens se comportent d'une façon
21:31donnée. Ils peuvent avoir, sinon
21:33des excuses, du moins des explications
21:35à nous donner. Ils peuvent avoir
21:37des conditions,
21:39ce qu'on appelle des circonstances
21:41atténuantes au regard d'un certain nombre de choses.
21:43Et, au contraire,
21:45leur comportement peut être particulièrement
21:47grave. Par exemple, il faut savoir qu'en
21:49matière de refus d'obtempérer,
21:51je vous le disais tout à l'heure, il y a
21:53deux types
21:55de refus d'obtempérer, ce qui n'était pas le cas
21:57il y a encore une quinzaine d'années. Celui
21:59simple, si j'ose m'exprimer ainsi,
22:01est celui qui met en danger
22:03la vie de quelqu'un
22:05d'autre, c'est-à-dire, non seulement
22:07du policier ou du gendarme,
22:09et on l'a vu récemment,
22:11ce n'est pas une vue de l'esprit,
22:13mais également les autres
22:15usagers de la route qui peuvent
22:17se retrouver eux-mêmes victimes
22:19parce que la personne prend la fuite et perd le contrôle de son véhicule.
22:21Et c'est pour ça, je suppose,
22:23que un certain
22:25nombre de circulaires
22:27disent, ne poursuivez pas,
22:29laissez tomber, parce que si
22:31vous le poussez dans certains champs, il va peut-être perdre le contrôle
22:33de son véhicule et tuer quelqu'un, même si
22:35ce n'est pas vous qui le percutez.
22:37C'est la peur des émeutes.
22:39Mais on comprend
22:41aussi que l'effet induit de tout ça, ça va vers
22:43la culture de l'impunité. Alors,
22:45faut-il aller ou non vers
22:47une tolérance zéro pour en finir avec ces
22:49rodéos ? On continue d'en parler tout de suite
22:51sur Sud Radio avec nos invités.
22:53L'heure libre,
22:55Sud Radio, parlons vrai.
22:57De retour dans l'heure libre, votre
22:59rendez-vous du samedi midi sur Sud Radio
23:01pour regarder l'actualité à la loupe.
23:03On parle aujourd'hui des rodéos
23:05urbains, des refus d'obtempérer,
23:07bref, de cette délinquance routière
23:09devenue insupportable après la mort de la
23:11petite Camilia, 7 ans, fauchée par
23:13un motard à Valoris. Nous nous
23:15demandons comment en finir
23:17avec ces rodéos urbains et ces chauffeurs
23:19meurtriers en compagnie de Jean-Marie Bordry,
23:21Victor Lefebvre, toujours,
23:23et avec nous, Julien Chénardi, secrétaire
23:25national délégué Ile-de-France, Alliance Police
23:27Nationale, et Éric Decommon, avocat
23:29spécialisé dans le droit routier.
23:31Alors, je voulais qu'on
23:33regarde avec vous, Victor Lefebvre,
23:35qu'on fasse le point sur la manière dont
23:37les polices des pays voisins traitent la
23:39question des rodéos urbains. Je pense en particulier
23:41à l'exemple anglais où les policiers
23:43se lancent dans des courses-poursuites
23:45et vont au contact avec
23:47leurs voitures, avec les motards, et
23:49ça donne lieu parfois à des arrestations tout à
23:51fait spectaculaires. Oui, c'est vrai que c'est le cas le plus
23:53emblématique. Vous avez sans doute déjà vu cette vidéo
23:55où on voit les policiers anglais de la
23:57police londonienne qui expérimentent cette
23:59technique qu'on appelle la technique du tampon
24:01ou du contact tactique, qui consiste
24:03à appréhender les motards en fuite
24:05dans la capitale anglaise en venant au contact.
24:07Alors, ça ne se fait pas n'importe comment, ça nécessite
24:09une formation obligatoire pour les forces de l'ordre
24:11anglaise-britannique qui sont chargées
24:13de faire cet exercice, et ça
24:15permet de mettre fin à une poursuite avec un deux-roues
24:17en établissant un contact délibéré
24:19entre les véhicules de police et la moto du suspect.
24:21C'est une technique utilisée notamment pour
24:23les vols à l'arraché, pas tellement pour les rodéos en
24:25Angleterre, les vols à l'arraché comme il y a
24:27à moto qui sont un véritable fléau
24:29outre-manche. Pour donner simplement
24:31un chiffre, en Angleterre et au Pays de Galles,
24:33sur la période 2022-Mars
24:352023, il y a eu 11 000 véhicules
24:37dont 1 758
24:39deux-roues qui ont été poursuivis par un véhicule de police
24:41du fait d'un refus d'obtempérer.
24:43Le contact tactique a dû être
24:45utilisé dans 6% de ces poursuites, c'est-à-dire
24:47666 fois par an,
24:49et sur la totalité de ces poursuites,
24:51sur 11 102 véhicules, aucun mort
24:53n'est en état déploré, ni parmi les forces de l'ordre
24:55ni parmi les délinquants ou les autres personnes
24:57présentes sur les lieux. Il y a eu 27
24:59blessés graves qui ont été comptabilisés,
25:01soit une moyenne de 2 blessés graves pour
25:031000 poursuites. C'est un chiffre qui vient de l'Institut pour la Justice.
25:05Alors, qu'en pense le porte-parole d'Allianz ?
25:07Est-ce que vous pensez qu'il est possible
25:09d'appliquer une politique aussi répressive,
25:11cette espèce de tolérance zéro
25:13pour ce type de délit routier ?
25:15On va, on poursuit et de façon
25:17systématique, on va au contact.
25:19Moi je pense qu'il faut casser les dogmes
25:21et ouvrir le débat. C'est-à-dire que
25:23en France, on a encore trop tendance
25:25à se priver
25:27de bonnes
25:29techniques, de choses,
25:31d'armement parfois,
25:33en termes policiers.
25:35Tout ça parce qu'on est régi par des dogmes,
25:37par une idéologie qui veut
25:39que, attention, il ne faut pas de vagues,
25:41il ne faut pas faire de ci, de ça. On le voit,
25:43le Royaume-Uni a ouvert la voie
25:45sur ce contact tactique. Nous,
25:47quand ils ont commencé ça,
25:49on était également favorables
25:51à étudier ça parce que je pense que
25:53ça peut être une bonne solution.
25:55En tout cas, c'est un outil supplémentaire
25:57qui pourrait peut-être permettre
25:59à nos collègues de pouvoir
26:01arrêter et faire cesser
26:03l'infraction. Parce que l'on voit
26:05où ça mène. Maintenant, c'est
26:07à des conditions. Il faut qu'il y ait une formation,
26:09il faut que mes collègues soient formés,
26:11il faut aussi qu'il y ait une sécurité juridique.
26:13C'est-à-dire qu'il n'est pas question
26:15d'envoyer mes collègues
26:17faire du contact tactique à tout va
26:19et puis se retrouver le lendemain
26:21au tribunal judiciaire de Bobigny ou de Créteil
26:23et puis ensuite au
26:25conseil de discipline parce qu'il y aura eu
26:27un blessé grave. Donc moi je pense que
26:29c'est quelque chose qui peut être intéressant,
26:31c'est quelque chose qu'il faut étudier
26:33mais je pense qu'il faut
26:35arrêter avec tous ces dogmes
26:37qui nous empêchent systématiquement,
26:39dès qu'on veut faire quelque chose
26:41qui peut être utile, qui peut fonctionner,
26:43à chaque fois on est là à s'empêcher.
26:45Maître Decommon, qu'est-ce que vous en pensez ?
26:47Alors si vous voulez, là,
26:49juridiquement, je partage
26:51l'analyse qui vient d'être
26:53faite, à savoir que
26:55pour que ça puisse exister,
26:57il faut que la loi prévoie cette possibilité
26:59et que il y ait
27:01ce que l'on appelle une excuse absolutoire
27:03en quelque sorte, c'est-à-dire que
27:05les policiers soient garantis
27:07de ne pas être inquiets.
27:09C'est un petit peu comme la légitime défense,
27:11qui fait que s'il est menacé par un individu armé,
27:13le gendarme a le droit de tirer,
27:15avec des questions de sommation,
27:17de réalité de la légitime défense, etc.
27:19Mais, sur le principe,
27:21c'est pas inconcevable
27:23que la loi française prévoie ce genre de choses
27:25avec les garanties
27:27d'un encadrement parfait
27:29dans l'intérêt
27:31des policiers ou des gendarmes,
27:33mais également dans l'intérêt
27:35des personnes qui peuvent être
27:37poursuivies et percutées,
27:39parce que, et là, permettez à l'avocat
27:41de revenir à ses fondamentaux,
27:43il faut une proportionnalité,
27:45comme en matière de légitime défense d'ailleurs,
27:47entre le fait commis
27:49et ce que disait
27:51très bien tout à l'heure M. Lefebvre,
27:53à savoir qu'en Angleterre, c'est pour des vols
27:55à l'arraché, des vols avec violence,
27:57c'est pas forcément pour des roues arrières commises
27:59même de façon relativement dangereuse
28:01en zone urbaine, il faut une proportionnalité
28:03entre la gravité des faits
28:05et du comportement a posteriori des faits,
28:07notamment la fuite,
28:09la réponse sociale, la réponse policière,
28:11si elle est donc autorisée par la loi,
28:13parce que je pense qu'on sera tous
28:15d'accord pour dire que quelqu'un
28:17qui fait effectivement du rodéo urbain
28:19et qui, certes,
28:21peut mettre en danger la vie d'autrui,
28:23ne mérite pas forcément d'être percuté
28:25et d'être tué pour autant.
28:27Et certains vous diront à ce moment-là
28:29de l'autre côté, vous rétablissez
28:31une peine de mort de fait,
28:33vous laissez la liberté
28:35de prononcer la peine de mort à des policiers
28:37et des gendarmes alors que les juges n'en ont plus le droit
28:39puisque la loi ne le permet plus.
28:41C'est assez délicat,
28:43mais il serait idiot de se priver de cette réflexion.
28:45Essayons d'imaginer
28:47quelle peine
28:49alternative pourrait être...
28:51J'aimerais que vous rappeliez pour nos auditeurs
28:53qu'est-ce qu'on risque à faire
28:55à un rodéo urbain et qu'est-ce qu'on risque
28:57à ne pas obtempérer à un policier
28:59qui vous demande de vous arrêter.
29:01Ce sont des choses différentes. Je rappelle pour le rodéo urbain
29:03un an d'emprisonnement,
29:0515 000 euros d'amende.
29:07C'est le maximum.
29:09En droit pénal français,
29:11sauf le cas
29:13par exemple de confiscation
29:15obligatoire du véhicule ou d'annulation
29:17obligatoire du permis dans certaines situations
29:19les plus graves.
29:21Mais là encore, par exemple, pour une annulation du permis,
29:23le juge reste libre.
29:25Reste celui qui va prononcer la durée
29:27de cette annulation de permis parce qu'elle n'est jamais
29:29à vie. L'annulation de permis n'est jamais définitive.
29:31Mais quand je vous parle de peine,
29:33ce sont toujours des maximas.
29:35Et le juge décide.
29:37Maître, dites-moi si je me trompe,
29:39un an de prison ferme au maximum,
29:41ça veut dire qu'on ne fait pas de prison
29:43puisque vous savez bien qu'un an de prison
29:45ferme aujourd'hui, on ne va pas en prison.
29:47Vous connaissez la problématique
29:49de la misère des prisons françaises,
29:51de la surpopulation carcérale, de l'absence de construction
29:53de prison, qui fait que
29:55on en a beaucoup parlé à l'occasion de ces affaires récentes.
29:57On dit, en l'occurrence dans certains
29:59tribunaux, ce matin,
30:01avec 15 dossiers, il y a deux places en prison.
30:03Donc ne soyons pas hypocrite,
30:05disons la vérité à nos auditeurs.
30:07Parlez franc, parlons vrai
30:09sur le radio, parlons vrai.
30:11En gros, si on fait un rodéo urbain,
30:13on risque une belle amende,
30:15on risque de se faire confisquer le véhicule
30:17et on risque une suspension de permis
30:19si on en a un.
30:21Si on a un permis, et on est parfaitement d'accord sur cette analyse,
30:23on peut risquer, et on ne fera pas
30:25un an en prison.
30:27Au pire, on fera un an
30:29avec un bracelet
30:31et très souvent, quand on va en prison,
30:33si la conduite est bonne, c'est divisé par deux.
30:35Mais on risque quand même du sursis,
30:37de la prison avec sursis. Normalement, le sursis finit par
30:39être révoqué quand on est condamné à nouveau.
30:41Dans ces cas-là, il y a beaucoup de récidivistes
30:43manifestement. Est-ce qu'il arrive souvent que les sursis
30:45soient révoquées ?
30:47Avec deux précisions. Un, le sursis n'est jamais
30:49révoqué automatiquement, c'est toujours
30:51à la discrétion du juge.
30:53Donc ça arrive ou pas ?
30:55C'est plus souvent non révoqué que révoqué.
30:57Statistiquement, il faut le savoir.
30:59Deuxièmement, en ce qui
31:01concerne les récidives, en matière
31:03de rodéo urbain, je n'en sais pas
31:05grand-chose, puisqu'on a déjà évoqué
31:07notamment avec le représentant d'Alliance
31:09que c'est difficile d'établir
31:11des statistiques très précises, vu
31:13les instructions qui sont données. Par contre, en matière
31:15de refus d'obtempérer...
31:17Rappelez-nous d'abord ce qu'on risque.
31:19Passons au refus d'obtempérer.
31:21Le refus d'obtempérer, on va dire
31:23qu'il ne met pas en jeu la vie d'autrui.
31:25Et puis le refus d'obtempérer grave.
31:27Si vous ne mettez pas la vie d'autrui en danger,
31:29vous risquez deux ans d'emprisonnement,
31:31vous risquez 15 000 euros d'amende.
31:33Maxi, toujours.
31:35Plus des peines complémentaires, annulation de permis,
31:37confiscation du véhicule, etc.
31:39Si vous mettez
31:41en danger la vie d'autrui, on passe de deux ans
31:43à cinq ans de prison, et on passe
31:45de 15 000 à 75 000 euros
31:47d'amende. Et si
31:49vous avez mis en danger
31:51la vie d'un policier ou d'un gendarme,
31:53à ce moment-là, c'est encore plus grave.
31:55C'est parfaitement logique.
31:57Vous risquez jusqu'à sept ans d'emprisonnement
31:59et jusqu'à 100 000 euros d'amende.
32:01Je vous passe toutes les peines complémentaires
32:03de suspension, d'annulation, de confiscation.
32:05Ça veut quand même dire qu'en ce qui concerne les refus
32:07d'obtempérer, il y a un arsenal juridique
32:09qui permet une certaine sévérité.
32:11Moi, je voudrais effectuer une réflexion
32:13à ce sujet. C'est qu'il y a eu
32:15trois réformes successives
32:17à ce sujet qui ont été conduites.
32:19Moi, j'ai le triste privilège d'être là depuis 40 ans
32:21et de m'occuper de toutes ces infractions
32:23routières depuis 40 ans.
32:25Et les sanctions qui étaient
32:27encourues à la fin
32:29du siècle dernier,
32:31il y a juste 25 ans,
32:33accrochez-vous bien, pour un refus d'obtempérer,
32:35vous risquez une amende
32:37jusqu'à 15 000 francs,
32:39divisé par 6, et vous risquez
32:41une peine d'emprisonnement de 10 jours à 3 mois.
32:43On a quand même
32:45sérieusement serré la vis.
32:47C'est intéressant, ça ne va pas dans le sens de la
32:49petite musique que l'on entend tout le temps disant
32:51qu'il y a eu de plus en plus de laxistes, etc.
32:53Ce n'est pas si simple que ça.
32:55Je ne sais pas s'il faut en tirer
32:57des conclusions tout de suite, c'est que
32:59les dernières statistiques du
33:01ministère de l'Intérieur sont très claires là-dessus.
33:03Après
33:05une période où on est passé de quelques
33:07milliers de refus d'obtempérer à la fin du siècle
33:09dernier, à plus de 26 ou
33:1127 000, je crois que ça a été
33:13le pic le plus élevé.
33:15Un refus d'obtempérer toutes les 20 minutes pour que les auditeurs
33:17se rendent compte. Eh bien, on est sur une
33:19phase de
33:21stabilisation, voire de légère descente.
33:23Donc peut-être que l'augmentation des
33:25peines a entraîné des modifications
33:27au comportement. Je vois Jean-Marie qui fait la moue là.
33:29Je voulais signaler que notre invité
33:31policier faisait une moude dubitative depuis quelques
33:33minutes. Avant qu'il vous explique sa moude dubitative,
33:35je vous donne un dernier chiffre qui a son
33:37importance. Vous savez
33:39qu'il y a eu 23 000
33:41refus d'obtempérer pour
33:43la dernière année
33:45et que sur ces
33:4723 000, il y en avait environ
33:494 500 qui étaient des refus d'obtempérer
33:51aggravés, graves, dangereux.
33:53Mais il y a un chiffre
33:55qui moi-même... Ça en fait quand même plus de 10
33:57par jour, ça en fait presque 15 par jour,
33:59c'est pas rien. Mais moi il y a un chiffre qui m'a
34:01énormément surpris et qui peut-être
34:03laisse une petite lueur d'espoir, peut-être
34:05je dis. Vous savez, sur 23 000
34:07personnes qui ont commis un refus d'obtempérer
34:09en 2023, combien il y avait de récidivistes ?
34:11Non.
34:13200.
34:15Pas 1%.
34:17Comme si éventuellement c'était
34:19effectivement dissuasif
34:21qu'une fois qu'on avait été condamné, on n'y revenait
34:23pas, ne serait-ce que parce que des sanctions
34:25lourdes peuvent être prononcées et même
34:27si c'est vrai qu'il n'y a pas toujours de la
34:29peine de prison loin de là, mais il y a
34:31effectivement des sanctions lourdes. Je vais vous donner
34:33la parole, Julien
34:35Chénardy, parce que vous n'avez cessé de
34:37faire la mouche durant l'intervention
34:39de Maître de Commons. Rodeo,
34:41refus d'obtempérer, tous ces délires
34:43outils, on continue à en parler tout de suite
34:45sur Sud Radio. On va continuer
34:47à se demander s'il faut renforcer
34:49l'arsenal judiciaire pour en
34:51finir avec ces comportements dangereux sur la route.
34:53L'heure libre
34:55Sud Radio, parlons
34:57vrai. De retour dans l'heure libre sur Sud Radio.
34:59Votre rendez-vous pour regarder
35:01l'actualité judiciaire à la loupe.
35:03On parle des refus d'obtempérer,
35:05des rodeos urbains, aujourd'hui
35:07car c'est devenu deux
35:09véritables fléaux, souvent liés,
35:11vous nous précisiez Maître de Commons,
35:13et qui pourrissent véritablement
35:15la vie des Français et des policiers en particulier.
35:17Je suis toujours en compagnie
35:19de Jean-Marie Bordré et de Victor Lefebvre. Toujours avec vous Stéphane
35:21Simon. Parfait, et avec nous également
35:23Julien Chénardy, secrétaire
35:25national délégué Île-de-France, Allianz
35:27Police Nationale, et Éric de Commons,
35:29avocat spécialisé dans la défense
35:31des automobilistes, spécialisé
35:33aussi dans le droit
35:35routier. Alors Maître de Commons,
35:37vous nous rappeliez que la législation
35:39s'était plutôt alourdie cet an dernier,
35:41que les peines prévues au code pénal
35:43sont plus lourdes en ce moment,
35:45mais curieusement, le policier que vous êtes,
35:47Julien Chénardy,
35:49porte-parole d'Allianz,
35:51vous nous dites,
35:53vous faisiez la moue,
35:55pour dire les choses assez clairement,
35:57et vous aviez envie de nous préciser les choses,
35:59de nous éclairer de la réalité policière.
36:01Oui, parce que
36:03c'est très intéressant ce que nous rappelle
36:05Maître de Commons sur
36:07l'alourdissement, en fait,
36:09de la loi
36:11sur cette infraction, et d'ailleurs, c'est pas la seule,
36:13il y a beaucoup d'infractions ces derniers temps
36:15qui ont été alourdies. Mais on constate
36:17quoi ? Que la délinquance, pour autant,
36:19elle ne baisse pas. Pourquoi ?
36:21C'est parce qu'en fait, le code pénal
36:23il a été plus vite que les juges.
36:25En fait, ce sont les juges qui doivent appliquer le code pénal,
36:27ce sont eux qui doivent faire appliquer la loi
36:29et ensuite appliquer la peine, et ensuite
36:31que la peine soit effectuée jusqu'au bout.
36:33Or, ce qu'on constate, c'est que
36:35certes, on a alourdi le livre,
36:37on a alourdi les lois, on a rajouté des chiffres,
36:39mais par contre, derrière, les peines,
36:41elles ne suivent pas, elles ne sont pas appliquées, pas prononcées,
36:43et donc à ce moment-là, on a vraiment
36:45cette culture de l'impunité qui est développée.
36:47Et je voulais revenir aussi
36:49juste sur un truc, et pourquoi
36:51aussi c'est important pour mes collègues d'interpeller
36:53les auteurs de ces refus
36:55d'obtempérer, et notamment
36:57ce qu'on appelle en flagrant délit.
36:59C'est parce qu'en fait, quand il a interpellé
37:01un individu, il ne peut pas contester,
37:03il ne peut pas dire que ce n'était pas moi.
37:05Parce que là, aujourd'hui, ces notes
37:07funestes de la police nationale
37:09qui empêchent mes collègues, ou lorsque
37:11la salle de commandement interdit
37:13aux collègues de poursuivre l'individu
37:15en disant que c'est bon, vous l'avez reconnu, vous savez qui c'est,
37:17vous avez la plaque, si c'est un véhicule
37:19immatriculé. Mais le problème, c'est que
37:21bien souvent, lorsqu'on va l'interpeller
37:23le lendemain, le surlendemain,
37:258-10 jours plus tard, le mec, il va dire quoi ?
37:27Il va dire que ce n'est pas moi, et avec un bon avocat,
37:29je peux vous dire qu'il va enfumer le juge,
37:31et que le juge, il va dire...
37:33Vous confirmez, mais de comment ça se passe souvent comme ça, malheureusement ?
37:35Vous considérez que c'est en tant que bon avocat
37:37que je suis amené à témoigner et à vous répondre ?
37:39Je vous dirais que oui.
37:41Je vous dirais qu'effectivement, un refus de tempérer
37:43ou toute autre infraction, c'est d'ailleurs...
37:45Qui n'est pas prise sur l'art aujourd'hui.
37:47C'est pour ça que j'ai toujours été con de la multiplication des radars automatiques.
37:49Et que c'était beaucoup mieux
37:51quand c'était policiers ou gendarmes
37:53qui constataient,
37:55arrêtaient, verbalisaient,
37:57qu'il y avait un effet pédagogique que n'ont absolument pas
37:59les radars automatiques.
38:01En la matière, je suis entièrement d'accord.
38:03Quand vous avez un refus de tempérer en flagrance
38:05et que vous interpellez la personne,
38:07il ne peut pas vous dire que ce n'est pas lui.
38:09Si effectivement, vous le voyez deux jours, trois jours après
38:11que vous avez juste la description du véhicule
38:13ou la plaque d'immatriculation,
38:15mais que vous n'avez pas un policier
38:17ou un gendarme qui peut certifier,
38:19voire identifier,
38:21notamment parce qu'il le connaît, que c'est un vieux cheval de retour,
38:23parfaitement la personne,
38:25le bon avocat obtiendra une relax.
38:27C'est clair.
38:29Je voulais revenir sur l'affaire de la mort
38:31de la petite Camilia à Valoris
38:33la semaine dernière.
38:35Elle a été percutée par
38:37un garçon qui n'avait pas
38:39d'antécédent judiciaire, pour le coup,
38:41mais qui faisait une roue arrière.
38:43Ces roues arrières, c'est très dangereux.
38:45Vous vouliez parler de cela en particulier.
38:47Je voulais vous dire
38:49que
38:51le motard en question,
38:53de toute façon, compte tenu de la gravité
38:55des conséquences, sera poursuivi
38:57pour homicide involontaire.
38:59C'est le cas.
39:01Les sanctions encourues sont bien supérieures
39:03à un refus d'obtempérer
39:05ou à un rodéo urbain.
39:07Mais je voulais juste signaler
39:09la chose suivante.
39:11De même que le rodéo motorisé,
39:13le rodéo urbain a été créé
39:15il y a à peu près 6 ans de cela,
39:17et qu'auparavant cette qualification n'existait pas,
39:19or vous savez qu'il y a un principe fondamental
39:21démocratique du droit pénal français,
39:23qu'il n'y a nulle à peine
39:25à s'y n'est léger,
39:27il n'y a pas de poursuites et de sanctions possibles
39:29s'il n'y a pas un texte qui incrimine précisément
39:31une infraction,
39:33on ne peut pas agir par analogie.
39:35Et là, ce que je veux dire,
39:37c'est que, précisément,
39:39depuis, c'est presque un scoop,
39:41depuis deux mois et demi,
39:43vient d'être créée
39:45une nouvelle contravention.
39:47Le 12 juin dernier.
39:49Particulaire 412-6-4
39:51pour les passionnés de chiffres,
39:53et qui,
39:55justement, verbalise
39:57le fait d'adopter
39:59une position ou d'effectuer
40:01une manœuvre acrobatique
40:03ou non conforme aux conditions
40:05normales d'utilisation d'un véhicule,
40:07une moto normalement se conduit sur les deux roues,
40:09pas en roue arrière, bien évidemment,
40:11et c'est un motard qui vous parle, donc je connais ça,
40:13bien évidemment aussi,
40:15caractérisé par son imprudence,
40:17d'accord,
40:19sans qu'il y ait besoin
40:21de compromettre la sécurité des usagers
40:23de la route ou de troubler la tranquillité publique,
40:25comme en matière
40:27de rodeo motorisée.
40:29Alors c'est moins grave, c'est une simple contravention.
40:31Non, mais ça veut dire qu'aujourd'hui,
40:33quelqu'un qui fait une roue arrière
40:35peut être condamné, verbalisé.
40:37Alors, d'une contravention de 3ème classe,
40:39ce qui va amener une amende forfaitaire
40:41à 68 euros,
40:43c'est pas ça qui est passionnant,
40:4568 euros d'amende forfaitaire,
40:47un juge pourrait mettre un peu plus,
40:49mais en pratique ça s'arrête toujours là,
40:51mais avec quand même, faut pas oublier ça,
40:53et ça peut être plus dissuasif,
40:552 points de retrait sur le permis à la clé
40:57et jusqu'à 3 ans de suspension
40:59de permis de conduire.
41:01Donc si vous voyez quelqu'un dans la rue
41:03qui fait une roue arrière,
41:05il est en infraction.
41:07Depuis le 12 juin, il est en infraction.
41:09Et là, par contre, je suis beaucoup moins d'accord
41:11en tant que motard, je vous le dis très clairement,
41:13sur une vicinale à la campagne
41:15où il n'y a pas un chat,
41:17où on est sur un petit chemin de terre,
41:19un petit chemin de dessert agricole,
41:21si vous faites une roue arrière à cet endroit-là,
41:23c'est comme en plein centre-ville,
41:25vous risquez, dans les deux cas,
41:27à minima, cette nouvelle contravention.
41:29C'est dangereux, c'est normal.
41:31Pour moi, c'est dangereux par rapport à autrui.
41:33Le fait qu'ils me prennent l'envie
41:35de faire une roue arrière,
41:37que je me casse la figure...
41:39Vous êtes peut-être un motard expérimenté,
41:41mais c'est dangereux de faire une roue arrière.
41:43C'est dangereux, encore une fois.
41:45Je me casse la figure.
41:47A la limite, on pourra me dire
41:49que vous allez coûter cher à la sécurité sociale
41:51parce que vous vous êtes blessé
41:53et que c'est la société qui va payer.
41:55Mais ce qui m'importe beaucoup,
41:57et on en parlait pour les poursuites,
41:59pour le refus de tempérer,
42:01c'est le danger causé à autrui.
42:03Ou alors, dans ce cas-là,
42:05on refuse toute forme de poursuite
42:07avec percussion
42:09parce que la personne qui a commis une infraction
42:11ne doit pas avoir assumé ses conséquences
42:13même si elle n'a pas mis en danger la vie des autres.
42:15Pour moi, le juge de paix,
42:17c'est la sécurité publique.
42:19C'est le danger pour les autres.
42:21J'aimerais rappeler un chiffre.
42:232015, à peu près 3 000 refus de tempérer.
42:2510 ans plus tard,
42:27à peine 10 ans plus tard,
42:29nous en sommes à 28 000
42:31refus de tempérer
42:33par an,
42:35suivant les années.
42:37Qu'est-ce que ça veut dire ?
42:39Comment est-ce que vous expliquez
42:41cette explosion de ces délits ?
42:43Est-ce que ça veut dire
42:45que la police a perdu
42:47de son autorité quelque part
42:49et qu'elle ne fait plus peur ?
42:51Il y a deux causes majeures.
42:53Il y a un refus de tempérer
42:55et refus de tempérer.
42:57Et ça, je le vois très clairement au sein de mon cabinet.
42:59Il y a une catégorie sociologique
43:01qui fait du refus de tempérer,
43:03comme le disait très bien
43:05le ministre de l'Intérieur tout à l'heure,
43:07j'allais dire par bravache,
43:09par provocation de la police
43:11dans certains quartiers pour s'amuser,
43:13sachant qu'ils ne seront pas poursuivis
43:15et ainsi de suite,
43:17et qu'il y a une sorte de culture de l'impunité.
43:19Ça a peut-être
43:21un rapport avec un chiffre
43:23qui m'a super étonné.
43:25C'est les mêmes statistiques
43:27du ministère de l'Intérieur
43:29qui vous disaient tout à l'heure
43:31le nombre de refus de tempérer,
43:33et le très faible
43:35nombre de récidivistes.
43:37Mais c'est la sociologie
43:39des gens qui commettent des refus de tempérer.
43:41Je n'ai jamais vu ça
43:43depuis 40 ans pour aucune autre infraction
43:45aux codes de la route.
43:47Si j'ose dire, on est tous égaux devant l'alcool,
43:49les stupéfiants, c'est plus des jeunes.
43:51Vous savez quoi, que les 68ards aujourd'hui,
43:53ils n'ont pas leur paroche.
43:55Mais là, en matière de refus de tempérer,
43:5775%,
43:59c'est même monté plus haut,
44:0175% des gens qui font un refus de tempérer
44:03en France ont entre
44:0515 et 29 ans.
44:07Et, vous y rajoutez, accrochez-vous bien,
44:092% qui ont moins de 15 ans.
44:11D'accord.
44:13Ça doit vous faire bouillir
44:15le policier que vous êtes,
44:17qu'en France, la peur du képi
44:19n'existe plus.
44:21Non, ça fait déjà un moment
44:23qu'on l'a constaté. C'est triste
44:25ce que je veux dire, mais
44:27c'est pas nouveau, ça fait un moment qu'on en baisse
44:29l'autorité. Alors, c'est pas seulement la police,
44:31c'est un peu tout le monde. C'est les enseignants,
44:33c'est les pompiers, c'est même des médecins
44:35qui ne peuvent même plus aller, le maire, les élus
44:37ne peuvent même plus
44:39aujourd'hui, simplement
44:41dire... Le simple
44:43fait de s'adresser à quelqu'un, parfois,
44:45c'est ressenti comme une simple agression.
44:47Donc, ça, c'est
44:49vraiment un constat qu'on a vu.
44:51C'est ce délitement
44:53de cette autorité.
44:55C'est pour ça que nous, on réclame un choc d'autorité.
44:57Il faut nous aider. Il faut vraiment que
44:59l'Etat nous aide. Il faut que les pouvoirs publics nous aident.
45:01Il faut qu'on puisse avoir des mesures qui soient
45:03fortes. Il faut qu'on nous donne les moyens.
45:05Il faut qu'on ait des effectifs. Il faut que, derrière,
45:07on ait une justice qui soit véritablement
45:09impitoyable, qui applique les peines.
45:11Pas simplement,
45:13comme je le disais tout à l'heure, grossir
45:15le code pénal de loi et de loi
45:17et de loi, mais derrière, il faut appliquer déjà, parce que
45:19je pense que le code pénal n'est pas si mal
45:21fait que ça, mais il faut juste appliquer
45:23ce qui est inscrit dedans et ce qui est, pour moi,
45:25important. Voilà, c'est aussi simple que ça.
45:27Donc, ce délitement de l'autorité,
45:29manifestement, on le constate depuis plusieurs
45:31années. – Merci, Julien Schénardi, d'avoir été avec
45:33nous du syndicat Alliance.
45:35Maître Éric Decommon, merci d'avoir été
45:37avec nous également à l'antenne.
45:39Merci, Victor Lefèvre, de nous avoir éclairé
45:41notamment de vos calendriers judiciaires.
45:43On se retrouve samedi prochain, même heure.
45:4512h, 13h. Vous pouvez
45:47retrouver notre émission sur la chaîne YouTube
45:49de Sud Radio. Tout de suite, Alain Marti
45:51nous amène sur les routes des vins de France.
45:53– Exactement, plus précisément dans In Vino,
45:55une escapade dans le sud-ouest. Où ça ?
45:57Vous le saurez juste après les infos.
45:59A tout de suite sur Sud Radio.